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EAN : 9782072879333
160 pages
Gallimard (09/01/2020)
3.68/5   55 notes
Résumé :
« Il vit Rimbaud retirer sa veste et la tenir à l'épaule, prendre la rue de Strasbourg puis s'engager dans le boulevard de Magenta vers le nord. Cette fois, il lui semblait certainement que Paris déjà lui appartenait et qu'il n'allait plus jamais en repartir. Verlaine avait été empêché, devait-il penser, et l'attendait chez lui. Il lui avait donné son adresse, rue Nicolet, à Montmartre, tout près de la gare. »

Léo vient d'emménager avec sa mère à Mont... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Lors d'un été caniculaire aux allures de fin du monde, un garçon de dix-sept ans, Léo, découvre qu'à l'adresse-même où il vient d'emménager, à Paris, vécurent Verlaine et, pendant un temps, son amant Rimbaud. Tandis que d'étranges troubles le persuadent qu'il est en train de perdre la vue, le jeune homme, de plus en plus obsédé par les anciens occupants des lieux, se retrouve l'objet de véritables visions, où il assiste à des tranches de vie des deux poètes.


Lui-même passionné par Rimbaud puisqu'il a déjà écrit plusieurs fois à son sujet, notamment en préfaçant une édition des Oeuvres Complètes du poète, l'auteur parvient à ressusciter la personnalité de l'artiste et l'ambiance des lieux qu'il a fréquentés, dans une série de flashes saisissants de vie et de vérité. La partie contemporaine du récit m'a toutefois moins convaincue : construit autour de la cécité hystérique de Léo qui, tel le devin aveugle Tirésias, veut « voir mieux, au-delà du temps, au-delà de l'espace » les lieux où se développa la passion entre Rimbaud et Verlaine, ce versant du roman m'a paru trop artificiel et trop envahi par la sexualité d'un adolescent fasciné par celle des deux célèbres poètes.


J'ai par ailleurs toujours quelques réserves à voir un auteur, si brillant soit-il, se réclamer d'un prédécesseur de renom. N'est-il pas somme toute assez avantageux d'exalter les qualités rimbaldiennes de ses propres vers, certes ceux de Léo ? Si le style de l'auteur est globalement maîtrisé et élégant, il ne m'a pas semblé exempt de toute imperfection, comme ces phrases empilant les subordonnées relatives jusqu'à si perdre, et compromettant la fluidité de lecture.


Trop classique peut-être dans mes attentes, je referme donc ce livre sur un sentiment général de déception : certes impressionnée par la profondeur et la finesse de la compréhension rimbaldienne de l'auteur, intéressée par le portrait crédible qu'il nous livre du poète, je me suis sentie peu concernée par la partie contemporaine du récit et parfois perturbée par le style pourtant brillant de l'auteur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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1 passion : la poésie. 2 époques : environ 30 ans avant 1900 et 20 ans après 2000. 3 hommes : Léo, Rimbaud et Verlaine. Point commun : Montmartre. Léo habite l'immeuble où vivait Verlaine. Il pense qu'il va devenir aveugle et déambule régulièrement avec les deux poètes. Son beau professeur, à qui il a envoyé ses poèmes, lui rend visite et... l'histoire se renouvelle. Une belle écriture qui m'a fait penser à Modiano pour les rues de Paris et à Philippe Besson pour le sujet.
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Arthur, te voici donc une fois encore la "vedette" d'un roman, avec ton ami Paul, que d'encre vous aurez fait couler, et coulera encore et encore, le sujet est inépuisable. Bon si j'ai aimé le portrait un peu foufou d'Arthur, j'ai moins aimé qu'on lui attribue autant d'incivilités chez autrui et en public, sans parler de sa relation. Certes, il en était peut-être ainsi, mais à quoi bon mettre en avant ce comportement qui cachait certainement un grand besoin de se faire remarquer et d'être aimer.
Pas de père à la maison, faut - il qu'on le rappelle ? Paul était - il le substitut ? Qui était plus en faute l'adulte ou l'adolescent. Mais c'est bizarre, il est rare qu'on montre du doigt cet autre personnage illustre !

Bref, Léo, chemine entre deux mondes, deux époques, j'ai bien aimé la construction subtile, où tout se mélange, ce jeune garçon livré à lui-même dans un Paris désert et accablé de chaleur. Je n'avais jamais lu ce pan de vie romancé, et ma fois hormis ce que j'ai dit plus haut, ce fut une très belle lecture. Une très belle plume également, semée de poésie, tout ce que j'aime. Retrouver un peu Rimbaud dans ce Paris d'époque m'a enchantée moi qui le connait plus à travers ma campagne ardennaise ; allant par monts et par vaux. Une belle découverte.
Et si vous êtes admiratifs de Rimbaud, ou simplement curieux, restons à Paris, il est question dans ce livre de son fameux poème le plus long " le bateau ivre" il est sur un mur à Paris calligraphié sur 300 m² au Centre des Finances Publiques (bizarre ! mais c'est ainsi) rue Férou dans le 6ème. Ce poème avait été récité par Rimbaud le 30/09/1871, non loin d'ici dans un restaurant disparu à ce jour. Alors un petit tour après le confinement si ça vous chante en attendant vous pouvez toujours ouvrir ce roman.
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Alain Blottière nous parle d'Arthur Rimbaud et de sa rencontre avec le Paris des poètes à travers le récit d'un été caniculaire de Léo, un adolescent, hébergé dans l'ancien immeuble de Paul Verlaine. le mélange de passé et de présent, de sentiments humains immuables donne au récit un souffle universel. L'auteur évite facilement le piège de la vulgarité du monde moderne (les sms et les batteries de téléphone qui se déchargent par exemple) et nous offre un texte poignant, comme toujours écrit avec finesse et dans une langue parfaitement maîtrisée. Il y a beaucoup de fauteuils vacants au Quai Conti. M. Alain Blottière y aurait une place méritée tant il est vrai que ses écrits sont immortels.
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Quelle belle plume ! Alain Blottiere raconte ici la rencontre entre Arthur Rimbaud et Paul Verlaine ainsi que la relation si particulière qu'ils vont entretenir par la suite. L'originalité de ce roman tient au fait que ce récit se fait au travers du regard d'un jeune garçon, Léo, qui vient d'emménager à Montmartre avec sa mère et qui passe les vacances seul.

Le passage entre la vie du jeune garçon et le Paris de la deuxième moitié du XIXème siècle est d'une fluidité remarquable tout le long du récit. L'auteur a choisi, pour le jeune Léo, un monde quasi-apocalyptique à base d'épisodes de canicule interminables et démesurés. Par ailleurs, celui-ci semble être en train de devenir aveugle, puis il va découvrir un peu par hasard que l'appartement de Montmartre a abrité Verlaine et Rimbaud. Au fil de ses recherches, il va faire plusieurs rencontres et cela donnera d'ailleurs lieu à des scènes un peu particulières mais je ne vais pas en dire plus.

En parallèle, la deuxième histoire, Verlaine qui découvre le talent de Rimbaud, leur rencontre, le caractère invivable de Rimbaud, l'histoire d'amour...

La construction est remarquable tant le passage d'une histoire à l'autre se fait sans à-coups allant même jusqu'à quasiment fusionner. L'auteur arrive à jongler habilement entre le Paris du jeune Léo et le Paris à l'époque de Verlaine et Rimbaud avec à la clé des descriptions savoureuses le tout servi par une écriture magnifique et moderne.

C'est donc ici une très belle découverte pour moi. Un roman audacieux avec une construction incroyablement maitrisée et une plume magnifique. J'ai pris du plaisir à découvrir ces histoires qui se rejoignent. Un beau roman à découvrir !
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critiques presse (2)
LeSoir
13 juillet 2020
Léo, le personnage auquel Alain Blottière donne vie dans « Azur noir », fait revivre en lui le poète qu’il suit à la trace.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LeMonde
24 janvier 2020
Comme dans Le Tombeau de Tommy ou Rêveurs, le héros du roman est un adolescent en proie à des émotions extrêmes. D’emblée, tout est en place pour l’obsession [...] Un roman d’un charme profond et d’une menace effrayante.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Ebloui, malgré quelques mots trop rares ou trop crus, effrayé, même, par la violente splendeur de certaines visions féroces, Verlaine répondit aussitôt, parlant de l'effet prodigieux de ces vers, demandant un peu de patience le temps de préparer l'accueil. Il organisa une quête à Paris auprès de ses amis poètes pour ce jeune inconnu. Après avoir convaincu Mathilde et ses beaux-parents de l'héberger un temps rue Nicolet, il envoya un mandat à Rimbaud pour le billet de train, accompagné de son adresse et de quelques mots: "Venez, je m'occupe du reste."
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Ce fut en décembre, juste avant Noël que Rimbaud dut quitter l'hôtel des Etrangers. Il n'était pas malheureux d'aller se battre avec l'hiver. Il avait déjà souvent dormi dans la neige, avait allumé des feux tout au bord d'étangs gelés, n'avait plus senti ses doigts dans les bourrasques glacées mais c'était comme au soleil qu'il imaginait aux pays chauds, la même brûlure des sens, la même blessure féconde, la même danse enflammée du corps offert à tout un monde merveilleux car il était cruel.
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Rimbaud se mit à rire. Il passa sa grosse main dans ses cheveux en désordre puis sur son visage comme s’il voulait en débarrasser l’air heureux d’enfant récompensé.
Il dut y avoir entre eux encore quelques phrases banales, puis la vieille les entraîna de l’autre côté du couloir, dans la salle à manger où la table était mise. Il y avait de l’argenterie, du cristal et de la porcelaine sur une nappe de dentelle. Il y avait la bonne postée dans la cuisine au sous-sol qu’on appelait avec une clochette et qui passait les plats, il y avait la belle-mère qui ne cessait d’épier les manières du petit provincial, la façon dont il coupait la viande et avalait son pain, il y avait Mathilde qui ne levait pas les yeux de sa soupe, il y avait sa petite sœur Marguerite qui n’avait pas faim et se tortillait sur sa chaise, il y avait une jeune parente qui s’appelait Emma, il y avait un chien qui s’appelait Gastineau, il y avait Verlaine qui parfois posait sa main sur la sienne, il y avait Cros qui l’emmerdait avec des questions si embarrassantes, pourquoi bleuissait la prunelle : parce que l’azur est bleu ; comment lui était venue la virgule des pollens : tombée du ciel ; et quel était le sens de ce cœur qui bavait à la poupe : aucun sens, un sentiment. Verlaine riait de ses réponses, mais lui aurait voulu planter son couteau dans la gorge de ce Cros. Il laissa retomber ses couverts qui tintèrent avec fracas dans son assiette vide, prit dans sa poche les seules choses qu’il avait emportées avec ses poèmes, une pipe en terre, des allumettes et quelques brins de tabac, alluma le fourneau, souffla sur les dîneurs éberlués, qui traînaient encore sur leur flan à la vanille, une fumée âcre. Rompant un long silence, il dit qu’il était fatigué et voulait dormir.
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la gare de l’Est demeurait la plus belle de Paris, selon Léo, avec son immense vitrail en rosace, sa galerie de colonnes et d’arceaux comme celle d’un cloître, ses deux ailes, qui en faisaient un étonnant mélange de basilique et de temple, de cathédrale et de château. Rien n’avait changé, surtout pas la grande esplanade pavée qu’il fallait traverser en évitant les fiacres. Léo, qui s’était assis contre une colonne et avait fermé les yeux pour les voir, aperçut les deux poètes s’approcher de lui, dans l’air pur et sous le ciel bleu de ce mars encore frais où voltigeait une nuée d’étourneaux. Verlaine en chapeau râpé, peut-être un peu ivre, faisait valser sa canne, un pas devant lui Rimbaud plus ébouriffé que jamais, vêtu du manteau dessiné par Gavroche, portait à l’épaule un sac de toile qui devait contenir quelques livres, quelques vêtements usés, des carnets et des feuilles éparses couvertes de son écriture d’écolier si sage. Il avait donc fallu qu’il reparte, Paris n’en avait pas voulu ni encore moins Mathilde qui, pour éviter une séparation définitive, revenir et reprendre une vie commune, l’avait exigé. Verlaine avait cédé, il l’aimait encore, ou du moins s’efforçait-il de le croire pour ne pas se rendre à l’évidence qu’il avait surtout besoin du nid rassurant de la rue Nicolet.

Même dans la gare, l’ange en exil qui retournait dans sa province marchait trop vite pour Verlaine qui peinait à le suivre, avait peur de le perdre dans la foule des voyageurs. Ils étaient en avance, pourtant, mais Rimb fulminait d’avoir été chassé et surtout ne voulait plus l’entendre, celui à qui il avait tout donné, son seul frère, son seul père et son amant des nuits d’ivresse. Sur tout le chemin de la gare, Verlaine lui avait répété qu’il le ferait revenir, bientôt, sûrement, qu’il fallait juste un peu de patience, attendre le bon moment, dès que Mathilde se serait calmée. Mais cela n’arriverait jamais, avait répondu le diable, cette fille l’empêcherait de vivre et d’aimer, c’était elle et son fils qu’il devait abandonner s’il voulait vivre libre et voir avec lui les enchantements du monde. Maintenant il ne supportait plus d’entendre ses explications, ses raisons, ses protestations quand il lui avait demandé s’il l’aimait encore autant qu’il l’avait aimé. À cet instant, seul Léo savait que le Verlaine tiendrait sa promesse, qu’il ferait en mai revenir le diable, lui louerait une chambre rue Monsieur-le-Prince, qu’il quitterait pour lui Mathilde et son fils en juillet, qu’ils s’enfuiraient ensemble, vivraient à Bruxelles, à Londres, que le poète ivrogne irait en prison par amour pour l’ange, qu’ils ne se quitteraient pour toujours que trois ans plus tard.

Au moment où Rimbaud montait dans le wagon, Verlaine le retint par la manche pour au moins l’étreindre et quand le diable se retourna, une fois encore il fut ébloui par le soleil de ses yeux bleus et de ses joues roses où affleurait désormais un duvet blond, et reçut le baiser qu’il lui donna sur la bouche, sans gêne au milieu des voyageurs, et le sourire cruel qui l’accompagna, comme deux lames de couteau dans sa poitrine. L’enfant sauvage dans le wagon derrière la vitre et le poète parisien sur le quai ne se quittèrent pas des yeux jusqu’au départ, dans le tumulte qu’ils n’entendaient pas des portes claquées et des coups de sifflet. Léo vit qu’à l’instant où le train s’ébranlait dans le grincement cadencé de ses bielles, Verlaine avait sorti un mouchoir et s’essuyait les yeux.
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Mais maintenant, avec tous ces cataclysmes, ces gens qui meurent déjà par centaines de milliers... ce ne sont plus les corps qui souffrent et qui meurent, c’est la Terre, n’est-ce pas ? Rassurez-vous, elle est déjà presque invivable et vous non plus, et tous les autres, vous ne serez pas tristes de la quitter.
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