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Critiques de Albert Londres (179)
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Les forçats de la route (ou) Tour de France, ..

Fini de se promener, c'est demain les Pyrénées...



Albert Londres suit le tour de France 1924, et nous offre quelques billets d'anthologie, sur ce qui est alors un "tour de souffrance".

En selle, pour 15 étapes d'une vingtaine d'heures en moyenne...



Des lignes la plupart du temps magiques, qui m'ont sympathiquement émoustillé du départ à l'arrivée.



Quelle plume ce Londres, c'est concis, c'est vivant, il saisit ces tranches de vies comme peu d'autres savent le faire.

Un petit bouquin qui vous apportera un réel bonheur.



Merci d'avoir passé à la postérité ces quasi surhommes, j'aimerais tous les citer à l'image de ce dernier billet qui m'a profondément ému (mais je vais pas le faire... pas encore, du moins).

Ces Alavoine, dit "Jean XIII, roi de la poisse" dont c'était sa dernière boucle.

Bottecchia l'intouchable, ancien maçon qui retira son maillot jaune à l'approche de la frontière Italienne, pour éviter que ses compatriotes ne le lui fasse perdre.

Pelissier, vainqueur en 1923 qui s'arrête "parce qu'ils sont pas des bêtes".

Kamm, qui asticote notre chroniqueur pour reprendre sa place au "petit Parisien", ou encore Tiberghien et ses mystérieuses lettres d'amour.



A noter qu'on aurait quand même eu envie de jeter quelques pierres à ces commissaires de course aussi, qui rigolaient pas avec ce courageux petit peuple de bicyclistes...
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Le juif errant est arrivé

J'ai déjà lu une bonne dizaine de livres d'Albert Londres, je sais donc à quoi m'attendre avec cet auteur que j'apprécie énormément.



Cet ouvrage ne diffère pas des précédents, et souligne à nouveau la grande lucidité de ce reporter infatigable. Comme on peut le deviner au titre, Albert Londres s'attache ici à faire un reportage sur les Juifs et leurs différents modes de vie en fonction des pays dans lesquels ils se sont installés.



On embarque rapidement pour Londres, qui résonne encore de la déclaration de Lord Balfour, et qui voit se faire face les Juifs "assimilés", prêts à aider financièrement leurs coreligionnaires qui se préparent à partir pour la Palestine, sans pour autant choisir de faire eux-mêmes le voyage, trop attachés à leur position confortable. Dès les premiers chapitres, l'auteur s'attarde sur le lien qu'entretiennent les Juifs à la Palestine, souvent relatif à leur niveau de vie ou à leur origine.



Albert Londres poursuit ensuite par un portrait de Théodore Herzl et de sa quête auprès des souverains occidentaux pour donner au peuple juif une terre qui lui serait propre ; si sa démarche fait l'admiration de beaucoup, d'autres lui reprochent la rumeur d'acceptation d'une terre en Ouganda, tandis que d'autres remettent en question la géographie véritable de la "terre promise".



Sur ce, notre reporter s'embarque pour Prague et son cimetière, puis poursuit en Bohême et dans des villes à forte population juive, comme par exemple Moukatchevo, aujourd'hui en Ukraine et à l'origine coincée entre Russie soviétique, Hongrie, Tchécoslovaquie et Roumanie. Comme souvent avec Albert Londres, ses récits et ses rencontres se révèlent de véritables anecdotes géopolitiques : l'instauration des frontières empire la pauvreté des communautés jusqu'alors habituées au travail saisonnier dans les régions voisines.



Le voyage se poursuit jusqu'à Jérusalem, où l'auteur, après avoir commenté les pogroms d'Europe de l'Est, assiste impuissant aux tentatives de création de l’État d’Israël, qui se heurtent à la résistance des Arabes, vivant jusque-là en bonne intelligence avec les Juifs "autochtones", mais rétifs à l'immigration très importante venue du monde entier.



Sans porter de jugement strict, l'auteur nous révèle la grande misère dont les Juifs sont l'objet en Europe de l'Est, et les espoirs fous qui les agitent lorsqu'ils pensent à la Palestine, malheureusement déjà "occupée". Le Juif errant est arrivé fait partie pour moi des meilleurs reportages de son auteur, même s'il comporte une dimension plus violente que certains autres reportages, bien sûr à l'image de ce dont il a été témoin sur place.



Encore une fois, un vrai plaisir de lecture !
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Chez les fous

Lorsqu'un reporter tout terrain comme Albert Londres enquête sur les façons de traiter la folie dans les années 20, forcément cela fait sortir des choses pas jolies jolies... Absence de soins et d'écoute, traitements violents, enfermements à tort, sont autant de dysfonctionnements relevés par le journaliste avec une grande acuité, beaucoup d'ironie.

Une enquête cinglante qui montre les manquements d'une société à une certaine époque...
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Terre d'ébène

Après un voyage de quatre mois en Afrique en 1927, l'auteur restitue son périple et sa vision de l'Afrique, avec ses Noirs, ses Blancs, ses métis. Pour seul mot d'ordre: l'humour!
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Au bagne

L'île du Diable, la bien nommée, celle où fut à l'isolement l'ex-capitaine Dreyfus, Saint-Laurent-du-Maroni, les îles du Salut ... les moustiques, les araignées-crabe, chaleur suffocante et moite, cruauté et enfer des hommes.

Tous cela, le grand journaliste français Albert Londres va le dénoncer à une France rassurée et qui se voile la face. Témoin de tant de souffrances, il va le premier oser écrire et publier. Il est cependant possible qu'il ait lu en anglais "Le vagabond des étoiles" de Jack London, terrible plaidoyer contre les quartiers sordides des prisons américaines.

Courageusement, Albert Londres va faire le tour des bagnes de Guyane et plus tard d'Afrique, recueillir des témoignages là où on le prend pour un possible mouchard, suspect aux gardiens comme aux forçats.

Intègre, incorruptible, ne renonçant pas face aux pressions, Albert Londres est devenu l'exemple absolu du véritable journaliste. Forgeant l'idéal d'un métier totalement oublié aujourd'hui.

Ses livres : Au bagne, Dante n'avait rien vu, Chez les fous, Terre d'ébène ne sont pas assez lus, ni connus des enseignants qui, et c'est juste parlent au moins du Figaro et de Zola, mais c'est bien dommage.
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Au Japon

En 1922, mandaté par l'Excelsior, Albert Londres part pour six mois de pérégrinations en Asie. Du Japon, il décrit toute l’étrangeté d’un univers déroutant qu'il découvre avec enthousiasme : le domicile du Japonais, véritable sanctuaire, la condition des femmes et la place des geishas, l'habillement, sa relation complexe aux Etats -Unis et le contexte géopolitique... Il arpente Tokyo, Nara, Kyoto et brosse, par petites touches, le portrait d’un pays aux ambitions contradictoires. Une réalité dépeinte dans un style dépouillé, esquissée en quelques mots. J'en ai fait une lecture amusée car tout cela est un peu "daté" mais le regard reste vif.
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La Chine en folie

De Moukden à Pékin, en passant par Shanghai, Albert Londres, votre serviteur, parcourt en train ou en rickshaw, ce pays qualifié « d’exotique » par l’œil colonial. A la découverte des simples « locaux », à la rencontre des dirigeants affaiblis et sans pouvoir, entre deux rendez-vous avec de puissants bandits et pirates, il tente de comprendre le nouveau souffle qui est insufflé à cette Chine, encore mystérieuse et incomprise semblant être au bord du chaos pour tous les occidentaux des années 20.



Incompréhension majeure : faut-il décrire la Chine comme une République du Céleste Empire ou comme le Céleste Empire d’une République. Un empereur et un président en même temps, il n’est pas facile de savoir qui dirige ce pays ; surtout quand les principaux membres du gouvernement semblent avoir pris la fuite ou des vacances prolongées. Et que dire de ces seigneurs de la guerre avec leurs armées composées de mercenaires armées et sanguinaires qui cherchent à renverser tout ceux se trouvant sur leur chemin, à s’octroyer des territoires de plus en plus vastes, à s’enrichir tout simplement. Le gouvernement est au Nord, l’Empire est à l’Ouest, l’Est se bat contre le Sud, le Sud combat le Nord...D’ici, l’esprit colonial qui forge notre être d’occidental pourrait croire à une anarchie complète.



Ce qui me plait dans l’écriture d’Albert Londres, c’est que j’en ressors souvent essoufflé. Ce type ne semble jamais se reposer ou prendre son temps, même pour déguster une excellente tasse de thé noir au goût fortement fumé et terreux, aux vertus apaisantes et anti-oxydantes. Aussitôt arrivé à destination, il pense déjà au départ pour nous abreuver de nouvelles anecdotes toujours aussi truculentes et cocasses.
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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Les forçats de la route (ou) Tour de France, ..

Qu’auraient pensé Albert Londres et les coureurs du Tour de France de 1924, de ce qu’est devenu le Tour d’aujourd’hui ?

Des étapes difficiles aujourd’hui c’est sûr, mais celles de 1924 pouvaient faire jusqu’à 482 kilomètres comme l’étape Les Sables-d’Olonne – Bayonne, et commencer en pleine nuit à 2 heures du matin, pour ne finir qu’à plus de 20 heures.

Et bien sûr, à l’arrivée pas d’équipe de masseurs, de diététiciens, d’hôtel 5 étoiles pour prendre soin des coureurs, ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes.

Et les vélos, rien à voir avec ceux de 2023 super profilés et super légers, ils pesaient alors 15 kilos et les coureurs emmenaient avec eux tout ce dont ils avaient besoin, pas de voiture suiveuse et de mécanos pour changer en vitesse une roue crevée, le coureur de 1924 avait des boyaux autour des épaules pour réparer lui-même sa crevaison, et si le sort voulait qu’un jour il soit victime de trop nombreuses crevaisons, il faut dire que les route de d’alors n’étaient pas non plus celles d’aujourd’hui, il n’avait d’autre choix que d’aller acheter ce dont il avait besoin chez le marchand de cycles local.

Mais ce qui n’a pas changé c’est que les grands cols des Pyrénées et des Alpes étaient déjà là et qu’il fallait les gravir à la force du mollet.

Albert Londres alors journaliste au Petit Parisien, va nous faire vivre les 15 étapes de ce Tour parti de Paris le 22 juin avec 157 coureurs pour arriver à Paris le 20 juillet avec 60 coureurs, après 5 425 kilomètres qui ont consacrés pour la première fois un vainqueur italien : Ottavio Bottecchia qui a porté le maillot jaune depuis la première étape pour ne plus jamais le quitter.

Joli livre qui nous fait revivre la France d’Entre-deux-guerres et qui glorifie ceux qu’Albert Londres a appelé les forçats de la route.

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Contre le bourrage de crâne

J'ai lu pas mal de livres d'Albert Londres, et pour le moment celui-ci est de loin le moins intéressant. Il s'agit de la restitution des articles écrits par le journaliste alors qu'il était correspondant de guerre en 1917 et 1918, du front de l'orient à l'Italie, en passant par la Belgique, le front occidental, et à la fin l'Allemagne après l'armistice.

Outre le fait que beaucoup de ces articles sont des dépêches assez factuelles et ont perdu une grande part de leur intérêt 100 ans plus tard (ce qui en fait une lecture parfois fastidieuse que j'ai donc picoré sur une longue période), on ne retrouve pas le Londres dénonciateur de Dans la Russie des soviets, Au bagne, Terre d'ébène ou Dante n'avait rien vu. Soumis de toute façon à la censure (qui apparaît clairement à certains moments dans les articles, qui sautent par conséquent du coq à l'âne), il n'hésite pas à user et abuser d'un patriotisme volontiers grandiloquent. Les poilus, les Belges et les Anglais sont magnifiques, formidables et époustouflants, "le Boche" est méchant et laid, barbare et fourbe, voleur et incendiaire. De nos jours, après un tel ouvrage, Londres serait taxé de propagandiste et de journaliste "embedded" (ce qui n'est pas un compliment dans le milieu), mais avait-il le choix ? Il semble qu'il figurait déjà parmi les fortes têtes des correspondants de guerre, mais rien n'en témoigne dans ces lignes qui sont résolument à charge contre l'Allemagne.

De ce fait, le titre choisi, "Contre le bourrage de crâne", prête à rire. Pour mémoire, le "bourrage de crâne" est une expression inventée par les poilus pour qualifier la propagande dans les journaux. Or, pour certains de ces articles, on n'est pas loin de ce bourrage de crâne tant honni par les hommes du front.

À noter tout de même à la fin les prémisses du génie visionnaire de Londres, lorsqu'il constate en Allemagne que "les Boches" ne se sentent pas du tout vaincus, et qu'il laisse entendre que la messe n'est pas encore dite. Sombre présage dont il ne verra pas lui-même, 20 ans plus tard, le plein accomplissement.

En bref, un Londres dispensable.
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Les Comitadjis

1931. Le royaume de Bulgarie de Boris III est le théâtre de violentes confrontations entre communistes, révolutionnaires et ligues fascistes des Balkans au moment où Albert Londres se rend en mission à Sofia. Les guerres balkaniques de 1911 et 1913 qui conduisent au partage de la Macédoine entre Grèce, Serbie et Bulgarie, laissent notamment une Bulgarie en proie à des terribles conflits internes opposant les deux principales factions de l'Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne (ORIM). Cette organisation révolutionnaire fondée sur la tradition des Haïdouks dont les missions premières étaient de lutter contre l'invasion de l'empire Ottoman (Bachi-Bouzouks), s'est substituée au gouvernement. Véritable état dans l'état, l'ORIM a pris le pouvoir : contrôlant tous les secteurs les plus importants du pays, l'ORIM ne rencontre quasiment pas de résistance excepté au sein même de ses rangs (les protoguérovistes contre les nouveaux les partisans d'Ivan Mikaïloff). Sous prétexte de défendre les intérêts bulgares (cf. leur devise : "la liberté ou la mort"), l'ORIM instaure la dictature via les tchétas, bandes armées constituées de Comitadjis. Ceux qui dans le début des années 1930 osent encore se soulever contre le triumvirat formé de Mikaïloff, Karadjoff et Razvigoroff sont systématiquement éliminés : "L'organisation a changé de peau. C'est un antre de terroristes. De la peau de lion à la peau de loup." (p.45). Dans un contexte politique complexe où comme toujours le partage et la délimitation des territoires fait sans exceptions des peuples lésés, il est évident qu'un rapprochement politique entre Bulgarie et Yougoslavie soit impossible. D'après Albert Londres, cette poudrière des Balkans trouverait peut-être une solution comme le proposait Stamboulisky dans la création d'une confédération des pays slaves du sud. Mais les hommes sont-ils suffisamment sages pour se ranger à une telle entente ? Albert Londres ne semble pas le croire. Dans son style inimitable, le célèbre reporter propose avec Les comitadjis, son dernier livre, un témoignage important dont on gagnerait à se souvenir...



Lire aujourd'hui ces reportages ne perd en rien de son intérêt : au contraire, leur valeur peut, dans la mesure du crédit que l'on y porte, intéresser l'histoire politique complexe des pays des Balkans. La Bulgarie n'est évidemment pas représentative de tous les pays des Balkans mais son cas présente les prémices communs à certains événements et évolutions qui devaient plus tard frapper les pays de l'Europe du Sud-Est (ère soviétique, effondrement de l'URSS...). Mais au delà de la dimension politico-historique, ce reportage d'Albert Londres révèle les méchants rouages d'un système d'oppression quasi terroriste. L'organisation, le recrutement, les missions, le financement... On se demande d'ailleurs comment Albert Londres réussit à pénétrer les arcanes de l'ORIM sans s'attirer ses foudres. A cette lecture, on pense inévitablement aux associations mafieuses étudiées par Roberto Saviano dans Gomorra ou Manfredi Giffone dans La Pieuvre. Autre époque, autre pays, mais les pratiques se ressemblent beaucoup. On peut aimer ou non le style un peu sensationnaliste du reporter mais on peut le remercier d'avoir sensibilisé l'opinion publique aux dérives des Comitadjis. Grâce au recul que l'on a aujourd'hui par rapport au début des années 30, on peut appréhender certains tournants de l'histoire des Balkans. Bref, Les comitadjis constituent à mon sens un des meilleurs travaux d'Albert Londres. Ce livre suscite une réflexion rétrospective intéressante sur ce pan de l'histoire bulgare...
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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Pêcheurs de perles

La plongée dans un monde disparu...

Albert Londres publie ici un reportage sur le Golfe arabo-persique tel que nous ne le connaissons plus : celui d'avant le pétrole, d'avant les gratte-ciel et les marinas de luxe, d'avant les stades flambant neuf et les influenceurs de télé-réalité...

Mais il y avait déjà de pauvres morts parmi les travailleurs, et déjà de la richesse, celle d'un or blanc nacré, celui des perles des huîtres. Migrants arabes, somaliens, persans... tous accourent pour pêcher ces huîtres et venir donner leurs poumons, leur ouïe, leurs yeux, donner leur sang pour un travail épuisant physiquement et un salaire si miséreux que leurs dettes augmentent, les rendant prisonniers de l'armateur du navire, tout en implorant Dieu de les aider. Les femmes, elles, restent sur terre mais invisibles. Quelques uns en profitent, grands propriétaires étrangers qui gagnent des millions. Et de riches occidentaux se réjouissent de ces perles tâchées de sang, sans même y songer, sans même parler de boycott...

Oui, le parallèle avec cette Coupe du Monde 2022 au Qatar est saisissant sur bien des points. Sur le ton faussement enthousiaste et ingénu aussi d'Albert Londres, qui se place dans la peau d'un observateur naïf qui regarde et décrit, sans intervenir : "c'est une autre culture". Cependant, ici, ce n'est pas un appel stérile au boycott, mais une description clinique de la réalité, qui révèle toute sa force de conviction dans les dernières lignes.

Un récit d'autant plus fort qu'il résonne avec notre actualité, tout en nous évoquant une mer regorgeant encore de biodiversité, aux eaux encore transparentes car non souillées par le pétrole.
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Chez les fous

Albert Londres a été un journaliste du début du XXème siècle. Il a publié plusieurs enquêtes d'investigation, dont celle-ci, dans les années 20. Ce n'est qu'en 1925 qu'il a été publié, sous la forme de 12 articles, dans le Petit Parisien.



Ce sont des témoignages de ses visites à certains "asiles de fous". Il rapporte la violence et les traitements inhumains infligés aux internés. Les traitements étaient surtout basés sur la punition ou la restriction physique punitive (camisole, cachot, ...). A un seul asile il a trouvé un traitement humain où les fous étaient traités comme des personnes presque normales.



Mais ce livre, à mon avis, a mal vieilli. Ce livre a probablement beaucoup apporté à l'époque. Moins aujourd'hui.



Mais c'était un début d'un changement de la discipline psychiatrique. Je pense que de nos jours on ne trouve plus ce genre d'établissement, du moins, pas en France.



Il y a, peut-être un intérêt historique, pour comparer ce qui était avec ce qui est maintenant, mais il apporte très peu en connaissances. Ce sont des récits de ce qui se passait dans ces asiles, des témoignages.



Il y a, certes, une toute petite poignée de pages de conclusions à la fin, mais j'aurais du mal à classer ce livre dans la catégorie "essais". J'aurais aime avoir l'avis sur ce livre par un psychiatre de l'époque. C'est la limite de tout sujet pointu traité par un journaliste d'investigation.
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L'homme qui s'évada

Après avoir lu Au bagne, le reportage terrifiant d'Albert Londres sur le bagne de Guyane, et La vie des forçats, le livre écrit par l'ancien bagnard Eugène Dieudonné après son amnistie et son retour en France (sur le conseil d'Albert Londres et préfacé par ce dernier), je me devais de lire le troisième ouvrage témoignant du lien entre ces deux hommes hors du commun : Adieu Cayenne, également parfois publié sous le titre "L'homme qui s'évada" (il s'agit bien du même livre !)

Il s'agit du compte-rendu probablement extrêmement fidèle du long entretien qu'Albert Londres a eu avec Dieudonné dans une chambre d'hôtel de Rio de Janeiro, après la dernière évasion couronnée de succès du forçat. Ladite évasion, encore fraîche dans l'esprit du fuyard, y est relatée en détail, de même que les tergiversations politiques entre les pouvoirs publics français et brésiliens, entre demande d'extradition, pression de l'opinion publique, etc. Tout cela est passionnant et d'une grande modernité (cf l'affaire Julian Assange par exemple).

L'horreur du bagne n'est pas directement au programme de cet ouvrage, mais son ombre menaçante et omniprésente plane sur le récit de cette évasion, de bout en bout. En creux, on la devine, à voir l'acharnement surhumain de Dieudonné et de ses compagnons de débine à s'évader à n'importe quel prix et à préférer sans hésiter la mort à une nouvelle capture.

La scène de "l'Autre", qui continue, bien qu'agonisant, à marcher des jours et des jours en serrant les dents pour ne pas être lâché par ceux qui n'ont pas encore été repris, en dit long, très long.

Véritable leçon de résilience et de détermination d'un innocent à se soustraire à une condamnation injuste, ce récit est un monument historique à lui tout seul.
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Les Comitadjis

Un de mes reportages préférés d'Albert Londres, qui nous embarque cette fois dans les Balkans, entre Bulgarie et Serbie, dans la Macédoine déchirée par l'ORIM, l'Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne, désirant voir cette région rattachée à la Bulgarie, qu'elle finit presque par contrôler, et dont elle exécute à tour de bras diplomates et hommes politiques.



On y retrouve le style inimitable du reporter qui retrace les guerres balkaniques et nous livre une vision fouillée et dépouillée de prétentions politiques d'une organisation terroriste et d'un conflit qui sera l'un des terreaux des violents soubresauts qui agiteront les Balkans tout au long du 20ème siècle.



Edifiant et passionnant, d'autant plus que le sujet est passablement méconnu !
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Terre d'ébène

Ce récit date de 1929. Les horreurs décrites ont donc 90 ans. Je suppose qu'elles ne sont pas arrêtées comme par enchantement. Qu'on ne s'étonne donc pas que les Français soient mal vus dans certains coins d'Afrique. Quelle époque et quel gâchis !

Albert Londres dénonce les pratiques qu'il a vues avec sarcasmes. Il est tellement caustique qu'il frise la drôlerie. Nul n'est épargné, ni le Blanc détenteur de l'autorité, ni le petit Blanc qui laissera sa peau, ni les Noirs, que ce soient ceux qui, détenteurs d'une parcelle de pouvoir, en profitent pour devenir bourreaux ou ceux qui acceptent tout sans se révolter.

Une chose est sûre, la France ne sort pas grandie de cette Histoire.
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Dante n'avait rien vu : Biribi

Lu en édition numérique du domaine public.

Biribi!

Cette honte de la justice militaire, que dissèque et dénonce Albert Londres.

Biribi;

Georges Darien y était allé comme comdamné du Conseil de guerre, en était revenu et avait témoigné dans un livre terrifiant.... Qui n'avait rencontré ni succès ni écho à l'époque de sa parution!

Biribi!

Chanté par Aristide Bruant, en couplets funèbres.

Biribi!

Sensé relever les soldats égarés, mais qui précipite des hommes dans la haine, à la merci de sous-officiers sadiques et tout-puissants.

Où ces réprouvés, sous la chiourme de leurs gardiens dégénérés, en reprennent pour cinq ans, dix ans... dans un cauchemar de malheur sans fin.

Biribi!

Que ce reportage d' Albert Londres, journaliste moderne et pragmatique autant que précis, va aider à réformer.



Albert Londres rencontre ces hommes brisés, dont certains se mutilent pour échapper à leurs tortionnaires... Dont quelques-uns rêvent du bagne de Cayenne comme d'un eldorado comparé à Biribi (!).



Le récit est nerveux, parfois insoutenable. Certains passage en sont d'un tragique burlesque, tel celui où un homme s'enfuit déguisé en curé.



Il fallait que quelqu'un de tenace et de courageux, d'impartial s' y colle et aille dans ces fins du monde de désert et d'épines, dans ces détachements de Biribi, pour mettre fin à cette abomination.

Ce fut Albert Londres, et grâce lui en soit rendu.

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Marseille Porte du Sud

Albert Londres me propose aujourd'hui une invitation aux voyages, un véritable tour du monde de 1927. Direction Marseille et son port. Ici on embarque pour toutes les mers, vers tous les ports. Des paquebots arrivent, d’autres partent. Pour où ? Alger, Tunis, Suez, Djibouti, Zanzibar, Madagascar, Colombo, Java, Sydney, Nouméa, Papeete...



Il me fait visiter les quatre coins du globe terrestre sans jamais quitter le quai, simplement en regardant la gueule des dockers, des marins, des capitaines. Marseille, une ville de passage. Il n’est pas bon d’y rester. On est bien accueilli que si l’on est de passage, entre deux destinations. On n’y vit rarement, on est à Marseille juste en escale en attendant une autre destination.



Mais on ne parle pas beaucoup français à Marseille. On y suit des conversations en italien, en grec, en roumain, en russe ou en arabe... Mais rarement en français... C’est plus une terre d’accueil qui à bras ouverts « ramasse » toutes les épaves, tous les déchets, ceux qui ne peuvent plus vivre chez eux et qui tentent l’aventure sous d’autres cieux. Et ils arrivent à Marseille, avec leur misère et leur pauvreté, avant d’en repartir aussitôt pour trouver la richesse ailleurs... Les étrangers, qu’ils soient européens, africains ou arabes sont tous les bienvenus, sans oublier les voyous bandits et autres racailles. Ils font partie de Marseille, ils « sont » Marseille.



Et quelle ambiance à chaque café ! Toujours un ami qui vous attend, prêt à converser avec vous, prêt à vous offrir un café ou un paquet de cigarettes qu’il vous doit... Et quel parfum !



Embarquement immédiat...
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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Marseille Porte du Sud





 Albert Londres est le père du journalisme d'investigation. Grand voyageur, il s'est embarqué de Marseille pour ses  voyages lointains en Asie, Inde, Chine et Japon...  Eté 1926,  après l'Exposition Coloniale de 1922 Albert Londres écrit une série de reportages réunis dans ce livre qu'il dédie au Gardien du phare du Planier.









Pour Albert Londres, Marseille est avant tout un port où entrent et sortent personnes et marchandises et ceci depuis 2500 ans avec l'arrivée des Phocéens. Entrée des marchandises coloniales, sortie des colons qui partent peupler l'Algérie ou l'Indochine. Et inversement arrivée des marins en transit vers les ports du monde entier et qui se rencontrent autour d'un verre avant de repartir. Arrivée aussi des émigrants s'installent . En 1926 Marseille est italienne, grecque et arménienne...



"Marseille était bien dans un département qui s’appelait les Bouches-du-Rhône. J’ai fermé la géographie. Le lendemain, je l’ouvris de nouveau. Marseille était dans les Bouches-du-Rhône, cependant les Bouches-du-Rhône devaient être en Italie. Eh bien ! Non, ce département était en France. Je repris courage et, comme nous étions au matin de cette journée d’expérience, je sonnai la femme de chambre. Elle arriva. C’était une Italienne. « Alors,

lui dis-je envoyez-moi le valet. » C’était un Italien. « Faites monter le sommelier ! » Il était italien ! J’empoignai mon chapeau, ma canne, mon pardessus. Je sortis de ma chambre. J’appelai l’ascenseur. Le garçon de l’ascenseur lisait Il secolo ! Je brûlai le hall jusqu’à la porte. Là, je m’adressai au portier et j’eus comme un espoir : le portier était anglais..."





Même si le propos est connu, le livre est original par le ton amusant. Lecture jubilatoire.



J'aurais pu choisir pour illustrer ce billet des conversations de  bistro, rencontres de commerçants qui se donnent rendez-vous après avoir fait le tour de la planète. Chaque chapitre, chaque anecdote, chaque sketch fait sourire si ce n'est rire franchement. 



Quel conteur!
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Marseille Porte du Sud

Ce livre court regroupe une série d’articles publiés par Albert Londres en 1926 sur la ville de Marseille.

Marseille d’où arrivaient et d’où partaient les bateaux transportant aussi bien des passagers que des cargaisons.

Et le trafic d’alors, ne connaissant pas encore l’aviation commerciale, se faisait uniquement par voie maritime

Les destinations étaient plus exotiques les unes que les autres que ce soient les divers ports de Méditerranée, d’Afrique, d’Amérique du Sud, du Moyen Orient ou même d’Asie.

Combien d’hommes, de femmes et d’enfants sont passés à Marseille soit pour arriver en France, soit pour en partir et pour certains ne plus jamais y revenir que leur destination soit l’Amérique du Sud ou ces colonies françaises d’Afrique ou d’Asie.

Mais Marseille elle-même n’était déjà presque plus en France, et lorsque Albert Londres s’est rendu compte que dans son hôtel la femme de chambre, le garçon d’étage, le liftier, le concierge tous parlaient italien ; il a pris sa géographie pour vérifier que Marseille était bien en France

Près d’un siècle plus tard, cette jolie évocation de la ville nous fait comprendre à quel point Marseille a toujours été cosmopolite, et qu’elle a toujours été tournée vers les flots bleus de la Méditerranée.

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Au Japon

Ce recueil regroupe les articles écrits pour l'Excelsior lors d'un séjour en Asie en 1922. L'auteur y dépeint à la fois le Japon tel qu'il le perçoit, mais aussi son point de vue d'Occidental sur ce pays et surtout, le point de vue des Japonais sur ceux d'Atchira (là-bas), aussi bien Européens qu'Américains et dont le mode de vie est à la fois moqué et envié.

L'ensemble est très intéressant et agréable à lire, à la fois pour les points de vue échangés sur les grands écarts de moeurs, mais aussi pour la beauté du style, l'auteur choisissant et filant des métaphores toujours appropriées pour appuyer son propos.
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