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Critiques de Albert Memmi (34)
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La Statue de sel

Albert Memmi aurait eu cent ans cette année. Il nous a quitté le 22 mai dernier…

Héritier d'une triple culture juive, tunisienne et française, Albert Memmi entre en littérature en 1953 avec LA STATUE DE SEL, une magistrale autobiographie romancée. Il y raconte ses tourments engendrés par une identité morcelée, douloureuse à porter, à assumer, celle d’un jeune garçon déchiré entre des traditions familiales surannées , confronté à des cultures antagonistes, poursuivant de brillantes études malgré un environnement défavorable , devant faire face à la discrimination sociale - sa famille est pauvre , le père est malade , la fratrie nombreuse- à la ségrégation raciale imposée par la France en Tunisie, un jeune n’arrivant pas à trouver sa place sur sa terre natale, la Tunisie . Ce roman est remarqué Camus qui en relève la faconde originalité, il le préface ,

Voici un écrivain français de Tunisie, qui n’est ni français ni Tunisien, c’est à peine s’il est juif, puisque dans un sens il ne voudrait pas l’être. Le curieux sujet du livre, qui est aujourd’hui offert au public, c’est justement l’impossibilité d’être quoi que ce soit de précis pour un juif tunisien de culture française.

Dans cette introduction, il souligne aussi les difficultés, les ambiguïtés de vivre en terre coloniale « Nous, Français et indigènes d’Afrique du Nord, nous restons ainsi ce que nous sommes, aux prises avec des contradictions qui ensanglantent aujourd’hui nos villes et dont nous ne triompherons pas en les fuyant mais en les vivant jusqu’au bout »

C’est un récit tantôt drôle, tantôt poignant , mais aussi agressif, violence qui traduit parfaitement le ressenti d’Albert Memmi.



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La Statue de sel

La statue de sel raconte la quête d'identité d'Alexandre, alter ego de l'auteur, composée essentiellement de paradoxes. Né en Tunisie dans une famille pauvre peu avant la seconde guerre mondiale, il est le seul enfant de la famille à poursuivre ses études au lycée et tente de s'intégrer au monde bourgeois qu'il admire et méprise à la fois. Son éducation étant française, il rejette l'Orient et se sent profondément occidental, bien que son accent, son nom et sa tête ne lui permettront jamais d'être considéré comme tel. Il est enfin né dans une famille juive, vivant dans un ghetto. Avec l'instruction qu'il a reçue, il ne peut plus s'identifier aux croyances ancestrales de sa religion, qui continue pourtant à lui coller à la peau.



Alexandre se retrouve alors seul, perpétuellement écartelé. Lui qui abandonné ses racines se voit refuser l'accès à tous les cercles auxquels il s'identifie. Les nombreuses trahisons de l'Occident qu'il admirait le laisseront encore plus amer : la France de Pétain abandonne les valeurs d'égalité qu'Elle représentait pourtant à ses yeux, mais celle de de Gaulle refuse aussi d'inscrire un nom juif sur la liste de ses combattants.



Le héros en colère, rempli d'une certaine rancœur, rend cette lecture assez éprouvante. Elle doit s'apprécier davantage quand on a vécu soi-même ce déchirement décrit par l'auteur.
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La Dépendance: Esquisse pour un portrait du d..

Je poursuis activement la fin de mes tris et déballages de livres… et je me retrouve avec, dans les mains, un ouvrage lu et adoré dans les années 80, qui aborde tous les grands aspects de nos rapports à la vie et aux autres à travers un état et sentiment, plus qu’omniscient : « La dépendance »…Nos motivations, les raisons profondes de nos engagements…Albert Memmi décortique tous nos comportements à l’aune de ce fameux sentiment de « dépendance »…



Je me prépare à partir quelques jours chez des amis, me met de côté les lectures à emporter pour moi et pour offrir… En plus de nouvelles parutions qui m’intéressent beaucoup, me voilà en plus, à ajouter des anciennes lectures qui ont été des moments intenses, dont ce livre d’Albert Memmi, qui a été plein d’enseignements, à travers un style limpide , chaleureux, illustré de multiples exemples à travers la littérature, le cinéma, la vie quotidienne, les mondes de l’art, des religions, le monde animal, etc.



Un livre très fort , multidisciplinaire… qui nous enrichit de la vaste réflexion de son auteur...

« ... Nous existons en fonction des autres. Sans cesse, nous sollicitons leur alliance, ou leur cherchons querelle, souvent pour obtenir le même résultat: un échange et une reconnaissance. Et comme nécessairement ils nous déçoivent, nous tâchons d'en corriger l'image, nous les ré-inventons selon nos besoins. D'où l'extraordinaire mélange d'intuitions exactes et de fantasques rêveries que nous avons les uns de autres. » (p.23)



Je reformulerai sûrement différemment ma chronique de ce livre après sa relecture, car lorsque je parcours l’abondance des passages que j’avais soulignés à la première lecture, je pense que je vais appréhender cet essai, avec un regard, dit « plus mature »… où d’autres éléments accapareront mon attention selon aussi mes sujets de réflexion du moment.



De nombreuse références littéraires, philosophiques, cinématographiques, culturelles, psychologiques, éthiques, etc nous sont proposées… Une très large réflexion sur notre condition d’humain et de notre positionnement aux autres nous est offerte à travers cet essai.



Touchée également que l’auteur ait tenu compte du monde animal…de ses perceptions, comportements, sentiments envers nous, les « pauvres humains »… souvent fort inattentifs : « On voit également, dans ces livres, que la dépendance de la bête n’est pas moins grande. Le chien perdu revient toujours, et de fort loin ; il ne dort pas si ces maîtres veillent et dort si ils dorment. Il est le chien de tel maître, comme on est l’enfant de tels parents. L’attente de l’animal n’est pas moins remarquable que celle des humains. Il existe une affectivité et une pensée animales. (p.27)



Albert Memmi recense tous les domaines de croyances, d’engagements… qui possèdent souvent, à notre insu, une double face, moins consciente : « « On voit de combien de mères nous cherchons à nous pourvoir- l’armée, le parti politique, le club sportif sont de « grandes familles »….(…) Le prêtre qui abandonne son ordre, le militant qui ne renouvelle pas sa carte, jugent que « la vie n’a plus de sens », à moins qu’ils en aient déjà découvert un autre. De son côté, le groupe condamne ceux qui s’éloignent comme des renégats qui méritent violence » (p.35)



J’achève cette note imparfaite vu la lointaine lecture de cet ouvrage, sur un passage essentiel, montrant parfaitement que la plus difficile chose, dans nos existences, reste « les rapports humains » !!!!





« Au reste, la reconnaissance n'est pas un sentiment d'une complète pureté: reconnaître ce que l'on doit à autrui, c'est aussi avouer sa propre insuffisance. Il faut beaucoup de force et d'orgueil, ou de placidité, pour supporter ses propres dettes sans inquiétude ni ressentiment. Le commun des mortels vénère ses idoles et guette leurs défaillances. Cela semble contradictoire; ce ne l'est pas: on agresse qui vous aide, parce qu'on a aussi besoin de se défendre contre lui. J'aime cet homme pour le bien qu'il me fait, mais je dois l'aimer moins pour m'estimer moi-même. » (p.57)



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La Statue de sel

Pendant l'épreuve de l'agrégation de philosophie, Alexandre Mordekhai Benillouche, au lieu de disserter sur "les éléments condillaciens dans la philosophie de Stuart Mill", écrit l'enfant qu'il fut, dans l'Impasse entre sa mère analphabète s'exprime en patois, et son père bourrelier, dans l'innocence, puis l'écolier de l'Alliance israélite, remarqué et choisi pour être boursier au lycée...



Roman d'apprentissage, recherche d'identité pour le lycéen qui choisit la culture française et se détourne aussi bien de la religion - il n'est pas croyant - que de toutes les superstitions des juifs du ghetto. Lycéen solitaire, fils d'artisan parmi des camarades de milieux aisés et même bourgeois, il peine à trouver sa place.



Les lois de Vichy lui rappellent brutalement sa judéité. Il démissionne fièrement de son poste dans le lycée avant qu'on ne le renvoie. L'invasion allemande lui ôtera toute illusion sur ses illusions françaises. Même le professeur de philosophie, dont il était le disciple préféré ne fera rien pour l'aider ou pour le cacher. Juif indigène, il rejoindra les siens au camp de travail. Il n'a plus rien de commun avec les pauvres du ghetto, ne sait plus prier, ne sait pas leur parler d'idées en patois tunisien, il se sentira étranger parmi eux.



Libéré du camp, il songe à s'engager mais on lui suggère de modifier son nom, mettre peut être Mohamed," pour les Arabes il n'y a pas de limites".



J'ai beaucoup aimé les récits de la vie quotidienne de son enfance, sa famille, au début du roman. Les années d'apprentissage au lycée, avant la guerre montrent la société coloniale, raciste mais aussi les espoirs mis dans l'éducation, la culture et la philosophie, dans la France. La dernière partie - le Monde - est tragique. La quête de l'identité du héros se terminera ainsi :



"Je suis étonné de ne pas avoir peur ; mais l'habitude dispense du courage et, en vérité, j'ai longtemps épié ma découverte. je meurs pour m'être retourné sur moi-même. Il est interdit de se voir et j'ai fini de me connaître. Comme la femme de Loth, que Dieu changea en statue, puis-je encore vivre au-delà de mon regard?"
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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La Statue de sel

L’identité. Voici le premier mot que je pense à la fin de ce livre. Etre né au mauvais endroit, ne sachant pas de quelle culture et quelle nationalité est l’auteur, puisque français et juif né en Tunisie et parlant l’arabe en famille. Et quand la guerre aura lieu, là aussi on lui demande de changer de nationalité. Il nous décrit son enfance et son adolescence de parents pauvres dont il a honte, puis le jeune homme qu’il devient. Prêté par une amie qui est son livre de chevet. Je n’ai pas été aussi enthousiaste qu’elle. Ce genre de règlement de compte m’a gênée. Préface d’Albert Camus.
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Portrait du colonisé, précédé de : Portrait du co..

Comment s'organisent les rapports entre colons et colonisés ? La base de la relation est une domination économique. Le colon est le roi : vie moins chère, justice favorable, passe-droits administratifs. Les colonisés fournissent une main d'œuvre extrêmement bon marché, d'où découlent tous les profits de la colonie.



Pourtant, le colon sait qu'il est un intrus : la seule vue des colonisés lui fait prendre conscience qu'il n'est pas chez lui. Difficile également de ne pas se rendre compte de tous les avantages injustifiés dont il profite. S'engage alors un délicat processus de justification de sa présence : dénigrement du caractère des colonisés (voleur, fainéant, sale) tout en laissant la situation en l'état (salaire de misère, travail abrutissant, aucun travail d'aménagement effectué).



Les sentiments d'humanisme n'aident en rien : le colon ne se sent pas proche du colonisé et n'est pas prêt à partager son sort, ni même à renoncer à ses avantages. Et les « droits des peuples à disposer d'eux-mêmes » devient gênant quand ledit peuple ne songe pas à s'organiser de la manière dont vous voulez.



La description du colonisé a été la plus intéressante, car plus actuelle. La colonisation ne s'arrête pas à une déclaration d'indépendance. Pendant plusieurs décennies, la culture des colonisés a été mise en pièce : leur langue n'était pas parlée, les fêtes religieuses et nationales étaient celles du colon, ... Quand celui-ci part, il faut retrouver une identité propre : que ce soit en allant rechercher des traditions d'avant la colonisation, plus vraiment adaptées au monde moderne, mais qui ont le mérite de lui appartenir pleinement ; en refusant de suivre le modèle de vie proposé par le colon, quitte à s'enfermer... dans des clichés coloniaux ! « En pleine révolte, le colonisé continue à penser, sentir et vivre contre et donc par rapport au colonisateur et à la colonisation ». Et elle ne s'achèvera vraiment que quand son omniprésence dans les pensées cessera.
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La Dépendance: Esquisse pour un portrait du d..

Addicte à la "clope" pendant tant d'années, je ne pouvais que m'intéresser à ce livre... d'autant que la couverture m'attirait me suggérant l'impossibilité de se faire face ou l'entêtement à se tourner le dos.....

Hélas mon état était plus préoccupant que je ne pensais... car j'y découvrais qu'à peu près tout le monde est dépendant... de quoi ? A peu près de n'importe quoi et même de n'importe qui... jusqu'où ? jusqu'à l'anéantissement ... du dépendant ou du pourvoyeur.... une évidence, pour Memmi, qui donne le vertige.

Aïe ! et si aujourd'hui je m'étais encore fourvoyée dans une nouvelle addiction : Babelio ? au secours !
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Agar

Face à l’impossibilité de "futur" avec sa femme Sarah, le prophète Abraham se tourne vers sa jeune servante de culture et de confession différente de la sienne. Cette alliance donne naissance à de multiples souffrances et humiliations pour la pauvre Agar.

Mais qu’en est-il des unions mixtes du 20ème siècle ? L’Autre, l’étranger à sa communauté est-il toujours suspect et méprisé?



Et l’amour dans tout ça ? Celui qui a ses raisons que la raison ignore. L’amour et la différence… tout un programme qu’Albert Memmi définit très bien dans ce récit : « (…) j’étais placé entre deux trahisons : traître à moi-même ou aux autres. »

Certes, le cœur est libre et connaît mal les barrières, mais nos choix de vie (et d’amour) ne sont pas si libres qu’ils y paraissent, car les choix s’accompagnent de contraintes… La liberté et la libération des préjugés et des regards de l’Autre et des siens deviennent alors la problématique centrale de ce couple. Malheureusement, les deux protagonistes échouent dans leur tentative de libération.



Le personnage principal se trouve aux prises de douloureuses questions et dans l’incapacité de se positionner. Il en vient par la force des choses à se poser la fameuse question existentielle : Qui suis-je ? Avec cette identité coincée entre la douceur des souvenirs du passé et la nostalgie qu’elle créée, face aux incertitudes et à la peur de l’avenir… faut-il choisir un camp ? Les 2 ne peuvent-ils cohabiter ?



Agar est un récit tour à tour beau, touchant, réaliste, et émouvant lorsque Memmi décrit cet entre-deux culturel et la difficile rencontre. Tous les sentiments que l’on éprouve « naturellement » face à quelqu’un de différent de nous qui pénètre au plus près de notre intimité : méfiance, peur, intolérance, et incompréhension.



Toute la rancœur, la solitude et les ressentiments ne voilent pas pour autant l’égoïsme, le manque de compassion, d’écoute et de compréhension dont fait preuve le personnage. Personnage qui, comme son auteur, a toutes les caractéristiques des Juifs de la première moitié du 20ème siècle : complexé par ses origines. Ce qui n’aide pas !



Le fait d’aimer des gens, si différents ou semblables soient-ils de nous-mêmes fait-il qu’on leur appartient ? Et à partir de ce moment-là, devons-nous prouver notre amour par des renoncements à ce que nous sommes ? Agar nous montre bien à quel point nous pouvons devenir esclaves des désirs des autres, notamment avec le fameux « c’était pour faire plaisir à mes parents. »



Au fil des pages, on assiste à la fin du couple. On les voit ne plus savoir se parler, mais crier, menacer, refouler. L’amour devient bientôt synonyme de renoncement à ses désirs et à ce qu’on est, à cause d’injonctions (tout à fait injustes) exigées comme preuve d’amour : tu DEVRAS donner à ton fils le nom de ton père pour prouver ta loyauté envers ta famille et ton sang ; tu ne devras pas faire circoncire notre fils pour me prouver que tu m’aimes.



Agar nous montre à quel point la communication et l’échange sont importants dans un couple mixte, et nous met en garde sur l’équilibre qu’il faut garder entre notre histoire personnelle et l’Histoire de nos semblables inscrite en chacun de nous.



J’ai hésité entre 3 et 4 étoiles. Puis je me suis décidée pour la 4ème en repensant à la richesse du panel de sentiments décrit et la justesse avec l’auteur en fait le portrait. Et il est vrai aussi que connaissant ce milieu et ces problématiques, j’ai été touchée et soulagée quelque part de lire le quotidien de ce couple.

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Le désert ou La vie et les aventures de Jubaïr ..

J'ai découvert Albert Memmi vraiment par hasard on dit bien qu' il fait bien les choses. Je regardais un documentaire dans lequel il y avait une femme qui se trouvait devant sa bibliothèque. J'ai l'étrange habitude de jeter un regard curieux sur le contenu des bibliothèques. J'y ai vu le livre désert d'Albert Memmi. Je ne connaissais pas du tout cet auteur. Bizarrement, quelques jours plus tard sur TV5 Monde une écrivaine tunisienne vantait la statue de sel du même auteur. C'est à ce moment-là que je me suis dit que je devais me pencher sur cet auteur. Je me suis alors procurée ce livre, j'ai découvert un bon roman, plutôt une biographie romancée d'un aïeul d'Albert Mimi. L'histoire du jeune prince Joubert écarté du pouvoir et poussé à l'exil avec son acolyte Younous qui lui sera très utile. Cet exil lui servira de quête spirituelle pour lui redonner la force de récupérer son trône. Jubair est beaucoup trop candide pour être roi, il devient malgré tout conseillé de plusieurs roi maghrébin. Son périple lui permettra de découvrir les affres du pouvoir et il finira par s'interroger sur la reconquête de son propre trône. On trouve de nombreuses réflexions très lucides sur l'exercice du pouvoir. J'ai aussi beaucoup aimé le fait de découvrir l'Histoire du Maghreb, les tensions entre peuples pour s'approprier les territoires. J'y ai notamment appris que les Bougiotes, habitants de Bougie en Algérie, avait conquis Tunis. Je poursuivrai ma découverte avec Statue de sel, un livre sur le sentiment d'appartenance, Albert Memmi qui était Français et Tunisien de confession juive ne se sentait aucun des trois.
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Portrait du colonisé, précédé de : Portrait du co..

Juif de Tunisie en contact avec les colonisateurs aussi bien qu'avec les colonisés, proche des seconds bien plus que des premiers, Albert Memmi entreprend, démontre qu'ils sont dans une perpétuelle interdépendance, liée au système colonial, qu'ils ne peuvent se définir que les uns par rapport aux autres. Deux parties, étroitement reliées, deux faces d'une même réalité. Pour Memmi, tout colonisateur ne peut être qu'un privilégié, fût-ce relativement, par rapport aux indigènes ; et il est toujours un «usurpateur», puisque ses privilèges ne sont pas légitimes, et il le sait. D'où, d'une part, une mauvaise conscience, qui atteint son paroxysme chez l'homme de gauche. Et, d'autre part, un mépris de soi, du fait de sa médiocrité, consubstantielle au système colonial, qui incite le colonialiste à s'appuyer sur son prétendu patriotisme et sur le prestige de la métropole pour essayer de se justifier à ses propres yeux ; conformément à ce que Memmi appelle le «complexe de Néron», il recourt aussi à tous les stéréotypes racistes, qui sont autant de mystifications visant à naturaliser l'oppression et à dresser des barrières inamovibles entre les races. Ce faisant, il manifeste des tendances fascisantes.



Le colonialiste fait du colonisé un portrait mystificateur. Mais le colonisé, dépourvu de tout droit, constamment soumis et humilié, et en état permanent de carence, est souvent amené à se conformer au miroir qu'on lui tend. J-P Sartre écrivait dans la préface de la première édition : «Une impitoyable réciprocité rive le colonisateur au colonisé, son produit et son destin». Certains (colonisés) tentent bien de s'assimiler, et donc de s'aliéner culturellement, mais l'assimilation, refusée par le colonisateur, n'est qu'un mirage. La révolte est donc inévitable. Pour assurer la cohésion du mouvement de révolte, l'élite des colonisés en arrive souvent à la dépasser et à basculer dans la révolution pour tuer totalement «le colonisé». Nationaliste, «parce qu'il devait lutter pour l'émergence et la dignité de sa nation», il ira jusqu'à affirmer les «valeurs refuges», régressives, que sont la tradition, la famille et, plus encore, la religion, ce qui est lourd de dangers, une fois l'indépendance obtenue.



L'Auteur : Ecrivain et philosophe franco-tunisien. Né en décembre 1920 à Tunis de père juif italien et de mère juive sépharade d'ascendance locale. Langue maternelle : l'arabe. Etudes universitaires à Alger puis à la Sorbonne. Enseignant. Une grande œuvre tournant autour de la difficulté de trouver un équilibre entre Orient et Occident. Fondateur du concept de judéité au début des années 70, comme base de son travail d'exploration de l'être juif. Ce concept, dont il jeta les bases, sera ensuite utilisé par de nombreux philosophes. Plusieurs œuvres dont un premier roman (largement autobiographique), en 1953, avec une préface de Albert Camus. Le «Portrait du colonisé (précédé) du Portrait du colonisateur» a été publié en 1957 (Buchet-Chastel), avec une préface de Jean-Paul Sartre. Il est apparu, à l'époque, comme un soutien aux mouvements indépendantistes.

Avis : «Une grande voix singulière de l'anticolonialisme»... un texte étincelant de vérités, peut-être incompréhensible pour les nouvelles générations car, avec la mondialisation–globalisation (même des pouvoirs politiques) et les Tic, d'autres formes de «colonialisme» sont nées. Il peut, aussi, être mal interprété, par les «anciens», qui vont, peut-être, le mettre (ou mettre certains extraits) au service de leur (s) cause(s).
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La Statue de sel

J’ai lu le premier « roman » d’Albert Memmi, initialement paru en 1953, dans une édition revue et corrigée de 1966. C’est un livre qu’on devine biographique. Le récit commence par une distribution de copies jaunes sur lequel le héros, Alexandre Benillouche Mordekhai doit disserter des « éléments condillaciens dans la philosophie de Stuart Mill »… afin de devenir agrégé de philosophie.



Issu d’un quartier… sordide



Le roman est écrit à la première personne. Né dans le quartier des Juifs pauvres de Tunis, les premières années du narrateur n’en furent pas moins heureuses. Mais l’adulte dispute à l’enfant ses souvenirs. Il utilise l’adjectif « sordide » pour décrire son quartier natal de L’impasse. Je fus étonné… car j’ai il y a peu trouvé le même terme chez Brasillach pour parler des Juifs du Maroc… C’est que l’époque a changé ! Sans doute trouve-ton le même mot chez Zola et Hugo décrivant les faubourgs s'industrialisant.



S'il tente parfois de restituer ses impressions d'enfant, le narrateur adulte domine. Il peint crûment l'environnement dont il s’est extrait par l’éducation française. Alexandre dira au lycée que son père est « dans le cuir » pour cacher qu’il travaille la matière de ses mains. L'artisan est tout de même à son compte, et son ouvrier servile renonce à se marier pour obéir au patron. Alexdandre fait donc partie d’une famille prestigieuse de L’impasse. Sa mère donne certains de ses vêtements à des familles plus pauvres. Elle le corrige justement lorsqu'il se moque d’un camarade qui porte ses vêtements. Mais l’enfant ne comprend la notion d’inégalités qu'un peu plus tard, lorsqu’il prête l’argent de son casse-croûte à un gosse de riches désireux achever sa collection de vignettes Nestlé. Subitement le lien entre « leur richesse et ma pauvreté » est fait !







L’école l'éloigne des siens



Après un déménagement dans un quartier plus sympa, toute la famille maternelle se trouve réunie dans un immeuble. Memmi écrit « Autour de la table de l’oncle, le soir, leurs têtes rapprochées par-dessus la toile cirée, ils rappelaient un repas de bêtes de la même portée. Mais ces animaux si voisins, si homonymes, pouvaient être comiques ou étonnement beaux. »



« Mes études enfin et la transformation profonde de mon matériel d’idées mirent une distance définitive entre la tribu et moi. Eux, au contraire, s’étaient accomplis dans leurs figures éternelles. Huit ans après notre installation dans les buanderies, ils avaient les mêmes jugements et les mêmes manies. Mes cousins, jeunes hommes, conservaient leurs traits d’enfants à peine durcis. »



Cette mise à distance de son environnement natal est provoqué par l’instruction nationale. Alexandre, élève brillant, décroche une bourse de l’Alliance israélite universelle pour poursuivre des études secondaires, qui lui donnent une éducation française. Peu à peu, les rites de son milieu deviennent superstitions. Contraint d’intérioriser son mal-être le plus souvent, il dénonce parfois franchement l’hypocrisie de certaines pratiques, comme le fait de payer un jeune musulman pour venir éteindre la lumière à Shabbat. Avant l’électricité, la lampe à pétrole s’éteignait toute seule après le dîner…



Une distance avec les siens s’installe donc à mesure qu’Alexandre se forme, et le jeune adulte raconte en détails cette déchirure. Comment l’admiration pour le père s’émousse. Sa force physique qui impressionnait l’enfant laisse place à une faiblesse frappante quand ses crises d’asthme se multiplient et que les bouches à nourrir s’accumulent.



« Je cessai, graduellement, d’accompagner mon père au temple, même pour les grandes fêtes rituelles. Rien, d’ailleurs, ne pouvait m’y attirer. Notre culte local était d’une incroyable primitivité. Mélange incohérent de superstitions berbères, de croyances de bonnes femmes, de rites formels, ils ne pouvaient satisfaire le moindre besoin de spiritualité. Les rabbins étaient sots, ignorants et sans prestige. Leurs burnous crasseux, leurs chéchias fanées appartenaient aux quartiers sordides que je voulais oublier ; leur complicité ou leur résignation à toutes les sottises qui m’étouffaient me les faisaient mépriser. »



Cependant, l’athéisme, parfois, est une voie de garage : « Et je dois avouer que, n’ayant rien à leur proposer, quelquefois, je regrettais d’avoir ébranlé leur univers traditionnel. »



Ce qui oppose Alexandre à son père, en plus de l’athéisme, c’est l’argent. Son père lui reproche le manque à gagner d’un fils aîné qui n’aide pas son artisan de père… Alexandre méprise tant les possessions des bourgeois que le désir de possession qui accable des pauvres. Mais son père le remet à sa place en lui disant qu'avec de l'argent, il soignerait son asthme.











L’antisémitisme, d’une manière, le ramène à son identité



Nous avons vu que Memmi décrit les mœurs juives comme aurait pu le faire un auteur antisémite. Pourtant son héros ne cesse jamais d’appartenir à sa communauté.



Alexandre expérimente l’antisémitisme dès sa première sortie en dehors de sa tribu, en colonie de vacances. Un juif, fils de marchand, s’était fait punir pour avoir revendu les confiseries reçus par colis : « j’appris à associer juiverie et mercantilisme et j’en voulus aux juifs qui osaient négocier. Pour éviter le retour de tels procédés, le sergent décida le partage de tous les colis. »



Au lycée, l’antisémitisme est le fait des élèves européens et des profs d’histoire racistes et royalistes. Par contrecoup, Alexandre devient robespierriste et universaliste. Il se sent proche du prof de lettres, africain excessivement francophile, puis se rapproche d’un prof de philo. Enfin, par le biais d’un camarade musulman, il s’initie au socialisme, idéologie anticolonialiste. Mais Alexandre ne s’aveugle pas. Un copain juif, qui avait perdu un proche dans un pogrome, lui fait craindre l’antisémitisme des musulmans. Cette expérience de l’antisémitisme lui fait détester la bourgeoisie française et craindre pour l’avenir de ce qui reste de sa communauté au sein d'une Tunisie indépendante.











Un anti-conformiste



« Je continuerais à ne pas aimer les bourgeois, mais je me croyais forcé de convenir que je m’épanouissais seulement parmi eux ; seuls ils lisaient, comprenaient mes inquiétudes, goûtaient et cultivaient la poésie et l’art. »



Alexandre Benillouche Mordhekai, jeune lettré, ne voit venir ni la guerre de 1939 ni le régime de Vichy. Blessé par les lois antisémites, il démissionne de son poste de surveillant. Pour vivre, il multipliera les cours particuliers.



Forcé de se cacher pendant les rafles, il découvre la précarité de l’amitié extra-communautaire. Miné par l’inaction, désireux de ne pas échapper à son sort doublement discriminé de Juif enfant de pauvres, il décide de rejoindre volontairement un camp de travail, alors que les bourges, négocient avec les autorités pour que leurs mômes éduqués évitent les chantiers éprouvants.



Comme l’antisémitisme l’avait ramené vers sa tribu, la guerre le ramène vers sa pauvreté. Il ne peut y couper. Dans sa chair, il veut partager les souffrances des forçats. Pour fortifier le moral des exploités dénutris, tentant peut-être de ressusciter le judaïsme en lui, il organise une cérémonie pour le shabbat, au cours duquel il se réserve le sermon. Hélas, les idées lui venant en français, il ne parvient pas à retrouver le patois qu’il voulait pour atteindre les cœurs. Cette langue qui lui échappe, celle de sa mère, qu’il qualifie quelque part d’« infirme », lui révèle son indécrottable singularité : « Je voulais les aimer et je crains de n’avoir réussi qu’à m’apitoyer. Je me reprochais cette pitié, j’aurais tant voulu être vraiment des leurs ! »



Enfin, alors que la débâcle allemande et le déploiement des mitrailleuses fait craindre l’extermination sur place, la fuite collective vers Tunis s’impose. Lorsque la France Libre réoccupe Tunis... l'administration refuse de le réintégrer ! On lui reproche d'avoir démissionné. Il aurait dû sagement attendre l'application des décrets discriminatoires de Vichy ! Un policier qui abat un juif est acquitté, « les commerçants recommençaient à trafiquer et les politiciens à ruser. En bref, tout le monde s'était ressaisi. »



Après avoir repris ses études pour devenir prof, Alexandre abandonne se saisit une proposition d'exil en Amérique du Sud. Sans avoir parlé des expériences amoureuses et sexuelles du jeune héros, agréables à lire, je termine mon résumé, par une énième citation, de cette histoire décentrée à portée universelle : « Les philosophes européens construisent les systèmes moraux les plus rigoureux et vertueux et les hommes politiques, élèves de ces mêmes professeurs, fomentent des assassinats comme moyen de gouvernement. »



Le livre est préfacé par Albert Camus. On aurait aimé entendre Albert Memmi, qui aura cent ans à la fin de l’année, nous parler de Camus lors des soixante ans de sa disparition.
Lien : https://blogs.mediapart.fr/e..
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Un noir a quitté le fleuve...

Publié en 1968, cette interview d' un Sénégalais analphabète et sans papiers évoque la grande misère morale, intellectuelle et de moyens de personnes qui s' auto excluent de la société en pensée ( leur esprit est reste au village) et en moyens: pour pouvoir envoyer de l' argent au village, elles vivent exclusivement entre elles. Ce texte n' a pas pris une ride.
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Portrait du colonisé, précédé de : Portrait du co..

Excellente analyse d'Albert Memmi,qui décrit ce qui se passe dans l'intériorité d'un individu qui a connu la colonisation;son infériorité ce syndrome est tellement intériorisé que le mal continu en lui même quand il est libre.
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Portrait du colonisé, précédé de : Portrait du co..

Je m’intéresse beaucoup à l’histoire de la colonisation, ses vestiges, ses nouvelles formes et la façon dont cette forme d’aliénation des individus menace et abîme le genre humain.

Dans ma quête de compréhension, l’ouvrage d’Albert Memmi me semble incontournable.

Partons du principe que la colonisation est une maladie : comme toute maladie, pour comprendre les symptômes et leurs manifestations et pouvoir ainsi les combattre et combattre le mal, il faut en connaître les causes : et bien Albert Memmi fait ce travail de diagnostic primordial pour mieux comprendre notre histoire, mais aussi notre présent.

Au fil des pages, il explique pourquoi et comment la colonisation façonne le colonisé, ses comportements, sa manière de penser, de se considérer lui-même, mais comment elle façonne également le colon, le colonisateur, comment elle l’enferme et l’empoisonne.

Memmi rappelle ainsi que la colonisation est un outrage pour tous, et pas seulement pour le colonisé.

À la différence d’un Frantz Fanon dont les écrits sont plus ardus à comprendre ( quoi que remarquables et incontournables également à mon sens) Albert Memmi utilise un vocabulaire plus simple, plus facilement accessible ; pour moi, il s’agit là d’un ouvrage d’utilité publique.

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Portrait du colonisé, précédé de : Portrait du co..

Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux,



C’est un classique passionnant que j’ai découvert : « Portrait du colonisé, précédé de : Portrait du colonisateur » d'Albert Memmi aux Éditions Folio. 



C’est un petit ouvrage, concis par la forme, mais extrêmement instructif dans sa réflexion. Un des classiques de la littérature postcoloniale d’ailleurs considéré comme l’ouvrage fondateur des études postcoloniales aux côtés de « L’Orientalisme » d'Edward Saïd ainsi que de l’ouvrage « Les Damnés de la terre » de Frantz Fanon. Préfacé par Jean-Paul Sartre, l’ouvrage se propose de dessiner le portrait des deux acteurs de ce que Memmi appelle « la situation coloniale ».



L’auteur commence par le portrait du colonisateur. Dans ce portrait, Albert Memmi analyse toutes les facettes du colonisateur, de l’aspect social de ce rôle à l’aspect psychologique en passant par la facette politique et même la dimension culturelle. Il décrit plusieurs types de colonisateurs, et définit ainsi, en plus du colonisateur, le colonialiste et le colonial. 



Il définit d’abord le colonisateur qui refuse son statut de colonisateur, et qui vit ainsi dans une ambiguïté et un paradoxe permanent. C’est notamment la situation du colonisateur de gauche qu'Albert Memmi décrit d’une façon extrêmement pertinente. Ce colonisateur qui se refuse, refuse une situation dans laquelle il est le privilégié, il rejette ainsi les privilèges qu’il a tout en ne pouvant pas totalement s’en départir dans le contexte colonial. Il vit ainsi dans une constante incertitude.



Memmi décrit ensuite le colonisateur qui s’assume, qui est colonialiste et qui est le colonisateur le plus cohérent dans sa position. C’est un colonisateur raciste, prônant une supériorité de son statut et n’acceptant pas la remise en cause de sa situation. Il est satisfait des privilèges qu’il a et satisfaits de la situation coloniale de manière globale. 



En plus de dessiner le portrait du colonisateur dans tous ses complexes et toutes ses facettes, il nous décrit le système du colonisateur de manière générale, ses environnements, ses différents parcours de vie, ses points communs comme ses différences. Il ne nous présente donc pas uniquement le colonisateur en tant qu’acteur, mais aussi la scène dans laquelle cet acteur évolue, sa légitimité coloniale, son rôle d’usurpateur et la manière dont il appréhende son rôle. 



Après avoir présenté le colonisateur, Memmi dessine le portrait du colonisé, second acteur de la situation coloniale. 



Memmi décrit le colonisé lui aussi dans toutes ses facettes. Un colonisé aliéné qui, victime de la situation coloniale, ne peut rien faire pour en sortir. Un colonisé aliéné non seulement politiquement et socialement, mais aussi culturellement, linguistiquement, intellectuellement et psychologiquement. Un colonisé aliéné dans toutes les dimensions de sa vie.



Le colonisé de sa naissance et sa mort, de son statut d’enfant à celui d’adulte, en tant qu’homme ou femme, est maintenu dans un assujettissement qui l’empêche toute action lui permettant de sortir de cette situation. Memmi aborde ainsi le sujet des valeurs traditionnelles, de la religion, de la famille, de l’éducation pour montrer un colonisé empêché et détruit dans son identité profonde, dans sa psychologie, dans son soi.



L’auteur n’arrête pas son portrait au colonisé lui-même, tout comme pour le colonisateur, il explique son environnement et la difficulté de sortir de son environnement. Memmi traite donc aussi du sujet de l’assimilation, et de la farce qu’elle représente. Pour lui, l’assimilation dans le contexte coloniale est impossible. Memmi termine par expliquer les réponses du colonisé à la situation coloniale et la fin de la situation coloniale. 



En bref, cet ouvrage est d’un grand intérêt pour comprendre la situation des sociétés colonisées au 20ème siècle, leur état et comprendre ainsi la genèse de nombreuses problématiques que doivent résoudre les sociétés postcoloniales. 



Publié en pleine guerre d’Algérie, l’ouvrage est devenu un classique, dès sa parution, et il l’est encore aujourd’hui. 



Merci aux Éditions Folio pour cet ouvrage que je conseille à tous pour comprendre la situation coloniale, celle du colonisé tout comme celle du colonisateur. 
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Portrait du décolonisé arabo-musulman et de que..

Le portrait du décolonisé est la suite du portrait du colonisé précédé du portrait du colonisateur. Il traite des faits d'actualités comme le terrorisme islamique, des difficultés identitaires, économiques et politiques pour le nouveau citoyen des indépendances, ainsi que, des personnes qui quittent leurs pays, en espérant une meilleure condition de vie. Les difficultés de l’arrivant et son (ses) enfant(s) dans le pays d'accueil qui est généralement l'ex-métropole.

Il met en évidence, d'une façon éclairante, les différents paradoxes qui touchent le décolonisé.
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La Statue de sel

Une quête d'identité, l'ambition de réussir, de survivre, Alexandre Mordékhai Benillouche, doit, tout le long du récit faire des choix. Dès son plus jeune âge c'est ainsi qu'est dictée sa vie.

Juif sans adhérer aux traditions. De culture occidentale, mais non français. Tunisien mais socialement écarté car juif.

Il est exclu de ce qui pourtant le défini.

Un récit émouvant d'une jeunesse qui fut un combat pour vivre ou plutôt survivre.

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La Statue de sel

Voilà un livre écrit en 1953 qui est fondateur d'une réflexion sur un concept, celui de judéité, comme le fut celle de Léopold Senghor sur la négritude.

A lire et à relire.
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Le désert ou La vie et les aventures de Jubaïr ..

Un très beau récit du périple du jeune prince qui traverse le désert magrébin pour raconter son histoire et reconquérir son trône.

Une écriture, simple et fluide qui nous transporte dans ce grand voyage à travers les époques et les éventements passés.
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Bonheurs

intelligent, sensible. ces vérités sont connues mais Memmi nous les rappelle et nous aide à les appliquer.
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