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Citations de Alexandre Lacroix (273)


Il est tentant de faire un parallèle avec la musique, où le silence joue un rôle si essentiel. D'abord il permet les notes et les accords, donc de les mettre en valeur. Mais il y a plus : si vous écoutez une sonate de Beethoven, lorsque la dernière note a été jouée, que la vibration des cordes du piano retombe, le silence qui suit n'est pas neutre, car c'est un silence infusé par la sonate toute entière. Parfois, il arrive qu'une série de mouvements imprègne le repos qui les suit.
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Comment alors exprimer quelque chose d'universel avec son corps ? Ce défi ne peut être relevé qu'en apprenant à se séparer de son corps et à l'envisager lui-même comme une chose, une forme en trois dimensions évoluant sur la scène - et c'est là, je dirais, l'étonnant paradoxe de la danse : pour danser à la perfection devant un public, il faut à la fois n'avoir aucun recul sur ce que l'on est en train de faire, se débarrasser de toutes les interférences de l'esprit critique ou de la réflexion, donc à être profondément associé à son corps, ne plus penser qu'à travers lui, et simultanément en être séparé, détaché, ne pas lui accorder plus d'importance que, mettons, un mot du dictionnaire ou un tube de peinture. C'est uniquement cette distance qui permet au corps d'accéder à la dimension symbolique. Cela nous conduit au-delà des definitions de Paul Valery examinées plus haut : lorsqu'on danse, il faut à la fois fusionner avec son corps dans le temps et le traiter comme une chose dans l'espace !
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Mais alors pourquoi Mallarme ajoute-t-il que la danseuse "ne danse pas "? Peut être est-ce une manière de rappeler que, si je suis conscient de danser, si je m'y applique, je ne danse pas vraiment. Je me mets à danser précisément quand j'oublie ce que je suis en train de faire et que j'entre en contact avec autre chose, avec le son, avec une dynamique vitale, quand mes mouvements s'accordent à des flux qui me sont étrangers. La danse est une activité très particulière dans laquelle le sujet habituel à l'action se dissout. Et si vous n'êtes pas prêt à consentir à cette disparition, vous ne pouvez tout simplement pas danser. Il ne vous reste plus qu'à aller chercher un verre et faire tapisserie.
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Je n'échangerais rien contre un moment de tendresse passé avec toi. Dans tes bras. Sentir l'odeur de ta peau, de ton souffle, de tes cheveux, vaut plus à mes yeux que n'importe quoi d'autre. J'ai besoin de sentir ton amour. Que tu as besoin de moi. Que je ne suis pas seule dans cette aventure-là.
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Mais pour être parent, quelle qualification était requise ? Aucune, il suffisait d'une éjaculation et le tour était joué. C'était à la portée de n'importe qui et c'était la plus lourde responsabilité qui soit. Comment une aberration pareille était-elle permise ?
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La paternité est une demeure où, une fois la porte franchie, on s'établit pour toujours. Et rien n'y ressemble à ce que nous anticipions tant que nous nous trouvions au dehors.
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Les grands jours de notre vie sont, théoriquement, comme des épreuves auxquelles nous devrions nous présenter en pleine forme, au meilleur de nous-mêmes- cependant, en pratique, nous ne sommes pas des machines. Même pour un évènement aussi important que la naissance de mon deuxième enfant, je vais devoir composer avec mes limites , ma fatigue, avec un état proche de la défaillance.
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Il y aura toujours une grande place pour toi dans mon cœur.
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( sur l'article Sublime, forcément sublime Christine V.) Oui, je comprenais mieux ce qui me déplaisait dans le texte de Duras: il s'en dégageait du mépris de classe. Elle s'autorisait à dire n'importe quoi sur une femme réelle- Christine V.- parce que celle ci était bien en bas de l'échelle, qu'elle ne constituait en rien une menace pour elle, alors que si elle était assise en face d'elle et lui avait déclaré, droit dans les yeux, à la loyale" je sais que c'est toi qui a tué ton fils", l'autre lui aurait probablement cogné une beigne à lui faire jaillir les yeux hors des orbites, bien méritée.
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« Ce monde ne va pas bien. Nous allons avoir maintenant une fin du monde. »

Je comprenais qu’il en avait déjà dit beaucoup, énormément, et qu’il valait mieux changer de sujet, pour ne pas l’embarrasser. En même temps, cela confirmait ma conviction profonde, qu’un homme qui vit en plein air, qui connaît la dureté de la terre et les couleurs de l’aube, qui voit se succéder les saisons dans le ciel au-dessus de lui, est beaucoup moins facile à tromper sur l’état réel des choses qu’un urbain moyen.
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Infirmières, chirurgiens, anesthésistes, voilà des métiers que l’on choisit par sainteté, par dévouement, par philanthropie, par désir de se rendre utile, mais aussi, parfois, parce que cela donne l’occasion inouïe, que seuls ont connu dans toute l’histoire quelques kapos ou pervers habiles, d’avoir des centaines d’êtres souffrants à sa merci.
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Bastien, de l’avis de tous, était mon portrait craché. « C’est ta photocopie » : la phrase revenait sans arrêt, et j’en tirais une certaine fierté. Cela ne me déplaisait pas d’avoir utilisé le corps d’une femme comme une photocopieuse. N’était-ce pas une espèce de revanche, puisqu’elles ont le pouvoir de procréer ?
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Dans le microcosme de l’abattoir, M. incarnait un genre de contre-pouvoir, et ses rapports avec la direction comme avec les éleveurs s’en trouvaient teintés de méfiance : il avait le droit d’ordonner la consignation d’une carcasse, sur laquelle des anomalies, grosseurs ou bulles de pus, suggéraient que l’animal souffrait de tumeurs ou d’infections. M. nous refilait, à l’occasion, un tuyau entre amis. « Bon, la viande en général c’est pas mauvais, mais tout ce qui est haché, en saucisses ou dans les raviolis, et qui se vend en supermarché, vous oubliez. » Ou alors : « Y’en a en ville qui croient encore que le jambon, c’est rose bonbon. D’autres qui pensent que c’est fuchsia. Bah, non. T’as déjà vu un cochon qu’avait la couleur d’un poisson rouge ? Ces jambons là, sous plastique, c’est juste de la bidoche barattée et remoulée, bourrée de sels nitrités. »
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Penser est le plus sûr antidote au poison de la routine.
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Comment s'en sortir ? Certainement pas en accomplssant un «travail de deuil», nous dirait Emerson, qui dans la fin du texte esquisse la seule voie qui paraît pertinente : il faut se remettre au travail, reprendre sa place dans le «monde moyen», et cesser de se tenir penché au-dessus du gouffre ou de contempler le ciel.
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Rien que pour eux, mais aussi pour tous les autres disparus, monsieur l'historien, je me suis juré que, jusqu'à mon dernier souffle, je raconterai ce qui s'est passé à Drancy, à quinze kilomètres à vol d'oiseau de la Tour Eiffel. Oui, je me suis juré que je témoignerai sans relâche, parce qu'il faut que les gens sachent , il faut qu'ils comprennent de quoi l'humanité est capable, s'ils veulent avoir une chance de vaincre le mal en eux. Car c'est bien en nous qu'est la racine du mal, ne croyez pas qu'elle pousse seulement dans le coeur des autres. (p. 183)
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L'une des stratégies les plus fréquentes dans ce genre de réunion consiste, pour chaque participant, à tenter de renvoyer la responsabilité des problèmes soulevés soit vers les autres services, soit vers les entreprises rivales, soit vers la conjoncture. Le plus souvent, cette quête d'un bouc émissaire est trop voyante pour être persuasive, et l'on finit par identifier les vrais coupables, pourtant, je suppose qu'il doit se trouver des cas où cette faiblesse humaine consistant à vouloir se défausser de ses propres erreurs sur autrui porte ses fruits, autrement dit où d'énormes erreurs de diagnostic sont commises par lâcheté (si accuser un tiers ou l'air du temps était inefficace, pourquoi continuerait-on de le faire ?).
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Un lieu commun, asséné dans tous les manuels de management, veut que rien ne soit si fructueux que les discussions informelles entre collègues. Je me suis souvent demandé pourquoi la conversation jouissait d'une estime si répandue dans la littérature d'entreprise - dont le pragmatisme interdit, en principe, de parier sur des valeurs floues ou des impondérables. Est-ce une manière de se mentir à soi-même, de faire croire aux équipes et aux managers que les processus auxquels ils participent ne sont pas entièrement inhumains, mais qu'ils reposent aussi sur la coopération désintéressée, sur l'inspiration du moment, sur des courts-circuits provoqués par des blagues ou des allusions non planifiées et susceptibles de déclencher la naissance d'un concept révolutionnaire ? Malheureusement, je dois à la vérité de dire que la réputation flatteuse des échanges humains est surfaite [...].
Néanmoins, voici une réalité plus amère que les manuels de management taisent pudiquement : ces discussions relâchées sont les moments les plus propices à la manipulation. Si vous voulez convaincre en réunion une dizaine de personnes d'adhérer à un projet que vous leur présentez pour la première fois, vos chances de réussite sont minimes. Les gens détestent ce qui vient rompre leurs routines de pensée et se méfient des initiatives qu'ils ne prennent pas eux-mêmes. Si vous leur soumettez une proposition vraiment bonne, leur premier réflexe est de vous en vouloir d'y avoir pensé avant eux. Aussi faut-il, si on veut embarquer une équipe dans une aventure inédite, procéder auparavant à un savant travail de mitage, c’est-à-dire profiter des petits tête-à-tête autour de la machine à café ou entre deux portes pour faire circuler quelques bribes du projet, en donnant à chacun l'impression qu'il aura un rôle éminent à y jouer ; alors, au moment de présenter l'idée en réunion, l'auditoire est déjà acquis à la cause et prêt à la défendre mordicus.
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La cité de la Muette, avec une parfaite unité de lieu, représente ce qu’on ne veut pas voir à la fois dans l’histoire et dans la société françaises. Une double proscription, un double couvercle de plomb a été scellé sur cette réalité.
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À Rome, on se promène dans le passé comme on feuillette les pages d'un livre et l'on n'a même pas besoin d'un guide pour repérer au hasard des rues, là un entablement de marbre, ici une borne, une fontaine, un banc ou une colonnade témoignant du temps des Césars. Les époques, à Rome, sont juxtaposées, qui entretiennent des rapports de bon voisinage, comme de vieilles commères sympathiques et bavardes. Tandis qu'à Paris, c'est l'inverse, le passé n'est pas déployé dans l'espace mais accumulé par couches, stratifié, déposé dans la profondeur du sol. À Paris, chaque siècle a orgueilleusement rasé et recouvert les édifices du passé - succession de morts et renaissances urbaines ayant culminé avec les grandes manoeuvres de l'« artiste-démolisseur » Haussmann, au XIXe s.
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