Lundi 18 décembre a eu lieu la première "Fabrique des idées", la série de masterclass philosophiques que nous avons initiée dans le cadre de la nouvelle formule de Philosophie magazine.
Pour cette première édition, André Comte-Sponville s'est entretenu avec Martin Legros pendant 2 heures au Club de l'Étoile, à Paris, et a également répondu aux questions des participants. L'événement, qui était accessible en présentiel ou par visioconférence, était gratuit pour les abonnés.
Pour voir ou revoir la masterclass d'André Comte-Sponville, cliquez sur ce lien :
https://www.philomag.com/articles/replay-revivez-la-masterclass-dandre-comte-sponville-pour-philosophie-magazine
Bon visionnage !
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C'est peut-être, sur l'amour, la phrase la plus bouleversante que je connaisse.
Dans Minima Moralia, Adorno écrit ceci:"Tu seras aimé lorsque tu pourras montrer ta faiblesse sans que l'autre s'en serve pour affirmer sa force."
Pardonner, ce n'est ni oublier ni effacer ; c'est renoncer, selon les cas, à punir ou à haïr, et même, parfois à juger.
PS: c'est ma dernière citation alors je me lâche!
Quel plaisir d'être troublé par l'autre, de constater qu'on le trouble, quelle émotion de percevoir la sienne, quel spectacle exquis que de le regarder nous regarder!
Quel plaisir d'être deux, de se toucher, de se caresser, de se prendre mutuellement, d'habiter cette intimité, cette dualité, cette relation à nulle autre pareille...
Je n'ai pas une assez haute idée de l'humanité en général et de moi-même en particulier pour imaginer qu'un Dieu ait pu nous créer. Cela ferait une bien grande cause, pour un si petit effet ! Trop de médiocrité partout, trop de bassesse, trop de misère, comme dit Pascal, et trop peu de grandeur. [...] La simple connaissance de soi, comme l’a vue Bergson, pousse à plaindre ou à mépriser l’homme, davantage qu’à l’admirer. Trop d’égoïsme, de vanité, de peur. Trop peu de courage et de générosité. Trop d’amour propre, trop peu d’amour. L’humanité fait une création tellement dérisoire. Comment un Dieu aurait-il pu vouloir cela ? Il y a du narcissisme dans la religion, dans toute religion (si Dieu m’a créé, c’est que j’en valais la peine!), et c’est une raison d’être athée : croire en Dieu, ce serait un péché d’orgueil.
Si on veut que les enseignants rivalisent avec la télé ou les jeux vidéos, soient toujours en train de faire du spectacle, de distraire le public, on se trompe sur l'enseignement.
Je crois que l'enseignement relève du travail, pour l'enseignant bien sûr, mais aussi et d'abord pour les élèves.
Et donc, arrêtons de demander aux enseignants d'être aussi divertissants qu'une émission de télévision.
Il ne s'agit pas de remplacer à l'école l'effort par le plaisir, c'est absurde ; il s'agit d'aider les élèves à prendre plaisir à l'effort, et ça n'est pas du tout la même chose.
(La Grande Librairie, 1er mars 2018)
"La philosophie n'a pas à nous satisfaire. Il s'agit de penser ce qu'il parait vrai, non ce qui fait plaisir ou qui rassure"
Interview Philosophie magazine
Vivre sans Dieu est possible, vivre sans spiritualité est impossible.
Et Platon d'enfoncer le clou:"Ce qu'on n'a pas, ce qu'on n'est pas, ce dont on manque, voilà les objets du désir et de l'amour."
« C’est d’autant plus exigeant, en l’occurrence , qu’aimer tous les beaux corps, c’est aimer les corps dont, le plus souvent, on n’aura jamais la jouissance : c’est aimer la beauté plus que la possession, la contemplation plus que le coit, disons la jouissance esthétique plus que la jouissance sexuelle. C'est en quoi cela constitue un progrès : on est passé d’un amour purement sensuel, presque physiologique (l’homme ou la femme en manque), à un amour déjà esthétique (la soif de la beauté). Dans un cas, c’est le beauf qui se dit : « Elle est bonne! » ; dans l’autre, c’est l’homme raffiné et admiratif qui se dit : « qu’est ce que les femmes sont belles ! ». N’importe qui est capable d’aimer un beau corps ; les hommes qui aiment vraiment la beauté des femmes sont moins nombreux , y compris chez les hétérosexuels, qu’on ne fait mine de le croire. » (page 73)
Et pourtant je fais partie de ces hommes là...
[..]Épicure enseignait que "la mort n'est rien", ni pour les vivants, puisqu'elle n'est pas là tant qu'ils vivent, ni pour les morts, puisqu'ils ne sont plus. Avoir peur de la mort, c'est avoir peur de rien.