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Critiques de Andrea Camilleri (1004)
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L'autre bout du fil

Que dire ? J'ai tout de suite été sous l'emprise de ce roman. Je ne pouvais le lâcher. Le déroulement était dramatique et il y avait la force des mots,le poids des personnages, la puissance de la situation.

Nuit après nuit, à Vigata, sur la côte sicilienne, arrivent des bateaux chargés de migrants qui ont été secourus en mer, qui sont épuisés de fatigue, de faim, d'angoisse.

Le commissaire Montalbano et son équipe sont à pied d'oeuvre pour les accueillir, les aider à rejoindre les autocars qui les emmèneront dans les centres d'hébergement.

Des volontaires et un traducteur d'arabe sacrifient également quelques heures de sommeil et apportent leur aide.

Quelques nuits plus tard, lorsque les passeurs changeront d'itinéraire, les hommes pourront enfin dormir et la deuxième partie du roman commencera : roman policier classique avec le meurtre d'une très belle femme , connue et appréciée.

Personnellement, je n'ai pas tellement aimé la cassure. J'étais trop en empathie avec les malheureux.



Une remarque : le roman est écrit en un mélange italo-sicilien et je devais parfois relire des phrases pour être sûre de bien comprendre. Mais d'autre part, je me régalais avec des mots à très jolie consonance, tels "il pititto luparo" de Montalbano , ou "i picciliddri" (les enfants.)





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Le toutamoi

Une jeune femme rencontre chaque semaine de jeunes hommes avec la complicité de son mari plus âgé qu’elle. Un rituel bien établi.

Au début, on se demande dans quelle histoire sordide on est tombé.

Qui est cette femme-enfant un peu perverse ?

Au fil des retours en arrière sur son passé, elle devient plus sympathique et attire même l’empathie.. On comprend mieux son comportement. C’est une enfant blessée qui se cache derrière ce corps voluptueux.

Au final, une histoire loufoque et tragique à la fois qui se laisse lire sans déplaisir.

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L'Âge du doute

Chouette, on réédite une à une les enquêtes du commissaire Salvo Montalbano en format poche ! Et je ne les ai pas encore toutes lues ... Du bonheur en perspective.

Je n’ai pas résisté en passant à la librairie et suis immédiatement retombée sous le charme du meilleur policier de Vigata, de Sicile, d’Italie, que dis-je, d’Europe ….

Sans quitter – ou presque – le bord de la Méditerranée qu’il admire depuis sa terrasse de sa maison de Marinella, ou les quais du port où ont fait escale un yacht et un navire de croisière suspects, il va résoudre une affaire d’ampleur internationale. Tout commence avec la découverte d’un cadavre dans un canot. Naturellement. On ne tardera pas à en trouver un second. Que venaient-ils faire dans cette galère ?

Là n’est que l’écume des choses. Le cœur de cette aventure, c’est une rencontre, un coup de foudre aussi soudain que réciproque entre une jolie jeune femme et Salvo. Immédiat, dévastateur, comme il n’imaginait pas qu’à plus de cinquante ans, il pouvait encore en ressentir. Montalbano va en perdre le sommeil et l’appétit, c’est dire !

La problématique de l’âge revient souvent sous la plume du célèbre écrivain. Il l’éprouve lui-même et la décrit avec une tendre affection. La réponse qu’il en donne est claire : on peut tomber amoureux à tout moment de la vie. Ce n’est pas seulement le désir de possession ou l’attrait de la chasse. C’est un sentiment d’autant plus humain et noble qu’il est ici partagé. Même si notre héros a, depuis des années, des engagements avec Livia, son éternelle fiancée. Cependant, l’histoire ne se termine pas comme on peut l’imaginer. Le devoir impose sa loi, le destin aussi.

Alors, l’espace de quelques heures, nous retrouvons les personnages familiers de cette commedia del arte de bord de mer : Mimi Augello, l'inspecteur toujours disponible pour les missions dangereuses (dans le lit d’une femme avide de caresses), le gentil Fazio et sa manie de l’Etat Civil, l’inénarrable Catarella et sa façon d’estropier les mots – j’adore les interprétations du dialecte sicilien de Serge Quadruppani – les bisbilles avec le médecin légiste bougon … Un épisode très bien troussé, une bonne cuvée.


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La Voix du violon

Une excellente lecture, comme toujours avec Andrea Camilleri. Un langage fleuri, une narration vivante, des dialogues truculents et que dire de la réjouissante gourmandise de son personnage: Salvo Montalbano. Un régal! Montalbano quel personnage et toujours égal à lui-même. Tout est vrai chez lui: ses humeurs, ses pensées , son angoisse, ses doutes, son honnêteté, il est authentique et surtout il est humain. Dans La voix du violon, le meurtre est plus brutal et c'est par hasard que Montalbano découvre le cadavre de la femme et l'horreur. Mais les temps changent et le protecteur de Montalbano, l'ancien questeur a pris sa retraite et le nouveau n'est pas sympathique à Montalbano, il n'aime pas le rythme de ses enquêtes. Il veut des résultats , tout de suite, avec des moyens modernes au détriment de la réflexion. Montalbano est mis de côté.

Mais c'est qu'il est rusé ce Montalbano et c'est qu'il a une équipe loyale et tout un réseau d'amitiés et de contacts, même dans le monde des médias, sur lesquels compter pour arriver à ses fins. Toujours dans une Sicile comme on aime, un récit sans trop de mafieux pour nous prouver que cela existe. Une lecture qui réjouit.
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La Forme de l'Eau

Pour mon oral d’italien en fin d’année (un sujet au choix qui doit toucher à la culture italienne au sens large), j’ai décidé de présenter quelques séries de romans policiers liés à des villes. Je compte parler du commissaire Ricciardi à Naples, du commissaire Brunetti à Venise, de Donato Carrisi qui situe ses actions à Rome ou à Florence notamment. Je veux découvrir un peu Valerio Varesi qui a choisi pour cadre la ville de Parme et le commissaire Montalbano d’Andrea Camilleri qui a planté son décor dans la ville imaginaire de Vigàta, en Sicile. Si j’en ai le temps, je remonterai en Sardaigne avec Piergiorgio Pulixi. Faut-il le préciser, je ne suis pas encore assez armée pour lire dans le texte, je lis donc des traductions en français.



J’ai donc lu le premier roman qui met en scène Salvo Montalbano, après avoir vraiment apprécié l’adaptation de cette série pour la télé. Vigàta est, paraît-il, la copie conforme de Porto Empedocle, la ville natale d’Andrea Camilleri, c’est-à-dire une ville qui offre de nombreux décors pour des règlements de compte entre bandes mafieuses, de longues promenades sur la plage, de mauvaises blagues aux voitures de la police (beaucoup de pneus crevés qui mettent en rogne Montalbano, non à cause des ennuis causés mais parce que ses subordonnés ne vérifient jamais l’état des pneus avant de partir dans une improbable poursuite), et il y a bien sûr le Bercail, zone de non-droit où deux employés de la propreté publique retrouvent un matin l’ingénieur Luparello, mort dans une posture gênante que toutes les autorités compétentes vont s’employer à cacher. Tous sauf Montalbano, bien sûr, qui ne croit pas tout à fait à l’explication de mort naturelle fournie à tout qui accepte d’y croire. Comme c’est un homme honnête, le commissaire obtient un délai avant de fermer le dossier sur l’explication « officielle ». Son enquête va l’amener à croiser la veuve et le neveu de Luparello, la belle-fille sulfureuse de son adversaire politique, ainsi que des ouvriers effrayés mais lucides.



Le roman est assez court (251 pages) mais j’ai apprécié cette première enquête, l’ambiance sicilienne, la magouille sport national pour ces Siciliens, pour qui « la liggi » (la loi) et eux, comme l’explique le traducteur Serge Quadruppani, cela fait minimum deux, j’ai vraiment aimé l’honnêteté bourrue, la liberté intérieure et l’humour du commissaire Montalbano que je prendrai plaisir à retrouver plus tard dans une autre enquête. Mais – surtout pour mon travail en italien – l’intérêt se porte aussi sur la langue écrite par Andrea Camilleri, metteur en scène, poète et auteur, qui a décidé d’écrire en mêlant italien et sicilien, en employant des particularismes de sa région d’Agrigente (« la liggi » en est un exemple). Son traducteur en français parvient à rendre cette originalité, notamment en empruntant des tournures au parler marseillais. Une des formes surprenantes de ce dialecte sicilien est l’emploi dans la conversation courante du passé simple là où le français utiliserait le passé composé.
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Une voix dans l'ombre

Dure journée pour Montalbano. D'abord, c'est son anniversaire : 58 ans ! Qu'il est vieux ! Puis il lui faut se battre dans sa cuisine contre un poulpe et une cafetière...Ensuite un fou du volant tolère mal qu'il respecte les limitations de vitesse et l'attaque à coup de clef à molette à la station service ! Mais voila le jeune homme est le fils du dirigeant de la province et son avocat arrive au commissariat presque en même temps que le commissaire.

Et il y a le travail aussi : un cambriolage dans un magasin dont chacun sait qu'il appartient à une des deux familles de la mafia locale, puis un meurtre : c'est justement la fiancée du jeune à la clef à molette qui a été sauvagement poignardée..

Et dans un cas comme dans l'autre, Montalbano a l'impression qu'il est pris par la main pour désigner le coupable. Le questeur, la télévision officielle, certains députés, tous prennent le même chemin...

Mais il en faut plus pour que notre commissaire renonce à enquêter et à trouver la vérité !

Comme toujours la traduction est un vrai plaisir de lecture !
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Le neveu du Négus

Alors sur les recommandations d'une amie, je me suis retrouvée à lire ce petit bijou d'humour - ou faut-il dire "d'ironie" ? - signé par un grand écrivain italien, le papa du fameux commissaire Montalbano.

Au début , j'avoue, j'y allais un peu à reculons, vu que les romans épistolaires ce n'est pas vraiment ma tasse de thé, et que les histoires qui se déroulent dans l'Italie fasciste tournent souvent mal ... forcément.

Eh bien figurez-vous que toutes ces appréhensions se sont évaporées au bout de 7 ou 8 pages, et qu'ensuite j'ai ri jusqu'à la fin du livre .

Imaginez plutôt: dans un bourg paumé, genre sous-préfecture placide, une école des Mines. Des notables fascistes partout, deux ou trois antifascistes déclarés, tolérés, assumés, et des relations sociales réglées comme du papier à musique. Quand d'un coup, bim ! Le neveu du Négus himself demande à être admis à l'école des Mines. L'enjeu est de taille: il s'agit de normaliser les relations entre le Duce et l’Éthiopie.

Mais d'une part, ce n'est pas facile d'intégrer un jeune prince couleur d'ébène dans un bled paumé de Sicile, et d'autre part le gugusse est tout sauf un élève modèle. Il aime l'argent, les femmes - les hommes aussi - et surtout ... il met la pagaille dès qu'il remue un orteil !

A travers les échanges de lettres entre responsables locaux du Parti fasciste, on comprend donc tous les espoirs et les désillusions de cette petite société étriquée, on ressent chaque pied-de-nez au fascisme comme un grand souffle de liberté, et à la fin, on ...



...chut ! à vous de lire !
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Le Cuisinier de l'Alcyon

Je commencerai par la fin, une fois n’est pas coutume : si quelqu’un se plaint de certains développements de l’intrigue en se disant « ce n’est pas possible », je les renvoie à la postface signé Andrea Camilleri dans lequel il explique son choix de construction d’intrigue. Maintenant, de mon côté, je serai claire : j’aime les romans d’Andrea Camilleri, j’aime Salvo Montalbano, et peu importe le sujet de son enquête, je veux lire tous les romans qui le mettent en scène.

Montalbano doit faire avec – avec des ouvriers en grève parce que leur nouveau patron préfère ses intérêts à ceux de son entreprise. Il n’est malheureusement pas le seul, totalement déconnecté de la réalité, sauf la sienne, celle qui lui permet d’avoir la vie la plus agréable possible. Il se questionne cependant, sur certains faits, la présence d’un bateau bien tapageur. Seulement voilà : Montalbano est victime d’une campagne de calomnie, on cherche à le mettre prématurément à la retraite, il est même remplacé dans son propre commissariat.



Il ne prend pas le temps de se lamenter, ce n’est pas son genre, il prend cependant le temps de faire semblant de se lamenter. Pourquoi ? Parce qu’il se retrouve dans une enquête plus complexe qu’il n’y parait, parce que, plutôt que de parler de cuisinier de l’Alcyon, ce roman m’évoque plutôt une partie d’échec dans lequel Montalbano essaie de ne pas être qu’un pion, mais d’être plus que cela : pas facile quand nombreux sont ceux qui vous manipulent ou qui essaient de le faire. Il est aussi des personnes qui pensent être chevronnées, et qui se font avoir, eh bien comme des bleus. Ce sont des choses qui arrivent sur la mer Méditerranée.

Oui, c’est une enquête de Montalbano pas tout à fait comme les autres, et cela empêche-t-il le plaisir de lecture ? Non !
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Le Cuisinier de l'Alcyon

C'est toujours une joie de voir paraître un nouveau Montalbano, hélas mêlée d'un peu de tristesse, car il ne sera plus longtemps avec nous, maintenant que son créateur nous a quitté.

Cependant ce ne sera pas tout de suite. le Fleuve Noir ayant la mauvaise habitude de ne pas nécessairement publier les Montalbano dans l'ordre chronologique du récit, j'ai consulté la notice Wikipédia de Camilleri pour mieux situer ce volume dans la suite des aventures de Salvo. Et bonne nouvelle : il reste encore cinq volumes non traduits en France,en date des années 2008, 2017, 2018, 2020 et 2022; deux ouvrages posthumes donc)

En ce qui concerne le cuisinier de l'Alcyon, il est paru en Italie en 2019, année de la mort de l'auteur. Mais sa rédaction est sans doute plus ancienne : la postface nous apprend qu'il s'agissait à l'origine d'un scénario qui n'a pas abouti et que Camilleri a recyclé en Montalbano. Il ne s'intègre donc pas au temps de la série.

Quant à l'ouvrage, le recyclage n'est hélas pas très réussi ?

Si l'on retrouve le petit monde du commissariat de Vigata, dont le cher Catarella, si la villa du commissaire n'a rien perdu de son charme ni la Méditerranée de son éclat (oui, la phrase n'est pas tout à fait de moi.. merci Gaston), si Salvo fréquente toujours la trattoria d'Enzo, dont la cuisine sadiquement décrite par l'auteur nous met l'eau à la bouche, si Salvo reste fidèle à son éternelle fiancée, si.. malheureusement cette aventure dénote un peu dans la série. Il reste trop du scénario original, histoire pas si originale que ça de gangsters et d'espions où l'on ne retrouve pas le ton habituel des aventures de Montalbano, qui n'est plus tout à fait lui-même.!Il ressemble trop au personnage d'agent secret qu'il a remplacé, si l'on peut dire, au pied levé. Il se lance dans une aventure assez abracadabrante et son comportement a changé. Il manifeste en particulier un mépris de la vie humaine qui n'est pas de lui. le vrai Montalbano ne se comporte pas comme un vulgaire OSS 117 (oui, je sais, mes références dans ce domaine ne sont pas à jour) et ne sème pas tous ces cadavres derrière lui. Mais je ne critique pas pour autant le Maître de Porto Empedocle, je ne me permettrais pas, il m'a donné trop de joie à le lire
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La Première Enquête de Montalbano

j’avais presque tout lu camilleri et je n’avais pas lu la première enquête! celle qui ne se passe pas à montelusa et où Livia n’est pas encore en scène! incroyable ! voilà donc 3 récits policiers mais sans meurtre ! ça nous change de ces romans noirs ( rouge sang) si noirs et de plus en plus nombreux ! le commissaire brille à son habitude et nous , nous jubilons !
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La Lune de papier

N°1582 - Septembre 2021



La lune de papier – Andréa Camilleri – Fleuve noir.

Traduit de l’italien par Serge Quadruppani.



Au cours de ses enquêtes, il est rare que le commissaire Salvo Montalbano ne croise pas des femmes, le plus souvent fort belles. Cela donne pour lui un intérêt particulier à ses investigations et ici c’est aussi le cas. Il est vrai que notre commissaire n’est pas indifférent à leur charme, pas au point cependant du procureur Tommaseo, un obsédé sexuel qui ne peut regarder une femme sans l’imaginer complètement nue. En effet Angelo Parlo, célibataire, ex-médecin radié de l’Ordre pour une vieille histoire d’avortement clandestin et informateur secret , généreux avec sa maîtresse et expert en informatique, est retrouvé mort d’une balle dans la tête, chez lui dans une tenue assez équivoque. Notre commissaire, pour éclaircir cette affaire va croiser Michela Pardo, la sœur de la victime, une brune à la beauté inoubliable et Elena Scalfani, sa troublante maîtresse et d’autres aussi avec leur histoire parfois sordide. Pardo se révèle lui-même être un mystère.

Ces deux femmes (plus une troisième, la rousse Paola, ex-maîtresse de Pardo, mais elles ne sont pas les seules) vont tellement troubler notre pauvre Salvo qu’il va bien finir par croire que la lune est en papier comme son père à qui il faisait une confiance aveugle dans son enfance le lui avait déjà affirmé. Il faut dire qu’elles font chacune assaut de jalousie pour faire accuser l’autre, ce qui n’est pas sans le dérouter et puis toute cette affaire regorge de fausses pistes, d’impasses, de mensonges en tout genre, de mises en scène, notamment sur la mort de Parlo. Qu’est ce que c’est que cette histoire de lettres cachées (et retrouvées « par hasard » par Montalbano), ce livret de chansonnettes et ces codes que Catarella a tant de mal à déchiffrer, cette cassette blindée disparue ? Salvo en perd son latin ! Pourtant, il est toujours égal à lui-même, intuitif et surtout bluffeur, c’est selon !

Dans cette enquête la prostitution, la drogue, la mafia s’invitent et avec elles la mort qu’elles sèment autour d’elles et l’hypocrisie qui va avec parce qu’il n’est pas question que des notables soient mêlés à cette forme de délinquance .

Roman qui intègre le système politique italien et notamment l’opération « Mains Propres » qui révéla un système de corruption politico-économique visant à financer les partis politiques italiens.

Ce fut un bon moment de lecture, comme d’habitude.
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La Forme de l'Eau

N°1569 - Août 2021



La forme de l’eau– Andrea Camilleri – Le fleuve noir.

Traduit de l’italien par Serge Quadruppani.



On retrouve au matin le cadavre de l’ingénieur Luparello, un homme politique local très en vue, au Bercail, un espace entre terrain vague et décharge publique, connu pour être le lieu des rendez-vous pour trafics en tous genres de Vigatà, c’est à dire, en ce qui concerne cette affaire, à un bordel à ciel ouvert. Sa posture ne laisse aucun doute sur les circonstances de sa mort et ce même si le légiste déclare qu’il est mort d’une crise cardiaque, soit de mort naturelle, alors qu’il était en galante compagnie. Dans le même temps et sur les mêmes lieux ont a trouvé un collier d’une grande valeur. Le commissaire Montalbano est chargé de cette enquête qui, compte tenu de la personnalité de la victime et des circonstances demande d’autant plus doigté que cet homme n’était pas si net que cela. Pour être mieux informé il sollicite Gégé, un indic, petit souteneur local et … ami d’enfance du commissaire. Les autorités judiciaires reçoivent d’intenses sollicitations pour clore cette affaire au plus vite et bien sûr, compte tenu du contexte, on reparle de la mafia, on assiste à un festival de faux-culs, on rappelle une vieille histoire de cocuage, un règlement de compte politique, des secrets de famille avec mensonges, amour et passion et un bijou perdu et retrouvé, le tout mélangé peut révéler le sens du titre de ce roman. L’eau n’a pas de forme propre, elle prend celle du récipient qui la contient. Est ce à dire qu’on peut camoufler ce qu’on veut cacher sous d’autres apparences, faire dire aux choses ce qu’on veut qu’elles disent ? Peut-être ?



Je l’aime bien ce Montalbano, amateur de bonne chère, intègre, honnête avec ceux qui le méritent et rusé comme un renard avec ceux qui se paient sa tête, pas vraiment donnaiollo, comme disent si joliment nos amis Italiens, mais avec un charme discret.



C’est un formidable roman que j’ai lu sans désemparer tant le suspense est entretenu jusqu’à la fin.

Une mention particulière pour le traducteur qui a dû pas mal galérer pour traduire sans trahir (« tradire -tradure »). Nous avons affaire à un auteur sicilien qui ne renie rien de ses origines, de sa sicilianité » et du dialecte, incarné dans les mots et la syntaxe



Un dernier mot pour l’auteur disparu il y a peu près un an qui laisse tous ses lecteurs passionnés un peu orphelins.



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Jeu de miroirs

sans doute pas le meilleur livre mais en tous cas , le commissaire Montalbano est vraiment, lui à son meilleur niveau, frôlant une inculpation mais bien entendu , pour retourner cela vers un succès retentissant....On y retrouve toute la complexité des intrigues de Camilleri dans cette identité sicilienne tellement particulière ( on a même parfois l'impression de sentir les fumets des plats que déguste( ou enfourne) Montalbano) à savourer comme tous les autres!
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Le neveu du Négus

un vrai délice de lecture ! on retrouve la verve de Camillieri monté sur un récit incroyable mais finalement tellement burlesque que , pas une minute , on se dit que cela n'est pas possible! et on dévore cela....avec délectation!
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Le Coup du Cavalier

Sans douter du talent de Serge Quadruppani, je ne peux faire qu'une constatation : le challenge de la traduction de ce livre était impossible. Vouloir en un même temps traduire de l'italien mais aussi du dialecte génois et sicilien était une mission impossible. Cela a eu pour conséquence d'avoir un texte illisible, sans cesse entrecoupé d'explications pour ne pas perdre le lecteur en route. Malgré cela, ou plutôt à cause, j'ai rendu les armes à la page 48, pressentant que j'allais m'infliger une véritable torture.

André Clavel, critique au journal L'Express, évoque "un roman roublard". Il faut croire que je n'étais pas disposé à me faire rouler dans la farine.
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La Démission de Montalbano



Après la rigueur du tribunal de Palerme, Camilleri nous emmène dans le commissariat provincial de la petite ville imaginaire de Vigata. Roman policier, donc, mais atypique : nous suivons de courtes enquêtes, des faits divers ordinaires, sortes de nouvelles dans la Sicile rurale où les vieilles femme assistent à la messe quotidienne plus par ennui que par piété, où les bergers vivent dans des masures mais possèdent des téléphones portables. Ruralité de la Sicile de toujours mais aussi arrivée du modernisme. Un meurtre maquillé en accident de voiture organisé par une femme adepte de l’escalade et de la gymnastique. Crimes passionnels et jalousies bien siciliennes mais pas d’affaire politique, pas de mafia comme on pourrait s’y attendre dans une telle région. En revanche pour la couleur locale, patois sicilien traduit comme le peut le traducteur, puisque l’effet comique est garanti. Montalbano est un commissaire sympathique qui aime lire les polars mais aussi Montaigne. Je ne peux pas m’empêcher de penser à son presque homonyme Montalban, inventeur de Pepe Carvahlo, lui aussi policier lecteur et gourmand. En tout cas la meilleure introduction à la Sicile ordinaire, pas si ordinaire que cela puisqu’elle ne manque pas de saveur.

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La couleur du soleil

La couverture italienne énonce: "Camilleri dépeint l'âme du Caravagio dans un roman "noir" rempli d'ombres et mystère, sur la période passée à Malte puis en Sicile".

La vie du Caravage est en elle_même un roman: homicide, fugues, tromperies ont constellé la vie d'un peintre génial mais d'un homme instable au caractère violent. Un homme que l'on ne connaît pas de l'intérieur puisqu'il n'a pas laissé d'écrits.

C'est là qu'intervient Camilleri: il se fait personnage de son roman, il raconte de quelle façon rocambolesque il a été amené à prendre connaissance d'un journal manuscrit du peintre.

Il en rapporte quelques passages et nous restitue par cet artifice la voix du Caravage.

Il éclaire les agissements de Michelangelo Merisi, dit le Caravage, au cours de l'été 1607 tandis qu'il fuit Naples pour se soustraire au mandat d'arrêt et à la condamnation à mort lancés contre lui après le meurtre de Ranuccio Tommassoni au cours d'une rixe.



Même si la reconstitution historique des événements qui marquent cet été 1607 est lacunaire, ce que raconte Camilleri est vraisemblable , pourrait être réel.



Comme à son habitude Camilleri élabore un langage adapté au personnage. Une forme d'italien de la fin du XVIè siècle loin de la langue littéraire.



Dans le passé, j'avais lu des livres sur la vie du Caravage et j'ai en grand plaisir à le retrouver dans ce court, trop court roman.

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L'autre bout du fil

Andrea Camilleri nous a quittés en juillet 2019, à l'âge de 93 ans.



Je n'ai pas encore tout lu de sa production mais je me régale à chaque occasion de me replonger dans l'ambiance particulière de la petite cité de Vigatà, dans les pas de son commissaire Salvo Montalbano. Ce roman figure parmi les derniers qu'il ait dicté à son assistante Valentina Alferj puisqu'il était devenu aveugle.



L'ouvrage commence par un court hommage de son traducteur-fétiche au héros de ces enquêtes : Serge Quadrupanni, qui a inventé un langage spécifique – le camillerese – pour transposer en français les couleurs de ce parler sicilien si particulier.



C'est une histoire bien sombre et complexe, qui mobilise toutes les ressources mentales d'un Montalbano désormais sexagénaire, qui n'a toujours pas résolu sa complexe relation amoureuse avec sa compagne Livia qui vit loin de lui au nord. Il travaille en symbiose efficace avec son équipe de collaborateurs dont on connaît déjà tous les attachants travers.



L'époque est cruelle : sur les rives de la Méditerranée sont recueillis chaque nuit des centaines et des centaines de migrants récupérés en pleine mer et que la police locale doit canaliser dans des centres de rétention. Les équipes sont sollicitées toutes les nuits à la limite de la résistance humaine, d'autant que parmi ces fugitifs se touvent parfois des criminels …



Un crime sanglant vient perturber la ville : une créatrice de mode est assassinée dans son atelier à coup de ciseaux. Salvo vient juste de la rencontrer pour lui commander un costume sur mesure. Il avait été emballé par son aisance et sa beauté, elle dont la vie privée est un tissu de mystères.



On retrouve ici les mille et uns détails d'une enquête complexe, toujours avec le même plaisir. C'est un format idéal pour un court voyage ... ou une séance de chimiothérapie … avec l'assurance que les rebondissements (pistes qui se referment, découvertes d'indices …) se succèdent allègrement. Un plaisir de lecture jamais pris en défaut.
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La couleur du soleil

Ce petit livre de commande permet à Camilleri une excursion hors du polar .Mais pas hors de sa chère Sicile. Il y invente un prétendu manuscrit du Caravage (obtenu de manière étrange où passe tout de même l’ombre de la Mafia) qui rend compte (par fragments discontinus ) d’un passage de 1808 à 1809 dans l’île entre son départ de Malte et son retour en Italie où il mourra tragiquement. Dans une langue archaïque ,l’auteur nous introduit dans la tête enfiévrée du peintre génial , ses angoisses métaphysiques , sa peur paranoïaque du châtiment qui se projettent sur ses créations picturales dans la violence du clair-obscur , sous le signe d’un très anachronique « soleil noir » nervalien . C’est assez réussi et agrémenté d’un cahier de reproductions en couleur des œuvres mentionnées.
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Mort en pleine mer et autres enquêtes de Mont..

Quelle bonne surprise !

On croyait la source tarie, et il restait encore quelques aventures de Montalbano inédites en France. La traduction de ce recueil paru en Italie est vraiment bienvenue. Espérons sans se faire trop d'illusions qu'il reste encore quelques petites choses du même genre chez les éditeurs transalpins.

Sur le fond, que dire? Les afficionados feront comme moi et se precipiterons sur le livre. Ils constateront que l'auteur et son héros sont égaux à eux-mêmes.

Quant à ceux qui les connaissent pas encore, c'est peut-être une bonne occasion de les découvrir, et ensuite de lire le reste de l'oeuvre.

La préface de Quadrupanni, traducteur historique du versant Montalbano de l'oeuvre de Camilleri est une présentation du petit univers de Vigata, bien meilleure que je ne saurais le faire.

Hélas elle sonne comme un adieu.

C'est une occasion de rendre aussi hommage au travail exemplaire du traducteur. On souhaiterait que tous ses confrères fournissent un travail de même qualité.

Et pourtant l'oeuvre n'est pas des plus faciles à traduire.

On devrait lui confier une traduction de Gadda dont la lecture demeure malheureusement difficile, faute sans doute d'un traducteur de cette qualité.

Addendum pour les "obssessionnels" comme moi :

Il serait intéressant de savoir à quelle date la nouvelle "La Transaction" a été écrite. Elle pose en effet un problème de cohérence chronologique avec le reste de la série Montalbano. Je m'explique : le temps interne de la série est grosso modo parallèle au temps du lecteur, identique au temps du rédacteur. Montalbano et les autres personnages récurrents vieillissent donc au rythme du temps du monde " réel" ( pour ce que réel veut dire). Dans ses derniers enquêtes, qui ont été écrites et ont lieu dans à la fin des années 2010, Montalbano approche la soixantaine. Le premier roman de la série "La forme de l'eau" date de 1994. On peut donc admettre qu'à cette époque, il a environ 35 ans, ce qui est cohérent. Mais d'après "La Transaction" il était déjà en poste au moment de l'attentat contre Jean-Paul Il soit en 1981, alors qu'à cette date il ne pouvait avoir plus de vingt ans, et était trop jeune pour être déjà en poste.

On doit en tirer la conclusion que Camilleri a été mal informé. L'enquête a eu lieu à une date ultérieure. Rien ne s'oppose à cette hypothèse dans le reste du récit.

Et certains vont me dire que "ce n'est qu'une histoire". Non, ce n'est pas " qu'une histoire", c'est une œuvre romanesque, c'est à dire un récit où l'auteur, comme Balzac, se propose de " faire concurrence à l'état-civil" )et même dans une certaine mesure au Bon Dieu. Et si l'auteur n'a pas cette ambition, ce n'est pas la peine qu'il écrive ni que nous le lisions. Cette règle ne s'impose naturellement pas dans certains genres littéraires : il y a le conte, la SF, la Fantasy, l'ensemble des littératures de l'imaginaire..tous genres qui ont leurs propres contraintes externes.

Ajoutons que :

-tous les créateurs de personnages récurrents s'exposent à des problèmes de chronologie interne. Pour prendre l'exemple le plus connu, Hercule Poirot est âgé d'au moins 60 ans en 1916, date de l'action de "la mystérieuse affaire de Styles". Ses dernières enquêtes se déroulent dans le swinging London de la fin des années 70 ; on voit le problème.

-- je ne suis pas le seul obsessionnel à m'intéresser à la réalité des personnages de fiction. Voir par exemple les publications des Baker Street Irregulars et autres spécialistes de Sherlock Holmes, ils sont beaucoup plus atteints que moi.
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