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Critiques de Andrea Camilleri (1003)
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L'Âge du doute

N°1584 - Septembre 2021



l’âge du doute – Andrea Camilleri – Fleuve Noir

Traduit de l’italien par Serge Quadruppani



Un yacht de luxe vient d’aborder dans le port de Vigatà avec, à son bord, le cadavre d’un homme défiguré et nu, trouvé en mer sur un canot de sauvetage. Cela promet des ennuis en respectives pour la propriétaire, la Giovannini, une femme autoritaire, carrément nymphomane qui est aussi passagère, le commandant Sperli et son équipage. Ils vont devoir attendre la fin de l’enquête. Les choses se compliquent un peu avec l’arrivée d’un bateau de croisières dont la présence au port paraît assez étrange, la révélation d’informations qui ne le sont pas moins et d’un mort supplémentaire.

Le commissaire Salvo Montalbano est de plus en plus tracassé par son âge (58 ans) et par la retraite qui s’annonce. Il peut d’ailleurs compter sur le médecin-légiste pour le lui rappeler, lequel ne s’en prive d’ailleurs pas. Il a conscience qu’une page s’est tournée dans sa vie sentimentale et que le temps a sur lui fait son œuvre destructrice. Ses amours avec Livia, son éternelle fiancée génoise, sont lointaines et épisodiques et c’est sans doute pour tout cela qu’il a des doutes sur sa capacité de séduction. Elle va d’ailleurs être mise à l’épreuve par la rencontre, dans le cadre de cette enquête, avec Laura Belladona, la séduisante lieutenante de la capitainerie du port. Leurs relations éphémères oscillent entre la volonté de se laisser porter par les événements et d’en retirer le meilleur et celle de bousculer le destin, une sorte de valse entre hésitation et attirance avec la crainte de remettre en cause tous ses propres projets et ce qu’on croit acquit définitivement. Dans ce genre de situation les espoirs les plus fous germent dans les têtes et l’imagination n’a plus de limite. C’est que cette jeune femme bouleverse à ce point notre commissaire qu’elle le met, sans le vouloir vraiment, face à lui-même, avec son âge, ses désillusions, ses folles pensées, ses accès secrets de culpabilité, et malgré tout, son charme naturel continue à agir au point qu’elle même en est ébranlée. C’est une très belle femme, comme son nom l’indique, mais les phases de cette enquête vont la faire douter d’elle-même, de son avenir, sans qu’on sache très bien si elle choisit son destin ou si elle s’abandonne aux circonstances, entre prémonition et renoncement. La fatalité, le hasard ou une quelconque divinité régleront la tranche de vie de ces deux êtres qui peut-être envisageaient des moments intimes passionnés ou un futur commun différent, malgré tout ce qui pouvait raisonnablement les opposer, mais nous savons tous fort bien qu’en amour la raison est souvent mise de côté. Ce genre de doute arrive à tout âge et le nom que porte cette jeune femme est aussi celui d’un poison. C’est donc un roman policier bien construit, sans doute un des meilleurs que j’aie lu sous la plume de Camilleri, plein de rebondissements et de suspense qui tiennent en haleine son lecteur jusqu’à la fin, mais c’est aussi une réflexion sur la vieillesse, sur le pouvoir de séduction qui disparaît avec les années mais qui peut resurgir sans crier gare, une illustration des paroles d’Aragon : « Rien n’est jamais acquit à l’homme, ni sa force, ni sa faiblesse, ni son cœur et quand il croit ouvrir les bras son ombre est celle d’une croix, sa vie est un étrange et douloureux divorce, il n’y a pas d’amour heureux ». J’ai éprouvé ici, ce qui arrive rarement dans un roman policier, même sous la plume de Camilleri, ce supplément d’émotion qui fait que l’intrigue policière, pourtant intense et passionnante, passerait presque au second plan.

Mais restons pour cette enquête, dans le contexte de la séduction, puisque Montalbano charge son adjoint Mimi Augello, de séduire la propriétaire du bateau, mais dans le seul but de faire avancer l’enquête et de favoriser la manifestation de la vérité, évidemment ! Son côté « donnaiolo »(comme disent si joliment nos amis italiens) est bien connu du commissaire mais il y a fort à parier que cette fois il fera du zèle « professionnel »ce qui, accessoirement, suscitera chez son supérieur vieillissant une sorte d’envie.

Entre ses rêves parfois morbides, ses obsessions, ses jalousies, ses fantasmes, Salvo se débat comme il peut avec cette enquête qui finalement le dépasse, et les obsessions administratives du Questeur, entre improbables mensonges et investigations perturbées par ses tourments amoureux. C’est pour lui l’occasion de réfléchir sur l’amour, le désir sexuel d’une femme, de regretter les ravages de l’âge et le mirage des impasses ...En tout cas ça lui occasionne des états d’âme dévastateurs au point de se laisser aller à écouter la voix de sa conscience et de discuter avec elle. Ce soliloque serait plutôt le signe d’un vieillissement prématuré. Reste que cette enquête perturbe tellement notre commissaire qu’il y associe l’ombre de la mafia.

L‘âge qui paraît tant tracasser Montalbano n’entame en tout cas pas son appétence pour les pâtes ‘ncasciata, pour la caponata ou le rouget frit, et quand il ne profite pas de la carte alléchante de son ami le restaurateur Enzo, il se goinfre des réalisations culinaires d’Adelina sa femme de ménage, ce qui ne doit arranger ni son poids ni son taux de cholestérol !

Camilleri est, à tort ou à raison, considéré comme le Simenon sicilien. Il y est d’ailleurs fait, dans cet ouvrage, une référence à un de ses personnages. La figure de Montalbano a été popularisée en France par l’adaptation des intrigues policières de Camilleri pour la télévision. Il est incarné avec talent à l’écran par Luca Zingaretti mais je ne retrouve pas exactement, dans son jeu d’acteur, l’image que je me suis faite du commissaire à travers les romans.
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Un Filet de fumée

N°1571 - Août 2021



Un filet de fumée– Andrea Camilleri – Fayard.

Traduit de l’italien par Dominique Vittoz.



Il y a une certaine effervescence sur le port de Vigàta puisque qu’on attend impatiemment le « Ivan Tomorov », navire parti d’Odessa pour prendre sa cargaison de soufre chez Toto Barbabianca, le plus riche mais surtout le plus crapuleux des négociants de cette ville. Cet homme est une véritable anguille, capable de s’adapter à tous les régimes politiques pourvu que cela lui rapporte de l’argent. Ainsi tous les habitants de Vigàta étaient-ils nombreux à attendre patiemment l’heure où ils pourraient lui faire payer toutes ses avanies. Et elle était justement venue ce jour où ce bateau était annoncé. L’ennui c’était que les entrepôts de Barbabianca qui auraient dû contenir ce soufre...étaient vides puisqu’il en avait vendu la marchandise. Bien entendu aucun négociant de Vigàta ne voulu le tirer de ce mauvais pas et tous étaient donc suspendus à la fumée annonciatrice du bateau.

Pendant toute cette attente, c’est l’occasion d’évoquer la richesse de cette ville faite de la pêche, de mines de sel et de souffre dévolues, travail dangereux et mal payé dévolu à un petit peuple laborieux et quasi esclave qui s’oppose à une population aristocrate, bourgeoise et intellectuelle qui ignore l’autre. On rappelle les influences qui s’y exercent, la place de ceux qui commandent et de ceux qui obéissent, on rumine les vielles querelles et les oppositions définitives, les discussions oiseuses et les condamnations sans appel où chacun s’invective revendiquant sa présence ou son tôle, ses alliances traditionnelles et ses dettes familiales. On alterne les méchancetés rassies et les gestes flagorneurs entre hypocrisies et volonté de délation pour détruire l’autre, lâcheté et complicité.

L’apparition puis la disparition de cette île volcanique au large de Vigàta annihile cette attente du navire russe et apparaître un émoi général dans la ville, un soulagement pour certains, une déconvenue pour d’autres.



Camilleri reste fidèle à sa ville imaginaire mais change d’époque (nous sommes au XIX° siècle), de thème et de personnage, abandonnant pour un temps son commissaire préféré. Il nous offre un beau panel de l’espèce humaine dans tout ce qu’elle a de plus détestable.



J’avoue que j’ai été un peu déconcerté par la multiplicité des personnages, par la longueur des phrases qui ne facilite guère la lecture autant que par le choix des mots empruntés au dialecte quoique le sens en soit révélé par un glossaire annexé. J’ai été partagé entre le plaisir de lire et découvrir des mots anciens au sens délicieusement inconnu mais compréhensible et un certain agacement à devoir se référer à ce lexique.



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Les Ailes du sphinx

sans doute pas le meilleur car l'intrigue est un peu grosse et le dénouement un poil réceptif...mais bon ,je ne bouderai pas mon plaisir, car celui ci est systématiquement renouvelé à chaque lecture d'une nouvelle enquête de Montalbano...Car en prime de l'enquête , c'est Montalbano qu'on accompagne en tant qu'homme avec ses faiblesses, ses incohérences , ses petits plaisirs aussi....
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Le Champ du potier

Biensûr pas de grande surprise à la lecture de cette nouvelle enquête du commissaire Montalbano...mais toujours le même plaisir à retrouver à la fois son côté brut d'homme , pas toujours dégrossi en apparence mais son aussi son extrême sensibilité et finesse quand il s'agit de lire les côtés sombres des individus pour décrypter dans le bouquet final ( les dernières pages) le coupable , le mobile ....

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La Pyramide de boue

Il pleut sur la ville, il pleut sur la Sicile. Les routes, la campagne sont recouvertes de boue et la mer est mauvaise.

Il pleut dans le coeur de Montalbano aussi : Livia ne va pas bien et continue à être dépressive : la preuve, elle est presque aimable avec lui quand il lui téléphone chaque soir.

Un corps sans vie est retrouvé dans la boue d'un chantier dont les travaux ont été arrêtés par décision administrative ; comme d'autres dans la région, du reste...

Le mort (assassiné, bien sûr) est le comptable de l'une des sociétés de travaux publics qui ont du stopper leurs chantiers;

Vous pensez à la Mafia, sous prétexte qu'on est en Sicile : vous avez bien tort...En Sicile, il n'y a que des cocus, qui tuent l'amant de leur femme ou qui sont tués par lui. C'est bien connu, c'est la seule origine de la criminalité !

Comme vous, Montalbano n'en est pas persuadé et il enquête; Avec prudence...Il soupçonne qu'il a affaire à des gens dangereux. Et il va découvrir un escroc si habile qu'il n'en avait jamais entendu parler, si habile qu'il avait voulu unir dans un même montage financier les deux familles locales de la Mafia

La pluie, la boue, sapent le moral de tout le monde et le commissaire n'a souvent que peu d'appétit quand il arrive dans son restaurant à midi ou qu'il fouille son réfrigérateur le soir...

Et nous sommes un peu déprimés avec lui en pensant que c'est le dernier livre de Camilleri...
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Un massacre oublié

Cent quatorze noms et prénoms, âges et lieux de naissance. Un seul et même jour de décès. cent quatorze jeunes hommes tués en un même lieu, et jetés aux oubliettes de l'Histoire. Certes, ils ne furent ni les premiers, ni les derniers, mais il est tout à l'honneur d'Andrea Camilleri, leur compatriote, d'avoir ramené au jour de la chronique locale, donc de l'Histoire et de la conscience, le sort de ces bagnards siciliens, ces "serfs de peine" comme les qualifiait alors l'administration des Bourbon, qui payèrent ainsi, indirectement leur tribut aux soulèvements libérateurs de 1848. Au reste, à travers les nouveaux notables, qui ne sont autres que les anciens (nous connaissons ces tous de passe-passe), les représentants de l'Unité italienne se gardèrent bien de sortir les cent quatorze cadavres de leur tombeau d'invisibilité et de silence : ne s'agissait-il pas d'exclus, d'individus mis au ban de la société ?

Louis Bonalumi

Camileri relate les phases historiques les plus importantes de "Borgata Molo", village appelé ensuite "Marina di Girgenti dans les années 1600, avant de devenir Porto Empedocle.

Ces hommes, ces bagnards enfermés dans une fosse étanche, donc rapidement privés d'air, n'avaient commis aucune faute particulière et ne représentaient aucun danger quelconque, sinon, peut -être, celui d'être solidaires des insurgés qui, à l'extérieur, se révoltaient contre les Bourbon.



"Andrea Camilleri retrace minutieusement les lieux, les raisons, les rôles et les auteurs de cette tragédie insulaire"

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La prise de Makalé

Paru en 2003, traduit en 2006.

En 1935, à Vigata, un garçonnet de six ans supérieurement intelligent mais naïf, et anormalement "membré"est le protagoniste central du roman.

Michilino grandit dans l'amour démesuré qu'il voue à Jésus, la vénération qu'il porte à Mussolini et la haine des communistes. Ceci dû aux enseignements inculqués.

Il n'a pas d'autre modèle et, de ce fait, aucun sens critique.

C'est la base, le pilier pour Camilleri de dénoncer l'endoctrinement qui conduit au fanatisme puis au terrorisme.



L'Italie est fasciste, le Duce est, avec la complicité de l'Eglise, proclamé "l'Homme de la Providence".

Un royaume ne suffit pas, il faut un empire. D'où l'invasion de la Libye puis de l'Abyssinie.

Le journal de propagande Popolo d'Italia présente les Abyssins comme des sauvages terribles et on leur livre une guerre sans merci.

Advint la sanglante prise de Makalé suivie de la jubilation de l'Italie.

Pour célébrer cette victoire, un simulacre de bataille est organisé avec les enfants :. les Balilla et les petites italiennes. Une mascarade acclamée par l'assistance.



L'enfance de Michilino a été sabotée, profanée, dépravée. Jusqu'au fanatisme qui confond le ciel et la terre, la foi politique et la foi religieuse et arme sa main.



C'est un roman paradoxal qui exagère volontairement dans l'excès et la démesure. "Une parabole grotesque qui déforme les faits, le tragique et la normalité anormale de la violence."



Cette lecture fait, par hasard, suite à celle de "Tous, sauf moi" de Francesca Melandri. Je l'ai totalement appréciée.
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L'excursion à Tindari

Camillieiri nous livre un Montalbano au mieux de sa forme ! j'ai adoré en particluier le premier paragraphe et je vous révele pourquoi...la veille du jour où j'ai commencé le livre, j'ai entendu sur France Culture une citation de Jacques Chirac...." le matin je me réveille, j'ouvre la bouche,....Et j'entends des conneries".....lisez le premier chapitre de ce livre et le sens est le même ....magique , non? quelle capacité à prendre du recul sur soi! bon ,au dela de cela, bon livre encore une fois! plus que l'histoire , ce sont les personnages et leurs liens qui plaisent! A vous de jouer
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Un été ardent

"La vampa d'agosto", c'est chaleur torride, chaleur exténuante, soleil implacable. Une nouvelle enquête du commissaire Montalbano. Contraint de demeurer à Vigata pendant le mois le plus brûlant du torride été sicilien, il se trouve confronté à une enquête aux étranges ramifications.

"La vampa d'agosto se révèle un feu " diavolisco" (diabolique) , un sortilège qui éblouit et hallucine." Salvatore Silvano Nigro.

Une grande villa, louée par un couple ami pour un merveilleux mois de vacances au bord de la mer, se révèle, suite à la mystérieuse disparition de leur petit garçon, être un mensonge architectural produit par les abus de la construction immobilière.

Ce roman n'est pas un policier classique, habituel. C'est une collante toile d'araignée de connections criminelles qui englue la grande villa : "parentelle dangereuse, collusion entre mafia et politique, entre mafia et entrepreneurs, entre politique et banque, entre banques, recyclage et prêts usuriers."

Pauvre Montalbano que sa Livia a abandonné pour suivre ses amis . Pauvre Montalbano découragé devant l'ampleur de la corruption et de l'impunité.



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La Première Enquête de Montalbano

Publié en Italie en 2004, La première enquête de Montalbano n’est pas le premier volet des enquêtes du commissaire sicilien mais un recueil de trois longues nouvelles dont une conte l’arrivée du héros de Camilleri dans son commissariat de Vigàta. C’est certainement pour ceux qui, comme moi, ne sont pas des familiers de Montalbano, une bonne porte d’entrée dans l’univers de Camilleri.

Trois nouvelles donc, et trois enquêtes hors des sentiers battus, la première du recueil, « Sept lundis » l’étant tout de même un peu plus que les autres. Il s’agit en effet d’une série de meurtres d’animaux suivant une progression assez particulière, le tueur s’en prenant à des animaux de plus en plus gros – poisson, puis poulet, chien, chèvre, âne… – en laissant à chaque fois un billet énigmatique annonçant « JE CONTINUE À ME CONTRACTER ». Entre considérations gastronomiques et esprit de déduction, cette nouvelle est une entrée en matière étonnante, amusante, qui permet de se familiariser à la fois avec l’humour décalé et la langue particulière de Camilleri que son traducteur, Serge Quadruppani, comme expliqué en introduction du recueil, a cherché à rendre au mieux en opérant des choix qui, pour être peut-être discutables parfois offrent la possibilité au lecteur français de se rendre compte du côté baroque de l’écriture de l’écrivain sicilien et arrivent à lui conférer un charme étrange.

« La première enquête de Montalbano », deuxième nouvelle du recueil, vaut moins pour l’enquête elle-même dans laquelle le jeune commissaire aura toutefois à faire montre une fois de plus de son esprit aigu que par ce qu’elle dit du héros, de son rapport aux femmes, de la manière dont il se moque des convenances et de son amour immodéré pour la bonne cuisine.

Quant à « Retour au origines », qui clôt le recueil, dans laquelle Montalbano enquête sur l’enlèvement et la rapide libération d’une enfant et se heurte à une véritable omertà, elle permet à Camilleri de peindre le portrait d’une société sous la coupe discrète mais toutefois prégnante de la Mafia et où les collusions entre le crime organisé et les notabilités locales créent une toile d’araignée que, sauf à user de méthodes peu conventionnelles, le petit commissaire d’une petite ville de province a peu de chance d’effilocher.

Dans une Sicile écrasée par le soleil qui donne un rythme parfois languissant aux enquêtes mais que viennent contrebalancer la vivacité de la langue et l’acuité du héros, les aventures de Montalbano se révèlent bien souvent fascinantes et, d’une manière générale, se lisent avec gourmandise.

Andrea Camilleri, La première enquête de Montalbano (La primera indagine di Montalbano, 2004), Fleuve Noir, 2006. Rééd. Pocket 2007. Traduit par Serge Quadruppani. 349 p.








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La Concession du téléphone

Publié en 1998, La concession du téléphone est une tragi-comédie de moeurs, se passant dans la Sicile de la fin du XIXème siècle.



Le roman s'articule entre des passages épistolaires et des dialogues, sans aucune description des personnages ou des lieux de l'action.

Cet aspect un peu bâtard oscillant entre le roman et le théâtre rappelle les premiers amours de l'auteur pour la scène, d'autant plus que l'influence de la comedia del arte est très présente tout au long de l'histoire.



Cette influence se ressent sur les personnages, qui sont des stéréotypes. On trouve la femme objet, le mafieux menaçant, le politicien véreux...Il est parfois difficile de deviner qui est qui à cause des noms et surnoms officiels et officieux, confusion voulue par l'auteur qui en fait la base de son histoire, l'élément perturbateur.



L'élément perturbateur, donc, est le point de départ de l'histoire, qui s'enchaîne de façon très naturelle, chaque rebondissement en entraînant un autre, encore pire. Une vraie chute de dominos poussés par l'hypocrisie et la paranoïa savamment orchestrée, même si le final est un trop accéléré et semble être une issue de secours facile pour l'auteur qui ne savait plus quoi faire de ses personnages. Dommage !



L'une des spécificités de Camilleri est le mélange d'italien et de sicilien qu'il emploie, créant ainsi un langage frais et coloré. Malheureusement, la traduction française n'a pas pu recréer ceci, mais le travail de Dominique Vittoz est plus qu'honorable, surtout dans les dialogues les plus hystériques, très bien rendus.



Au final, la concession du téléphone est un petit roman bien écrit, pas prétentieux pour un sou, et qui se rapidement avec un arrière-goût de soleil sicilien dans la bouche et l'accent chantant des italiens dans les oreilles. Une lecture facilement accessible, parfait pour ceux qui n'aiment pas trop lire et pour ceux qui veulent juste se détendre. Attention, toutefois, au petit goût amer que laisse la fin du roman, tant pour sa morale que pour sa qualité un poil en dessous du reste !
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Le cours des choses



Le premier roman de Camilleri. Dans lapostface, il raconte ses hésitations à utiliser le dialecte plus que l’Italien et les péripéties qui ont retardé la publication. Le roman policier se situe toujours dans une Agrigente des années 50 jamais nommée et le policier n’est pas Montalbano mais l’adjudant Corbo. On retrouve la Sicile des paysans et des bergers, celle des notables, du cercle où l’on disserte sur Pirandello avant de passer aux commérages, le silence concernant la mafia. Ici on ne tue que pour des histoires de fesses ! Le morceau de bravoure est la narration de la procession de saint Calogero en 1946 portée par des dockers communistes. La guerre et la période du fascisme sont encore proches. Et toujours cet humour qui me fait rire aux larmes !


Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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La Danse de la Mouette

Quand les hirondelles volent bas, c’est signe d’orage, et quand une mouette tombe à pic, c’est signe d’un présage encore plus mauvais….



"La danse de la mouette" est un nouveau tome de la série du Commissaire Salvo Montalbano. Andrea Camilleri nous offre un nouvel opus qui débute à l’orée du jour, avec la mort tragique d’une mouette…



Cet événement va perturber notre Dottore Montalbano, et cela, jusqu'à son arrivée à l’aéroport où il doit y retrouver sa petite amie Livia. Le retard de l’avion va le mettre en rogne et l’amener à une critique acerbe d’une "République fondée sur le trafic de drogue, le retard systématique et le bavardage dans le vide". Pendant ce temps, le décès de la mouette est oublié… enfin presque…

De retour chez lui, et après une baignade dans une "eau périmée", Montalbano doit aller au commissariat pour y signer quelques papiers. Livia insiste pour qu’il ne rentre pas trop tard car les deux amoureux doivent ensuite partir quelques jours en vacances…



Mais voilà, Montalbano va tout bonnement oublier Livia à cause de Fazio. Ce dernier a disparu la vieille au soir. Connaissant le sérieux et la droiture de son officier, Montalbano va vite comprendre que quelque chose de grave lui est arrivé. En compagnie d'Augello, le commissaire va se plonger tambour battant dans l'enquête. A chaque étape de celle-ci le pire des présages va se dessiner, jusqu'à ce que les deux hommes se fassent tirer dessus...



C'est le sourire au coin des lèvres qu'on tourne les pages de ce roman. Andrea Camilleri nous fait rire à travers des dialogues qui fusent comme des ricochets. Un humour qui se veut moqueur des institutions et critique envers le pouvoir politique italien. L'écriture est belle et l'histoire rendement menée avec de superbes personnages.

Une seule déception : celle de ne pouvoir lire la version originale ! Car même si le traducteur, à mon sens "pirsonnel", fait un travail magnifique, j'aurais aimé ressentir le "phrasé Camillerien" comme le ressent un Italien. D'ailleurs, les premières lignes peuvent surprendre les novices de la série, et se croire au beau milieu d'un roman ch'ti...

YB.
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Le Tour de la Bouée

C'est la fin d'une génération de flics semble-t-il:

Wallander vieillit seul et malade...

Harry Bosch que 5 ans à faire ....

Salvo Montalbano pense à la retraite...

Erlandur se sent dépassé ...

Harry Cole songe à se ranger ...

D'autres viendront, rassurons-nous ! En attendant les enfants de ces baby boomers du polar, on se délecte encore une fois de cette aventure de Montalbano. Surtout les gourmands ! Et merci à Serge Quadruppani pour ses traductions aussi fleuries. Dure réalité que celle des clandestins et du traffic de petits humains. C'est ce qui nous heurte dans Le tour de la bouée. On a bien sûr traité de ce sujet dans d'autres romans et ça nous fait toujours le même effet...triste réalité. Mais qu'il est bon de voir les relations entre Montalbano et ses collègues. Cette façon de se connaître, de se respecter, de se parler, elle me semble bien particulière, bien vraie et bien aimante. C'est ce que j'aime chez Camilleri, cette sincérité sans faux fuyants. Une lecture simple et toujours aussi agréable.
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La Danse de la Mouette

Ce n'est franchement pas la meilleure enquête de Montalbano. Languissante, à la limite du gore on ne retrouve que parcimonieusement l'humour décapant d'un Camilleri qui semble peiner à retrouver sa plume acérée et ses atmosphères tendues. On dirait que par moments il s'ennuie avec nous dans ses histoires de mafia. Dommage. J'attendrai que Salvo retrouve sa forme !
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L'Âge du doute

Je commencerai par un avertissement : non, il n’y a pas un problème avec la traduction. Je vous invite d’ailleurs à lire la préface signée Serge Quadruppani, qui explique sa démarche, et sa volonté de retranscrire au plus près le parler utilisé par Andrea Camilleri. Après… je reconnais qu’il faut un temps d’adaptation, surtout quand je lis les propos de Catarellà, capable de déformer les mots et les noms les plus simples.

Maintenant, revenons au livre. Salvo Montalbano a 58 ans, il vieillit, et a bien conscience de vieillir – quand on ne le lui fait pas remarquer abruptement. Et s’il enquête sur ce mystérieux mort, repêché dans le port, il se questionne au moins autant sur le temps qui passe, sur ses capacités physiques et intellectuelles qui diminuent inexorablement mais aussi sur l’amour. Si Salvo est l’éternel fiancé de Livia, qui lui téléphone toujours régulièrement, il éprouve un coup de foudre pour la bien nommée Laura Belladonna, lieutenant de son état et elle-même, bien qu’elle soit plus jeune, bien qu’elle soit fiancée, ressent la même chose envers Salvo. Faut-il céder à cet amour en dépit de tout ce qui les sépare ? Faut-il au contraire se noyer dans le travail ? L’enquête qui les a réunit s’avère plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord, et Montalbano verra son enquête le conduire – virtuellement – jusqu’en Afrique du Sud, en passant par la Sierra Leone. Elle lui rappellera également, notamment en voyant les clandestins qui arrivent au port de Vigatà, une autre enquête, menée bien des années plus tôt, mais dont il garde encore les séquelles.

L’âge du doute est un roman à lire si, comme moi, vous êtes fan d’Andrea Camilleri et de son commissaire. Il est aussi un hommage à un auteur qu’il me tarde de relire : Georges Simenon.
Lien : http://deslivresetsharon.wor..
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La Concession du téléphone

4ème de couv : Demander une ligne téléphonique : quoi de plus banal, pensera-t-on. Oui, mais pas en 1891. Et pas à Vigàta, bourgade de Sicile, relevant d'un préfet notoirement susceptible. Le fringant Filippo Genuardi, qui s'est malencontreusement trompé d'une lettre en écrivant le nom dudit préfet, va sans le savoir être soupçonné d'agitation révolutionnaire. Et, par contrecoup, attirer sur lui le regard de la mafia locale... Rebondissements, retournements, surprises : cette satire malicieuse de la mesquinerie et de la paranoïa humaines, qui sont éternelles, est menée tambour battant. Elle donne la mesure du talent d'Andrea Camilleri, devenu romancier après une carrière consacrée au théâtre, et qui connaît un grand succès en Italie.



Impossible effectivement de confondre avec un autre pays que l'Italie, et je me suis régalée en lisant ces missives à l'administration, tournées d'une façon tellement désuète et alambiquée !

suite sur http://liliba.canalblog.com
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La Pyramide de boue

Encore un excellent moment passé en compagnie du Commissaire Montalbano.



Il pleut en Sicile depuis des semaines, certaines routes deviennent tout juste praticables, les affessements de terrain se multiplient et certains chantiers de construction sont à l'arrêt semant un vent de panique au sein de quelques entreprises de construction.



C'est sur un chantier justement que des ouvriers découvrent le cadavre d'un homme. Cet homme est l'expert comptable d'une entreprise de construction. Retouvré sans vie au petit matin, en caleçon dans des tuyaux d'alimentation du chantier.



Montalbano devra naviguer prudemment entre fraudes, manipulations et collusions liées à l'obtention de marchés publics... la mafia n'est jamais très loin.



La femme de la victime a disparu. Et plus Montalbano enquête, plus le mystère s'épaissit. Et l'enquête n'est pas loin de ressembler à cette pyramide de boue présente sur le chantier.



L'état de santé de Livia, en pleine dépression, inquiète Montalbano. Préoccupé, il n'est plus aussi lucide dans son enquête.



Aidé de Flavio et de Mimi Augello, Montalbano arrivera à dénouer le fil tortueux du mécanisme mis en place par les protagonistes.



L'écriture d'Andréa Camilleri est toujours aussi colorée et chantante. Les coups de gueule, les émotions, les dialogues donnent du relief et du caractère à l'intrigue.



La traduction du style Camilleri constitue un travail d'orfèvre et apporte beaucoup de personnalité à l'ensemble.



Bref un très bon moment de lecture.

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Le filet de protection

On sait qu'il restait encore quelques Montalbano non traduits. En voici un, il n'y en a donc plus que trois, dont une nouvelle. Ces livres font partie de ceux que l'auteur a dicté après avoir perdu la vue.

A la différence du Cuisinier de l'alcyon, novellisation un peu laborieuse d'un scénario non tourné, il s'agit d'un véritable roman où l'on retrouve tels qu'en eux-mêmes Salvo, Vigata, et son petit monde.

D'où vient pourtant que je ne sois pas pleinement satisfait? C'est qu'on les retrouve semblables à eux-mêmes, c'est vrai, mais justement un peu trop semblables à eux-mêmes. le trait est un peu forcé, la gourmandise de Montalbano, par exemple, devient obsessionnelle, tout comme le don juanisme d'Augello, et il en est de même pour beaucoup de choses. On croirait par moment lire un pastiche, un pastiche respectueux et aimant et non une parodie bien sûr, mais un pastiche, un peu comme les Astérix réalisés par Uderzo seul après la mort de Goscinny ( qui n'avait pas eu la prévoyance d'Hergé);ne sont finalement qu'un pastiche toujours renouvelé des vrais Astérix.

Je ne doute pas que Camilleri soit l'auteur du livre, mais ne l'a-t-on pas aidé,et jusqu'à quel point ?

Enfin ne boudons pas trop notre plaisir, c'est quand-même un Montalbano et n'y en aura plus d'autres.

Et il reste infiniment plus digne du reste de son oeuvre que ne l'est l'abominable Sur la Dalle de celle de Vargas, qui, elle, est toujours vivante.

A noter que l'intrigue tourne notamment autour du tournage d'un téléfilm à Vigata. On peut supposer que l'auteur s'est appuyé sur une expérience personnelle, tirée par exemple du tournage d'épisodes de la série télévisée Montalbano, tournée dans la région de Raguse et non à Porto Empedocle qui se cache derrière la Vigata des romans, comme Agrigente derrière Montelusa)
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Le Cuisinier de l'Alcyon

Voila donc la dernière histoire de Montalbano écrite par Camillieri....c'est du même jus que les autres romans , la même tonalité....le même plaisir de retrouver ces personnages ....Cette fois ci , double innovation pour autant car pour la premiere fois ( me semble t il) Montalbano est confronté au FBI et en plus il se déguise ( ou tout au moins , on le travestit).

A lire et relire puisqu'il ne faut évidemment rien attendre de nouveau....
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