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Critiques de Andrea Camilleri (1003)
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Les Ailes du sphinx

N°1581 - Septembre 2021



Les ailes du sphinx – Andréa Camilleri – Fleuve noir.

Traduit de l’italien par Serge Quadruppani.



Pour cette enquête nous retrouvons les mêmes, Cattarella qui aurait bien besoin d’un appareil auditif tant il modifie les mots, Montalbano toujours aussi morfal et tout le reste de la bande. Présentement, ce qui l’occupe c’est le cadavre d’une jeune femme découvert nue dans une décharge avec pour seul indice un tatouage en forme de papillon et plus exactement de sphinx. C’est bien maigre ! Cela peut-être un indice où simplement la marque d’une mode. Cela au moins à l’avantage de lui changer les idées parce que, avec Livia, son éternelle mais lointaine fiancée, c’est plutôt l’orage. Il a tout fait pour cela, le bougre, puisqu’il papillonne beaucoup, malgré l’âge qui de plus en plus le titille et sa récente incartade avec une très jeune demoiselle n’a pas été du goût de sa régulière. Ils vivent chacun à un bout de l’Italie, elle à Gêne, lui en Sicile, ils s’aiment, ne peuvent se passer l’un de l’autre, entre eux c’est « pas avec toi mais pas sans toi », mais c’est toujours des engueulades souvent par téléphone interposé, bref ils ont tout d’un vieux couple !Comme un tracassin n’arrive jamais seul, il est aussi chargé de l’enlèvement pour le moins bizarre du marchand de bois Picarella, deux affaires pas vraiment liées l’une à l’autre, en apparence.

La première affaire doit avoir une importance certaine puisque ses investigations remuent beaucoup de monde, même l’Église et ce pauvre commissaire est bien seul au point qu’il soliloque et interroge alternativement Montalbano 1 et 2 mais, c’est peut-être la voix de sa conscience ou du bon sens mais, même dans son dialogue intérieur, Livia est toujours présente.

Tout est étrange dans cette affaire menée par notre commissaire et ses habituels comparses, dans une ambiance tendue et des restrictions budgétaires de plus en plus grandes, ces meurtres de jolies femmes, cet enlèvement sans demande de rançon, cet incendie volontaire, cela sent la prostitution, l’adultère, la marque de l’incontournable mafia, la frilosité d’une hiérarchie policière d’autant plus hésitante que risquent d’être mis en cause des notables et surtout une organisation de bienfaisance catholique dont on ne saurait douter puisqu’elle est officiellement garante du message de l’Évangile, mais elle l’oublie opportunément comme d’habitude et fait honneur à sa caractéristique constante d’hypocrisie.

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Une voix dans l'ombre

N°1575 - Août 2021



Une voix dans l’ombre– Andrea Camilleri – Fleuve noir.

Traduit de l’italien par Serge Quadruppani.



On pense ce qu’on veut du jour de son anniversaire (une fête qu’on célèbre avec cadeaux et libations ou, plus précisément dans le cas de notre commissaire, le rappel inexorable de la marche du temps qui donne le vertige), mais ce 6 septembre c’est celui du commissaire Salvo Montalbano (58 ans déjà). Pourtant, dans sa cuisine, il est attaqué par un poulpe destiné à son menu et à la station-service c’est un automobiliste irascible qui s’en prend à lui. Il y a des journées qui commencent sous de meilleurs auspices ! Effectivement, la compagne de son agresseur est assassinée atrocement peu après et le Directeur d’un supermarché cambriolé est retrouvé pendu après avoir été malmené par la police. En réalité, Montalbano y voit la patte de la mafia, l’établissement en question étant sa propriété et aussi la volonté du pouvoir politique de se débarrasser de lui. Pourtant ces deux affaires semblent bien étrangères l’une à l’autre.



Les investigations avançant, les choses s’éclaircissent un peu entre meurtre camouflé en suicide, double comptabilité, rapt, faux cambriolage et mise en cause de l’agresseur qui est aussi le fils d’un homme politique, le tout enveloppé dans l’hypocrisie et dans un silence causé par la crainte de la mafia. Pourtant, est-ce dû à l’âge, à une curiosité maladive ou à une volonté d’autodestruction mais Montalbano prend la décision de servir de bouc-émissaire dans ces affaires où les carrières et même les vies ne pèsent pas lourd. C’est que, une des caractéristiques de Montalbano c’est d’être révolté contre l’injustice , le mensonge, la fourberie et d’être animé par la volonté de faire triompher la vérité. On peut dire qu’il est têtu et ce même si sa position, qui résulte parfois d’une intuition, bouscule la logique ou l’évidence et pour faire triompher son point de vue il ne recule ni devant le bluff, ni devant l’audace, ni devant l’illégalité. Pour l’aider dans sa démarche il a heureusement ses chers collèges du commissariat, des amis sûrs à l’extérieur, pas mal de chance et aussi les recettes de cuisine d’Adelina, sa femme de ménage, le café (il est Italien) et le whisky qui sont aussi des soutiens efficaces.

Ce fut pour moi, comme habitude, un bon moment de lecture.
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Le Manège des erreurs

Encore une belle enquête, tortueuse à souhait de Montalbano...qui se laisse embarquer sur une piste qu'il détricote à la fin pour reconnaitre son erreur. A son habitude, il gagne à la fin. Pas d'échanges fleuris dans ce livre entre Montalbano et sa compagne, dommage, je les aime bien!

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L'autre bout du fil

Du grand Camilleri.

D'entrée, on passe de la profonde tristesse, débarquement de migrants, un jeune mort noyé, à l'humour le plus léger, la visite de Montalbano chez la couturière / tailleur est un vrai bonheur.

J'aime beaucoup la langue et l'humour de Camilleri, et celui-ci, hélas je crois bien le dernier, est encore meilleur que les précédents il me semble. Et je suis toujours aussi admirative du travail de Serge Quadruppani, le traducteur.

Ce mélange de phrases atypiques, de mots qu'on finit par attendre, avec une petite musique surprenante, et de termes qui me rappellent (j'ai failli écrire "qui m'arrappellent" !) mon Midi natal, un vrai régal.

Mais le plaisir ne s'arrête pas là.

On a à la fois un vrai bon roman policier, suspense, énigmes, fausses pistes et vrais suspects, avec en prime une explication détaillée à la fin ; des personnages vivants, à la personnalité affirmée, avec une vie en dehors du fait divers qui nous occupe ; et comme je le disais, un bel humour, léger, mais qui m'a amené le sourire aux lèvres à de très nombreuses reprises, alors que l'histoire est en fait assez sombre.

Sans compter qu'il est beaucoup aussi question de nourriture, et qu'on emprunterait volontiers à Salvo sa cuisinière ! Rien qu'en repensant à tous les plats dont elle le régale, une grande faim me revient 😄

Et puis, Rinaldo tient un rôle assez important, et Rinaldo est... un chat.



Un roman très actuel donc, puisqu'en parallèle de l'énigme policière, nous entrons dans le quotidien des débarquements de migrants qui se succèdent sur la plage et dans le port. Où la population doit gérer l'arrivée de centaines de malheureux chaque nuit, avec les drames qui les accompagnent.



Je m'abstiens de vous donner un résumé, tout est important dans ce roman, et je ne voudrais pas en dévoiler trop.

Je vous mets comme d'habitude un lien vers le résumé sur Babelio si vous voulez en savoir plus.

Hélas, une fois encore, le résumé de l'éditeur dévoile ce qu'on ne devrait découvrir qu'au tiers du roman.

Alors, vous pouvez peut-être vous contenter de savoir que ce roman est excellent !!





J'ai trouvé très émouvant de lire en postface :

Je souhaite remercier Valentina Alferj qui m'a aidé à écrire ce livre, non seulement matériellement mais en intervenant aussi de manière créative dans son élaboration. En d'autres termes, sans elle, du fait de la cécité qui m'affecte désormais, ce livre (et j'espère les autres qui suivront), n'aurait pas pu être écrit.



Hélas, il n'y en aura pas d'autres.

Un grand auteur nous a laissés.



P.S. : Pour ceux qui n'auraient pas encore découvert le Commissaire Montalbano, je précise :

D'une part que cet opus peut parfaitement se lire indépendamment des autres.

D'autre part que le recours parfois étonnant au dialecte sicilien ne gêne absolument pas la compréhension du texte. Comme le précise le traducteur, soit la phrase est compréhensible d'elle-même, par son sens ou par sa ressemblance avec le mot français, soit la traduction suit immédiatement la tournure dialectale. C'est très fluide, et je trouve qu'au bout d'un moment, on a tendance à penser comme l'auteur !!

J'ai plus été dérangée par quelques fautes et coquilles (mais hélas, il faut s'habituer, on en trouve de plus en plus).
Lien : https://livresjeunessejangel..
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La Forme de l'Eau

C’est toujours un grand plaisir de retrouver l’inspecteur sicilien Montalbano. On ne se lasse pas du style Andréa Camilleri qui utilise le sicilien mâtiné d’italien ou alors peut-être l’inverse et qui dans ses phrases utilise le passé simple au lieu du présent. Ça fait drôle mais on s’habitue.

Avec du recul on imagine le travail de traduction de Serge Quadruppani : il a du s’amuser

Que se passe-t-il dans cette « forme de l’eau » ? Chi successi ? “ Que se passa-t-il ? Lirez-vous ! On vous a prévenu hein le passé simple!



Montalbano policier, fonctionnaire placide et respectueux de la loi repousse la conclusion de l’enquête à plus tard. Il procrastine Montalbano (nettement moins vif et bruyant que le commissaire Niemans) et c’est tant mieux car son sixième sens l’a informé que quelque chose ne tourne pas rond. Ou alors il aime bien avoir un dossier sur son bureau histoire de dire qu’il est occupé. Un Cérébral dans le ressenti.



Et ce ne sont pas ses collègues qui vont le bousculer. Les sous-fifres indolents et pas très fufus qui oublient de vérifier les pneumatique des voitures de police à qui il faut tout dire, le juge, le questeur et tous les autres mouillés jusqu’à l’os dans les affaires pressés de tourner la page.



Montalbano s’interroge donc

Comment Luparello maffieux local, très soigneux de sa personne , qui est allé chercher la « petite mort » sur la plage est-il réellement passé, en plein effort, avec un slip mis à l’envers ?

Ça arrive! Un détail. oui mais non !Montalbano, lui, est très soucieux de la forme et là ça ne colle pas. Le slip et … le reste. « L’eau prend la forme qu’on lui donne » lui dit una bella italiana . Tout est dit

Le monde qui entoure Montalbano est violent , peuplé de criminels, de magouilleurs, de putes , de maquereaux , de travestis , de corrompus, de fonctionnaires de justice pressés de refermer les dossiers qui gênent



Mais voilà on est en Sicile

et comme dirait François Deguelt

« Oh, Mon Dieu, quelle chance!

Il y a le ciel, le soleil et la mer »

Tout ça ne n’incite pas à la précipitation

Les femmes de tête

Les rougets de roche très frais

Les pâtres à l’huile et à l’ail et les crevettes à l’huile et au citron

Les collègues du commissariat ...



Et il résoudra le problème plan-plan. Il participera même à rendre justice pour compenser les injustices de la vie . Soucieux, certes, de la justice oui mais jusqu’à un certain point.

On l’aime bien ce justicier sicilien. Il nous réconcilie avec la police…la sicilienne

« siciliano sono »













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La Patience de l'Araignée

Encore une belle intrigue bien complexe et démêlée par notre commissaire favori en toute fin de livre . Au dela de l'histoire et comme d'habitude, on goute en particulier aux rapports humains parfois complexes que ce commissaire entretient avec ses proches, compagne, cuisinière, collègues, compatriotes,....un vrai bonheur
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La disparition de Judas

A partir d'un fait divers (la disparition du comptable Pato pendant une pièce de théâtre), Andrea Camilleri présente un roman policier à la forme originale : le récit est en effet un dossier composé d'articles de journaux ou de lettres, pour la plupart administratives. Ce choix très surprenant rend la résolution de l’enquête parfois difficile à suivre en raison de nombreux parasitages d'informations, mais transforme la lecture en un moment délectable, notamment grâce à un humour très affirmé : tics de la communication administrative, pistes plus improbables les unes que les autres, observation de la société contemporaine du fait divers... A découvrir, pour sortir des sentiers battus et rebattus du polar !
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Grand cirque Taddei

Une lecture bien plaisante non seulement par la succession d'intrigues bien ficelées mais aussi par le contexte dans lequel cela se passe....la période de la guerre et l'emprise de Mussolini ....Camilieri le traite bien sur avec humour....et c'est bien agréable !

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Jeu de miroirs

Il gioco degli specchi . Selliero 2011



Voici le dernier de ma liste du moment. Je fais une pause avant de la compléter.

Les personnages sont les mêmes, on les connaît bien, on a l'impression de faire partie de leur équipe. Merci à Catarella, l'indispensable.

Cette fois, comme en un jeu de miroirs, quelqu'un semble vouloir compromettre personnellement le célèbre commissaire.

Les reflets trompeurs, les déformations, les demi-vérités, tourbillonnent au gré de la métaphore des miroirs.

Le commissaire est sur ses gardes : qui sont les nouveaux voisins de la villa proche de la sienne ? L'homme s'absente souvent, sa femme est seule, jeune et très belle. (Tiens,tiens)

Lorsque sa voiture ne veut pas démarrer, notre grand cœur s'offre pour la conduire jusqu'au bus.

Mais il n'est pas détendu. Peut-être parce qu'encore étourdi par ses rêves de la nuit.

Il a l'impression d'être manipulé. Quelqu'un, mystérieux et invisible se joue-t-il de lui ?

Il comprend qu'autour de lui, réalité et illusions se confondent. Les miroirs d"forment l'espace.

L'enquête est bien menée; mon intérêt n'a pas faibli.

Bien sûr, et ce n'est pas une rareté, mafia, familles rivales et drogue sont les ingrédients récurrents.

Je n'en révèle pas d'avantage.

J'aime l'humour et les prises de position de Camilleri. Quels beaux coups de griffes contre les politiques, les entrepreneurs etc..........





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Le neveu du Négus

Roman épistolaire. 2010.

Entre 1929 et 1932, le neveu du Négus, le prince Brhané Silassié a effectivement suivi l'Ecole des Mines à Caltanissetta.

A partir de ce fait réel Camilleri a inventé un prince fantasque aux aventures burlesques qui cause les plus grands soucis à son entourage de hauts responsables.

Car, en 1929 il faut ménager les susceptibilités du Négus et de son pays, ne créer aucun incident diplomatique et donc céder à tous les caprices de Brhané. Lequel en profite bien!

Directeur de la Mine, préfets de police, évêque, tous sont sur la brèche. Camilleri jubile et le lecteur aussi. On rit au comique des échanges et des situations.



Avec "La prise de Makalé", Camilleri dénonce haut et fort l'endoctrinement qui conduit au fanatisme. Ici, il ridiculise les fascistes, leur vénération et leur obéissance servile à Mussolini. Ainsi que les arrangements, les compromis, l'hypocrisie des dignitaires.

Un régal de lecture à condition d'oublier ce qu'a été le fascisme.



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Le Sourire d'Angelica

Bienvenue à Marinella, bourgade balnéaire sans histoires de l’Ouest sicilien. Malgré ses 58 ans, le commissaire Montalbano conserve un rythme de vie qui ne correspond plus vraiment à son âge. Certain que la jeunesse et la santé sont inaltérables, il boit et fume comme il respire, mange très bien et travaille... assez peu ! Et, je ne vous parle pas de ses « exploits » sportifs qui se résument à une petite passeggiata (promenade) digestive sur le port...



Suite au cambriolage quasi simultané d’un appartement cossu et d’une résidence secondaire appartenant au même couple, on s’aperçoit que c’est une équipe aguerrie parfaitement au fait des habitudes de ses victimes qui opère.



Par la même occasion, le lecteur s’attache peu à peu au savoureux personnage de Montalbano. Comme par hasard, ce commissaire hors-norme travaille avec une escouade tout aussi déroutante que les effractions qui vont se multiplier aux dépens de la haute bourgeoisie locale. Mais, un voleur efficace peut cacher des motivations assez éloignées du fruit de son butin...



J’ai apprécié ce polar sans prétention autant pour sa langue fleurie que pour ses décors lumineux et ses figures caricaturales. A chaque page, on sent l’indolence (feinte) des protagonistes, leur profond attachement à la plus grande île de la mer Méditerranée, leur bienveillance envers l’Autre aussi différent soit-il et un incontestable détachement par rapport aux exigences hiérarchiques.



Un livre qui garantit un agréable dépaysement à emporter cet été sur toutes les plages et dans toutes les piscines de France et de Navarre.
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La Concession du téléphone

Satire des us et coutumes de l'administration sicilienne ou polar insulaire et maffieux ?



On s'étonne, on sourit.. mais les promesses de cet auteur qu'on m'avait recommandé n'ont pas été vraiment tenues, en ce qui me concerne: le procédé d'alternance entre courrier administratif et action m'a vite lassée..



Je devrais peut-être essayer un autre titre..j'attends vos suggestions!
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La Forme de l'Eau

La forme de l'eau, premier roman d'Andrea Camilleri mettant en scène le Commissaire Salvo Montalbano a été publié en Italie en 1994.

L'action se déroule à Vigàtà, dans les années 1990. Vigata, ville imaginaire de Sicile, est en fait Porto Empedocle, ville natale de Camilleri.

Sans emploi, deux jeunes géomètres au chômage, Pino Catalano et Saro Montaperto exercent le métier de « ramasse-poubelles » à Vigatà. En nettoyant le Bercail, terrain vague malfamé, qui sert de lieu de rencontres aux traffics en tous genres de Vigatà, Saro découvre un collier d'une grande valeur. Son fils est malade, et il ne peut faire face aux soins médicaux, il ne dit rien et empoche le collier. Quelques mètres plus loin, Pino et Saro découvrent à l'intérieur d'une automobile de luxe le cadavre de l'Ingénieur Luparello, personnalité politique en vue de la ville ; ils préviennent Maître Rizzo, avocat de renom, ami de Luparello qui ne paraît pas étonné, et leur demande de faire leur devoir – ce qui, pour eux, signifie contacter le Commissaire Montalbano.

Appelé sur les lieux,le Docteur Pasquano, médecin légiste est formel, il s'agit d'une mort naturelle, une crise cardiaque a emporté l'Ingénieur Luparello, alors qu'il se trouvait, en galante compagnie, dans le terrain vague… Montalbano a besoin d'informations plus précises…. Et l'informateur en question n'est autre que son ami d'enfance, Gegè, qui exerce entre autres activités celle de souteneur au Bercail. Gegè rapporte le témoignage de deux de ses protégées, qui ont vu la voiture de l'Ingénieur Luparello arriver, se garer, et en sortir une jeune femme qui s'est rapidement éloignée … il explique également à Montalbano qu'un collier d'une grande valeur semble avoir été perdu au Bercail… les prêteurs sur gages sont en alerte….

Montalbano rencontre la Signora Luparello, qui pense que son mari a été attiré dans un guet-apens et qu'il est mort d'une crise cardiaque. Elle est persuadée que tout n'est qu'une mise en scène réalisée par les ennemis politiques de son mari, destinée à le discréditer. Il ne faut pas s'arrêter à la forme qu'ils ont fait prendre à l'eau », ajoute-t-elle, expliquant à Montalbano que l'eau, par définition, n'a pas de forme …. L'Ingénieur Luparello disposait d'une maison discrète pour ses rendez-vous, pourquoi se serait-il rendu au Bercail, au risque de se faire reconnaître ?

Et l'enquête progresse, on apprend que le collier est celui d' Ingrid Sjostrom, belle-fille du Docteur Angelo Cardamone, opposant politique à l'ingenieur Luparello… tout désigne la jeune suédoise comme la coupable idéale… mais pourquoi ? là encore, Montalbano se méfie de La forme de l'eau….

L'enquête s'accélère…. Et trouve son dénouement tragique, alors que Montalbano est parti à Gênes retrouver Livia sa fiancée.



Mais Montalbano a toujours été à la manoeuvre, jouant, comme le dit Livia sa fiancée, "le rôle d'un dieu de quatrième ordre, mais d'un dieu qui tombe juste" plaçant l'arme du crime au bon endroit, cachant les preuves voulant incriminer Ingrid, permettant au géomètre de faire soigner son fils en négociant avec le propriétaire du collier....



La forme de l'eau… premier roman dans lequel nous faisons connaissance avec le Commissaire Montalbano. Comme le dit Pino "le commissaire, au contraire, était de Catagne, il s'appelait Salvo Montalbano, et quand il voulait comprendre quelque chose, il comprenait".

Ce roman peut paraître un peu déroutant au premier abord ; les personnages, le langage, tout semble peut être un peu trop "exotique", et à la fois trop simple, un roman policier comme les autres, sans grande épaisseur ?



Ce serait, selon moi, mal connaître Camilleri… dans La forme de l'eau, on trouve déjà, ébauchés, des aspects chers à l'auteur qui vont prendre tout leur sens au fur et à mesure de la parution des autres romans.



Le personnage de Montalbano est esquissé, mais on ressent déjà son humour, son sens de la dérision, son humanité, son aspect proprement "sicilien". Les personnages féminins, Livia et Ingrid sont déjà présents. du commissariat, on rencontre Mimi et Fazio, bien campés dans leur rôle.

Vigàta, ou Porto Empedocle, la Sicile, la sècheresse de ses paysages, sa beauté, ses paradoxes, ses magouilles politiques, constitue tout un ensemble mis en valeur par le langage propre à Camilleri ; toutes les nuances sont respectées grâce à la traduction de Serge Quadruppani.

Il s'agit d'une toute première plongée dans l'univers de Camilleri.... une rencontre avec un Commissaire hors du commun, incarné à l'écran par l'acteur Luca Zingaretti…





















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La Piste de sable

Toujours traduit par Serge Quadruppanni, une enquête de Salvo Montalbano rééditée en janvier dernier dans un format de poche. Et d’emblée, on retrouve le dialecte sicilien si particulier, avec sa transposition spécifique en français par le talentueux traducteur, avec une prolifération de préfixes « a » devant verbes et substantifs, une profusion de formes pronominales … qui nous enchante ou nous hérisse. C’est selon, mais moi, j’aime.

Salvo est maintenant âgé de 56 ans. Et il se rend compte qu’il devient presbyte. Il va donc avoir besoin de lunettes, ce qui ne l’empêche pas de séduire la plantureuse écuyère Rachele, venue près de Vigatà pour disputer une course hippique privée. Pourquoi s’intéresse-t-il tout à coup aux chevaux ? Simplement parce qu’un matin en « s’aréveillant », regardant la plage depuis la terrasse de sa maison de Marinella, il aperçoit le cadavre d’un cheval massacré à coups de barre de fer. Le temps de retourner prévenir ses collègues, la carcasse de l’animal a été subtilisée. Il ne lui reste qu’un des fers, presque détaché de son sabot, et que Salvo a machinalement mis dans sa poche.

Cependant, la propriétaire du cheval ne porte pas plainte et cette affaire ressort des policiers d’un autre district. Ce qui ne laisse pas d’intriguer le commissaire Montalbano c’est que sa maison est, à plusieurs reprises, « visitée » d’une manière plus qu’approfondie, les cambrioleurs allant jusqu’à retourner les poches de ses vêtements, mais laissant l’argent liquide ... Cette intrusion aurait-elle un rapport avec le témoignage que doit porter bientôt le Commissaire lors d’un procès contre des mafieux ? Qui chercherait à l’impressionner ? Et puis – mais il n’y a pas de coïncidences pour un bon policier – cette « famille » aurait un rapport avec les courses de chevaux clandestines …

Ce court roman nous entraîne dans une série de pistes et de fausses pistes. Le cheminement de son élucidation passe par l’interprétation de rêves, l’anticipation des réactions des uns et des autres. En l’absence de preuves, tout est affaire de déduction et de fine connaissance des mœurs siciliennes, de la peur inspirée aux habitants par les factions rivales, la lecture des comportements des pauvres types qui collectent l’impôt de la pègre. La solution passe aussi par un pari (c’est bien le cas de le dire), gagné cette fois encore par Andrea Camilleri et son héros-double, Montalbano. Une lecture fluide, qui s’entend autant qu’elle se parcourt … Une réflexion sur le vieillissement, très feutrée mais bien présente. Une parenthèse ensoleillée, quand même !
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Le Champ du potier

Pause sicilienne en plein cours de lecture d’un pavé de 600 pages … avec le dernier livre traduit en français d’Andrea Camilleri : le Champ du potier. Une histoire complexe, provoquée par la découverte d’un cadavre coupé en morceaux dans une zone d’où on tire de l’argile. Le commissaire Salvo Montalbano, qui connait ses classiques, fait le rapprochement avec l’Evangile selon saint Matthieu qui décrit le suicide de Judas, après qu’il eut rendu les trente deniers à ses commanditaires. Ceux-ci décident alors de consacrer cette somme, qui est le prix du sang de Jésus, à l’achat du champ du potier, un terrain où on pourra enterrer la nuit les Gentils qui viendraient à mourir à Jérusalem… L’homme démembré en trente morceaux est donc un traître, et tout indique un meurtre à l’ancienne, des représailles de la Mafia.

En fait, la trame de l’enquête est secondaire. L’important est la psychologie des acteurs. Salvo vieillit. De temps en temps, il ressent un monstrueux coup de fatigue. Et surtout, il s’inquiète du comportement de son collaborateur Mimi Augello, devenu depuis deux mois renfermé, agressif, incompréhensible. Que se passe-t-il dans la tête de cet homme à femmes marié et père depuis peu ? Livia, toujours aussi soupçonneuse vis-à-vis de Salvo, et qui est très liée à Beba, l’épouse de Mimi, reproche à Salvo de l’envoyer trop fréquemment t en planque de nuit …Et aussi, une déstabilisante mise en abîme des romans de Camilleri par Camilleri lui-même. En effet, l’idée de la signification symbolique de la mise en scène macabre vient à Montalbano de la lecture d’un roman de Camilleri, la Disparition de Judas.

Comme souvent, au centre de l’intrigue, une femme, belle et désirable, aussi ardente qu’intelligente. Dolorès est colombienne. Avec des liens familiaux avec le vieux Balducci Sinagra, le capo de l’une des deux familles mafieuses actives à Vigatà (et naturellement ennemies). Montalbano va dénouer les fils de cette affaire de façon délicate, en sauvegardant une fois encore les liens affectifs qu’il entretient avec les membres de son équipe à laquelle il est terriblement attaché. Mais décidément, dans cet épisode, et sans doute comme l’auteur, il ressent un sacré coup de vieux !

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Chien de faïence

Ce livre met en scène le commissaire Montalbano, un des policiers les plus attachants du genre. Il n’est pas seulement profondément humain, il est aussi humaniste. Il est capable de tendresse et de bienveillance, d’empathie envers les personnes en souffrance. Il pointe aussi du doigt les lâchetés et les bassesses de certains, n’hésitant pas à dire sans hypocrisie ce qu’il pense, mettant ainsi ces interlocuteurs devant leurs défaillances et leurs compromissions. Il est résigné aussi, parfois : nous sommes en Sicile, la Mafia règne, et il ne se passe pas un mois sans qu’un membre de l’un ou l’autre clan (Cuffaro contre Sinagra) ne soit tué.

Il est accompagné de ses fidèles alliés : Mimi Augello, don juan invétéré, Fazio, passionné par l’état civil, et l’inénarrable Catarella, chargé du standard, expert en déformation de message, ce qui cause maints quiproquos et autres gros soucis, notamment lorsqu’il doit . J’ai dit « alliés » et non adjoints, car ce ne sont pas des liens hiérarchiques qui les unissent, mais de véritables liens d’affection (qui garderait un standardiste aussi incompétent que Catarella ?), qui font qu’ils sont prêts à suivre leur commissaire dans toutes ses enquêtes, y compris les plus déraisonnables.

Ce roman représente pour moi la quintessence des méthodes de ce commissaire altruiste. Il veut identifier un meurtrier près de cinquante ans après le crime, et peu lui importe que l’enquête ne soit pas prioritaire, ou que le meurtrier soit mort depuis longtemps, peut-être même après avoir commis son crime. Il veut comprendre non pourquoi ce double crime a été dissimulé, mais qui a pris un soin si particulier des deux morts. L’enquête est peu conventionnelle car elle ne s’appuie pas seulement sur les indices habituels, mais sur l’érudition du commissaire, que des étudiants vont autant aider que les traditionnels experts.




Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
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La Concession du téléphone

L'intérêt principal de ce roman réside, selon moi, dans sa forme où alternent des «choses écrites» (lettres au style ampoulé, échangées entre les personnages) et des «choses dites» (dialogues parfois assez crus). Lecture originale et divertissante, marquée par l'humour dont l'auteur sait faire preuve.
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Les Ailes du sphinx

Depuis quelques années dans le " moi" intérieur du commissaire : il y avait 2 Montalbano toujours en désaccord, et à 56 ans il pensait que peut-être c'était l'effet de l'âge mais, ce matin il a du se forcer pour lever Montalbano 2..En effet, Catarella , son secrétaire dyslexique vient le chercher au sujet d'une morte " fiminine " retrouvée dans la décharge de Sarsetto ! Mince, les voitures de police sont en panne car ils n'ont pas d'essence...comme les tribunaux n'ont pas de papier..bref : c'est la Sicile en direct !

Au fait, lisez-vous le " camilleri " ? car même avec l'aide de Serge Quadrupppani il faut s'accrocher pour suivre !

Un cadavre est retrouvé sans vêtement, sans papier mais avec un sphinx tatoué sur l'épaule gauche : est-ce une mode ou le symbole d'une secte ? de plus, d'après les enquêteurs, elle aurait été tuée ailleurs et transportée ensuite dans la décharge. Montalbano et Mimi Augello vont découvrir qu'il y a d'autres filles russes tatouées qui ont été placées comme domestiques par l'association " La Bonne Volonté " dirigée par Monseigneur Pisicchio avec l'aide de la société Mirabilis ! D'autre part, Picarella : un riche marchand de bois en gros qui avait sorti une grosse somme d'argent liquide a été enlevé et, l'équipe du commissaire qui connait bien ses contemporains, pense qu'il est parti avec une fille à Cuba ..Et, quand ils vont suivre la trace de la poudre rubis trouvée sur la victime : encore, un manque de chance car le magasin de Picarella vient d'être malencontreusement incendié ! Pourquoi autant d'obstacles pour la découverte de la Vérité ? Sont-ce les hautes sphères de l'Etat, de l'Eglise ou de la mafia sicilienne ?

Est-ce que Montalbano 1 et 2, plus son équipe vont pouvoir sortir de ce "guêpier " pour découvrir la Vérité Vraie ! ! !

En attendant, le commissaire a toujours des problèmes avec sa fiancée Livia et, ce n'est pas encore fini à ce niveau....de belles engueulades sont en vue )))

Andrea Camilleri nous présente un polar méditerranéen aux odeurs et senteurs de la Sicile, avec une intrigue simple, mais avec des personnages et la langue singulière d'une île très ancienne qu'il a familiarisée au fil de ses nombreux romans !

L.C thématique de févier 2023 : un animal dans le titre !

Challenge ABC : 2022/2023
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La Forme de l'Eau

Je veux vous parler du dernier polar mettant en scène Salvo Montalbano, il a été publié après la mort d'Andrea, je l'ai lu en Italien; j'espère qu'il aura droit rapidement à une de ces merveilleuses traductions de Serge Quadruppani, car – j'ose l'avouer – si je lis facilement l'italien, en revanche le dialecte sicilien m'est compliqué...



Riccardino a été écrit pour la première fois en 2005, puis modifié en 2016, après quoi Camilleri l'a donné à son éditeur sur la promesse qu'il ne serait publié qu'après sa mort. Il est décédé le 18 juillet 2019 à l'âge de 93 ans.



Bien entendu, on se régale: non seulement il y a un autre meurtre à résoudre pour le grincheux Montalbano, mais Camilleri lui-même fait une apparition. Il se présente pour coacher son détective qui hésite à poursuivre la nouvelle affaire:

'Je vous offre une piste et vous vous trompez, et je me retrouve en difficulté. En tant qu'écrivain, je veux dire. Nous ne pouvons pas continuer comme ça, vous devez commencer à enquêter', lui dit-il sévèrement lors d'un appel téléphonique. Un Montalbano peu impressionné lui raccroche au nez.



Le Riccardino du titre est éjecté à la page neuf. Montalbano également tire sa révérence, bien que Camilleri ait promis aux fans qu'il ne tuerait pas son détective bourru et gourmand.



'Le fait que Montalbano, contrairement à d'autres personnages de série tels que Sherlock Holmes ou Maigret, vieillisse, participe à la vie quotidienne, rend de plus en plus difficile pour moi de le suivre', a-t-il déclaré dans une interview, décidé à écrire le dernier roman.



Et où lire les romans de Camilleri ? si ce n'est à Porto Empédocle (Vigata dans les romans), au bord de la mer après avoir mangé un plat de Pâtes 'ncasciata – on trouve la recette partout - que l'on accompagne d'un vrai bon vin rouge, du Nero d’Avola.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Le Voleur de goûter

Un livre atypique dans la série des Montalbano....classique pour autant par l'humour, la place importante faite aux plaisirs de la table, par l'intelligence fine du commissaire....mais atypique car on découvre des pans non connus de sa vie....la fin de son père et son possible engagement vers le mariage. de quoi faire une lecture incontournable pour tous les amateurs!
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la vie et les polars d'Andrea Camilleri

Andrea Camilleri est né en Sicile en 1925. Il s'est mis au polar sur le tard, avec un très grand succès. C'était en :

1985
1992
1994
1998

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