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Critiques de Anne Delaflotte Mehdevi (245)
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Le livre des heures

Nous sommes transportés dans le XVème siècle de 1468 à 1499. La France vit en paix. Dans ce contexte, la jeune Marguerite naît dans un atelier d'enlumineurs.

Sa mère lui en veut beaucoup d'être une fille.

Son garçon, jumeau de Marguerite, est atteint d'épilepsie, le mal de Saint Jean comme ils le nomment.

Sa soeur veille sans cesse sur lui.

Leur atelier d'enluminure , situé sur le pont habité appelé pont Notre-Dame, se fournit en pigments chez le parrain de la fillette avec qui elle a un excellent contact. Son apothicairerie se situe à deux pas de l'atelier.

Les pommades et remèdes qu'on y fabrique ne manquent pas d'intérêt.

L'atelier se spécialise dans les livres d'heures commandés par les riches bourgeois. Ce sont en réalité des livres de prières personnalisées en fonction de la demande des clients.

Marguerite montre vite des dispositions pour la peinture et se fabrique son propre livre d'heures en y ajoutant des réflexions personnelles et des peintures qui illustrent sa vie.

Une des scènes qui m'a le plus étonnée, c'est quand elle peint avec son père et son grand-père : elle affine la pointe de son pinceau en l'humidifiant entre ses lèvres. Ses lèvres prennent alors la couleur des peintures utilisées.

À la façon dont l'auteure écrit, quand elle fait référence au journal de la jeune fille, on croirait qu'elle a réellement existé.Elle réussit à faire prendre vie à son personnage.

Vers l'âge de 16 ans, sa mère très hostile, veut lui faire accepter le mariage. Cela donne lieu à des scènes très amusantes qui montrent le côté très affirmé de la jeune fille qui aura une vie intense de femme.

Le roman est parsemé de petites phrases en vieux français qui sont aisément compréhensibles et pas trop nombreuses.

Anna Delaflotte - Mehdevi mêle parfaitement les détails du métier d'enlumineur, de peintre avec la vie personnelle de la jeune femme. Tout ça dans une écriture tellement belle et profonde que je relisais des passages plusieurs fois.

Un grand coup de coeur.



Merci à Babelio "Masse critique" et aux éditions Buchet Chastel pour cette belle découverte.



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Le portefeuille rouge

Une autofiction jubilatoire... que je viens de dévorer en 2, 3 jours, avec d'autres lectures en alternance !

l'auteure s'est reconvertie comme relieuse...à la suite de son grand-père qui lui enseignait son art pendant les vacances, en s'éloignant de la "Diplomatie" où elle s'était originellement engagée professionnellement !

Reconversion qu'elle narre fort bien dans la "Relieuse du gué", récit que j'avais déjà beaucoup apprécié en 2008, comprenant une intrigue semi-policière..la restauration d'un livre rare, mystérieux apporté par un personnage non moins mystérieux....

Cela m'avait évoqué l'univers des auto-fictions , aventures réelles et pleines de suspense de l'antiquaire , Yvonne de Bremond D'Ars...

Tout dernièrement, en fouinant dans une des librairies de ma ville, j'ai eu la fort agréable surprise d'apercevoir sur les tables de nouveautés ce dernier texte de cette écrivaine-relieuse... qui nous entraîne dans une nouvelle aventure qui nous fait approcher cette fois au plus près le Grand Shakespeare.

Ce récit est très prenant quant à ces beaux métiers de relieur, restaurateur...qui nous introduisent dans les mondes voisins et reliés à ces univers: collectionneurs, commissaires-priseurs, bibliophiles, experts, conservateurs, dans une intrigue haletante, qui nous dévoilera peu à peu un face à face torturé, aussi passionné que manipulateur...entre deux relieuses, dont la narratrice... et deux trésors qui vont enflammer, faire exploser ce duo !



Je n'en dis pas plus... j'ose croire que ces modestes lignes auront "titillé" votre curiosité de découvrir cette auteure, relieuse de talent, qui exprime avec moult talents et en mots magiques l'amour de son art et des rencontres... dont ce très attachant microcosme du village où "notre" relieuse s'est installée, où elle s'est construite de solides amitiés, auprès de ses voisins commerçants et autres...

un très fort joli moment de lecture ... avec comme chaque fois le besoin de "ralentir" appréhendant que l'histoire finisse trop rapidement !!!



ET, "cerise sur le gâteau" ce texte m'a donné envie de me" pencher plus avant" sur le Grand Shakespeare... ce qui n'est pas rien !!!!
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Le livre des heures

En l’an de grâce 1468, la jeune Marguerite hante l’atelier d’enluminures qui dresse fièrement son illustre enseigne sur le pont Notre-Dame. Fascinée par l’oeuvre des copistes, elle n’aura pas besoin de l’aide de quiconque pour apprendre à déchiffrer l’alphabet puis un peu plus tard à lire.

La trace écrite n’est pas son seul entre d’intérêt, l’enfant sait regarder et rêve de reproduire la beauté du fleuve et les couleurs des saisons. Si elle broie du noir, ce n’est pas par mélancolie, mais parce que l’expression imagée d’un mal être provient de cette activité bien concrète qui consiste à écraser la matière, végétale ou minérale, qui permet d’obtenir les pigments.



La fillette grandit, sa passion ne s’affaiblit pas, et même si elle doit se résigner à convoler, le livre d’heures qu’elle alimente de ses émotions prend forme. Si ces ouvrages somptueusement illustrés étaient destinés à accompagner le fidèle, jouant le rôle d’un calendrier de prières, les illustrations contenues constituent un témoignage de la vie quotidienne de l’époque. Et dans le cas de Marguerite, on n’est pas loin d’un journal auquel elle confie ses angoisses et ses espoirs.



La passion pour l’art se superposera bientôt à une passion plus charnelle, inscrivant l’intrigue dans l’Histoire de la conquête de territoires inconnus.



Très instructif, le roman se lit avec un grand plaisir, d’autant que le personnage de Marguerite possède une force et une détermination qui en fait une belle figure du féminisme.



Merci à Babelio et aux éditions Buchet-Chastel
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La relieuse du gué

Elle s'appelle Mathilde Berger..

Diplomate de formation, ancienne du Quai d'Orsay, elle a démissionné pour accomplir le seul métier qui lui allait , celui de relieuse, cet artisanat noble, que son grand-père lui avait enseigné.

Elle quitte Paris, carrière , amis, s'installe à la campagne dans un beau village de Dordogne: Montlaudun;

Cuirs, fibres, feuilles d'or , pigments, colle, accompagnent Mathilde chaque jour qui restaure avec minutie et passion , les beaux ouvrages oubliés qu'on lui confie, des missels du curé aux ouvrages des archives locales et de vieilles éditions en cuir au dos désossés, aux reliures fatiguées , sortis opportunément des musées , afin de leur redonner un lustre certain.

Un matin, très tôt , un bel homme jeune, mystérieux et massif, lui apporte un drôle de livre de belle facture, dense, de beau papier relié à l'allemande ........

Las! Un peu plus tard, il se fait renverser par un camion .

A la morgue, famille ou amis, personne ne se présente.....n'en disons pas plus !

L'héroïne cherchera sans relâche qui peut- être cet homme sans identité .

D'une écriture fluide , ponctuée de citations de "Cyrano-de-Bergerac," nous découvrons un livre sur les rencontres et les secrets de famille, les failles et les douleurs, les rancoeurs et les faiblesses, l'amitié sincère et désintéressée à travers les personnages qui vivent dans la "ruelle " où habite Mathilde, l'horloger Mr Roche , fragile et bienveillant, amoureux fou de son métier, le cordonnier Sébastien , aux origines liées à celle de "l'inconnu ", le chaleureux boulanger André, simple, pétri de bon sens, chaleureux, qui sait "des Choses" , mais aussi la mesquinerie d'un maire et les ragots des petits villages, le charme bucolique de la campagne , une mystérieuse liste, les curiosités des uns et les rancoeurs des autres...



Un vibrant hommage aux beaux livres et au travail de la reliure au coeur d'une" enquête" qui sert de fil conducteur, des mystères, des rebondissements , des découvertes surprenantes!



Une bien belle histoire fraîche et agréable à lire malgré la première de couverture peu attirante.

Je l'ai emprunté à cause du titre , un premier roman original , limpide et bien écrit .

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Trop humain

J’ai bien apprécié ce roman d’Anne Delaflotte-Mehdevi « Trop humain » qui, habillement, aborde le débat sur l’intelligence artificielle.

Le petit bourg de Tharcy renaît de son exode rural avec l’arrivée de néo-ruraux qui forment une communauté au hameau du Buisson.

Subsistent quelques commerces, la boulangerie mais surtout l’hôtel restaurant « Le Bal » tenu par Suzie, l’ancêtre du village et véritable « arbre de vie ».

Malgré son âge avancé, elle sert encore au bar où les conversations vont bon train et cuisine, le midi, pour une douzaine d’habitués soit un ragoût ou les œufs de ses poules à la fameuse sauce meurette.

Mais tout ce petit monde va bientôt être ébranlé, l’ancien presbytère vient d’être racheté par un ingénieur, Monsieur Peck, qui l’habite avec son invention un assistant de vie électronique connecté, très beau et véritable clone humain.

Les langues se délient et l’hostilité des anciens et des nouveaux fait la quasi-unanimité. Lorsque Tchap, le robot, et son inventeur s’aventurent au bar ils subissent les sarcasmes mais doivent aussi répondre à quelques questions voulues embarrassantes pour tester cette foutue machine.

Suzie, si attachante et sensible, perplexe lors des premières rencontres va se laisser attendrir par le robot et finit par se confier lors de veillées, racontant son histoire familiale et celle du village que l’appareil, après accord, corrèle aux données informatiques qu’il reçoit. De quoi faire naître de nouvelles craintes de divulgations d'anciens secrets.

Notre héroïne pourra compter sur l’appui de Marius, un globe-trotter atterri dans le village, qui s’imposera pour seconder Suzie dans sa gestion du commerce mais aussi de Clara, descendante d’Alfrédine la marraine de Suzie, qui vient d’acheter la maison mitoyenne pour rouvrir la salle de bal attenante, fermée depuis la libération à la suite de sombres événements.

L’auteure nous restitue très bien l’esprit des petits villages avec sa petite histoire, ses « qu’en dire-t-on », ses ragots et sait, également, pour suivre l’exemple de cette sympathique vieille dame, nous influencer à adopter un regard un peu moins méfiant sur ces nouvelles technologies.

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Le livre des heures

On fait la connaissance de Marguerite en 1468 et on va la suivre jusqu’à la fin du XVe siècle. Elle habite sur le pont Notre-Dame, où est situé l’atelier d’enluminure de son père et son aïeul. Très vite, elle s’intéresse aux couleurs, aux pigments, à la manière de les broyer, les mélanger et elle se révèle très douée, au grand dam de sa mère qui veut la cantonner dans les tâches ménagères, lui rappelant sans cesse qu’elle n’est qu’une fille !



Marguerite a un frère jumeau, atteint d’épilepsie qu’on appelle alors le mal de Saint Jean, autre motif de hargne maternelle qui aurait largement préféré que ce soit elle qui en soit atteinte. Elle est très proche de ce jumeau sur lequel elle veille sans cesse tout en s’échappant vers l’atelier chaque fois qu’elle le peut.



Sa présence, seulement tolérée au début par les hommes de la famille, va peu à peu s’imposer tant le talent de l’enfant, puis de la jeune fille, est avéré et reconnu, notamment par son grand-père, qui n’hésite pas à l’envoyer chercher les pigments, les poudres chez l’oncle apothicaire de Marguerite.



Cela ne l’empêchera pas de trouver un mari, car elle se sent femme, mais veut choisi celui qui lui conviendra.



Un jour, l’amour surgira, avec l’entrée en scène d’un jeune Maure, Daoud, qui a dû fuir l’Andalousie de la Reconquista, se cachant derrière une identité toscane pour survivre.



Ce livre nous permet d’aborder, avec l’histoire de cette jeune femme, le statut des femmes de l’époque, cantonnée aux tâches ménagères, se devant d’être soumises à leur époux mais en général aux hommes de la maison. La société patriarcale est puissante, même si son père et son grand-père lui laisse prendre sa place, lui donnant le statut d’apprentie. Mais, l’auteure fait une place aussi à la Renaissance, ses espoirs, ses travers, ses dérives.



Marguerite est touchante, lorsqu’elle apprend à lire, puis à écrire toute seule, en secret, puis à travailler sur les lettrines de son livre d’heures, dans lequel elle livre quelques-uns de ses secrets, certains émois, le plus discrètement possible. Elle est remarquable aussi par sa force de caractère, qui force l’admiration. Sa relation fusionnelle avec son frère hypersensible est émouvante…



J’ai bien aimé ce récit, hommage à l’art, qui m’a fait penser à « La jeune fille à la perle » de Tracy Chevalier, l’écriture m’a plu, mais je suis un peu restée sur ma faim, alors que je m’attendais à un coup de cœur et à retrouver cette magie qui me plaît tant chez Jeanne Bourin et sa Chambre des dames ou ses Pérégrines…



Il est vrai qu’après « La plus secrète mémoire des hommes » de Mohamed Mgoubar Sarr et « Ton absence n’est que ténèbres » de Jon Kalman Stefansson, il était difficile de s’enthousiasmer à nouveau.



Un immense merci à NetGalley, Babelio et aux éditions Buchet Chastel qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteure dont je lirai probablement d’autres romans pour mieux faire connaissance.



#Lelivredesheures #NetGalleyFrance !


Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Trop humain

Dans la petite bourgade, le Bal, unique café tenu par Suzie n’a plus la splendeur du temps passé. Mais il accueille les habitués auxquels se mêlent parfois ces exilés de la capitale qui pour diverses raisons se réfugient à la campagne. L’un deux a acheté le presbytère et se rend au Bal accompagné d’un étrange compagnon, un AVE, version électronique d’un auxiliaire de vie, prêt à parer à toute défaillance de son propriétaire. Avide de connaissances qui amélioreront son fonctionnement Tchap le robot recueille les confidences de Suzie…



Très loin de la période historique décrite dans Le livre des Heures, ce roman s’ancre dans notre univers contemporain, avec ses progrès étonnants, et les théories du complot qu’ils ne manquent pas d’engendrer.

On pense bien sûr au roman de Ian McEwan Une machine comme moi. Mais la démonstration est différente. Même si les réactions de la population à la présence de ce robot reflètent bien nos craintes devant l’inconnu, une grande partie de l’intrigue est consacrée aux confidences de Suzie. Ce qui donne l’impression de flotter entre deux fils narratifs au risque de ne plus savoir auquel s’accrocher.



Beaucoup de dialogues et un style d’écriture qui donne la priorité à l’oral, ce qui rend la lecture facile, mais si différente de l’élégance du Livre des heures !



Un bon moment malgré tout, et une autrice que je ne manquerai pas de suivre.



Merci à Netgalley et aux éditions Buchet Chastel.



368 pages Buchet Chastel 11 janvier 2024

#Trophumain #NetGalleyFrance




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Le livre des heures

Quelle sécheresse d’écriture ! Aucune empathie ne se crée avec les personnages, même pas avec la jeune héroïne, qui pourtant avait tous les atouts pour devenir un beau personnage.

Ce récit demeure cependant interessant car c’est un récit factuel sur la période moyenâgeuse de la fin du XVe siècle et le début de la Renaissance, au coeur de Paris, et surtout un récit factuel sur le métier d’enlumineur, des professionnels qui logeaient sur le pont de bois Notre-Dame.

Le lecteur y apprend à broyer racines, pierres et autres matériaux pour confectionner les pigments, et à travers les yeux de l’héroïne à admirer les jeux de lumière issus de ces fermentations. Il fera également la découverte du métier d’apothicaire, mélange de médecin, herboriste, confiseur et pharmacien.



C’est un roman pauvre en sentiments, mais riches de couleurs. Chaque événement relaté est associé à des aplats de couleurs qui sont les véritables reliefs de ce livre d’heures, livres de prières, agrémenté ici de réflexions personnelles, d’ « éclats de vie ».



Un roman intéressant pour le côté historique, pour la place de la femme dans la société médiévale, mais doté d’une écriture documentaire, à la limite du listing parfois.

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Le livre des heures

Librairie Caractères- Issy / Commande mi-janvier 2022- chronique le 17 février 2022



Toujours une vraie jubilation de retrouver l’univers et les mots de cette auteure, découverte avec grand enthousiasme, il y a déjà quelques années, avec deux de ses livres, s’inspirant de sa pratique de « Relieuse » [comme son grand-père ] : « La relieuse du Gué » et « Le portefeuille rouge » [d'ailleurs ,offerts abondamment autour de moi …]



J’étais donc ravie de voir un nouvel écrit de cette dame, toujours très lié Au LIVRE !

Cette fois , notre auteure met en scène le parcours d’une fille et petite-fille d’enlumineurs, au XVe, peu de temps avant la naissance de l’Imprimerie.



Marguerite , très petite, est fascinée par l’atelier fondé par son grand-père, où son père travaille également…Elle se sauve de la maison et se réfugie dès qu’elle peut à l’Atelier,observant retenant tout ce qu’elle peut de l’exercice de l’enluminure, du broyage et de la fabrication des couleurs…



Hormis son jumeau adoré, Jacquot, auquel elle est très attachée, [celui-ci est malade et fragile], elle fuit sa mère, qui lui mène la vie dure, voulant que Marguerite se cantonne aux occupations traditionnelles des filles… : la maison, les corvées domestiques, la messe, et idée fixe maternelle : le Mariage….mais Marguerite n’en a que faire ; tout ce qui l’absorbe et la captive, c’est l’atelier d’enluminure, et ses passages quotidiens chez son parrain, apothicaire, où elle va quérir des produits nécessaires à son grand-père et son père, avec lequel elle entretient une belle complicité !



Nous sommes à Paris , à la fin du XVe siècle, sur le pont de Notre-Dame, où les corporations des libraires et des enlumineurs sont des plus florissants et actifs…



Pour une fois, les personnages les plus attachants et tolérants sont les personnages masculins : le père, le grand-père, le parrain, qui loin de cantonner Marguerite, l’encourage dans sa passion et ses talents de peintre, de dessinatrice, et d'enlumineuse. Le grand-père l’accepte comme « apprentie »… elle pourra, très exceptionnellement, réaliser ses rêves et son ambition suprême de devenir la meilleure « Enlumineuse » de la Capitale …

Il y aura bien sûr moult difficultés et épreuves, mais « notre » Marguerite a un sacré caractère et une sacrée détermination, elle persistera et réussira contre vents et marées ! !!!



Cette fiction est des plus vivantes et colorées grâce au choix de l’écrivain d’utiliser à de nombreuses reprises, un français ancien… des expressions moyenâgeuses, qui finissent de nous immerger dans cette époque…



Marguerite prendra la direction de l’atelier familial d’Enluminure à la mort du grand-père, pendant que son père voudra se lancer dans ce nouveau défi : l’Imprimerie !



« Mais ce projet du père est venu ouvrir des perspectives. L'industrie de l'imprimerie est en plein essor.De ce nouveau monde, le père veut être. (..)

Rien n'arrêtera cette nouvelle invention. Le livre qui était serré avec les bijoux ou les titres de propriété hier,sera demain laissé à portée de mains,lu,relu,on le partagera comme un repas, comme on partage l'essentiel. » (p.114)



Merci à l’auteure de ce très beau moment de lecture. Lecture pleine de charme, de vie et de couleurs chatoyantes (dans tous les sens du terme),soulignant à notre plus grand bonheur, l’unicité et la singularité magique des métiers liés aux soins, à la conservation et à l’embellissement de nos amis, Les Livres !

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Sanderling

Une catastrophe s'abat sur le monde. Les vieux tombent comme des mouches. La population doit sortir masquée. L'Union Européenne est en crise avec une présidente élue pour faire face à cette situation hors norme. Les pays d'Afrique s'en sortent mieux que les autres et trouvent dans cette tragédie une occasion de pouvoir "tirer leurs épingles du jeu", si tant est que "jeu" il y a.



Une description de notre sinistre actualité ?

Non.

C'est Sanderling d'Anne Delaflotte Mehdevi !



Et cela fait un drôle d'effet de lire ce livre, en plein marasme épidémique !



Anne Delaflotte Mehdevi imagine que le volcan islandais, qui a fait parlé de lui il y a quelques années, déverse toute sa lave, inondant l'Europe entière et une grande partie du continent américain, de fumées toxiques, obstruant la lumière et empêchant, non seulement toute vie mais aussi toute culture...Sanderling - Anne Delaflotte Mehdevi -



"Entre Saïgon et nous, il y a plus de ciel, Merlin, juste un rideau de poison qui finira par tous nous tuer, nos enfants, les oiseaux et les arbres et tout, tout..."



Ce livre m'a vraiment secouée, et pas seulement au regard de l'actualité présente, mais aussi parce qu'il nous livre une vision de ce que peut vite devenir le monde, notre monde, dans un cas extrême comme celui-ci, sans solidarité, sans entraide et système D. C'est aussi une belle réflexion sur le monde agricole, ce qu'il est devenu :



"Demander au paysan de se passer de phyto, c'est comme rêver qu'un ouvrier foute au feu son CDI pour se réjouir de faire carrière dans l'intérim. C'est pareil."



Ce qu'il va devenir :



"La terre, tu la laisses une saison en faire à son idée, t'en useras trois à la refaire à ta main. "



Et ce qu'il aurait pu être :



"Si on relève la tête après ce coup-là, j'espère qu'on en profitera pour ne pas répéter les âneries du passé, mais c'est bizarre, j'en doute !"



Et en filigrane dans tout cela, il y a le Sanderling à la patte cassée, qui n'en finit pas d'obséder Landry. Ce Sanderling, il rêve de le voir prendre ses quartiers d'hiver près de lui, se poser un temps dans les marécages, pour mieux repartir et continuer sa course... dans ce ciel, que plus personne ne peut voir.



"Oublie le bleu pour un temps Lila. Oublie le bleu."
Lien : http://page39.eklablog.com/s..
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La relieuse du gué

Mathilde est relieuse, elle aime redonner de la fraîcheur aux livres abimés, découvrir leur mystère calligraphié à l'encre ancienne, dissimulé sous une odeur de cuir, de pages jaunies, de déchirures, de moisissures. Cette passion, héritée de son grand-père, lui offre une chance de vivre en prenant le temps.



Un jour elle ouvre la porte de son atelier à un homme mystérieux, alors que dans la ruelle l'aube ne s'est pas encore pointée et que la pluie et le vent tambourinent les volets. Avec lui, les odeurs de cuir, de colle et de papier, se mêlent à l'odeur de forêt qu'il dégage, comme si un conte fantastique venait d'ouvrir ses pages. Il apporte sous son manteau un livre ancien à restaurer...



Dans cette ruelle, il y a le boulanger et ses croissants de sourire, le cordonnier qui fait taire les ragots comme il recolle les semelles, la vieille épicière qui collectionne les antiquités, l'horloger au cœur fragile, l'archéologue qui fouille le passé de ses pinceaux avant que la pelleteuse ne l'écrase...



Une belle découverte du métier de relieur, un moment de lecture agréable au milieu de toutes ces parfums ; parfums de secrets, d'artisanat, de passion, de Dordogne, pour nous faire découvrir celui de la vérité.

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La relieuse du gué

Malgré l’ordinateur mentionné très vite qui ramène ce récit à une époque contemporaine, il est facile de s’oublier dans les méandres du temps et de croire la Relieuse du gué ancré dans une lointaine époque.



Une petite rue d’artisans dans une Dordogne de carte postale, à quelques pas d’une rivière et de son gué, un boulanger qui fait des vers et des gâteaux, un cordonnier fantaisiste et piquant, deux vieilles folles pour tenir l’épicerie. Plus loin un prêtre intelligent et subtil dont la patience est mise à rude épreuve tandis que grenouillent ses paroissiennes affairées. Un maire à la faconde envahissante. Quelques vieilles et un horloger encore. Et une relieuse. Tout juste arrivée de Paris depuis moins d’un an, elle a ouvert sa petite échoppe avec toutes les économies que lui a léguées son grand-père décédé depuis peu. C’est d’ailleurs pour lui qu’elle a rejoint ce sud-ouest où il a vécu. Ce métier aussi qu’il lui a transmis. Mathilde restaure les livres anciens, en change le cartonnage, en lustre les cuirs, en redore les tranches. Comme Anne Delaflotte Mehdevi d’ailleurs, et cela nous vaut de très jolies descriptions et bien des précisions sur ce patient et habile artisanat.



On arrive dans ce livre par un jour de grand vent. Avec lui, les odeurs du gué, les nuages et un fond de tempête inquiétant pénètrent dans la boutique de la relieuse avant que ne soient frappés quelques grands coups à la porte, au jour à peine levé. Un grand jeune homme, d’une beauté de statue, qui regarde la relieuse de ses yeux vides et impassibles. Il sent la forêt, l’humus, les bois, comme s’il y avait dormi des jours entiers. Il a l’air fort et épuisé en même temps. Dans ses grandes mains, un livre lourd et dense qu’il serre comme un trésor mais se refuse à regarder. Il parle peu, et soudain tombe à terre, de fatigue, d’inanition. Il refuse qu’on l’aide plus avant. Son passage ne dure que quelques minutes, le temps de confier à Mathilde son livre, lui promettant de l’appeler mercredi, de revenir le chercher samedi. Il doit l’offrir à quelqu’un qui en prendra soin. Il doit repartir tout de suite. Il n’est déjà plus là, évanoui dans les bourrasques, laissant seulement derrière lui une impression tenace dans l’esprit de Mathilde, quelques odeurs et un livre à restaurer.



La suite de cette histoire est triste, vous la découvrirez. Elle sera ponctuée des vers de Cyrano de Bergerac, pièce chérie du grand-père de Mathilde et d’elle à sa suite. On y trouvera les souvenirs à peine enfouis d’une période pas si lointaine, une histoire de famille et de résistance, des vestiges bien plus anciens aussi. C’est une enquête portée par des intuitions, une loyauté aux liens et aux livres, les aventures d’une relieuse amoureuse d’un fantôme, d’une petite bande de personnages loufoques et attendrissants, toujours à la lisière du conte. C’est joliment écrit, agréable à lire et on se laisse facilement emporter dans ce récit délicat.

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Le livre des heures

Un jour de froid au cœur de l'hiver 1492, celui qui a fui Grenade, alors dernier bastion musulman, après avoir perdu père et mère, vient chercher refuge chez l'ami de son père à Paris. Et c'est là, dans cette apothicaire tenue par son parrain que Marguerite va tomber sous les charmes de ce bel homme venu de loin.



Marguerite est devenue une personne étonnante, dessinatrice exceptionnelle, elle est fascinée par la lumière et en fait son langage propre. Toute jeune elle a commencé dans l'atelier d’enluminure de son aïeul.



Ces deux jeunes personnes vont se découvrir et s'aimer en silence et à l'abri des regards car leur amour est interdit. Mais combien de temps vont ils pouvoir vivre ainsi ?



Anne Delaflotte Mehdevi nous livre un roman touchant, lumineux et grave. J'ai plongé dans ce récit comme Marguerite dans ses couleurs, avec délectation et bonheur. J'ai apprécié revivre cette période entre Paris et Grenade, même si je serais bien restée plus longuement dans les jardins du sud.....Dans cette Histoire fascinante et cruelle.



Un voyage dans le passé entre ombre et lumière.



#Lelivredesheures #NetGalleyFrance
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Le théâtre de Slávek

J'ai découvert par hasard , il y a quelques jours, dans le fonds Littérature d'une librairie de ma ville, ce dernier ouvrage d'Anne Delaflotte Mehdevi...



J'ai hésité, car deux ouvrages de cette auteure, dans des sujets différents, m'avaient tellement enthousiasmée qu'une appréhension m'a saisie...un moment. Pour ces deux romans, qui se passent dans le monde des livres

et de la reliure... [inspirés de sa propre expérience de relieuse], je voulais nommer "La relieuse du gué" et "Le Portefeuille rouge "...



Là, changement radical de décor: nous sommes propulsés dans l'histoire politique, artistique, religieuse, sociale de Prague et de la Bohême,

au 18 ème siècle...!



A travers le récit d'un homme vieillissant, Slavek, se souvenant de sa vie...nous parcourons l'histoire de Prague et de la Tchéchoslovaquie...à un rythme soutenu, et ceci dans tous les domaines possibles...



Très jeune, notre héros, Slavek a été renversé par le carrosse d'un comte, qui en dédommagement offrit à ses parents une forte somme d'argent pour palier à son éducation et à son avenir... Ce comte aura provoqué involontairement son infirmité, mais par la suite , il l'aida, le conseilla et à la mort de son dernier parent, son père bien-aimé, il l'invita dans un domaine loin de Prague, où il avait créé un domaine thermal avec bibliothèque, Théâtre, etc... pour l'aider à trouver sa voie...



Et cette voie, il la trouva : de gardien du théâtre, il devient "le maître des Lumières" des spectacles programmés, trouvant une abondance d' astuces pour jouer avec la lumière, les contrastes, mettre en valeur les danseurs, musiciens...acteurs.





Une qualité supplémentaire de ce roman historique, et pas des moindres : le style, avec des tournures inusitées, ...finit de nous immerger dans l'atmosphère de ce siècle des Lumières... !





Un roman très dense, qui est aussi un hommage vibrant à la ville de Prague, cité omniprésente de cette narration, que notre narrateur-protagoniste central se refuse à quitter... [Ville que l'on sent magique ,où l'auteure a vécu vingt-ans ]



Une galerie de personnages des plus attachants , qui nous accompagnent

pour nous raconter de façon dynamique les bouleversements politiques et religieux de cette cité d'art et d'histoire ...!!



Hommage à une ville mais aussi au Théâtre... lieu de vie et de création,

rempart à toutes les intolérances, guerres, douleurs humaines, etc.



"Qu'un nouveau théâtre vienne se nicher sous le toit de cette maison commune, au coeur du coeur de mon quartier, oui cela, même d'où j'étais, j'avais fini par l'entendre. (...)

De nuit, sous la charpente en forme de coque de navire renversé, bientôt on jouerait la vie.



Oui, cela je l'entendais.



Quand j'écrivais que cette bête d'homme a besoin pour vivre d'autre chose que de pain et d'eau." (p. 326)



Une magnifique lecture... vraiment captivante, à maints égards...



Il ne me reste qu'à découvrir... dans un avenir pas trop lointain... cette fameuse ville de Prague, tant vantée par notre narrateur [sûrement le porte-parole de notre auteure, ... au vu de son attachement passionnel et indéfectible à ce lieu, en dépit des épreuves,des conflits décrits, au fil du récit ]...

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Le portefeuille rouge

Dans son atelier, Mathilde, une jolie relieuse, travaille avec les outils de son grand-père, dans un petit village du Sud-Ouest. Mais une étrange consoeur, Astrid Malinger, vient troubler sa vie monotone pour lui proposer un travail de restauration particulièrement délicat sur un exemplaire du premier Folio de Shakespeare !

Mathilde devra se rendre dans l'atelier d'Astrid durant une semaine, à une soixante de kilomètres de son domicile, avec l'interdiction absolue de parler du livre qui sera très vite convoité par les bibliophiles du monde entier…. Mathilde découvre alors la perversité d'Astrid mais aussi d'étranges feuillets dans un portefeuille rouge…

Les gestes méticuleux, la sensualité des peaux, la beauté des objets tranchent avec la rudesse d'Astrid, la tension est palpable à chaque page. Mathilde est désormais en proie à bien des tourments. Elle se livre à de passionnantes recherches historiques pour découvrir l'origine de l'étrange manuscrit tandis que le comportement d'Astrid ne cesse de l'inquiéter. Mais le charmant Karel, commissaire-priseur, est là pour veiller sur elle..

Le récit permet de plonger de manière passionnante dans le milieu des collectionneurs, le charme de ce roman en trois actes opère dès les premières lignes. Les personnages, parfois un peu lisses, sont attachants et les dialogues sonnent juste. Il y a quelques longueurs à la fin de l'histoire mais l'intrigue tient le lecteur en haleine jusqu'au bout. Anne Delaflotte Mehdevi, elle-même relieuse, signe un roman captivant qui donne vraiment très envie d'en savoir plus sur l'oeuvre et la vie Shakespeare.
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La relieuse du gué

Me voilà bien ennuyée de ne pas me joindre au concert de louanges sur ce roman qui me donnait bien envie, pourtant.

J’avais bien envie, en effet, de vivre dans cette petite ruelle d’antan, au bout de laquelle coule une rivière enjambée par un petit pont.

J’avais bien envie de connaitre ces gens encore passionnés par leur métier, que ce soit le boulanger, la quincaillière, le cordonnier et la relieuse, bien entendu.

Et j’avais bien envie de vivre quelque temps dans l’atelier de cette relieuse, de m’imprégner des parfums des vieux livres, de la regarder œuvrer avec délicatesse.



Hélas, même si j’ai goûté l’atmosphère, je n’ai pas adhéré à l’histoire de l’inconnu venu frapper à la porte de la relieuse pour lui confier un livre qu’il tient sur son cœur mais qu’il ne regarde pas. Et puis qui meurt dans un accident en sortant de l’atelier. J’ai bien compris que la relieuse était bouleversée (d’autant que ce jeune homme était d’une beauté de dieu !) mais en ce qui me concerne, je n’ai rien ressenti.

La voilà qui part à la recherche de l’identité du jeune mort, et en même temps, nous assistons à ses déboires avec le maire qui n’a pas l’air d’apprécier le papier caché dans le livre en question…

Trop de thèmes qui ne m’ont pas semblé exploités en profondeur : peut-être est-ce la raison pour laquelle je n’ai que très moyennement aimé cette histoire.



En outre, les explications sur la façon de relier un livre m’ont paru difficiles à comprendre à cause des nombreux mots de vocabulaire spécifiques et non expliqués.

J’avais adoré « La papeterie Tsubaki » où l’auteure nous initie à la calligraphie et je croyais retrouver le même plaisir de lecture.

Tant pis, je laisse donc cette jeune femme passionnée à son ouvrage délicat et accueillir d’autres lecteurs dans son atelier.

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La relieuse du gué

Une relecture de ce premier texte, qui met en scène notre sympathique relieuse, Mathilde !



Relecture que j'ai achevée il y a déjà plus de deux semaines, après avoir savouré "Le portefeuille rouge", récit où nous retrouvons notre relieuse, en but à une nouvelle aventure !



L'auteure a l'art et la manière de décrire, faire vivre son métier de relieuse-doreuse, ainsi que d'autres artisanats, comme le bijoutier-horloger du village où elle s'est installée, passionné lui aussi par les savoir-faire de sa profession...



Comme je l'ai déjà formulé, ces deux enquêtes dans l'univers de la reliure m'ont fait songer aux récits très vivants, et prodigues en suspens de l'antiquaire-écrivain, Yvonne de Bremond D'Ars, qui utilisait avec talent les expériences de son métier, pour nous plonger dans des aventures riches

en rebondissements...



Cette "Relieuse du gué" est une histoire prenante, poignante...

Hormis la "Reliure", l'archéologie possède une place de choix dans cette auto-fiction...



Un seul regret infime : la conclusion de l'histoire m'a laissé quelque peu sur "ma faim". Un goût d'inachevé, d'incomplétude, après avoir vibré, avoir été captée par l'histoire et le destin de jumeaux...à travers un atlas mystérieux de magnifiques dessins anonymes, originaux d'un "fanum" ,à restaurer . Comme j'ai été entraînée par la ténacité des recherches de notre relieuse. Je n'en dis pas plus... C'est déjà trop !!!



Le grand plaisir de ma lecture de "La relieuse du Gué" et du "Portefeuille rouge" tient autant au suspens , savamment dosé qu'à l'abondance d'éléments informatifs, sur la Reliure, les livres, mais aussi différents

savoir -faire que l'auteure nous fait pénétrer et aimer....
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Le portefeuille rouge

J’avais laissé Mathilde revenir à la quiétude de son atelier de reliure près du gué. Après toutes les aventures qui l’avaient conduite à restaurer un livre mystérieux, exhumer des ruines antiques et rencontrer fugacement l’amour, là voilà qui coule des jours paisibles au voisinage de ses amis. Tout est calme et tranquille jusqu’à ce qu’une célèbre relieuse, insupportable, arrogante, pédante et étrangement attachante rentre dans la boutique et exige que la jeune femme l’assiste dans une mission de restauration secrète. Rien moins qu’une des toutes premières éditions de Shakespeare à laquelle elle veut offrir une reliure digne de sa rareté avant de la mettre en vente en Angleterre. Mathilde, elle, aura la charge de restaurer le papier.



Bien sûr, la jeune femme accepte. Elle part pour quelques jours dans l’atelier d’Astride Malinger, la consœur relieuse donc, à quelques kilomètres de là. De nouvelles rencontres, une étrange et captivante découverte, un mystérieux passé, de nouvelles amours, tout va pouvoir se mettre en place pour accompagner le lecteur dans une charmante enquête littéraire et provinciale.



J’ai pris plaisir à retrouver le personnage de Mathilde, son petit monde de livres et le pittoresque du décor qui l’entoure. Bien sûr, il ne faut pas chercher beaucoup de réalisme dans ces aventures. Et cet épisode n’aura pas le charme profond, habité de vents et d’irrationnel qu’avait pris la Relieuse du gué. C’est la suite d’un succès et cela se sent. Mais si on ne fait pas la fine bouche, si on passe outre quelques ficelles un peu faciles, on peut aimer le personnage d’Astride, sorte de misérable Cruella au destin pathétique. On peut s’amuser du voyage en Angleterre et de la manière dont l’histoire de Shakespeare vient habiter celle de Mathilde. Et trouver tout à fait agréable de voguer ainsi au travers des livres et des siècles, portés par le talent à raconter les histoires, la joie de les écouter.

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Sanderling

Landry part en voyage, un peu malgré lui, vers les étendues du Grand Nord. Las de sa vie, il fait en sorte de s'attarder sur ces terres isolées, glaciales, mais vivantes. Ce village du Groenland, avec ses maisons colorées, ses oiseaux qui nichent à même le sol, font écho en lui. Landry est un paysan qui a le sens du juste et du suffisant.

De retour chez lui, en France, il est riche de ce qu'il a découvert là-haut. Ce voyage ne le quitte plus. Il le rattrape même avec l'éruption des volcans islandais qui enferment l'Europe du nord sous un couvercle de gaz et de cendres. Une répétition du scénario de juin 1783, avec l'éruption du volcan Laki.

Catastrophe naturelle qui entraîne des flots d'immigrés vers le sud, jusqu'en Afrique.

Le monde est inversé, déboussolé. Plus rien ne pousse, le soleil est absent, les inondations rongent la terre, la canicule et le froid se succèdent. Tandis qu'au sud, l'Afrique verdit et prospère.



C'est un roman sur le monde agricole, sa précipitation sans freins vers la modernité, ses tentatives de revenir vers une alliance plus raisonnée avec la Terre. Mais que reste-t-il de ses querelles lorsque le soleil ne se montre plus, lorsque la nature devient indomptable ? Il reste la solidarité, l'innovation intelligente alliée à la richesse du savoir d'autrefois, l'attention à la nature, au vivant.



Un roman sur l'environnement et les hommes, sur sa violence et son aveuglement, mais aussi sur sa capacité à raisonner, à réagir lorsqu'il est au bord du gouffre. Le volacan Laki avait peut-être précipité la Révolution française, ici c'est une Révolution écologique qui s'annonce, à rebours de la modernité fracassante.



J'ai aimé la narration, la façon de donner la parole à chacun des habitants à tour de rôle, à la manière d'un documentaire, où chaque point de vue donne un nouvel angle à la tragédie, chaque sentiment est exploré, de la générosité à l'égoïsme, du partage à la violence. J'ai aimé le parallèle entre catastrophe naturelle et guerre. Il en découle les mêmes comportements.



Je remercie Babelio et les Éditions Gaïa pour ce roman profond, effrayant, qui reflète parfaitement les enjeux agricoles et environnementaux auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui.

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Le théâtre de Slávek

Alors que ses dernières forces l'abandonnent et que la vie peu à peu le quitte, Slavek Sykora prend la plume pour coucher sur le papier l'histoire de sa vie et de sa ville. Né à Prague en 1707, il grandit dans la vieille ville, entouré de fidèles amis, choyé par sa mère et protégé par son père, maître d'oeuvre, qui l'emmène sur tous ses chantiers. Cette enfance heureuse, libre et insouciante prend un tournant tragique un jour qui pourtant se voulait festif puisque la ville toute entière reprenait vie après avoir vaincu la peste. Alors qu'il flâne le nez au vent avec ses amis, Slavek passe sous les roues de la calèche du comte Sporck. Il survit miraculeusement à l'accident et le médecin réussit à éviter l'amputation de ses jambes, mais il ne pourra plus jamais courir dans les rues de sa ville. Conscient de ses responsabilités, le comte prend en charge l'éducation de Slavek et lui promet d'être toujours là pour lui venir en aide. Grâce à son aide financière, Slavek pourra bénéficier d'un précepteur qui l'instruira sur le monde, et plus tard, trouvera un emploi dans le théâtre construit par Sporck. Il sera le ''maître des lumières'', celui qui s'occupe d'éclairer les acteurs et la scène, à Prague ou dans la ville thermale de Kuks où il suivra le comte durant l'été. Une vie somme toute bien remplie, épanouie et heureuse, malgré les amours contrariés, les drames, les guerres, les deuils.



Une traversée enchantée de Prague au XVIIIè siècle.

Slavek, héros discret et séducteur, nous raconte sa ville bien-aimée qui a su s'épanouir malgré les épidémies, les guerres, les sièges, les conflits religieux. Architecture, sculpture, musique, peinture, théâtre...Prague est une ville d'art où Slavek peut exercer sa passion de la lumière grâce à son protecteur et mécène, le comte Sporck, personnage ayant réellement existé et qui fut à l'origine de la ville thermale de Kuks où il fit construire un château, des bains, un théâtre, une bibliothèque. C'est dans cette campagne que Slavek pourra choisir sa voie et qu'il deviendra éclairagiste. Condamné à marcher avec des béquilles, il n'en sera pas moins un séducteur et connaîtra nombre de femmes, des femmes aimées, des femmes perdues, des femmes qui seront remplacées par son amour pour Prague. Ville de conflits mais aussi ville d'art, Prague sera son éternel amour, un berceau qu'il ne voudra jamais quitté malgré les heurts, les bombardements, les famines.

Anne Delaflotte-Mehdevi possède l'art de partager ses passions. Après la reliure dans La relieuse du gué, elle évoque ici une ville qu'elle aime et où elle a vécu. Bien documenté sans être didactique, parsemé d'anecdotes et de solides références historiques, son roman est une rencontre réussie avec un personnage et une ville. Slavek et Prague, indissociables, sauront vous amuser, vous émouvoir, vous instruire, vous convaincre. Un roman lumineux.
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