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Citations de Anne Plantagenet (134)


Julia ne serait pas une héroïne de roman, une de ces femmes éblouissantes, au charme renversant, pour qui tous les hommes se tueraient d’amour, elle ne s’était fait aucune illusion. Elle était une paysanne sans attrait particulier, née dans la misère, fille unique d’un couple de paysans nés eux-mêmes dans la misère de parents paysans nés dans la misère…
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Le combat de Papa est terminé, il le sait. Il était terminé déjà quand il avait rencontré la vieille femme la veille. Il ne lutte plus.
Comme Julia. Depuis des mois elle a abandonné tout ce qui l’a constituée jusque-là, elle devient laide, alcoolique, dans l’indifférence générale. Personne ne viendra la sauver. Ses parents, dans le village au bas de la vallée, encore moins que les autres. Julia ne les a plus vus depuis… Des gens si abattus devant la vie, si maladroits avec leurs sentiments.
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Elle ne veut pas se faire posséder. Elle n’est pas là pour sympathiser avec le prisonnier. Il ne
faut pas que Julia l’oublie, un monstre avec une apparence humaine. Blessé, un monstre peut même s’offrir le luxe d’être attendrissant. Attention, rester vigilante. Il ne faut pas, il ne faut pas relâcher la garde, se rabâche Julia. Que sait-elle de toute façon ? Papa dénoncé ? C’est une évidence. Autour d’elle elle connaît des dizaines de gens qui l’auraient trahi.
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Le prisonnier en sait long sur la nature humaine. Il a fait le tour du monde, a vu la misère et la méchanceté partout, l’injustice,la bêtise. Il a vu la souffrance, des hommes et des femmes terrassés. Il a lu toute la vie de Julia en quelques mots. Il en a vu ailleurs des Julia, dans d’autres coins du monde. Il n’a rien contre elle en particulier. C’est une pauvre fille, il a vaguement pitié. Elle a eu un grand amour, ce grand amour est parti avec une autre, rien d’original, c’est l’histoire de l’humanité, la nécessaire désobéissance au septième commandement. Elle s’en relèvera.
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Dans sa classe, c’est elle qui commande. Elle ne connaît pas d’autre autorité que la sienne et tolère mal les interruptions. À la porte, l’homme bat en retraite, les yeux à terre. Sale engeance, basse et mesquine. Julia entend une clé tourner dans la serrure. Elle n’avait pas remarqué qu’ils étaient enfermés. Quand elle était arrivée, la vue du sang obscurcissait ses facultés, lui bouchait les sens. Elle ignorait d’ailleurs qu’il y avait une clé. Où donc l’ont-ils trouvée ? Elle n’a jamais verrouillé sa classe, son école, pour elle c’est un espace qui doit rester ouvert à tous à toute heure, une sorte de forum. Tout sauf une prison.
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Le jour où Julia a découvert qu’il y avait une autre femme dans la vie d’Abel elle a commencé à boire. Ce fut aussi simple, aussi naturel. Il y a eu cette réalité crue, brutale et inattendue, à laquelle Julia n’a pas pu faire face. Une énormité, une vérité trop grosse pour elle. Comme une avalanche qui l’aurait ensevelie jusqu’au moment où sa main a saisi la bouteille de cognac posée là, qui l’a empêchée de mourir de froid et d’étouffement.
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En attendant c’est un homme à terre et bien moins glorieux que sur les clichés de sa grande époque. N’a-t-il pas été
ministre dans son pays pendant un temps ? Julia n’est pas très sûre. À quoi ça tient une vie ? Avait-il besoin de jouer les héros, cet homme-là ? À terre pourtant, c’est toujours un chef, aucune ambiguïté. Julia repousse non la compassion mais l’étonnement qu’elle commence à ressentir depuis plusieurs minutes, et qui lui fait honte, au nom des victimes probables de Papa. Julia ne peut s’empêcher de trouver au prisonnier une certaine grandeur, exaspérante et bien palpable. Elle est consternée et énervée. Même dans la déchéance la plus totale, même dégradé à ce point, Papa ne semble pas tombé. Il n’est pas tombé. Contrairement aux apparences, c’est un homme debout. Beaucoup plus debout que tous les gars alentour qui conspirent à quelques mètres, derrière les murs de la classe, bombant le torse, attendant leur récompense.
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Même vaincus, certains êtres ne chutent pas. Papa semble être de ceux-là. Après avoir défié le monde entier, après s’être lancé au cours des derniers mois dans une cavale éperdue dont Julia n’est pas sûre d’avoir saisi le but et qui ne l’intéresse pas, le voilà qui se fait prendre, ou qui se rend, les témoignages des gars, fusant de tous côtés, ne concordaient pas, le voilà qui tombe en tout cas entre les mains de ses ennemis, blessé, affaibli, malade. À présent c’est terminé pour lui. Il sera probablement jugé et condamné à la prison. On lui trouvera des circonstances atténuantes. Pour une partie de l’humanité cet homme est un brave. Ordure pour les uns, héros pour les autres. Une histoire à deux versants.
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La phrase interrogative sert à poser une question, récite le prisonnier qui semble lire dans les pensées de Julia et la fixe sans ciller. C’est bon, ajoute-t-il, en désignant du menton le cognac que Julia tient toujours devant sa bouche. Ça fait longtemps, merde. Si tu savais ce que j’ai bu ces derniers temps… tu n’y croirais pas… si je te disais… même de la pisse… Tu en reprends avec moi ?
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– Dans un combat, il y a toujours des morts, dit le prisonnier. On gagne ou on perd.
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Elle a peur de voir en lui le néant qui l’attire, plus propre que la folie. Quand Abel lui a fait mal, Julia a frappé très fort sa tête contre les murs de chez elle pour se faire plus mal encore, elle s’est cognée comme une bête sauvage, piquée au vif, éperonnée aux flancs, donnant des ruades, tant et si bien qu’elle s’est cassé le nez, elle a une petite bosse désormais.
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Elle est l’institutrice. Elle a dix-neuf ans. C’est un sale coup, une affreuse plaisanterie. Elle était faite pour la beauté, la musique de Beethoven, la cuisine du terroir, les promenades dans les champs, pas dans les forêts, qui l’oppressent, Julia, il lui faut du vaste, du large, de l’étendu. Elle aimait la danse et les fleurs blanches, l’amour à la hâte, l’amour urgent, impératif et pressé, ça ne l’a jamais gênée qu’Abel la prenne debout ou sur un coin de table, à l’animal, les manières Julia les laisse aux dames des grandes villes. Et Abel n’avait rien contre. C’était un homme précieux dans ses manières, sa bonne éducation, le soin qu’il mettait à plaire le trahissaient à chaque mot. Maître de son langage. Son corps, en revanche, démasquait sa vraie nature de jouisseur, de possédé des sens. Son corps faisait de lui ce qu’il voulait.
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En bande, les hommes sont toujours plus méchants. Il faudrait qu’elle lui parle, se répète Julia, même s’il la dégoûte, même s’il lui donne envie de vomir. Qu’elle lui parle sans s’apitoyer, sans oublier ses crimes. Elle veut être dure.
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La phrase interrogative. Sert à poser des questions. À l’écrit, commence par une majuscule et se termine par un point d’interrogation. Peut débuter par un mot seul (comment / pourquoi / où / qui / que / quand) ou par un groupe de mots (est-ce que / qu’est-ce que) mais aussi par un verbe (Viendras-tu ce soir ? / M’aimes-tu encore ?). Avec inversion du sujet.
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Ce n’est pas facile de partir en laissant derrière soi un homme. Un homme dans un tel état. C’est sa classe, elle est forcément concernée, ne peut pas s’en laver les mains, être celle qui n’a rien vu rien entendu rien senti. Julia est paralysée par la trouille et le doute.
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C’est un assassin dit-on, un monstre, même s’il a l’apparence d’un homme. Pour quelle raison Julia devrait-elle avoir pitié, faire du sentiment ? Julia va tout flanquer par terre et rentrer chez elle. En dépit de la présence de cet homme dans sa classe. Elle se sent mal, et sa nausée n’est ni de l’ivresse ni le vertige du manque de sommeil, du manque d’amour. Cet homme qui respire encore, si mal, ne devrait pas être là. Il n’aurait jamais dû croiser la route de Julia. Il n’a rien à faire dans son école. C’est épouvantable, songe-t-elle, comme on décide pour elle de son histoire.
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Julia n’aime pas voir tous ces gars dans sa petite école, agglutinés devant l’entrée et dans la cour de récréation, munis des armes qu’ils ont dénichées, les moyens ridicules et outrés du bord, du matériel de paysan à l’outil de cuisine. Julia n’arrive pas à s’empêcher de penser aux gosses, à ce qu’elle essaie de leur inculquer et qui se disloquerait en une seconde s’ils voyaient à présent la réalité sous un autre éclairage, leur école devenue prison, mouroir, faux tribunal, les villageois soldats et leur institutrice au milieu, jouet de l’histoire, aux prises avec la démence et l’alcool. Ne pas se fier aux apparences, jamais.
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Elle n’a pas le cœur à rire, c’est dommage. Elle n’a plus le cœur à pleurer. Elle n’est même pas sûre d’avoir peur. Tout l’indiffère. À son tour d’obéir aux ordres, en bon petit soldat propulsé sur le front, en sacrifiée de l’histoire. Au fond sa vie ne vaut pas grand-chose, on la lui a cassée ou elle l’a ratée, vpeut-être les deux, Julia ne sait pas bien encore, ne parvient pas à s’éloigner du champ pour examiner de loin les débris de la bataille, elle s’était dit qu’un jour elle y arriverait, un jour elle remonterait, même si elle ne se l’est pas dit souvent, et seulement après quelques verres de cognac, elle s’était répété au creux de la nuit, je m’en sortirai, je renaîtrai, en femme nouvelle, plus forte, tout sera derrière moi, j’aurai traversé l’épreuve et alors ce sera le vrai début, je ne vais pas me laisser détruire.
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Pourquoi tant de drame, les hommes n’ont aucun sens des réalités, ils n’ont que celui des trophées, leur égoïsme sidère Julia, ça ne les dérange pas de l’envoyer en pâture dans la cage au fauve du moment qu’il vive, tout ce qui compte pour eux c’est ça, qu’il vive, au moins jusqu’au lendemain, l’arrivée des chefs. Papa ne fera qu’une bouchée d’elle, ils le savent bien, c’est un tueur, un prédateur sans état d’âme, alors en plus il faudrait qu’elle se presse, qu’elle coure au martyre. Personne ne pense jamais à elle. Je suis prête, souffle Julia. Et elle glisse son bâton de rouge dans sa poche, la bouteille de cognac dans son châle. Au point où elle en est. Papa boira bien avec elle.
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La blessure de guerre, c’est un autre registre, le domaine de Papa. Il pansera ses plaies seul, on prétend bien qu’il était médecin, avant. Julia n’est qu’institutrice. Il n’y a pas d’infirmière au hameau, il n’y a rien dans ce trou, des histoires qui finissent et des captifs qui meurent, les vies s’éteignent et Julia pleure après l’école. La journée, nul ne la voit et la nuit elle s’accroche à Beethoven et au cognac. Un petit verre ou deux, ou trois, ça ne peut pas faire de mal, personne ne le sait, ne le soupçonne, qui possède ici un brin d’imagination ? Julia demeure quelqu’un de respectable, elle apprend l’alphabet aux enfants, il est impensable que la nuit elle se cogne la tête contre les murs.
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