Citations de Antoine de Saint-Exupéry (3236)
Aimez ceux que vous commandez. Mais sans le leur dire.
Si les insomnies d'un musicien lui font créer de belles oeuvres, ce sont de belles insomnies.
Ces hommes-là sont heureux, parce qu'ils aiment ce qu'ils font.
L'homme était pour lui une cire vierge qu'il fallait pétrir. Il fallait donner une âme à cette matière, lui créer une volonté. Il ne pensait pas les asservir par cette dureté, mais les lancer hors d'eux-mêmes.
Le règlement, pensait Rivière, est semblable aux rites d'une religion qui semblent absurdes mais façonnent les hommes.
Il ne pense rien, disait de lui Rivière, ça lui évite de penser faux.
Il n'était guère aimé, car un inspecteur n'est pas créé pour les délices de l'amour, mais pour la rédaction de rapports.
Cet homme éprouvait, en face de sa vie passée, le tranquille contentement du menuisier qui vient de polir une belle planche: "Voilà, c'est fait".
La terre était tendue d'appels lumineux, chaque maison allumant son étoile, face à l'immense nuit, ainsi qu'on tourne un phare vers la mer.Tout ce qui couvrait une vie humaine déjà scintillait.
On est riche aussi de ses misères.
Tout ce qui fait douce la vie des hommes grandissait vers lui: leurs maisons, leurs petits cafés, les arbres de leur promenade. Il était semblable à un conquérant, au soir de ses conquêtes, qui se penche sur les terres de l'empire, et découvre l'humble bonheur des hommes.
Le ciel était calme comme un aquarium.
Tout au long de ce livre j’ai cité quelques-uns de ceux qui ont obéi, semble-t-il, à une vocation souveraine, qui ont choisi le désert ou la ligne, comme d’autres eussent choisi le monastère ; mais j’ai trahi mon but si j’ai paru vous engager à admirer d’abord les hommes. Ce qui est admirable d’abord, c’est le terrain qui les a fondés.
Telle est la morale que Mermoz et d’autres nous ont enseignée. La grandeur d’un métier est, peut-être, avant tout, d’unir des hommes : il n’est qu’un luxe véritable, et c’est celui des relations humaines. En travaillant pour les seuls biens matériels, nous bâtissons nous-mêmes notre prison. Nous nous enfermons solitaires, avec notre monnaie de cendre qui ne procure rien qui vaille de vivre.
Fais de ta vie un rêve, et d'un rêve une réalité.
J'accepte la mort. Ce n'est pas le risque que j'accepte. C'est la mort. J'ai appris une grande vérité. La guerre, ce n'est pas l'acceptation du risque. Ce n'est pas l'acceptation du combat. C'est, à certaines heures, pour le combattant, l'acceptation pur et simple de la mort."
Victoire… Défaite… ces mots n’ont point de sens. La vie est au-dessous de ces images, et déjà prépare de nouvelles images. Une victoire affaiblit un peuple, une défaite en réveille un autre. La défaite qu’a subie Rivière est peut-être un engagement qui rapproche la vraie victoire. L’événement en marche compte seul.
En somme je fais mon métier? Je n'éprouve rien d'autre que le plaisir physique d'actes nourris de sens qui se suffisent à eux-mêmes. Je n'éprouve ni le sentiment d'un grand danger (j'étais autrement inquiet en m'habillant), ni le sentiment d'un grand devoir. Le combat entre l'Occident et le nazisme devient, cette fois-ci, à l'échelle de mes actes, une action sur des manettes, des leviers et des robinets. C'est bien ainsi. L'amour de son Dieu, chez le sacristain, se fait amour de l'allumage des cierges. Le sacristain va d'un pas égal, dans une église qu'il ne voit pas, et il est satisfait de faire fleurir l'un après l'autre les candélabres. Quand tous sont allumés, il se frotte les mains. Il est fier de soi.