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Roger Grenier (Éditeur scientifique)Édouard Parayre (Traducteur)
EAN : 9782070345571
304 pages
Gallimard (03/04/2008)
4.09/5   69 notes
Résumé :

" Ce qui est médiocre, dit un personnage dans Ionytch, ce n'est pas de ne pas savoir écrire des nouvelles, mais d'en écrire et de ne pas savoir le cacher. " Petit clin d'œil ironique d'Anton Tchékhov, qui a publié des centaines de nouvelles... et ne l'a pas caché. Celles qui composent le présent recueil ont été écrites entre 1891 et 1898. Tchékhov est au sommet de son art, mais on peut trouver qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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D'abord traduit sous le titre "Valet de chambre", puis "Récit d'un terroriste", "Récit d'un inconnu" est un court roman (ou longue nouvelle) à travers lequel Anton Tchekhov met en scène Orlov, fonctionnaire poltron et veule, Stépane, son domestique, et Mme Krasnovskaïa, maîtresse d'Orlov.

Le roman débute par les descriptions de l'intérieur bourgeois d'Orlov qui vit en garçon. Noceur et retors à l'engagement affectif, il a pour maîtresse une femme mariée qui est follement éprise de lui. A telle enseigne qu'elle quitte bientôt son mari pour vivre chez Orlov en "union libre". Orlov, trop homme du monde pour jeter à la rue la jeune femme, mais n'ayant aucune envie de vivre en ménage avec elle ou n'importe quelle autre femme, se voit contraint de changer ses habitudes - ou plutôt de ne pas les changer et pour cela, d'apprendre à ruser.

Dans la maison évoluent les domestiques, Pauline la servante et Stépane, le valet, personnage principal du roman. Socialiste engagé, il n'a intégré le service d'Orlov que dans l'espoir de pouvoir atteindre et tuer son père, grand homme d'Etat. Mais les charmes de Mme Krasnovskaïa et la compassion que lui inspire sa situation fausse vis-à-vis d'Orlov lui font revoir ses plans...

J'ai beaucoup apprécié ce roman de Tchekhov qui bien que n'excédant pas 200 pages est d'une intensité savoureuse. Le récit est dense et permet à l'auteur de développer différentes personnalités à travers des personnages attachants ou repoussants. La dimension dramatique est amenée subtilement, avec talent.


Challenge XIXème siècle 2020
Challenge SOLIDAIRE 2020
Challenge RIQUIQUI 2020
Challenge MULTI-DÉFIS 2020
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J'ai eu une version de 15 nouvelles dont la plus longue est Récit d'un inconnu et toutes les autres sont courtes mais elles respirent toutes cette verve fascinante propre à l'écriture de Tchekhov , partant de la banalité d'une situation vers une tragédie subrepticement maquillée, des personnages ordinaires qui trimbalent en eux la psychologie de toute une société ou d'une couche sociale, des petits rebondissements qui constituent l'essence même des nouvelles de Tchekhov et cette petite folie qui anime chaque personnage...ces ingrédients font que chaque nouvelle, quelque soit sa longueur, est d'une densité à la fois dramatique et passionnante...
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Ce livre compte 6 nouvelles : « Récit d'un inconnu », « La peur », « le professeur de Lettres », « En tombereau », « Les Groseilliers » et « Ionytch ». Ces nouvelles sont sombres et pessimistes pourtant, il y a une pointe de cet humour bien spécial à Tchékhov, telle cette phrase : « Si vous craignez la solitude ne vous mariez pas ». Ses héros ont peur de la vie, peur de ne pas être aimé, peur d'aimer et de perdre la liberté, ils manquent d'ambition, s'ennuient et s'ils rencontrent l'amour c'est souvent sans partage car ils sont dans l'incapacité de communiquer… Bref on peut s'ennuyer ou « broyer du noir » comme ces héros, mais non, pas du tout !
Je m'arrêterai principalement sur « Récit d'un inconnu » la nouvelle la plus longue. Tchékhov nous conte admirablement une situation banale, digne d'un marivaudage.
le décor est planté, nous sommes dans une riche maison bourgeoise, celle du fonctionnaire Orlov dont le père est un important homme d'Etat. Un homme donc, un inconnu (Stépane) se fait engager comme valet sous une fausse identité, dans le seul but de tuer le père d''Orlov qu'il considère « comme ennemi de sa cause ».
Ce récit est dense et tragique. Tchékhov peint admirablement les caractères, la vie sombre, sordide et désespérée de ces êtres ordinaires.
Elle, magnifique, jeune ardente et amoureuse vient de fuir son mari et se réfugie auprès de son amant, Orlov.
Lui, Orlov frivole, couard, poltron aime sa vie oisive de célibat, ses amis, mais, quand sa maitresse se réfugie chez lui il n'ose pas par faiblesse lui refuser l'asile.
Stépane, le valet, observe, épie alors l'amère comédie qui s'installe entre ces êtres. Bientôt son coeur vacille, ses convictions chancellent. Honteux il renonce à son projet, se dénonce dans une lettre magnifique à Orlov, et, fuit avec celle qu'il admire vers Venise puis Nice cette ville où Tchékhov lui-même est parti se soigner, où il écrivit ou termina d'écrire, justement, le « Récit d'un inconnu ».
C'est une impossibilité de communiquer qui domine le récit, une certaine indifférence à l'autre, celle qui « équivaut à une paralysie de l'âme, à une mort prématurée » comme l'écrivit Tchekhov.







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Une nouvelle en particulier marque ce recueil : Récit d'un inconnu, qui touche par sa justesse.
Les personnages, très emblématiques de la Russie de cette fin du XIXeme siècle, font des portraits psychologiques très fins, et le style très sensible de l'auteur nous fait pénétrer leur âme autant leurs vie sociale.
L'environnement - appartements, paysages urbains ou de campagne - sont décrits par petites touches comme des peintures de l'époque, ce qui accroit encore la force de ce témoignage de la vie bourgeoise et populaire en Russie.
Les autres nouvelles sont de la même veine, quoique moins abouties.
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J'ai aimé ce recueil automnal de 7 nouvelles de Tchékhov, certaines m'ayant plus parlé que d'autres. J'ai aimé le regard que portait Tchékhov sur les êtres humains, sa vision de l'existence. Les personnages étaient si incarnés que j'ai eu l'impression de lire une confidence. Quelque chose de palpable, comme une âme sincère et généreuse, se dégageait de ces lignes magnifiques.
Tchékhov aime ici décrire la banalité, l'hésitation, l'ennui d'une vie répétitive. L'action se fait attendre et la mélancolie envahit le texte. L'atmosphère est incertaine, l'angoisse présente. La monotonie absorbe toutes choses, depuis la sécurité du foyer qui unit les êtres, jusqu'aux paysages vastes dans lesquels on aime se promener tranquillement, en paix et en silence.
« Derrière chaque homme heureux, il y a un homme malheureux. »
Tchékhov est un auteur singulier et subtil qui ne peut pas laisser insatisfait.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Quelles causes fatidiques, diaboliques ont empêché votre vie de s'épanouir dans sa pleine floraison printanière, pourquoi, avant même d'avoir commencé à vivre, vous êtes vous hâté de détruire en vous l’image et la ressemblance divines pour vous métamorphoser en animal craintif qui aboie pour effrayer les autres parce qu'il a peur de lui-même ?
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je manquais de délicatesse indispensable quand on effleure l'âme d'autrui...
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Je me représentais combien il y a, au fond, de gens satisfaits, heureux ! Quelle masse écrasante ! Regardez cette vie : les forts sont insolents et oisifs, les faibles ignares, semblables à des bêtes ; alentour une invraisemblable pauvreté, des pièces surpeuplées, la dégénérescence, l'ivrognerie, l'hypocrisie, le mensonge... Pourtant, dans toutes les maisons et dans les rues, le calme et la tranquillité règnent : sur cinquante mille habitants d’une ville pas un qui crie ou s’indigne à haute voix. Nous voyons ceux qui vont faire leur marché, qui mangent le jour, dorment la nuit, qui disent leurs fadaises, qui se marient, qui vieillissent, qui traînent benoîtement leurs morts au cimetière ; mais nous ne voyons pas et n'entendons pas ceux qui souffrent, et tout ce qu'il y a d'horrible dans l’existence se passe quelque part en coulisse. Tout est calme, tranquille, seule proteste la statistique muette : tant de fous, tant de seaux de vodka bus, tant d'enfants morts de faim... Et un tel ordre est sans doute nécessaire ; sans doute l’homme heureux ne se sent-il bien que parce que les malheureux portent leur fardeau en silence, car sans ce silence le bonheur serait impossible. C’est une anesthésie générale. Il faudrait que derrière la porte de chaque homme satisfait, heureux, s'en tînt un autre qui frapperait sans arrêt du marteau pour lui rappeler qu'il existe des malheureux, que, si heureux soit-il, tôt ou tard la vie lui montrera ses griffes, qu'un malheur surviendra — maladie, pauvreté, perte — et que nul ne le verra, ne l’entendra, pas plus que maintenant il ne voit ni n’entend les autres. Mais l'homme au marteau n'existe pas, l'homme heureux vit en paix et les menus soucis de l’existence l’agitent à peine, comme le vent agite le tremble, et tout est bien.
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Je l'aidais à s'habiller et il se laissait faire à contrecœur, en silence, sans remarquer ma présence ; puis, les cheveux encore humides, fleurant le parfum frais, il allait boire son café dans la salle à manger. Il le prenait assis à table, en parcourant les journaux ; Polia, la femme de chambre, et moi, nous nous tenions respectueusement près de la porte et le regardions. Deux adultes devaient en regarder avec la plus grande attention un troisième en train de boire son café et de manger des biscuits secs.
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les forts sont insolents et oisifs, les faibles ignares, semblables à des bêtes; alentour une invraisemblable pauvreté, des pièces surpeuplées, la dégénérescence, l'ivrognerie, l'hypocrisie, le mensonge... Pourtant, dans toutes les maisons et dans les rues, le calme et la tranquillité règnent : sur cinquante mille habitants d'une ville pas un qui crie ou s'indigne à haute voix. Nous voyons ceux qui vont faire leur marché, qui mangent le jour, dorment la nuit, qui disent leurs fadaises, qui se marient, qui vieillissent, qui traînent benoîtement leurs morts au cimetière; mais nous ne voyons pas et n'entendons pas ceux qui souffrent, et tout ce qu'il y a d'horrible dans l'existence se passe quelque part en coulisse.
P. 243
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Videos de Anton Tchekhov (48) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anton Tchekhov
Benoît Jacquot avait réuni Isabelle Huppert et Fabrice Luchini pour un long métrage de fiction, Pas de scandale, en 1998. le cinéaste les a retrouvés au Festival d'Avignon, en juillet 2021, mais séparément cette fois, pour les besoins de son nouveau film, Par coeurs. Un documentaire passionnant sur le travail d'une comédienne et d'un comédien tous deux hors normes, suivis la veille et le jour de la première représentation de leur spectacle respectif : La Cerisaie, de Tchekhov, monté par Tiago Rodrigues dans la vaste cour d'honneur du palais des Papes, pour elle ; un seul-en-scène autour de Nietzsche dans le cadre plus intimiste de l'Hôtel Calvet, pour lui . Avec un scoop : Isabelle Huppert, la perfection faite actrice, est capable de « bugs » comme tout le monde - à savoir, buter inexorablement sur une longue réplique de sa pièce il est vrai assez complexe à mémoriser !
Par coeurs sortira en salles le 28 décembre 2022. En attendant, découvrez sa bande-annonce en exclusivité sur Telerama.fr. le film sera par ailleurs présenté en avant-première à Paris au cinéma L'Arlequin lors d'une séance spéciale le lundi 12 décembre à 20h15. La projection sera suivie d'une rencontre avec Isabelle Huppert, Fabrice Luchini et Benoît Jacquot animée par Fabienne Pascaud, directrice de la rédaction de Télérama - les places sont en vente ici : http://dulaccinemas.com/cinema/2625/l-arlequin/article/138713/avant-premiere-par-coeurs-en-presence-de-benoit-jacquot-isabelle-huppert-et-fabrice-luchini
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Le clafoutis de Tchekhov

Je m'appelle .............?..........." je suis un jeune homme de dix-sept ans, laid, maladif et timide", je passe mes étés dans la "maison de campagne des Choumikhine", et je m'y ennuie.

Nikita
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