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Citations de Arno Schmidt (30)


Tout politicien veut royauter !
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Le soleil me fit aussitôt un masque liquide. En jetant un regard alentour, le paysage s'entortilla autour de mon visage.
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À vrai dire, c’est pure folie que vouloir partir : il se peut que 500 mètres plus loin, les rails aient sauté. – En face de moi se sont étendus les deux autres soldats, la fille entre eux (ce qu’on fait de pire dans le genre petite main) ; un septuagénaire en uniforme des P.T.T. (« à 108 ans, il frappe toujours l’enclume, et par-dessus le marché, il donne tout son salaire au Secours d’Hiver ! », c’est le genre de choses qu’on lit dans tous les journaux) ; à côté, le pasteur au milieu de ses sept enfants (sept : c’est vrai, si lui ne faisait pas confiance à Dieu, qui donc le ferait ? Deux d’entre eux occupent toute la largeur de la porte). Dans notre coin, à côté de moi, Hanne, sa mère, deux écolières – ; puis les deux héros de la Jeunesse hitlérienne, avec leur demi-douzaine de bazookas (ils font les malins et s’en servent comme d’oreillers en fumant négligemment – fameux – la jeunesse est notre avenir, isn’t it ?). Puis, les deux autres vieux et une vieille (certainement de la campagne : dans leur coin, on n’entend parler que de la « bonne terre », – avec l’accent lourd et traînant de la Silésie ; « Ah, la bonne terre grasse ! » Extra Silesiam non est vita). (« Léviathan ou Le meilleur des mondes »)
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SA, SS, soldats, JH, et cœtera : les gens ne sont jamais aussi insupportables que lorsqu’ils jouent aux soldats. (Ça leur prend, on dirait, périodiquement, une fois tous les vingt ans, comme le paludisme, et même plus souvent, ces temps-ci.) Finalement, ceux qui commandent c’est toujours les pires, c’est-à-dire : les supérieurs, les chefs, les directeurs, les présidents, les généraux, les ministres, les chanceliers. Un type bien aurait honte d’être un supérieur !
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Ma voix s'embalbutiait dans le sous-bois des rêves.
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La prose contreplaquée habituelle. Le monoréglage de notre littérature auquel aspire en permanence l'appareil d'Etat (et auquel on est à nouveau arrivé depuis longtemps). Un but d'autant plus facile à atteindre quand la fronde intellectuelle ne survit plus chez nous que comme une orchidée qui s'étiole, racines en l'air.
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Sommeil : avec Lore dans les rues d’une grande ville ; nous marchions, nous nous frayions un chemin à travers des grands magasins compliqués, main dans la main, lumières étincelantes des rayonnages sans fin ; des visages s’embrouillaient ; je ne lâchais pas sa main.
Sorti un instant : dans la nuit tachée, tout s’affairait, busy motion, arbres agités, vent dans les nuages : vent, fait froid ici-bas.
Chorche (j’étais assis au soleil, devant la porte, sur mon tabouret). Lisais des manuscrits de Fouqué fraîchement arrivés (je travaillais donc), et lui qui déraillait ; des potins à la noix, du style 222, liste rouge ; créature d’argile : disait "chardin" pour ses deux trois plantes vertes. On eût dit que le temps se regimbait ; nous persévérâmes ainsi, eiris sazun idisi, coriaces comme un conseil municipal. Un paysan fit son entrée chez l’inspecteur ecclésiastique, avec une démarche plongeante, comme poussant devant lui une invisible brouette de fumier : il allait déclarer un enfant, qu’il me dit le Chorche (comme les lapins, donc !).
"’jour, Lore !", qu’il dit, ce cochon ! j’aurais pu lui arracher tripes & boyaux ; je m’agrippais à mon moignon de crayon : maudit chien : je devins complètement froid, pensai aux plus tarabiscotées preuves de noblesse : rien n’y fit.
Comme appât : je retournai la feuille, la lettre du roi Frédéric Guillaume IV (en 1837, encore Kronprinz en fait) pour que l’énorme sceau fût bien visible, sortis une loupe rayée de ma poche intérieure et me mis à l’examiner — ( : si ça c’est pas efficace ! Le paquet du baron Fouqué qui venait d’arriver était assuré pour 10 000 marks : le facteur n’avait jamais vu ça, dit-il. You can’t have driven very far. Si seulement on pouvait avoir un schnaps un de ces jours ; paraît que l’Apel en distille : Apel, le grand prince des vaches).
Avec détermination, elle se plaça une chaise dans la lumière fulgurante. S’assit : à côté de moi ! "Je veux travailler ici !" (comme Ondine : à côté de moi !!)
Je citai : "La vie n’est qu’un soupir..." "C’est quoi ?" demanda Chorche après un moment, songeur, consterné. Je ricanai nonchalamment et secouai la tête : "Rien pour vous, et pas une scie à refrains : il y a un droit d’auteur." Mais il me regarda fixement en fredonnant déjà d’un air absent : il essayait. (Plus tard je l’entendis marcher dans le couloir, à pas élastiques — préliminaires à une virée au patelin — en chantonnant : "La vie n’est qu’un soupir — da da dada dada dada. Boum boum bouboum bouboum bouboum", il s’accroupit devant l’armoire, se mit à farfouiller dans le nécessaire à chaussures, réémergea : "oui, et elle dure pas —". "Oui, et elle dure pas — — !" — : "Oui, et elle dure pas : lon-hong-temps !" — Et j’acquiesçai, enregistrant : Hé oui, c’est ça. Pauvre Fouqué ; oh, à la trappe, le macaque. C’est le Chorche qui est visé, bien sûr. En plus, c’est un fana de foot !)
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Couvertures déroulées et sur les éternels terrains de chasse de l’imagination : il faudrait un récit où Ulysse et le Hollandais volant seraient un seul et même personnage. Le vent se leva et les grands sapins parlèrent d’une voix grave et mugissante. Que l’humanité ait dû effectivement recourir aux 3 géométries pour se faire une représentation du monde est un sujet qui mérite encore réflexion : l’euclidienne du temps d’Homère (l’oikoumenê en tant que surface plane) ; puis Comas, dont le terrarium représente en fait un morceau de pseudo-sphère avec la pour pôle, et qui a prévalu pendant des siècles ; et enfin la surface du géoïde ; intéressant. La lune apparut triste et brillante au carreau de la fenêtre. Je n’avais plus vu d’être humain depuis cinq ans et n’en étais pas fâché ; c’est-à-dire. Avec cette clarté jaune mat, on ne pouvait pas lire non plus ; je sortis un livre de la mallette : non, juste le titre ; je fis un signe de regret avec les mains (trop paresseux pour rallumer la lumière). Mieux vaut dormir. – La montre ? Tictaquait sur la tablette de la fenêtre. Ne plus penser. Le renard aussi devait vouloir dormir, à preuve les chuchotis derrière les murs comme de petites bêtes et de paille folle. J’étais en sûreté.
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Dans le cahier « officiel », j’ai rapidement griffonné quelques formules sur la navigation dans le grand cercle, etc. (ils veulent toujours des sciences « appliquées » : encore une caractéristique de l’esprit barbare). – Allons, je ne veux pas être injuste. Quand je songe au destin de mon premier livre sur le Periodos. – Pour un premier éditeur, c’était trop long ; pour un autre trop hardi dans les conséquences philosophiques (avais aussi avancé quelques petites choses contre la religion d’Etat) ; un autre manquait justement de papyrus ; un autre voulait extraire seulement les passages qui parlaient des pays nordiques des plus éloignés et les présenter comme contes de Milet pour ses lecteurs à sensations (et il était passionné : influence de la lune sur les mouvements de la mer entière! Ce qu’il avait toujours cherché !) – alors j’ai fait faire par Diagoras encore une copie pour lui, « Première et unique édition en deux exemplaires », puis suis encore venu chercher mon malheur à Gadir. – Ne viendra pas hanter la postérité, le Periodos ; c’est égal : il y a de toute façon déjà plus de livres que d’yeux pour les lire. (« Gadir ou Connais-toi toi-même »)

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Sous l'éclairage de la lampe de bureau, les formulaires verdâtres étaient encore plus mabusiens [...] Otte m'a apporté la chemise cartonnée avec 500 signatures ; une de plus ; il les avait déjà tamponnées (un avis quelconque à toutes les communes ; à afficher), et il m'a donné un coup de main, sans un mot, déjà un vrai Stakhanov. "P. o. Düring". "P. o. Düring". Cinq cent fois. (Et dire qu'on nous envie notre retraite ! Ben, mon colon !)
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