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Citations de Belinda Cannone (348)


Tu n'ignores pas la puissance de cette formule amoureuse, Je t'aime pour toujours, mais tu sais aussi que ce mot, toujours, n'existe pas la permanence...Toujours signifie la négation du temps, le pure présent de la joie: dans l'ordre du sentiment, il n'exprime pas la durée mais l'intensité.
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Nous sommes des êtres photosensibles. Le même paysage nous transporte ou nous laisse indifférent selon la qualité de lumière qui le baigne. La joie accompagne plus aisément les journées glorieuses- lumineuses. (p. 155)
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CORNICHON - Frédérique Deghelt -

(...) son espace sonore en fait un mot parfaitement subtil. Il a une existence acoustique hors norme. Il est une déclaration insolite avant que d’être le fiancé des viandes froides. Qui aurait pu à la fois être fruit, se déguster dans l’aigritude du vinaigre et se déclarer corps et nichon ? Il évoque la chair douce alors même que sa saveur convoque un rictus (...)
A l’âge où lire n’existe pas encore, les mots sont d’abord une oralité tandis qu’on vous apprend ce que nommer les choses veut dire. Cornichon était donc un mot pour rire alors que le déguster faisait plutôt grimacer. J’aimais qu’il soit double, qu’il parle d’autre chose que ce que l’on mangeait. Je m’appliquais à bien le prononcer pour que les adultes entendent son ambiguïté. Mais ça n’avait pas l’air de fonctionner. Ils connaissaient l’orthographe, leurs oreilles s’étaient désormais bouchées.
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CHOSE - Alain Leygonie -

Chose ... En voilà un mot, un bon mot ! Mot élastique, extensible à souhait, polysémique comme pas deux (comme pas cent). S’étire, cultive le flou dans des expressions comme « quelque chose, pas grand-chose, peu de chose, bien des choses (bien des choses à madame), de choses et d’autres, chaque chose en son temps, chose promise, chose due, les choses humaines, les choses de la vie, leçon de choses, se sentir tout chose, prendre les choses du bon côté (par le bon bout), aller au fond des choses, les choses étant ce qu’elles sont ... »
Bien dit, bien trouvé. Les choses sont précisément ce qu’elles sont, c’est là leur plus grand mérite.
(...)
Pris isolément, le mot chose n’est peut-être pas le plus musical qui soit, de ce point de vue on fait mieux (papillon, alouette, cauchemar), mais il résonne comme aucun dans les expressions comme : « les choses de la vie », « les choses humaines » (Aragon : « j’ai tout appris de toi sur les choses humaines ») ou encore « aller au fond des choses », une expression qui fait sens. Qui vient nous rappeler que les choses ont du fond, sont profondes. Une plume qui tombe a une profondeur, un poids métaphysique considérable. Une essence tombée du ciel.
C’est en cela que le mot « chose » est parfait.
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CHAGRIN - Nathalie Azoulai -

Le chagrin sonne à nos oreilles comme un refrain de comptine où il n’est question que de petit lapin, de sauts et de jardins, alors qu’il mériterait plus de considération. (...)
Le chagrin est par définition ce dont on se remet toujours et jamais, une peine intrinsèquement itérative qui égratigne, entaille, écorche la peau à coups de lignes et de stries, y gravant à force le cadastre de nos récidives les plus intimes.
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Etre rassasié d’amour, avec le sentiment pourtant, d’avoir à peine commencé à caresser son corps –repus et avide, car le désir est à la fois plénitude et infinie relance (infinie de ce jour, il l’est provisoirement : poche d’infini dans le provisoire).
Le désir n’est pas manque. S’il l’était alors la marche –moments où les deux pieds, l’un en l’air, l’autre à peine posé sur le sol, menacent notre équilibre, la marche serait chute. Mais on, légers nous avançons. Le désir est danse et contentement renouvelé. Ne dis-tu pas que tu es pleine de cet homme ? Accrue.
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Il faut s'arrêter devant le réel, et cet arrêt seulement rend possible l'émerveillement.
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VIE - Jean-Pierre Martin -

(...) un mot comme « la vie » (...) malmené, blessé, trituré, malaxé, banalisé, fatigué, mal famé, cuisiné, vieilli, manipulé, avili, dévitalisé ... exposé à la routine, au train-train, à une usure paléolithique ... battant le pavé, courant les champs, empruntant étourdiment tous les chemins qui bifurquent, distribuant ses increvables clichés : c’est la vie, c’est pas une vie, on a qu’une vie ... eh bien malgré toutes ces épreuves, elle ne cesse de renaître sous nos yeux, la vie. Presque intacte. Énigme entière. Mannequin de haute couture qui change de vêtement avec professionnalisme : spirituelle, matérielle, animale, végétale, humaine, toujours à l’aise, toujours à son rythme, surpassant par son énergie tout adjectif qui prétendrait la circonscrire.
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Ainsi une conduite peut-elle être émerveillante : tel est le cas de l'héroïsme que je dis modeste, celui qui, résultant d'une présence à soi, nous permet de ne pas succomber au conformisme ambiant et de sortir de nous-même pour, à un moment donné, préférer l'autre à nous-même (p. 169)
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BOUQUINISTE - François Bordes -

(...) le mot bouquiniste allume tous ses feux éclaire des pans d’ombres - mot parfait car il dit le combat pour la vie silencieuse muette active et hasardeuse des livres qui passent de mains en mains, bouquins riches de temps sans autre valeur que leurs poids d’expériences, d’espérances et de rêves.
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La langue allemande dispose d’un joli terme, « Lieblingswörten », pour désigner les mots favoris, les mots « aimés ». Tintement de clochettes dans ce vocable qui sent l’enfance, et sans doute n’est-ce pas un hasard si souvent les écrivains évoquant leurs « Lieblingswörten » les rapportent à la période enfantine. (...)
Car restituer aux mots leur « scientillement d’écume », retrouver en eux ce qu’ils eurent et gardent pour nous d’emotion, de charme, de beauté et de justesse (« de perfection »), peut renvoyer à l’idée d’une langue des origines telle que l’imaginait Jean-Jacques Rousseau : « On nous fait du langage des premiers hommes des langues de géomètres, et nous voyons que ce furent des langues de poètes », car, nées des affects, « les premières langues furent chantantes et passionnées avant d’être simples et méthodique ».
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Dimanche 13 mars 2011

Etre la même et une autre : c'est ce qui arrive lorsqu'un deuil nous frappe. C'est bien soi, et pourtant quelque chose de fondamental a changé, au point que parfois dans un éclair on n'y croit pas, on se dit ce n'est pas possible, à cause de la permanence du soi contrastant avec l'énormité du changement que constitue la perte de l'autre. Dans les ruptures amoureuses pareillement. (p. 15)
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Et quand l'art nous convie au festin émerveillé, parfois il se pare de la mélancolie qui s'attache à la connaissance de notre finitude. Cette association secrète entre deux sentiments qu'on aurait pu croire contradictoires nous indique que l'émerveillement est souvent composite. (p. 157)
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L'homme qui jeûne-

J'ai inventé un homme qui jeûne pour rien, c'est-à-dire pour hurler silencieusement Non à la vie et au désir, un homme paradoxalement si désirant qu'il ne vit pas à n'importe quel degré d'intensité, et qui est capable d'obliger son corps à proférer ce Non général. D'une certaine façon, j'ai quand même été fidèle à l'histoire réelle, car c'est bien ce qui arriva à mon père, cette chute radicale du désir de vivre et cette utilisation du corps pour signifier. Et c'est bien mon père, cet homme de feu tombant dans la négativité pure: je veux dire que c'est parce que j'avais en tête son modèle que j'ai pu concevoir pareil personnage, croisement d'ardeur et de mort. (p. 104)
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Nous ne vivons pas qu'au présent. Nous sommes des alambics où se déposent les images et les sensations qui, avec le temps, entrent en travail et se redéfinissent. Aucune nostalgie, qui n'est qu'un regret, mais une réinvention de l'émotion, qui est un surcroît, un enrichissement de la sensation première. (p. 96-97)
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Émerveillement, sentiment passager et parfois mêlé d'autres, ses frontières dentelées accueillent souvent, comme en de minuscules abers, des émotions voisines. De sorte qu'il faudra peut-être admettre, ô mon lecteur, que si à la fin de ce livre j'ai mieux circonscrit le territoire de cette notion fuyante, j'aurai allumé quelques fanaux dans la nuit, mais sans saisir le paysage dans sa totalité.
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ROND - Jean-Michel Delacomptée -

Ronds de même sont les seins en pomme des femmes juvéniles, les aréoles annonciatrices de la maternité, les ventres où l’avenir s’élabore (...), les cernes après les nuits sans sommeil, les genoux des enfants qu' égratigne le gravier quand ils tombent, les rondes au clair de lune. Ronds dans l’eau que font les cailloux qu’on y jette, ronds dans le ciel que les oiseaux de proie multiplient avant l’attaque. Rond comme l’aura qui nimbe les saintes gens, à rebours des cercles de l’enfer où s’accomplissent les châtiments de nos crimes. Ronds comme l’argent dont manque le pauvre (...). Inutile cependant de vouloir dresser un inventaire les cas où le rond s’impose exténuerait un moine copiste.
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HÔTE - Cécile Ladjali -

Il est le plus beau mot de la langue française. Il est l’unique voyelle de l’absolue réciprocité. Il est un miracle transitif, le ministre lexical de la courtoisie. (...).
L’hôte s’installe en hiver devant l’âtre de la cheminée,
au printemps dans la bibliothèque à lire Ronsard et des histoires de roses,
l’été à l’ombre du grand tilleul au fond du jardin,
en automne dans la cuisine à goûter des confitures. (...).
Être l’hôte c’est tisser un lien invisible entre deux âmes, tracer un trait d’union suturant deux cœurs ardents, inventer le cheveu d’ange qui coudra entre eux les feuillets du livre de nos très riches heures.
Ainsi l’hôte est-il la réalité d’un principe qui se situe à la jonction de l’amitié et de l’amour, de la fraternité et de la sympathie.
Il est un soir qui ne tombe pas mais qui s’ouvre comme une main.
Il est un vol de palombes au-dessus des orangers.
Il est une promesse à tenir.
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Il en restait ce sentiment d'étrangeté qui nous faisait parcourir le monde en retenant notre souffle- et en nous émerveillant.
Une qualité de lumière, ou de silence, un arbre, un objet surprenant, les couleurs d'un paysage, tout était matière à enchantement. Par les promenades nous avions l'occasion d'apprendre à voir et à sentir. Chemin après chemin, clairière après clairière, mon père nous transformait en spectateurs attentifs de la beauté du monde. regarde, regarde ! Ecoute ! Sens ! (p. 32)
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RHODODENDRON - Sylvie Lemonnier -

Paré d’une belle opulence, graphique et phonétique, Rhododendron est un poids lourd du dictionnaire. Quand la mode est à la maigreur - fragilité des roses, préciosité de l’orchidée - Rhododendron, limite obèse, choque. Il prend trop de place. Il manque de modestie !
Mais ce défaut porte en lui-même ses qualités : Rhododendron est à lui seul un train d’images, d’évocations, dépassant largement le fleurissement saisonnier des jardins.
Alors, au panthéon des mots parfaits, Rhododendron est bien mon préféré.
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