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Critiques de Bill Clegg (39)
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Et toi, tu as eu une famille ?

Je commence par remercier Masse critique privilégiée et les éditions Gallimard pour m'avoir permis de lire "Et toi, tu as eu aussi une famille?" de Bill Clegg, en avant-première, sa sortie étant prévue aujourd'hui 18 août. avec la demande express de Babelio de ne pas publier de commentaire avant cette date.

Chaque chapitre est un morceau de vie d'une série de personnages ayant tous un lien familial par le sang ou par alliance. Silas, June, Edith, Lydia, Rick, Rebecca, George, Dale, Kelly, Lolly, Cissy. Il y a Luke aussi, pas le moins important, mais le seul qui ne figure pas dans la liste des prénoms en tête des chapitres. Un drame s'est joué qui atteint chaque famille d'une manière plus ou moins forte. Ce livre met en exergue les relations entre les membres de ces familles, les tensions, les incompréhensions, les non-dits et l'insurmontable épreuve qu'ils doivent affronter .

J'ai bien aimé, l'écriture est souple, agréable.

J'ai moins aimé cette façon de faire parler plusieurs personnages séparément, j'ai mis du temps avant de m'y retrouver, avant de comprendre qui était qui dans l'histoire. Bill Clegg est un auteur américain, ce livre est le 3ème qu'il a écrit, il est aussi agent littéraire.

Je n'ai pas lu ses autres livres, je lui souhaite beaucoup succès.

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Et toi, tu as eu une famille ?

Ce qui devait être un jour de bonheur est devenu un horrible cauchemar. Un mariage organisé dans une petite ville de la banlieue de New-York sera interrompu par un incendie gigantesque qui va faire de nombreuses victimes, dont les jeunes mariés.



En donnant la parole à ceux qui ont connus et côtoyés les victimes, Bill Clegg se livre à une magnifique étude de caractères.



De cette galerie de portraits se dégage celui de June, particulièrement meurtrie par la perte de sa fille, son gendre, son ex-mari et son compagnon.

Elle va essayer de vivre avec l’effroyable culpabilité, d’avoir survécu alors que tous les autres sont morts.



« Pendant la première semaine, elle a refusé de pleurer, de s’effondrer, d’amorcer d’une façon ou d’une autre le processus susceptible de l’aider à regagner ce monde nouveau et désormais vide, ou tourner la page, ainsi que la pressait quelqu’un dans un gentil petit mot sans signature accompagnant une des centaines de couronnes mortuaires. »



Alors June s’en va, elle fuit le malheur et essaye de suivre les chemins que sa fille a empruntés dans sa courte vie, pour tenter de la retrouver quelques instants et de la comprendre.



Par petites touches, délicates et émouvantes, Bill Clegg montre l’immense difficulté de faire le deuil de quatre personnes, le deuil de son passé, mais aussi de son avenir.



L’auteur nous parle d’une femme extraordinaire qui trouvera malgré elle la force de continuer. Il réussit à le faire avec beaucoup de pudeur et d’empathie, sans tomber dans le pathos.



J’ai beaucoup aimé cette lecture.



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Et toi, tu as eu une famille ?

En une seule nuit, le monde de June s’écroule. La veille du mariage de sa fille Lolly, un incendie a ravagé la maison. Lolly, son futur époux Will, Adam l’ex-mari de June (et père de Lolly), Luke le petit ami de June ont trouvé la mort. A bord de sa voiture, June part de la petite ville du Connecticut. Elle roule sans but précis, sans savoir où elle ira.



Dans ce roman choral qui tutoie les sommets du genre, différents personnages qui dont du subir de près ou de loin les effets de cette tragédie vont chacun va s’exprimer sur cette incendie : levoisin adolescent, Lydia la mère de Luke, la propriétaire de l’hôtel où June va trouver refuge, un commerçant ayant participé aux préparatifs du mariage, les parents de Will mais aussi bien évidemment la personne la plus concernée, June l'unique survivante de la tragédie.



L'auteur nous fait entendre la voix de ces laissés pour compte de l'Amérique avec un roman ambitieux, et par sa narration et par les thèmes abordés.



"Et toi as eu une famille ?" brosse en effet de manière intelligente la thématique de résilience, en nous interrogeant sur ces nombreux liens qui forment entre des personnes l'entité d'une famille, et sur la faculté que possèdent les humains à se sortir d'épreuves terribles et à la possibilité de retrouver une famille autre que celle du sang...



Avec une économie de style et de phrases, Clegg parvient à tresser des personnages plein de failles de secrets, et de questionnements sur leurs avenir.



Résultat : incontestablement, de la belle ouvrage comme on dit, à qui il manque tout de même certainement, et si on veut être pointilleux, un peu de souffle et d'émotion à un récit qui n'échappe pas toujours au déjà lu et au calibrage..




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La fin du jour

Bill Clegg examine les relations amicales et amoureuses, l'influence et le pouvoir conférés par l'argent. A travers le filtre des années, il raconte des tragédies adolescentes qui ont façonné la vie des adultes en devenir, jouant avec la temporalité et l'inconstance des souvenirs. La vieillesse et l'amnésie brouillent les faits, épaississent le mystère et l'atmosphère jusqu'à ce que les nappes de brume se dissipent lentement... (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2023/07/14/la-fin-du-jour-bill-clegg/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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La fin du jour

La côte Est des États-Unis, les années 60, les inégalités et injustices entre classes sociales, les envies des uns et des autres, les rêves, les déceptions amoureuses, les amertumes, l'amitié et ses points de rupture, le désir, l’échec et la rédemption... voilà de quoi il est question dans ce deuxième roman de Bill Clegg, habilement construit, le temps d'un seule journée, à la manière d'une pièce de théâtre, d'une tragédie classique qui se joue dans l'intimité.

Sur ces 24 heures vont s'entremêler dissimulations, trahisons et révélations. Une seule journée où tout ce qui va se jouer aura une conséquence irrémédiable sur la vie des personnages en présence.



ON se rapelle de Bill Clegg et de son premier roman : Et toi, tu as eu une famille ? qui brossait; de manière intelligente, la thématique de résilience, en nous interrogeant sur ces nombreux liens qui forment entre des personnes l'entité d'une famille.



▪︎Dans son nouveau roman tissé de douceur et de délicatesse, le romancier américain avance à pas feutrés, et avec une économie de style et de phrases, il parvient à tresser des personnages plein de failles de secrets, et de questionnements sur leurs avenirs.



Bill Clegg dépeint avec une formidable acuité l’est des États-Unis dans les années 60, les injustices et décalages de classes, l’envie, les rêves, les frustrations amoureuses, les trahisons et les déceptions..



En véritable orfèvre des sentiments, l'auteur travaille finement les liens entre les différents personnages.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Et toi, tu as eu une famille ?

La construction narrative d'Et toi, tu as eu une famille ? amène à s'interroger. Son intérêt et ses limites sont en effet contenus dans son architecture complexe, son aspect choral et son absence de dialogues. Chaque chapitre du roman s'intéresse à un personnage différent (certains reviennent à plusieurs reprises) ayant un rapport particulier avec l'événement dominant du livre, l'incendie dans lequel 4 personnes ont trouvé la mort, ou encore l'après-drame. Le récit procède par cercles concentriques et l'honnêteté oblige à dire que les différents passages sont inégaux, certains purement anecdotiques et digressifs par rapport au thème central et d'autres plus intenses, touchant directement au travail de deuil. Il arrive même assez fréquemment que l'on sente perdu au fil des scènes de cet entrelacs de destins enchevêtrées. Si l'on se demande parfois si faire moins compliqué n'aurait pas été plus simple (sic) et efficace, il faut reconnaître à Bill Clegg un style délié et un vrai talent pour décrire l'Amérique de gens "sans importance", de ceux qui ne font jamais l'actualité des journaux hormis quand ils apparaissent dans la rubrique des faits divers. C'est aussi l'art de l'écrivain que de rendre des vies banales hautement romanesques.
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Et toi, tu as eu une famille ?

Magnifique roman choral, qui ne révolutionne pas le genre, mais qui tient la route avec subtilité et émotion, conduit par une belle écriture directe et fluide.

L'histoire débute par une tragédie dont on remonte peu à peu les origines au fil des portraits et cheminements des principaux acteurs du drame. Chaque personnage porte en lui une destinée unique mais étroitement liée à celle de ses compagnons de vie, proches ou lointains, et les choix des uns ont d'inévitables répercussions sur la trajectoire des autres. Les voix qui s'élèvent et se croisent à propos du drame dressent de tous les intervenants des portraits délicats et attachants, qui se nuancent au fil des pages et révèlent combien l'être humain est complexe, fragile et fort à la fois, et tellement plus riche que l'image qu'il livre ou qu'autrui veut bien accepter de lui.

Ce roman traite magnifiquement de la famille, de l'amour, du pardon, de l'empathie et de la réconciliation. Il manifeste une profonde foi en l'homme et en ses formidables capacités à se relever de ses tragédies et à affronter ses démons. De très beaux passages sur le deuil, la culpabilité, la rédemption, la difficulté à communiquer, nous ramènent à l'importance de l'instant, à la brutalité du bonheur et à l'urgence de dire je t'aime, souvent, tout le temps, maintenant.

Je remercie Masse critique et les éditions Gallimard pour m'avoir offert la chance de lire ce très beau roman qui m'a beaucoup touchée

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Et toi, tu as eu une famille ?

Pour ma part, un livre sans grand intérêt choisi pour répondre à un item du multidéfis, bien que j’avais été attirée par le sujet. Et l’envie de découvrir la réponse à la question du titre. Effectivement c’est bien une histoire de famille qui réside au sein de ce roman, et bien plus, des non-dits, des silences, pour faire dévier le destin de toute une famille.

Pas trop de plaisir à la lecture, trop banal comme style, peu à dire, juste qu’il faut mieux changer sa gazinière quand elle donne des signes obscurs et dangereux.

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Et toi, tu as eu une famille ?

J'ai refermé ce livre avec un sentiment ambigu : celui d'une histoire attachante et profonde mal servie par une construction inutilement compliquée.



Sans être originale, la trame de Et toi, tu as eu une famille ? est en effet particulièrement bien travaillée : après un drame qui a vu quatre membres d'une même famille périr dans un incendie la veille du mariage de deux d'entre eux, les survivants cherchent à comprendre et, pour certains, à se reconstruire. Ce qui n'est pas simple car les blessures sont parfois plus anciennes et plus profondes.



Tout en remontant le fil du drame pour en livrer les causes à la fin, Bill Clegg explore les thèmes de la repentance, de la bienveillance, du pardon, des relations familiales simples que l'on complique, ou compliquées alors qu'elles pourraient être si simples.



Mais il le fait dans une construction qui - selon moi - nuit au roman. Chaque chapitre est un bout de l'histoire relatée par un des personnages, souvent longuement, et sans quasiment de dialogue. Mais les personnages et les relations qui les unissent sont si nombreux que l'on finit vite par se perdre, perdant également au passage de l'intérêt pour la lecture.



Clegg distille par petites touches des éléments de son récit qui, à partir de la deuxième moitié, commencent à se relier les uns avec les autres et à faire sens, mais c'était déjà trop tard pour ma part, trop déconcerté par la complexité narrative de l'ensemble.



Dommage, car les portraits et études de caractères des protagonistes sont poussés et particulièrement réussis, avec une mention spéciale pour June, Lydia ou l'exceptionnelle Cissy.
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Portrait d’un fumeur de crack en jeune homme

Bill Clegg semble incarner la réussite. Jeune agent littéraire talentueux, en couple depuis huit ans, un bel appartement dans un quartier envié de New-York. La dépendance ne transparaît pas dans les apparences. Bill Clegg est accro au crack depuis des années. Il revient sur un épisode particulièrement ravageur, ce que l'on appelle justement, la descente aux enfers.



Récit d'une dévastation, triste et courageux, Portrait d'un fumeur de crack en jeune homme se démarque par son honnêteté d'une grande exigence. J'ai été tellement touchée. Une lecture obsédante, cruelle, et solaire. Impossible à lâcher.



Pour Bill Clegg, le salut n'est que dans la vérité. L'auto-analyse est d'une grande force. L'auteur refuse toute concession. Il écrit les faits avec une simplicité désarmante. Il en faut du courage pour se dépeindre avec une telle justesse. S'absoudre par l'écriture.



Les balbutiements de son homosexualité, la recherche de soi, la relation à l'existence, aux autres, la détestation de soi, le basculement dans la perte, de soi-même, de sa dignité. Le dénuement, l'apprivoisement de la vie et cette question, lancinante, jusqu'où peut-on aller par amour ?



Lyrique, granitique, crépusculaire, remuant, ténébreux, insolent, intense, glaçant, électrisant, terriblement bien écrit et sans voyeurisme, une révélation.
Lien : http://www.audouchoc.com/art..
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Portrait d’un fumeur de crack en jeune homme

Non-fiction, catégorie autobiographie trash.

Celle, sordide et splendide, d’un jeune éditeur new-yorkais qui ne gère plus son alcoolisme et sa toxicomanie.

Le récit s’ouvre sur la fin : une scène frénétique dans laquelle l’addiction au crack prend totalement le dessus. Puis le temps remonte et il raconte. Une descente aux enfers qu’il tente d’expliquer autant au lecteur qu’à lui-même.

La plume est très belle. Un peu décousue parfois, mais sans complaisance aucune. Ce qui donne un récit brut et sacrément glauque par moment. Des premières prises aux phases de consommation aigües, crises de paranoïa et de débauche inclues. Passé l’écœurement de certains épisodes, je m’attache à ce jeune agent littéraire dont la réussite ne comblera pas les failles de l’enfance - à moins qu’elle ne les ait justement aggravé.

Un texte qui se lit vite et bien, si l’on est pas trop brassé, et qui secoue sans apitoyer.
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Et toi, tu as eu une famille ?

June perd en une nuit sa fille, son petit ami, son beau fils et son ex. ... le tout sous les commérages d'une ville qui tait ce qu'elle connaît.

Désespérée, elle prend la route sur les traces de sa fille et pendant ce temps les langues des voisins se délient.



Un livre intéressant dans le sens où les points de vue se recoupent pour au final nous donner une vision globale de la situation, malgré une grande lenteur



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Et toi, tu as eu une famille ?

Il aura fallu d’une nuit pour que le monde de June s’écroule. La veille du mariage de sa fille Lolly, un incendie a ravagé la maison. Lolly, son futur époux Will, Adam l’ex-mari de June (et père de Lolly), Luke le petit ami de June ont trouvé la mort. A bord de sa voiture, June part de la petite ville du Connecticut. Elle roule sans but précis, sans savoir où elle ira.



Dans ce roman choral, différents personnages vont tour à tour s’exprimer sur la tragédie. Chacune de ces personnes est liée d’une certaine façon à June directement ou indirectement. Un voisin adolescent, Lydia la mère de Luke, la propriétaire de l’hôtel où June va trouver refuge, un commerçant ayant participé aux préparatifs du mariage, les parents de Will mais aussi June. Tous vont nous éclairer sur les relations qu'ils entretenaient avec eux mais également comment ils ressentent la tragédie et la perte. La liiason entre June et Luke faisait jaser car elle avait vingt ans de que Luke. Et même si Luke dirigeait sa propre entreprise, son passé d'adolescent ayant séjourné en prison pour de la drogue lui collait à la peau. La cause de l’incendie est inconnue et les mauvaises langues incriminent Luke.

Chaque récit permet d’en apprendre plus sur la vie passée des disparus et sur ce que traversent ceux qui ont survécu. Le voile se lève sur les relations familiales mettant à jour les non-dits et des regrets inavouées. June et Lolly n’entretenaient pas de bons rapports et Luke ne parlait plus à sa mère depuis bien longtemps.



Même si les thèmes ne sont pas nouveaux, ce roman possède un "plus" par l’écriture et le style. Avec peu de dialogues, l'écriture simple en apparence fait ressurgir toute les complexités humaines, sonde et creuse avec un vrai réalisme (à noter également la très bonne traduction). Le choix de l’auteur de ne pas faire parler directement certains des personnages donne une dimension plus intéressante et plus profonde.

Tous m’ont touchée et plus particulièrement Lydia qui à elle-seule m’a apportée des poissons d’eau dans les yeux. Avec ce livre, Bill Clegg nous interroge sur ces nombreux liens qui forment entre des personnes l'entité d'une famille. Si certains romans appuient sur la colère, ici la bienveillance, le pardon et la résilience sont mis en avance avec subtilité et sans pathos.

Un roman à découvrir qui en bonus laisse une trace durable.
Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Portrait d’un fumeur de crack en jeune homme

Récit autobiographique glaçant. Début des années 2000 à New York : Billy Clegg, agent littéraire devient dépendant au crack. Longue descente aux enfers décrite sans concession.



Refus de l’entourage de voir la réalité, paranoïa, confusion, flashbacks en enfance, homosexualité, figure du père… Un récit qui prend aux tripes, ciselé et radical. Un récit dont la dédicace fait froid dans le dos, avant même d’avoir lu l’incipit : « A tous ceux qui n’en sont pas encore sortis ». Un roman qui n’est pas sans me rappeler un livre lu quelques mois plus tôt, Bright Lights, Big city de Jay McInerney.
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Portrait d’un fumeur de crack en jeune homme

Critique de Cécile Guilbert pour le Magazine Littéraire



Comme Dante dont le teint verdâtre prouvait aux yeux des Florentins qu'il avait bien visité l'Enfer, Burroughs affirmait posséder « ce masque de chair d'emprunt que portent tous ceux qui ont survécu au Mal » - c'est-à-dire à la drogue. Or, si ce n'est peut-être pas le cas de l'encore jeune et joli Bill Clegg (39 ans), le récit magistral qu'il fait de sa féroce addiction au crack est bien l'autoportrait d'un damné. Et d'un rescapé. L'histoire à la fois d'un crash affectif et professionnel et d'une tentative de ressaisir par l'écriture les morceaux épars d'une vie apparemment lisse, banale, mais souterrainement minée. D'où la teneur indéniablement thérapeutique et rédemptrice de ce texte issu de notes prises lors de sa dernière « rehab ». D'où aussi son succès aux États-Unis depuis sa parution au printemps 2010, auquel la situation sociale de l'auteur n'est pas étrangère, et que le lecteur découvre peu à peu à travers un habile montage de flash-backs. Car, alternant le récit à la première personne des terrifiantes semaines du printemps 2006 où sa vie implose avec une narration sur le mode du « il » de divers épisodes de son enfance middle class (les deux fusionnant dans un « je » unique à l'adolescence), Bill Clegg met au jour ses fêlures intimes et familiales, son alcoolisme et sa toxicomanie précoces, son incertitude sexuelle, son manque d'estime de soi, ses thérapies avortées.Toutes choses qui ne l'empêchent pas de devenir un jeune homme séduisant, obtenant un bon job dans l'édition à New York, avant de fonder avec une amie en 2001 une agence littéraire assez chic tout en menant un train de vie yuppie avec son compagnon Noah, jeune cinéaste attentionné, aimant, mais qui échouera à le sauver tant Clegg est vissé dans un sentiment d'imposture, pure façade dissimulant des secrets prêts à exploser, à commencer par son addiction. Ouvrant le livre comme un coup de poing et le gouffre dans lequel il va s'abîmer après avoir tout abandonné, les pages consacrées à son « dévissage » final sont hallucinantes. Et d'anthologie. Défoncé jusqu'à la moelle, trop parano pour prendre l'avion et rejoindre Noah en Europe, Bill Clegg entame une vertigineuse descente aux enfers en forme d'errance le conduisant, hagard, d'une chambre d'hôtel l'autre, où il enquille pipes de crack, séances de baise et litres de vodka sans dormir ni manger pendant plusieurs semaines, dévoré tout cru par la terrible algèbre du manque. « La mort et mon compte en banque bientôt vide courent au coude à coude, écrit-il, et c'est sur le premier cheval que je mise tout. » En effet, après avoir dilapidé 70 000 dollars et perdu 18 kilos, il n'est plus qu'un mort-vivant, ignorant encore qu'il reviendra de cette chienne de non-vie pour l'écrire - seul vrai pari gagnant. Et gagné.
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Et toi, tu as eu une famille ?

Le roman s’ouvre sur un drame. Le matin du mariage de la fille de June Reid, un incendie ravage sa maison. Elle est la seule rescapée mais elle vient de perdre sa fille, Lolly, son futur gendre, son ex-mari Adam et son petit-ami Luke. Comment se remettre d’un tel drame ? Pour June, la solution est dans la fuite. Elle prend la route et quitte le Connecticut. Au fil de son voyage, c’est l’histoire de sa famille qui se recompose : les liens perdus, ceux que l’on a cherché à reconstruire, les liens naissants.

Bill Clegg ne s’attarde pas sur la tragédie de l’incendie mais, comme le laisse suggérer le titre, s’interroge sur la famille. Il donne la parole à de nombreux narrateurs, proches des victimes, parents, amis, employés,… Grâce à ce procédé et à une construction non linéaire du récit, le lecteur lève peu à peu le voile sur l’intrigue et sur les liens qui unissent chacun des personnages.

L’incendie finit par devenir presque un simple prétexte pour décrire une galerie de personnages que l’auteur parvient en peu de lignes à rendre incroyablement attachants et crédibles. C’est parce qu’il semble éprouver une réelle empathie à leur égard. On retrouve ici toute la sensibilité de l’auteur, déjà révélé par son précent livre, autobiographique cette fois, Portrait d’un fumeur de crack en jeune homme. La finesse de son écriture, son lyrisme mais aussi son talent pour décrire les pires drames sans tomber dans le larmoyant transparaissaient déjà.

Les personnages de June, de Lydia (la mère de Luke, le petit-ami de June, décédé dans l’incendie) mais aussi celui de Rebecca sont saisissants de réalisme et de profondeur. L’auteur sait choisir les anecdotes qui en diront le plus long sur ses personnages sans avoir à s’éterniser sur de longues descriptions assommantes. En très peu de mots, tout est dit. En peu de lignes, les personnages se dessinent avec leurs doutes, leurs failles, leur passé et leur questionnement sur l’avenir. Bill Clegg fait rejaillir ici d’anciens démons puisque les allusions à la drogue sont nombreuses. Lui qui a touché le fond sait à quel point les erreurs de parcours influencent les choix d’aujourd’hui.

Le style de l’auteur déjà remarquable dans Portrait d’un fumeur de crack en jeune homme se précise ici dans ce texte de fiction. Si Bill Clegg invente une intrigue éloignée de tout fait réel, il semble évident qu’il met encore beaucoup de lui dans son écriture. C’est certainement ce qui donne autant de force à ce roman, dans lequel l’intrigue se dilue un peu face aux portraits de personnages et aux chapitres aux allures de nouvelles. Comment et pourquoi s’est déclenché l’incendie, après tout peu importe. Les faits sont là, il faut se relever et avancer. Pour cela, il faut apprendre à pardonner, aux autres et à soi-même. Il faut réaliser l’importance de la famille. La vraie, celle qui s’impose par les liens du sang et du mariage, mais aussi celle que l’on se crée et qui est tout aussi importante.

Je remercie Babelio et Gallimard de m’avoir permis de découvrir ce roman dans le cadre d’une Masse critique.


Lien : https://cafeantidote.wordpre..
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Et toi, tu as eu une famille ?

Un incendie, des vies brisées, des non-dits, des blessures, des joies, des amours,... dans ce roman choral de Bill Clegg, les souvenirs s'entremêlent et nous dévoilent le passé des différents personnages qu'ils soient principaux ou secondaires dans l'accident qui a laissé June seule. L'auteur esquisse aussi ce qui peut-être sera leur avenir grâce à une foule de détails aussi inutiles que justement utilisés. A travers ce fait divers, il évoque aussi l'Amérique moyenne sans jugement.

Au début, j'ai été perturbée par le point de vue tantôt extérieur tantot intérieur en fonction des personnages, déjà assez nombreux. Mais globalement ce roman se lit facilement et se révèle plutôt bienveillant. Et, allez savoir pourquoi, je l'imagine bien porté à l'écran avec Meryl Streepou Julianne Moore...
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90 jours : Récit d'une guérison

La suite de Portrait d'un fumeur de crack en jeune homme



90 jours, ce sont les fameux trois mois d'abstinence si importants pour ceux qui ont connu la dépendance. Avez-vous déjà tenté d'arrêter une « légère » addiction ? Je ne parle pas d'arrêter de fumer mais, par exemple, de stopper net le chocolat, internet (la blogosphère littéraire), les sucreries,... Pas facile pour moi de m'abstenir. Je ne peux donc qu'imaginer la souffrance, le manque, la réadaptation constante, la perte de repères, la nécessité de s'affronter, puis de se confronter aux autres...



Le premier ouvrage de Bill Clegg m'avait laissée sur le carreau. Le récit juste, vrai, crépusculaire, d'une dévastation. Dans cette suite, l'auteur raconte le chemin parcouru vers la sobriété. Les épreuves, les recommencements, les retours en arrière, la perte des êtres aimés, les nouvelles rencontres, l'extrême fragilité de l'existence. La sobriété ne tient qu'à un fil. L'auteur l'affirme. Quoi qu'il fasse, rester sobre sera sa priorité à vie. Avant qui que ce soit et avant toute chose.



L'honnêteté est encore le fil conducteur de ce récit bouleversant. S'absoudre dans l'écriture à travers la vérité. Sans elle, point de salut. Si ce second opus perd un peu en force, cela n'enlève rien à sa nécessité. Bill Clegg nous oblige à regarder la dépendance en face. À ne pas la nier pour mieux aider ceux qui en souffrent.
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Portrait d’un fumeur de crack en jeune homme

Bill Cleg est agent littéraire, habite New York, fréquente les milieux cultivés, est amouré d'un jeune cinéaste Noah. Mais il se pose des questions, cherche sa place, et peu à peu tombe dans l'alcool puis la drogue. Il raconte sa descente dans les enfers du crack, sa peur, sa dépendance.
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Portrait d’un fumeur de crack en jeune homme

Portrait d’un fumeur de crack en jeune homme de Bill Clegg aux éditions BABEL



Tout aurait dû lui réussir !...

Ce livre est autobiographique, il relate les débuts de Bill Clegg dans l’édition, sa réussite en pleine expansion, sa vie amoureuse, son coming out, avec des flash-backs de sa vie enfant....

Mais également de sa virée aux enfers du Crack. L’anéantissement social en quelques bouffées. Le récit n’est pas enjolivé, il est réel, sans artifice, quelquefois répétitif.

L’auteur ne nous épargne aucunes scènes de dépravation qui deviennent une routine de débauche, de perversion et de luxure. Sa conscience est altérée plus rien n’a d’importance que le prochain cailloux, additionné à l’alcool.

On assiste à tout, à ses délires paranoïaques, son besoin incontrôlable de tout sacrifier, d’autodestruction et ce souvenir du père pesant, aux troubles de son enfance.

Les passages de son enfance sont troublants de vérités, d’angoisses cauchemardesques et incomprises.



Ce texte ressemble à un naufrage, un bateau qui dérive sans cesse dans un océan de tourments. Ce qui image bien le déroulement du livre qui n’a pas forcément de ligne conductrice, d’ailleurs on ne sait pas combien de temps est relaté dans ce récit. L’auteur raconte au gré de ses envies son histoire, ses confessions, les stigmates qui le marquent qui lui collent à la peau autant que ses brûlures indélébiles.



Le seul inconvénient de cette lecture est que l’on passe d’un souvenir à un autre sans préavis, c’est assez déroutant. Parfois, cela devient difficile de se situer, de suivre Bill Clegg où il souhaite nous emmener !

Ce bouquin n’est pas mon préféré de cet auteur, je préfère de loin « 90 jours : récit d’une guérison ».

Toutefois, il a le mérite de nous clouer sur place, d’avoir aider à expier une partie de ses démons.
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