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Critiques de Carolyn J. Cherryh (124)
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Le retour de Chanur

Un must sur le thème du contact , avec une touche légèrement féministe

Un M U S T ....

Ce commentaire porte sur l'ensemble du cycle .



Si vous parcourez les commentaires qui glosent ( occasionnellement et souvent je le crains pérorent ) sur ce cycle en français ... :

Vous verrez des propos qu'il me faut bien qualifier de grotesques : du style cela a vieillis ..

Cette série est intégralement disponible aux usa et cumule à juste titre des dizaines de commentaires positifs dans les espaces webs de SF...

On trouve en français l'intégrale de cette série mais " d'okaz " ( dans une édition non révisée par l'auteur ) , avec des couvertures débiles qui dissimulent efficacement le talent de l'auteur et surtout la richesse thématique de ce cycle .



C'est un must sur la thématique de l'alien .

Sept espèces extraterrestres cohabitent dans une communauté spatiale très lâche ...

Les intrigues sont multiples et se déploient sur 2 générations ..

Les personnages sont bluffant de réalisme et de présence et nous font partager tout un panel d'affects divers et variés .

Il y a un énorme et réel effort créatif dans la création de cette " ménagerie " ( même des méthaniers ).

Comment établir et maintenir des rapports fonctionnels entre des espèces si différentes ?

Les fondements exo-biologiques de ces espèces sont extrapolées à la perfection .

Le thème : c'est l'alien " en soit ".

Peu de romans de SF l'ont approché à ce point de front et de façon aussi crédible .

Il n'y a pas de princesse , mais à la place nous avons des équipages compétents dans un environnement crédible .

Il y a une espèce féline ( la principale ) ..

Elle constitue ( entre autre ) une métaphore qui permet à l'auteur de gloser indirectement et subtilement sur la condition féminine et nous autres messieurs recevons ce que bien souvent nous méritons ..

Excellent ! une ballade dans une foule de cultures , des rencontres fabuleuses et les plus longues balades dans l'espace que j'ai jamais lues ( huis clos des équipages sur les navires de plusieurs espèces .. ).

Excellent et pour s'en convaincre faire un tour sur Wikipédia US ou cette série est très bien documentée ...

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Chasseurs de mondes

Chasseurs de mondes , Hunters of Worlds .

Un excellent bouquin indémodable , à mon humble avis.

Chasseurs de Mondes est une vraie petite merveille , une petite , mais une costaude petite merveille .

Il y a une intrigue bien campée entre l'espace , qui implique les rapports et les péripéties entre différentes cultures extraterrestres dans l’espace donc et sur de longues distance ( espace et espace-temps ) et qui implique également la surface d'un monde en guerre , avec une opération commando lancée et supervisée de depuis l’espace avec principalement deux espèces principales au sol .

Le fond principal du texte , c'est la rencontre , très finement traitée de trois espèces extraterrestres avec l'humanité qui est en déroute dans cet univers.

Cet aspect inter-espèces est vraiment fascinant et très soigné .

L'auteure à très finement exploité des données culturelles , mais elle a aussi cherchée à développer le prolongement culturel des bases exo biologiques et éthologiques des espèces concernées , et notamment celles qui concernent l’espèces dominante de cet univers .

Pour servir cette thématique elle a jeté les bases de véritables langues .

Pour apprécier ces points particuliers , le lecteur se plongera avec délice , ou lassitude selon les cas , dans un lexique pointu , qui comprend de nombreuses données ethnolinguistiques et institutionnelles et simplement linguistiques.

L’utilisation des lexiques est une relative nécessité pour cette lecture , et il y a même dans ces listes des bases grammaticales spécifiques aux langages de cet univers , avec des grammaires fonctionnelles créées de toutes pièces.

Toutes les espèces impliquées dans ce récit possèdent une histoire riche d’interactions qui devient vite familière pour le lecteur .

Ce roman est impressionnant à la fois cause de son ampleur et à cause de sa concision .

Il est à la foi "sérieux" , et palpitant .

Il ne néglige ni l'action ni le suspense …

C'est un des textes où le thème de la cohabitation d'espèces différentes a été le mieux traité dans tout le genre SF.

Avec une histoire qui est très solide de ce point de vue car : C J Cherryh s'est montrée très exigeante dans la création des différentes espèces , sans négliger pour autant l'intrigue et le rythme …

Cependant l'amateur de romans d'actions légers n'y trouvera pas forcement son compte , car le propos principal dans ce texte est indiscutablement aussi , de créer ces cultures différentes reposant sur des bases "naturelles" autres que celle qui régissent notre propre espèce.

C'est le thème majeur du bouquin , cependant je souligne pour conclure que c’est aussi un solide petit roman d’action militaire et également une histoire d’amour et d’amitié

- Un must à mon humble avis.

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Alliance Rising

Ce texte possède deux auteurs mais franchement c'est du pur C.J. Cherryh ,d'ailleurs ces deux auteurs se connaissent plus que très bien.

C'est avec un très grand plaisir que j'ai pu me plonger dans ce roman de l'univers Alliance et Union qui est un « nouveau» texte dans cet univers . Le récit se déroule intégralement en station et dans l'espace. Cette station affiche la délicieuse patine propre à l'auteur principal. C'est la station Alpha près de l'étoile de Barnard.

C'est un anglais un peu difficile parce que le style contient énormément de soliloque et beaucoup d'allusions. La lecture de ce texte revient pas mal à aller à la pèche sur une frêle embarcation en essayant de ne pas couler. le contexte est supposé connu par le lecteur (sourires) .Enfin la rédaction à la troisième personne fortement limitée génère des problèmes d'orientation en rapport avec certains énoncés du texte occasionnellement. C'est un style un peu difficile mais plein de gratifications au final.

Cet univers repose sur Sol (le système solaire) ,sur Pell (une planète lointaine et une station, Downbellow Station). Downbellow sera ultérieurement associée aux marchands et donc aux vaisseaux familiaux et au reste de la flotte de guerre de Sol , sur Cyteen , la grande puissance dans l'au delà , hors de Sol et sur de nombreuses stations relais à la fortune diverse.

Sur Alpha qui a du mal à se maintenir car elle est cannibalisée par Sol alors qu'elle est devenue une voie presque sans issue (du fait des développements techniques et des directions inverses empruntées par l'expansion) . Cet univers est riche et ce roman , Alliance Rising ,comme les autres est dense et touffu.

C'est un univers qui était déserté par l'auteur depuis la publication de Finity's end en 1997. le système solaire n'a pas de point de Saut connu en rapport avec L'étoile de Barnard et il envoie donc Vers Alpha les Pousseurs ,les Pusher , qui sont des vaisseaux familiaux qui font des voyages de liaison inter systèmes qui s'étalent sur des décennies. Parallèlement circulent des flux de données , par les vaisseaux ou non .Le Finity's end et des acolytes apparaissent sans le système Barnard et c'est inhabituel, à Alpha donc où par ailleurs un vaisseau au départ sans ID (codes) arrive et séjournera en prenant sa place intrigante dans le récit. Le Finity's end mènera l'intrigue et le lobbying pour inclure Alpha dans l'au-delà (Le deep space) et dans les réseaux des marchands, avant que Sol ne développe les ressources nécessaires pour sauter facilement vers Barnard et lier Alpha au système solaire …

Et si un scientifique connaissait déjà les points de sauts vers Alpha ? Voilà en gros la donne avec une géopolitique dense, dans l'espace avec beaucoup d'intrigues, avec des interlocuteurs variés. On est de très loin dans un récit de géopolitique en contexte spatial (vaisseaux ,modes de vie, professions, stations) ,plus que dans un roman d'action ,thriller ou non. Cependant la trame narrative suit un crescendo indéniable.

On est pour les connaisseurs de ce cycle dans un récit antérieur à Downbellow station (Forteresse des étoiles) ou à Merchanter's luck (L'opéra de l'espace). le titre l'indique clairement : «L'ascension de l'alliance" . Il y a une suite qui sortira dans quelques mois dont le titre est : Alliance unbound.

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Les oubliés de Géhenna

"Forty thousand in gehenna" en anglais et toujours dispo dans cette langue …

Les oubliés de géhenna (en français chez opta CLA) , épuisé .

C’est une œuvre agréable à lire .



Ce roman est le développement d'un épisode qui est originellement mentionné dans Cyteen ( une phrase dans le tome un ) : L'alliance prend connaissance de la découverte d'une planète colonisé par l'union (en catimini) .

Cette planète est déjà habitée par des extraterrestres par ailleurs . Cette épisode colonial causera un grave incident diplomatique entre les deux puissances ( Alliance et Union ) , et il nous vaudra de découvrir de bien curieux extraterrestres , ainsi que d’assister à l’émergence d’une nouvelle société humaine , qui est désormais devenue symbiote de ces extraterrestres ....



Le texte est assez copieux , et heureusement car l'intrigue se déploie sur trois siècles . Mais il constitue un véritable délice . Il est moins long que dense d’ailleurs .



Le début est un véritable morceau de bravoure . En effet 40000 clones s'installent sur Géhenna , avec les propriétaires de leur contrat d'existence , avec armes et bagages aussi …

Cette colonisation déterminée va buter sur deux difficultés :

- le site sélectionné initialement pour implanter la colonie sera assez mal choisis et les Azis , les clones , devront finalement se débrouiller seul ( ils en sont assez incapables ) .

- Ensuite ce monde est déjà occupé ......



La colonisation sera donc un demi échec et cette tentative sera d'ailleurs oublié au gré du temps par ses initiateurs et du fait des contraintes politiques . Mais les colons seront redécouverts par l’humanité et ils deviendront l'objet d'une étude à distance dans un premier temps et un contact suivra ... ...Entre temps une nouvelle culture est donc apparue . Les hommes ont construit un univers en symbiose avec les extraterrestres de géhenna . Le lecteur suit tout le processus depuis la fondation de la colonie et de l’émergence d’une nouvelle culture .

Le roman intègre des notes , des directives et des rapports administratifs , des journaux intimes et officiels , à la trame narrative linéaire , qui se déroule néanmoins sur plusieurs générations au grès d’un fils historique absolument chronologique .

Le texte est très solidement construit et la pluralité des modes narratifs le rend très attrayant .



Les amateurs de Cyteen ou de Downbelow station ( Forteresse des étoiles ) seront ravis de le découvrir et d'élucider cette vigoureuse allusion mentionnée au détour d’une simple phrase dans Cyteen .

Ils sauront aussi apprécier cette posture qu'intègre l'auteur lorsqu'elle rend leur liberté aux Azis ( les clones programmés ) , qui ne sachant quoi faire de cette liberté , finissent pourtant au grés des générations par redevenir des hommes libres et fonctionnels ..

Pour résumer :

Une foule de personnages ( crédibles ) , des enjeux politiques , du suspens , un style varié , un grand sens du détail , une dimension historique , un rythme très soutenu quelquefois plus : « piano « , de la complexité sans verbiage ou lyrisme excessif mains non dénué de passages épiques : qui en font un moment « spécial » de lecture . Disons : un texte de qualité .

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Chanur - Intégrale, tome 2

Cette suite de romans est intégralement disponible aux usa et cumule à juste titre des dizaines de commentaires positifs .

C'est un « must have « sur la thématique de l'alien .

Sept espèces extraterrestres cohabitent dans une communauté spatiale très lâche et Comment établir et maintenir des rapports fonctionnels entre des espèces si différentes ?



Les intrigues sont multiples et se déploient sur 2 générations .

Les personnages sont véritablement bluffant de réalisme et de présence et ils nous font partager tout un panel d'affects divers et variés assez retentissants .



Il y a un énorme et réel effort créatif dans la création de cette " ménagerie " d'êtres étranges , étrangers et intelligents , même des méthaniers , donc une espèce qui respire du méthane . Les fondements exo biologiques de ces espèces sont extrapolées à la perfection par le biais de francs exposés , comme par le recourt à de multiples inserts dans la trame narrative et selon des modes variés .



Le thème : c'est l'alien " en soi ".

Peu de romans de SF ont approché à ce point et de front , de façon aussi crédible , cette thématique . Ces pages exposent constamment le lecteur à l'altérité .

Il faut dire qu'il n'y a pas de princesse , mais que à la place , nous avons des équipages compétents dans des environnements crédibles .



Il y a une espèce féline , la principale du point de vue de la narration , elle constitue ( entre autre ) une métaphore qui permet à l'auteur de gloser indirectement et subtilement sur la condition féminine et nous autres messieurs , recevons ce que : bien souvent nous méritons .

L'espèce humaine n'est d'ailleurs pas le centre du monde dans cet univers , et c'est ainsi qu'au début du premier roman un homme errait dans les méandres d'une station spatiale , personne ne s'est encore rendu compte que la bestiole est intelligente , et cette personne a dû travailler pour faire reconnaître ce simple fait qui n'est pas une évidence .



Le charme incomparable de ce cycle vient de ce que tout y est fabuleusement étranger . Les différentes cultures se font échos car les points d'observation et de référence varient fréquemment . C'est donc un peu comme un jeu de miroirs ou bien une collection de poupées russe , les points de vue culturels , les préjugés , les variations et variables qui découlent des natures biologiques originelles qui sont variées . Par exemple : s'agit-il d'espèces diurnes ou pas ? les contraintes résultants de la biologie reproductive , de la place dans la chaine alimentaire et j'en passe .... C'est très solidement bâtit et bien écrit et c'est donc un plaisir pour l'amateur , d'autant plus que le redoutable et redouté « sens of Wonder « est totalement sous contrôle .



Les environnements de station et de vaisseaux créés par l'auteur m'ont toujours conquis ( hypnotisé est le mot qui conviendrait le mieux ) par leur caractère saisissant de présence . La froidure le plus souvent mordante des docks , le clac des couloirs d'amarrage et d'appontage , le métal omniprésent qui sépare du vide spatial qui laisse l'impression fréquente d'être en plongée et de se trouver environné par le vide absolu , inhumain et immense . le facteur espace-temps dilaté par les sauts entre les étoiles qui génère des décalages temporels minimes mais qui se cumulent et qui génèrent aussi une diachronie ( décalages temporel ) malmenée , hachée et bouleversée qui malmène à son tour le lien social et la circulation de l'information en s'ajoutant à des distances inconcevables .



Mais surtout ces personnages très denses , systématiquement ballotés par la vie , les évènements et le Fatum . Ils sont parfaitement lisibles , compréhensibles et intimes avec le lecteur , qui comprend leurs problématiques qu'ils soient antipathiques ou non . La complexité pousse souvent en effet à arrondir les angles , à nuancer et relativise souvent l'idée bonne ou mauvaise que l'on se fait de ces gens et de leurs réactions dans le cadre de leur exposition à des contextes palpables et variés .



Excellent ! une ballade dans une foule de cultures , des rencontres fabuleuses hautes en couleur et sans doute les plus longues balades dans l'espace que j'ai jamais lues avec le huis clos des équipages sur les navires de plusieurs espèces .



PS : le pied , en toute franchise , toute à fait franche ...

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Le voyageur de la nuit

Un vaisseau de la taille d'un quasi monde apparaît brutalement aux abords d'une station spatiale de transit et capture un petit transporteur dont l'équipage est de trois personnes .

Cet immense vaisseau est une intelligence artificielle qui parcourt l'univers dans le but de recueillir des échantillons , de les conserver et de les étudier ...

Cet équipage est riche humainement parlant et il est très représentatif des thèmes très humains qui sont le terrain de prédilection de l'auteur .

Le style de C. J.Cherryh atteint ici , des sommets au niveau de la caractérisation et de l’expression des affects .

La situation de l'équipage capturé au moment du contact frise quasiment un niveau cinématographique , tout en démontrant comment un texte peut être plus grandiloquent qu’une image , grâce notamment au travail de l'imagination du lecteur et à la magie des mots . le lecteur ressent par exemple , intimement , la sensation d'être écrasé par la gravité , au moment de la capture , et la situation est intégralement palpable alors que la panique ressert son emprise comme un étau et que en ricochet la consternation se repend comme un train d'ondes , sur quelques parsecs alentours et notamment à bord de la station Endeavour ...

Le pitch s'articule autour du thème du contact , l'intelligence artificielle va dupliquer littéralement et successivement , à plusieurs reprises , l'équipage et le corps du texte consiste en un improbable dialogue entre les différentes et successives copies de l'équipage avec la machine et aussi quelquefois leur dialogues entre elles évidement .

La machine apprend l'homme au sens littéral du mot apprentissage , et les membres de l'équipage finissent par ne plus savoir s'ils sont eux-mêmes ou bien simplement un aspect d'eux-mêmes . Ils ont peurs , ils sont désemparés , il est question de faire le quasi deuil de soi-même conformément à une situation qui présente des analogies avec un état où les personnages seraient vivants après plusieurs décès et plusieurs « morts « sans être pour autant des spectres alors même qu'il y a manifestement , une hiérarchie des différentes simulations ( quelles soient ou non contemporaines les unes des autres ) ...

Le caractère riche de cette problématique est évident ( non ? ) , et l'auteur va s'employer à examiner en détails et à décliner de façons obsédantes , méticuleuses , exigeantes et ardues , les différentes potentialités de cette rencontre du troisième type .

Je ne vais pas spoiler , mais pour situer le ton du roman voici en gros le début ( le résumé ) de l'épisode qui précède le contact :

A l'intérieur du vaisseau au milieu des débris de son appareil , un personnage se réveille , il fait face à ce qui semble être deux hologrammes des membres de son équipage qui ne parviennent pas à accepter l'idée qu'il seraient morts , le dialogue s'installe l'environnement se précise ....

Mais les expériences commencent , douleurs , nourritures , atmosphère , dialogues improbables , décès , résurrection , remords , qui suis-je ? , rencontres inquiétantes , dialogues avec d'autres échantillons extraterrestres , disfonctionnements du vaisseau ou bien expériences du vaisseau ? ... .... ....

C'est l'histoire du contact entre principalement , un être humain et un être artificiel crée antérieurement par une intelligence définitivement autre .

C'est aussi un des premiers récits de « logicièlisation « d'une conscience humaine réduite à l'état de simulation et ce roman a été écrit en 1984 .

C'est un drame lancinant que ce texte et pour l'apprécier il faudra apprécier la richesse intime des personnages , mais surtout il faudra accepter le langage machine du vaisseau qui est très ardu à suivre . D'autant plus que ce langage est scandé par une ponctuation rigoureusement mathématique ( avec usage de symboles mathématiques ) et une grammaire quasiment autre .

Par ailleurs le cadre du récit est constamment mouvant , les environnements glissent constamment et s'altèrent pour se réinitialiser successivement ...

C'est franchement un roman atypique , un texte dramatique aussi riche humainement qu'il est complexe , et légèrement répétitif du fait des consciences dupliquées qui reviennent sur leur différents vécus successifs . Légèrement répétitif du fait également , des supports de pensée et des expériences qui déterminent leur travail de définition et de ré-acquisition systématique de leurs identités en faisant le tris dans leurs mémoires bouleversées et altérées .

Ce texte est excessivement solide , il est très difficile . Il l'est principalement car l'auteur bâtit et confronte ses personnages et le lecteur à l'altérité extrême .

C'est une expérience que ce texte qui est très difficile à lire en vo et dont je recommande la lecture en français .

Avant de vous lancer , éventuellement , dans cette aventure explorez les différentes couvertures dont ce texte a bénéficié en vo aux states , elles sont très éloquentes ..

Celle qui est visible sur babelio est superbe non ?

Le dénouement est heureux , enfin relativement heureux et il possède malgré tout un arome de sel noir car il n'est heureux que dans la mesure du possible .

En toute franchise , j'apprécie beaucoup ce texte mais il faut bien reconnaître qu'il pourrait bien vous casser les pieds ( c'est un euphémisme ) et il vaut mieux lire les commentaires qui le concerne et qui sont relativement nombreux aux états unis .

C'est plus un travail de recherche en science-fiction et sur le thème du contact et sur celui de la duplication de conscience , qu'une distraction à mon humble avis .

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Les seigneurs de l'Hydre

Concis - Percutant - passionnant ...



Le récit de ce petit roman est centré sur les intrigues politiques d'une planète où les hommes cohabitent avec une espèce extraterrestre civilisée.



La constellation de l'hydre est isolée du reste de l'espace humain du fait de la volonté des extraterrestres ...



Une famille dirigeante humaine se fait massacrer par d'autres factions et l'unique survivante doit survivre et tenter de reconstituer son statut social.

Elle s'appuiera sur les Madjats , en communiquant avec eux dans les limites du possible .



les humains sont bien installés sur cette planète mais ils ne sont que tolérés ...



Les madjats (les aliens) sont très crédibles mais si ce sont clairement des insectes sociaux .



Ce roman est un bijoux de concision et de force .

Comme dans cyteen il y a des clones à durée de vie limitée , des citoyens humains et de plus une caste humaine de familles dirigeantes à la longévité exceptionnelle .



La constellation de l'hydre peut être rattachée à l'univers "alliance et union" .



Toute cette matière permet à c j cherryh de mettre en branle une intrigue solide et qui s'appuie sur des personnages d'une grande présence .

Ainsi que sur un univers de derrière les fagots .



L'univers de ce monde ( surtout du point de vue humain ) sortira bouleversé de ce conflit .



Je conclue en soulignant que c'est un bon récit sur la thématique de l'Alien qui est traitée ici avec un grand sérieux .



EXELLENT !

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Le paidhi

Le phoenix ... vaisseau d'exploration et de colonisation arrive dans un système inconnu ( par erreur et sans possibilité de retour en arrière).



Une planète de ce système est habitée par une espèce intelligente dont la civilisation est en retard si on la compare à celle de l'équipage du phoenix .

C'est un monde où les structures politique sont fragiles et volatiles ..

La violence ( privée et publique ) est admise comme moyen d'expression politique ou privée .

Elle est simplement cadrée .. encadrée légalement ..



Dans ce tome un cet univers ce met en place ..

Le roman est centré ( en grande partie ) sur le personnage et la fonction de paidhi ..

Il est l'ambassadeur , le traducteur et le médiateur entre la société humaine et celle des atévis ..

Ce premier tome ne manque pas de rebondissements .. de subtilités et de finesse ...

Nous sommes plongés efficacement dans un magma d'intrigues politiques complexes et de complots touffus ( et tous azimuts ).

La civilisation atévie progresse et les hommes trouvent une place précaire sur ce monde ..



Il y a un lexique qui pose les concepts .. le vocabulaire de cet univers ..

Il est très pertinent et il constitue un élément de crédibilité qui est crucial .

Cette série est un must .

C'est à la fois .. un fantastique voyage et on frise l'éthno-sf .

De plus c'est un roman d'action très rythmé et très réussi .



Signe particulier : l'auteur n'aide pas spécialement le lecteur à se repérer ...

Il faut donc faire certains efforts et se débrouiller comme un grand .



Envoûtant .... !

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Chanur

Avec "Chanur", la grande dame de la SFFF qu’est C.J. Cherryh livre un space opera classique mais solide ayant l’ambition d’être réaliste. Enfin pas si classique que cela car nous sommes dans les années 1980, et dans la population de l’eau a coulé sous les ponts depuis l’Occident triomphant du premier XXe siècle qui faisait la part belle à l’impérialisme, au colonialisme, au machisme et au racisme…

Elle fait donc la part belle à l’autre, à commencer par les femmes dans une Communauté Spatiale où 7 civilisations tantôt oxgéniennes (Hani, Kif, Stsho, Mahendo’sat) tantôt méthaniennes (T’ca, Chi et Knnn) cohabitent tant bien que mal et échangent pacifiquement à La Jonction les marchandises de tout le cosmos :

- les Hani sont des lions bipèdes organisés de manière sophistiquée et conflictuelle en clan matriarcaux et patrilinéaires… L’auteur fait du féminisme par l’absurde avec une civilisation qui juge toutes les rôles importants comme hors de portés des mâles mâles jugés trop changeants pour être compétents, et ils sont des rois fainéants qui gèrent la maison sous le contrôle et la surveillance des femelles qui assurent la prospérité en naviguant à travers les étoiles et le pouvoir passe ainsi de tantes en nièces (d’où l’importance de la jeune Hilfy fille de Kohan et nièce de Pyanfar qui est appelée à un jour dirigé tout le Clan Chanur, et il faut un sacré paquet de pages pour comprendre cela)...

- les Kifs peut-être reptiliens sont ambitieux, cupides et belliqueux, et confondent allègrement commerce et piraterie (ce sont les méchants du cycle jouant le même rôle que les Klingons dans "Star Strek")

- les Mahendo’sat manipulateurs sont l’espèce la plus proche des hominidés de part leur aspect simiesque, et ils se font un malin plaisir de jouer une politique de balance entre hani et kif pour avancer leurs pions et tirer leurs épingles du jeu (ils auraient pu récupérer le rôle jadis révolu aux Romuliens dans "Star Strek" s’ils n’y avait pas les Stsho)

- les Stsho sans doute inspirés des Dirdirs de Jack Vance dans le "Cycle de Tschaï" sont des hermaphrodites trisexués dont on peine à suivre les changements de personnalité, mais violemment xénophobes ils considèrent les reste du cosmos comme des inférieurs à soumettre ou à exploiter… D’ailleurs ils ont offert la technologie du voyage dans l’espace aux hani pour emmerder les Mahendo’sat et les Kifs !

- les T’ca sont des serpentiformes géants doté d’un cerveau matriciel divisé en 7 centres nerveux... la communication avec eux est compliquée, et je vous laisse le plaisir de découvrir comme l’auteure parvient à rendre cela dans les dialogues…

- les Chi qui ressemblent à des assemblages des bâtons fluorescents accompagnent toujours les T’cai, et les débats sont vifs pour savoir s’il s’agit d’un peuple, d’esclaves, de symbiotes ou d’animaux de compagnie...

- personne ne comprend les Knnn aux membres multiples et hautement velus, mais ils disposent des technologies les plus avancées de la galaxie donc personne n’oserait aller se frotter à eux (pas mêmes les Kifs les plus expansionnistes)...





Dans cet univers les humains sont les aliens, et nous suivons les heurs et malheurs de Tully dernier survivant de sa mission d’exploration qui plus qu’un homme-objet et presque un McGuffin que se disputent chaque faction qui veut pour elle seule les informations qu’il pourrait révéler sur l’humanité. Il s’est échappé des geôles d’un vaisseau kif, et c’est complètement perdu qu’il rejoint « L’Entreprise » du Capitaine Kirk, euh pardon « L’Orgueil de Chanur » du Capitaine Pyanfar (parce qu’il vu Hilfy rire et c’est l’attitude la plus humaine qu’il ait rencontré dans l’espace de la Communauté). Nous suivons donc la cavale intersidérale dans un huis clos, avant d’aborder les conflits internes à la société hani où toutes ses rivales attendent impatiemment que son fils Mahn renverse son frère Kohan, et tout est raconté du point de vue de Pyanfar 50 % princesse marchande 50 % strong independant woman flibustière qui nous livre ses pensée et ses sentiments : que va-t-elle bien faire d’un mâle étranger sans griffes, sans crocs et sans fourrure ? et que va-t-elle faire d’un mâle tout court qui risque bien de foutre la merde dans son équipage de femelles ? Le fait d’inverser les présupposés habituels où l’homme est la mesure de toutes choses est très bien rendu et plusieurs passages ne sont pas rappeler la saga de "La Planète des singes" (sauf qu’on remplace les primates par des félins), car Tully fait tout pour montrer qu’il appartient à une espèce intelligente et compétente dans le domaine spatial, et la communication s’avère très très compliquée….

Dans le rétroviseur de l’auteure j’ai reconnu Robert Heinlein et sa SF réaliste et humaniste pour lui rendre hommage et Jack Vance dont elle détourne le l’exotisme et le machisme pour les brocarder. Évidemment ici difficile de retrouver la poésie du "Cycle de Morgane", mais j’ai retrouvé les défauts de ses qualités : elle n’a pas son pareil pour mettre en scène une mentalité étrangère, mais du coup c’est compliqué d’avoir des explications pour nous autres lecteurs (merci aux appendices qui permettent de s’y retrouver) car les personnages ne se donnent pas la peine d’expliciter les us et coutumes des sociétés dans lesquels ils évoluent qui pour eux sont naturels (et cela s’applique également aux tenants et aux aboutissants du récit : heureusement qu’ici les personnages et les enjeux sont simples, sinon cela aurait été difficile à suivre !). Chez Robert Heinlein c’est plus facile car les personnages sont humains donc on peut comprendre leurs motivations, leurs espoirs et leurs peurs sans qu’on nous les explique et il a toujours été pédagogique pour tous les aspects techniques, mais là avec C.J Cherryh on Hard SF à la fois technique et exotique et Space Opera aux allures de roman d’aventure maritime donc c’est moins clair…



Gros potentiel, mais il manque quelque chose pour passer un cap. Je crois que cela se joue sur les dialogues car finalement il y a assez peu d’interactions entre l’héroïne, sa famille, son équipage, ses alliés et ses ennemis : tout est raconté du point de vue de Pyanfar, et entre très nombreux passages en sabir, les expressions idiomatique extraterrestres qu’on ne peut pas comprendre, les problèmes de tablettes traductrices humain / hani et les modes de communications méthaniennes que personne ne comprend y compris Pyanfar ça manque clairement de coolitude, de fluidité voire de clarté. Après c’est peut-être aussi générationnel : on veut donner un seconde souffle au space opera vintage, mais on le fait à l’époque de l’émergence du cyberpunk qui va influence le genre pour donner naissance au New Space Opera dont les "Cantos d’Hypérion" de Dan Simmons sont un peu le porte-étendard… Ou un souci de sensibilité car je surkiffe les sagas "Vorkosigan", "Babylone V", et "Farscape" qui avait les mêmes ambitions (et parfois ont pioché chez l’auteur américaine)...





PS : le résumé du tome 1 parle de femmes-louves… ça arrive aux éditeurs de lire leurs livres ?

Décidément cette série n’a pas été gâtée en VF (qui n’est qu’une petite partie d’une saga bien plus grande quasiment inaccessible en VF elle : l’univers de "L’Alliance-Union") : entre les illustrations de couverture hors-sujet, les 4e de couverture erronés ou mensongers, les titres pas très inspirés et l’absence de numérotation des tomes c’est du boulot bâclé ! Chez l’éditeur J’ai Lu on a donc "Chanur" / "The Pride of Chanur", qui est un roman indépendant et qui se suffit à lui-même, on a une suite en 3 parties intitulées "L’Épopée de Chanur" / "Chanur's Venture", "La Vengeance de Chanur" / "The Kif Strike Back", "Le Retour de Chanur" / "Chanur's Homecoming" (vous aurez remarqué le jeu de mot avec l’épisode V de "Starswars" que personne n’a vu chez J’ai Lu), et une suite « next generation » appelée "L’Héritage de Chanur" / "Chanur Legacy"… Si on avait eu un peu de bon sens, la série aurait dû être nommée ainsi : tome 1, L’Orgueil de Chanur ; tome 2, Le Retour de Chanur ; tome 3, L’Épopée de Chanur, tome 4 La Vengeance de Chanur, et tome 5, e de Chanur et la pour raccord avec le contenu...

Et si vous ne voulez pas hanter les bouquinistes, préférez les 2 intégrales parues aux Nouveaux Millénaires.
Lien : http://www.portesdumultivers..
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Volte-face

Aujourd'hui, attention, je mouille ma chemise et m'engage sur un terrain très glissant pour moi, un domaine sur lequel on peut considérer sans fausse modestie que je suis une parfaite ignorante.



C'est vrai, je l'avoue, le genre Science-Fiction ne m'attire pas, mais ce qui s'appelle pas du tout. Étonnant car j'ai pourtant adoré, toute jeune, toute moins jeune et désormais toute plus vieille les épisodes de Star Wars, qui sont, à proprement parler, de la pure SF.



Pardonnez-moi si je vous ennuie (ce n'est probablement pas la première fois et assurément pas la dernière) mais avant d'aborder l'œuvre en elle-même, je vais vous infliger un petit préambule qui me semble important à l'expression de l'avis qui va suivre.



Qu'est-ce selon moi que la SF ? Que peut-on attendre de la SF ? Quel est l'intérêt de la SF ? Trois questions apparemment anodines et évidentes mais que tout lecteur et/ou auteur de SF devrait se poser au moins une fois dans sa vie.



De la manière où je l'entends, la SF est par essence l'extraction de la réalité, le domaine de l'imaginaire et de la fantaisie. En soi l'imaginaire et la fantaisie doivent être présents à un certain degré dans n'importe quel type de roman et ne caractérisent en rien la SF. À l'extrême rigueur, cela définirait mieux la Fantasy que la SF.



Non, la SF, dans mon esprit, c'est de l'imaginaire et de la fantaisie prenant pour base une réalité humaine au temps t (différant ainsi de la Fantasy) et conjecturant un savoir technique humain au temps t ± ∂. (Souvent c'est + ∂ mais dans Star Wars, par exemple c'est - ∂, chaque épisode commençant par la célèbre formule : " Il y a longtemps, très longtemps... " Au passage, c'est très astucieux car cela évite toute péremption du savoir technique anticipé par rapport aux avancées technologiques de la vie réelle qui apparaissent journellement.)



Le contraste existant entre le savoir technique et l'état du monde entre les temps t et t ± ∂ étant la base de comportements humains inédits qui doivent être narrés grâce au recours à l'imaginaire. Mais l'unité de mesure reste et restera toujours, pour moi, le comportement humain dans telle ou telle situation. On peut aussi imaginer que la perturbation ou la modification ne soit pas seulement technique mais qu'interviennent d'autres acteurs, comme des robots créés par les humains ou des êtres extra-terrestres.



Dans tous les cas, la SF est finalement une sorte d'expérimentation, un laboratoire, où l'on fait réagir l'élément humain avec des conditions de milieu ou de société radicalement différentes de celles que tout un chacun peut expérimenter dans sa vie réelle.



L'intérêt de la SF est là, selon moi : conjecturer un comportement humain soumis à telle ou telle condition d'existence différente. C'est une expérience que nul scientifique ne peut faire et que seuls l'imaginaire et la fantaisie de l'auteur de SF peut faire prendre forme. Ce sont bien à de telles expérimentations auxquelles nous convient, entre autre Aldous Huxley et George Orwell respectivement dans Le meilleur Des Mondes et 1984. Le fait de créer un univers propre, " à la Star Wars " par exemple, est un corollaire mais n'est absolument pas indispensable à la SF.



(Dans Star Wars, si je poursuis avec cet exemple connu d'une grande majorité, les seuls éléments ayant trait à la SF sont la Force et son côté obscur, les sabres laser, les droïds, les vaisseaux spatiaux permettant de grands déplacements rapides sur des portions importantes d'espace et l'afflux de nombreuses créatures extra-terrestres aux propriétés diverses. Tous les autres éléments ne nécessitent pas le recours à la SF, je pense notamment aux côtés aventure, guerre ou thriller.)



Sorti de ces quelques règles fondamentales, les règles classiques de l'écriture et l'exigence de qualité de composition doivent être les mêmes que pour n'importe quel roman. Or, à quoi assistons-nous ici dans Volte-Face ?



Un univers propre, de type space opera, un contexte de guerre entre deux grosses factions rivales et une héroïne freelance, un peu genre super woman, évoluant dans ce système. Vous me direz, pourquoi pas ? La question que je me pose instantanément est : quelle est l'expérience particulière et intéressante que cette héroïne peut me faire faire ?



La réponse je l'ai cherchée attentivement pendant tout l'ouvrage et l'ai finalement trouvée à la dernière page : aucune. Je suis sévère me direz-vous si vous êtes polis, conne et bornée si vous êtes sincères, obtuse et hermétique comme un bocal Le Parfait Super si vous êtes compréhensifs.



Je suis probablement tout ça, mais j'essaie surtout, vis-à-vis de moi-même, d'être parfaitement honnête dans mon ressenti. L'auteur, C. J. Cherryh fait très probablement une grosse erreur tactique en faisant de Volte-Face un huis-clos. Nous sommes pendant une très grande partie du livre à l'étroit dans les couloirs du Loki, vaisseau fantôme de je ne sais quelle engeance, et d'ailleurs ça n'a aucune importance.



Erreur C. J. Cherryh, car qui dit huis-clos dit que le principal élément de votre recette est l'humain. Or l'humain reste l'humain, avec ou sans combinaison spatiale, et les comportements que vous décrivez sont complètement artificiels et peu vraisemblables : une femme (Bet Yeager), une meurtrière, une fugitive, qui baise pour un oui pour un non, qui tout de suite, en un claquement de doigt éprouve de la sympathie et de l'amour pour un inadapté social rejeté de tous (BR), qui de suite se fait " d'indéfectibles amis " sur lesquels elle pourra compter et qui pourront compter sur elle, etc., etc.



Je suis bien en peine de vous citer un seul personnage qui puisse avoir un comportement humain crédible, non monolithique et non archétypal. BR n'en parlons pas, le commandant Fitch est une épaisse caricature, le capitaine Wolfe est une réplique du capitaine Némo de Jules Verne. Bref, les deux seuls personnages éventuellement un tout petit peu plausibles et légèrement intéressants sont Bernstein et Musa. Pour le reste, je trouve cela très mal observé socialement, sociologiquement et psychologiquement.



Quelle est la recette ? Dialogue, action, dialogue, action, dialogue, action, dialogue, action, dialogue, action, dialogue, action, dialogue, action, dialogue, action, dialogue, action, dialogue, action. Vous voyez c'est très varié. Mais là encore, ma chère Cherryh, un dialogue creux et une action molle et sans fondement n'ont jamais élevé, ailleurs comme ici, mes paupières de lectrice au-delà des frontières de l'ennui. L'univers créé est lui aussi d'une rare pauvreté aussi bien culturellement que sur un simple aspect de créativité : les boissons phares sont la bière, la vodka, le coca et le thé. Le plastique et la vidéo sont légions, l'essentiel des " anticipations " datant de 1989 sont presque rejointes voire dépassées par les avancées techniques de 2014...



Nous suivons donc tout au long de ce livre une certaine Bet Yeager, dont on essaie artificiellement de nous faire accroire qu'elle a un passé et une épaisseur incroyables. Elle se retrouve fugitive et indigente sur une désespérante plate-forme spatiale, Thulé, qui périclite chaque jour un peu plus. Elle n'espère qu'une chose, c'est qu'un vaisseau vienne rapidement ravitailler sur cette plate-forme et qu'elle puisse embarquer à bord.



Évidemment, la chose se produit lorsqu'un vaisseau inconnu pointe le bout de son fuselage. Notre brave Bet est chargée à bord comme un animal de trait au moment précis où elle allait avoir de très gros ennuis avec les autorités de la station de Thulé pour la bagatelle d'un double meurtre perpétré par elle dans des toilettes publiques crasseuses à l'encontre de deux sombres hères qui désiraient la violer. Wouah ! un univers qui nous fait rêver et qui nous prend aux tripes ma chère Cherryh !



La voilà donc embrigadée à bord du Loki, dont on comprend vite qu'il ne sera pas une promenade de santé pour l'héroïne, qui fraîchement violée sur sa plate-forme, va s'accoupler aussitôt au premier venu, comme vous le voyez mesdames, c'est très crédible, et puis, et puis, et puis... suite de dialogues creux et d'actions molles où l'on essaie de nous faire croire à un mystère et à quelque chose d'incroyable qui va se passer et qui ne se passe finalement pas car la coquille est creuse et le roman tourne à vide.



Le premier tiers du roman est d'un mortel ennui, vers le milieu c'est un peu mieux mais sans plus et on constate un léger, oh ! très léger, surcroît d'intérêt sur le final où le roman exploite alors la recette du thriller et plus du tout l'intérêt propre de la SF.



Oui, constat assez accablant, écriture pauvre, univers glauque pas du tout captivant, expérimentation d'écriture SF ratée et qui est bien moins fine et enrichissante qu'une expérimentation sociale véritable comme peut nous en offrir Marivaux dans L'Île Des Esclaves ou La Dispute par exemples.



Bref, même pas un bon divertissement (j'ai mis une éternité à lire ce livre, totalement engluée dedans), aucune prouesse d'écriture, aucun intérêt particulier à mes yeux, mais ce ne sont que mes yeux, c'est-à-dire pas grand-chose, libre à vous de faire volte-face. (Désolée Michel, j'ai sincèrement essayé, mais ce genre de littérature n'est vraiment pas pour moi.)
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Finity's End

Finity’s end est un excellent roman psychologique intense sur fond de space opera !

C’est un must du genre space opéra à mon humble avis .

Le rythme est très soutenu . L'intrigue est complexe et très riche humainement parlant .

L’intensité qui se détache du texte est prégnante , omniprésente et elle est très prenante et elle est même dérangeante souvent .

Il n’est pas disponible en français . Le style est un peu âpre , beaucoup de soliloques , de phrases courtes qui se renvoient la balle alors que le sens glisse d’une page à l’autre .

Un texte de ce fait , pas très facile à lire je trouve .

Sans " spoiler ":

Le Finity’s end ( vaisseaux marchand quasi militaire ) est de retour à Pell ( station ) après la guerre .

Il veut ( entre autres ) récupérer le fils d'un de ses membres d'équipage qui s'est suicidé dans cette station .

Car il semble que pour ce membre d’équipage , c'était trop difficile voire impossible de se faire à la condition et à la vie de « stationner « .

Cette femme a été laissée sur Pell suite à un départ vers des horizons dangereux de son vaisseau familial . Ce n'était pas un abandon mais une femme enceinte n'avais pas sa place dans ce contexte de risques militaires .

Le Finity’s end revient donc , entre autres , pour récupérer ( contre son gré ) le jeune adulte qui avait commencé de faire son trou sur la planète Pell, auprès des indigènes Hisa , et auprès de son amie intime .

Il devra absolument contre son grès obtempérer et se soumettre aux exigences de son vaisseau d’origine , celui de sa mère . Il devra aussi découvrir à marche forcée cet univers clôt perdu dans le vide spatial .

Le vaisseau pour sa part tentera aussi de reprendre un rythme marchand plus honnête et plus clair que celui de la contrebande , mais la politique est toujours là , embusquée .

Bref : La guerre est finie mais les temps sont durs

Voilà la matière que C.J. Cherryh utilise pour nous balader dans l'espace profond : les séquelles des drames de guerre , les intrigues politiques , le huis clos des vaisseaux , la culture très et l’identité très affirmée des vaisseaux patrie , la dureté des membres d'équipage et la difficulté de s'intégrer à ces mêmes équipages , station et stationner ou bien encore : les rapports avec les extraterrestres de Pell dont la fréquentation a décisivement marqué utilement un des personnages principaux de ce texte .

Ce qui est agréable c'est le côté universel et intemporel de ce que vivent les personnages de cet univers de l’espace profond ..

Un roman qui m'a bluffé : relativement court ... intense ... assez puissant .... percutant ...

Sinon on est embarqué dans l’univers Alliance et Union , mais dans le camp des marchands et des vaisseaux familiaux .

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4e de couverture (1) et appréciation (2) de l'éditeur :

(1) finity's end falls after Merchanter's luck ( l'opera de l'espace ) but before Tripoint (Les chants du néant ) in the lineup of C.J. Cherryh's Merchanter novels (part of the author's award-winning Alliance/Union universe). It resumes the story of Fletcher Neihart, an orphan and unwanted foster child who, against his will, joins the crew of the legendary merchanter ship finity's end. As Neihart struggles to find his place both on the ship and in the world, the ship undertakes a mission critical to the continuing peace between the Earth, Alliance, and Union factions.

(2) finity's end is complex, insightful writing. Cherryh understands human nature under stress, and has a gift for conveying the immediacy of interactions, concerns, betrayals, and forgiveness.

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Les chants du néant

Le thème du roman : c'est le parcours du personnage principal , et le passage à l’âge adulte :

Un jeune homme doit dans ce texte ,s'intégrer contraint et forcé , à l’équipage d’un autre vaisseau et à cette occasion , il doit devenir adulte sur un vaisseau de durs à cuire .



Ce roman explore deux aspects de l'univers alliance et union les marchands et la flibusterie-flotte de guerre .

Les personnages sont excessivement solides .



La mère de Tom est responsable des transactions commerciales sur son vaisseau familial et elle est obsédé par un élan de vengeance personnelle .

Son père lui est capitaine d'un vaisseaux pas très catholique .

Tom serra donc forcé de s'intégrer à l'équipage de son père sans traitement privilégié .



Ce roman a des visées modeste ( en apparence ) .

Il s'agit d’explorer le thème du passage à l'âge adulte dans des conditions excessivement difficiles .

C'est pour nous l'occasion de suivre le personnage principal dans des milieux très différents et de faire de très sympathiques voyages ( à huis clos ) en compagnie d'équipages très divers ..

En explorant également des stations .



Ce roman permet donc de découvrir plus en profondeur cette société très particulière de l'espace profond de l’univers alliance et union .

Une société qui est très loin de la terre et qui est également éloignée des standards de l'union .



Un roman à priori mineur mais qui apporte le plaisir de se balader dans cet univers spatial et risqué , qui reste très réel en définitive .



Un plaisir ... des péripéties ... du rythme de l'action ...

Bien écrit ... bien structuré ... un bon moment ...



Ce roman , comme Port éternité du même auteur , répond à la question : Que se passe-t-il pendant le Sault ?

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La citadelle noire

C'est un roman de fantasy posé dans un univers d'inspiration épique celtique très net .

Le personnage au centre est un maudit qui évolue dans un univers dédié à ce statut avec des compagnons d'infortune qui pour un d'entre eux est un ami solide.

Dans cet univers la magie opère selon des règles strictes aux contours millimétrés et les personnages ont beaucoup à se défendre de leur propre destinée.

L'auteur exploite des niveaux de langue qui sont attribués avec constance à des personnages différents ( une langue plutôt antique ou plutôt moderne). Cela crée un rythme et une atmosphère ambiguë un peu étonnante.

L'univers est un délice de réalisme tangible tout en étant alternatif et dissocié du monde des hommes ( qui sont un peu loin ici ).

Dans cet univers les êtres surnaturels sont tangibles et on pourrait presque penser , à leur sujet , à des aliens sur un planète opéra de SF. C'est aussi valable pour le monde où se déroule l'errance des personnages.

Ce monde est d'une réalité hésitante sans aller jusqu'à être un mirage constant .il est assez noire et triste, équivoque ,avec par exemple des marais troubles , une citadelle noire et menaçante qui affronte l'horizon , lorsqu'elle se matérialise à la vue des voyageurs. Il y a aussi un passage dans des mines tangibles dont l'ancienneté est crédible (Merci à la formation historique de l'auteure) et qui sont très XVIe siècle je trouve. Une lumière particulière baigne tout. C'est bien écrit et c'est un voyage troublant d'irréalité tangible .

Ce texte n'a pas eu de suite et c'est selon moi un « stand Alone « assez fonctionnel, mais c'est dommage toujours selon moi, cette absence de suite ,après une lecture si agréable.

Une ballade connectée directement au merveilleux celtique (irlandais et surtout gaélique écossais médiéval) . Une réflexion aussi ,sur la nature rebondissante et en dégradé de l'amitié , sur la responsabilité individuelle également. Mais cependant pas vraiment sur la rédemption néanmoins .

Les personnages ont autant de présence que l'univers en possède.

Pour conclure , j'ai envie de dire : science-fantasy , mais non. On dirait que oui à cause du fonctionnement des choses dans ce monde et à cause de sa réalité aussi . Mais non , et cela fait en partie le charme de l'univers trouble comme une eau boueuse , de ce roman.

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L'oeuf du coucou

L'oeuf du coucou réussit un pari très difficile :

Il réussit à immerger le lecteur dans un environnement alien ( très intimiste ) sans sombrer dans le ridicule et la facilité !

C'est un roman assez court mais dense et intense .

Un nouveau-né humain est récupéré et élevé par des aliens dans une finalité particulière que je préfère ne pas dévoiler , mais c'est machiavélique comme topo.

Nous voyons grandir cet enfant , qui ignore qu'il est humain et qui sait seulement qu'il est diffèrent , jusque l'âge adulte en compagnie d'autres personnages ( que des aliens ) , qui nous font découvrir une planète dont le paysage civilisationnel est très réussi . Ceci grâce à une rigueur très poussée , grâce à l'abondance de détails choisis et grâce enfin , à une grande richesse thématique .

La plus grande partie du texte développe l'éducation de l'enfant qui réalise sa différence (son étrangeté) au faire et à mesure qu'il est intégré par étapes dans cette société étrangère , alors qu'il rencontre de plus en plus de monde , en compagnie du lecteur .

C'est un roman poignant et très dur , au rythme lent , à la narration intense très portée à réfléchir sur les différences , les handicaps et leur valorisation , car c'est souvent possible de retourner une faiblesse en avantage et c'est en tout cas un travail de titan que de simplement rééquilibrer l'égalité des chances ...

De ce fait on pourra trouver ce texte difficile d'accès .

Néanmoins sur la fin , avec le dénouement , tout se met en place brutalement .

Même si cette accélération avait été subtilement annoncée , tout se précipite et le lecteur est potentiellement bluffé , car tout est modestement spectaculaire et amené avec un ton très juste .

L'oeuf du coucou n'est pas nouveau, mais c'est comme le bon vin : " Il se bonifie avec l'âge".

On se prend à la fin à regretter que ce roman soit si court et que C. J. Cherryh ne lui ai jamais donné de suite , tant il y a de potentialités et de brio

Les thématiques générales tournent autour du conditionnement , de l'éducation guerrière ,de l'entrainement intensif et individuel et l'approche de ces thèmes est assez brillante .

C'est plus samouraï comme ambiance , beaucoup plus compliqué donc, que le genre bidasse hébété sur le parcours du combattant en tout cas ..

Le plus gros du roman porte donc sur l'entrainement militaire d'un enfant qui devient progressivement adulte , ce thème est constamment cintré par un autre : l'acculturation à une mentalité alien aussi codifiée que subtile .

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Hestia

Hestia est un petit roman aux nombreuses qualités et avec quelques petits défauts qui n'en font pas un livre inoubliable.

Cependant la qualité globale du style de l'auteur confère à ce roman de SF un charme incontestable.

C'est un des premiers romans publié de c.j Cherryh. et c'est un monde colonial sur une planète où l'humanité essaye de s'installer par le biais d'un astroport et de colonies engrenées le long d'un fleuve.

La colonie peine beaucoup à atteindre la rentabilité et l'autosuffisance et la colonie est fragile et presque abandonnée des autorités terrestres .

Mais la place est prise car des aliens habitent déjà ce trou perdu de l'univers.

Les colons et leurs établissements sont éparpillés le long d'un fleuve impétueux qui nécessite la construction d'un barrage .Ils se sentent comme chez eux car les générations ont passées et trépassées.

Les colons agressent le milieux naturel par ce projet de barrage dont la construction est commencée ,par des coupes sombres dans les forêts et par l'usage d'explosifs..

Les habitants originels s'opposent vite à cette invasion et du conflit engagé naitra laborieusement une rencontre entre tous les habitants (originels ou non) de ce monde dont le nom évocateur ne manquera pas de vous faire penser à celui de la déesse grecque du foyer (de la maisonnée comme du Génos): HESTIA

On reproche à ce roman d'être un placage des ambiances westerns dans une trame de planète-opéra , avec la thématique classique des peuples premiers.

Je trouve que ce parti que prend l'auteur de matérialiser ce western du futur qui ressemble incontestablement début de la colonisation de l'ouest de l'Amérique du nord et qui prend dans Hestia la saveur d'une délicieuse équivoque , dont je ne manque jamais l'occasion de re-savourer certains passages .

La caractérisation et le rythme sont infiniment réussis ,les descriptions également.

Mais il y a de petits ratés , tels que des aliens un peu trop « sioux » Je trouve aussi que ce monde entre autre, n'est pas très étranger du point de vue de la flore, de la faune etc…

Cependant des ambiances uniques un rien de Far-West plane dans ces pages distrayantes.

Bizarre donc : un roman pas tout à fait au point mais une ambiance véritablement entêtante.

Au final un ressenti paradoxalement mitigé mais une très agréable trace de lecture.

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La vengeance de Chanur

ROMAN SCIENCE-FICTION / SPACE OPERA.

On prend les mêmes et on recommence, mais en 3 livres cette fois-ci : Tully n'est plus un fuyard mais un agent de l'une des trois communautés spatiales humaines qui déboule comme un chien dans le jeu de quilles des intrigues et des complots des différentes factions des 7 espèces qui se partagent la Communauté et La Jonction ! ça va barder !!!
Lien : http://www.portesdumultivers..
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Forge of Heaven

Quand la géopolitique devient une aventure ...



Un Ondat a précipité un « Hammerfall « sur ce monde infesté de Nanos pour le détruire , mais l'aventure continue et alors que la planète est spectaculairement ravagée Marak poursuit son action .

Un vaisseau et un ambassadeur arrivent de la terre et cette arrivée menace désormais le subtil et empirique équilibre , avec les aliens .

Un conflit armé potentiel se profile donc à l'horizon ...



Ce roman comme "Hammerfall" affiche un style soigné et il est également très agréable à lire , à cause de la grande fluidité du style qui n'est pas dénué d'une certaine élégance .

C'est vraiment complexe comme environnement politique et comme milieu de vie .

C'est assez touffu alors que la géopolitique et la diplomatie sont sans l'ombre d'un doute , au cœur du roman .

L'action est donc subordonnée à cette finalité et ce texte est donc assez « contemplatif « de ce fait ...



La station orbitale " Concord " et toutes les factions qu'elle contient , est au cœur du roman . Synchronisée et en résonance avec la surface de la planète et dans ses abris , où de graves bouleversements géologiques sont à l'œuvre ...

Ce qui se passe au sol a forcément des résonances sur la station en orbite car la planète est sous sa responsabilité tout en étant un enjeu inter-factions humaines et inter-espèces également !



Au tout début Cherryh plante le contexte politique et culturel de ce nouvel univers ( un peu comme dans le prologue de Cyteen pour l'univers alliance et union )

C'est assez époustouflant de crédibilité comme de présence ...



Les perspectives et thématiques abordées par le texte sont sans cesse modifiées ( altérées ) dans les nuances , selon qu'il s'agisse des vues de telle ou telle faction , de tel ou tel personnage en fonction de sa problématique psy ou en fonction de sa zone de résidence ( planète / station ) ainsi que en fonction de son statut face aux Nanos ....



L'incidence des nanotechnologies irrigue le bouquin en profondeur .

"forge of heaven" place au centre de l'intrigue la problématique des rapports au changement des sociétés comme des individus .

Un monde peut être infesté au même titre qu’un corps , cette réalité irrigue également cet univers délicieux de subtilité , alors que plusieurs niveaux de lectures résonnent en échos et s’interpellent au grés de la narration ..

Ici le facteur temps est essentiel car une partie des personnages a acquis une durée de vie très longue , de par leur contact avec les nanotechnologies , que ce soit un rapport passif ou actif avec cette technologie ...

La pureté génétique et l'intervention sur le génome posent dans ce texte la question de la résistance au changement ...



Forge of heaven est un plaisir à cause de son style très soigné , aussi à cause de son ampleur et d'un grand sens du détail et de ses multiples subtilités.

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La vengeance de Chanur

Un M U S T ....

Ce commentaire porte sur l'ensemble du cycle ..

Si vous parcourez les commentaires qui glosent ( occasionnellement et souvent je le crains pérorent ) sur cette série en français ...

Vous verrez des propos qu'il me faut bien qualifier de grotesques : du style cela a vieillis ..

Cette série est intégralement disponible aux usa et cumule à juste titre ... des dizaines de commentaires positifs ...

On trouve en français l'intégrale de cette série mais " d'okaz " ( dans une édition non révisée par l'auteur ).. avec des couvertures débiles qui dissimulent efficacement le talent de l'auteur ... et surtout la richesse thématique de ce cycle ..

C'est un must sur la thématique de l'alien ..

Sept espèces extraterrestres cohabitent dans une communauté spatiale très lâche ...

Les intrigues sont multiples et se déploient sur 2 générations ..

Les personnages sont bluffants de réalisme et de présence .. et nous font partager tout un panel d'affects divers et variés

Il y a un énorme et réel effort créatif dans la création de cette " ménagerie " ( même des méthaniers !! )..

Comment établir et maintenir des rapports fonctionnels entre des espèces si différentes ..

Les fondements exobiologiques de ces espèces sont extrapolées à la perfection ..

Le theme : c'est l'alien " en soit "..

Peu de romans de sf l'ont approché à ce point de front et de façon aussi crédible ..

Il n'y a pas de princesse .. mais à la place nous avons des équipages compétents dans un environnement crédible ..

Il y a une espèce féline .. ( la principale ) ..

Elle constitue ( entre autre ) une métaphore qui permet à l'auteur de gloser indirectement et subtilement sur la condition féminine ... et nous autres messieurs ... recevons ce que : bien souvent nous méritons ..

Excellent ! une ballade dans une foule de culture ... des rencontres fabuleuses et les plus longues ballades dans l'espace que j'ai jamais lues .. ( huis clos des équipages sur les navires de plusieurs espèces .. )

Excellent .. pour s'en convaincre faire un tour sur amazone us ou sur wikipedia ou cette série est très bien documenté ...

Sur ce tome , et bien disons que c'est un vrai panier de crabe qui traine le lecteur plus profond encore dans cet univers. Il fait suite à l'épopéé de Chanur .
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Chanur - Intégrale, tome 1

Avec "Chanur", la grande dame de la SFFF qu’est C.J. Cherryh livre un space opera classique mais solide ayant l’ambition d’être réaliste. Enfin pas si classique que cela car nous sommes dans les années 1980, et dans la population de l’eau a coulé sous les ponts depuis l’Occident triomphant du premier XXe siècle qui faisait la part belle à l’impérialisme, au colonialisme, au machisme et au racisme…

Elle fait donc la part belle à l’autre, à commencer par les femmes dans une Communauté Spatiale où 7 civilisations tantôt oxgéniennes (Hani, Kif, Stsho, Mahendo’sat) tantôt méthaniennes (T’ca, Chi et Knnn) cohabitent tant bien que mal et échangent pacifiquement à La Jonction les marchandises de tout le cosmos :

- les Hani sont des lions bipèdes organisés de manière sophistiquée et conflictuelle en clan matriarcaux et patrilinéaires… L’auteur fait du féminisme par l’absurde avec une civilisation qui juge toutes les rôles importants comme hors de portés des mâles mâles jugés trop changeants pour être compétents, et ils sont des rois fainéants qui gèrent la maison sous le contrôle et la surveillance des femelles qui assurent la prospérité en naviguant à travers les étoiles et le pouvoir passe ainsi de tantes en nièces (d’où l’importance de la jeune Hilfy fille de Kohan et nièce de Pyanfar qui est appelée à un jour dirigé tout le Clan Chanur, et il faut un sacré paquet de pages pour comprendre cela)...

- les Kifs peut-être reptiliens sont ambitieux, cupides et belliqueux, et confondent allègrement commerce et piraterie (ce sont les méchants du cycle jouant le même rôle que les Klingons dans "Star Strek")

- les Mahendo’sat manipulateurs sont l’espèce la plus proche des hominidés de part leur aspect simiesque, et ils se font un malin plaisir de jouer une politique de balance entre hani et kif pour avancer leurs pions et tirer leurs épingles du jeu (ils auraient pu récupérer le rôle jadis révolu aux Romuliens dans "Star Strek" s’ils n’y avait pas les Stsho)

- les Stsho sans doute inspirés des Dirdirs de Jack Vance dans le "Cycle de Tschaï" sont des hermaphrodites trisexués dont on peine à suivre les changements de personnalité, mais violemment xénophobes ils considèrent les reste du cosmos comme des inférieurs à soumettre ou à exploiter… D’ailleurs ils ont offert la technologie du voyage dans l’espace aux hani pour emmerder les Mahendo’sat et les Kifs !

- les T’ca sont des serpentiformes géants doté d’un cerveau matriciel divisé en 7 centres nerveux... la communication avec eux est compliquée, et je vous laisse le plaisir de découvrir comme l’auteure parvient à rendre cela dans les dialogues…

- les Chi qui ressemblent à des assemblages des bâtons fluorescents accompagnent toujours les T’cai, et les débats sont vifs pour savoir s’il s’agit d’un peuple, d’esclaves, de symbiotes ou d’animaux de compagnie...

- personne ne comprend les Knnn aux membres multiples et hautement velus, mais ils disposent des technologies les plus avancées de la galaxie donc personne n’oserait aller se frotter à eux (pas mêmes les Kifs les plus expansionnistes)...





Dans cet univers les humains sont les aliens, et nous suivons les heurs et malheurs de Tully dernier survivant de sa mission d’exploration qui plus qu’un homme-objet et presque un McGuffin que se disputent chaque faction qui veut pour elle seule les informations qu’il pourrait révéler sur l’humanité. Il s’est échappé des geôles d’un vaisseau kif, et c’est complètement perdu qu’il rejoint « L’Entreprise » du Capitaine Kirk, euh pardon « L’Orgueil de Chanur » du Capitaine Pyanfar (parce qu’il vu Hilfy rire et c’est l’attitude la plus humaine qu’il ait rencontré dans l’espace de la Communauté). Nous suivons donc la cavale intersidérale dans un huis clos, avant d’aborder les conflits internes à la société hani où toutes ses rivales attendent impatiemment que son fils Mahn renverse son frère Kohan, et tout est raconté du point de vue de Pyanfar 50 % princesse marchande 50 % strong independant woman flibustière qui nous livre ses pensée et ses sentiments : que va-t-elle bien faire d’un mâle étranger sans griffes, sans crocs et sans fourrure ? et que va-t-elle faire d’un mâle tout court qui risque bien de foutre la merde dans son équipage de femelles ? Le fait d’inverser les présupposés habituels où l’homme est la mesure de toutes choses est très bien rendu et plusieurs passages ne sont pas rappeler la saga de "La Planète des singes" (sauf qu’on remplace les primates par des félins), car Tully fait tout pour montrer qu’il appartient à une espèce intelligente et compétente dans le domaine spatial, et la communication s’avère très très compliquée….

Dans le rétroviseur de l’auteure j’ai reconnu Robert Heinlein et sa SF réaliste et humaniste pour lui rendre hommage et Jack Vance dont elle détourne le l’exotisme et le machisme pour les brocarder. Évidemment ici difficile de retrouver la poésie du "Cycle de Morgane", mais j’ai retrouvé les défauts de ses qualités : elle n’a pas son pareil pour mettre en scène une mentalité étrangère, mais du coup c’est compliqué d’avoir des explications pour nous autres lecteurs (merci aux appendices qui permettent de s’y retrouver) car les personnages ne se donnent pas la peine d’expliciter les us et coutumes des sociétés dans lesquels ils évoluent qui pour eux sont naturels (et cela s’applique également aux tenants et aux aboutissants du récit : heureusement qu’ici les personnages et les enjeux sont simples, sinon cela aurait été difficile à suivre !). Chez Robert Heinlein c’est plus facile car les personnages sont humains donc on peut comprendre leurs motivations, leurs espoirs et leurs peurs sans qu’on nous les explique et il a toujours été pédagogique pour tous les aspects techniques, mais là avec C.J Cherryh on Hard SF à la fois technique et exotique et Space Opera aux allures de roman d’aventure maritime donc c’est moins clair…





Ayant déjà dit tout ce que j'avais à dire sur le tome 1, passons aux suite :

* Tome 2, "L’Épopée de Chanur" :

https://www.babelio.com/livres/Cherryh-Lepopee-de-Chanur/70232/critiques/1776601

* Tome 3, "La Vengeance de Chanur" :

https://www.babelio.com/livres/Cherryh-La-vengeance-de-Chanur/17091/critiques/2211905





Gros potentiel, mais il manque quelque chose pour passer un cap. Je crois que cela se joue sur les dialogues car finalement il y a assez peu d’interactions entre l’héroïne, sa famille, son équipage, ses alliés et ses ennemis : tout est raconté du point de vue de Pyanfar, et entre très nombreux passages en sabir, les expressions idiomatique extraterrestres qu’on ne peut pas comprendre, les problèmes de tablettes traductrices humain / hani et les modes de communications méthaniennes que personne ne comprend y compris Pyanfar ça manque clairement de coolitude, de fluidité voire de clarté. Après c’est peut-être aussi générationnel : on veut donner un seconde souffle au space opera vintage, mais on le fait à l’époque de l’émergence du cyberpunk qui va influence le genre pour donner naissance au New Space Opera dont les "Cantos d’Hypérion" de Dan Simmons sont un peu le porte-étendard… Ou un souci de sensibilité car je surkiffe les sagas "Vorkosigan", "Babylone V", et "Farscape" qui avait les mêmes ambitions (et parfois ont pioché chez l’auteur américaine)...





PS : le résumé du tome 1 parle de femmes-louves… ça arrive aux éditeurs de lire leurs livres ?

Décidément cette série n’a pas été gâtée en VF (qui n’est qu’une petite partie d’une saga bien plus grande quasiment inaccessible en VF elle : l’univers de "L’Alliance-Union") : entre les illustrations de couverture hors-sujet, les 4e de couverture erronés ou mensongers, les titres pas très inspirés et l’absence de numérotation des tomes c’est du boulot bâclé ! Chez l’éditeur J’ai Lu on a donc "Chanur" / "The Pride of Chanur", qui est un roman indépendant et qui se suffit à lui-même, on a une suite en 3 parties intitulées "L’Épopée de Chanur" / "Chanur's Venture", "La Vengeance de Chanur" / "The Kif Strike Back", "Le Retour de Chanur" / "Chanur's Homecoming" (vous aurez remarqué le jeu de mot avec l’épisode V de "Starswars" que personne n’a vu chez J’ai Lu), et une suite « next generation » appelée "L’Héritage de Chanur" / "Chanur Legacy"… Si on avait eu un peu de bon sens, la série aurait dû être nommée ainsi : tome 1, L’Orgueil de Chanur ; tome 2, Le Retour de Chanur ; tome 3, L’Épopée de Chanur, tome 4 La Vengeance de Chanur, et tome 5, e de Chanur et la pour raccord avec le contenu...

Et si vous ne voulez pas hanter les bouquinistes, préférez les 2 intégrales parues aux Nouveaux Millénaires.
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Chanur

Les lecteurs en général, et ceux de SF en particulier, savent bien qu'il ne faut pas se fier à une couverture. Certains éditeurs avaient la fâcheuse habitude d'habiller certains titres de couvertures atteignant des sommes de mauvais goût. C'est le cas de "Chanur". La couverture du roman de Carolyn J. Cherryh est tout simplement hideuse et risible. Tout le contraire du roman en lui-même.



"Chanur" est un excellent space-opera. L'univers créé par Cherryh est riche, cohérent, très crédible qu'on a grand plaisir à parcourir. L'auteure a imaginé différentes races extra-terrestres auxquelles on croit totalement. Les relations entre ces différentes espèces sont très bien construites.

L'originalité réside ici dans le point de vue adopté par l'auteure. S'il y a bien un humain dans cette histoire, il a dans le récit le rôle de l'alien. le personnage principal reste Pyanfar, une Hani (espèce à l'allure léonine) et, grâce au talent de Cherryh, c'est à elle que le lecteur va s'identifier et va donc également adopter son point de vue. du coup, on comprend sa méfiance, parfois même son rejet, vis à vis de l'humain. La thématique qu'on pourrait résumer par "on est tous l'étranger de quelqu'un" est donc parfaitement bien abordée de façon subtile et intéressante.

La psychologie des personnages est fouillée et les émotions sont au rendez-vous.

Le récit est bien mené, les changements de rythme très bien gérés, ce "Chanur" devient très vite addictif. Et pas seulement grâce à quelques belles scènes de batailles spatiales. La communication entre espèces est au coeur du récit et devient un enjeu fort générant un suspense très intense.



Bref, j'ai passé un excellent moment avec "Chanur". Je poursuivrai le cycle avec grand plaisir.



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