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Critiques de Céline Minard (457)
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Faillir être flingué

Un western : j'aurais dû m'en douter avec un tel titre.

C'est un mélimélo de personnages avec des histoires différentes et qui vont se retrouver un jour et d'un certaine manière s'associer pour construire une ville.

C'est de l'aventure, peut être un peu sociologique, légèrement historique.

Au départ, tous les personnages qui ne se croisaient pas, me laissaient un peu perplexe. Et finalement, je me suis attachée à chacun d'entre eux, et je suis contente de cette happy end.
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Bastard Battle

Bastard Battle écrit en 2008 est pour moi le grand frère de Fantaisies guérillères de Guillaume Lebrun lu en mars 2023.

A la fin de la guerre de Cent Ans, le Bastard de Bourbon cherche noise à toute la contrée de Bourgogne et de Lorraine. Il sème la terreur, la mort et la dévastation partout où il passe.

Céline Minard mêle mercenaires, clercs, soldats de fortune, langages divers de François Villon à l'anglais.

Une lecture dynamique presque burlesque où l'on trucide joyeusement tout un chacun parce que de toute façon la mort rôde de tous côtés.
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So Long, Luise

Ce testament d'une écrivaine connue et célèbre, dans lequel elle révèle plusieurs secrets (sur l'écriture de ses romans, sur son rapport à la langue, sur des délits qu'elle a commis), est parfois déroutant, et j'ai eu par moments du mal à suivre le fil des pensées. Toutefois, la langue est belle et souvent poétique, les déclarations d'amour, simples et sublimes.
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Le Grand Jeu

ce roman (?) est tellement étrange... pour ajouter une interprétation aux autres, je crois que cette femme devient folle, et meurt à la fin : c'est ça le Grand Jeu. et j'ai tout aimé parce que je l'ai lu comme la narration de quelqu'un qui justement décrit sa descente dans la folie et sa rencontre avec la mort (ayant fait de l'escalade et vécu à la montagne, ça aide pour les descriptions qui semblent embêter tout le monde, c'est vrai)
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Bastard Battle

J’aime beaucoup les auteurs transgenres, pas au sens sexuel mais au sens littéraire du terme. Ces auteurs capables de changer totalement de style et de contexte d’un livre à l’autre, de surprendre le lecteur en l’embarquant là où il ne s’y attend pas.



Céline Minard – une Rouennaise ! – est de ceux-là. Après le formidable Faillir être flingué où elle revisitait magistralement le western, puis le hold-up libatoire de Bacchantes, c’est au cœur de la guerre de Cent Ans qu’elle nous plonge avec Bastard Battle.



Et pas n’importe quelle plongée : alors que la faiblesse du roi laisse le champ libre à tous les seigneurs locaux pour affirmer leur puissance, c’est dans la région de Chaumont, entre Champagne et Bourgogne, qu’Aligot de Bourbon dit Le Bastard tente d’exercer la sienne.



À la tête de son armée de salopards, il attaque les villes puis pille, étripe, viole, écartèle, lacère, éviscère avant de festoyer sur les restes encore fumants de ses victimes vaincues. Âmes sensibles, passez votre chemin…



Jusqu’à ce que son élan soit un jour stoppé par une bande de mercenaires bien décidés à mettre fin à son ascension meurtrière, emmenés par la grande Vipère-d’une-toise, qui manie la hanicroche comme personne, experte du « pas du bracelet de jade et jeu de pieds du canard mandarin. »



Racontée par le scribe Denysot-le-Clerc, cette version des Sept Samouraïs transposée en 1437 est jubilatoire. Dans une langue mélangeant librement les époques et parfois l’invention, Céline Minard nous plonge dans un récit épique aux accents tarantinesques qui ne peut que se régler dans le sang.



Car vous êtes prévenus : « Croyez bien que sur votre charrette, vous repartirez les pieds devant et les coilles au bec. »

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Le Grand Jeu

Ambitieux et déroutant, le récit d’une expérience (volontaire) de solitude et de rapport au monde du vivant. Une femme s’impose une retraite pour se questionner sur son existence en dehors de la relation sociale. Seule en pleine montagne dans un refuge high-tech (qui existe réellement, d’après une interview de l’autrice), elle s’installe en autarcie, consacrant ses journées à sa survie (potager / conserves) et à l’exploration de son territoire, à travers de longues marches et des escalades (passages très techniques que j’ai eu du mal à me représenter car je ne maîtrise pas du tout le vocabulaire de l’escalade). Elle s’interroge sur les modalités de la relation à autrui, entre menace et promesse, et envisage la possibilité d’une relation hors du jeu. En même temps, on ne sait rien de cette narratrice (sinon son présent immédiat) et on ignore ce qui l’a poussée à opter pour ce retrait du monde. Des réflexions intéressantes, mais la 2e partie prend un tour plus inattendu et burlesque avec la rencontre d’une ermite assez particulière, une boule de laine portée sur la bouteille et les exercices d’équilibre. J’avoue que cela m’a moins convaincue…Le Grand Jeu, Céline MINARD

Ambitieux et déroutant, le récit d’une expérience (volontaire) de solitude et de rapport au monde du vivant. Une femme s’impose une retraite pour se questionner sur son existence en dehors de toute relation sociale. Seule en pleine montagne dans un refuge high-tech (qui existe réellement, d’après une interview de l’autrice), elle s’installe pour vivre en autarcie, consacrant ses journées à sa survie (potager / conserves) et à l’exploration de son territoire, à travers de longues marches et des escalades (passages très techniques que j’ai eu du mal à me représenter car je ne maîtrise pas du tout le vocabulaire de l’escalade). Elle s’interroge sur les modalités de la relation à autrui, entre menace et promesse, et envisage la possibilité d’une relation « gratuite », hors du jeu. En même temps, on ne sait rien de cette narratrice (sinon son présent immédiat) et on ignore ce qui l’a poussée à opter pour ce retrait du monde. Des réflexions intéressantes, mais la 2e partie prend un tour plus inattendu et burlesque avec la rencontre d’une ermite assez particulière, une boule de laine portée sur la bouteille et les exercices d’équilibre (c’est apparemment compatible). J’avoue que cela m’a moins convaincue…
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Plasmas

Une lecture en demie teinte. A chaque nouveau chapitre, il faut s'approprier un nouvel univers, un nouveau vocabulaire, une tranche d'un monde dystopique, pour trop rapidement devoir passer à autre chose, alors que l'on commençait tout juste à s'y immerger pleinement.
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Bastard Battle

Céline Minard se rue dans la brèche en évoquant l’année 1437 : la prise de Chaumont narrée par Denysot-le-clerc. Une bataille que perturbe la virevolte d’une combattante asiatique, qui trouble le tandem d’estoc et de taille par l’art du sabre et la technique du kung-fu. Quand Tsui Hark croise le fer avec Villon. Un régal.
Lien : https://www.lemonde.fr/criti..
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Plasmas

Saviez-vous qu’un jour, des humains augmentés joueront les acrobates ? Que des chevaux miniatures chasseront comme les loups ? Qu’il suffira de chanter pour que des pousses à la gueule de canidé éclosent ? Ou qu’un être, animal de nature, pourra choisir de se faire végétal ?



« Uiush avait choisi sa forme et sa voie depuis longtemps. Il était vert, voué au végétal (...). Il avait néanmoins dû se retenir in extremis d’en décapiter quelques-uns d’un revers de sabre. Par chance, ces imbéciles sentaient le danger quand il était proche et potentiellement fulgurant. Ils finissaient par le laisser en paix. Son humeur la plus commune, sa seule action. La paix, le fond de sa vie. »



Comment parler d’un livre que l’on a trouvé extrêmement étrange et que pourtant on n’a pas pu lâcher une fois ouvert ? C’est exactement ce qui m’est arrivé avec ce recueil. De ce que j’ai pu lire à droite, à gauche, il en a visiblement dérouté plus d’un, j’ai donc le sentiment que cette lecture séduit ou rebute. Me concernant, je peux d’ores et déjà me classer dans la première catégorie, et cela doit beaucoup à l’écriture de l'autrice. La plume de Cécile Minard est d’une sensualité folle, elle décrit avec une poésie délicieuse la danse d’un poulpe, le déploiement d’un végétal, ou le simple plaisir de laisser ses pas se perdre dans le moelleux d’une moquette d’hôtel. Le moindre prétexte devient éveil des sens et je me suis laissée totalement portée par ces nouvelles proches de la prose, sans pour autant comprendre tout ce que je lisais. Voilà, ça arrive, une simple épiphanie.
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Bastard Battle

"Bastard Battle" n’apparaît [...] jamais comme une compilation de références, mais plutôt comme un exercice de style virtuose, singulièrement violent et enivrant.
Lien : https://www.telerama.fr/livr..
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Plasmas

🦠Chronique🦠



« Elle allait parler. Elle allait leur dire… »



Même si on connaissait la suite. Même si on vivait à travers les mensonges. Même si le trouble allait durer assez longtemps.



Elle leur dirait.



Que les papillons parlent. Que la nature est capable de tempête. Que regarder des acrobates peut devenir hypnotique. Que se fondre dans le décor, c’est dépasser la simple observation. Que muter, c’est la nouvelle forme de survie. Que la métamorphose est poésie.



Elle allait parler du Vivant. Sous toutes ses formes, sous tous ses genres, sous tous ses états. Elle allait leur dire que la nature est fascinante, adaptable, exceptionnelle. Elle allait parler technique, urgence écologique, génétique. Il y aurait des extinctions, de l’hybridation, des recombinaisons.



Elle leur dirait.



Que leur fin est proche. Elle dessinerai des nouvelles perspectives, de nouveaux monstres, des nouveaux imaginaires. Elle parlerai mutations, complexités, frontières plus ou moins floues. Elle insufflerait de la vie. La vie, la ténacité du vivant, le phénoménal instinct de survie. Elle renverserai les codes, les règles, les tubes à essais. Elle détruirai tout de l’espoir, et pourtant il viendrait. Sous toutes ses formes, dans tous ses états, et ferai genre, le fou, mais habiterait tous les mots qu’elle aura choisi de dire.



Que l’apocalypse n’est pas si terrible. Qu’il nous reste les étoiles, les océans et les forêts. Qu’on se console de voir la nature faire ses merveilles. Sans nous, mais qu’importe. La beauté mérite des sacrifices. La beauté est vie. La vie est Beauté.s. Que si nous avons été bête de ne pas le voir, la nouvelle génération métamorphosée, elle, aura le don d’aimer chaque mouvement, chaque voltige, chaque vibration. Qu’elle aura la capacité d’adaptation. Qu’elle aura le pouvoir de changer.



Elle allait leur dire…



Qu’avec des Si, on refait et défait un monde. On refait et défait une espèce, un genre, des Plasmas. Qu’avec des Si, l’univers prend d’autres dimensions, d’autres chemins, d’autres vies. Ce n’est que jeux de matières et d’états, de temps ou de hasards, mais toujours cette vie qui prend le dessus, envers et contre tout.



Alors, maintenant, c’est peut-être à moi de dire



Que c’était fascinant. Terriblement intrigant. Céline Minard nous sublime les instants de vie. Des vies imaginaires, des vies redéfinies, des vies inconnues, des vies extraterrestres. Chaque détail, chaque mouvement, chaque infini éclate en nos yeux, en nos cœurs, en nos esprits. L’émotion est vive. La plume est magnifique. C’est une explosion d’images phosphorescentes. C’est de la poésie lumineuse. C’est cela, que j’aimerai lui dire à Céline Minard, que dans ces jours sombres, je vais garder la phosphorescence de sa poésie, le magnétisme de ces textes, la vibration émotionnelle, comme un fait considérable. Comme un fait exceptionnel. Comme un fait déterminant.



Ce qui s’appelle

Un coup de cœur infini, et au-delà…
Lien : https://fairystelphique.word..
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Faillir être flingué

c'est poétique, c'est sympathique c'est un western canada dry. Ça a la couleur de l’alcool, le goût de l’alcool…

J'ai adoré à la fin lorsque l'on comprend ce qui anime les uns et les autres, cette communauté "idéale" de cassés de la vie, pétrie de bonnes actions et de bons sentiments, sauf que arrivée à la fin j'aurais du recommencer depuis le début, parce qu'à aucun moment je n'ai trouvé la piste de chacun des héros suffisamment lisible pour m'en souvenir.

Bravo à ceux qui ont suivi la piste et ne se sont pas perdus en chemin.
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Le Grand Jeu

Bof...vraiment bof...

Désolée d'attaquer ma critique comme cela, mais je suis vraiment passée à côté de ce roman.

Et pourtant, J'avais aimé Faillir être flingué.

Et pourtant, l'écriture de Céline Minard est précise, concise, belle.

Et pourtant, l'idée de départ avait tout pour donner une histoire riche et intéressante.

Et pourtant, je me suis laissée embarquée par certains passages où la narratrice marche en montagne.



Mais l'existence de ce 2ème personnage déroute, certaines scènes sont carrément absurdes, certains passages complètement incompréhensibles et la sur-abondance (le mot est faible) de vocabulaire technique du domaine de l'alpinisme m'ont totatement laissée de côté.



Je n'ai fini le roman que parce qu'il est court et par curiosité pour voir si cela s'améliorait.
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Faillir être flingué

Une curiosité que ce livre…



Céline Minard aurait-elle été sqaw-chamane ou danseuse de bastringue dans l'ouest au cours d'une autre vie, pour si bien transporter le lecteur dans les grands espaces américains, sur les pas des cowboys, prospecteurs, émigrants et indiens de tous poils?



On peut parler ici de mythe fondateur d'une nation, par une épopée vers des terres vierges, dans une nature omniprésente, avec faune et flore généreuses ou dangereuses, un voyage qui se décline entre violence humaine et sérénité.



Plaines desséchées et caillouteuses, mirages sur prairies moites de chaleur, paysages à l'infini parcourus à cheval ou à pied interminablement, nuits à la belle étoile enroulés autour d'un fusil, survie par la chasse ou la recherche de l'eau, combat contre les éléments déchaînés en étant simplement des hommes fragiles mais teigneux.



Une aventure humaine d'une autre époque racontée avec un réalisme lyrique: des cow-boys, des indiens, des voleurs de chevaux, des chariots dans la plaine, des danseuses de saloon… Une multitude de personnages convergeant volontairement ou pas vers une ville champignon sortie de nulle part: "Une rue longue d’environ 600 mètres, bordée de part et d’autre de tentes et de baraques en planches plus ou moins solides." La naissance d’un monde neuf ou chacun aura sa chance, quel que soit son turbulent passé. Tout est à dompter, à conquérir, en sauvant sa peau, nécessairement!

Avec l'esprit d'entreprise typiquement américain, partant de rien pour construire ou reconstruire une vie...



Le quotidien de l'Ouest se décline, brutal, dans les vies entremêlées de personnages variés, Brad, Josh, Jeffrey, Elie, Zébulon, Sally et les autres… dans leurs savoir-faire en débrouillardise et autonomie, dans leurs talents de pisteurs, de fermiers, de cavaliers en communion avec leurs montures, dans les rapports rugueux et suspicieux où la confiance est une denrée rare.



Tous les clichés possibles s’empilent (attaque de la diligence, saloon tenu par une maquerelle, chinois blanchisseurs…) et pourtant l’image mythique du western ne cesse d’être bousculée. Céline Minard a à l’évidence pris beaucoup de plaisir à tricoter cet univers à la fois décalé et respectueux des codes du genre. Il suffit de voir la facilité déconcertante avec laquelle elle parvient à installer une ambiance "typiquement western": son saloon a l’odeur du tabac froid et du whisky bon marché, sa prairie verdoyante résonne du bruit des sabots des chevaux indiens et quand on s’assoit sur le fauteuil du barbier, on sent la douceur de la mousse à raser et la pression du coupe-chou sur notre carotide. Une écriture descriptive à la précision diabolique qui plonge le lecteur en pleine immersion. Que ce soit dans les passages contemplatifs où lors de scènes d’action trépidantes, tout sonne terriblement juste. Même le final, nerveux à souhait, que l’on attend crépusculaire et tragique, se termine sur une pirouette inattendue.



Du souffle, un hymne poétique à la nature sauvage, tout un monde disparu mêlant blancs, chinois et indiens, décrit avec minutie et précision du détail, violence et humour… pas de doute, Céline Minard est bien une virtuose.



Je dois avouer m'être perdue dans ces grandes prairies du Far West, ma boussole a merdé sur une partie de ma lecture, mais j'ai retrouvé le cap. J'ai apprécié ma lecture, l'écriture et l'ambiance western y sont pour beaucoup … une vraie pépite de descriptions.



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Faillir être flingué

Dans ce livre, on suit la trajectoire de différents personnages en route vers l’Ouest. Leurs chemins se croisent et finissent par se rejoindre dans une petite ville naissante. Chacun•e y arrive avec ses rêves de vie nouvelle, mais certain•e•s charrient aussi quelques embrouilles dans leur sillage...



J’ai beaucoup aimé ce livre, cela faisait très longtemps que je n’avais pas lu de western. On découvre tour à tour les frères McPherson, Eau-qui-court-sur-la-plaine, Zébulon, Arcadia la contrebassiste, Sally et ses salariées... Les personnages ne sont pas perpétuellement en compétition pour survivre, ielles sont davantage dans une dynamique de coopération. Ielles nouent des alliances, des amitiés se créent. Mais tout ce petit monde a la gâchette facile.
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Faillir être flingué

Quelle idiote velléité d’avoir voulu bouder ce western à la française.



Sur le papier cela ne pouvait pas fonctionner, bin ouais, qu’est-ce qu’on y connait nous aux pétards à six pruneaux, aux plaines à pertes de vues sans supermarché et aux maxi-bouses de bisons ? Mais cette culture des armes à feu, ce passif gigantesque d’extermination des autochtones cette liberté immense, l’habitude des cavalcades et du bétail ce n’est pas nous.



Le western peut être à la rigueur italien, si on aime la sauce spaghetti, mais avec les mais paumes tournées vers le haut et pouces rejoignant les autres doigts poignets balancés avec ferveur d’avant en arrière, ce n’est pas très pratique pour flinguer à tout-va n’est-ce pas ?



Évidemment le tord-boyaux au saloon là on peut rivaliser mais je n’y croyais pas, j’ai freiné des quatre fers d’abord chaque fois que je le voyais passer, puis je faisais de mon mieux pour l’ignorer à chaque fois que j’allais fourrager dans ma PAL…



Et puis le lasso du hasard a fini par faire le boulot à ma place. Un petit finalement pourquoi-pas quasi défaitiste à déposé entre mes mains une sacrée pépite littéraire.



Je crois que tout y est.

Les codes sont embrassés et revisités avec une agilité qui captive. La plume ne souffrant d’aucune traduction hasardeuse est d’une grâce folle et d’une poésie intense. Les éléments historiques ont été savamment étudiés pour que le décor soit plus que convaincant.

Et puis cette maîtrise du récit mélangeant avec audace moment précieux et intensité d’action, puis amène sûrement tout ces éléments vers un final magistral, qu’on n’attend pas.

J’ai continué de freiner des 4 fers, à en faire des étincelles sur la piste tant je voulais savourer chaque page.



Un vrai bon western à la patine étudiée qui vous rappellera peut-être L’inénarrable Lonesome Dove pour sa grande sensibilité et ses beaux personnages, Les Marches de l’Amérique pour le détour en chariot au cœur d’une l’Amérique rustique et sauvage qui sort de la poussière, et Au Loin pour sa poésie envoutante.



Coup de cœur !

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Faillir être flingué

« J’en ai marre, c’est toujours toi qui fais Blondin. »

Sur la tête, j’ai un faux sombrero qui me tombe sur les yeux, un veston qui sent la poussière et qui descend jusqu’au milieu de mes cuisses d’enfant, plus bas que mon short, et un fusil en plastique avec un petit bouchon rouge au bout du canon, attaché dans mon dos par une ficelle qui me fait mal.

Mon frère, à qui s’adresse évidemment une nouvelle fois cette plainte, pour la 15e fois des vacances, porte un très beau chapeau de cow-boy, une chemise à carreaux, un bandana, et il a la chance d’avoir deux colts en plastique dans des holsters en faux cuir marron autour de son jean.

Il a cinq ans de plus que moi et il tire de son âge l’immense privilège d’interpréter Blondin dans les mondes imaginaires qui illuminent nos après-midis de vacances chez notre grand-mère. Privilège absurde et injuste puisque de nous deux, c’est moi qui ai les cheveux blonds.

Mamie nous a encore une fois laissé regarder « le Bon, la Brute et le Truand » hier soir – même si pour ma part, je m’endors toujours avant la fin.

A la maison, avec papa, nous avons regardé Silverado et je suis toujours sous le charme du jeune Kevin Costner.

Chez nos autres grands-parents, nous rions devant les westerns spaghettis avec Bud Spencer et Terrence Hill.

Mais ici, chez mamie Anne, notre héros, c’est Clint Eastwood, que nous admirons en pyjama sur le canapé, en nous chamaillant bien sur, parce que « tu prends toute la place » « oui mais tes pieds ils me gênent ».

Chaque jour, nous passons notre temps à vider les vieilles caisses de jouets de la salle de jeux du sous-sol, nous fabriquons des costumes avec ce que nous trouvons, c’est dépareillé, anachronique et décousu, en fond sonore, sur le vieux mange-disque, un 33 tours de Boby Lapointe tourne en boucle (le seul disque de la salle de jeux), ça n’a pas de sens mais nous sommes plongés dans nos rêves, nous rions, notre monde occulte tout le reste et le temps file…

Les westerns nous plaisent et nous aimons créer notre propre western, avec tout ce qui nous tombe sous la main, toute l’inventivité qu’offre l’imaginaire enfantin.

Le secret d’un bon western, c’est ce mélange dépareillé de tout ce que les prairies de l’Ouest ont à offrir, des truands rusés et des cowboys charismatiques, des héros sales et des indiens flamboyants, des tenancières de saloon bravaches, des jupes chatoyantes, des barbiers craintifs, des moutons, des ivrognes mais surtout, des histoires d’amitiés, de quêtes et de revanches.

Un bon western, ce sont des personnalités chamarrées qui, par le biais d’une intrigue aussi simple que captivante, convergent soudainement en un point donné, à un instant T, créant cette étincelle qui fera tout basculer.

« Faillir être flingué » capte tout ça, ce monde incroyable qui nous a tant fait rêver, mon frère et moi, dans le sous-sol de notre grand-mère. Se plonger dans ce roman, c’est farfouiller dans une caisse de jouets pour en tirer des trésors hors d’âge et leur redonner une nouvelle fonction, c’est faire fonctionner son imaginaire pour se laisser porter, sans retenue, dans un monde de gentils bandits, d’amitiés qui se créent, d’amours maladroites, d’humour et de suspens.

Céline Minard nous offre la lumière et la poussière du grand Ouest, les lattes en bois du saloon qui craquent sous les talons des bottes en cuir, les chevelures des prostituées, dorées comme la bière fraiche, les personnages mystérieux, les cowboys taiseux, les indiens mystiques, les chevaux sauvages, les arnaqueurs et les charmeurs… des histoires qui se croisent et se perdent, se retrouvent et prennent soudainement sens, nous font espérer et sourire, nous font magnifiquement rêver en somme.

J’ai adoré ce roman et l’ai terminé avec regret, en me disant que si je l’avais lu plus tôt, je ne me serais pas autant disputée avec mon frère pour être Blondin, car j’aurais voulu être la chamane, ou Sally, ou peut-être même Brad. Mais bien sûr, nous sommes trop vieux maintenant, la salle de jeux est loin, la maison vendue depuis longtemps, le temps file et j’ai soudainement envie de porter un vieux veston qui sent la poussière, et d’écouter Boby Lapointe, même si ça n’a pas de sens.

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Faillir être flingué

Un beau western littéraire.



Bien sûr, c'est un genre qu'il faut aimer, mais il faut reconnaitre que l'ambiance et l'immensité de la plaine sont très bien rendues !



Les personnages arrivent peu à peu sous la plume de Céline Minard : migrants, cow-boys, indiens, voleurs de chevaux et convergent vers cette ville nouvelle où tout est à construire : la quincaillerie, la boutique du barbier, du blanchisseur chinois, le saloon avec son piano mécanique ...etc. Les images des films resurgissent rapidement.



Description :

« Une rue longue d’environ 600 mètres, bordée de part et d’autre de tentes et de baraques en planches plus ou moins solides. »



Une bonne bouffée d'Ouest américain.

On peut déplorer un style trop compact, peu de dialogues et beaucoup de descriptions.



Lu en 2014 ; Il faisait partie de la Sélection Livre-Inter 2014, au programme de notre comité de lecture.
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Faillir être flingué

J'ai découvert avec grand intérêt l'écriture de Céline Minard. Mon parcours dans ce récit cru, clair, sombre, terrible, déconnant, futile, fondamental ; m'a - les adjectifs en témoignent - réellement déboussolé. Plutôt dans le bon sens du terme, finalement, mais j'ai vraiment eu la sensation d'être valdingué d'une émotion, d'une sensation, d'un état à une autre. Ce roman d'errance situé dans l'univers du western est improbable, incertain, cyclique. Les mêmes actions reviennent : le saloon, les chambres de prostituées, le campement, les vaches, les tipis... La violence est omniprésente. On tue pour rien, ou presque. Les sujets de discussions prennent parfois une hauteur qui nous dépasse. Bref, c'est très surprenant comme ouvrage. Il faudrait que je me penche sur d'autres ouvrages de cette autrice pour savoir si le délire m'accroche davantage. Quoi qu'il en soit, les personnes ayant des préjugés sur l'univers du western, risquent de prendre une belle claque avec ce livre. Une prochaine fois, Madame Minard, qui sait ?
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Olimpia

Pour cette chronique, parlons d’histoire et plus précisément d’histoire pontificale avec Olimpia de Céline Minard.

J’avoue que je ne connaissais pas du tout l’autrice avant de voir son nom sur plusieurs livres à la table de cette fameuse librairie. Et sur les conseils avisés d’un festivalier, j’en pris deux — un western dont je vous parlerais plus tard et ce court pamphlet, Olimpia. La dame qui donne son nom au titre est Olimpia Maidalchini, belle-sœur du pape Innocent X qui profitera de sa proximité avec le pontife pour faire fructifier la fortune de sa famille et asseoir son pouvoir personnel. À la mort de celui-ci, la chute est rude et menacée d’un procès, elle quitte Rome en maudissant la ville et la famille qui l’a trahie. Et le très court roman de Céline Minard, ou plutôt le long discours de cinquante pages, qui porte son nom est cette malédiction. Rageuse, truculente, menaçante, l’Olimpia telle que l’imagine l’autrice a le verbe haut, le sens de la formule et ratisse large dans sa rage. À quelques siècles de distance, disons le tout net : l’amatrice d’argot et de mythologie que je suis s’est régalée à lire ce concentré de venin souvent hilarant et a parfois haussé un sourcil en visualisant ce que la narratrice impliquait. Et pour justifier le prix de ce petit livre (5 € en poche), Céline Minard y adjoint un second texte, Olimpia Maidalchini la papesse, qui est une biographie tout aussi enlevée de cette faiseuse de pape de son enfance à Viterbe à son exil et à sa mort de la peste. Et pour une première rencontre avec la plume de cette autrice, Olimpia m’a séduite et j’en lirai certainement d’autres.
Lien : https://www.outrelivres.fr/o..
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