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Citations de Charif Majdalani (182)


Le quartier en avait connu d’autres, bagarres entre chefs de clan, fusillades, intrusions des habitants de Basta ou meeting politiques houleux, mais rien ne marqua davantage les esprits que l’enlèvement de la fille cadette de Chakib Khattar, au matin de cette journée de mai 1964.
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Lorsqu'il me le raconta, bien plus tard, il conclut en disant avec un sourire et tout en pensant à quelque chose que je ne sus déchiffrer que cette nuit afghane avait été sa part d'immortalité.
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Rentables, très rentables en revanche, le port et le service des douanes par où passent tous les jours des milliers de tonnes de marchandises, l'aéroport, le service d'enregistrement des véhicules motorisés, le casino du Liban. Autant d'institutions qui toutes possédèrent à un moment ou à un autre leurs propres caisses noires, dont les comptes sont absolument opaques depuis trente ans et où auraient disparu plus de vingt milliards de dollars.
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Loin de s'achever avec le retour de la paix, la dérégulation, qui aboutit à une urbanisation effrénée et à des dégâts écologiques irrémédiables, se poursuivit sous la funeste IIe République, durant laquelle tous les excès furent légalisés, tant qu'ils pouvaient rapporter de l'argent, encore de l'argent, toujours de l'argent. J'ai décrit tous ces mécanismes dans L'Empereur à pied, que peu de lecteurs ont interprété aussi comme un roman sur la destruction de l'environnement et la ruine d'un pays par la violence physique qui lui était infligée. Pendant trente ans, l'édification de mastodontes immobiliers défigura les villes autant que les montagnes. Des individus ou des groupes anciennement proches des milices, et devenus en temps de paix des promoteurs et des milliardaires sans scrupules dans l'orbite du pouvoir, mirent la main sur des pans entiers de côtes et de plages en les bâtissant et en les privatisant arbitrairement. La même espèce d'hommes éventra, fracassa, dépeça des montagnes entières pour en extraire le sable nécessaire aux cimenteries, et ces carrières causèrent des béances atroces dans certains des plus paysages du pays. Durant les années 2008 et 2009, une publicité financée par par des groupes écologistes représentait le Liban sous les traits d'une superbe jeune femme recevant progressivement des coups, des blessures, des plaies, des échardes, jusqu'à à en être défigurée et rendue horrible à voir. La publicité choqua, et on l'interdit. Le déni était encore très fort, on ne voulait rien voir. Pourtant, le visage défiguré du pays était sous nos yeux en permanence, et le travail de destruction tous les jours accru. Des contrats faramineux étaient sans cesse signés, des horreurs ne cessaient de s'élever en contrevenant aux lois. Les décrets sur la fermeture des carrières étaient bafoués et les plages publiques spoliées ne furent jamais restituées parce qu'elles appartenaient de fait à des membres de la caste qui tenait l’État en otage.
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Il y a quelques années, une revue littéraire m'a proposé d'écrire une dystopie qui aurait pour cadre le Liban ou le monde arabe. J'ai imaginé une histoire de spéculations immobilières à grande échelle à Beyrouth, comme il y en a tant eu durant ces dernières années, de buildings et de centres d'affaires ultra-modernes bâtis par des mafias liées au pouvoir sur des terrains gagnés en compressant les millions de tonnes de déchets dans la mer. Un monde d'affairisme glauque, environné de dorures et les pieds dans les ordures.
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Sur les réseaux sociaux, la même chose, inlassablement, jusqu'à la nausée. L'effondrement économique, la ruine du pays, le contrôle des capitaux, les taux de change et la livre en chute libre, l'inflation, la pénurie qui guette.
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Ce soir, il n’y a ni guerre ni destructions, mais l’absence d’électricité donne la même impression de ténèbres. Pourtant, un réverbère inexplicablement éclairé dans la rue, insolite, fait jaillir au cœur de l’obscurité les couleurs pourpre, rose, rouge et mauve d’un grand bougainvillier. Les générateurs ronronnent dans le fond de la nuit, couverts par les éclats de voix de nos conversations. Un coup de vent bienfaisant passe, et se lève alors la voluptueuse odeur des gardénias.
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La catastrophe aurait commencé à se produire lorsque les grandes monarchies du Golfe n’ont plus alimenté leurs comptes faramineux au Liban, puis lorsque l’aide internationale a cessé d’affluer, à cause de l’évidente corruption des milieux politiques. Les banques ayant par ailleurs accordé d’énormes crédits à l’État qui s’est trouvé incapable de les rembourser (l’argent prêté n’ayant par ailleurs jamais été utilisé pour le bien public mais disparaissant systématiquement dans les trous noirs des sociétés écrans des hommes au pouvoir, de leur clientèle politique et des caisses parallèles), l’ensemble du système bancaire s’est effondré.
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Quoi qu’il en soit, à partir de minuit, les rues deviennent des gouffres insondables, encre noire ponctuée par les lumières rouges des feux arrière des automobiles qui filent.
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Le hasard a quelque chose de romanesque, voire de tragique. C’est il y a cent ans exactement, en 1920, que l’État libanais a été fondé, et on ne peut que rester rêveur devant l’ironie du sort qui fait advenir la ruine d’un pays à la date même de sa naissance, et au moment même où l’on s’apprête à en célébrer le centenaire. Jusqu’où remonter sur ces cent années, dans la généalogie du désastre ?
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La machine économique est moribonde, les commerces sont au bord de la ruine et pourtant, depuis le matin, une activité effrénée s’empare de la ville, comme aux plus beaux jours de son opulence subitement passée. Les embouteillages ne sont pas pires que naguère, bien que les feux de signalisation se soient éteints avec la pénurie de courant électrique. Là où il y en a encore, incompréhensiblement, les agents de la circulation encouragent les automobilistes à les brûler, à grands gestes rageurs, faisant rouler tout le monde en même temps, comme s’ils mettaient un soin qui relève de la revanche à rappeler que l’ordre ne règne plus, alors pourquoi respecter encore ces foutus derniers feux survivants. Les automobilistes en restent pantois. Certains, comme moi, résistent, sous le regard hargneux des agents qui semblent conscients et honteux d’être devenus les représentants du désordre général et de la faillite de l’État, et qui en rajoutent, comme on achève avec fureur de casser un objet auquel on tient pour se punir de l’avoir inconsidérément ébréché.
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Si, dans cet écheveau des myriades de possibles qui ne se sont jamais accomplis ou qui se sont accomplis ainsi plutôt qu’autrement, on ne peut jamais savoir ce qui aurait été meilleur que ce qui a été, il arrive en revanche que le hasard soit complice de nos vies et leur donne le meilleur, ou ce que l’on croit être le meilleur, parce qu’on est heureux.
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Une force l’aurait ainsi mené sur le chemin du bien, du meilleur possible pour lui, depuis le début, une force présidant avec intelligence à la chaîne des faits qui a constitué son existence, et donc à son destin.
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Il rêva peut-être de dômes rutilants, mais dut apprendre qu’une ville se vit non par en haut mais par en bas, dans les venelles et l’odeur de cuisine [...]
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Il lui parle d’astronomie. Elle pense comme beaucoup que les continents et les terres habitées sont au sommet de la sphère terrestre, ce qui justifie qu’on ne tombe pas dans le vide, le reste étant fait de mer.
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On s’attendait à voir un homme en turban et seroual, et voici qu’arrive une sorte d’Européen aux yeux verts, vêtu comme tous les courtisans autour du grand-duc. On l’écoute avec attention expliquer ce qu’il est et qui il est. Le grand-duc l’interroge sur ses travaux, sur l’arabe, sur le Collège maronite que son grand-père a contribué à fonder.
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Ce que nous ignorions en fait, c’est qu’à ce moment il était effectivement passé par Kaboul mais en était déjà parti, car à l’issue de son expérience dans la steppe afghane, selon ce qu’il me raconta plus tard, il avait subitement eu envie de rentrer. « Il y a des jours, me confia-t-il, où on se dit que, où qu’o aille désormais, ce sera pareil », et une nostalgie irrésistible pour la maison, les vergers, pour sa mère et sa sœur se mit à le tenailler.
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De jeunes guer­riers oisifs, en chemise de corps et qui parais­saient au courant de nos ennuis, si nous avions bien affaire à Salloum dit le Vicieux. J’opinai et je les vis échanger une moue qui semblait signi­fier que nous n’étions pas au bout de nos peines… Le domaine recom­mença à être envahi. les mili­ciens reprirent leurs aises de tous côtés.
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Badi » les accom­pagne souvent, et voilà la messe est dite, regards équi­voques, rougeur sur les joues de Marie qui petit à petit est gagnée par l’audace, qui s’isole avec Badi », encou­ragée par ses cousines, et tout le monde évidem­ment joue avec le feu parce que l’on sait très bien que le mariage de Badi » et Marie est impos­sible. Mais on s’amuse, on élabore des scéna­rios, on essaie de les faire exister, la vie pour un moment est comme un roman.
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Dans la voiture, elle se mettait en colère et marmon­nait dans mon dos contre son frère qui lais­sait faire, qui donnait son accord pour que fussent inhumés là une vieille femme ou un vieillard trépassés simple­ment parce qu’ils s’appelaient Hayek . « On n’est plus entre nous, ni sur nos terres ni en dessous » grommelait-​elle.
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