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Citations de Charif Majdalani (182)


Nous vivions dans une époque complexe et difficile, la roue des jours tournait comme la pierre de l’affûteur, grinçante et en même temps joyeuse, brûlante et pourtant étincelante, et lui, mon patron, était ainsi, difficile et resplendissant, dur et pourtant capable d’une générosité plus que royale.
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Mais en définitive, qu'avais-je à faire de tout cela, qu'avais-je à faire de tant de moyens, d'argent et de biens si je ne pouvais posséder Monde ?
Bientôt les vieux rêves d'action et de poésie dans l'action se remirent à me tarauder dans mon ennui d'industriel.
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"Et vous pensez qu'elle l'aime, Mathilde Sabbagh?" ai-je demandé.
"Pas besoin de l'aimer, a répondu l'aînée, il est aux petits soins pour elle, il a acheté toutes les hypothèques et les a rendues à ses parents." J'ai répondu qu'il avait donc acheté Mathilde, en quelque sorte.
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J'avais toujours pensé, quand j'habitais l'Occident, que notre époque, c'est-à-dire celle des démocraties, était le plus haut sommet de responsabilité et de lucidité auquel était parvenue l'humanité. Or, je crains, lui dis-je, que l'on ne réside que peu de temps sur les sommets et que nous soyons désormais déjà sur le versant descendant. Le temps des démocraties aura été une brève période de funambulisme historique, une grande époque de l'Histoire humaine qui hélas est en train de s'achever, à cause d'innombrables facteurs dont les principaux sont certes l'inintelligence des masses, ou leur peu de lucidité, et l'irresponsabilité des hommes qui gouvernent le monde, mais aussi l'instinct grégaire, la fascination pour le désordre, l'envie d'en découdre en permanence, et aussi sans doute la pulsion suicidaire de toute société à un moment de son existence. Cette pulsion est une de celles qui m'avaient le plus donné à réfléchir, quand je faisais mes études en Europe, et je me suis pris à me demander si les peuples démocratiques ne finissent pas par se morfondre dans l'ennui ou dans le ressentiment et se trouvent comme pris d'une envie d'action, d'un besoin d'en découdre, d'allumer de grands brasiers et de se jeter dedans, poussés par d'inexplicables montées de désirs.
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C'était aux confins des steppes, ils roulèrent des heures sur des pistes, alors qu'au loin les premiers monts pelés de ce qui toujours plus à l'est devient l'Himalaya dessinaient d'étranges arêtes que le soleil teintait de vermeil et de pourpre. On était au printemps, me rappela-t-il, et, outre les champs de coton et la blancheur de leurs récoltes, le paysage aride était couvert de coquelicots à perte de vue. Des cavaliers surgissaient, creusant des sillons dans ce tapis sang et neige, et venaient vers eux au galop...
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Lorsque nous avons dépassé les oliviers, marchant dans les herbes sèches qui cachaient parfois les restes de sillons durcis, en direction des ruines d’un petit cabanon que j’aurais envie de faire restaurer, il m’a demandé s’il était envisageable que je lui paye en cash.
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Il était destiné à l'érudition, raison pour laquelle il fut envoyé à Rome dès 1621. Mais il eut des aventures et des pensées hérétiques. Ses apartés avec Ferdinand de Toscane sont célèbres, et on sait qu'il vendit au grand-duc des balles de soie grège rapportées d'Orient. Il passa souvent sous les échafaudages de Pierre de Cortone, qui travaillait au plafond du grand salon du palais Barberini à Rome. Il était familier de ce palais, dans la bibliothèque duquel il se penchait sans fin sur les cartes du monde et voyait lentement, progressivement, se dessiner sous ses yeux la forme définitive qu'allait prendre la Terre.
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"C'est cela que je ne suis pas parvenu à faire comprendre à mes enfants à propos de ma fascination pour ces paysages : ce silence, cette paix immense des montagnes, comme ultimes témoins de ce que dut être le statisme éternel de la planète avant l'irruption du temps et de l'Histoire, et avant le désordre, la ruine et l'entropie que les hommes ne cessent de produire depuis qu'ils ont commencé à s'agiter sur la Terre."( p141)
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Nayla rentre épuisée de son cabinet. De par son métier, elle sait que les crises sanitaire et financière et le confinement réveillent en chacun d’entre nous des peurs et des problèmes plus anciens qui, en faisant retour, peuvent s’avérer dévastateurs psychiquement.
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Le hasard a quelque chose de romanesque, voire de tragique. C’est il y a cent ans exactement, en 1920, que l’État libanais a été fondé, et on ne peut que rester rêveur devant l’ironie du sort qui fait advenir la ruine d’un pays à la date même de sa naissance, et au moment même où l’on s’apprête à en célébrer le centenaire. Jusqu’où remonter sur ces cent années, dans la généalogie du désastre ?
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La catastrophe aurait commencé à se produire lorsque les grandes monarchies du Golfe n’ont plus alimenté leurs comptes faramineux au Liban, puis lorsque l’aide internationale a cessé d’affluer, à cause de l’évidente corruption des milieux politiques. Les banques ayant par ailleurs accordé d’énormes crédits à l’État qui s’est trouvé incapable de les rembourser (l’argent prêté n’ayant par ailleurs jamais été utilisé pour le bien public mais disparaissant systématiquement dans les trous noirs des sociétés écrans des hommes au pouvoir, de leur clientèle politique et des caisses parallèles), l’ensemble du système bancaire s’est effondré.
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La plupart des pères fondateurs de l’État libanais étaient poètes, écrivains, juristes. Mais c’étaient aussi des hommes d’affaires avisés, et des banquiers sourcilleux, lecteurs de Hugo et de Heredia, mais aussi du Commerce du Levant, le vénérable et encore efficace magazine économique fondé à leur époque. Selon Le Commerce du Levant de cette semaine, plus de deux mille entreprises commerciales ont fermé leurs portes ce dernier mois, deux cents pharmacies, ainsi que des enseignes internationales fameuses qui quittent définitivement le pays, tels Adidas ou Coca-Cola.
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Il n’y a plus d’argent et l’ouverture de crédits pour l’achat de mazout est devenue impossible. Quand finalement les autorités concernées en font l’acquisition, il se volatilise. “On se demande où passe le fuel que nous achetons”, déclare, étonné, le ministre de tutelle. Autrement dit, en plein milieu de la crise, ce qui s’est évaporé, ce sont encore quelques dizaines de millions de dollars qu’on avait réussi à trouver en raclant les fonds de caisse.
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"Je ne suis maître de ma vie que de manière très limitée, mais dans cette infime limite ma liberté est infinie."
Cette phrase est sans doute la dernière que d'Arbensis écrira. Il gardera par-devers lui le manuscrit de ce texte...
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À l’évidence, ces enfants mentent pour cacher une origine plus compliquée que celle qu’ils veulent bien avouer, ou bien ils ne savent tout simplement pas d’où ils sont originaires, soit parce qu’ils sont arrivés très petits, soit parce qu’ils sont nés ici. La natalité dans ce milieu est apparemment vertigineuse. L’État libanais ne s’en est pourtant jamais préoccupé, laissant croître la misère, la violence domestique, l’ignorance et sans doute la drogue et la prostitution. Aujourd’hui, dans le naufrage général, le destin de cette immense population déjà largement livrée à elle-même reste d’une opacité totale.
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Depuis quelques jours, les cas de contamination au Covid-19 augmentent très sensiblement et les rumeurs courent sur un possible reconfinement. Pour les entreprises, c’est comme un jeu de quilles où les coups se suivent avec une régularité méchante jusqu’à l’élimination de tout ce qui reste debout.
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Le Liban dans la crise, me suis-je dit, ou la rencontre pas si fortuite que ça, chez un grand photographe, d’une spirale de bouse compressée et d’un Churchill.
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La toile de fond infernale sur laquelle se projettent nos gestes et nos activités désormais limitées, la pauvreté croissant à vue d’œil, la misère, les licenciements de masse, les suicides, tout ça est dessiné sans fin, de manière virtuelle, par les réseaux sociaux, les rumeurs, la presse. Seul l’impact direct sur moi de ce qui se passe témoigne qu’il se passe bien quelque chose. Or cet impact est certain, et se ressent dans l’inquiétude, l’angoisse, l’esprit en permanence occupé par des scénarios catastrophes, des doutes soudains sur la validité des choix face à la situation, devant nos comptes bancaires vides parce qu’on a tout investi dans des achats, ces investissements mêmes qui peut-être ne vaudront rien avant quelques années, et alors comment envisager notre avenir et celui des enfants dans un pays en ruine ?
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Il n’y a plus d’argent et l’ouverture de crédits pour l’achat de mazout est devenue impossible. Quand finalement les autorités concernées en font l’acquisition, il se volatilise. “On se demande où passe le fuel que nous achetons”, déclare, étonné, le ministre de tutelle. Autrement dit, en plein milieu de la crise, ce qui s’est évaporé, ce sont encore quelques dizaines de millions de dollars qu’on avait réussi à trouver en raclant les fonds de caisse.
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Il était bon d’y être riche, mais on pouvait le devenir dans l’art et le design autant que dans les affaires et l’immobilier, les banques offraient de si faramineux taux d’intérêt que c’était l’eldorado des rentiers. On ne produisait plus rien, l’agriculture était à l’abandon, l’industrie inexistante, on vivait sur les importations, et le gouvernement, afin de développer encore les grands projets, prit la décision d’emprunter en dollars américains aux banques locales, à des taux absurdes. La dette grimpa à trente milliards, puis à quarante, puis à cinquante, et ses intérêts seuls égalèrent puis dépassèrent le PIB. Mais Alagna chantait à Beiteddine, Plácido Domingo à Baalbek et l’élection de Miss Europe se déroulait au Liban.
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