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Citations de Charif Majdalani (182)


Cette année 1633 est l’année de la condamnation de Galilée, et celle où Descartes, l’apprenant, renonce par précaution à la publication du Traité du monde et de la lumière. ... Autrement dit, cette année est la charnière entre la fin de l’espérance des coperniciens et le début d’une reconquête des esprits par l’Église, une reconquête marquée par la contre-offensive de la pensée aristotélicienne et dont l’éclat de l’art baroque aussi bien que le recours à l’Orient comme retour aux sources du christianisme sont deux des manifestations. 
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Une petite brise apporta les odeurs de la mer et le tintement du tramway.
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Le 10, le gouvernement est tombé. C’est le deuxième qui s’effondre sous les coups de la contestation et de l’insurrection, sans que l’establishment mafieux qui l’a installé, puis lâché, n’en soit très affecté.
(Chapitre 67)
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Chacun l'imite, porte à sa bouche la pulpe sapide, et c'est alors une révolution de palais qui se produit, une acidité se dégage, aussitôt équilibrée par une note sucrée avec, ensuite, la lente exhalaison de quelque chose de musqué, bref, une chose assez stupéfiante et dont on peut jouir à l'aise, sans le désagrément du pépin qui, dans l'orange ou la mandarine, serait venu libérer une amertume à tout gâcher.
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mon oncle, féru de poésie et d'images fortes, aurait répliqué que le serment de l'Arbre Sec portait bien son nom et que la branche aînée des Jbeili serait pour l'éternité une lignée plus sèche qu'un arbre mort puisqu'elle ne comptait pas de femmes et que seules les femmes étaient le symbole de la vie et de la perpétuité des choses.


page 87
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C’était aussi extrêmement fascinant, parce que le mystère presque primal inhérent aux ténèbres se trouvait accru par tout ce que ces dernières cachaient en leurs replis comme dangers incernables et angoissants, semblables aux monstres nocturnes des rêves enfantins….La plaine et les montagnes de l’est étaient dégagées à perte de vue, ainsi que le fleuve, cet énorme fauve qui s‘étirait, inerte et inutile au milieu du désert.
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J'écris ces lignes assis sur la terrasse. Il fait très chaud mais une brise tiède s'est levée et souffle avec conviction. Sous la poussée de ses rafales, une canette vide roule le long de la rue tranquille, bondissant comme un cabri, dans un joyeux cliquetis, parfois sourd, parfois plus sonore, comme les clochettes d'un maigre troupeau de chèvres, et disparaît, emportée.
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Ses garçons, eux, vont souvent à Ghazir, pour la pesée, pour les contrats, ou pour acheter des outils et on les regarde comme on regarde la portée d'un loup ou les fils d'un futur roi, ils ont de l'allure, ils sont blond pour l'un, châtain pour le deuxième , brun pour le troisième, ils ont un air de famille, par moments c'est si flagrant qu'ils donnent l'impression d'être des triplés. On parle de sorcellerie, on touche une croix qu'on porte en sautoir, on murmure des prières de conjuration, et on se demande si ce sont vraiment des fils de chrétiens, si la blondeur de l'aîné n'est pas celle des chiites, et évidemment, on évoque ceux qui sont venus avec l'empereur, qui vivent au pied du ouadi, dans un coude que fait le torrent, un hameau de cinq maisons que les locaux regardent avec hostilité. Mais ils sont comme des zélotes, ils travaillent là haut, au service de Khanjar, ils arrosent, bêchent, défrichent, et leurs femmes en bas lavent le linge, font la cuisine, elles ont des poules et des salades, des tomates et des oignons, elles font leur pain comme tout le monde. Les hommes cultivent le blé pour l'empereur et le leur, et avec lui ils vont à la chasse et évidemment, on se demande si ce ne sont pas là les familles réelles des trois fils et si les cheiks chiites n'ont pas envoyé une cour au service de ces trois garçons mystérieux qui à travers la montagne commencent à hanter les rêves des jeunes filles et des femmes mariées.

Page 38
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Le Liban, l’arrogante petite Suisse qui se prenait pour l’héritière d’une nation antique, voire biblique, s’effondre une première fois en 1975, après trente ans de ce que l’on a tendance aujourd’hui à magnifier. Ce furent pourtant trente de luttes, de conflits, de guerres larvées pour définir l’identité du pays. (Chapitre 6)
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"Les hommes comme Chakib ne pensent qu'à leur clan, et à l'avenir de leur nom. Tout, même leurs enfants, n'est que le combustible qui doit servir à alimenter le bûcher de leurs vanités...."
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Mais ce qui est vraiment passionnant, c'est que ces grandes invasions ont été génératrices d'incroyables phénomènes de mélanges.
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Il rêva peut-être de dômes rutilants, mais dut apprendre qu'une ville se vit non par en haut mais par en bas, dans les venelles et l'odeur des cuisines, et qu'à Rome il y a certes des dômes, et des restes énigmatiques de l'antique cité, mais il y a également la boue, la puanteur, les prostituées, et aussi les princes de l'Église se frayant un chemin par l'intermédiaire de leur suite et de leur cocher, et faisant fouetter les piétons pour dégager le passage.
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Il fait le galant, l'homme délicat qui ne veut pas embarrasser, mais il sait placer les mots qui font rêver les femmes, après quoi il les laisse rêveuses, n'insiste plus, se laisse dévorer discrètement des yeux, s'en va en refaisant un baisemain, et c'est comme le vin, il laisse bonifier, une fois, deux fois ou plus selon le cru, et lorsqu'il estime que c'est bon, que c'est dégustable, il sort le grand jeu, il fait des compliments appuyés, il pose des questions sur des sujets qui l'ennuient mais dont il sait qu'ils le servent, propose de raccompagner, de se retrouver pour une promenade sur la corniche, et après ça il déguste.
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Charif Majdalani
Ma conviction profonde… que l’immense majorité des décisions que prennent les hommes entre les mains de qui la puissance politique et militaire est déposée, ont été des décisions malencontreuses, ou mauvaises, ou désastreuses, exactement comme on peut penser qu’une part immense des humains agit mal… . On continue à étudier l’Histoire humaine cohérente et logique alors qu’elle n’aura été que le fruit d’ne succession de guerres et de violences décidées par des imbéciles, des opportunistes ou des fous.
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Lorsque je me suis occupée de tout ruiner, quand ton fils faisait ses bêtises, je pensais que c’était toi que je punissais de ton possible bonheur, et que je défendais l’honneur des miens au prix d’un énorme sacrifice. Mais ce n’était pas un sacrifice, c’était une vengeance. J’ai tout liquidé par vengeance. Je t’en voulais, bien sûr, parce que tu incarnais tout ça, mais c’était d’eux tous, mes parents, ma famille et mes stupides ancêtres, que je me vengeais, sans m’en rendre complètement compte, et aussi de moi-même, en définitive.
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Dans ma prétention à la vouloir pour moi, je me sentais comme quelqu'un qui hérite d'un diamant de cent carats et qui n'a pour le conserver qu'un vieux mouchoir ou un fond de tiroir encombré, à l'exemple de ce minable bureau où nous nous retrouvions et où j'avais bien plus honte de lui proposer de venir qu'elle de m'y accompagner.
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Charif Majdalani
Si les livres ne nous interpellent pas sur notre rapport au monde, à quoi servent-ils ?
(dans Panorama no 579, décembre 2020)
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Bref, il fait la découverte de l'injustice, et surtout des règles mystérieuses qui veulent que le monde continue de fonctionner normalement avec ces injustices.
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Un jour, elle ouvrit lentement sa chemise en me regardant d'un air équivoque, mais le craquement d'un des gigantesques meubles, buffet, dressoir ou armoire, nous rappela soudain à l'ordre, comme si la douairière, partie avec son chauffeur et sa dame de compagnie,avait délégué à son fabuleux décor le soin de nous interpeller au moindre écart de conduite.
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Comme si tout cet effondrement que je racontais n'avait pas été assez rapide, comme si cette déliquescence n'avait pas été assez leste, je ne sais quelle force maligne aura décidé de les précipiter et voici qu'en quelques secondes, tout ce qui restait encore debout a été envoyé à terre.
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