Chimamanda Ngozi Adichie

Vous imaginez à quel point nous serions plus heureux, plus libres d’êtres nous-mêmes, sans le poids de ces conventions

Plus un homme se sent contraint d’être dur, plus son ego est faible.
Notre société conditionne une femme à vivre comme un échec d’être toujours célibataire à un certain âge.

La virilité est une cage exiguë, rigide, et nous y enfermons les garçons.

Nous devons élever nos filles autrement. Nous devons élever nos fils autrement.

Nous passons un temps fou à apprendre à nos filles à se préoccuper de l’opinion que les garçons ont d’elles. Mais le contraire n’est pas vrai.

De nos jours, le déterminisme de genre est d’une injustice criante. Je suis en colère. Nous devrions tous être en colère. L’histoire de la colère comme matrice de changement positif est longue.

L’être le mieux qualifié pour diriger n’est pas le plus fort physiquement. C’est le plus intelligent, le plus cultivé, le plus créatif, le plus inventif. Les hormones ne jouent aucun rôle dans ces qualités.

Si nous faisons sans arrêt la même chose, cela devient normal. SI nous voyons sans arrêt la même chose, cela deviendra normal.

L’histoire unique crée des stéréotypes, et le problème des stéréotypes n’est pas qu’ils sont inexacts, c’est qu’ils sont incomplets. ( le danger de l’histoire unique )

s’il est vrai que notre culture ne reconnaît pas l’humanité pleine et entière des femmes, nous pouvons et devons l’y introduire

Quand j'ai débuté dans l'immobilier, je voulais réhabiliter de vieilles maisons au lieu de les démolir, mais cela n'avait pas de sens. Les Nigérians n'achètent pas une maison parce qu'elle est vieille. Une grange rénovée de deux cents ans, par exemple, le genre de choses qui plaît aux Européens, cela ne marche pas du tout ici. Mais il y a une raison: nous appartenons au tiers-monde et sommes par conséquent tournés vers l'avenir, nous aimons ce qui est nouveau, parce que le meilleur est encore devant nous, tandis que pour les Occidentaux le meilleur appartient au passé et c'est pourquoi ils ont le culte du passé.
( éd. Folio Gallimard, 2016)

[Papa] ne parlait pratiquement jamais ibo et même si Jaja et moi le parlions avec Mama à la maison, il n'aimait pas que nous l'utilisions en public. Nous devions paraître civilisés en public, nous disait-il ; nous devions parler anglais. La sœur de Papa, Tatie Ifeoma, avait fait remarquer une fois que Papa était un pur produit du colonialisme.

Le chagrin est un enseignement cruel. On apprend combien le processus du deuil peut être brutal, combien il peut être lourd de colère.

La femme s'était plainte en disant "nos hommes" avec familiarité, comme si le mari de Nkem et le sien avaient on ne sait quel lien de parenté. Nos hommes aiment nous garder ici, avait-elle dit à Nkem. Ils viennent pour affaires et en vacances, ils nous laissent ici nous et les enfants avec des voitures et des grandes maisons, ils nous trouvent des bonnes du Nigeria à qui on n'est pas obligés de payer des salaires américains exorbitants, et ils disent que les affaires marchent mieux au Nigeria et tout ça. Mais vous savez pourquoi ils ne voudraient pas s'installer ici, même si c'était ici que les affaires étaient les meilleures ? Parce que l'Amérique ne reconnaît pas les Hommes Importants. Personne ne leur dit : "Monsieur ! Monsieur !" en Amérique. Personne ne se précipite pour épousseter leurs sièges avant qu'ils s'assoient.

Le chagrin n'est pas vaporeux ; il a du corps, il est oppressant, c'est chose opaque.

Ennemis, prenez garde : le pire est arrivé. Mon père n’est plus. A présent ma folie va se mettre à nu.

Ce qui m'a frappée - tant chez elle que chez nombre d'amies américaines -, c'est leur souci d'être "aimées". On les a élevées en leur donnant à croire que plaire est primordial, qu'il s'agit d'une caractéristique spécifique. Et cela exclut l'expression de la colère, de l'agressivité ou d'un désaccord formulé avec trop de force.

The world has to know the truth of what is happening, because they simply cannot remain silent while we die.

- Les gens deviennent vraiment excentriques en devenant riches.
- Ou peut-être avons-nous tous une dose d'excentricité en nous, mais pas l'argent nécessaire pour le montrer.

p. 629, Folio.

Le vent qui soufflait à travers les îles Britanniques était chargé des peurs suscitées par les demandeurs d'asile, engendrant chez tous la crainte d'une catastrophe imminente, et ces articles étaient écrits et lus, naturellement et avec obstination, comme si leurs auteurs vivaient dans un monde déconnecté du passé, sans avoir jamais envisagé que cette situation était un développement naturel de l'histoire : l'afflux en Angleterre de citoyens à la peau noire ou brune venant de pays créés par l'Angleterre. Pourtant il comprenait. Il devait être réconfortant, ce déni de l'histoire.

p. 385, Folio.