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Critiques de Christiana Moreau (305)
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La dame d'argile

Sabrina, restauratrice d'oeuvres d'art au musée des Beaux-Arts à Bruxelles est en possession d'une sculpture étonnante qui lui vient de sa grand-mère Angela, décédée dernièrement.

Angela est venue de Toscane après 1945. Son mari faisait partie des nombreux ouvriers italiens volontaires pour travailler dans les mines wallonnes. Ce buste d'argile revenait à chaque fille aînée de sa famille depuis des siècles.

Sabrina fait appel à son ancien professeur d'Histoire de l'art avec qui elle a eu une histoire d'amour qui s'est terminée dans la douleur.

Le buste est signé Constanza Masiato. Le modèle n'est autre que Simonetta Vespucci qui a illuminé tout Florence à la manière d'une étoile filante. Hélas !

Sabrina décide de partir à Florence sur les traces de ses origines et de la sculpture de la terre. Elle est aidée au départ par un spécialiste du Quattrocento.

Elle retrace l'histoire des artistes qui ont croisé le chemin de la jolie Simonetta Vespucci et l'ont représentée.

Les chapitres sont partagés sous forme de narrations entre Sabrina, la restauratrice ; Angela, sa grand-mère ; Constanza , la sculptrice du 15ème siècle, auteure de l'oeuvre et Simonetta Vespucci , la belle Florentine.

C'est un roman très intéressant qui nous livre des techniques de modelage de l'argile , de cuisson.

J'ai beaucoup aimé le passage où l'auteure fait habilement la distinction entre l'artisan et l'artiste. L'interprétation de la peinture sur la couverture du livre et ses symboles sont très intéressants.

Je ne connaissais pas les livres de Christiana Moreau et j'ai beaucoup apprécié sa manière d'écrire ainsi que la documentation approfondie de ses sujets.

Je savais par contre qu'elle était originaire de la région liégeoise.

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Cachemire rouge

Ce roman nous raconte l’histoire d’une jeune fille mongole, Bolormaa, obligée de quitter son milieu familial car le réchauffement climatique a provoqué la décimation du troupeau familial. Le père, sous la pression de ses fils, doit se résoudre à vendre le reste du troupeau à un acheteur chinois sans scrupules. Ils vont s’occuper de troupeaux sédentarisés pour produire en chaîne, ce qu’ils faisaient de manière respectueuse de la nature auparavant, dans une mégalopole Ordos, poussée dans la steppe grâce à une idée germée dans le cerveau de technocrates mégalomanes.



Son père lui laissait toujours le produit de la tonte des cinq premières chèvres, alors pour la dernière fois, elle recueille la précieuse laine, qui donne ce fameux cachemire si prisé dans le monde entier. Elle décide d’utiliser les recettes de sa grand-mère pour mettre au point une teinture rouge et fabriquer un pull qu’une Italienne Alessandra, qui vient tous les ans acheter la précieuse laine pour son magasin de luxe.



Retrouver la jeune femme en Toscane lui sert de moteur pour s’accrocher à la vie. Adieu la yourte, la vie nomade au grand air, bonjour l’esclavage.



Bolormaa, dont le prénom signifie cristal, va donc travailler dans un atelier tenu par les chinois, subit le racisme de ses « collègues » chinoises, se fait violer par le chef d’atelier. Elle réussit à se faire une amie chinoise, XiaoLi après cette agression et toutes deux vont décider de partir à la recherche de l’Eldorado européen.



On va les suivre dans leur long voyage en train : le Trans mongolien, puis le transsibérien puis Moscou où elles partent à la rechercher du passeur, le voyage en camion la Pologne, la montagne à pied pour entrer en Autriche car les contrôles ont été resserrés, pour arriver en Italie et se retrouver à nouveau sous la coupe des Chinois mafieux (j’ai l’impression d’utiliser un pléonasme !) elles sont à nouveau esclaves dans les ateliers pour payer les dettes des passeurs (avec des intérêts astronomiques !!!)



Christiana Moreau nous raconte le changement climatique avec les dzuds : phénomène climatique caractérisé par une vague de froid extrême faisant suite à un été caniculaire, et les hivers particulièrement enneigés pendant lesquels le bétail est incapable de trouver sa nourriture.



Elle évoque aussi le statut des femmes à l’époque de Gengis Khan : « Les Mongoles avaient une situation bien meilleure que la plupart des femmes de cette époque. Elles administraient leur foyer, pouvaient divorcer de leur mari et étaient des conseillères écoutées »



On découvre aussi la haine des Chinois envers les Mongols à cause de Gengis Khan ; ces Chinois qui construisent des mégapoles dans les Steppes au milieu de nulle part, telle Ordos, pour les abandonner ensuite car illusoires les transformant en cités fantômes…



J’ai aimé la relation qui se tisse dans le train entre les deux jeunes filles et la Baba russe, qui rentre chez elle après avoir rendu visite à sa fille, la manière dont elle partage la nourriture, les chants…



Christiana Moreau explique aussi la manière dont la Chine a établi sa mainmise sur le cachemire, spéculant sur la raréfaction des troupeaux, donc de la laine, imposant ses tarifs au monde entier.



Ce roman est un coup de cœur, j’ai adoré suivre les pas de Bolormaa et XiaoLi, dans ce périple dur, leur courage est exemplaire. On n’est jamais dans l’angélisme, même s’il y a un « Happy End ».



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Préludes qui m’ont permis de découvrir ce roman et donné l’envie de lire « La sonate oubliée », son premier roman.



#CachemireRouge #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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La sonate oubliée

Lionella, d'origine italienne, vit avec ses parents et son frère, à Seraing dans la Province de Liège. Ses aïeux immigrés italiens comme beaucoup sont venus travailler en Belgique. Lionella à 17 ans est déjà une violoncelliste de talent, elle se prépare pour un prestigieux concours international qui se déroulera à Bruxelles. Dans sa famille, la musique est une passion, son père joue du piano et son frère du violon mais c'est elle la surdouée. Lionella ne sait pas quel morceau elle interprètera au concours Arpèges jusqu'au jour où Kevin, son ami d'enfance, lui offre un coffret métallique déniché dans une brocante. Surprise, dans le coffret elle découvre le journal intime de Ada, jeune orpheline vénitienne, élève violoncelliste de Vivaldi, une médaille ainsi qu'une vieille partition, pour violoncelle, dont tout laisse à penser qu'elle serait du Maestro Antonio Vivaldi. Son choix est fait, c'est cette sonate qu'elle interprètera, il ne reste plus qu'à convaincre son professeur. Plongée dans la lecture du journal d'Ada, elle découvre la vie de ces orphelines musiciennes de l'époque baroque du XVIIIe siècle enfermées dans l'anonymat.

Très beau premier roman de Christiana Moreau, artiste peintre et sculptrice.



Challenge Petits plaisirs 2017 – 248 pages

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La dame d'argile

Che meraviglia ! Une petite merveille !

Quand un ami féru d'art à la très belle plume l'a chroniqué, j'ai éprouvé l'envie irrépressible de lire La dame d'argile. La Sans Pareille, Florence, le quattrocento et quelques femmes courageuses me donnaient rendez-vous. L'amour aussi est au rendez-vous celui de l'art, des hommes, d'un pays

Je m'étais toujours demandé pourquoi tant d'italiens étaient parti en Belgique maintenant je sais . La vie d'Angela qui rejoint son époux mineur en Belgique est touchante quand on pense à toutes ces pesonnes séparées de leur famille, de leur pays , de leur culture. Quel courage !

Une statue sert de fil conducteur à une histoire d'exil : du coeur, d'un pays, de sa passion, de sa famille.

Simonetta est la Sans Pareille, cette étoile filante au destin tout tracé par sa naissance qui embrasa le coeur des florentins, de Boticelli et de Giuliano de' Medici. Une triste et brève destinée mais un rendez-vous avec l'immortalité.

Costanza Marsiato est l'artiste qui a sculpté la belle dame. Elle veut apprendre à Florence auprès des plus grands, tous les grands artistes s'y trouvent. Elle bravera tous les interdits, se travestira en homme. Son ami, seul au courant la laissera partir par amour et veillera sur elle. Malheureusement Savonarole prend le pouvoir et une fois encore l'art et la beauté sont détruits. Elle réussira à fuir Florence avec sa statue.

Des années plus tard, à la mort de Nonna Angela, la statue (petit bout d'Italie ramené dans ses valises) est donnée à sa petite-fille Sabrina qui veut connaître son histoire. Désireuse de découvrir ses racines et pour mettre fin à une relation malheureuse cette dernière part pour Florence. Et là, j'ai eu l'impression que la phrase : « le temps revient. » s'accomplissait, l'histoire de Costanza est découverte et perdurera grâce à Sabrina qui ramènera à son tour un bout d'Italie.

De sa plume douce et émouvante, Christiana Moreau a su restituer la vie florentine du Quattrocento, donner une voix à ses nombreuses familles émigrées en Belgique même si leurs débuts furent difficiles on y retrouve l 'âme italienne telle un rayon de soleil. Une autre grande dame est Florence avec ses monuments, son riche passé, la campagne toscane, Impruneta et ses terres cuites, là ou tout commença.

C'est aussi un clin d'oeil du destin car si Costanza n'a pu devenir artiste, cinq cent ans plus tôt, Sabrina sa descendante est restauratrice au Musée des Beaux-Arts de Bruxelles.

Je vous recommande chaudement ce COUP DE COEUR ainsi qu'un week-end à Florence car c'est un roman qui se lit d'une traite.

Merci aux éditions Préludes.

#La dame d'argile#NetGalleyFrance
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Cachemire rouge

Immense COUP DE COEUR !....





Un trésor , une pépite de lecture, qui nous emporte dans le périple de trois personnages féminins, mais surtout dans celui, incroyable de courage et d'intrépidité de deux toutes jeunes filles: Bolormaa, jeune Mongole qui mène une vie nomade dans les steppes de Mongolie, en communion

avec la nature, les animaux et les plantes dont elle a le don pour réaliser des teintures uniques... Son père aimant, permet exceptionnellement à son unique fille de prendre un peu de duvet sur les cinq premières chèvres qu'elle traite.... un hiver terrible ayant décimé une grande partie du cheptel, la famille devra quitter leur vie nomade ancestrale, se résigner à aller en ville trouver du travail, et Bolormaa se retrouvera dans une usine de tissage, séparée pour la première fois, de sa famille... Auparavant, elle réalisera toute seule, avec les enseignements passés de sa grand-mère, un pull en cachemire rouge, unique, réalisé avec des fleurs naturelles. Elle obtiendra ainsi un coloris unique, exceptionnel !



Un ouvrage que j'ai commandé après avoir eu la déception de constater que la médiathèque ne le possédait pas en son fonds...Mon choix a été provoqué par le commentaire de lecteurs enthousiastes rapprochant les sujets de ce texte à ceux de "La Tresse", texte que j'avais fort apprécié. ..



Ce "Cachemire rouge" m'enchante encore plus, car il y a un feu croisé, une histoire polyphonique qui nous entraîne dans des descriptions sublimes de la nature, des paysages...de la mongolie intérieure, etc. ,dans l'amitié courageuse et constructive entre Bolormaa et XiaoLi...sans oublier l'italienne, Alessandra, jeune femme entreprenante, qui, avec une amie, a créé une boutique de luxe d'étoffes et de pulls, dont des cachemires qu'elle va dénicher chaque année en Asie. Un jour , elle tombera sur une très jeune fille sur un marché, notre Bolormaa...et tombera sous le charme de son "pull en cachemire rouge". Elle lui achètera un très bon prix; apprenant que c'est Bolormaa

qui l'a confectionné toute seule, elle lui donnera sa carte, en lui proposant du travail... Et les dés seront jetés !!



"Bolormaa sait ce que cela signifie. Ils vont procéder à l'ultime récolte printanière, puis ils vendront les chèvres à un producteur chinois et ça sera fini des grands espaces et de la liberté.

Il faudra se sédentariser à la ville, vivre en cage dans une maison de béton, travailler confinée dans un atelier de confection sans voir le ciel durant des heures et des heures et, chaque jour, recommencer. Bolormaa est désespérée. Renoncer à ce temps infini, à ces étendues illimitées, à cette symbiose intime avec la nature puissante est pour elle un crève-coeur. "(p. 15)



Un roman polyphonique, aux thématiques essentielles, universelles rejoignant les inquiétudes planétaires humaines: la destruction, les maltraitances envers Terre-Nature, les méfaits de l'industrialisation et du profit à outrance, l'exploitation inhumaine d'une main-d'oeuvre transplantée, les méfaits de passeurs, des "esclavagistes" (les Chinois ayant réussi en Italie, faisant trimer leurs compatriotes, pour finir de rembourser "leur passage"...etc.)

Heureusement l'intensité de l'amitié entre Bolormaa et XiaoLi nous offre une belle lumière poétique et chaleureuse , apporte l'Espoir ...!!



Beaucoup de mal à quitter Bolormaa...et les personnages féminins de ce roman très poignant et positif, en dépit des drames...Un arc-en-ciel de couleurs et d'émotions...Ce pull en cachemire rouge flamboyant, qui illumine ce texte, en est le fil conducteur ainsi que le Messager bienfaisant entre les divers personnages, dont ce peintre connu, ayant perdu la flamme et l'inspiration...retrouvant la passion et l'envie de

peindre !!



Un très beau livre...
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La sonate oubliée

Voici un joli premier roman écrit par une artiste belge sculptrice et peintre qui vit à Saraing , dans la province de Liège .



Se fondant sur des personnages historiques, tout en restant une oeuvre romanesque , vibrante, charmante..., il est fidèle à une époque et aux faits qui s'y sont déroulés .



A l'aide d'archives documentées, l'auteur récrée la personnalité d'Ada, jeune fille infortunée, abandonnée par sa mére, en 1705, confiée "à l'Ospedale Della Pietà, "un hospice de Venise pour filles placées qui y vivaient recluses, à qui on enseignait la musique.....

Elles jouaient comme des anges, du violon, du violoncelle, du cor et de la contrebasse , "dissimulées" derrière des grilles, que l'on peut voir encore aujourd'hui, on accourait de toute l'Europe pour les écouter....

A 17ans ,aujourd'hui, Lionella, d'origine italienne ne vit que pour le violoncelle, ses parents et son frére sont musiciens, son professeur l'a inscrite au concours " prestigieux " Arpèges ", qui s'adresse aux étudiants les meilleurs.

Jusqu'au jour où son meilleur ami Kevin déniche dans une brocante un coffret en métal ,oú gisent une médaille coupée en deux, un journal intime et ...une partition oubliée pour violoncelle qui ressemble à une sonate de Vivaldi....

Nous plongeons alors par chapitres alternés , entremêlant les deux époques, dans le destin d'Ada, en 1723 et celui de Lionalla violoncelliste virtuose, par le biais de la lecture du journal intime d'Ada ......

Nous découvrons les coutumes du carnaval de Venise autrefois, les masques, la cité bruissante de plaisirs, d'intrigues amoureuses, de rencontres discrètes, en rendez- vous secrets, la Sérénissime et ses palais vénitiens , bâtis en briques, habillés de façades de marbre, des demeures éthérées ou pansues, clinquantes ou sobres, romanesques, à coup sûr, de tous styles, byzantin,roman gothique, renaissance ou baroque...

On découvre le libertinage , les bouffonneries , facettes et pantalonnades , tracas et mesquineries quotidiennes qui s'ajoutaient au plaisir des divertissements et des passions qui rythmaient et signaient cette période du monde à l'envers du Carnaval ....

Une mascarade tragi- comique qui chahutait pour un temps les principes de la bienséance ....

Au final, un plongée dans la Venise du temps de Vivaldi, passionnée , éprise de musique et de liberté.Un souffle musical vibrant qui nous fait voyager et rencontrer un des plus grands compositeurs de musique baroque. Un hommage tendre, sensuel, charmant , voluptueux , pétri de douceur et de romantisme, à ces orphelines virtuoses et réputées au XVIII ° siècle , enfermées pour toujours dans l'anonymat .... À ces chants légers, à la fois fougueux , ces voix d'airain , mystérieuses et émouvantes .....des voix profondes et brillantes , derrière une galerie grillagée.....

Une bien belle histoire contée avec finesse , chaleur , intelligence et sensibilité, dont je n'ai pas révélé grand - chose, bien sûr !

Un premier ouvrage prometteur !

Merci à Marylin, mon amie de la médiathéque, j'ai passé un moment trés agréable !





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La dame d'argile

J'ai passé un très bon moment de lecture avec le roman La dame d'argile de Christiana Moreau.

Ce livre nous parle du destin de quatre femmes. Tout commence avec Sabrina, une restauratrice d'art qui vient d'hériter de sa grand mère une statue. Une oeuvre d'art nommée La dame d'argile qui date de la renaissance. Fascinée, Sabrina va faire des recherches. Comment sa grand-mère s'est-elle retrouvée en possession de cette oeuvre ? Qui en est le modèle ? Et qui l'a fait ?

Voici quatre destins et époques différentes qui se font écho.

A travers ce livre se fait ressentir la passion de l'auteure pour les arts plastiques. Ce qui donne du relief à l'histoire et une certaine harmonie. Ce fût une belle surprise.





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La dame d'argile

Au décès de sa grand-mère, Sabrina, restauratrice d’œuvres d’art au musée des Beaux-Arts de Bruxelles hérite d’une superbe statue, sur laquelle est gravé : Constanza Marsiato, avec comme devise : « La sans pareille ». Qui peut-bien se cacher derrière ce nom ?



Elle va donc remonter dans l’histoire familiale pour comprendre pourquoi une statue d’une telle valeur a pu être en possession d’Angela, sa grand-mère donc, qui a quitté son Italie natale en 1945 pour suivre son mari qui a fui la misère pour aller travailler dans les mines en Belgique via un contrat sordide : 1000 tonnes de charbon pour chaque ouvrier italien qui viendra creuser dans des conditions plus que précaires.



« Le premier accord bilatéral « mineur-charbon » prévoyait le transfert de cinquante mille travailleurs italiens dans les mines belges. Pour chaque ouvrier envoyé en Belgique, l’Italie recevait une tonne de charbon. Des hommes échangés contre du charbon ! »



Angela rejoint Giuseppe, son mari deux ans plus tard, emportant avec elle, un seul bien précieux cette statue qui se transmet à la fille aînée de génération en génération : « la Belle Dame », comme on l’appelle dans la famille. L’exil est douloureux, avec son corollaire, la pauvreté et la difficulté de se faire accepter et aussi la revanche à prendre pour la génération suivante.



Le récit fait alterner l’histoire d’Angela, celle de Constanza, celle de Simonetta Vespucci et bien sûr celle de Sabrina et plus on avance vers l’authentification de la statue, plus on apprend de choses sur le statut des femmes depuis le Quattrocento. Les femmes, à l’époque, ne pouvait pas être artiste, sinon elles encourraient la peine suprême.



On a des images fortes, telle Constanza déguisée en homme pour pouvoir se faire embaucher dans un atelier où l’on travaille l’argile, et on exécute des œuvres pour le compte des Medici alors que leur puissance commence à décliner. Certes Lorenzo, Il Magnifico règne toujours mais la révolte gronde attisée par les incantations de Savonarole, le grand incendie des œuvres dites licencieuses : le bûcher des vanités



"Autrefois insouciante dans sa joie de vivre, Florence était maintenant sous l’emprise d’une affolante fièvre de pénitence, sous la domination du prêcheur obnubilé par le péché. C’est à l’aide de ces malédictions apocalyptiques qu’il enterrait les libres penseurs. Dans les rues, ses jeunes disciples qu’il désignait comme son « armée des anges » appelaient au repentir."



Chaque période est intéressante, et j’ai eu un plaisir immense à côtoyer Simonetta Vespucci, la Sans Pareille, qui posait nue pour Sandro Botticelli par exemple, sur les mœurs de l’époque. Son arrivée et son installation à Florence au printemps 1472 montrent à quel point elle a été importante, dans la cité, et l’amour que lui portait la population. Dès son arrivée, Giuliano, le frère de Lorenzo est tombé amoureux d’elle, comme chaque habitant de la ville.



L’auteure nous explique la manière de travailler l’argile, les différentes sortes d’argile, le manière de réaliser la cuisson, avec une belle réflexion très intéressante sur l’artiste par rapport à l’artisan.



Souvent, dans ces récits gigognes, je trouve la partie qui se passe de nos jours, décevante, par rapport au XVe siècle notamment, et dans ce roman Christiana Moreau nous présente une héroïne qui souffre car ne réussit à vivre que dans son métier aux dépens de sa vie personnelle, mais elle est attachante et quand elle raconte son coup de foudre pour Florence, avec des allusions sympathiques au Syndrome de Stendhal, elle est crédible et à la hauteur des femmes qui l’ont précédée.



J’ai découvert Christiana Moreau avec « Cachemire rouge » qui m’a beaucoup plu alors je n’ai pas hésité, au grand dam de ma PAL, à choisir celui-ci quand il a été proposé par NetGalley. C’est un bel hommage à l’Art, dans toute sa splendeur, et toutes ses dimensions. J’ai arpenté Florence avec Sabrina, découvrant avec elle toutes ses splendeurs et mes yeux brillent encore. Entre nous, je suis pratiquement certaine que je tomberais en pâmoison dans cette ville, en rencontrant autant de beauté que je n’ai pas encore visitée et pourtant ce n’est pas l’envie qui m’en manque…



Tout est soigné et beau dans ce roman comme en témoigne la magnifique couverture qui semble inspirée du portrait de Simonetta attribué à Piero di Cosimo.



Je dévoile le moins de choses possible afin de vous donner envie de lire ce beau roman, écrit par une artiste car, outre ses talents de peintre, l’auteure travaille elle-même l’argile, et grâce à elle, j’ai découvert les particularités de l’argile de la ville de Impruneta, ville située quatorze km au sud de Florence qui devient rose après la cuisson.





Un grand merci à NetGalley et aux éditions Préludes qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de Christiana Moreau dont il me reste à découvrir « La sonate oubliée ».

immense coup de cœur donc.



#LaDamedargile #NetGalleyFrance
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La sonate oubliée

Le violoncelle est mon instrument de musique préféré, car tout près de la voix humaine, grave, profond. Cette histoire met en scène des violoncelles, notamment ceux fabriqués par Matteo Goffriller, luthier aussi célèbre que Stradivarius pour les violons.



Le temps d’un peu plus de 200 pages, je suis allée à la rencontre de Vivaldi et des jeunes filles pour lesquelles il écrivait de si beaux airs, les jeunes vierges (obligatoire !) orphelines ou délaissées par leurs parents, éduquées par les sœurs de « l’ospedale della Pieta » de Venise.

J’ai pu aussi mesurer l’écart incommensurable entre ce 18e siècle de luxe, de débauche durant le Carnaval de Venise et de pauvreté, et la ville actuelle de Seraing en Belgique, ville ouvrière et terreau de l’immigration italienne notamment, aux nombreuses cicatrices d’un lourd passé industriel.

De ce choc des contrastes, nait une histoire magique : Kevin, un jeune magasinier de Seraing, découvre au détour d’une brocante un vieux cahier, journal intime d’une pensionnaire de l’Ospedale della Pieta, accompagné d’une partition, et l’offre à son amie Lionella, violoncelliste dans l’âme, devant préparer un grand concours. La lecture de ce journal et l’interprétation de cette musique canaliseront le cours de la vie de Lionella…



Rencontrer Vivaldi au détour des pages m’a plu, ce « prêtre roux » adulé par ses contemporains mais oublié par les générations suivantes jusqu’au milieu du 20e siècle, finalement.

L’histoire en elle-même ne m’a pas passionnée outre mesure, mais elle est malgré tout bien écrite. Même si les jeunes filles sont charmantes et rêvent toutes d’un destin particulier, qu’elles soient du 18e ou du 21e siècle, je les quitte sans regret vu la facture assez convenue et prévisible. J’aurais préféré que l’auteure approfondisse la relation de la vie d’Ada, l’élève appréciée de Vivaldi.



J’oublierai donc assez vite cette sonate, mais pas l’ambiance générée par l’histoire, celle des messes données à la Pieta, où les musiciennes sont dissimulées derrière les grilles dorées… En voici un petit aperçu si vous aimez Vivaldi et Venise

https://www.youtube.com/watch?v=cgaOVV4JQHA

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La nuit de la tarentelle

Toute la sensualité et la beauté d’une terre. Une lecture qui n’est pas sans me rappeler Le soleil des Scorta de Laurent Gaudé.

Avec verdi et les oliviers en toile de fond qui lient le destin des deux femmes.

Dans les pouilles, on arrache les oliviers atteint de xylella, au même moment Raphaella entre en maison de retraite suite à une mauvaise chute et sa petite fille souhaite poursuivre ses études à Milan.

En trois dates : 1955, 1968 et 2017, nous connaîtrons le secret de la nonna, son histoire, ses choix et l’aide qu’elle apportera à Eliza afin qu’elle choisisse sa vie en dépit de ses parents.

L’Italie du Sud où la vie est rude, âpre, avec sa chaleur, les oliviers, la mer et ses traditions millénaires.

Ici il s’agit de La Tarentelle, cette danse qui permet aux femmes d’exorciser leurs vies difficiles, leur mal être. Cette nuit si spéciale à leurs yeux : La nuit de la tarentelle et son symbolisme.

Beaucoup d’amour mais aussi la douleur du déracinement. Par amour pour le chant Eliza va partir à Milan et en laissant ses racines en découvrir d’autres.

Un très beau roman de Christiana Moreau à la plume délicate et lumineuse qui partage son amour de l’Italie, de l’art et de ses personnages. Une auteure dont j’apprécie énormément les histoires.

Merci aux Presses de la Cité.

#Lanuitdelatarentelle # NetGalleyFrance

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Cachemire rouge

J'aime beaucoup les pulls en cachemire mais après la lecture de Cachemire rouge, il me sera peut-être plus difficile d'en acheter un.

Cachemire rouge nous raconte l'épopée d'une jeune mongole : Bolormaa qui vit dans la steppe en Mongolie intérieure, élevant avec les siens des chèvres qui leur fournit ces précieux échevaux qui deviendront du cachemire.

Oui, seulement voilà, le réchauffement climatique combiné à l'érosion des sols conduit Bolormaa à cesser leur activité. Chacun, alors est obligé de se sédentariser et notre jeune héroïne se retrouve à travailler comme une esclave dans une filature.

Son sort et son destin sont meurtris par ce travail épuisant et la brutalité du quotidien.

Armée de courage, avec une amie chinoise de la même infortune, elles fuient à travers un périple en train et parqués comme des bêtes dans un camion sous le joug de passeurs pour l'Italie.

Devenant à jamais une immigrante clandestine. L'arrivée en Italie n'est pas l'Eldorado annoncé mais une réplique de son esclavage qu'elle a connu en Mongolie. Travaillant sans relâche, dormant dans une cave jusqu'à ce qu'un incendie se déclare dans ces locaux vétustes lui permettant d'échapper à son destin infâme.

Une lecture qui secoue et nous laisse pantois.

Mais dans quel monde vivons-nous ?
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La dame d'argile

Quatre histoires quatre chemins de vie de quatre femmes jeunes belles et droites comme des flammes.

Des siècles les séparent et un fil conducteur les unit, celui d'un héritage, d'une passion, d'un amour et d'une incroyable force de vivre. A cela s'ajoute le talent d'une conteuse qui est l'auteure, Christiana Moreau, dont la connaissance érudite d'un quattrocento majestueux et bouillonnant d'une effervescence artistique que nous connaissons, enrichit le roman et lui confère valeur de document.

Sabrina la conservatrice du Musée des Beaux-Arts de Bruxelles, Angela, sa grand-mère, Constanza Marsiato la talentueuse sculptrice de la Renaissance, audacieuse et passionnée, et Simonetta Vespucci, "la Sans Pareille", modèle des plus grands peintres, beauté radieuse. Un buste de Simonetta réalisé par Constanza est transmis d'une génération à une autre, de mère en fille, jusqu'à nos jours et devient la propriété de Sabrina. Si proches, si lointaines, le temps est le premier à s'étonner des liens forts qu'il a créés entre elles. Un fil de soie, fin et fragile, souple et résistant unit les quatre femmes. La vie a essayé de le casser, mais il s'est noué, renforcé et assoupli pour pouvoir épouser sans trop de dégâts les chemins rocailleux, boueux, souvent en pente raide, et avancer.

Le roman prête sa voix lyrique à l'histoire de ces femmes et rend hommage à la création et la transmission à la passion qui n'est pas vouée à l'échec et qui se transforme dans "la médiocrité du quotidien".

Tout n'est pas éclatant dans la vie, c'est ainsi.

Après la guerre les italiens ont quitté leur terre pour trouver espoir sur une autre, et s'y établir.

Angela et son mari Giuseppe sont cette immigration italienne en Belgique où les mines de charbon attendaient la main d'œuvre de ceux qui voulaient survivre coûte que coûte et nourrir leurs familles.

Constanza Marsiato est artiste flamboyante dans un XVe siècle dont les lumières ne reconnaissaient ni n'éclairaient facilement la femme autrement qu'au foyer, épouse et mère. Son œuvre est née pourtant d'une passion que rien et personne ne pouvait étouffer. Le buste en terre réalisé par Constanza a survécu, "les grands artistes ont toujours raison trop tôt" , mais ils ne le savent pas toujours... qu'importe.

La Dame d'argile, très fragile, est née de l'amour et devient résistante au passage du temps.

Renaissance, "le temps revient" la devise de Lorenzo il Magnifico, et grâce au talent de Constanza, Simonetta revenait, renaissait. Le maître de la jeune sculptrice est éblouit : "même figure emblématique de son mythe de beauté universelle, païenne plus que chrétienne, femme plus qu'ange. Tu as su faire la synthèse de toutes ces choses sous-jacentes et les décrypter. Tu es une grande artiste..."

Symbole très fort, la terre est fil conducteur, lien et liant à travers les siècles, amour et source de vie, terre nourricière et créatrice.

Le roman comme une toile réunit les fils qui la tissent, qui se serrent et se nouent, leurs histoires créent et se perpétuent. La terre de la Toscane est la terre universelle, germination, création et transmission, et le temps revient... un jour, on ne sait pas quand.

Toutes les routes mènent à Rome et ici elles mènent à la création, la passion et la naissance d'une beauté devant laquelle le temps s'arrête, pour la contempler.

L'histoire racontée d'un ton léger et d'une écriture fluide, nous envoie ce message de quête enflammée qui entretient la vie. Quatre femmes, quatre graines et des germinations sans fin.

Du début à la fin le roman traverse les siècles jusqu'au quattrocento par l'identité de ces femmes unies sans le savoir par un buste d'argile, de terre, qu'elles ont créé, adoré, transmis et offert à la postérité.

Christiana Moreau, peintre et sculptrice, passionnée du quattrocento, nous donne rendez-vous avec les grands artistes de l'époque, et de tous les temps, dans leurs ateliers, avec leur technique et leur combat, l'un d'eux, Sandro Botticelli , "nature si sensible, vulnérable" nous accompagne ainsi qu'il accompagne Constanza et nous éclaire de son génie et de sa bienveillance, de son amour infini pour la peinture.

La nature a créé des chefs d'œuvre, l'homme aussi, il suffit d'un regard amoureux pour qu'ils renaissent à tout instant.

Merci Alain pour m'avoir guidée vers la découverte de cette auteure et de son roman de passion et de lumière.

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Cachemire rouge

Un livre à la fois romanesque et bien documenté, qui m'a parfois rappelé d'autres livres appréciés : "Made in Vietnam" et "La tresse".

Ici aussi, il est question de femmes, de confection textile, d'Asie, d'esclavage (moderne). D'espoir aussi, malgré les drames, et malgré la fin de la vie traditionnelle mongole que chérissait Bolormaa, dernière enfant de sa famille.

Avant la vente du dernier cheptel de chèvres restant encore dans sa famille, elle va prélever comme d'habitude une partie du beau tissu et confectionner un magnifique pull cachemire rouge. Avec des colorants naturels, en pensant à sa grand-mère qui lui a transmis ces savoirs précieux.

Ce pull d'une couleur rouge intense servira de fil conducteur à l'histoire de Bolormaa et sa famille, puis Bolormaa et XiaoLi sa nouvelle amie chinoise, puis encore en Italie, en Toscane. Un roman à découvrir !
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La dame d'argile

Le destin d'une sculpture magnifique: la dame d'argile, représentation de la Sans-Pareille à travers l'histoire de quatre femmes à différentes époques:

Sabrina, descendante d’immigrés italiens en Belgique, découvre la statue dans le grenier de sa grand-mère. Restauratrice d’œuvres d'art, elle est la fierté de sa famille, petite fille d'un italien devenu mineur en Belgique pour fuir la misère italienne. elle va vouloir comprendre comment cette œuvre de grande valeur a pu échouer dans ce grenier.

Angela est la grand-mère de Sabrina, c'est elle qui rejoignant son mari en Belgique y a apporté la dame d'argile.

Constanza était artiste et sculpteur. Elle a du se déguiser en garçon pour exercer son art, La dame d'argile est son œuvre, réalisée à l'époque où le moine Savonarole va dresser le bucher des vanités à Florence.

Simonetta est la Sans Pareille, Déjà morte quand Constanza l'a représentée, elle a ébloui Florence en ce Quattrocento où les arts se sont épanouis sous Laurent le Magnifique.

L'auteure nous raconte en parallèle les destins de ces quatre femmes et les liens qui les unissent au fil du temps, liens qui grâce à la quête de Sabrina, vont se redessiner.

Un chapitre est alternativement consacré à chacune d'entre elles, procédé intéressant , mais qui m'a un peu frustrée par moments, nous obligeant le temps des trois autres chapitres à laisser de coté une de ces femmes.

J'ai trouvé passionnant les chapitres consacrés à Simonetta Vespucci et à Costanza Marsiato. J'y ai beaucoup appris sur la vie à Florence dans cette fin du quatorzième siècle, où avant de passer sous l'influence de Savonarole, Florence a été la cité des arts, J'ai aimé entrer dans la vie quotidienne de certains artistes renommés, découvrir un peu plus les techniques utilisées, à cette époque. L'auteure nous fait partager avec beaucoup d'enthousiasme son amour et ses connaissances de l'art et de cette époque.

J'ai aussi aimé découvrir le quotidien de cette famille italienne, qui au lendemain de la guerre, va quitter cette Italie ou il n'y a a pas de travail, encore déchirée par les traces de la guerre, et les convictions passées de chacun. On ressent bien toute le difficulté à s'intégrer dans un pays de langue et de climat bien différents.

La vie de Sabrina est celle qui m'a le moins passionnée, peut-être parce que j’y ai appris moins de choses. D'elle je retiendrai l'amour qu'elle exprime pour la Belgique, même si elle n'oublie pas ses racines italiennes. La Belgique est le pays qui a donné une chance à ses grands-parents,qui lui a permis à elle de devenir une restauratrice d'art reconnue.

Merci aux éditions Préludes pour ce partage

#LaDamedargile #NetGalleyFrance



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Cachemire rouge

****



Bolormaa est une jeune fille qui vit dans les steppes de Mongolie. Entourée de sa famille, ils élèvent des chèvres et vendent leur fourrure réputée : le cachemire. Mais un hiver trop rude décime le troupeau. La famille doit alors quitter les terres sauvages et se trouver un emploi dans la grande ville la plus proche. Malgré les difficultés, Bolormaa fait la rencontre de XiaoLi, une jeune chinoise éprise de liberté. Ensemble, elles vont affronter tous les dangers pour rejoindre l’Italie, où elles croient trouver leur bonheur...



De Christiana Moreau j’avais lu et fortement apprécié La sonate oubliée. C’est donc en terrain connu et attendu que j’ai ouvert son nouveau roman.



Dans un environnement totalement différent, elle nous offre une très belle histoire.

Ode à l’amitié, ce roman aborde également des thèmes tristement d’actualité : la pauvreté des paysans mongols, la tristesse et l’esclavage moderne des usines de confection chinoises ou italiennes, l’exil et les difficultés de la route des sans papiers...



Bolormaa et XiaoLi sont deux jeunes filles qu’on a privé de leur jeunesse et de leur insouciance mais qui, par la force de leur amitié, vont tout tenter pour changer leur destin...



Un grand merci à NetGalley et aux Éditions Préludes pour leur confiance...
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Cachemire rouge

La thématique rappelle "La tresse", mais alors que ce dernier m'avait assez déçue, j'ai beaucoup apprécié Cachemire Rouge... un roman qui nous emporte entre Mongolie et Italie, avec le destin de trois jeunes-femmes... Borlomaa la mongole, XiaoLi la chinoise et Alessandra l'italienne.

Il m'a plu parce que l'on s'attache plus particulièrement à Bolormaa et avec son parcours, sont mis en évidence les problématiques du monde actuel : le dérèglement climatique ; la mondialisation ; l'exploitation des plus démunis et tous les bouleversements faits à des peuples du bout du monde pour le profit et le confort de quelques uns.



"Cette fois, ils ont la ferme intention de chambouler les traditions. L'hiver a été beaucoup trop rude et ils sont découragés. Toute la Mongolie-Intérieure a été frappée de plein fouet par le "dzud"¹. Ils se sont retrouvés bloqués par d'énormes chutes de neige et, très vite, les combustibles et les réserves de nourriture se sont épuisés. Lorsque la neige empêche le bétail de brouter, il faut lui donner du foin. Ils en avaient bien ramassé un peu lors de l'automne précédent, à la main, faute de machines, mais un été trop sec avait endommagé les pâturages. Sans herbe en suffisance, les troupeaux ne sont pas assez engraissés pour pouvoir tenir lontemps dans ce climat glacial extrême. Ainsi par manque de fourrage, les chèvres mouraient de froid et de faim. Tsooj et Serdjee ne parvenaient plus à faire face, c'était l'hécatombe. Des dizaines de bêtes gisaient gelées autour d'eux. Ils ont perdu la moitié du cheptel et ont failli y laisser leur peau. Rares il y a vingt ans, les dzud sont désormais de plus en plus fréquents. La Mongolie semble victime d'un grand bouleversement climatique. Pour les éleveurs, il ne fait aucun doute que, depuis dix ans, les températures et l'environnement changent. Tsooj et Serdjee refusent de braver une nouvelle fois ces conditions inhumaines et veulent arrêter la production de laine pour trouver du travail à la ville." p 13 - 14

1. Phénomène climatique caractérisé par une vague de froid extrême en hiver faisant suite à un été caniculaire.



"Batbayr, l'amertume au cœur, a dû se résoudre à céder son troupeau au plus offrant. À son grand regret, la mise a été remportée par un propriétaire chinois qui guettait comme un prédateur. Il n'a pas eu le choix. Comment lutter contre l'argent des riches éleveurs industriels qui font la loi jusque dans ses montagnes et ses steppes.

Le cachemire est devenu une manne pour la Chine, premier producteur mondial. Des ateliers de la "fibre de diamant" poussent comme des champignons un peu partout. Rien qu'à Ordos, il y en a plus d'une dizaine où la laine est filée avant d'être transformée en pulls ou en écharpes vendus à des enseignes occidentales de prestige." p 33





Une histoire douce et cruelle à la fois, une lecture aussi agréable qu'intelligente.

Voilà ! Si vous avez aimé le premier cité, vous devriez adorer celui-ci !
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La dame d'argile

Une très belle lecture où une sculpture d'argile va relier les personnages féminins de ce livre.



Des destinées nous permettant de naviguer dans le temps et l'espace pour une plongée dans l'histoire.



La femme de notre époque : Sabrina est celle qui découvre le buste dans le grenier de sa grand-mère Angela qui vient de mourir. Sabrina est restauratrice au musée des Beaux Arts en Belgique et elle va enquêter sur cette statue et remonter dans le temps.



Cette statue d'argile est signée Costanza Marsiato. Nous allons donc découvrir l'histoire de cette femme sculptrice à l'époque de la Renaissance mais également on va découvrir la vie du modèle de cette sculpture : Simonetta Vespucci.





La Renaissance italienne quelle époque fabuleuse pour les arts. L'auteure nous en parle très bien, sans prétention, et nous fait découvrir cette époque à travers des regards féminins, aussi bien dans les ateliers que dans les palais avec la famille des Médicis et ce modèle féminin de Simonetta Vespucci.



On visite aussi Florence avec Sabrina, avec tout ce que nous pouvons admirer dans cette ville magnifique, héritage du Quattrocento !



Les chapitres alternent entre les divers personnages féminins : Sabrina, Angela, Costanza, Simonetta.



Avec en toile de fond ce que ces femmes on eu a subir mais aussi à vivre, dans leur métier, dans leur statut social, mais aussi dans leur vie intime et amoureuse.



On remonte jusqu'à la Renaissance à l'époque d'aujourd'hui et on voyage à Florence en Italie aussi en Wallonie.



La grand-mère Angela, elle, a dû rejoindre son mari en Wallonie suite à un accord bilatéral qui a conduit des hommes italiens à travailler dans les mines de Belgique pour que l'Italie puisse avoir du charbon en échange.



Angela ayant apporter avec elle précautionneusement dans une valise la belle sculpture qui était dans la famille de génération en génération.





Je remercie NetGalley et les Editions Préludes

pour cette lecture que j'ai beaucoup appréciée

et qui m'a fait voyager dans le temps et l'espace

au travers des vies féminines captivantes

avec cette sculpture en fil conducteur.



Un livre qui nous apprends des choses et nous divertit que demander de plus !






Lien : https://imagimots.blogspot.c..
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La sonate oubliée

300 ans les séparent, mais une passion les unit : celle de la musique et particulièrement du violoncelle... Lionella est une jeune belge d'origine italienne que son professeur a inscrite au prestigieux concours Arpèges. Mais elle désespère de trouver un morceaux original qui la démarquerait des autres prodiges. Son ami d'enfance va lui apporter la solution : il déniche aux puces une boîte de métal qui renferme une partition et un carnet écrit d'une écriture fine. Au delà de la mélodie, Lionella va rencontre Ada, une jeune orpheline recueillie à l'ospedale de la Pietà à Venise. Et le destin se met en place...

Un très joli premier roman écrit par Christiana Moreau... L'écriture est simple, sans prétention, mais elle sonne à notre oreille comme les notes envolées des violoncelles. Elle nous entraîne dans les rues de Venise et se perd dans la poésie de la Sérénissime, aux côtés d'Ada, une jeune fille douée pour la musique et tombée dans l'oubli. Une bien belle musique en somme...
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La sonate oubliée

... Et parfois on tombe sur une jolie histoire qui enchante l'âme par sa lumière, son innocence et la pureté des sentiments qu'elle véhicule.

Lionella, violoncelliste passionnée de 17 ans, compte présenter le concours Arpèges récompensant les meilleurs musiciens mondiaux. Mais elle souhaite y jouer une oeuvre originale qu'elle peine à trouver. Son meilleur ami va l'aider en lui faisant cadeau d'un coffret en métal acheté aux puces, renfermant les partitions d'une antique sonate, la moitié d'une médaille et le journal intime racontant la genèse de cette oeuvre et la vie d'Ada, orpheline du XVIIIe siècle à l'Ospedale della Pietà de Venise où Vivaldi compose ses plus belles oeuvres baroques...

C'est un petit chef d'oeuvre dont les pages glissent entre nos doigts et qu'il est impossible d'abandonner tant l'auteure par son talent sait accaparer notre attention et faire vibrer nos sentiments les plus oubliés. Christiana Moreau aidée d'un laborieux travail de documentation, a le don de raconter la Musique.

Seul bémol, les dernières pages semblent "survolées" et ne sont pas du même niveau que l'ensemble du récit.

Je le recommande vivement pour qui a envie de passer un moment enchanteur !

Prix des lecteurs Club 2017.

Prix du premier roman Rotary Club Cosne-Sancerre.

Prix du premier roman DLVA.

Editions Préludes, le Livre de Poche, 232 pages.

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La nuit de la tarentelle

Avec Verdi comme ange gardien



C'est dans une oliveraie des Pouilles que Christiana Moreau situe son nouveau roman. On y suit en parallèle l'histoire de deux femmes passionnées de musique, Raffaella et sa petite-fille Elisa.



Connue depuis des siècles pour son huile d'olive, la région des Pouilles lutte depuis des années contre un fléau qui détruit les oliviers. C'est dans ce contexte difficile que Raffaella, la doyenne de la famille, est victime d'une nouvelle chute qui la fragilise et pousse son fils à la placer en maison de retraite. Où elle dépérit. Seule les visites de sa petite-fille Elisa lui apportent un peu de baume au cœur.

Elles partagent toutes deux une même passion pour le chant lyrique et notamment pour Verdi. Si Raffaella encourage Elisa à vivre sa passion, c'est aussi parce qu'elle-même a dû se résoudre à rester dans les Pouilles pour seconder le mari que sa famille avait choisi pour elle dans le but d'agrandir le domaine et à renoncer à Angelo, qui rêve d'être ténor, et auquel elle sera contrainte de renoncer. Elle va confier à sa petite-fille l'emplacement de son trésor, enfoui au pied d'un olivier, pour qu'elle puisse partir se former à Milan.

On va dès lors suivre en parallèle l'histoire de Raffaella en 1955, puis en 1968, et celle d'Elisa en 2017. Une construction astucieuse, qui permet chapitre après chapitre, de comparer les deux destinées. Après-guerre, au pied de la botte, le patriarcat reste la norme et n'offre guère aux femmes qu'un tout petit espace de liberté, la tarentelle. C'est aussi cette danse traditionnelle qui va rapprocher les deux femmes. C'est là que Raffaella va rencontrer l'amour de sa vie et c'est là qu'Elisa va trouver la force de s'émanciper.

Dans ce beau roman de transmission symbolisé par un pendentif de Giuseppe Verdi offert à Raffaella puis à Elisa et accompagné d'un lourd secret de famille, Christiana Moreau fait montre des mêmes qualités narratives que dans ses premiers romans, La sonate oubliée et Cachemire rouge (disponibles au Livre de poche). Sa sensibilité d'artiste et le lien très fort qui l'unit à l'Italie forment un terreau fertile à cette histoire de patriarches qui se heurtent aux velléités d'émancipation des femmes.

On suit avec beaucoup d'intérêt leur combat, qui est aussi parsemé de doutes, jusqu'au dénouement. Une ultime occasion de retrouver les deux héroïnes de cette émouvante saga qui allie féminisme et musique, émotion et secrets de famille.




Lien : https://collectiondelivres.w..
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