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Critiques de Christophe Chabouté (828)
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Le crime parfait

Je suis très heureux de revenir sur ce recueil de « nouvelles dessinées », tout à fait remarquable, découvert en fin d'année 2022. 15 auteurs de bandes dessinées interprètent, chacun dans son style, le thème du crime parfait sous la forme de 11 histoires courtes de 10 à 12 pages.



Une danse ?, par Guess : dessins couleurs sépias (ambiance 19ème d'un bar dansant mal famé) ou vives (scène de la danse puis celle de la bagarre au couteau). La mornifle veut aller guincher au Perlimp' avec Maurice, son « marle », un violent au langage fleuri surnommé Momo-main-lourde. Comme dans de nombreuses nouvelles, la fin rebat d'un coup les cartes. Une première histoire parfaite, illustrant l'intelligence du crime. Chaque histoire est suivie par un petit texte explicatif, très bien écrit, concernant les personnages et les faits.



Le crime de Séraphin Bouchet, par Guérineau : ambiance bleu nuit puis petits matins blêmes dans une clarté rose. Séraphin a l'amour du travail chevillé au corps, la rigueur et la passion des mécanismes de précision, une tradition dans la famille. Vous avez deviné… Il officie à la guillotine ! C'est un véritable « bourreau de travail » à une époque où la police lui envoie de plus en plus de clients, répondant ainsi à l'essor du crime. Difficile à concilier avec le travail bien fait ! le burn-out le guette… le talent et l'humour sont réunis pour illustrer le crime et sa surprenante punition.



Cry me a river, par Holgado & Seltzer : Revanche d'une femme sur des hommes violents ou cupides, traitant celle-ci comme un objet, un être inférieur dont on dispose à sa guise… Ambiance 1939 déclinant dans les classes aisées un thème traité dans l'histoire d'introduction !



12h30, par Chabouté : le crime parfait c'est, en tête de gondole, le mystère non élucidé de John F. Kennedy permettant à notre société gouvernée par le spectacle médiatique de vendre journaux, films, livres… à l'infini… Revisité ici dans un dessin très original, noir et blanc à l'encre pure, sans nuance de gris et avec peu de détail. Texte direct, laconique et percutant. Tout ou presque est dit dans l'économie des moyens !



Le train pour Paris, par Rabaté : une BD qui joue de la réplique « assassine », du cadrage, du trait décisif… Ah ! La veste quadrillée d'Adrien c'est quelque chose !!! Un père retrouve brutalement un fils qu'il n'a jamais vu auparavant. Petitesse, voire bêtise crasse dans ce crime. Ambiance ferroviaire propice au fantasme du crime !



L'aveu, par Peyraud & Liéron : j'ai apprécié le bleu gris et les quelques apparitions de rouge soulignant les moments clés et l'action. le scénario est tordu, mais pas trop, avec la fin surprenante comme il se doit. Une femme dans l'intelligence de la vengeance. Elle ne veut pas se faire prendre et fera ce qu'il faut pour ne pas aller en prison. Je n'avais rien vu venir !



Le pépère, par Emmanuel Moynot (Nestor Burma...) : une de mes préférées ! En noir et blanc avec de belles nuances de gris. L'auteur joue du double sens, cela donne des répliques savoureuses, surtout à la relecture quand on connaît la chute. le pépère et Vanessa s'imposent d'emblée dans ce crime parfait des bas fonds.



Le crime parfait, par Christian de Metter : La dernière histoire, éponyme du recueil, se présente comme une réflexion sur l'art, la liberté et la vie. En dix pages De Metter clôt superbement un album dans lequel il sera bon de se replonger...



Trois histoires m'ont moins plu : Meurtres en abyme par Sandoval & O'Griaba, le perfectionniste par Krassinsky et Danse macabre par Pomès : exploration de la folie meurtrière, du morbide… Pas trop pour moi mais c'est l'atout de cet album collectif de permettre une approche de différents styles.



La belle couverture rouge et noire, au gros titre blanc, est signée Nicolas Barral. Et en bonus on a la possibilité de prolonger la visite en découvrant des albums de l'un ou l'autre des auteurs. Pour ma part ce sont Guess et Emmanuel Moynot qui sont mes préférés ici, même si l'ensemble se lit d'un bout à l'autre avec plaisir.



Et vous, lequel de ces auteurs connaissez-vous ? Quel album conseillez-vous ?

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Lien direct ci-dessous pour chronique du blog Clesbibliofeel avec des reproductions de plusieurs planches de cette BD...
Lien : https://clesbibliofeel.blog/..
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Moby Dick, tome 1 (BD)

Est-il vraiment besoin de présenter le Capitaine Achab ? Capitaine à bord du Pequod, un navire parti en mer pour chasser la baleine et en faire commerce. Un homme cruel, vindicatif jusqu'à la folie, en quête d'un Absolu vain.

Son Graal, c'est Moby Dick, une baleine blanche décrite comme un être sous-marin entre le Golem et le Léviathan. Moby Dick lui a arraché la jambe, de ce fait, Achab n'aura de repos que lorsqu'il aura arracher le dernier souffle de vie à cet animal.



Herman Melville est loin d'être un auteur abordable - à oublier pour les lectures détente. En plus des descriptions foisonnantes, il faut suivre la portée religieuse et philosophique de ses récits, et c'est loin d'être chose aisé... Cela en faisait un défi d'autant plus grande de l'adapter en bande dessinée.

Il y a très longtemps, j'avais été marquée par la vieille adaptation qui en avait été faite sur écran, et lorsque j'avais tenté de lire le roman.. ce fut un défi digne de l'ascension de l'Everest, je comptais donc sur l'oeuvre de Christophe Chabouté pour me réconcilier avec cette oeuvre majeure de la littérature américaine dont la portée est si forte. Pari réussi avec brio !!



Les planches en noir et blanc aux traits précis - mais pas trop non plus - sont une pure merveille qui traduisent tantôt la tension dramatique, tantôt les longues descriptions de Melville qui font ici de magnifiques plans cinématographiques.

On retrouve tous les thèmes forts du roman : cruauté, violence et danger de la nature déchaînée à l'état brut. La chasse, qui a valeur de 'simple' rituel païen du XIX° siècle, réminiscence d'un passé où il est coutume de pratiquer un sacrifice en offrande ou comme rite de passage.

On retrouve aussi le grand thème de Melville qu'est la perte du religieux et de son message originelle dans la société de son époque , avec l'opposition entre matériel (le commerce) et le spirituel (la quête). le roman est donc totalement sublimée par le talent de Chabouté qui met parfaitement en scène tous les aspects du roman, tant philosophique que social avec la dureté des conditions de travail des travailleurs des mers.
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Sorcières

Des histoires de sorcières, de philtres d'amour, de maléfices, de croyances, de chat noir ou encore de sortilèges.

Une atmosphère noire, glauque, atypique et palpitante.

Des personnages haut en couleur, tous plus terrifiants les uns que les autres.

Un ouvrage à la qualité irréprochable.

15 histoires à l'humour noir et dont la chute surprend à chaque fois.

Des scenarii bien imaginés qui peuvent parfois prêter à sourire.

Malgré le fait que je ne sois pas fan des scénettes, cet album vaut le détour, rien que pour le graphisme... et parce que c'est du Chabouté !
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Musée

Observer ceux qui regardent ou regarder ceux qui observent ?

That is the question ?



D'ailleurs au sein du musée d'Orsay tout au long de ce magnifique album, on finit par ce demander qui observe qui ?

Et au fil des pages nous sommes les spectateurs de ce jeu sans fin....



Les Éditions stock ont lancé un collection qui s'intitule "Ma nuit au musée"

et bien le sous-titre de ce roman graphique pourrait être "Leurs nuits au musée"



Loin des tableaux colorés,

Loin des teintes chamarrées,

l'auteur a pris le parti du Noir et Blanc, et quelle réussite !!! Des dessins qui ont l' instantanéité d'une photo



Un musée est le notre propre reflet, cet album est de prime abord le reflet de nos attitudes dans un musée.

Avec une certitude chacun se retrouvera au moins dans une vignette, comme une mise en abyme graphique.

Il y a ceux qui s'approchent pour mieux détailler une œuvre, ceux qui s'éloignent pour

Il a ceux qui contemplent une œuvre seuls, assis, et qui au fil des minutes ou des voient défiler plus de personnes devant l'œuvre que l'œuvre elle-même, et qui au final découragés s'en vont ;

Il y a ceux dont on sait, qu'elle œuvre ils regardent, juste avec un regard ou une attitude ;

Il y celui qui faisant partie d'un groupe qui visite le musée au pas de course, ne peut prendre son temps devant les tableaux, et cours après le groupe qui court ;

Celui là même qui passe son temps à courir, et qui fini par s'échapper du groupe pour mieux revenir sur ses pas ;

Ma préférée : le couple qui visite le musée Monsieur qui détaille le tableau, s'extasie devant celui-ci et Madame qui lui dit : " dépêche toi.... de toute façon, je l'ai pris en photo.... Tu pourras le regarder à l'hôtel ce soir..." ;



Et puis une fois le musée fermé.... Que se passe-t-il....

Ce sont les œuvres qui nous observent par l'horloge emblématique du Musée d'Orsay.

Surtout quatre, fidèles au poste tous les soirs : La Pensée d'Auguste Rodin, le Narcisse de Paul Dubois, le Buste de Charles Garnier de Jean Baptiste Carpeaux et enfin le Persée de Laurent-Honoré Marqueste. Ces statues devenues vivantes observent notre vie, dans nos boîtes qui se déplacent, et nos travers l'oreille collée ou les yeux rivés sur une autre boîte plus petite.... Petite boîte que nous leur montrons à longueur de journée, c'est La Méditerranée de Maillol qui le dit à un des Gladiateurs de Jean-Léon Gérôme.....

Il y a les commérages des parlementaires d'Honoré Daumier, rien ne change vraiment....

Il y a ceux qui "s'évadent" le temps de la nuit, les Raboteurs de parquet partis je ne sais où ? , l'Olympia de Manet qui allongée toute la journée n'a-t-elle pas le droit de se dégourdir les jambes ? , et l'ours blanc de François Pompon, lui c'est l'inverse, n'a-t-il pas la possibilité de quitter sa pose pour trouver un recoin où se reposer ?

L'Héraklès d'Antoine Bourdelle qui se découvre une passion dévorante et intrigante pour les toilettes du musée.....



Un musée est le notre propre reflet, un musée c'est donc la vie, avec ses histoires :

Anacréon d'Eugène Guillaume et La liseuse et Henri Fantin-latour qui se retrouvent après une journée de manque loin l'un de l'autre ;

La Jeune femme à la rose d'Amédeo Modigliani et le Mercure d'Henri Chapu jouant au jeu du "Je t'aime moi non plus" ;

L'Oedipe à Colone par Jean Hugues qui accueille la Venus Victrix d'Auguste Renoir et lui fait la visite, les présentations.... Et répond à ses questions :

"Mais pourquoi il nous arrive tout ça ?

Arrive quoi ?

Ben bouger, marcher, parler....

On en sait strictement rien. Et on ne se pose même pas la question. En fait, on s'en fiche.... royalement.

Est-ce si important de savoir pourquoi ?

On profite.... On savoure. On vit" ;

Berthe Morisot au bouquet de violettes qui tous les soirs a rendez-vous avec l'homme au chien....



Une BD singulière pour des regards pluriels....

Qui donne envie de pousser la porte du musée, quel qu'il soit, et d'y prendre son temps, d'y perdre son temps, de regarder, d'observer, d'en profiter, de le savourer et de le vivre...
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Yellow Cab

C'est une curieuse expérience que va mener le principal protagoniste qui réalisait des films et des documentaires mais qui souhaite se tourner vers le métier de conducteur de taxi à New-York afin de savoir l'effet que cela fait de transporter des clients aussi différents.



On se rend compte que c'est un parcours assez difficile semé d'embûches pour pouvoir bénéficier de la licence de conduite. Puis après, on est littéralement exploité financièrement par des grosses boîtes de garages qui mettent à disposition les véhicules. On va apprendre tout sur les rouages de ce métier qui paraît bien plus difficile que cela.



Par ailleurs, les taxis n'ont pas très bonne réputation à New-York car ils sont détestés et notamment par la police qui ne se prive pas de leur mettre des contraventions de façon assez méthodique pour trois fois rien ce qui peut s’apparenter à une forme d’extorsion de fonds. Les chauffeurs sont souvent d'origine étrangère car les conditions sont parfois très pénibles, voir dangereuse dans certains quartiers mal famés de la ville.



Il ne se passera pas vraiment de grande chose, néanmoins, on suivra ce récit avec plaisir. La narration graphique est omniprésente ainsi que le trait en noir et blanc qui reste de toute beauté avec ses ambiances urbaines incroyablement réussies. Chabouté a encore pris son temps pour nous offrir une poésie urbaine sur New-York, une ville qui ne dort jamais. Encore une belle leçon d'humanité.
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Purgatoire, tome 1

Qu'il est content le Benjamin Tartouche !

Fini les petits boulots merdiques , il le sait , il le sent , la chance lui sourit enfin .

Tout semble désormais lui réussir , il n'a plus qu'à se baisser pour récolter , s'en est presque trop facile . Un nouveau boulot en free-lance , une nouvelle maison héritée d'une vieille tante qu'il ne connaissait ni d'Eve , ni de pauvre pomme , une charmante voisine avec qui il se verrait bien tirer des plans sur la comète...pour commencer .

Seul petit bémol , ces nombreux et coûteux crédits sollicités mais lui il s'en fout , il a le trigone de Neptune dans la maison de Jupiter , y a pas mieux !

Aussi , lorsqu'en pleine nuit , il se fait déloger manu militari par un énergique soldat du feu histoire de constater que les restes de sa maison en proie aux flammes , à très brève échéance , tiendront bien plus des vestiges antiques de Rome suite aux audacieux plans d'urbanisme de Néron que de la maison de Jupiter qu'il n'a jamais visité par ailleurs , il se dit alors que les prévisions de la mère Tessier la bien nommée , c'est p'tet bien de la merde en boîte .

Purgatoire , désormais , sur tous les murs j'écris ton nom...



Fort , très fort Chabouté .

70 planches pour décrire la descente aux enfers d'un homme qui a tout perdu et qui , désormais , n'a plus aucune identité propre . Considéré par tous comme un paria , un clodo , il n'a plus d'autre choix que de tenter de s'adapter à sa nouvelle condition de SDF et de faire face aux regards lourds de reproches que lui balancent les passantes et les passants bien intentionnés . N'a pas un ami Auvergnat qui veut...

Son unique espoir , le rapport d'un expert de mèche avec un assureur véreux qui fera traîner le dossier ad vitam aeternam histoire de n'avoir pas le moindre centime à débourser .

La vie n'est pas toujours un long fleuve tranquille...

Un coup de crayon parfaitement maîtrisé .

De longs silences accentuant un peu plus ce sentiment de désolation .

Un scénario apocalyptique totalement crédible .

Rien à dire , Chabouté a encore frappé . Y a plus qu'à déguster...
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La Bête

Un village paumé en pleine campagne, un soir d'hiver, la neige tombe à gros flocons, un lapin se fait pourchasser par un loup... et se fait manger tout cru. Le décor est planté.

C'est dans ce milieu hostile que débarque un inspecteur de police, venu spécialement pour une enquête, disons, hors norme: ce loup ne s'attaque pas qu'aux animaux mais également aux hommes et les massacre. Un peu désabusé par ce milieu, le flic tentera de résoudre cette étrange affaire, dans un pays de chasseurs, un peu sauvages, à la gâchette facile, qui accusent ce loup de tous ces meurtres. Car, ce n'est pas un mais bien plusieurs corps qui seront découverts...



On retrouve des thèmes chers à Chabouté tels que l'isolement, le mystère et des personnages un peu sauvages. Toujours avec ce graphisme tout en noir et blanc, aux jeux d'ombres et de lumières, le trait de Chabouté reste incontournable. On y retrouve une certaine rudesse mais également de bons sentiments dans le personnage de Sarah. Les personnages sont humains et n'en sont que d'autant plus attachants.

Avec un scénario atypique et un final étonnant, cet album se déroule avec une certaine logique et se savoure avec plaisir... comme un jour sous la neige... où l'on attend la fin pour pouvoir sortir...



La bête, elle ne vous mangera pas...
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Les princesses aussi vont au petit coin

Pas mal du tout ce roman graphique !

Je suis sûre que vous vous poserez la question du choix du titre par rapport à l'histoire racontée , mais c'est tout à fait logique, une affaire de poupée gigogne ...c'est l'histoire de quelqu'un qui raconte une histoire....et ainsi de suite...comment le quotidien d’un auteur avec ses préoccupations et l’histoire qu’il raconte peuvent se mélanger et donner une histoire étrange.

Chabouté, c'est génial, c'est construit. il nous raconte là l'histoire d'un road trip, façon série B avec son trait noir et blanc et son texte très sobre, mais percutant.

Un homme assez paranoïaque s'évade et prend en otage un couple dans une fuite insensée et leur raconte une invraisemblable histoire de complot international d'industriels du tabac, un lobby qui a mal tourné.

Les dialogues sont savoureux, le doute sur le prétendu complot entretenu, et la princesse intervient vraiment dans cette affaire, une muse toute mignonne .

C'est la BD qu'il faut lire pour ce « mois sans tabac ».

Bon courage à ceux qui vont décrocher !
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Moby Dick - Intégrale

Ceci est une adaptation en bande dessinée du roman de Herman Melville, Moby Dick, plutôt fidèle au roman, où juste les parties techniques sur la pêche à la baleine sont éludée au dépend du développement de l'histoire, bien respectée . L'ambiance des tensions est superbement retraduite par le dessin tout en noir et blanc, en contrastes forts, sans nuances et lignes sèches. J'aime les vignettes pleines de cordages dessinées avec minutie ou d'interieurs boisés où chaque noeud du bois est représenté, qui alternent avec des vignettes ou seule la silhouette du bateau sur une grand vague noire ressort. L'intensité dramatique est à son comble grâce au graphisme et rend l'histoire haletante, le coup de pinceau est juste et agressif, les planches sont belles et tiennent sur un équilibre tranchant qui participe à la tension de l'histoire. Je trouve que Chabouté est au meilleur de son art quand il part en mer et son style s'accorde parfaitement à Herman Melville.



Une très bonne adaptation, n'hésitez pas à vous jeter à l'eau.
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Un peu de bois et d'acier

Un peu de bois et d'acier est la vie trépidante d'un banc public, dans un jardin public, devant un arbre public.

Et le public passe. Ou s'assied. Ou utilise le pauvre banc à d'autres desseins. Une vie de banc, ce n'est pas une vie de bâton de chaise. C'est plus immobile et plus calme. Ce n'est pas non plus une vie de barreau de chaise. C'est moins incendiaire.



Star inhabituelle d'un roman graphique, le banc - quelques planches et quatre pieds- se plaît à se montrer sous toutes les coutures qu'il n'a pas. Sous le crayon de Chabouté, il cabotine davantage que son copain le chien qui arrose régulièrement d'un petit jet d'urine son pied avant droit. Il n'hésite cependant pas à poser sous la pluie ou la neige, à arborer la sale mine de celui qui est bestialement taggé, à supporter avec un stoïcisme admirable les figurants humains, habitués ou pas, qui le fréquentent. Et tout muet soit-il sa présence est irremplaçable. Même un banc design à l'aspect de paquebot tarabiscoté ne saurait jouer son rôle.

Mais…



La vie d'un banc de bois, c'est comme la vie d'un banc de thons. C'est intéressant un moment mais un poil lassant. Même si le banc se refait de temps à autre une beauté. De toutes les façons, un acteur passe toujours par la séquence maquillage. Sauf qu'on ne lui met pas autour du cou un écriteau pour avertir que sa peinture est fraîche. Bon, il est vrai qu'on s'assied moins souvent sur un acteur que sur un banc. Pardon, Je digresse, je digresse.



Le banc de Chabouté vaut par l'humanité qu'il attire ou qui le croise (le banc, lui, reste toujours immobile).

Il y a le couple âgé qui partage un petit gâteau (pas le même chaque fois). Le skater qui méprise l'assise. La lectrice de Cartland. L'homme sans domicile qui tente de s'y allonger lorsque le gardien cesse sa traque. L'amoureux transi aux fleurs inutiles. Pas d'amoureux à la Brassens. Ni de pigeons. Deux jolies scènes cocasses.



Et un peu trop de bons sentiments au fur et à mesure que les saisons passent. Comme si les petits moments croqués autour de ce banc devaient se condenser en une histoire heureuse. Comme si les petits malheurs disparaissaient avec les tracas, les soucis, les contrariétés. Comme si Chabouté avait dérapé sur l'idée initiale pour conclure sur une happy end générale.
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Pleine lune

Edouard Tolweck est un simple fonctionnaire, célibataire, un peu misogyne, travaillant à la Sécurité Sociale, attentif aux heures de fermeture de bureau, respectant les clients (surtout s'ils sont de couleurs... ou plutôt le contraire !!), maudissant les jeunes et les pauvres... un ami que tout le monde aimerait avoir en somme !

Un soir, son patron lui demande de déposer une lettre, près de chez lui, pour pouvoir économiser un timbre, au nom de l'administration. Or, cette mission ne l'enchante pas plus que ça puisqu'il risque de louper son match de foot devant sa n-ième boîte de cassoulet de la semaine.

S'entachant de cette mission malgré tout, il va être pris pour un flic, et croyant qu'il frappait une femme, des gitans se mettent à sa poursuite. Et, cette nuit de pleine lune n'est pas prête de se terminer. de catastrophes en rencontres improbables, son aventure rocambolesque va durer jusqu'au petit matin... A croire que le mauvais sort s'est acharné sur lui...



Quelle belle découverte encore avec cet album de Chabouté ! Cette fois, il fait dans la noirceur, que ce soient dans ses traits, avec de forts contrastes et tous ces jeux d'ombre ; mais également dans le scénario et l'ambiance oppressante, angoissante et cynique.

On se délecte devant tous les ennuis que rencontre Edouard. Tel un thriller, Chabouté nous tient en haleine jusqu'à la toute dernière page.

Tellement jouissif, j'attends la prochaine Pleine lune...
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Un peu de bois et d'acier

Un simple banc public… et c’est toute une humanité qui défile. Il y a les passants et les habitués ; tous les âges, toutes les conditions sociales ; l’absurdité des uns, l’amour et le partage pour d’autres. Il y, en fil rouge, le clochard qui y élit temporairement domicile, l’amoureux transi avec son bouquet de fleurs, l’employé municipal chargé de l’entretien, etc… Toute une vie que vous côtoyez tous les jours, des gens que vous croisez au quotidien. Les saisons se succèdent et on découvre la vie avec ses heurs et ses malheurs.



Ce roman graphique d’une justesse incroyable est empreint de vie et de poésie. Et je n’aurais garde d’oublier la fin, positivement géniale, qui termine le livre en boucle.

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Yellow Cab

Cette fois-ci, Chabouté nous emmène à New-York, son personnage, cinéaste, décide de s'immerger dans la vie d'un chauffeur de taxi pour trouver l'inspiration. C'est une occasion de nous faire découvrir un New-York très ancré dans la réalité, par ses journées pleines d'une vie mouvementée, trépidante et pourtant monotone. Le graphisme est tout en contrastes secs et durs, sans nuances, tout en finesse de détails et en lumières agressives, cinglant, Chabouté excelle dans sa technique, mais s'éloigne de la nature très présente dans ses autres oeuvres. Il nous dépeint un monde artificiel, très citadin. J'ai été enchanté par cet aspect.

Par contre je suis un peu moins convaincu par le scénario, qui joue entre le reportage et le roman, celui que le héros souhaite écrire et l'histoire même de cet écrivain chauffeur de taxi, une sorte de mise en abyme inversée ou de récits gigognes, mais son aspect “prétexte” est un peu trop gros. C'est un détail qui n'altère pas la qualité de la description de New-York, mais qui n'apporte pas non plus un intérêt supplémentaire. La pirouette finale est un effet un peu forcé et téléphoné et n'était pas nécessaire, ça ne m'a malheureusement pas touché. Associé au reportage sur la façon de devenir chauffeur de taxi, les portraits des différents passagers sont bien plus forts et racontent bien plus, comme dans “Un peu de bois et d'acier”. Et les mots deviennent parfois superflus, les regards fiers ou baissés, leur intensité en contrastes, les silhouettes des taxis, les vues générales de rues... c'était déjà suffisant.

Ce n'est pas parfait, mais c'est tout de même une belle lecture que je vous conseille vivement.
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Tout seul (BD)

Chabouté aime les personnages solitaires, ici c'est le thème même de l'histoire. Toujours son dessin, noir et blanc, sans nuances, sec, précis, les images de phare et de la mer sont superbes. Un personnages mystérieux vit seul dans son phare, évite le monde, avec un poisson dans un aquarium et un dictionnaire pour seuls compagnons. Chabouté nous décrit ces moments de silence, de solitude avec art et poésie, uniquement avec des lignes, des aplats, des noirs et des blancs. Certes, il y a forcément peu de dialogues, peu de rebondissements, alors il faut juste prendre le temps de savourer, image par image et respirer l'air du large.
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Quelques jours d'été

Quelques jours d'été à la campagne pour un jeune graçon, sans raison apparente, chez une vieille dame bonne comme le pain et un homme silencieux et un peu bourru mais qui lui apprendra "sa" rivière.

"Le chuchotement des rivières, petit homme !

N'oublie jamais !... "

En quelques planches très expressifs et peu de mots Chabouté comme souvent nous montre la détresse d'un enfant de 8 ans qui ne comprend pas ce qui passe, mais qui découvre une autre vie, tout en chaleur et en surprise.

On n'apprivoise pas que les renards... et j 'ai adoré cette bande dessinée, texte et dessin, pour ces personnages et le message doux-amer qu'elle nous laisse.

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Tout seul (BD)

Est-ce aussi une critique ? (ou un dithyrambe au talent de Chabouté ?) si je dis simplement : subjuguée !, emportée par les vagues, sous un ciel nuageux, jusqu'au cœur d'un phare, ou vit un homme qui connait une solitude si dense, qu'on est capable de la ressentir physiquement (pour autant que ce soit possible...ma chair de poule en témoigne, en tout cas).

L'infinitude de la solitude, face à la mer et son propre reflet...
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Purgatoire

C'est un 5/5 pour moi !! :-). Je vous présente l'histoire de Benjamin Tartouche. Alors que son avenir s'annonce brillant, sa maison neuve prend feu !! Les salauds de l'assurance le font attendre... Ces mauvaises gens veulent qu'il claque de sa nouvelle vie de SDF pour ne pas avoir à lui rembourser les dégâts. Bim ! le voilà qui se prend une voiture ! le décors change... Il arrive au purgatoire. de retour dans le monde des vivants sous forme de spectre, il découvre qu'il a le pouvoir d'influencer les êtres humains...

Et de mettre des bâtons dans les roues de son pire ennemi, un homme politique, celui qui a causé sa mort. Bonne Lecture. Phoenix.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Un peu de bois et d'acier

C'est du Chabouté

sans couleur, ni parole..

Mais, avec une folle tendresse!

L'histoire d'un banc public,

oui, d'un banc public.

Dans un parc près d'un arbre

il accueille sans broncher

des fessiers plus ou moins sympathiques

Des pisses de chien,

des petits pieds d,'enfants

des cascades de skateur..

C'est un guetteur du quotidien

une vigie pacifique et attentive.

Il en voit défiler, des habitués

des passants qui passent.

Il recueille la joie, l'attente, le chagrin

l'amour de ceux qui s'y arrêtent.

Il abrite le repos d'un sans logis

que la maréchaussée sans mollir

contraventionne régulièrement

jusqu'au jour où ...

les techocrates municipaux..



Un récit d'une vibrante poésie

où le réalisme ne se fait pas oublier.

Une belle récréation.







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Tout seul (BD)

La lecture est rapide et les dessins parlants et somptueux. Mais quand cette BD est refermée, elle continue de trotter dans la tête car c’est plein de sujets qui y sont dedans. Au lecteur de les retrouver… Je dirai simplement que le bonheur n’est-il pas de se contenter de ce que l’on a plutôt que de vouloir ce que l’on a pas…

Encore un bon cru Chabouté ! Quel talent ! Un bateau de pêche, deux hommes. L’un vient d’être embauché et demande pourquoi l’autre dépose chaque semaine des paquets au pied d’un phare. Il apprend qu’un homme vit dedans depuis une cinquantaine d’années et que personne ne l’a jamais vu. Alors le solitaire, avec pour seul compagnon un dictionnaire, s’imagine le monde…





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Construire un feu (BD)

Belle adaptation en BD de ‘Construire un feu’ de Jack London. Les dessins en noir et blanc de la neige de Chabouté m’ont fait penser aux photos de Pierre Tairraz. Un homme inexpérimenté du froid et son chien doivent rejoindre un camp de chercheurs d’or dans le Grand Nord canadien par une température de - 60°C. Dans ce cas, les allumettes sont l’élément primordial. La relation entre le chien et l’homme est bien développée. Le peu de texte rend les dessins encore plus parlant. Me restera l’image du feu de bois sur la neige. Merci à Chabouté de nous construire d’aussi belles BD. Allez Feu pour d’autres !
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