Citations de Christophe Ono-dit-Biot (331)
Aujourd'hui, le paradis est à portée de carte bleue. C'est peut-être pour ça que ce n'est pas le paradis.
Aujourd'hui, le paradis est à portée de carte bleue. C'est peut-être pour ça que ce n'est pas le paradis.
Pour pouvoir se donner, il faut encore s'appartenir.
— La Renaissance, c’est une histoire de point de vue, avait rétorqué le plus âgé. Avec votre cours, vous offensez des gens. »
L’offense : c’était le mot à la mode. Il était apparu dans le paysage sous l’action de minorités qui s’en servaient pour dénoncer les attaques qu’elles subissaient de la part de la majorité, et avait été récupéré par la majorité qui se sentait elle aussi défiée dans son mode de vie et de pensée. Le retour de balancier avait été violent.
Pour qui a peur, tout est bruit (Sophocle, p. 186)
Car contre le temps qui dévore, seule notre enfance, ce qu'on y puise, peut nous sauver.
La presse […] c’est la parole à l’état de foudre ; c’est l’électricité sociale. (Chateaubriand)
Morte, la littérature ? Non, elle dormait.
IL semble que l'etre humain s'épuise aux yeux de l'autre comme s'epuisent les gisements d'or.On ne trouve plus d'or en l'autre alors on le quitte.Tandis qu'il aurait fallu peut etre creuser seulement un peu plus loin,partir en quète d'un autre filon.€st ce que j'étais pour elle une mine à abandonner?
Les artistes ne cherchent pas obligatoirement la clarté.
L'art est cette quête permanente de l`effacement de l`anxiété. ( Jeff Koons) (p133)
Aujourd'hui le voyage n'a pas lieu s'il n'y a pas la photo. Celle qui prouve que tu as voyagé. Celle qui te prouve que tu t'es arraché à ton quotidien, que pendant jours, tu es devenu un autre, celle que tu montres à tes amis en rentrant pour qu'ils valident cette autre vie éphémère.
Pendant 3 ans, j'avais vécu avec la fille qui s'affichait sur l'écran. Mais paradoxalement aucun souvenir saillant, impérissable, ne me revenait à l'esprit. Mis à part, des clichés. Et voilà qu'un jour, j'avais rencontré la mort de près et rencontré une fille qui m'avait donné envie lire Orwell.
Comment la vie fonctionnait donc ?
Pouvait-on parler d'une dictature ? Non. D'un régime autoritaire ? Oui, mais d'une autorité plébiscitée par les citoyens, rassurés par cette "tyrannie douce", comme l'avait dit un certain Tocqueville il y a des siècles. Et les gens en redemandaient. En apparence, ils étaient libres. Les restaurants et les cafés étaient ouverts et l'on circulait à sa guise, du moins quand on n'était pas étranger, et à condition d'avoir son ordiphone en poche. Car on devait pouvoir vous joindre à tout moment, c'était pour votre bien.
Pas besoin de mendier des « like » pour te prouver que tu vis, comme ces autres dont tu espionnes la vie tout en sachant qu’ils trichent, que ce n’est qu’une façade.
Apprendre, c'est aussi jouir. Les anciens textes disaient: libido sciendi, désir de savoir. Explorer des mondes inconnus comme des corps inconnus.
Ainsi se voyaient les moines : des anges, c'est-à-dire des êtres sans désir, ayant renoncé à leurs corps et à leurs pulsions, uniquement tournées vers la lumière de Dieu comme les héliotropes vers le soleil.
Et puis, et puis... c’était une bibliothèque de quartier qui avait pris feu. Puis deux, puis dix. Mais bon, le vieux papier, faut bien que ça finisse par cramer. On rachèterait d’autres livres, et puis au moins, comme ça, les virus qui se nichaient entre leurs vieilles pages avaient été éliminés. À la télévision, les éditorialistes avaient toujours une explication, comme s’ils ne voulaient pas voir, ou comme si l’époque avait déjà changé.
Les rayons du soleil tombent sur eux, filtrés comme il faut par les branches des palmiers et des grenadiers. Victor en a cueilli l’un des fruits et l’a tranché en deux. Sur l’assiette, on dirait qu’il saigne.
« Tu sais que ce fruit est dans toutes les mythologies ? dit-il à Oscar... Chez les chrétiens, c’est le symbole de l’Église, les grains sont les croyants, réunis dans le sang du Christ. On comprend pourquoi c’est si dur à éplucher. Chez les juifs, je ne sais pas. Chez les Grecs de l’Antiquité, c’est le fruit de l’enfer : pour avoir mangé un seul de ses grains, la jeune Perséphone devra y passer six mois par an parce que si tu manges rien qu’une fois dans les enfers, tu ne peux jamais quitter complètement les enfers. »
Entendre Guillaume le Conquérant citer une phrase du Prince (« On fait la guerre quand on veut, on la termine quand on peut »), même cinq cents ans avant que cette phrase soit écrite, cela faisait quand même son petit effet sur le spectateur. Et puis, pas grave, qui lisait encore Machiavel ?