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Critiques de Claire Conruyt (65)
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Mourir au monde

Axelle, en religion soeur Anne, souffre à 40 ans d’une nuit de la foi accentuée par la mort de son père qui lui a rappelé que sa vocation et son entrée dans les ordres ont été incompris dans sa famille restée durablement traumatisée.



La mère supérieure envoie soeur Anne se ressourcer dans un cloitre espagnol. A son retour elle lui confie une postulante qui rejoint la communauté qui n’a accueilli personne depuis dix ans.



Jeanne, vingt ans, en religion soeur Marie-Blandine, entre sourire aux lèvres, à la grande joie de ses parents comblés par cette vocation religieuse.



Une amitié nait entre les deux femmes qui partagent leur foi, leurs doutes et leur espérance dans un enchaînement de dialogues et de billets.



Au fil des saisons, la foi de l’une, le doute de l’autre se consolident, et avec beaucoup de finesse et une connaissance des crises que Thérèse de Lisieux ou Mère Teresa (par exemple) ont connu, Claire Conruyt décrit leurs évolutions respectives…



Feuilles bouleversantes, rédigées par une jeune journaliste dont la maturité et le souffle annoncent un nouveau Bernanos !



Pages à lire, relire et méditer, et pas seulement par celles et ceux qui ont une vocation religieuse car la « crise de la quarantaine » n’épargne ni les couples, ni les célibataires et chacun doit trouver la voie qui, dans la liberté, lui permet de percevoir sa vocation et le courage d’y rester fidèle.



Pages émouvantes pour qui a vu germer des vocations religieuses ; discrète évocation des filles de la Charité qui depuis quatre siècles, sur tous les continents, poursuivent l’oeuvre de Saint Vincent de Paul.



Un OVNI étonnant, totalement décalé par rapport à la production littéraire contemporaine, un don de l’Esprit ?
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Mourir au monde

Jeanne, vingt ans, arrive comme postulante dans un couvent. Elle est pleine de fraîcheur et sa vocation est ferme. La Mère Supérieure demande à Sœur Anne, qui ne s’est jamais vraiment adaptée à la vie au sein de la communauté et qui doute, de la prendre en charge. Des liens très forts vont se tisser entre les deux femmes. ● C’est un beau roman, plein de poésie, de pudeur et de retenue, au style fort et beau, qui malheureusement n’a pas provoqué chez moi un grand plaisir de lecture : mais cela tient à moi plus qu’à l’ouvrage (style trop poétique, intrigue quasi-absente, lenteur), aussi je vous conseille de vous faire votre propre idée et de le découvrir.
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Mourir au monde





Le couvent, supervisé par la Mère supérieure, a ses règles propres. C’est ce que découvre progressivement Jeanne, une jeune novice certaine d’avoir la foi et prise en charge par Sœur Anne qui doute de sa vocation.



Ce court roman nous raconte la rencontre et l’amitié forte qui unit deux femmes. Il nous rappelle surtout que même les plus fervents croyants peuvent vivre des moments de doute intense, se questionnant sur les raisons qui les ont poussés à vivre reclus. Lumineux et bouleversant.













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Mourir au monde

« La foi, c'est vingt-quatre heures de doute, moins une minute d'espérance. » Georges Bernanos.



Est-ce cette minute qui a fait basculer Axelle pour engendrer soeur Anne ?

Se regarder disparaitre et mourir au monde...



« Je rentre au couvent dans une semaine », avait-elle articulé. Plus tard, elle s'efforcerait d'oublier l'hébétude de leur expression. « Je vous aime », avait-elle ajouté. »



Par la clarté et la franchise du propos, il m'a été particulièrement aisé de me glisser dans la vie monastique de soeur Anne, de ressentir ses joies mais aussi ses craintes, d'en découvrir ses épreuves et ses doutes dévastateurs.



« Le don de soi avait toujours été synonyme de sacrifice. Ce n'est pas un sacrifice dont vous devez vous enorgueillir. C'est une promesse. »

Une renaissance...



L'écriture est ardente, délicate et humble à la fois. A chaque strophe, je perçois l'accablement de soeur Anne, pratiquement une lutte quand les contraires s'épousent : félicité-anxiété, fougue-lassitude, sérénité-incertitude, délivrance-prison.

« Peut-être que j'ai bien reçu l'appel de Dieu et que je n'ai plus la force d'y répondre... »



Puis viens Jeanne la postulante. Soeur Anne aura la charge de l'accompagner.

« Soeur Anne avait embrassé la vie religieuse en pleurant de joie, Jeanne, elle, avait souri. »



Roman rendu magistral par cette rencontre qui, comme une évidence va tisser les liens d'une force quasiment mystique entre les deux religieuses.

« Jeanne en est venue à la conclusion que la foi est, pour elle, un don. Pour d'autres, elle est ce que l'on espère... Elle soignerait celle qui espère. »



Cette lecture est un ravissement malgré les tourments existentiels de soeur Anne, un premier roman au rendu saisissant de sincérité et d'authenticité.



« Quand on a la foi, on peut se passer de la vérité. »

Friedrich Nietzsche.



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Mourir au monde

C'est un tout petit livre, sobre et discret, un premier roman paru sans bruit l'an dernier.

C'est un texte profond mais plein de grâce, né de la plume nouvelle et singulière d'une jeune écrivaine bourrée de talent.

C'est en deux mots une exquise découverte et ça s'appelle : Mourir au monde.



Mourir comme s'oublier, mourir comme offrir sa vie, la consacrer tout entière à quelqu'un de plus grand que soit. C'est la voie qu'à choisie soeur Anne, elle qui entra jadis au couvent à l'âge vingt ans (contre l'avis de ses parents) et à qui la Mère Supérieure confie aujourd'hui la mission d'accompagner Jeanne, une jeune et guillerette postulante en passe de rejoindre la congrégation religieuse.

Entre les deux femmes se noue progressivement un lien d'une intensité folle, mais tandis que la novice chemine sereinement dans son discernement, Anne interroge sa foi et des failles se font jour, où par moment le doute s'insinue. Était-elle faite pour cette vie, ou s'est-elle trompée de voie ? Est-elle entrée dans les ordres par amour du Christ ou par peur du monde ?



Dans le même temps la vocation de Jeanne ne cesse de s'affirmer, et l'ensemble du roman est bâti sur cette très belle complicité, mystérieuse et d'une absolue pureté : Anne est comme une bougie qui se consume pour éclairer la route spirituelle de Jeanne, et la postulante aide son aînée à surmonter ses tourments intérieurs.



J'avoue avoir été un peu dérouté dans un premier temps par la forme un peu hachée du texte, fait de paragraphes courts et discontinus mêlant méditations personnelles, souvenirs, échanges de courrier ou scènes de vie au couvent sans véritable respect de la chronologie.

Heureusement le thème fascinant du roman, l'approche intimiste du grand mystère de la foi et le charme de l'écriture ont fini par me convaincre.

Quelle est cette force qui peut changer une jolie jeune femme tout juste sortie de l'adolescence en dévote recluse ? Qu'est-ce qui différencie la religieuse affligée de sa postulante bienheureuse ? "Après s'être dépouillée de tout, que reste-t-il d'une femme ?"

Autant de questions abordées avec finesse et pudeur par Claire Conruyt. Pour avoir passé une partie de sa scolarité dans un établissement tenu par des religieuses, elle a connu pour un temps la routine de cette vie communautaire rythmée par les offices, les repas, les temps de prières ou les travaux d'entretien divers, et reconnaît volontiers que la consécration de ces femmes l'a bouleversée ("il y a tant de beauté dans le don de soi"). Aussi décrit-elle décrit admirablement les troubles et les questionnements de ses personnages, la vigueur de leurs convictions et la confusion de leurs sentiments.



Mourir au monde est donc un premier roman très réussi, l'histoire émouvante de deux femmes qui se sont trouvées.

"Amantes qui ne connaissent pas la chair et soeurs qui ne partagent pas le même sang", Anne et Jeanne nous livrent deux témoignages poignants.

Que l'on s'accorde ou non sur leur vision du monde, voilà deux vies d'abandon et deux exemples de vocation qui invitent subtilement à la réflexion.

Et vous, "quelle est la nature de la lumière qui vous transporte ? En quoi espérez-vous ?"
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Mourir au monde

C'est mon gros coup de coeur !





C'était un de ces mois de janvier où j'avais l'âme chagrin. Parce que la vie apporte parfois ses moments de tristesse qu'il faut traverser pour pouvoir continuer d'avancer.

Parce que certains évènements de cette vie si fragile et si éphémère, nous posent parfois les éternelles questions sur le sens de notre existence.

Parce qu'il y a des manques que nul ne pourra combler.

Parce que seuls les souvenirs restent, vifs, éclatants, scintillants comme des étoiles collées dans le bleu foncé du ciel la nuit.



J'ai eu la sensation que ce roman si lumineux, si poétique, si musical et si apaisant avait été écrit pour moi.

Il m'a envahi tout entier et il me fût comme une régénérescence. Cette histoire d'une profonde amitié entre deux Soeurs d'un couvent, me fût bouleversante. La rencontre avec le livre de Claire Conruyt me fut comme un don.

*



C'est l'histoire d'un huis-clos, d'une contemplation, une « sainte » communion entre deux femmes qui ont épousé Dieu. Elles tisseront en harmonie, sans hypocrisie et d'une grande chasteté, des sentiments pénétrants d'amitiés et d'amour. Des sentiments ardents qui les uniront, sans jamais trahir leur attachement au Divin.



Deux magnifiques portraits de femmes, celle de Soeur Anne qui depuis vingt ans n'a pas toujours trouvé où était sa place dans ce cloitre. Une femme parfois oppressée par les doutes de sa foi et de son engagement, qui la fragilisent et la torturent. Avec des souvenirs de sa vie d'avant qui passent comme des braises fulgurantes. Avec un passé douloureux qui souvent vagabonde dans la tête.

Soeur Anne sera désignée par la mère supérieure, de recevoir Jeanne, la nouvelle Soeur postulante. Elle aura la tâche de la former et la guider dans sa nouvelle vie religieuse et spirituelle.



Soeur Jeanne est magnifique, car elle est troublante de fraîcheur, de sérénité et de tranquillité. La jeune fille est solaire car elle certaine qu'elle a bien entendu l'appel de Dieu. Certaine aussi qu'elle restera fidèle à son sermon de se s'abandonner à son unique Seigneur.



La rencontre entre les deux femmes de prières, sera comme deux silex, comme un détonateur.

La vie entière, l'existence et l'essence de Soeur Anne seront à jamais ébranlées.

*



Leur histoire me fût admirable. Un récit écrit avec délicatesse, avec pudeur, avec douceur.

Par moment, je lisais les mots tout bas. Je voulais presque me les susurrer à l'oreille, comme pour ne pas troubler l'intimité des deux femmes, pour ne pas violer leur sanctuaire, celui de leur foi, de leur impénétrable affection, de leurs sentiments les plus tendres et les plus secrets.



C'est dans cette cour fermée du couvent ou dans cette chapelle que les Soeurs se réuniront pour unir leur allégresse. Cherchant toutes les deux à vivre dans instant. Chacune métamorphosant l'autre, en un être frémissant de sensualité et de bonheur. Chacune transcendant l'autre par de longues caresses de bonté, attachements et d'attentions bienveillantes.

Elles m'ont paru tellement radieuses, qu'elles semblaient légères comme soulevées par le souffle de leur Dieu. Légères de s'être délestées, pendant de très précieux moments, de la réalité rugueuse et austère de leur monastère.

*



Mais l'évasion vers le nid douillet dans le firmament de la ferveur et des passions, aura malheureusement un temps bien défini.

La chape monacale menacera une nouvelle fois, de se refermer. Les chants des anges bientôt se tairont.

La dure réalité, reviendra très vite au galop.



Il y aura des choix terribles et déchirants à faire.

Choisir pour un abandon total à Dieu avec toute sa foi ou choisir l'amour pour cette Soeur avec tout son dévouement.

Car dans ce lieu de prières, on ne peut pas vivre avec les deux à la fois, il y a risque à trop d'errances.

*



Ce roman me fut comme un superbe pansement, un cataplasme de sérénité.

Il y eu quelques longueurs. Mais elles furent pour moi une parenthèse, propice à une méditation sur les petits moments de joie et de bonheur qu'il faut cueillir lorsqu'ils se présentent.

Surtout ne pas rechigner de leur rareté, c'est ce qui fait leur intense richesse.

Surtout accaparer tous ces instants de grâce et les enfouir au fond de son coeur. Pour pouvoir demain les ressortir et les étaler comme un baume universel, lorsque les brûlures de l'âme se feront trop vives.



Surtout ne plus râler sur le temps qui passe, ne plus se retourner vers le passé, celui qui nous fige en une statue de sel.

Regarder seulement vers l'avenir où sont accrochés mille chapelets d'espoirs…

*



Merci à vous Claire Conruyt.

J'ai eu la sensation que vous aviez peut-être vécu une vie antérieure semblable à ces deux Soeurs, pour avoir écrit un livre aussi personnel et aussi troublant.



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Mourir au monde

Superbe. L'écriture est belle et l'intrigue fort originale : une Soeur, Jeanne, arrive dans un couvent, et elle est prise en charge par une autre, Anne, plus ancienne, pour la former. Sauf que cette Soeur Anne, n'est peut-être pas la.plus appropriée, en pleine crise de doute. Au fil des pages, on les découvre - enfin plutôt pourquoi elles se sont couvertes. Et, cette rencontre avec Jeanne. Amitié ? Sororité ? L'amour ? Mais quel Amour ? Tous ces liens très forts qui unissent ces femmes, ces deux-là et les autres. De biens belles questions sur l'engagement (le renoncement ?), mais aussi le poids de la Foi au quotidien et avec les années. La hiérarchie et la communauté. Faut-il avoir peu d'espoir pour s'engager ou, au contraire, en être empli ? Ce roman me ramène à mon père et son enfance chez les "Bonnes soeurs", de vraies pestes sous couvert d'autorité. Comment est-ce possible : une absence de bonté cachée sous un voile qui devrait en dégouliner ? Mais là n'est pas le propos. Revenons à ce livre : une pause, une prière, un instant de grâce.
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Mourir au monde

****



Axelle est religieuse. Elle se souvient de cette jeune fille de 20 ans, seule sur un quai de gare, sa valise à la main. Elle est entrée au couvent, elle est devenue Soeur Anne. Et Axelle, doucement, s'est effacée. Elle a disparu, sous l'incompréhension du frère tant aimé, la culpabilité du père adoré et la froideur de la mère dépassée… Quand Jeanne arrive au couvent, comme novice, Soeur Anne est remplie de doutes. Que vont-elles apporter l'une à l'autre ? Marcheront-elles sur le même chemin, vers l'amour de Dieu ?



Le premier roman de Claire Conruyt est une réussite. Court, concis, poétique, il se lit en s'imprégnant de l'atmosphère silencieuse et calme d'un lieu de prières.



C'est sur les questions de vocation, de foi, d'appel que l'auteur nous entraîne. Axelle a fait le choix, à 20 ans, de se couper du monde, de mettre un couvent entre elle et l'extérieur. de nombreuses années plus tard, elle ne sait plus si sa place est ici, entre ces murs, au milieu d'une communauté qui ne l'attire plus.



L'arrivée d'une jeune novice, Jeanne, amplifie ses doutes. Son innocence, sa certitude, le sourire qui ne disparaît jamais de son visage… Tout ça ébranle Soeur Anne. de leur amitié profonde naîtra l'étincelle qu'elle attendait. L'obscurité disparaît et elle peut alors prendre la décision qui s'impose…



Une très belle écriture, tout en introspection, en poésie, en douceur. Des mots qui résonnent et qui touchent. Mourir au monde est un cri du coeur, mais aussi du corps, d'une femme qui se croyait disparue. Et qui va redécouvrir la lumière…



Merci à NetGalley et aux Éditions Plon pour leur confiance
Lien : https://lire-et-vous.fr/2021..
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Pour qui s'avance dans la nuit

Où es-tu Bérénice?



Dans son nouveau roman Claire Conruyt raconte le séjour d'une mère et de ses enfants sur une île de l'Adriatique. Un dernier séjour qui est aussi une quête spirituelle, un adieu à l'enfance, une fuite éperdue.



Le ferry qui accoste à Sjena compte parmi ses passagers Bérénice, Pierre et Orphée. Une mère et ses deux enfants étreints par l'émotion. Ils retrouvent une terre qu'ils chérissent, la promesse d'une parenthèse enchantée durant laquelle ils retrouvent Anouk, restée à demeure.

"L'île était un continent inexploré. du moins, c'était ainsi que nous la percevions. C'était une terre originelle où la violence n'avait pas encore été matée. Une terre d'asile où se retrouvaient

les affranchis. Les marginaux. Il n'y avait ni rang ni hiérarchie. (...) C'était une terre dure où nous étions absolument libres. Un rêve éveillé pour les enfants que nous étions."

Et de fait, les premiers jours sont idylliques. Un parfum de liberté emplit l'air chaud. La mer est belle, les enfants insoumis. "Les règles habituelles que nos parents nous imposaient étaient abolies. Entre le monde des adultes et le nôtre, une frontière s'érigeait, un mur épais que personne n'osait franchir. Ils avaient leur territoire et nous avions le nôtre. La seule condition était d'être de retour à l'heure du dîner. le reste nous regardait, nous n'avions aucun compte à rendre."

Mais au fil des jours, la belle harmonie est troublée tout à la fois par les garçons qui se laissent aller à quelques rites initiatiques loin d'être anodins, mais surtout par la fièvre qui gagne Bérénice. Derrière le feu de la passion, derrière l'admiration, derrière l'envie, on sent poindre la jalousie, l'incompréhension, le drame.

Si la beauté et la faconde d'Orphée séduisent les îliens, elle commence à irriter Pierre. Tout comme ses talents de conteur, lui qui est capable de ressusciter la mémoire de Sjena "en donnant une voix aux maisons abandonnées".

Car ce petit frère qui aime raconter des histoires, qui est capable de "repeupler cette île désolée de destins superbes", peut aussi être le messager de l'apocalypse. Alors sa beauté devient inquiétante. "On ne lui donnait pas d'âge, il avait les traits d'un immortel."

Les rêves - que l'autrice nous livre tout au long du roman - se transforment alors en cauchemar. Petit à petit, on voit poindre la folie. Comme une vague qui enfle et grossit, elle va venir briser ce séjour. Pierre essaie de résister, mais Orphée décline en voyant sa mère, sa complice, s'enfoncer "incapable, désormais, de la suivre dans sa folie." Elle s'absente de plus en plus fréquemment jusqu'au moment où elle ne reparaît plus.

Claire Conruyt réussit parfaitement à rendre l'atmosphère de ce paradis qui va finir par devenir un enfer. Elle montre aussi combien la quête désespérée de Pierre et d'Orphée pour retrouver leur mère.

NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Pour qui s'avance dans la nuit

« C’est notre dernier été tous ensemble, Pierre.»

Telle une funeste prémonition, le roman s’ouvre sur cette terrible déclaration de Bérénice à son fils aîné. Dès lors, Pierre, narrateur et témoin impuissant d’une fin annoncée, raconte la parenthèse (dés)enchantée de ces dernières vacances passées, comme chaque année, avec sa mère et son jeune frère, Orphée, sur la petite île de Sjena, terre de leurs ancêtres, perdue dans la mer Adriatique. Une île hors du temps, presque primitive, surnommée « l’île des ombres », mais sur laquelle souffle encore un vent de liberté. Une île qui semble dotée d’un étrange pouvoir, capable d’éveiller chez les siens une mélancolie enfouie, empreinte de nostalgie et de folie…



Dans son deuxième roman, Claire Conruyt revisite de manière originale le mythe d’Orphée et Eurydice, la reine de l’ombre ayant remplacée l’amante perdue, dans cette fable aux allures de tragédie grecque. Bérénice tient à merveille son rôle d’héroïne tragique, offrant le portrait d’une mère aimante mais abusive, prête à tous les sacrifices pour ses enfants mais capable de les entraîner sans concession dans sa tourmente.



Pierre, en tant qu’acteur mais aussi spectateur de cette lente descente aux enfers, rend habilement la montée progressive de la folie. La tension est croissante, palpable et l’onirisme du texte ne suffit pas toujours à en masquer l’horreur, notamment dans cette scène de chasse à l’enfant particulièrement oppressante…. Une intensité se dégage du texte, mais également un sentiment de confusion qui le rend parfois difficile à suivre… C’est beau et triste à la fois.



Les chapitres sont brefs et la plume poétique, marquée par une forte puissance évocatrice, presque incantatrice, nous place sans cesse à la limite du rêve. Il y a chez Claire Conruyt une vraie qualité littéraire. La mise en scène est soignée, l’atmosphère sombre est inquiétante à souhait, néanmoins, malgré toutes ces qualités, il m’a manqué quelque chose pour être vraiment touchée par cette histoire. Pierre, dans sa normalité, n’a pas su m’emporter dans le tourbillon de folie qui entraîne sa mère et son frère dans les méandres de leur intériorité et c’est avec une certaine distance que j’ai suivi le récit de cette jeunesse qui s’achève et de cette innocence perdue… Un roman qui m’a rappelé le superbe roman d’Olivier Bourdeaut : « En attendant Bojangles », la légèreté en moins…
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Mourir au monde

Mourir au monde est le premier roman de Claire Conruyt, journaliste au Figaro. C’est également ce que l’on demande à Jeanne, la postulante, qui, si elle veut rejoindre la communauté, doit renoncer à sa vie, à sa personnalité, pour ne plus être que celle que le Christ a appelée. Répondre à cet appel, c’est s’oublier, perdre sa vie, c’est mourir au monde pour renaître à Dieu.



Pour être honnête, une telle vocation m’est absolument étrangère. Imaginez alors mon appréhension au moment de lire ce livre…



Et, en effet, toute la première partie m’a parue assez… ésotérique. Sœur Anne se débat dans ses doutes, elle lutte. Jeanne, elle, semble rayonner : tout lui parait simple, évident, elle est dans le mouvement de sa vocation. Autour de la musique, les deux femmes tissent un lien. Mais toujours, un nuage semble planer, celui de « l’incident ». Car Sœur Anne revient tout juste au couvent lorsque le récit débute. Mais on ne sait rien de ce retour, seulement qu’il est comme une ombre dans le paysage…



Et puis, dans la deuxième moitié du livre, ce n’est plus tant Dieu, le Christ, la religion et la façon dont les sœurs vivent leur foi qui est abordée… et là, j’ai retrouvé le monde que je connais. Car c’est la vie dans la communauté qui nous est alors décrite, avec les mesquineries, le rejet de la différence, les petites vacheries quotidiennes, la défiance, les ragots entre celles qui sont censées partager cette vocation. La Mère supérieure, après avoir confié à Sœur Anne la tâche d’accompagner Jeanne, regrette son choix mais ne fait rien pour clarifier la situation. Les murmures, les rumeurs, se font jour.



Car, oui, Sœur Anne semble développer un attachement fort pour Jeanne. Les deux femmes sont proches, très proches. Trop proches pour que cela soit toléré. Mais tout se déroule dans le non-dit, par en-dessous, par derrière. Bruits de couloir. Médisances. Dissimulation.



Et, naturellement, « l’incident » revient sur le devant de la scène. Car Soeur Anne a été écartée, envoyée dans une autre communauté, en Espagne, après avoir giflé une élève. On l’a envoyée « se reposer ». Mais, surtout, on l’a mise de côté pour éviter que cela ne retombe sur la communauté. Mais la défiance, qui paraissait s’être calmée à son retour, ne tard pas à ressurgir.



Bref, dans cette deuxième partie, on n’est plus dans la charité chrétienne ou dans l’amour de son prochain. On est dans une société humaine faite de silences, de peur de l’inconnu, de refus de faire face aux difficultés. Et de mesquinerie. De mensonge. On ne traite pas les problèmes, on les cache sous le tapis… un petit peu comme l’Église l’a fait avec les prêtres pédophiles ?



Bref, ce livre me renvoie à tout autre chose que ce que décrit l’auteure. Mais cette initiation qui est celle de Jeanne me semble marquée du sceau du mensonge, mensonge dont on ne sait si elle en est consciente ou non, mais qu’elle accepte…



L’écriture est belle, le livre se lit bien. Mais l’histoire que j’ai lue me laisse un goût amer…
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Pour qui s'avance dans la nuit

Pour qui s’avance dans la nuit – Claire Conruyt (France) – 2023 – ed. L’observatoire

Sjena est la mère d’Orphée et de Pierre, ils partent tous ensembles pour un nouvel endroit où vivre plus heureux (Au propre comme au figuré).

J’avais parfois l’impression de lire quelque peu le recueil de Dépression de Sjena. Sa thérapie… Elle gagnerait à avoir de le joie de vivre…

Les rapports entre les garçons et leur parente sont légèrement « bizarres », je trouve Sjena fragile émotionnellement et pense qu’elle n’assure pas toujours en tant que maman.

Un peu plus que dépressif, disons que ce livre est mélancolique.

On peut y voir une œuvre abstraite, presque de la poésie (berk !).

Certains passages poignants sauvent le livre du naufrage, des métaphores religieuses… On aime ou on aime pas, chacun chez soi x-)..

C’était plutôt pénible à Lire j’ai dû pousser un max. Au moins ce n’est pas un Taiseux et j’ai réussi à la terminer ; )…

Phoenix; @++
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
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Mourir au monde

OUAH!! UNE PÉPITE !

J'en ressors toute " chamboulée!

Un 1er roman qui augure et confirme un talent d'auteure d'une grande sensibilité et maturité.

Axelle,soeur Anne ,pour la communauté,apres le décès de son père, s'enferme dans le doute, doute dans sa foi,et fait une grave dépression. La mère supérieure l'envoie rapidement faire un séjour dans un autre couvent en Espagne.En perte de repères, elle en revient rapidement, laissant croire à tout le monde qu'elle va mieux,se dit guérie,mais au fond d'elle-même elle sait que le doute persiste,et qu'elle est toujours dépressive.

Et puis,arrive Jeanne ,une toute jeune postulante.La mère supérieure qui a su deviner la souffrance de Soeur Anne lui donne la charge de s'occuper et de former Jeanne.

Entre les deux femmes ,que vingt ans séparent, va naître un amour fort pas un amour d'amantes, ni de soeur ,un amour pur.Grâce à Jeanne,Soeur Anne va réapprendre le goût de vivre,va s'ouvrir plus à la communauté, et Jeanne va ressentir une réelle admiration envers Anne malgré la tristesse qu'elle a perçue chez elle.

Entre échange de lettres,promenades ,a la nuit tombée,et surtout mélodies jouées merveilleusement bien par Jeanne au violoncelle,les liens se tissant entre les deux femmes,sont étudiés, disséqués, dans une écriture parfois " saccadée" phrases courtes,mais néanmoins lumineuses et poétiques.

Peut- on parler d'un roman initiatique ,je me pose la question?

On perçoit au travers les pensées de ces deux femmes ,cette affection ,cet amour grandissant de jour en jour et la communauté qui au début se félicite de la renaissance de Soeur Anne,va petit à petit se détourner d'elles.

Comment cela va t-il se terminer?

Pour le savoir,je vous incite à lire ce 1er petit ( 156 pages) roman écrit tout en délicatesse, très intuitif,pudique aussi,d'une auteure ,comme le pressent si bien migdal dans sa critique à la hauteur de Georges Bernanos.A recommander⭐⭐⭐⭐⭐

P.S: Toujours dans le cadre de terre de paroles : 1er roman.

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Pour qui s'avance dans la nuit

Le premier roman de Claire Conruyt , « Mourir au monde » avait été pour moi un énorme coup de coeur. L'auteure racontait avec une grande poésie, l'histoire d'une amitié et d'un affect très puissant qui allait se créer entre deux soeurs d'un couvent.

*

Son deuxième roman est tout à fait différent de son premier, même si j'ai retrouvé sa même belle poésie et son lyrisme.



Nous suivons le chemin de vie de Bérénice, une femme mystérieuse et seule, une femme sombre qui souffre et qui semble souvent côtoyer la folie. A moins que ce soit cette île qui la transforme ?

Il est difficile de savoir dès le départ, si elle veut s'échapper du monde présent ou si elle pense retrouver ce monde nouveau sur cette dite île étrange où elle se réfugie chaque année.



Bérénice est accompagnée par ses deux fils, très différents l'un de l'autre. Il y a déjà le petit Orphée, le doux rêveur qui voue un amour infini à sa mère. Je l'ai senti déterminé à suivre sa mère et son ombre, jusqu'au bout du monde, jusque dans sa démence, jusqu'en enfer, jusque dans la mort.



Et puis il y a Pierre, le fils ainé, qui a les deux pieds plus ancrés à la terre. Pierre qui souffre parfois de cette relation fusionnelle qui existe entre la mère et son petit frère.

D'instinct, Pierre sait que sa maman et Orphée sont des êtres fragiles, beaucoup trop plongés dans leurs songes.

Malgré son jeune âge, il s'est donné une mission, celle de les protéger d'eux-mêmes et des menaces du monde extérieur de cette île. Une île qui lui semble aussi inquiétante que magique.

*



Par ce roman, Claire Conruyt m'a propulsé dans un univers étourdissant.

Un univers où j'ai constamment et délicieusement oscillé entre un monde réel et un monde onirique, entre la raison et la folie, entre la lueur du jour et les étoiles de la nuit, entre la douceur d'une mère et la fraicheur d'un lac, entre les rêves d'enfant et ses cauchemars, entre la luminosité de la vie et l'obscurité de la mort, entre le chant des anges et l'appel fascinant du néant.



Un monde où les êtres se transformaient et se métamorphosaient, et d'autres qui restaient impassibles se figeant pour une éternité.

*



Je vous invite à découvrir ce roman étrange, où j'ai vu souffler le murmure des rêves, où j'ai entendu les cris des coeurs, où j'ai senti parfois le grondement sourd des silences.





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Mourir au monde

Dans le monde clos et énigmatique d'un couvent, la rencontre entre deux soeurs que tout semble opposer. Anne est là depuis vingt ans, elle vit sa vocation presque comme un combat, une lutte pour enfin "Mourir et monde" et accueillir pleinement sa foi.

La toute jeune Jeanne elle, vient tout juste de rentrer dans les ordres, et pour elle au contraire tout semble simple et évident.

La mère supérieure confie à Anne le soin d'accueillir Jeanne au sein de leur communauté et les deux religieuses vont devoir se côtoyer avant de se lier.



"Mourir au monde" est un livre singulier, dans le bon sens du terme.

Singulier par le sujet d'abord, la vocation religieuse que l'on voit rarement traité dans la littérature contemporaine il me semble.

Singulier aussi par sa construction. Point d'avancée linéaire, de logique et de chemin tracé.

C'est un texte un peu chaotique que nous propose Claire Conruyt, exigeant et parfois mystérieux, lumineux aussi souvent, à l'image du lien qui se tisse entre ses deux héroïnes, du chemin emprunté par elles.



Un roman doté d'une belle et forte personnalité...







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Pour qui s'avance dans la nuit

L'année dernière, entre les murs d'un couvent discret, j'ai fait trois rencontres. Celle d'une jeune romancière d'abord, puis celles des deux religieuses à la lumineuse connivence dont elle dressait alors des portraits superbes. C'était un premier roman, ça s'appelait "Mourir au monde" et j'étais conquis.



Un an et demi plus tard, c'est avec joie et curiosité (mais aussi un peu d'appréhension !) que je retrouve l'écriture délicate et poétique de Claire Conryut, pour cette seconde parution au titre sibyllin et à la quatrième de couverture tout aussi énigmatique. Il y est question d'une île, de ruines et de criques hantées, d'une danseuse flamboyante et d'une mer belliqueuse... Tout ça est plutôt vague, vous en conviendrez.



Alors enfin j'ai ouvert le livre, et Bérénice était là. Baroque, fantasque, lunatique.

D'elle on ne sait presque rien sinon son goût pour la peinture et l'art sous toutes ses formes, son humeur changeante et l'attraction qu'exerce sur elle l'île de Sjena où elle s'en va trouver refuge quand sa mélancolie chronique la submerge.

De ses deux enfants on ne sait guère plus, si ce n'est qu'ils se prénomment Pierre (l'ainé) et Orphée (le cadet). On ignore tout le reste, de leur âge à l'identité de leur géniteur (dont pas une fois il n'est fait mention).

Quant à Sjena, petite île perdue quelque part en mer Adriatique, inutile de chercher à la localiser sur une carte : elle n'existe pas plus que celles de l'Atlantide ou des Hespérides.



C'est ainsi dans un cadre géographique (et temporel) particulièrement flou que Claire Conryut situe ses trois personnages, tissant autour d'eux une sorte de drame antique plein d'excentricité, d'étrangeté et de mystère...

Qui donc est cette femme instable, dont la folie se précise au fil des pages, et qui déborde d'un amour quasi-toxique pour son fils cadet ? Quels sont les pouvoirs qu'elle prête au jeune Orphée, le chérubin-musicien-poète qu'elle vénère comme un demi-dieu ? Comment Pierre, le narrateur de ce curieux conte onirique va-t-il s'accommoder du rôle d'intermédiaire qui lui est dévolu, entre une mère à la personnalité si insaisissable et un petit frère aux talents prodigieux ? Que signifient ces rêves cryptiques, partagés en duo à la nuit tombée dans les ruines d'une église éventrée "sonnant des heures aléatoires" ?

Il est vite apparu que la plupart de ces questions resteraient sans réponses : dès les premiers chapitres j'ai su que cette lecture serait particulière, immédiatement j'ai compris que je ne comprendrai rien (ou presque).



Et pourtant quel délice de se laisser porter par la prose poétique et soignée de Claire Conryut, teintée de mysticisme et de mythologie !

Quel étonnant voyage que celui qui nous est proposé sur cette île hors du temps et peuplée de fantômes, cette île "qui ne se donne pas à n'importe qui" mais qui "éprouve les âmes avant de se révéler" !

Et pour finir, bien sûr, quelle étrange famille ! Les liens qui unissent les deux frères sont troublants, et la relation établie entre Orphée et Bérénice - l'un sublimant la folie de l'autre - est d'une nature et d'une intensité telles que le lecteur en vient à éprouver à son égard un malaise évident.

D'ailleurs la jolie couverture (Maxfield Parrish / "Soirée étoilée" / 1900, pour ceux que ça intéresse), donnait déjà à elle seule une idée assez juste de l'atmosphère envoutante et des curieuses impressions qu'allait produire cette histoire tragique, celle d'une "femme perdue dans le bleu", d'une "reine des eaux dormantes"...



Entre rêve et réalité, Claire Conryut signe donc avec "Pour qui s'avance dans la nuit" un deuxième roman réussi, ouvert à bien des interprétations...

En plus de toutes les autres, elle ne manque pas de soulever une dernière question : "peut-on suivre quelqu'un jusque dans sa folie ?"

Et d'y répondre dans la foulée : "Sans doute, oui, si on l'aime vraiment".
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Mourir au monde

Pour dire vrai, à la lecture de la quatrième de couverture, ce roman n'avait strictement rien pour me convaincre au sujet complètement inintéressant. Puis, je me suis lancé dans les premières pages, et je me suis laissé envahir par le silence au doux fond de violoncelle dans ce couvent à la rencontre de Soeur Anne et de Jeanne.



Soeur Anne est entrée au couvent il y a plus de vingt ans, mais elle ne se sent pas à sa place, des questions par centaines lui trottent dans la tête. La Mère supérieur lui propose donc de s'occuper d'une nouvelle vue, Jeanne. Mais est-ce vraiment le bon choix fait par la Mère supérieur ? Chapoter une petite nouvelle ne va t-il pas réveiller de nouvelles questions ? de nouveaux sentiments ?



A travers les pages, on suit la rencontre en Jeanne et Soeur Anne, son apprentissage, le lien et les sentiments naissant entre les deux femmes. Le récit est rythmé par des flash-back de l'ancienne vie de Soeur Anne, quand celle-ci était enfant et s'appelait encore Axelle. Ou encore, à des rencontres avec son frère et quand la Mère supérieur l'avait envoyé en Espagne.



Claire Conruyt révèle un regard sur l'amour en huis clos au sein d'un couvent entre deux jeunes religieuses. Une rencontre qui va tout remettre en cause pour Soeur Anne, qui se retrouve troublée par l'arrivée de cette jeune recrue. Claire Conruyt dévoile, démêler avec une plume douce, poétique, fluide les sentiments confus des Soeurs.



Un premier roman tout en subtilité, en douceur, au sujet complètement inattendu. Comme quoi, il ne faut jamais se fier au quatrième de couverture et toujours laisser un chance a un roman ! Bienvenue au couvent !
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Mourir au monde

Etonnant à plus d'un titre ce premier roman de Claire Conruyt. Tout d'abord par la maturité dont il fait preuve alors que son auteur n'a que 25 ans. Ensuite par le sujet particulier si peu dans l'air du temps, qui n'a pas rebuté un éditeur aussi prestigieux que Plon. Alors assistons-nous à un prodige ? Possible car, de façon surprenante et quasi unanime, Mourir au monde est reçu favorablement par les critiques des lecteurs comme celles de la presse.

Un sujet particulier : l'appel de Dieu et la vocation religieuse. Et un autre, plus singulier encore : l'amitié entre deux religieuses. Rien d'équivoque cependant, ni de scandaleux fort heureusement.

Soeur Anne, au retour d'un temps de réflexion à l'écart du monastère, se voit confier la tâche de maîtresse des novices afin de conduire Jeanne, jeune postulante, dans les premiers pas de sa vocation. Les rôles vont vite s'inverser : Jeanne viendra au secours de la souffrance de son aînée qui en est arrivée à douter de sa foi et de sa vocation. Peu à peu la joie de Jeanne, son enthousiasme, la pureté de sa foi, la musique de son violoncelle vont réconcilier Soeur Anne avec une mémoire oubliée. La foi de l'une va fortifier celle de l'autre. La lumière de l'une va éclairer la réalité de la vocation de l'autre.

Si l'on peut trouver dans ce livre une description très juste, précise et exaltante de la vie religieuse, il n'épargne pas les difficultés qui suivent la réponse à l'appel qui fait quitter le monde pour un amour plus grand, et ne rechigne pas à montrer l'âpreté de cette vie librement donnée. D'où l'importance du discernement d'une vocation.

Mais outre la vie religieuse qui ne pourrait intéresser tout un chacun, ce livre traite d'un sujet universel : l'amitié. Ainsi ce livre touche et trouve résonnance en chaque lecteur. L'amitié de Soeur Anne et de Jeanne en fera découvrir toutes les facettes. Ce qui la fait naître, ce qui la nourrit, ce qui la dépasse, et même ce qui en son nom pousse à y renoncer. Toute amitié est appel et toute réponse est sous-tendue par l'amour. Avec celle de Jeanne et de soeur Anne, nous assistons à une rencontre qui les dépasse et les transcende.

Oui, Claire Conruyt maîtrise à la perfection son sujet et du haut de ses 25 ans surprend par son expérience tant sur le plan spirituel que sur la vie affective. Un gros coup de coeur !
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Mourir au monde

Dans ce roman, sœur Anne doit s’occuper de l’intégration de Jeanne, une nouvelle postulante. On ressent dès les premières pages sa mise en retrait et peut-être ses doutes sur sa vocation. Ainsi l’arrivée de Jeanne et les responsabilités, qui lui incombent, l’obligent à se confronter à cette foi naissante évidente. S’ensuit une dépendance mutuelle qui les lie dans une relation intense.



J’ai trouvé l’écriture poétique et pudique, mais sans emprise sur moi. Je n’ai pas été sensible à l’histoire et le manque de rythme rend certains passages soporifiques.

Un roman qui a toutefois le mérite d’aborder un sujet peu exploité en littérature et qui touche chacun d’entre nous car au delà de la foi, il amène à l’introspection.
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Mourir au monde

Choisir de vivre au sein d'un ordre religieux concerne une infime partie des croyants, pour autant leur aura est grande. Ce livre pose la question du choix de vie de 2 sœurs au sein d'un ordre religieux régulier. L'une plus âgée en plein doute et l'autre jeune postulante exaltée. La première influencera t elle la seconde ou alors l'inverse ? Doit on abandonner la vie telle que nous autres la vivons, parfois ses proches, et "mourir au monde" pour mieux vivre sa foi ? Le genre humain est rempli de croyances. Même le non croyant doit parfois prier d'une certaine façon, pour ses proches, pour lui même vers la fin, une forme de mémoire collective est prête à ressurgir. Un livre à lire au calme, apaisant, qui interroge, que l'on soit croyant ou pas.
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