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Critiques de David Toscana (51)
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El ultimo lector

Faire étape à Icamole lors d'une vuelta mexicana!

Icamole... guacamole

Oui, guacamole, entrée mexicaine à base d'avocats,

Avocats, avocatier, le noeud de l'affaire ?

Pommes, pommier, le coeur d'une autre...

avec Le pommier d'Alberto Santin (vous ne l'avez pas lu, moi non plus car tout est fiction et bien sûr fictif!)



La lecture, l'écriture c'est la vie. La réalité est le pâle reflet de la fiction.

C'est Lucio, le bibliothécaire d'Icamole qui le dit et qui veut nous l'enseigner !

Et si ce n'est pas le cas, si l'écriture ne lui plaît pas, hop, Lucio envoit le livre à la trappe, censurer, « en enfer » comme il dit encore.

Par contre, il y en a d'autres qu'il garde jalousement, qu'il aime et apprécie tant, qu'il les relit pour s'en repaître au sens propre comme au figuré. Ici, à Icamole, petit village aux portes du désert, il n'a pas plu depuis un an, rien à se mettre sous la dent où si peu. Alors on a faim, mais heureusement au Mexique, au détour d'un réelle ou au fond d'un jardin, il y a souvent un avocatier caché … Mais on a aussi soif, très soif car il fait chaud, très chaud .



David Toscana avec El ultimo lector nous entraîne dans une sarabande littéraire en imaginant dans un village isolé mais bien réel du Nuevo Leon, une affaire insolite et macabre. Romigio, être peu sociable, fils de Lucio, le bibliothécaire d'Icamole, découvre le cadavre d'une jeune fille au fond de son puits (c'est le seul villageois dont le puits n'est pas encore définitivement tari), comme s'il recueillait un fossile mais un fossile assez récent. Après avoir confié son secret à son père, il trouve l'énergie pour se débarrasser de ce corps envoûtant mais encombrant.



L'occasion pour Lucio de faire la démonstration de sa vérité: les livres sont les clés qui permettent d'interpréter la réalité mais surtout ils proposent des réponses aux questions que le lecteur peut se poser pour l'aider à résoudre des énigmes... aussi le temps de l'affaire, une des oeuvres de Pierre Laffitte, La mort de Babette, deviendra sa bible car la jeune fille disparue, Anamari, a de nombreux points communs avec l' héroïne du roman . Lucio apporte alors soutien et réconfort à son fils.

Et puis, et puis, l'enquête avançant clopin-clopant, la maman d' Anamari, elle-même grande lectrice, intriguée, décide de se rendre à Icamole pour rencontrer Lucio qui a aiguillonné la gendarmerie vers certaines pistes ...



J'ai bien aimé me faire balader par David Toscana dans ce récit qui oscille entre conte fantastique et philosophique, au fil des pages les limites entre fiction et réalité deviennent de plus en plus floues, s'estompant même dans certains passages.

Quand la fiction rattrape la réalité, où quand la vie imite l'art, la littérature ?



Lucio, pilier de cette nouvelle, propriétaire d'une bibliothèque sans lecteurs, a trouvé refuge dans les livres pour oublier son sort, noyer sa douleur :il n'a toujours pas fait le deuil d' Herlinda, son épouse disparue, malheureux et inconsolable, il ne sait comment la retrouver…



Dans ce récit, nous sommes tout simplement sous l'emprise des illusions et des fantasmes du bibliothécaire et de son fils. Mais quand l'eau revient, avec la pluie tant attendue, alors tout s'anime.

Pour ne rien gâcher, des scènes irrésistibles dignes de figurer dans un film de Federico Fellini pimentent les péripéties de cette aventure grand-guignolesque, façon salsa picante (c'est pour ne pas oublier le fil ….l'avocatier eh eh et le guacamole) alors que des réflexions littéraires plus approfondies nous amènent à réfléchir sur l'art, l'écriture en particulier, les enjeux de la littérature .



L'intrigue policière sert à plonger le lecteur dans l'attente d'une résolution matérielle qui ne viendra pas là où on l'attend car El ultimo lecteur nous amène en fait vers des énigmes métaphysiques : la vie, la mort, le deuil … le passage du temps et leur corollaire, la beauté, la jeunesse et la vieillesse, l'oubli et les souvenirs…



Une lecture surprenante où rêve et imaginaire sont à l'honneur.

Une lecture truculente où le désir est sous-jacent

Un livre où l'imagination est au pouvoir.

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El ultimo lector

Perdu dans le désert mexicain, le petit village d'Icamole subit une sécheresse sans précédent. Les habitants sont tributaires des allers-retours quotidiens que Melquisedec effectue vers Villa de Garcia, la ville voisine, pour y chercher l'eau dans de grands bidons. Seul Remigio conserve encore secrètement quelques centimètres d'eau au fond de son puits. Grâce au précieux liquide, il peut sortir le visage frais et propre quand tous sont poussiéreux, et aussi arroser son avocatier aux fruits si doux. Pourtant, un événement tragique va le faire renoncer à son privilège de manière précipitée le jour où il trouve le cadavre d'une fillette dans son puits. Ne sachant que faire du corps, il va voir son père Lucio, le bibliothécaire du village. L'homme vit seul au milieu des livres, ceux qu'il aime et qui méritent de garnir ses étagères, et ceux qui, jugés indignes, vont en ''enfer'', condamnés à être rongés par les cafards. C'est dans les livres que Lucio trouve une explication à toutes les situations de la vie et pour lui la petite morte ne peut qu'être Babette, l'héroïne de la mort de Babette, un de ses livres français préférés...





Roman foisonnant dans la ligne directe du réalisme magique des lettres d'Amérique latine, El ultimo lector est une immersion dans la folie douce d'un village mexicain. Si le départ a des allures de polar avec la découverte d'un corps et donc d'un meurtre, la suite prend une toute autre direction. Qui a tué et pourquoi deviennent des questions secondaires devant les actes et les mots de Lucio et son fils qui ne prennent pas toujours les décisions les plus raisonnables mais se laissent porter par la littérature. Pour le bibliothécaire privé de salaire depuis que le gouvernement a décidé de fermer son officine, faute de lecteurs à Icamole, la vie se trouve au coeur des pages écrites par les auteurs, les vrais, de préférence français ou russes, qui seuls savent comment décrire les évènements passés, présents et futurs. Dans ce village où eut lieu une grande bataille dont l'histoire a été revue et corrigée au fils du temps, la fiction et la réalité s'entremêlent au point qu'il est difficile de les différencier. le lecteur peut s'y perdre lui aussi, d'autant que David TOSCANA aime à le perdre en gommant la ponctuation propre aux dialogues et en passant allègrement de son récit à la citation d'un extrait de l'oeuvre que lit Lucio. Mais on aime être déboussolé et promené dans ce monde romanesque où tout est littérature. S'échapper du réel est bien le désir du lecteur et cela prend ici tout son sens. La vie est littérature, L Histoire est littérature, le monde est littérature, l'imaginaire prend le dessus sur la littérature et c'est tout simplement magique. Lucio, le dernier lecteur, et sa conception personnelle de ce qui fait un bon livre saura transmettre son amour des livres à son fils qui jusque là s'en désintéressait totalement. Gageons qu'il saura aussi guider ses lecteurs dans le labyrinthe fantasque de son créateur. Une mise en abîme originale aux qualités indéniables, un roman à découvrir.
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El ultimo lector

C'est pas sa faute, à Remigio. Il n'a pas tué la petite Anamari qui a disparu, il l'a juste trouvée morte dans son puits encore en eaux quand ceux de tout le petit village d'Icamole sont à sec depuis des mois. Il aurait pu prévenir tout le monde d'arrêter les recherches, certes. Mais ç'aurait été reconnaître que depuis tout ce temps, lui disposait encore du précieux or bleu. Alors il enterre le corps et cherche de l'aide auprès de Lucio, son père, libraire esseulé d'un village qui ne lit pas. Lucio tente de reconstruire l'histoire du meurtre de la fillette grâce à ses lectures...



Quelle idée originale et fraîche que la trame de ce roman bien particulier ! Un lecteur acharné qui épluche les livres de sa bibliothèque que personne ne lit et vire tous ceux qui ont la moindre parcelle de stéréotype et ridicule (jubilatoire, pour un lecteur comme moi qui déteste romans de gare, chicklit et sentimentalisme fanatique), des personnages intrigants et des actions tout aussi étranges, un monde mélangeant littérature et réalité... Y a de quoi surprendre, surtout avec un style qui rappelle celui de José Saramago, sans ponctuation ou clarification sur la focalisation, sans narrateur précis, sans parfois savoir si on touche à la fiction/citation littéraire ou non.

Si l'idée est géniale, on finit quand même par se lasser à la moitié du roman. Les choses n'avancent pas ou peu, Lucio, ce personnage qui vit clairement dans une réalité qui n'est pas la nôtre, perd le lecteur avec ses digressions littéraires et surtout ses interprétations hors norme. On est dans l'absurde, mais un absurde atypique. C'est ce qui fait qu'on est tour à tour charmé et lassé dans sa lecture, une expérience intéressante, en soi.

Ce qui est finalement dommage, c'est que le meurtre qui lance l'histoire et surtout introduit l'idée de sa résolution par la littérature ne trouve pas de fin. C'est finalement l'essence même de ce livre, que de perdre son lecteur dans les tourments de l'interprétation sans apporter de vraie solution. Un concept qu'il n'est toutefois pas donné à tout le monde d'apprécier...

On pourrait, pour terminer, s'interroger sur le titre espagnol conservé (El Último Lector). Le choix n'est sans doute pas anodin, car sa traduction reviendrait à faire un choix entre deux possibilités et réduirait son sens à une seule définition. Si "ultimo" désigne bien évidemment le terme "ultime" en français qui veut dire "dernier", l'espagnol et le français nous offrent tous deux un synonyme à ce terme qui lui donne alors un sens nouveau et surtout plus profond : "ultime" dans le sens "extrême". Oui, Lucio est un lecteur extrême qui va au bout de sa passion, se débarrassant des livres qu'il ne supporte pas, mais surtout qui vit dans l'excessif en analysant la vie et le meurtre notamment de la fillette via la littérature. Il est certes le "dernier" lecteur d'Icamole, mais aussi le plus enragé. On prend réellement conscience de cette dualité quand, déjà on se pose la question du pourquoi ne pas avoir traduit le titre, mais aussi quand on voit sa traduction en anglais (langue dans laquelle je l'ai lu) "The Last Reader" et qu'on se dit qu'il y a perte monumentale dans ce parti pris. Surtout quand le Français lui-même utilise l'expression "c'est le truc ultimate" pour faire référence à quelque chose d'extraordinaire et de puissant. D'autant plus qu"ultimate", en anglais, possède lui aussi le double sens. Quelle perte dans le titre anglais !! Quelle perte sur le fond même de l'histoire !!! Bref, voici le pourquoi du comment.

Un roman donc particulier, à découvrir, peut-être en français pour ma part, mais pas forcément pour tout le monde.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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El ultimo lector

Roman qui m'a laissée de marbre, que j'ai envisagé d'abandonner un bon nombre de fois malgré ses deux cents et quelques pages, et qui m'a terriblement ennuyée.



Cette histoire d'un homme, Remigio, qui trouve une petite fille morte dans son puits et à propos de laquelle Lucio, le père de Remigio, voit des résurgences, des réminiscences, des résonances, dans à peu près tout ce qu'il lit, m'a semblé d'emblée très poussive. Dès qu'est apparu le personnage de Lucio, bibliothécaire autoproclamé du village après son renvoi par les autorités locales, et personnage qui permet au roman de trouver sa forme, constituée d'allers-retours entre la réalité (celle du roman) et les livres de la bibliothèque, je me suis dit : "Ah ben d'accord, c'est une reprise de Si par une nuit d'hiver un voyageur, du coup j'ai déjà lu ce bouquin."



Alors, oui, bon, c'est pas précisément la même trame, mais les deux procédés se ressemblent un peu trop à mon goût. D'autant qu'ensuite je me suis mise à penser furieusement à Borges. Voilà, le problème est là pour moi : rien de nouveau, que du déjà-vu et du déjà-lu, avec une espèce de mystère autour de l'enfant morte et de sa mère pour appâter le lecteur. Mais pour dire quoi ? Si le but, c'est juste de faire de la mise en abyme, je sais où en trouver ailleurs, en mieux, par des auteurs qui ont davantage bossé leurs œuvres.



À mes yeux, c'est juste un livre de petit malin.
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El ultimo lector

Un roman déroutant s'il en est, plusieurs fois primé, mais dont je ne sais que penser.

Le sujet m'intéressait: un homme devient bibliothécaire dans un village isolé et se perd dans les multiples fictions qu'il lit ne distinguant plus vraiment la réalité. Quand son fils lui apprend qu'il a trouvé un cadavre de fillette dans son puits, c'est dans les romans que le père cherche des réponses et des solutions.

Un bon départ d'intrigue dans un décor singulier: un village touché par la sécheresse et des lieux chargés d'Histoire. Le sol conserve ici la mémoire de la présence de la mer et de nombreux fossiles sont encore présents. Puis le bibliothécaire ne cesse de raconter à qui veut l'entendre le récit de la bataille d'Icamole, en 1876, qui a marqué la défaite de Porfirio Diaz.



Au delà de ces éléments, le style m'a paru poussif et j'y ai trouvé certaines longueurs. Les passages entre le récit de Toscana et les lectures du bibliothécaire ne sont marqués par aucun signe, pas même un saut de ligne, ce qui ajoute un peu de confusion. Bien sûr, sans doute pour illustrer la confusion intérieure du personnage qui fuit ainsi la réalité.

Il y a pourtant de beaux passages, des moments pleins d'humour aussi.

Cependant l'ensemble est éclectique et ne m'a pas convaincue.



J'avais commencé il y a peu L'Armée illuminée que j'ai abandonné avant la moitié. Le rendez-vous est manqué avec cet auteur semble-t-il.
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El ultimo lector

J'ai voulu essayé... mais j'ai renoncé. Avec un titre comme El ultimo lector, je pensais trouver mon bonheur. Surtout que les éditions Zulma proposent généralement des textes originaux et de qualité.



Loin de moi l'idée de remettre en cause ces deux caractéristiques dans l'ouvrage du signor Toscana. C'est juste que nous ne nous sommes pas trouvés. Je n'ai pu dépasser la page 60, restant péniblement hermétique à son style et à son intrigue. Je ne rentre pas dedans. C'est dommage mais ça arrive. En l occurence, je me réjouis qu'il s'agisse d'un emprunt plutôt que d'un achat.



Après mon enthousiaste découverte de la prose de Carlos Fuentes, j'avais envie de découvrir d'autres auteurs mexicains. Pas de chance avec Toscana, même si ça tient plus à de l'incompatibilité qu'à une médiocrité littéraire de sa part.
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Evangelia

Evangelia (du grec, bonnes nouvelles) s'ouvre sur la naissance du divin enfant qui doit s'appeler Emmanuel et/ou Jésus mais... Surprise ! Le nouveau-né est une fille. Marie ne se démonte pas pour autant et la prénomme donc tout simplement Emmanuelle. Dépité, Dieu renvoie Gabriel retenter le coup de la fécondation miraculeuse mais à force de cafouillages il finit par se retrouver père de deux enfants, l'un de chair mais pas du bon sexe et l'autre d'essence mystérieuse et dont les tentatives de venue sur terre tournent toujours au fiasco. Et comme si ça n'était pas déjà assez compliqué, Joseph triche en faisant passer son second fils Jacob pour son premier né afin qu'il puisse prendre le rôle de sauveur. Là dessus Jacob, reconnu par Siméon comme l'Oint du Seigneur, décide de se faire appeler Jésus et part comme sa demi-soeur prêcher et faire des miracles à travers le pays. Jusqu'à ce qu'Emmanuelle soit crucifiée puis disparaisse dans la stratosphère…



Diable quelle histoire ! Et que Dieu me pardonne mais j'ai sacrément bien rigolé en découvrant cette réécriture très impertinente des évangiles. C'est tout simplement jubilatoire.

David Toscana y parodie l'histoire de Jésus en racontant les événements connus de tous ou presque, même sans avoir lu la bible, mais appréhendés d'un point de vue humoristique qu'aucun exégète n'oserait envisager. On y rencontre un Dieu pas si puissant que ça, jaloux des poètes grecs qu'il trouve bien meilleurs que lui, un Jésus méchant qui déteste ses disciples, un Saint Esprit pas bien inspiré et bien d'autres joyeusetés du même acabit. C'est tellement drôle que j'ai failli m'étrangler de rire à plusieurs reprises.

Mais j'imagine que Toscana n'a pas écrit Evangelia juste pour amuser ses lecteurs. S'il ne se moque pas, en soulignant les paradoxes et les zones d’ombre de la Bible, source inépuisable d’interprétations, il interroge sur le bien-fondé d'une pensée qui depuis des millénaires s'appuie sur des textes aussi peu crédibles. Et peut-être que son ambition est également de susciter l'envie de lire ou relire le vrai texte qui est considéré comme une grande œuvre littéraire. Le livre de Toscana, lui, est un chef d'œuvre de drôlerie à découvrir absolument !
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El ultimo lector

Dans un village perdu du désert mexicain le jeune Remigio pêche, au fond de son puits, le cadavre d'une petite fille. Avant que quiconque ne le découvre, son père Lucio le convainc de faire disparaitre le corps, sans rien dire, alors même que la police enquête sur sa disparition.

Lucio est un drôle de type. Il tient la bibliothèque d'un village où personne ne lit. Il est le seul à consulter les ouvrages avec lesquels il entretient de curieux rapports. Il les soumet à une censure drastique selon des critères fantaisistes connus de lui seul, vouant aux oubliettes ce qui n'a pas l'heur de lui plaire. De plus, il a la fâcheuse tendance à lier tout ce qui arrive aux livres qu'il a lus, se tournant souvent vers les fictions qui jalonnent ses étagères pour y trouver l'inspiration. Aussi il ne peut s'empêcher d'établir une correspondance entre la jeune morte du puits et l'héroïne de son livre favori " La mort de Babette ". Comme elles se ressemblent physiquement, Lucio nomme donc la petite inconnue Babette et suggère à son fils de l'enterrer sous l'avocatier du jardin, comme le fait le tueur dans le roman intitulé "Le pommier "...



L'intrigue serpente à travers la trouble histoire d'amour de Remigio avec les fruits de son avocatier et la fille morte, mêlée à l'énigmatique rencontre de Lucio avec la mère de celle-ci. La frontière entre la fiction et la réalité, déjà bien floue, le devient encore plus lorsque cette mère admet avoir également confondu le personnage fictif de Babette et sa vraie fille et qu'elle ne semble pas très intéressée par la recherche de son meurtrier.

Cette histoire de meurtre s'avère être presque un prétexte pour révéler le thème central qui est Lucio en tant que lecteur puisque toute l'intrigue est guidée et expliquée à travers ses lectures. Elle dissimule une réflexion subtile, un peu trop pour moi.., sur le sens de la littérature en tant que création artistique et la relation auteur-livre-lecteur.

J'ai trouvé ce roman extrêmement déconcertant. En créant la confusion, David Toscana m'a désorientée et bousculée dans mes habitudes de lectrice indécrottablement accrochée au réel pour m'entraîner dans une sorte d'étourdissement où la compréhension de la réalité ne cesse de se désintégrer. Une drôle de lecture qui m'a donné du fil à retordre !

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El ultimo lector

Lucio vit à Icamole, un petit village mexicain où sévit une importante sécheresse. Il y a tenu une bibliothèque, avant qu’elle ne soit fermée par les autorités, faute de lecteurs; veuf et seul, il y passe ses journées à lire, censurant les ouvrages qui ne satisfont pas à ses critères littéraires. Il n’est pas rare qu’il harangue des passants, comme s’il n’avait pas quitté les pages qu’il vient de lire, les frontières entre le réel et la fiction étant pour lui fort poreuses. Lorsque son fils Remigio lui apprend qu’il a découvert le cadavre d’une fillette dans son puits, c’est par la littérature qu’il va communiquer avec ce dernier, et qui sait, peut-être en faire un lecteur… J’ai beaucoup aimé ce roman de cet auteur mexicain que je découvre, qui met de l’avant tant une critique sociale, avec son côté polar, qu’un questionnement sur l’écriture : qu’est-ce qui fait de la bonne littérature ? Une ode au refuge extraordinaire qu’est la lecture.
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Evangelia

Un roman décalé et plein d'humour : et si le fils de Dieu était une femme ?

Il faut avoir quelques notions de la bible pour comprendre toutes les scènes. J'ai passé un bon moment de lecture en souriant beaucoup.

Le livre perd son rythme dans des longueurs et redites mais c'est un bon roman original.
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El ultimo lector

A Imacole, bled paumé du nord du Mexique, la sécheresse semble ne jamais vouloir prendre fin. Seul Remigio a la chance d’avoir encore un peu d’eau au fond de son puits pour arroser son avocatier. Mais le jour où il y trouve le corps d’une enfant de 12-13 ans, il se dit que ce puits risque de lui attirer bien des ennuis. Cachant sa macabre découverte, il se rend chez son père Lucio, le bibliothécaire du village, pour lui demander conseil…



Pas la peine d’en dire davantage, ce n’est pas un roman qui se résume, c’est un roman dans lequel il faut juste croquer à pleines dents. Ne serait-ce que pour se régaler de la verve et de la lucidité de Lucio, un « ultimo lector » incorruptible passant au tamis de ses goûts littéraires chaque ouvrage aspirant à rejoindre les rayonnages de sa bibliothèque. Ceux n’ayant pas à ses yeux de qualités suffisantes finissent en enfer, une pièce où il élève des cafards dévoreurs de livres médiocres. « Le feu ne lui semble pas un châtiment approprié, car il confère à un livre prétentieux l’utilité de produire de la chaleur, la gloire de devenir lumière. L’enfer doit être quelque chose qui consume lentement, parmi l’urine et les mâchoires qui avec ténacité réduisent en miettes couvertures, jaquettes et photographies d’auteurs immortalisés, les hommes dans une pose intellectuelle, les femmes dans leur désir de beauté. » Lucio est donc un grand malade, un fou de littérature autour duquel va graviter une cohorte de personnages plus savoureux les uns que les autres.



C’est un texte qui peut paraître foutraque, où la réalité ne cesse d’être transfigurée par l'imaginaire, où l’on se demande si c’est la fiction qui devient réelle où si c’est le réel qui n’est que fiction. On peut facilement perdre le fil mais peu importe. C’est un texte auquel il ne faut pas tenter de résister. Se laisser prendre par la main, se laisser porter par les mots et profiter d’une atmosphère incomparable, hors du temps et des modes. Un grand moment de littérature ! Moi qui pensais être hermétique au réalisme magique latino-américain, je constate avec plaisir que ce n’est pas le cas. Borges me voila !
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Un train pour Tula

oui bof déçue car habituellement j'adore cette édition. j'ai souffert de l'alternance de deux récits qui m'ont donné une impression de récit haché. je préfère être emporté par un récit.

non rien a voir avec le picaresque et passionnant cent ans de solitude.

c'est plusieurs niveaux en dessous
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El ultimo lector

Etrange et unique dans son genre ! De bonnes analyses sur l’être humain, les écrivains et les romans. Le fils du bibliothécaire (zéro lecteur) retrouve une fillette dans son puits. Son père associera tout à des textes de romans. De l’humour noire qui peut ne pas plaire à tous.
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L'Armée illuminée

"C'est justement la mère d'Arechavaleta qui m'a appelé, interrompt le directeur, vous vous êtes enflammé un peu trop durant votre cours d'histoire, vous auriez dû vous limiter à donner des dates, des noms, des évènements, tout ce qui n'est pas dans le manuel scolaire est politique, et les enfants ne viennent pas à l'école faire de la politique. Madame Arechavaleta vous a accusé de faire de l'école un nid de communistes. Il n'était pas nécessaire de leur parler de cette guerre, ni de faire passer les Etats-Unis pour nos ennemis. Il suffisait de leur rapporter que Santa Anna leur avait vendu le territoire, il est plus sain de haïr un président mort que nos voisins du Nord".



Et voilà, c'est encore arrivé. Après avoir une nouvelle fois défendu une version très partiale et personnelle de la guerre du Mexique, Matus se retrouve à la porte de l'école ... mais il a su toucher quelques jeunes esprits enflammés par ses discours patriotiques et romanesques. Don Qichotte d'opérette et marathonien borné, il entraîne alors ses ouailles, une bande débraillée d'écoliers à peine capables de jouer aux dominos, dans un périlleuse reconquête du Nouveau-Mexique où le besoin de héros valeureux se fait impérieusement sentir, une aventure résolument décalée qui laissera des traces indélébiles.



"Nous sommes peu, dit Comodoro, mais la patrie préfère une poignée de vaillants à une cohue de poltrons. Gardez sur notre but le plus grand secret jusqu'à recevoir des ordres d'en haut. Azucena n'e peut plus, elle se dirige vers Comodoro et l'embrasse. On entend des applaudissements. L'institutrice de retour demande le silence".



Illuminée, cette armée, elle l'est ! Dans un récit aussi farfelu que drôlatique, Toscana entraîne son lecteur sur les pistes poussiéreuses du Nord du Mexique, au rythme haletant d'aventures picaresques sans cesse renouvelées, le jeune âge des protagonistes confrontés à une situation qui les dépasse fournissant un réservoir inépuisable de rebondissements.



"Comment gagne-t-on une guerre, Matus ? demande Azucena d'un air distrait, en crachant dans ses doigts pour nettoyer une tache sur la chaussure de Cerillo, il faut tuer tous les Gringos ?"



Le ton est divertissant ; les aventures rocambolesques comme on les aime ; les personnages touchants de maladresse, et si attachant (même le chef de meute totalement barré). Séduisant sur le principe, plutôt déjanté, mais fatigant et à la longue assez triste, L'armée illuminée laisse une impression mitigée et le sentiment de ne pas avoir suivi complètement David Toscana dans ses délires.
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El ultimo lector

"El ultimo lector" est un court roman de David Toscana, auteur mexicain contemporain.



L'écriture est à la fois sèche et poétique et le thème onirique : dans un minuscule village en proie à la sècheresse et perdu au nord du Mexique, Lucio, le bibliothécaire bénévole est le seul à lire. Il lit tout le jour des romans qu'il classe en deux catégories : les véridiques, qui accompagnent, précèdent ou suivent la voie étroite et sobre de la vie, et les mensongers, les maladroits, les inutiles, écrits par des auteurs ignorants de leur art. Or Lucio (= Lumière) n'aime pas les faussaires : les premiers rejoignent les étagères de sa bibliothèque, les seconds sont livrés à l'enfer et détruits par les cafards.



Pendant ce temps, à deux pas de chez lui, son fils, Remigio, trouve au fond de son puits le cadavre d'une fillette assassinée.



Qui a tué la fillette ? Que faire de son corps ?



Dans un jeu optique très efficace, le réel se reflète dans le roman, et le roman finit par s'emparer du réel, à tel point qu'on ne sait plus où commence l'un et ou finit l'autre.



J'ai eu un peu de mal à pénétrer dans cette histoire à la fois douce et aride, et aussi passablement subtile. Puis peu à peu la magie a produit son effet, et j'ai adhéré à l'histoire, au moment même où j'ai renoncé à la comprendre.



Finalement, la littérature, c'est comme la vie : il faut accepter que bien des choses restent inexpliquées. David Toscana excelle à dire le mystère inhérent aux choses banales.











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Un train pour Tula

Direction donc Tula, au Mexique, à la fin du 19ème siècle. Où Fernanda, fille de Don Alejo et Dona Esperanza se retrouve enceinte, puis mariée, puis mère puis morte. Le fils, Juan, est élevé par une servante (fidèle). Juan, plus tard Domenico, tombe amoureux fou d'une certaine Carmen. Le temps passe, roman d'apprentissage, et tout ça.



De nos jours, Froylan, écrivain en devenir, marié à Patricia, rend visite à Juan (oui, celui-là) qui lui raconte son histoire. Juan enregistre, Froylan écrit, en prenant parfois quelques libertés. Froylan lui aussi se découvre une Carmen qui l'obsède.



Compliqué? En fait dès le départ on apprend que Patricia, après la disparition mystérieuse de Froylan, a retrouvé papiers et cassettes dans les affaires de son mari.



Et le train? Heu, assez tard dans le roman, ça fait partie des événements plutôt amusants survenus à Tula.



Conclusion : Les histoires et points de vues alternent, avec vivacité, c'est au lecteur de finalement se laisser aller. A la fin, j'avais encore des questions sans réponses, c'est plaisant à lire, bien maîtrisé en fait, mais trop d'esprit cartésien n'a rien à faire là.
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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El ultimo lector

Dans le village accablé de sécheresse d’Icamole, Remigio découvre une petite fille morte au fond de son puits. Il cherche conseil auprès de son père Lucio, tombé dans la lecture par accident après le décès de sa femme, ancien bibliothécaire du village – ancien car la bibliothèque n’est plus financée par l’état faute de lecteurs. Donc Lucio meurt de faim faute de lecteurs et de financement. Mais, toujours dans les livres, il fait sans cesse le pont entre vie et papier et, lecteur implacable, livre à la censure, la dévoration par les cafards (qui eux souffrent donc plutôt d'indigestion), tous les livres qu’il juge trop faciles, usant de clichés, d’artifices et de placement de produits comme on dit au cinéma.



«Lucio respecte les fourmis pour leur persévérance à se construire leur propre palais. En revanche, il déteste l’opportunisme des cafards, qui prennent d’assaut n’importe quel conduit, caverne, creux, égout ou entassement de livres. Toutefois, c’est précisément ce mépris qui l’encourage à les élever et à les nourrir dans la pièce voisine ou il jette les livres censurés, considérant que leur fin doit être ignoble. […] Ces insectes doivent régurgiter des prix, des succès et surtout de grotesques éloges qui vantent une prose efficace, un chef d’œuvre majeur, témoignage de l’exceptionnelle qualité littéraire de l’écrivain, un sommet des belles lettres susceptible de le faire entrer au panthéon des grands auteurs, occupant une place à part, ainsi que bien d’autres tentatives destinées à pousser des livres dépourvus d’énergie propre.»



La solution pour Remigio vient donc de la littérature et notamment de « La mort de Babette », d’un écrivain français Pierre Laffitte, l’histoire d’une petite fille assassinée le 14 juillet 1789.



L’histoire est divertissante, le propos très habile, mais j’ai trouvé tout ça un peu gros, la littérature plus réelle que la grande Histoire avec le personnage de Babette et en fil rouge celui de Porfirio Diaz, la littérature comme échappatoire à la misère du réel, la littérature plus vraie que nature, et enfin la transmission au fils. Pas pour les cafards mais sans coup de cœur, au final un sentiment plutôt mitigé.

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L'Armée illuminée

Matus, prof d’histoire et ancien marathonien aux rêves de gloire, n’a qu’une idée en tête : reprendre le Texas aux « gringos » pour le rendre aux mexicains. Pour cela, il décide de partir à la conquête de Fort Alamo, là où s’est jouée l’indépendance du Texas en 1836. Sauf que notre histoire ne se déroule non pas au début du XVIIIème siècle, mais plus de cent ans après, en 1968 ! Dans son projet fou, Matus entraîne avec lui cinq jeunes gens un peu simplets, qui rêvent d’autre chose que leur quotidien infantilisant, dans lequel tout ce que l’on attend d’eux est de faire de beaux dessins, savoir compter jusqu’à dix et connaître son alphabet…

Ainsi, cette drôle d’armée se compose du gros Comodoro, jeune homme plein de bravoure et de fantasmes, d’El Milagro, « le miraculé », seul rescapé d’un accident de voiture, du jeune Cerillo, enfant couvé par sa mère, qui part faire la guerre dans sa tenue du dimanche… Il y a aussi Ubaldo, l’artiste de la bande et le seul à prendre sa mission vraiment au sérieux et la jolie Azucena, tour à tour maîtresse, mère et infirmière du petit groupe. Menée par l’autoproclamé « général » Matus, cette armée singulière va tenter de marquer l’histoire par sa bravoure et son patriotisme invétéré…

« L’armée illuminée » est un roman rendu extrêmement drôle par son décalage permanent entre les grandes idées de gloire et de batailles de ses personnages et la réalité, souvent brutale, des faits. Toutefois, l’extravagance de certaines situations contribue grandement à rendre nos improbables héros plus humains et plus attachants que tous les autres personnages, dénués de fantaisie et de charisme. L’aberration de la guerre est dénoncée de façon originale, par l’absurdité même de ses soldats. Néanmoins, comme dans tout récit de bataille, celui-ci n’échappe pas à une certaine part de drame, car, si cette parodie de guerre amuse et séduit le lecteur par son surréalisme, elle n’en reste pas moins un affrontement armé, qui implique son lot de blessés et de tués… La force de ce récit réside donc dans son habileté à mélanger les genres et les tons, habileté qui charme et interpelle le lecteur à chaque instant. L’écriture de David Toscana est lumineuse, parfois grinçante et ne laissera personne indifférent. Une très jolie découverte pour ma part!
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El ultimo lector

Voici un roman très dépaysant, dans l'espace (une région désertique et assoiffée du Mexique) et dans la littérature. Un bibliothécaire "désavoué" maintient coûte que coûte son activité dans un petit village reculé, triant dans son stock les livres "lisibles" et ceux dont les défauts de style ou de narration les destinent aux enfers (des insectes). S'ajoute à ce tableau un crime non résolu, qui est presque une péripétie dans l'obsession un peu folle du bibliothécaire.

Il faut voir, à mon sens, ce roman comme une émanation du réalisme magique sud-américain, doté d'une riche galerie de personnages, plein de poésie et d'allusions historico-politiques à côté desquelles il est facile de passer, mais sans que cela ne complique la lecture. Nombre de romans sont décrits et commentés, sans que l'on sache exactement ceux qui sont réels et ceux qui sont imaginés.
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El ultimo lector

Un livre sur les livre et un lecteur chouette je me suis dit. Au départ du livre, tout va bien. Un mort, la sécheresse, une bibliothèque ou personne ne vient et ou son bibliothécaire à sa façon bien à lui de trier et censurer les livres. Bref du tout bon. Puis plus en s'enfonce dans le livre, plus la lecture devient décousue le personnage principal entre dans des délire entre ses lectures et la réalité le livre devient difficile à suivre et a lire. Bref j'ai même pas terminé le livre...
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