Citations de Didier Daeninckx (757)
-Vous connaissez tout le monde. Comment Est-ce possible qu'un médecin qui s'occupe des...
Il avait souri à son hésitation.
-Qui s'occupe des fous...N'ayez pas peur de prononcer le mot, c'est comme ça qu'on les désigne...En vérité, ils sont cachés au reste du monde. Comme vous. Dans un premier temps, les murs les protègent des méfaits de la société, des méfaits de l'Histoire. Et tout le travail, paradoxalement, c'est de faire tomber ces murs...(p.62)
je veux savoir pourquoi ces pierres apportent le malheur dans tout le pays, pourquoi elles nous réduisent en esclavage, pourquoi on brûle des villages entiers pour les posséder, pourquoi elles font de nous des assassins...
[...] Les lourdes portes de la prison s'ouvrirent et le convoi traversa Lille, longea la citadelle avant de prendre la direction de Marcq-en-Baroeul. Je ne rencontrai que des regards mornes. Nous nous attendions tous au pire et n'avions aucune envie d'en parler.
Malheureusement ce n'est pas ce qui advint... ce fut encore pire... Je ne peux pas vous le raconter... Ca ne passe pas par les mots... [...]
Suprême Apéritif Régénérateur CALISIA
A ta santé Tommy
la victoire est certaine
D'puis qu'on boit "CALISIA"
On peut la dire prochaine!
Quinquina Merveilleux
CALISIA
Albert Cabon, Léré (Cher)
(un poilu et un tommy trinquant)
Françoise [...] est la soeur d'un marin-pêcheur breton qui vidait la Méditerranée de ses espadons, de ses thons, jusqu'au jour où il avait remonté autre chose que du poisson frétillant dans ses filets.
- La première fois qu'il a ramené un cadavre, c'était il y a cinq ans, au large de la Sicile. Deux autres l'année suivante, en Grèce. Avec son équipage, ils ont arrêté de pêcher des espadons, des thons qui se nourrissaient de chair humaine, et ils ont décidé de sauver les gens qui se noyaient en essayant de rejoindre l'Europe... Je crois qu'ils en sont à près de cinq cents sauvetages, hommes, femmes, enfants, vieillards... Alors quand on a installé un camp de migrants, à côté d'ici, sur l'ancienne décharge de Calais, au lieu de me boucher le nez comme beaucoup, je suis allée voir. Je ne m'attendais pas à un pareil désastre. Au début, quand on ne comptait que deux mille personnes, il n'y avait pas un seul point d'eau, pas un endroit où faire ses besoins...
(p. 43)
Tour finira bien par remonter à la surface. Il a fallu cinquante ans pour juger Papon, peut être qu'il faudra attendre autant pour faire la clarté sur la guerre d'Algérie. .. Le temps que la génération des responsables directs passe la main (Zigzag men)
Dans ce pays, la révolte c'est comme un feu de broussaille....il faut l'éteindre au début. Après....
Tosquelles et moi n'avons jamais trop aimé le terme d'hôpital psychiatrique.Nous préférons celui "d'asile", un endroit qui met à l'abri de la folie du monde...
- Travailleurs parisiens ! Solidarité avec le genre humain ! Ne visitez pas l'Exposition colonialiste ! Refusez d'être les complices des fusilleurs...
-Le respect, chez nous en pays Kanak, il ne vient pas à la naissance comme la couleur des yeux. Il se mérite tout au long de la vie.
On peut user de la ruse, la ruse est une arme de guerre, pas de l'attentat qui est l'arme des lâches.
"Nous avons surtout, ensemble, écrit le mot le plus indispensable de la langue française : résister."
En prison, on connaît son avenir, son temps d'incarcération, on s'organise en humain retranché du monde ordinaire. A Schorfheide, à Reiterberg, le temps était aboli, la frontière entre le bien et le mal effacée... On ne connaissait plus que la souffrance du corps, l'avilissement. Là-bas, il n'y avait pas de miroirs. On ne se voyait jamais. On en arrivait à fuir les mares d'eau pour éviter de rencontrer notre reflet. Si je m'étais vu une seule fois dans une glace, je ne serais sûrement pas ici à discuter de tout ça...ma vie tient peut-être à un reflet dans une vitre...
Une fois seulement, gamin, il avait assisté à un éclusage de nuit, près de Saint-Omer, aux Fontinettes. (...)Les lampes aux vapeurs chimiques trouaient le brouillard épais et répandaient une lueur jaune sur le canal, tandis que les mariniers s’échinaient au treuil et au cabestan. Le fracas des eaux noires qui se déversaient dans la fosse couvrait le rythme métallique des cliquets sautillant sur les rouages. En amont une autre péniche faisait donner sa corne de brume à laquelle répondaient les cloches et les klaxons des quelques bateaux engagés sur le chenal. Il s’en souvenait comme d’un Noël.
- A la fin, l'interprète a déclaré que d'après elle, mon cousin n'était pas un bidoun*, mais plus probablement un Libanais. Elle a ajouté qu'elle connaissait bien l'accent arabe de la région de Beyrouth, et qu'elle l'avait reconnu quand Nawaf s'expliquait...
- Et qu'est-ce que ça change, qu'il soit libanais au lieu d'être bidoun ? C'est le même homme, il est dans la même galère !
Tarek s'efforce de sourire.
- Pour toi peut-être, mais pas pour ceux qui ont la boîte à tampons ! Quand on est identifié comme bidoun, on a fait la moitié du chemin, on vient d'une zone de conflits armés, et on peut être protégé par les lois internationales, on peut par exemple demander le droit d'asile... Pas les Libanais. Officiellement, leur pays n'est en guerre avec personne. Si un Libanais est ici sans papiers, sans autorisation, ce n'est pas un réfugié mais un clandestin. On le met dans un centre de rétention, sous protection policière, comme un bandit, et on l'expulse à la première occasion !
(p. 38-39)
* désigne en arabe des personnes sans nationalité
Si les Kanak furent choisis en 1931 [lors de l'Exposition Coloniale] pour figurer la plus basse humanité, une sorte d'état à mi-chemin entre l'homme et l'animal, ils le doivent pour une part à toute une littérature qui les décrivait sous des traits monstrueux. Le mot "Canaque" lui-même était une injure de la pire espèce qu'on retrouve souvent sous la plume de Louis-Ferdinand Céline, ou dans les aventures de Tintin quand le capitaine Haddock entre en fureur. Il existait même une "Académie Canaque" qu'animait Marcel Proust : on y était admis si l'on parvenait à produire une grimace des plus horribles.
Page 55, Éditions Éléonore Paquet, 2017.
- Que diras-tu aux gens de notre village lorsqu'ils te questionneront sur la France et Paris, Gocéné ?
- Aux enfants, j'invente un conte, je leur dis que c'est le pays des merveilles pour ne pas briser leurs rêves...
Mais très tard dans la nuit, j'explique aux anciens ce qu'on nous obligeait à faire pour provoquer le rire des gens derrière les grilles... Je leur raconte qu'on insultait les noms de nos ancêtres...
... qu'on nous a séparés, ainsi qu'on le fait d'une portée de chiots...
Page 28, Éditions Éléonore Paquet, 2017.
Les accords de Nouméa, signés en 1998, ont officialisés le mot "kanak" et l'ont rendu invariable, soulignant la dimension paternaliste et coloniale du terme usuel "canaque".
Page 1, Éditions Éléonore Paquet, 2017.
– Vous n’avez pas le droit de tirer sur un homme désarmé, sans défense. J’ignore ce qu’il vous a fait, mais ça s’appelle un assassinat.
Les questions, on se les pose avant...Dans un moment pareil, ce serait le plus sûr moyen de ne rien faire.