AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Driss Chraibi (158)


J'appelais de mes voeux la parition du chef-d'oeuvre de l'écrivain véritable: un livre blanc, constitué de pages blanches, sans un seul mot. Au lecteur d'y lire ce qu'il voudrait , au gré de sa plus grande liberté.
Commenter  J’apprécie          80
L'eau ne peut arriver aux lèvres d'un homme qui se contenterait de tendre ses paumes vers elle.
Commenter  J’apprécie          70
-Un sandwich, disait mon frère Nagib. Tu coupes un pain en deux dans le sens de la longueur et tu mets maman entre les deux tranches. Haha ! Evidemment, ce serait un peu maigre. Il faudrait y ajouter une plaquette de beurre. Haha !
Commenter  J’apprécie          70
Personne n'eut le courage de suivre ces deux êtres humains. Ils étaient déjà loin, marchant à pas mesurés, l'un soutenant l'autre et se réconfortant à grands éclats de rire qui étaient sûrement des sanglots. Et ils étaient certains qu'à eux deux ils allaient un jour prochain donner à leurs semblables autre chose que des billets de banque ou des vieilles pierres : une œuvre de chair et d'amour, de croyance et d'espérance.
Ils marchaient à pas mesurés, riaient et sanglotaient à perdre haleine. Devant eux, au levant, surgit soudain le soleil.
Commenter  J’apprécie          70
— Essuyez ces yeux qui vous déparent et m'éplorent. Je parie que vous n'avez même plus de Kleenex. Redressez le dos, gare à la scoliose ! Patience et courage font plus que force et que rage, comme disait La Fontaine Jean de. Un autre compatriote à vous, mais vous n'avez pas dû le connaître. Je crois bien qu'il est mort, d'ailleurs. Combien en avez-vous ?
— Quoi ? demanda-t-elle, interloquée.
— De taches de rousseur sur le nez ? Les avez-vous jamais comptées ?
Elle cessa aussitôt de pleurer, sourit. Ce fut magnifique. L'instant d'avant, dix secondes avant, l'inspecteur Ali était sur le point de lui faire du gringue, en termes animaux - du genre : « Vous avez le loquedeu ? Bon ! vous ne savez pas ce que c'est le loquedeu, donc vous ne l'avez pas. Et le ver ? Est-ce que vous avez le ver, ce petit truc qui remue entre les petites lèvres et déplie les grandes comme deux pétales de rose ?... » Il la voyait déjà dans son lit. Elle sourit et ce fut tout à fait autre chose : un éblouissement. Il tomba amoureux d'elle sur-le-champ, séance tenante, sans plus tarder - amoureux fou de ce sourire lumineux, de la nudité de son regard, de la grâce qui émanait de toute sa personne. Son foie se gorgea d'émotion, son âme lui remontant entre les clavicules. Et, en même temps que la passion naissante et friselante, étrangement il ressentait pour elle un immense respect doublé d'une sorte de foi - lui qui ne respectait rien ni personne en ce monde d'économie de marché. De cette révélation soudaine, de cet amour pur qui venait de descendre en lui comme un Coran à sa mesure, il ne laissa rien transparaître sur son visage policé : il n'était pas flic pour rien. Un flic dur et désabusé, coriace d'entre les coriaces.
Commenter  J’apprécie          70
"- Comment s'appelle ce village ?
Les mots sortaient de son corps comme autant de cailloux secs.
- Le village, répondit le paysan d'une voix plus traînante encore.
- Oui, mais comment l'appelle-t'on ?
- Le village.
- Quel est son nom ?
- Alors je ne sais pas.
- Il a bien un nom ? insista l'inspecteur.
- Oui, le village. C'est ainsi qu'on l'a toujours appelé, nous autres.
- Qui ça, nous autres ? cria le chef.
- Les gens du village."
Commenter  J’apprécie          70
Combien de vies nous faudrait-il ,combien d'océans de foi et de montagnes de patience pour que nous accédions un jour à l'état d'êtres humains
Commenter  J’apprécie          70
Cet homme était mes tenants et mes aboutissants. Aurons-nous un jour un autre avenir que notre passé ?
Commenter  J’apprécie          60
Tant qu'elle reste là,face à nous,immobile, ce fut une séquence temporelle ou rien ne se dit, rien ne se commenta avec des mots ou des pensées, ou tout fut ressenti de l'un à l'autre et l'un par l'autre et par nous trois ensemble. CE fut moi qui esquissai un sourire et ce sourire s'élargit sur les lèvres de notre mère, gagna la face de Nagib. Lentement, lentement, Et , d'un seul coup, le rire nous libéra de l'émotion
Commenter  J’apprécie          60
Le rire est le sel de la vie.
Commenter  J’apprécie          60
Dans le soleil sanglant au couchant, Haj Moussa s'écroula avec le bruit caractéristique d'un vieil arbre mort à la base.
Commenter  J’apprécie          60
Je marchais dans la ville. J’allais vadrouillant, réceptif aux déclics. Comme une chienne de vie, je poussais devant moi le poids d’une civilisation. Que je n’avais pas demandée. Dont j’étais fier. Et qui me faisait étranger dans cette ville d’où j’étais issu.
Commenter  J’apprécie          60
On a tout dans la police, tu sais : des gardiens de la foi, des politiciens, des banquiers, des marchands de tapis et même des flics comme moi.
Commenter  J’apprécie          50
- …Bien ! parfait ! Merci pour les vœux. Mais j’en ai assez. Ecris sur l’eau et pends le cadavre, j’ai faim.
- Quand il y a un naufrage sur mer, la plupart des naufragés perdent la tête. Ce sont les seuls moments où se révèle la nature humaine avec ses cruautés et ses lâchetés, quelquefois aussi avec ses courages. On se jette à l’eau, on s’entre-tue, on vide son sac une dernière fois car la mort est proche et les derniers instants de vie, on en profite avec violence. Mais rares sont ceux qui attrapent une poutre et s’y accrochent…
Commenter  J’apprécie          50
Elle me tend un télégramme ouvert. Je le lis et ne comprends pas. Je le relis lentement et je m'écroule. Je m'écroule et tout s'écroule autour de moi, en moi. Mon père vient de mourir. Comme à travers une couche d'eau, j'entends une voix suppliante :
— Tu n'es pas seul... tu n'es pas seul... je t'aime... tu n'es pas seul... pas seul...
J'entends un sanglot discontinu, convulsif, tandis que je baise la terre et griffe la terre à m'arracher les ongles. Je ne comprends pas : qui est mort ? et pourquoi ? Cet homme ne peut pas mourir. Il était... il est mes tenants et mes aboutissants. Il est tout mon passé, et le passé ne peut pas mourir...
Commenter  J’apprécie          50
Quand j'étais portier dans cet hôtel de la capitale, chienne de ma vie ! Il fallait bien que je comprenne ce que me disaient ces milliardaires en me lançant un pourboire ! "Hey boy ! qu'ils lançaient, taxi ! Get a move on !" Et quand le taxi arrivait sur les chapeaux de roues, ils disaient : "it was a long time !" c'est à dire : "Y a longtemps qu'on crève la dalle" dans la langue de chez nous. Même qu'ils ajoutaient à l'adresse du chauffeur : "To the airport ! Hurry up !" Le chauffeur ne comprenait rien, forcément. Alors je lui traduisais : "ils veulent aller bouffer sur le port. T'as pas un cousin qui tient une gargote dans la médina ? Allez, démarre, en vitesse ! et file-moi la pièce !" On m'a chassé de cet hôtel, je ne comprends pas pourquoi. Peut-être bien que je favorisais les gars de la médina ?...
Commenter  J’apprécie          50
Elle était un arbre, cerclé dans une cour de prison.
Commenter  J’apprécie          40
Tu connais l'histoire du pot-au-feu? C'est un conte, une parabole. Eh bien, les enfants, c'est pareil. Tu prends une marmite, tu la remplis d'eau, tu y fais bouillir de la viande, des légumes, tu sales et tu poivres, tu épices. Et pendant que ça bout, tu te dis : je sais ce que j'y ai mis : tant de viande, tant de légumes, tels légumes, tant de poivre et de sel, tant d'eau et d'épices. Mais tu ne sais jamais ce que cela donnera une fois cuit. C'est peut-être trop salé, ou pas assez, ça n'a aucun goût ou bien ça t'emporte la bouche. Eh bien, les enfants c'est pareil. Tu les portes dans ton ventre. Tu les nourris. Tu veilles sur leur sommeil et sur leur vie. Tu leur apprends ce qu'est le bien et ce qu'est le mal. Et une fois grands, ils te sont étrangers.
Commenter  J’apprécie          40
A la porte, ouste! à la porte, les poètes arabes à la poésie de cendres! Vous m'avez fait pleurer en chantant le romantisme et parce que je ne savais rien du monde. S'il en est ainsi, si vos vers sont vrais, pourquoi diable notre société est-elle malade? pourquoi a-t-elle cloîtré les femmes comme des bêtes, pourquoi les a-t-elle voilées, pourquoi leur a-t-elle coupé les ailes comme nulle part ailleurs? A la porte, je vous dis!
Commenter  J’apprécie          40
On peut très bien naître dans un pays, vivre dans un autre et mourir dans un troisième. La terre est vaste et nous appartient à tous.
Commenter  J’apprécie          40



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Driss Chraibi (1069)Voir plus

Quiz Voir plus

LNHI-76387

Coïncidence irakienne du IIIe sicle avant J.-C.

pile
face

10 questions
9 lecteurs ont répondu
Thèmes : hasard , culture généraleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}