Le soir tombe ici ou là bas .Du ciel perlent les étoiles ,peignant du vert de l'espoir la mort et les années écoulées . Chaque étoile dans le ciel est une larme , une âme .Et toutes sont mes larmes , des parcelles de mon âme .Toutes m'ont parlé avec le langage des origines , avec la langue du poéme . Lentement , le poéme est devenu une musique.Un à un , j'ai pris par la main puis dans mes bras tous les êtres et toutes les choses que j'ai aimés et qui ont disparu.Et j'ai dansé avec eux sous le ciel vert,valsé,valsé en une valse lente,très lente,de plus en plus lente jusqu'à l'immobilité.
La vie continue.Bonjour la vie!
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Le soir tombe ici ou là bas .Du ciel perlent les étoiles ,peignant du vert de l'espoir la mort et les années écoulées . Chaque étoile dans le ciel est une larme , une âme .Et toutes sont mes larmes , des parcelles de mon âme .Toutes m'ont parlé avec le langage des origines , avec la langue du poéme . Lentement , le poéme est devenu une musique.Un à un , j'ai pris par la main puis dans mes bras tous les êtres et toutes les choses que j'ai aimés et qui ont disparu.Et j'ai dansé avec eux sous le ciel vert,valsé,valsé en une valse lente,très lente,de plus en plus lente jusqu'à l'immobilité.
La vie continue.Bonjour la vie!
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- Driss Chrïbi, vous pensez en arabe et vous écrivez en français. N'y a-t-il pas là une sorte de dichotomie ?
J'ai vu venir le journaliste. J'aurais volontiers conversé avec lui un petit quart d'heure d'horloge, le temps que nous fassions plus ample connaissance, le temps aussi de dénicher la petite idée qu'il avait derrière la tête et qui devait avoir la forme d'une étiquette. Mais je n'étais pas seul sur le plateau. C'est pourquoi je lui ai demandé poliment :
- Dicho... quoi ? C'est un vocable qui n'entre pas dans la ligne de mes références.
Il m'a expliqué ce que l'on entendait par "dichotomie", les deux pôles d'un aimant qui se repoussent en quelque sorte. Je me suis exclamé :
- Ah bon ! Mais, monsieur, le plus grand bonheur d'un homme est d'avoir deux langues dans la bouche, surtout si la deuxième est celle d'une femme. Vous ne trouvez pas ?
Comme il ne trouvait pas, j'ai pris mon plus bel accent de travailleur immigré pour désénerver ce cas de figure :
- Si, msiou ! Ji pense en arabe, mais ji trové machine à écrire qui écrit en francès tote seule.
L'émission a été coupée net, j'ignore pourquoi. Je me suis levé et je suis sorti, méditatif. Dans la cabine de la régie, Catherine riait avec les techniciens.
- Ça commence bien, laissa-t-elle tomber.
- A question bête, réponse idiote, dis-je.
- Tu n'as pas respecté les règles du jeu.
- Quel jeu ? Je croyais qu'il s'agissait de littérature.
- Tu aurais voulu détruire ton livre, tu ne t'y serais pas pris autrement.
- Peut-être. De toute façon, ce monsieur n'a pas lu mon bouquin, juste le prière d'insérer.
Une appartenance ethnique —voire un patronyme— n’est qu’une étiquette du langage, il me semble. Ce n’est pas une identité. L’identité est ce qui demeure primordial le long d’une existence, jusqu’au dernier souffle : la moelle des os, l’appétit flamboyant des organes, la source qui bat dans la poitrine et irrigue la personne humaine en une multitude de ruisseaux rouges, le désir qui naît en premier et meurt le dernier.
Elle me tend un télégramme ouvert. Je le lis et ne comprends pas. Je le relis lentement et je m'écroule. Je m'écroule et tout s'écroule autour de moi, en moi. Mon père vient de mourir. Comme à travers une couche d'eau, j'entends une voix suppliante :
— Tu n'es pas seul... tu n'es pas seul... je t'aime... tu n'es pas seul... pas seul...
J'entends un sanglot discontinu, convulsif, tandis que je baise la terre et griffe la terre à m'arracher les ongles. Je ne comprends pas : qui est mort ? et pourquoi ? Cet homme ne peut pas mourir. Il était... il est mes tenants et mes aboutissants. Il est tout mon passé, et le passé ne peut pas mourir...
J'appelais de mes voeux la parition du chef-d'oeuvre de l'écrivain véritable: un livre blanc, constitué de pages blanches, sans un seul mot. Au lecteur d'y lire ce qu'il voudrait , au gré de sa plus grande liberté.
Combien de vies nous faudrait-il ,combien d'océans de foi et de montagnes de patience pour que nous accédions un jour à l'état d'êtres humains
Driss Chraïbi au micro de José Pivin (1959 / France Culture). Production : José Pivin. Photographie : Driss Chraïbi © Stéphan Chraibi. Présentation des Nuits de France Culture : « Comment raconter son enfance au Maroc ? Driss Chraïbi, écrivain marocain de langue française, racontait au micro de José Pivin une partie de son enfance dans l'émission “Tous les plaisirs du jour sont dans la matinée”. Cet entretien a été diffusé pour la première fois le 14 novembre 1959 sur France II Régionale. L'entretien était illustré par des lectures d'extraits des œuvres de Driss Chraïbi. » Des extraits des romans de Driss Chraïbi, “L'Âne”, “Les Boucs”, “De tous les horizons” sont interprétés par Roger Coggio, François Darbon, Yves Péneau et Suzanne Michel.
Driss Chraïbi (en arabe : إدريس الشرايبي), né le 15 juillet 1926 à El Jadida, au Maroc, et mort le 1er avril 2007 à Crest, dans le département de Drôme, en France, est un écrivain marocain de langue française. Il a également participé à des émissions radiophoniques pour France Culture pour qui il a dirigé l'émission “Les Dramatiques” pendant 30 ans.
Connu pour son roman “Le Passé simple”, Driss Chraïbi aborde des thèmes variés dans son œuvre : colonialisme, racisme, condition de la femme, société de consommation, islam, Al-Andalus, Tiers monde, etc.
Il se fait connaître par ses deux premiers romans, “Le Passé simple” (1954) et “Les Boucs” (1955) d'une violence rare, et qui engendrent une grande polémique au Maroc, en lutte pour son indépendance.
“Le Passé simple” décrit la révolte d'un jeune homme entre la grande bourgeoisie marocaine et ses abus de pouvoir incarnés par son père, « le Seigneur », et la suprématie française dans un Maroc colonisé qui essentialise et restreint l'homme à ses origines. Le récit est organisé à la manière d'une réaction chimique. À travers la bataille introspective de ce roman par le protagoniste nommé Driss, le lecteur assiste à une critique vive du décalage entre l'islam idéal révélé dans le Coran et la pratique hypocrite de l'islam par la classe bourgeoise d'un Maroc des années 1950, de la condition de la femme musulmane en la personne de sa mère et de l'échec inévitable de l'intégration des Marocains dans la société française. Ce dernier point sera renforcé en 1979 dans la suite de ce livre, “Succession ouverte”, où le même protagoniste, rendu malade par la caste que représentent son statut et son identité d'immigré, se voit obligé de retourner à sa terre natale pour enterrer « le Seigneur », feu son père. C'est une critique plus douce, presque mélancolique, que propose cette fois Chraïbi, mettant en relief la nouvelle réalité française du protagoniste et la reconquête d'un Maroc quitté il y a si longtemps. “Succession ouverte” pose la question qui hantera l'écrivain jusqu'à ses derniers jours : « Cet homme était mes tenants et mes aboutissants. Aurons-nous un jour un autre avenir que notre passé ? » Question qu'il étend ensuite à l'ensemble du monde musulman.
Dans “Les Boucs”, l'auteur critique le rapport de la France avec ses immigrés, travailleurs exploités qu'il qualifie de « promus au sacrifice ». C'est le premier livre qui évoque dans un langage haché, cru, poignant, le sort fait par le pays des Lumières aux Nord-Africains.
Suivent deux romans épuisés aujourd'hui : “L'Âne”, dans le contexte des indépendances africaines, prédit avant tout le monde leur échec et les dictatures, « ce socialisme de flics ». “La Foule”, également épuisé, est une critique voilée du Général de Gaulle. Le héros est un imbécile qui arrive au pouvoir suprême, car, à son grand étonnement, la foule l'acclame dès qu'il ouvre la bouche.
Une page se tourne avec la mort de son père, Haj Fatmi Chraïbi, en 1957. L'écrivain, en exil en France, dépasse la révolte contre son père et établit un nouveau dialogue avec lui par-delà la tombe et l'océan dans “Succession ouverte”.
“La Civilisation, ma Mère!...” (1972) tente d'apporter une réponse aux interrogations de l'écrivain marocain. Le fils aide sa mère à se libérer du carcan de la société patriarcale et à trouver sa propre voie. C'est l'une des premières fois que la question de la femme est évoquée dans la littérature marocaine.
Sources : France Culture et Wikipedia
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