AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Edna O’Brien (230)


Il m'apparut dès mon plus jeune âge que j'appartenais à un peuple furieux...
Commenter  J’apprécie          70
Sa voix fut d’abord faible et tremblante, puis elle s’amplifia et s’affirma, s’éleva et plongea pour s’élever encore, un grand frémissement pourpre et sonore qui montait, montait vers les cieux et alors ils se turent, plongés dans un silence soudain et attendri parce que ce qu’ils entendaient était une réponse aux cris les plus secrets de leurs âmes.
Commenter  J’apprécie          70
Ça fait mal cette façon que t'as d'être si distante, toujours à courir loin de nous, à courir et courir, vers où ? On a la lèpre ou quoi ?
Commenter  J’apprécie          70
L'amour, c'est que des sornettes, le seul amour véritable c'est entre mère et enfant.
Commenter  J’apprécie          70
Petite transaction, par exemple de leurs petites vies dans leurs petites maisons et leurs petits jardins, de leurs coeurs qui se contractaient jour après jour, s'infligeant de petites méchancetés les uns aux autres au lieu du bonheur qui leur était passé à côté.
Commenter  J’apprécie          70
Elles sautent dans l’ombre de leurs ombres et les ombres plus épaisses des pierres tombales qui semblent s’entrechoquer dans la nuit qui tombe. Il s’est remis à pleuvoir et le lac a l’agitation d’une mer avec ses lames qui s’écrasent et se retirent, et les vieux acacias courbés qui craquent en laissant échapper de petits cris de souriceaux.
Rien que des femmes, toutes à cran, épuisées, les pieds endoloris ; leur défiance n’a fait que croître depuis qu’elles ont commencé leurs recherches, ce matin, fouillant les maisons abandonnées, les caravanes, les remises, les box à chevaux, les fours à chaux désaffectés et les criques qui jalonnent les rives du lac et les petits bateaux qui tanguent et dansent dans leurs lits de roseaux.

(p. 206)
Commenter  J’apprécie          60
« Vous comprenez, Eily a emménagé dans une maison que O’Kane considérait comme la sienne.
— Sa tanière, ajoute-t-il d’un ton posé.
— Sa tanière de renard, réplique-t-elle.
— Et trouve madame Renard à la maison.
— Et bébé Renard », ajoute Delia d’une voix faiblissante. Sa voix s’est éteinte, mais sa pensée s’est emballée, et son visage maigre et cireux n’est plus qu’une carte de minuscules rides.

(p. 189-190)
Commenter  J’apprécie          60
Elle regarde l’éclat de l’obscurité au-delà de sa fenêtre panoramique, les plantes, les géraniums et les cactées clopinant dans leur assoupissement, elle regarde son gros verrou de laiton tout neuf, brillant comme un cercueil, et elle finit par se réveiller tout à fait, et comme elle le dit et le redit, Eily, la femme morte avec ses longs cheveux, s’avance vers elle et lui dit : « Pourquoi, pourquoi ne m’as-tu pas aidée ? – Le Kinderschreck, répond-elle, le Kinderschreck », et, le bras levé, elle tente d’effacer le regard de la femme, la lumière des yeux, cet or concassé des bougies qui se meurent.

(p. 10)
Commenter  J’apprécie          60
Les écrivains sont un fléau pour ceux avec qui ils cohabitent. Ils sont présents et, en même temps, absents. Présent du fait de leur continuelle curiosité, de leur observation, de leur esprit de catalogue, de leur désir de voir en l'autre. Mais le désir se décharge dans l'oeuvre.
Commenter  J’apprécie          62
On t'avait baptisé l'élève Torless à cause des deux aspects terriblement contrastés de ton caractère, l'un, sain et raisonnable, l'autre, si noir, si vengeur....
Nous aimions notre pays et nous jurions de le laisser en meilleur état qu'à notre naissance. Mais la poésie avant toute chose.
Commenter  J’apprécie          60
Quand le juge rendit sa sentence, il ne la comprit pas. Un centre de détention. Qu'est-ce que ça voulait dire ? La voix du juge était très basse mais sa figure toute rouge. Le sergent remercia le juge et ils sortirent tous ensemble. Dehors, sa sœur lui expliqua qu'on allait l'envoyer à Saint-Malachi, et qu'il avait bien de la chance qu'il y ait de la place parce que c'était un coin très joli. Il pleura, cria et s'enfuit dans la rue, mais ils le rattrapèrent et le ramenèrent en le traînant.
Commenter  J’apprécie          60
Elle se détourna en marmonnant, le souffle rapide, haletante. C’est dans ce silence tendu qu’une brise se leva et délogea un bout de papier coincé entre les croix. Il voltigea dans un sens puis dans l’autre, comme s’il se demandait où se poser. Finalement, il tomba tout près de lui. Il le déplia et le lut. Puis il le lui donna à lire, mais elle refusa. Il le lut à voix haute, il tenait à ce qu’elle l’entende : « Les ténèbres sont attirées vers la lumière, mais la lumière ne le sait pas, la lumière doit absorber les ténèbres et donc aller au-devant de sa propre extinction. »

(p. 319)
Commenter  J’apprécie          50
« Me renvoyez pas là-bas… Je me tuerai. »
Il se le répéta alors qu’ils roulaient dans la nuit, sous la pluie. Il crut que, s’il le disait assez souvent, sa prière serait exaucée, mais il n’en fut rien. Ils roulèrent sur des routes de campagne obscures, où il n’y avait guère de voitures, et de temps à autre ils tombaient sur un renard mort, ou un chat mort, étendu de tout son long, avec sa fourrure et ses entrailles écrasées que ça faisait pitié, comme s’il y avait une chose que ce renard ou ce chat avaient terriblement besoin de dire.

(p. 34-35)
Commenter  J’apprécie          50
Les mois s'écoulaient inexorablement, et Nell avait beau savoir que son ménage était condamné, elle ne pouvait rien faire d'autre que pleurer.
Commenter  J’apprécie          50
Mais moi j'avais envie de parler, de dire, Monsieur, vous n'êtes qu'à quelques mètres de moi, mais à des années-lumière d'elles dans leur cruelle captivité. Vous n'y étiez pas. Vous ne pouvez pas savoir ce qui a été fait. Vous vivez de pouvoir, et nous de l'impuissance.
Commenter  J’apprécie          50
J'ai été comblée d'une extase que je n'avais encore jamais connue. Des volutes de lumière emplissait la chambre et éclairait l'univers au-dehors. Tout était calme. En cet instant d'espoir et de bonheur sans mélange, ilm'a semblé que ces rayons inondaient les dimensions les plus noires du pays lui-même.
Commenter  J’apprécie          50
"Ce n'étaient que des mensonges, mais les mensonges peuvent être tout aussi convaincants et plaisants que la vérité dans les temps désespérés."
Commenter  J’apprécie          50
Il se met à pleurer, et ses dents mangent les larmes. Des sons pitoyables sortent du fond de lui, un désespoir d'enfant emprisonné dans l'être bouffi qu'il est devenu. Elle se penche et lui retire les cuillers, puis lui parle, tout doucement : "Mich, qu'est ce qu'il se passe ? Si tu me le dis pas, je peux pas savoir. Je peux pas t'aider.
Commenter  J’apprécie          50
En attendant, il y avait le vertige de la liaison, les multiples tours et détours, les sagesses reconsidérées, les alizés soufflant le chaud et le froid et de nouveau le chaud. Il est impossible de saisir l’essence de l’amour par l’écrit, seuls demeurent les symptômes, l’absorption érotique, l’immense disparité entre les temps passés ensemble et les temps de séparation, le sentiment d’être exclu. Je me souviens d’une amie me téléphonant pour me raconter une soirée dont Lochinvar était le principal invité, comment il s’était donné un coup de peigne en passant devant un miroir de l’entrée, et toutes les femmes qui l’adulaient. J’aurais marché sur l’eau pour être là-bas. Peut-être ma demande d’amour était-elle excessive pour lui faire une place dans la vie quotidienne.
Commenter  J’apprécie          50
Noël approchant, le chef de la compagnie des transports annonça qu'il n'était plus nécessaire que les gares de chemins de fer ressemblent aux gares victoriennes et que, de surcroît, histoire de bannir le spectre du rationnement, elles seraient éclairées pour susciter une "atmosphère de fête". Ainsi vit-on surgir des panneaux d'accueil décorés, des corbeilles de fleurs suspendues, des festons et des guirlandes électriques. Le plus grand arbre jamais vu dans la capitale était celui de Westland Row. Mais je rentrais à la maison par une autre gare, "Kingsbridge des âpres vents", avec dans ma valise un volume de l'autobiographie de Sean O'Casey, que j'avais emprunté. Je portais le même vieux manteau de tweed, mais avec une touche de flamboyance supplémentaire, une écharpe d'homme en soie blanche avec une somptueuse frange que j'avais achetée pour rien dans une boutique d'occasion. A mon arrivée, l'accueil fut furtif, et ma mère tripota les boucles d'or, comme si elles lui rappelaient d'une certaine façon sa jeunesse.
Le lendemain matin, n'ayant pas à enfourcher mon vélo, je dormis jusqu'à midi et elle me réveilla avec une théière et des doigts de pain grillé très délicatement découpés. Elle était curieuse de Dublin, du style dans les vitrines, des autels des nombreuses églises, des frères dans leurs robes brunes qui pressaient le pas dans les rues pour s'occuper des malades, et de nos cousins qui, même s'ils venaient chaque été et mangeaient comme des gloutons, étaient trop pingres pour nous offrir une tasse de thé.
Plus tard, j'allai aux champs. C'était glacial, l'herbe cassante et sèche, et l'on entendait le beuglement d'un animal à plus d'un kilomètre à la ronde. J'avais oublié à quel point j'aimais ces champs, mon haleine presque bleue dans l'air pur, nos deux chiens trottinant à côté de moi et détalant parfois quand un lapin était sorti de son trou comme une flèche et, dans sa bêtise affolée, commençait par se diriger vers eux, puis courait pour sauver sa peau. Les oiseaux voletaient et piquaient avec insouciance, se perchant parfois sur les fils du télégraphe d'où venait un sifflement vibrant. Puis soudain ils s'envolaient hardiment quelque part ailleurs et reprenaient, sans doute, leur concert. Je savais que je reviendrais toujours à Drewsboro, et pourtant que je n'y reviendrais jamais entièrement. Insouciante, je restai un bon moment dehors, poussai jusqu'aux collines pour voir la rivière, l'eau glacée claire comme le cristal, avec les cygnes sauvages qui frissonnaient dans ls joncs.
Les yeux de ma mère étaient furibards, avant même qu'elle n'ouvrît la bouche. Elle tenait le volume de l'autobiographie de Sean O'Casey ouvert à la page incendiaire. C'est à cela que j'occupais mon temps ? La voilà, leur récompense pour les sacrifices qu'ils avaient consentis afin de m'envoyer à Dublin ? J'étais troublée, n'ayant lu que les quarante premières pages, qui portaient sur la famille, le mouvement syndical et les rivalités de coulisses à l'Abbey Theatre. Je faillis défaillir quand elle lut tout haut :
Il se disait souvent, parmi les initiés, que si l'on voulait empêcher un moine d'enfourcher une nana, il fallait l'enfermer dans un cercueil de pierre et ne l'en laisser sortir que sous la garde d'une centaine de hallebardiers le temps de prendre une collation aux première, deuxième et troisième veilles du jour, mais comme ce gardiennage des dames était trop onéreux et lourd, les moines n'en faisaient qu'à leur tête, et il n'y avait pas une gamine de tout le vaste monde qui ne connût d'expérience une braguette, lors même que ses yeux étaient clos et son esprit en vadrouille.
Elle était sur le point de le brûler. Je l'implorai de ne pas le faire, expliquant que le livre n'était pas à moi et que je devais le rendre. Je la suppliai et la détestai.
Commenter  J’apprécie          50



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Edna O’Brien (1475)Voir plus

Quiz Voir plus

quiz star wars niveau 1 (facile)

comment s'appelle le fils d'anakin skywalker?

han
luke
r2-d2
jabba

10 questions
344 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}