AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Edward Abbey (792)


Le désert sera toujours là au printemps. Puis vient une seconde pensée. Lorsque je reviendrai, sera-t-il toujours le même? Serai-je le même? Tout sera-t-il un jour de nouveau à peu près le même? Si je reviens.
Commenter  J’apprécie          290
Lorsqu'un homme ne peut que craindre de boire l'eau des rivières et des torrents de son pays, alors ce pays ne vaut plus la peine qu'on y vive.
Commenter  J’apprécie          290
.
[...après cinq ans de vie dans l'Ouest américain... ] l'Europe m'apparut comme un monde contraint , étriqué et surpeuplé , et je pris conscience , partout , des longs siècles obscurs de travail forcé, de servitude et d'esclavage , qui avaient été nécessaires à la création de la beauté historique de l'Europe .
Au-dessus de chaque village au charme désuet plane l'ombre noire du château ou du manoir — symboles et témoignages de mille ans d'injustice .

Ce terrible héritage a pu être en partie transcendé à force de révolutions et de progrès , mais son souvenir traîne encore dans l'air , dans l'atmosphère , comme un lugubre écho de " la musique calme et triste de l'humanité " .
Commenter  J’apprécie          280
Je préférerais échanger des idées avec les oiseaux qui peuplent notre planète plutôt que d'apprendre à entretenir des communications intergalactiques avec quelque obscure race d'humanoïdes habitant un astre satellite du système de Bételgeuse.
Commenter  J’apprécie          270
- Je peux à peine penser si je ne peux pas jurer.
- C'est exactement cela, ... , vous êtes un handicapé verbal.
Vous utilisez vos obscénités comme des béquilles.
L'obscénité est une prothèse pour un esprit infirme.
Commenter  J’apprécie          270
Le désert gît en deçà et surgit au-delà de toute description humaine possible. En quoi il est sublime.
Commenter  J’apprécie          260
La musique occulte ne forme qu'une partie du répertoire des coyotes : ils varient le programme par des hurlements, jappements et aboiements plus conventionnels si ça leur chante. En général, ils arrêtent de hurler et se retirent dans les rochers, à l'abri, peu après le lever du soleil.
Commenter  J’apprécie          250
"Un pionnier détruit le monde et nomme son oeuvre civilisation."

John Hutchens (One's man Montana)
Commenter  J’apprécie          250
Loin au-delà du barrage, du réservoir, du fleuve et du pont, loin au-delà de la ville de Page, de la grand-route, des Indiens, des humains et de leurs chefs, s'étend le désert pourpre. Qui cuit sous le féroce soleil de juillet - la température au niveau du sol doit approcher les soixante-cinq degrés Celsius. Toutes les créatures sensées restent tapies à l'ombre ou laissent passer la chaleur du jour bien enterrées dans la relative fraîcheur du sous-sol immédiat. Aucun humain ne vit dans cette aridité rose. Il n'y a rien là qui arrête l’œil, l'empêche de se projeter loin, toujours plus loin, sur des lieues et des lieues de roche et de sable jusqu'aux parois verticales de la butte, de la mesa, du plateau qui forme le trait d'horizon à quatre-vingts kilomètres de là. Rien ne pousse ici que de rares touffes de blackbrush et bouquets de cactus, avec, çà et là, un genévrier rachitique aux ramures torses et angoissées. Un peu de navet de prairie, un peu de liane à serpent. Rien d'autre. Rien ne bouge hormis un pâle tourbillon, une titubante petite tornade de poussière qui s'effondre en une ultime embardée contre une colonne de pierre. Rien n'est là pour observer cette fin hormis un vautour planant dans les thermiques à neuf cents mètres de haut.
Commenter  J’apprécie          241
- Des hommes et des femmes dans la fleur de leur jeunesse, tels que Hayduke, tels que Bonnie, saignés à mort sans être blessés. Extension de la leucémie aigüe, cancer du poumon... Je pense que le mal est dans le la nourriture, dans le bruit, dans la surpopulation, dans le stress, dans l'eau, dans l'air. j'en ai trop vu Seldom. Et ça ne peut qu'empirer si nous les laissons mener à bien leurs plans. C'est pour cela.
- Pour cela que vous êtes ici?
- Très précisément.
Commenter  J’apprécie          240
Il avait une présence impressionnante - comme s'il était porteur d'un savoir ancien - et son regard suggérait une incapacité à s'accommoder des imbéciles

(in préface de Robert Redford)
Commenter  J’apprécie          240
Un homme à pied, à cheval ou à vélo voit plus, sent plus et savoure plus de choses en un seul mile qu' un touriste à moteur en cent.(page 86)
Commenter  J’apprécie          240
Savait-il. Pensait-il. Bien que mitigée d'une pointe de solitude, d'un je-ne-sais-quoi de triste, cette sensation de liberté était très exaltante. Le vieux rève de l'indépendance totale, de n'être redevable à nul homme et nulle femme, flottait sur ses jours comme les volutes d'un rêve fumeux, les illuminait comme un nuage scintillant au rebord noir d'orage. Car même Hayduke sentait, lorsqu'il considérait les choses en face, qu'une solitude extrême pouvait pousser à l'aliénation. Qu'il fallait être fou pour vouloir vivre radicalement seul. Quelque part dans les profondeurs de la solitude, au-delà de la liberté et de la sauvagerie, gisait le piège de la folie. Même le vautour, cet anarchiste à cou rouge et ailes noires, la plus indolente et la plus arrogante des créatures du désert, même le vautour aime se retrouver le soir en compagnie des siens pour bavarder un peu, perché sur les plus hautes branches de l'arbre le plus mort des environs, tous courbés et drapés dans leurs ailes noires, à caqueter de concert comme un conciliabule de prêtres comploteurs. Même le vautour - pensée ahurissante - connaît l'appel du nid, s'accouple quelque temps, couve une poignée d'œufs, fait des petits.
Commenter  J’apprécie          230
Comme tous les braves cow-boys d'aujourd'hui ou d'hier,
il vivait de galops et de vent et d'étoiles
et d'une chanson à lui pour garder son cœur fier
et d'une chanson à lui pour garder son cœur fier

[extrait de La ballade du brave cow-boy]
Commenter  J’apprécie          230
Page, Arizona : 13 églises, 4 bars. toute ville possédant plus d'églises que de bar est une ville qui a un problème. C'est une ville qui cherche les problème. Et ils essaient même de christianiser les indiens. Comme si les indiens n'étaient pas déjà assez pénibles comme ça.
Commenter  J’apprécie          230
La première chose qu'ils virent, ce furent des amoncellements de terre remuée, des bancs stériles en formations parallèles, des alignements de roches, et du sol retourné qui ne nourrirait plus jamais une seule racine d'herbe, de buisson ou d'arbre (sur la durée de vie probable de la nation navajo, vendue, trompée, trahie).
Ils virent ensuite un excavateur Euclid, avec une cabine située à vingt pieds de haut, venant droit sur eux, tous phares allumés, cornant comme un dinosaure blessé, la cheminée d'échappement crachant une fumée noire. Au volant, un fermier déraciné de l'Oklahoma ou du Texas, secoué comme un sac de noix, le pied sur l'accélérateur, les regardait derrière des lunettes de soleil foncées, un masque antipoussière sale pendu à son cou. Bonnie eut tout juste le temps de quitter la route avant un choc fatal.
Elle alla se garer à l'ombre et sous le couvert d'un bosquet de pins pignons. Ils gagnèrent ensuite à pied la hauteur la plus proche pour une observation à la jumelle.
Ce qu'ils virent est difficile à décrire avec les mots d'un quelconque langage humain. Bonnie pensa à une invasion de Martiens, à La guerre des mondes. Ke capitaine Smith se souvint de la mine Kennecott's à ciel ouvert (la plus grande du monde, disait-on) près de Magna dans l'Utah. Le docteur Sarvis songea à la chaîne d'oligarchies et d'oligopoles impliqués : Peabody Coal n'était qu'un bras de Kennecott Copper, Kennecott qu'un membre de l'United States Steel, elle-même impliquée dans des relations incestueuses avec le Pentagone, Standard Oil, General Dynamics, Dutch Shell, I.G. Farben Industries, le tout formant un conglomérat s'étendant sur la moitié de la planète Terre, comme un monstre aux multi-tentacules, à la vision totale, au bec courbe, ayant pour cerveau une banque de données, pour sang un flux de monnaie, pour coeur une pile atomique et pour langage le monologue technotronique de nombres imprimés sur une bande magnétique.
George Washington Hayduke, lui, eut la vision la plus simple et la plus claire : il pensa au Vietnam.
Commenter  J’apprécie          230
Que puis-je dire à ces gens ? Comment puis-je libérer, désincarcérer ces mollusques à roulettes enfermés dans leurs coquilles de métal hermétique ? La voiture comme boîte de conserve, le ranger du parc comme ouvre-boîte. Hé ho ! ai-je envie de crier, hé ho les gars, bon sang sortez de vos foutues machines, enlevez-moi ces putains de lunettes de soleil et ouvrez grand les yeux, regardez autour de vous ; jetez-moi ces satanés foutus appareils photo ! Bon Dieu les gars, qu'est-ce que c'est que cette vie, si à tant s'inquiéter il n'est de temps pour s'arrêter, pour contempler ? Hein ? Enlevez un peu vos chaussures, descendez la braguette, pissez joyeusement, plantez les orteils dans le sable chaud, éprouvez-moi cette terre crue et rude, cassez-vous un peu les ongles de pied, que du sang coule ! Et pourquoi pas ? Bon sang, Madame, ouvrez-moi cette fenêtre ! Vous ne voyez rien du désert si vous ne le sentez pas. C'est poussiéreux ? Bien sûr que c'est poussiéreux – c'est l'Utah ! Mais c'est de la bonne poussière, de la bonne poussière rouge de l'Utah, riche en ferraille, riche en raillerie. Coupez-moi ce moteur. Sortez de cette caisse de tôle et étirez un peu ces jambes variqueuses, enlevez votre soutien-gorge et prenez un peu de soleil sur vos vieux trayons ridés ! Et vous, Monsieur, qui regardez la carte pendant que votre radiateur bout et qu'un tampon de vapeur bouche votre circuit d'essence, exfiltrez-vous de cette boîte de merde chromée siglée GM et allez marcher un peu – oui, laissez donc la vieille bourgeoise et les gnards hurlants, tournez-leur le dos et allez marcher droit dans les canyons, perdez-vous un moment, revenez quand foutu bon vous semble, ça vous fera sacrément bien à vous et à elle et à eux. Et aussi : lâchez un peu la grappe à vos enfants, laissez-les sortir, qu'ils aillent escalader les rochers et chasser les serpents à sonnette et les scorpions et les fourmis rouges – oui, Monsieur, laissez-les sortir, libérez-les ; comment osez-vous emprisonner des petits enfants dans votre foutue carriole toutes options sauf les chevaux ? Oui, Monsieur, oui, Madame, je vous en conjure, sortez de vos fauteuils roulants motorisés, levez vos culs vulcanisés, tenez-vous debout comme des hommes ! comme des femmes ! comme des humains ! et marchez – *marchez* – MARCHEZ sur notre terre douce et sacrée.
Commenter  J’apprécie          230
"Je ne suis pas ici seulement pour échapper un temps au tumulte, à la crasse et au chaos de la machine culturelle, mais aussi pour me confronter de manière aussi immédiate et directe que possible au noyau nu de l'existence, à l'élémentaire et au fondamental, au socle de pierre qui nous soutient. Je veux être capable de regarder et d'examiner un genévrier, un morceau de quartz, un vautour, une araignée, et de voir ces choses comme elles sont en elles-mêmes, vierges de toute qualité attribuée par l'homme, catégories scientifiques comprises. Voir Dieu ou la Méduse face à face, même si cela implique de risquer tout ce que j'ai d'humain en moi. Je rêve d'un mysticisme âpre et brutal dans lequel le moi dénudé se fonde dans un monde non humain et y survit pourtant, toujours intact, individué, discret. Paradoxe et socle de pierre."
Commenter  J’apprécie          230
Content, Hayduke se tape une autre bière, la dernière des six achetées à Flagstaff, et conduit sa jeep vers la rivière à la vitesse tranquille et raisonnable de soixante-dix miles à l'heure en braillant une chanson incohérente. Il est en fait un danger pour les autres conducteurs mais il se justifie de cette manière : si vous êtes sobre ne conduisez pas, si vous buvez conduisez comme un fou. Pourquoi ? Tout simplement parce que le pied c'est la liberté, pas la sécurité. Parce que les routes devraient être largement ouvertes à tous : enfants sur des tricycles, petites vieilles dans des Plymouth Eisenhower, lesbiennes homicides conduisant des tracteurs à remorque Mack de quarante tonnes. Foin des choix, des permis, au diable les codes de la route. Que nos routes accueillent tout le monde.
Commenter  J’apprécie          230
Edward Abbey
Durant presque toute ma vie, l’esprit de Thoreau a hanté le mien. Il me semble aujourd’hui approprié de le relire. Quel meilleur endroit pour le faire que sur cette rivière dorée que l’on appelle la Green ? Dans la tranquillité limpide du mois de novembre ? Entre des canyons de roche rouge qui se nomment Labyrinth, Stillwater et Cataract, dans une des plus douces, des plus lumineuses, des plus majestueuses et des plus solitaires des régions primitives que nous avons encore en Amérique ?
Commenter  J’apprécie          222



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Edward Abbey Voir plus

Quiz Voir plus

Premier quiz des Cosmolecteurs

Combien y a-t-il de personnes dans la chambre 213 ?

5
4
2
3

25 questions
1 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}