Citations de Emil Cioran (2656)
Le regret exprime sur un plan affectif un phénomène profond : l’avancée dans la mort par le fait de vivre. Je regrette ce qui est mort en moi, la partie morte de moi-même. […] Le regret révèle la signification démoniaque du temps qui, par le biais des transformations qu’il suscite en nous, entraîne implicitement notre anéantissement.
Je ne comprends pas comment il est possible que dans ce monde il y a des gens indifférents, comment il est possible qu'il y a des âmes qui ne se tracassent, des coeurs qui ne brûlent pas, des sentiments qui ne vibrent pas, des larmes qui ne se versent pas. Il faudrait être interdits les spectateurs et tous ceux qui font de la distance (l'indifférence) une vertu.
(Ma traduction du roumain, faute de la variante française)
Nu înțeleg cum pot exista oameni indiferenți în această lume, cum pot exista suflete care nu se chinuiesc, inimi care nu ard, simțiri care nu vibrează, lacrimi care nu plîng. Ar trebui să fie interziși spectatorii și toți acei care din distanță fac o virtute.
Ce qui irrite dans le désespoir, c'est son bien-fondé, son évidence, sa "documentation" : c'est du reportage. Examinez, au contraire, l'espoir, sa générosité dans le faux, sa manie d'affabuler, son refus de l'événement : une aberration. une fiction. Et c'est dans cette aberration que réside la vie, et de cette fiction qu'elle s'alimente.
Tel que relevé pour "Les fils de la pensée" https://filsdelapensee.ch/
Je passe mon temps à conseiller le suicide par écrit et à le déconseiller par la parole. C'est que dans le premier cas il s'agit d'une issue philosophique ; dans le second, d'un être, d'une voix, d'une plainte...
La folie : un paroxysme du lyrisme?
Ne regarde ni en avant ni en arrière, regarde en toi-même, sans peur ni regret. Nul ne descend en soi tant qu'il demeure esclave du passé ou de l'avenir.
Le public se précipite sur les auteurs dits "humains"; il sait qu'il n'a rien à craindre : arrêtés, comme lui, à mi-chemin, ils lui proposeront un arrangement avec l'Impossible, une vision cohérente du chaos.
Les hommes n’ont pas encore compris que le temps des engouements superficiels est révolu, et qu’un cri de désespoir est bien plus révélateur que la plus subtile des arguties, qu’une larme a toujours des sources plus profondes qu’un sourire. Pourquoi refusons-nous d’accepter la valeur exclusive des vérités vivantes, issues de nous-mêmes ?
Un livre doit remuer des plaies, en provoquer même. Un livre doit être un danger.
Nous sommes tous des farceurs, nous survivons à nos problèmes.
Toute amitié est un drame inapparent, une suite de blessures subtiles.
Rares sont les jours où, projeté dans la post-histoire, je n'assiste pas à l'hilarité des dieux au sortir de l'épisode humain.
Il faut bien une vision de rechange, quand celle du Jugement ne contente plus personne.
Tout est possible, et rien ne l’est ; tout est permis, et rien. Quelle que soit la direction choisie, elle ne vaudra pas mieux que les autres. Réalisez quelque chose ou rien du tout, croyez ou non, c’est tout un, comme il revient au même de crier ou de se taire. On peut trouver une justification à tout, comme aussi bien aucune. Tout est à la fois réel et irréel, logique et absurde, glorieux et plat. […] Résistez quand il ne faut pas et soyez lâche quand il faut résister. Qui sait –vous y gagnerez peut-être. Et, de toute façon, qu’importe si vous y perdez ? Y a-t-il quelque chose à gagner ou à perdre dans ce monde ? Tout gain est une perte, comme toute perte un gain.
L'homme devrait cesser d'être - ou de devenir- un animal doué de raison. Il ferait mieux de devenir un être insensé qui risquerait tout à chaque instant - un être capable d'exaltations et de fantasmes dangereux, qui pourrait mourir de tout ce qu'offre la vie comme de tout ce qu'elle n'offre pas. Chaque homme devrait avoir pour idéal de cesser d'être homme.
"Je ne peux faire de différence entre les larmes et la musique" (Nietzsche). Celui qui ne saisit pas cela instantanément n'a jamais vécu dans l'intimité de la musique. Toute vraie musique est issue de pleurs, étant née du regret du paradis.
Quelle bizarrerie, lorsqu'on a compris que les êtres sont des ombres et que tout est vain, de s'éloigner du monde pour trouver le sens, le seul sens, dans la contemplation du Rien, quand on pouvait fort bien rester parmi les ombres et le rien de chaque jour. D'où vient ce besoin de superposer au néant effectif un Néant suprême ?
Nous sommes tous des farceurs : nous survivons à nos problèmes.
Toute existence est, nécessairement, un processus de décomposition.
Ainsi, vous avez connu la vieillesse, la douleur et la mort, et vous avez conclu que le plaisir est une illusion, que les jouisseurs, en proie à cette illusion - la plus grande de toutes - ne comprennent rien à l'instabilité des choses. Alors vous avez fui le monde, persuadé du caractère éphémère de la beauté et de tous les charmes d'ici-bas.
X, que je n’apprécie pas spécialement, était en train de raconter une histoire si stupide que je m‘éveillai en sursaut. Ceux que nous n’aimons pas brillent rarement dans nos rêves.