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Citations de Ernst Jünger (511)


"Ici, la guerre qui d'habitude nous enlève tant, nous apporte quelque chose, elle nous apprend la communauté virile et remet à leur vraie place des valeurs à moitié oubliées."
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Les lys constituent une famille de rois, une lignée princière. D'où peut bien venir la grande consolation, la gratification que nous trouvons dans les fleurs ? J'y ai songé. Tout d'abord elle est certainement tellurique et érotique, puisque les fleurs sont les organes nuptiaux, les pousses amoureuses de la terre maternelle. Les noces des fleurs sont parfaites, et même la suprême splendeur des parades animales ne l'égale pas. Il semble que les lois cosmiques se dévoilent dans leur pureté native, voire paradisiaque. Peut être le rapport du soleil aux planètes est-il de même nature. Qui connaît les vertus qu'ils échangent entre eux ?
Et puis, la contemplation des calices contient aussi une volupté de l'esprit. Leur silence est si profond, si convaincant, si symbolique ! Dans chaque jardin paysan, à chaque lisière de champ, on voit briller des mosaïques et des bandes d'écriture colorée. Où pressent-on aussi clairement la possibilité, l'existence de mondes supérieurs au nôtre ? C'est un nectar divin, le vin de l'éternelle jeunesse, qui resplendit dans les calices. (p. 840)

La cabane dans la vigne
Kirchhorst, 14 avril 1945
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La lune était si claire qu'on aurait pu lire a sa lumière.
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ENDIVES VIOLETTES
J'entrai dans ce riche magasin de mangeailles parce qu'une espèce toute particulière d'endives violettes exposées en vitrine avait attiré mon attention. Je ne fus pas surpris d'entendre le vendeur m'expliquer que la seule viande à laquelle on pût joindre ce légume était la viande d'homme, je dirais plutôt que j'en avais eu l'obscur pressentiment.
Suivit un long entretien sur la façon de préparer le plat ; puis nous descendîmes dans les glacières, où je vis les hommes, suspendus aux parois comme les lièvres à l'éventaire d'un marchand de gibier. Le vendeur insista particulièrement sur le fait que j'avais devant moi des pièces provenant sans exception de la chasse, et non point engraissées en série dans les élevages : "plus maigre, mais - je ne dis pas ceci pour faire de la réclame - beaucoup plus aromatique." Les mains, les pieds et les têtes étaient exposés à part dans des plats, et l'étiquette avec le prix était piquée dedans.
Comme nous remontions dans l'escalier, je fis cette remarque : "J'ignorais que dans cette ville on eût déjà atteint ce degré de civilisation." Le vendeur, un instant, parut s'étonner ; puis il prit congé de moi sur un courtois sourire.
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Les lois naturelles même semblaient suspendues. L'air tremblait comme aux jours brûlants d'été, et ses papillotements faisaient danser de-ci de-là des objets immobiles. Des bandes d'ombre noire filaient à travers les nuages de fumée. Le vacarme était devenu absolu : on ne l'entendait plus. On ne notait que confusément comme des mitrailleuses, dans notre dos, lançaient par milliers leurs essaims de plomb en plein ciel.
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La solitude des jardins qui s'étendaient comme ensorcelés sous la chaleur offrait un aspect plus aimable. Lorsque les résidences humaines sont dévastées, l'épouvante vient bientôt s'y nicher, il en émane comme une haleine de tombeaux grands ouverts. Et le voyageur qui passe devant elles ressent l'obscure impression qu'on a détruit là un bonheur qui ne refleurira jamais. 
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Ernst Jünger
A la guerre, on apprend à fond son métier ; mais les leçons se paient cher.
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Ce fut la première fois où je vis à l'œuvre la destruction préméditée, systématique, que j'allais rencontrer jusqu'à l’écœurement dans les années suivantes ; elle est en corrélation étroite avec les doctrines économiques de notre temps et rapporte au destructeur lui-même plus de tort que de profit.
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Nous avons fois dans les hommes de solitude, parce que nous brûlons de vivre un rapport spirituel plus profond que ceux que nous trouvons parmi nous.
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Ernst Jünger
J’ai appris dès 1914 à travailler dans le voisinage du danger. A notre époque, il faut jouir d’un calme de salamandre si l’on veut parvenir à ses fins.
Cela vaut particulièrement de la lecture que l’on poursuit à travers des phases heureuses et funestes de la vie ; s’il l’on y ajoute chaque jour quelques briques, on peut, après soixante ou quatre-vingts ans, habiter un palais.
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Ce qui importe n'est pas que nous vivions mais qu'il redevienne possible de mener dans le monde une vie de grand style et selon de grands critères. On y contribue en aiguisant ses propres exigences.
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Dans les batailles qui menaient tout droit aux chasses à l'homme, aux embuscades, aux incendies, les partis perdirent toute mesure. On eut bientôt l'impression qu'ils se considéraient à peine entre eux comme des êtres humains, et leur langage s'emplit d'expressions qui n'ont cours d'habitude que parmi cette engeance qu'on doit extirper, détruire et passer par le feu. Ils ne savaient reconnaître le crime que dans le parti opposé, cependant qu'ils tiraient gloire chez eux de ce qui chez l'adversaire méritait le mépris.
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Une erreur ne devient une faute que lorsqu’on ne veut pas en démordre.
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Lucius avait vu dans ses voyages les havres morts sur les côtes lointaines, les pâles villes au bord du désert. Les puits forés sur l'ordre d'Iskander étaient taris, et disparues avec eux les fleurs des jardins qui mettaient autour d'eux leur voile. Les maisons et les palais, les hauts obélisques et les tours magiques, au pied desquelles tournait l'ombre, portaient témoignages d'une vie qui s'en est allée. Des tombeaux et des catacombes subsistaient en ce monde. Tout tombait en poussière, les fleurs, les fruits, les seins des belles femmes, le bras des guerriers et le front des rois. Les villes mortes semblaient des coquillages qui s'effritaient au bord de la mer. Il en restait des noms, comme Troie, Thèbes, Cnosse, Carthage, Babylone. "Damas ne sera plus une ville, mais un tas informe de pierre." Puis les noms disparaissaient à leur tour, comme s'efface une inscription sur les dalles des tombeaux.
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Vous avez raison -pour leurs rêves, les hommes sacrifient nourriture et boisson. Et l'avare lui-même, qui entasse l'or pour y plonger ses mains quand il est seul, est au nombre des rêveurs; car il tient moins à l'or pris en lui-même, qu'à ses virtualités secrètes et magiques.
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Les changements du mode de sépulture marquent les phases principales de l'histoire; la simple transformation des styles reste, au prix d'eux, éphémère. Jusqu'aux Embrasements, on avait enseveli les morts dans la terre. Cependant, la secte de ceux qui préféraient les livrer aux flammes s'était sans cesse accrue. On n'avait que plus tard vu dans ce fait l'un des présages qui annonçaient le monde de l'anéantissement.
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Telle est l'ouverture; suivent des flâneries sur le port, à travers les bazars et des quartiers populeux. L'aspect des hommes qui y grouillent avive ma gaieté. Moins je connais leurs noms, leurs intérêts, leur langage, et plus le sens secret m'en apparaît. Ils sont illuminés du dedans.
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Mon anglais était étendu devant - un jeune garçon à qui ma balle avait traversé le crâne de part en part. Il gisait là, le visage détendu. Je me contraignis à le regarder dans les yeux. Je suis souvent revenu en pensée à ce mort, et plus fréquemment d'année en année. Il existe une responsabilité dont l'Etat ne peut nous décharger ; c'est un compte à régler avec nous-mêmes. Elle pénètre jusque dans les profondeurs de nos rêves.
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Quand la pression extérieure croît et que les mauvaises nouvelles s'accumulent, quand la perception du désastre vous hante durant des nuits avec la force du cauchemar, l'esprit cherche et trouve un refuge non seulement dans le passé, dans les pensées et les formes léguées par nos pères, mais aussi dans la solitude des forêts, dans les vergers et les jardins fleuris, les bibliothèques, les mondes du rêve. Il examine les différentes voies qui se recoupent dans la catastrophe en laquelle elles convergent avant d'en diverger pour s'ouvrir à de nouvelles possibilités, de nouveaux espoirs. Inespérée, une aide lui échoit en partage (p. 1079).

Bâle, 12 aoüt 1958
Appendice - Préface D' "Années d'occupation" (1958)
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Le froid est tel qu'il est à peine possible de tenir ses livres en main ; aussi ai-je l'habitude de me bâtir le soir, au moyen de deux couvertures, une sorte de yourte, éclairée par l'ampoule électrique que j'y introduis au bout d'une rallonge.
C'est dans ces circonstances que je relis une fois de plus Les Milles et une Nuits, dans l'édition Insel avec un plaisir sans égal. Quel bonheur que d'avoir pu sauver ce trésor d'entre mes livres ! C'est justement à l'heure actuelle que l'on peut y trouver pour sa délectation ce que Stendhal y louait, et ce que Hugo Von Hofmannsthal répète dans sa préface : " Un livre qui fait d'une prison le plus exquis des séjours. "
Cette préface d'Hofmannsthal à saisi l'Orient en son coeur même : comme l'une des grandes régions de notre âme, comme notre pays du Levant. (p. 1006)

La cabane dans la vigne
Kirchhorst, 13 décembre 1945
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