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Citations de Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (209)


J'étais à Berlin, très jeune, j'avais seize ans, et je me livrais à l'étude de mon art, du fond de l'âme, avec tout l'enthousiasme que la nature m'a départi. Le maître de chapelle Haak, mon digne et très rigoureux maître, se montrait de plus en plus satisfait de moi. Il vantait la netteté de mon coup d'archet, la pureté de mes intonations; et bientôt il m'admit à jouer du violon à l'orchestre de l'Opéra et dans les concerts de la chambre du roi. Là j'entendais souvent Haak s'entretenir avec Duport, Ritter et d'autres grands maîtres, des soirées musicales que donnait le baron de B***, et qu'il arrangeait avec tant d'aptitude et de goût que le roi ne dédaignait pas de venir quelquefois y prendre part. Ils citaient sans cesse les magnifiques compositions de vieux maîtres presque oubliés qu'on n'entendait que chez le baron, - qui possédait la plus rare collection de morceaux de musique anciens et nouveaux; - et s'étendaient avec complaisance sur l'hospitalité splendide qui régnait dans la maison du baron, sur la libéralité presque incroyable avec laquelle il traitait les artistes. Ils finissaient toujours par convenir d'un commun accord qu'on pouvait le nommer avec raison l'astre qui éclairait le monde musical du Nord.
Tous ces discours éveillaient ma curiosité; elle s'augmentait encore bien davantage lorsqu'au milieu de leur entretien les maîtres se rapprochaient l'un de l'autre, et que, dans le bourdonnement mystérieux qui s'élevait entre eux, je distinguais le nom du baron, et que, par quelques mots qui m'arrivaient à la dérobée, je devinais qu'il était question d'études et de leçons musicales. Dans ces moments-là, je croyais surtout apercevoir un sourire caustique errer sur les lèvres de Duport; et mon Maître était surtout l'objet de toutes les plaisanteries dont il se défendait faiblement jusqu'au moment où, appuyant son violon sur son genou pour le mettre d'accord, il s'écriait en souriant: - Après tout, c'est un charmant homme!
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Sans doute, tu t'es réveillé de ton rêve... Mais à quoi bon ? Il t'en est resté le ravissement inexprimable dont la blessure meurtrière, sous les apparences de la vie ordinaire, ne cesse de déchirer l'âme... n'est-il pas vrai ? Autour de toi, tout te semble alors désert, sinistre, exsangue. C'est ton rêve seul, as-tu pensé, qui constitue la vraie réalité de ton existence, et ce que tu tenais jusqu'à présent pour ta vie normale n'est qu'une aberration de tes sens égarés. Toutes tes pensées ont finalement convergé au foyer, au calice embrasé de la suprême ardeur, tabernacle de ton suave mystère, contre l'anarchie aveugle et sauvage de la vulgarité quotidienne.
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Le sureau frissonna et dit : "Tu étais étendu dans mon ombre, mon arôme t'enveloppait mais tu ne me comprenais point. Mon arôme est mon langage, lorsque l'amour l'enflamme." Le vent du soir le frôla et murmura : "Je caressais ton front, mais tu ne me comprenais point. Le souffle est mon langage, lorsque l'amour s'enflamme." Les rayons du soleil trouèrent les nuages et ce fut comme un flamboiement de paroles : "J'épanchais sur toi l'or de mes feux, mais tu ne me comprenais point. Le feu est mon langage, lorsque l'amour l'enflamme."
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Casse-Noisette était très pâle ; mais il lui fit un sourire mélancolique et si aimant, que Marie en
fut touchée jusqu’au fond du cœur.
– Ah ! Casse-Noisette, dit-elle très bas, ne sois pas fâché contre mon frère Fritz, qui t’a fait tant
de mal ; il n’avait pas de mauvaises intentions. Seulement il est devenu un peu brutal en vivant
avec les rudes soldats ; mais c’est un très bon enfant, je t’assure. Moi je te soignerai bien tendrement jusqu’à ce que tu sois devenu gai et bien portant.
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Ô belle patrie! Nuremberg! la belle ville! s'écria-t-il, qui ne t'a pas vue, lors même qu'il aurait été à Londres, à Paris et à Petervardein, n'a pas encore eu le cœur ouvert, et doit toujours soupirer vers toi, Nuremberg, aux belles maisons garnies de fenêtres!
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L'ivresse et les douces espérances de messire Luktens se changèrent en désolation, quand, au lieu du joli garçon que la vieille Barbara Rollofin avait annoncé, sa femme mit au monde un monstre abominable. Ce phénomène était tout brun, avait deux cornes, de grands et gros yeux, point de nez, une bouche colossale, une langue blanche et contournée, et point de cou. Sa tête se trouvait fichée entre les épaules, son corps était ridé et gonflé ; ses bras étaient attachés aux reins, et ses cuisses étaient grêles et minces.
Messire Lutkens éclata en plaintes et en sanglots : "Juste ciel ! s'écria-t-il, qu'est ce que cela va devenir ? A-t-on jamais vu un conseiller tout brun avec deux cornes sur la tête ?"
(Le diable à Berlin)
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Lorsque ce dernier se mit à parler des goûts singuliers que les femmes éprouvaient dans cet état, et auxquels elles ne pouvaient résister sans nuire à leur santé et même à celle de l'enfant, la comtesse accabla le médecin de questions, et celui-ci ne se lassa pas de lui citer les faits les plus burlesques :
- Cependant, ajouta-t-il, on a aussi des exemples d'envies déréglées, qui ont poussé des femmes à d'horribles actions. Ainsi, la femme d'un forgeron eut un désir irrésistible de manger de la chair de son mari ; elle fit de vains efforts pour le combattre, et un jour que le forgeron était rentré ivre chez lui, elle l'assaillit un couteau à la main, et le déchira d'une manière si cruelle qu'il expira quelques heures après.

(La femme vampire)
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Des voix singulières murmurent et chuchotent à travers les arbres et le bosquet, et, montant toujours, elles semblent se transformer en chant et en éclat d'orgue. C'est le bruit qui vient du lointain.
Des hommes austères, habillés de vêtements à larges plis, se promènent silencieusement sous les berceaux du jardin, le regard pieusement tourné vers le ciel. Les statues des saints, devenues vivantes, seraient-elles descendues de leurs chapiteaux ? L'effroi mystérieux des légendes et des récits étonnants que ces lieux ont fait naître plane sur vous. On dirait que tout se passe encore sous vos yeux et l'on se plaît à le croire...
C'est dans cette disposition d’esprit qu'il faut lire l'histoire de Médard, et alors les visions étranges du moine vous sembleront quelque chose de plus que le jeu déréglé d'une imagination exaltée.

Les élixirs du diables - Préface de l'auteur
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je parvins à acquérir cette éducation des gens du monde qu’on appelle la galanterie, et qui n’est rien d’autre qu’une souplesse extérieure du corps, grâce à laquelle on semble toujours être à l’aise, où que l’on aille et où que l’on se trouve...
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Un bruit assourdissant, le cri répété: «Le théâtre commence !» me tirèrent du doux sommeil dans lequel j’étais tombé. Les basses murmuraient de concert, – un coup de timbales, – un accord de trompettes, un ut échappé lentement d’un hautbois, – les violons qui s’accordent : je me frotte les yeux. Le diable se serait-il joué de moi dans mon enivrement ? Non, je me trouve
dans la chambre de l’hôtel où je suis descendu hier, à demi-rompu. Précisément au-dessus de mon nez, pend le cordon rouge de la sonnette. Je le tire avec violence. Un garçon paraît.
– Mais, au nom du ciel, que signifie cette musique confuse, si près de moi? va-t-on donner un concert dans la maison ?
( Don Juan)
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Pourquoi t'apitoyer ainsi sur celle que le Ciel dans toute sa toute-puissance, a jugée digne de quitter la terre au moment même où, comprenant le néant de ce monde, son cœur était rempli d'une immense nostalgie qui l'attirait vers le royaume de l'éternelle félicité ?
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"Nous vivrons ensemble et nous pratiquerons la vraie magie, que tous reconnaissent sans y croire."
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"Après un sommeil léthargique et profond on revient paisiblement à la vie, en se souvenant qu'on existe."
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Mes premiers souvenirs me retracent, comme à travers un voile, les charmantes images du cloitre et de l'admirable église du Saint-Tilleul. J'entends encore murmurer autour de moi la sombre forêt, je me sens encore enveloppé par le parfum des graminées luxuriantes, des fleurs multicolores qui furent mon berceau. Aucune bête venimeuse, aucun insecte nuisible ne s'approche du sanctuaire des êtres bénis ; ni le bourdonnement des mouches, ni le cri du grillon n'interrompent le silence sacré, coupé seulement par les chants liturgiques des prêtres.
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Il est certain que chaque pas fait en dehors du cercle où vivent ceux que nous aimons paraît, à la douleur de la séparation, la distance la plus immense.
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On cite même le cas de ce poète frappé dans ses affections et qui, perdant successivement son père, sa mère, son épouse, avait cru, comme c'est la règle, qu'il y laisserait sa raison, mais qui, songeant au magnifique poème funèbre qui allait lui être inspiré, s'était au bout du compte trouvé loin d'être inconsolable ; l'histoire ajoute qu'il se remaria uniquement pour ne devoir pas renoncer à connaître encore d'autres exaltations tragiques de cet ordre.
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Il est dans la nature de l'homme d'éprouver un vif dépit lorsque le péril qui le terrifiait devient sous ses yeux un vil épouvantail sans consistance. Ce qui lui fait plaisir, c'est l'idée d'avoir échappé à un danger réel, et non que le risque ait été imaginaire.
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(...) demandons-nous plutôt comment nous allons maintenant nous y prendre avec le Prince ! Que le diable emporte toute la diplomatie, et tout le droit public et toutes les lois de la cour, en cette maudite situation !... Faut-il que je l'ignore... que je le rencontre par hasard ?... Faut-il ?... faut-il ?... Tout tourbillonne dans ma tête. Voilà ce qui arrive lorsque des têtes couronnées s'abaissent à d'extraordinaires facéties bonnes pour des romans !
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Nathanaël aperçut alors sur le parquet une paire d'yeux sanglants qui le regardaient fixement. Spalanzani les saisit et les lui lança si vivement qu'ils vinrent frapper sa poitrine. Le délire le saisit alors et confondit toutes ses pensées. - Hui, hui, hui... s'écria-t-il en pirouettant. Tourne, tourne, cercle de feu !... tourne, belle poupée de bois... Allons, valsons gaiement !... gaiement belle poupée !...

L'homme au sable
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Je tressaillis, et je tombai sur le parquet, violemment terrassé par une horreur puissante. Coppelius me saisit alors. - Un petit animal ! un petit animal ! dit-il en grinçant affreusement des dents. A ces mots, il me jeta sur le fourneau dont la flamme brûlait déjà mes cheveux. - Maintenant, s'écria-t-il, nous avons des yeux, - des yeux, _ une belle paire d'yeux d'enfant ! Et il prit de ses mains dans le foyer une poignée de charbons en feu qu'il se disposait à me jeter au visage lorsque mon père lui cria les mains jointes : - Maître : maître ! laisse les yeux de mon Nathanaël.
Coppelius se mit à rire d'une façon bruyante. - Que l'enfant garde donc ses yeux, et qu'il fasse son pensum dans le monde ; mais, puisque le voilà, il faut que nous observions bien attentivement le mécanisme des pieds et des mains.
Ses doigts s'appesantirent alors si lourdement sur moi, que toutes les jointures de mes membres en craquèrent, et il me fit tourner les mains, puis les pieds, tantôt d'une façon, tantôt d'une autre. - Cela ne joue pas bien partout ! cela était bien comme cela était ! Le vieux de là-haut a parfaitement compris cela !

L'homme au sable
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