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Critiques de Erwan Larher (218)
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Le livre que je ne voulais pas écrire

Je n’aime pas l’autofiction, je n’aime pas les auteurs (souvent français) qui sous couvert d’écrire un roman se répandent dans un écrit autobiographique. Je n’aime pas parce que je fuis le voyeurisme le plus possible et parce que, souvent, la vie des autres (aussi célèbres soient-ils) ne m’intéresse guère, surtout lorsque l’écriture ne suit pas.



J’apprécie Erwan Larher, parce que c’est un romancier, un vrai, qui invente des histoires mais aussi une langue, la sienne, si riche, si puissante.



Mais, le 13 novembre 2015, il est au mauvais endroit, au mauvais moment. Il ne voulait pas l’écrire, ce livre, mais il l’a fait, sous la pression de ses amis, de ses proches, parce qu’il était capable de le faire, à sa façon.



Lorsque j’ai lu Marguerite n’aime pas ses fesses, je ne savais pas qu’il était un des rescapés du Bataclan, et pourtant je me souviens avoir lu ses remerciements à la fin du roman, je me souviens m’être posée des questions (le lieu n’étant pas nommé), je me souviens vaguement l’avoir oublié aussi vite pour me concentrer uniquement sur la qualité littéraire de son roman. L’avoir enfoui sous des milliers d’autres pages lues depuis. Quelle ne fut pas ma stupéfaction de découvrir, le mois dernier, qu’Erwan Larher sortait un nouveau livre mais que, cette fois, il parlait de lui, et de lui au Bataclan.



Il a décidé d’écrire ce texte à la seconde personne, et quelle bonne idée ! Ce procédé m’agace parfois lorsqu’il est un artifice d’écrivain, mais ici, il prend tout son sens. Il s’adresse à l’homme qui a vécu cette terrible épreuve, à l’homme d’alors, pris dans la tourmente des événements.



C’est un livre qui prend aux tripes, parce qu’il rejette tout pathos, parce qu’il mêle humour, terreur et réalisme, parce qu’il n’y a nulle colère, nul ressentiment. Vous ne vouliez pas écrire ce livre, Erwan (permettez-moi de vous appeler par votre prénom), et nous, nous souffrons à lire certains passages. Heureusement, vous y mettez beaucoup d’autodérision et vous relatez drôlement bien certains épisodes, et notamment (un exemple parmi d’autres) cette morsure de vipère qui m’a amené le sourire aux lèvres et m’a permis de respirer un peu.



« Tu ne sais pas relater. Relater t’ennuie. Tu aimes imaginer »



Certes, et vous imaginez avec talent mais vous relatez aussi merveilleusement bien. Je suis désolée de vous contredire. Et pourtant, comme vous, je suis une lectrice qui a besoin d’une histoire.



Mais tout n’est pas relaté à la seconde personne du singulier, lorsqu’Erwan Larher s’adresse à un terroriste imaginé, il recourt à la première personne.



Cet objet littéraire, n’est pas que la narration de l’événement par l’intéressé lui-même, ce sont aussi des écrits d’amis, de proches qui s’imbriquent très adroitement dans l’ensemble, qui soutiennent et entretiennent les mots d’Erwan Larher, ce sont aussi des digressions sur l’amour du rock, ce sont aussi des passages imaginés (l’arrivée des terroristes, renommés pour l’occasion, sur le lieu). C’est impudique, c’est drôle, c’est terrible. Et surtout, ce n’est jamais larmoyant, même si on lit certains passages, les tripes retournées et la tête explosée.



Pour conclure et au risque de me répéter, cet objet littéraire est loin des fades autofictions françaises que j’abhorre (ça, vous l’aurez compris, je pense), il a un intérêt littéraire indéniable.



Mais ceci dit, Erwan, j’attends avec impatience votre prochain roman.
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L'abandon du mâle en milieu hostile

Fin 70, début 80, le narrateur, alors lycéen issu de la petite bourgeoisie Dijonnaise, élevé dans les idées droite libérale de papa et dont l’avenir semble tout tracé tombe amoureux d’une jeune punk tendance anarchiste débarquée en cours d’année dans sa classe de terminale. La jeune fille solitaire est bonne élève, elle inspire quolibet et incompréhension à cette petite bande de filles et fils à papa mais y est complètement indifférente. Le narrateur est fascinée par cette fille aux idées si éloignées des siennes, sa liberté et son audace l’intriguent mais son éducation fait que, très vite, il a l’impression qu’elle se « gâche » et se met en tête de la « remettre dans le droit chemin ». Peine perdue évidement ! Le narrateur intègre petit à petit l’univers de cette femme, elle ne l’accepte pas tacitement auprès d’elle disons qu’elle ne refuse pas sa présence. Ils fréquentent ensemble des concerts de punk, de rock alternatif, des squats d’anar, des bars où elle refait le monde pendant des heures avec des marginaux. Il est la, silencieux, dans un monde qui lui est étranger et avec des gens qui ont une vision du monde à mille lieux de la sienne. Il devient la mascotte, la présence de son amie légitime sa présence silencieuse et observatrice.

Cette femme va devenir son amie, sa colocataire puis sa femme.

Elle va devenir une écrivain reconnue, recevoir le Renaudot et conduire une carrière remarquable dans l’édition. Elle travaille et vis seule à Paris la semaine et rentre à Dijon le week-end.

La description de leur relation et années de vie commune par le narrateur m’a laissé un sentiment trouble, l’impression d’un amour à deux vitesses. Lui, admiratif, aimant, prêt à de nombreuses concessions et elle spectatrice de cette amour. Comme si le fait qu’elle accepte son amour lui suffisait. J’ai vraiment eu l’impression qu’elle l’aime mais comme un hasard, elle l’aime lui mais cela aurait pu être un autre. C’est très flou et l’auteur parvient à laisser planer un doute, comme un « amour indifférent ».

Puis vient le drame et mes doutes se sont renouvelés. L’auteur décrit parfaitement le manque, la douleur, l’incompréhension, les questions sans réponses qui rongent à petit feu. L’a t-elle aimé d’un amour sincère ou a t-il été, à ses yeux, la couverture idéale et parfaite pour mener à bien ces activités ?

L’auteur ancre son récit dans le réel : courant politique, milieu littéraire, événement d’actualité, musique… l’univers est précis et factuel. On croise Bernard Pivot, François Mitterrand, FOG, Attali, Minc… j’en suis venue à me demander mais qui est cette femme, comme si je ne lisais plus un roman mais un récit !


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Indésirable

Sam Zabriski aime les grosses voitures et rouler vite. Il cherche un endroit où installer sa carcasse au sexe indéterminé, ni lui ni elle, donc iel, lae, pronom et article qui le désigneront tout au long du texte sans souci de la fatigue du lecteur qui ne manquera pas de survenir. Il jette son dévolue sur des vieilles pierres à retaper dans le village de Saint-Ary, bénéficiaire d’un passé historique dont il souhaite contribuer à raviver les couleurs. L’étranger au sexe indéterminé aura bien du mal à se faire accepter par la population, mais c’est sans compter sur sa détermination farouche à bousculer le ronron d’une municipalité qui cède trop volontiers au consumérisme moderne en effaçant sans vergogne toute originalité historique de la cité. Les événements qui adviennent, branquignoles à souhait le propulsent, à l’occasion de nouvelles élections dans la nouvelle équipe municipale qui œuvre à la réhabilitation du passé historique de Saint-Ary.

La difficulté à faire accepter sa différence est patente et la présence de Sam est jugée de plus en plus indésirable par la population, malgré le petit cortège de fidèles qu’il parvient à conquérir. Au cœur de l’actualité de l’écriture inclusive pratiquée ici, ce roman laisse un goût amer d’intolérance pour celuielle qui n’est pas dans la norme.
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Le livre que je ne voulais pas écrire

Erwan Lahrer, écrivain et ancien chef de produit dans l'industrie musicale,se trouve le 13 novembre 2015, au mauvais endroit au mauvais moment.

En passionné de musique, il assiste au concert des EODM et à l'horreur de l'attentat du Bataclan.

Poussé par son entourage, il témoigne, presque malgré lui, de l'indescriptible dans ce qu'il appelle "cet objet littéraire".

L'emploi de la deuxième personne du singulier lui permet de prendre la distance nécessaire pour faire revivre cette tragique soirée et la reconstruction vitale qui s'en est suivie. le ton est rapide, précis et humoristique souvent. le vocabulaire riche, l'écriture ciselée.

L'alternance entre son récit et les témoignages des amis et des proches, donne encore plus de force à cet objet littéraire. Les thèmes abordés sont porteurs de sens pour tout un chacun : amitié, bienveillance dans la relation à l'autre pour permettre à chacun de se reconstruire, patience pour faire face à ce long processus de reconstruction, la solidarité et le courage des hommes et femmes de l'ombre que sont les secouristes/pompiers et personnels soignants. Un livre qui marque!

A noter le fil conducteur des santiags, original comme l'écriture de cet auteur.
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Le livre que je ne voulais pas écrire

Difficile de ne pas s'identifier.



Fan de rock, j'étais à un concert la semaine d'avant, et devais en voir un autre quelques jours plus tard. Je n'avais pas pu prendre de billet pour le Bataclan car je sortais du travail trop tard ce jour là. Mais mon Erwan à moi y était et il s'en est sorti lui aussi.



Par la prose d'Erwan Larher, j'ai revécu ces longues heures d'angoisse totale de manière plus froide et apaisée. Il a réussi à répondre à certaines questions que je n'ai jamais osé poser, car je ne reparle du Bataclan que si ma moitié en exprime le besoin. Par sa délicatesse et sa pudeur, il a décrit ce qui se passait à l'intérieur de la salle quand on ne pouvait qu'imaginer l'horreur, de l'autre côté du monde.



La structure originale de son roman m'a également fait du bien, car le fait d'y intégrer des témoignages de ses proches qui ont passé de nombreuses heures en suspens est une reconnaissance de la souffrance de tous ceux marqués à vie par cette expérience.



Difficile de juger cet "objet littéraire" dont je me sens si proche. En évitant l'auto-apitoiement, en gardant son humour sans pour autant rien cacher de ses douleurs ou ses inquiétudes pour son avenir, Erwan nous donne une leçon de courage, d'humilité et de vie. On peut se relever de ça. Erwan l'a fait de belle manière.
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Le livre que je ne voulais pas écrire

Ce livre-là, j'en ai parlé avant de l'avoir lu...(et non, j'ai pas honte, pas du tout !)

Je faisais du prosélytisme larherien depuis un bout de temps déjà, bien avant l’Événement, mais ça a pris des proportions quasi pathologiques quand j'ai compris qu'il allait finalement l'écrire.



Ça y est, je l'ai, je l'ai lu, et je ne me dédis pas : Le livre que je ne voulais pas écrire est un livre à lire, absolument, à garder, à relire.



Exceptionnellement, je n'ai pas pris de notes en lisant : je me suis laissée porter, emporter, malmener, effrayer, rassurer, réconforter, consoler (un comble), par Erwan Larher, cet écrivain, cet homme (exprès je ne mets pas d'adjectifs, il seraient trop faibles) que nous avons été si près de perdre le vendredi soir 13 novembre 2015, au Bataclan.



... que nous avons été si près de perdre...! non mais, pour qui je me prends ? C'est bien sûr d'abord ses proches, ses amis, ses amours, qui ont vécu le pire cette nuit là, et aussi sous d'autres formes sans doute après ; d’ailleurs Erwan a convié quatorze d'entre eux à l'aider à construire son "objet littéraire" en lui confiant un court texte où ils témoignent librement de leur "réactions", de leur "vu/vécu du dehors", ce soir-là (on connait le nom des auteurs mais les fragments sont intégrés sans signature, le contenu donne parfois un indice mais cela n'a pas d'importance, chacun devenant un c(h)œuriste chargé d'une impro sur le thème central de l’œuvre dirigée par son maestro inspiré, dispositif casse-gueule mais parfaitement harmonieux, aucune fausse note !).



... que nous avons été si près de perdre... ! oui nous, aussi, parce que ce soir-là plusieurs anneaux d'amitiés se sont formés autour du noyau dur des proches d'Erwan ; je suis bien obligée de reconnaître que Facebook a été utile cette fois-là (c'est sur mon blog que j'ai raconté comment j'avais compris qu'il était au Bataclan, mais c'est sur Facebook que j'ai été rassurée le lendemain, comme beaucoup d'autres ; j'ai le vague souvenir d'avoir mis un commentaire très bête concernant ses santiags (les petites sœurs de celles de la belle couverture du livre), mais j'aime mieux pas chercher pour le retrouver - d'ailleurs sur Facebook chercher/trouver c'est galère - vu la gravité de la situation, c'était très con) ; n'empêche (il le raconte dans le Livre), ça l'a touché Erwan, plus tard, quand il en a pris conscience, cette inquiétude virale autour de son sort.



Il y a des phrases qui vous tordent le cœur, les nerfs, dans le Livre. Que ce soit pendant la scène du massacre, ou après à l'hôpital, en rééducation, et même lors du retour à la "vie normale" et à l'écriture. Lecteur, profite bien des premières pages lumineuses sur l'enfance et la jeunesse du héros (héros au sens de personnage principal, car il ne cesse d'insister par la suite qu'il n'y a rien eu d'héroïque à subir cette épreuve), elles provoquent un effet de contraste poignant avec la suite.



Nous avons été très près de perdre un superbe écrivain qui émergeait tout juste et trop lentement, et ce ne sera que justice si le succès du Livre que je ne voulais pas écrire fait reconnaître ses qualités, fait lire ses étonnants précédents romans, et lui donne les moyens d'enchaîner très vite sur de nombreux nouveaux succès.
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L'abandon du mâle en milieu hostile

L'abandon ici ce serait se laisser aller au pouvoir de l'autre. L'autre que l'on ne reconnait pas toujours au départ comme bienveillant pour soi, une sorte d'intuition que l'on va s'entretuer et cette intuition attire et vampirise les pensées. Si cette femme ne me regarde pas, pense notre héros, c'est que je n'ai pas de valeur alors je vais tout faire pour en avoir à ses yeux, quitte à me quitter moi, ce que j'aime, ce qui m'habitue, ce qui me tue d'ennui. Cet autre singulier, particulièrement manipulateur et pervers devient le plein du vide, tellement plein que s'il disparait notre héros s'abandonne. IL est abandonné mais s'est abandonné à ELLE. Car c'est cela l'une des trames du livre, d'un côté l'homme devient homme dans les bras initiateurs de cette femme et de l'autre il y a le vide sans elle, il devient elle.

Elle est punk bourgeoise, émancipée, il est bourgeois attaché à sa mère, ils vont s'aimer, mal ou bien quelle importance, ils vont s'aimer, c'est à amarrer leurs vies, et si le bateau s'éloigne trop, l'ancre est jetée, ils sont sur l'eau l'un et l'autre à quelques centimètres des profondeurs.

L'un sait ce qui va se passer, l'autre l'ignore.

L'un se connait, l'autre se reconnait dans l'autre.

Elle se connait, lui se reconnait en elle. Elle va même lui faire connaître la ville où il habite et dont il ignore les caves et les recoins. le mâle du livre se transforme, la femme qu'il aime reste elle-même, ne change que très peu ses habitudes, car le narrateur devient sa couverture pour ses activités et pour sa peau.

Ils se marient et n'eurent jamais d'enfants.

Le livre d'Erwan, raconte l'histoire d'un narrateur qui habite une ville qu'il ne connait pas alors qu'il y vit depuis sa naissance, une famille qu'il ne connait pas alors qu'il y est élevé depuis sa naissance, un corps qu'il ne connait pas alors qu'il l'habite depuis sa conception, le corps d'une femme qu'il ne connait pas, c'est l'un des points de l'hostilité de la vie la plus singulière et la plus attirante finalement : ne rien connaître. le milieu hostile dans ce livre ? celui de l'amour de l'autre jamais tout à fait amour et sans aucun doute, celui de l'imposture du sentiment amoureux.

Son amoureuse va un peu grâce à son soutien matériel (il fait la vaisselle et le ménage par exemple, il participe au loyer de leur appartement), devenir une écrivain reconnue. Sous couvert des mots, couverture encore, elle va peu à peu disparaître de lui, disparaître d'elle-même (vraiment pour le coup) et l'abandonner.

Il croit aimer et il l'aime, pour elle il s'oublie, l'abandon alors devient oubli de soi pour plaire à l'autre, elle veut qu'il tape, il tape, elle veut, il fait à l'encontre de ses valeurs, il devient elle pour lui plaire.

Il est docile, elle disparaît, réa-parait comme la bobine de Freud. Elle n'est finalement jamais vraiment là cette jolie femme, si peut-être au départ, lorsqu'elle entre habillée en punk dans sa classe et qu'elle prend aussitôt sa place, pas la place du narrateur mais sa place à elle.

Elle est toute entière à elle, alors quand le narrateur réussit à l'avoir un peu à lui, il croit devenir lui. Il devient fou (parce qu'il ne se reconnait pas toujours), elle remplit sa vie, absolument, obsessionnellement il l'aime parce qu'elle lui échappe dès le premier instant, il le sait et pourtant avant avec elle se marie, lui donne son nom, sa bouche, ses mots, ses mains, il est le fil.

Et quand le fil est coupé tragiquement, ce plein, ce plein intense tissé par elle, par la complexité de sa relation à lui, devient un abîme, un abîme de vide.



J'aime ce livre qui évoque l'amour deuil, d'une écriture d'un niveau littéraire dense. Il manie une sorte d'amour qui blesse et remplit à la fois, blesse et grandit les corps qui se rencontrent et s'entendent, par des mensonges, par des subterfuges pendus au-dessus du réel, sans jamais vraiment y entrer. Il pose la question de ce que nos amours nous offrent d'eux-mêmes, souvent pas grand-chose, et ce rien offert ou découvert, devient parfois ce grand tout du vaste nulle-part


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L'abandon du mâle en milieu hostile

Lorsqu’une jeune punk solitaire débarque en cours d’année dans sa classe de terminale, le narrateur, fils d’une famille bourgeoise dijonnaise, est loin de s’imaginer que 3 ans plus tard, elle deviendra sa colocataire, puis sa femme.

Peu à peu, dans une France du début des années 1980 en pleine mutation sociale et politique, cette relation va remettre en question ses repères, ses certitudes, son monde. Il va alors découvrir une félicité amoureuse qu’il n’avait jamais osé envisager. La naissance de la société post-moderne, fondée sur la réussite individuelle, le spectaculaire et le consumérisme, L’abandon du mâle en milieu hostile questionne le sentiment amoureux à travers le parcours initiatique du narrateur, qui lui-même dessine en creux le portrait de la femme aimée, insaisissable, mystérieuse, complexe. Connaissons-nous vraiment ceux que nous aimons ? Jusqu’à quel point peut-on s’aveugler sur ceux qui nous sont les plus proches ? Nos idéaux sont-ils des leurres, ou au contraire d’indispensables marchepieds vers le bonheur ? Autant de questions qui veinent ce roman prenant et surprenant autant par sa forme narrative, légère et joueuse en apparence, que par son histoire et sa thématique.Né à Clermont-Ferrand, Erwan Larher, après avoir travaillé dans l’industrie musicale, a tout quitté pour se consacrer à une vocation d’écrivain avec deux premiers romans, Autogenèse et Qu’avez-vous fait de moi ? (éditions Michalon), très remarqués par la critique.
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L'abandon du mâle en milieu hostile

Fin des années 70, le narrateur fils unique d’une famille bourgeoise et conservatrice de Dijon voit débarquer dans sa classe de terminale une fille qui détonne. Cheveux verts, l’air rebelle, tendance punk allant même clamer des slogans de lutte en cours et affichant ses opinions. Elle écoute de la musique totalement inconnue aux oreilles de ce jeune garçon plutôt habituées à Michel Sardou. Elle l’intrigue, le fascine. Il se pose des questions à son sujet, sur son enfance et sa famille. Cette demoiselle meilleure élève que lui l’attire comme les contraires. La chance s’y mêle, elle le remarque, l’initie à sa culture. Le fils de bonne famille au chemin tout tracé se rend à des concerts de façon buissonnière, l’écoute, boit ses paroles même s’il ne comprend pas grand-chose à ses engagements et ses convictions. Il est amoureux Ils se perdent de vue ou plutôt il se sent abandonné de n’avoir pas eu de ses nouvelles pendant l’été. Pourtant, ils se retrouvent. Elle est en fac de lettre, étudiante brillante, lui en droit. Ils cohabitent façon copain-copine jusqu’au jour où elle l’amène à lui. Enfin. Ils se marient mais elle garde une part de mystère, insaisissable par moments voire secrète. En France, la gauche est au pouvoir. Une révolution, une défaite cuisante pour ses parents à lui.



La suite pourrait être classique : après le mariage l’achat de la maison puis le premier bébé même si elle n’était pas partante. La routine et un couple heureux. Sauf qu’ils ont juste eu le temps d’effleurer le bonheur.



la suite sur :

http://fibromaman.blogspot.fr/2013/01/erwan-larher-labandon-du-male-en-milieu.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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Indésirable

J’ai toujours rêvé de caler « protéiforme » dans une chronique et j’ai trouvé le roman parfait. Avec un « grand » mot comme ça, immédiatement ton petit avis gagne en crédibilité et en légitimité.



Dans « Indésirable », Erwan Larher mélange les fils narratifs et livre un roman protéiforme qui n’entre dans aucune case, si ce n’est celle du roman addictif.

Est-on face à un roman sociétal ? un polar ? une fiction politique ? Peu importe après tout. Peu importe, tout comme le sexe du personnage principal, Sam.



L’installation de Sam dans le village de Saint-Airy va venir remuer bien des choses. Ici tout est un peu figé, très traditionnel, très archaïque même. Le conseil municipal fait la pluie et le beau temps, les notables mènent leurs petites magouilles, si besoin on ferme les yeux sur les maris violents, on regarde d’un sale œil ceux qui mangent bio, etc… Alors l’arrivée de Sam dont on n’arrive pas à savoir si c’est un homme ou une femme, autant vous dire que ça n’a pas fini de faire parler, d’alimenter les conversations au café comme chez la coiffeuse, de perturber l’entre soi et la routine qui convient à certains. Les tensions ne vont faire qu’augmenter pour finir en véritable guerre.



Un roman très riche dans lequel Erwan Larher va intelligemment aborder un large panel de sujets qui font notre époque : l’identité sexuelle, l’altérité, la différence, l’intégration, le changement politique, la possibilité d’une autre forme de gouvernance. Un fourmillement de questions sociétales et politiques qui sont autant de fils conducteurs dans cette histoire qui brouille les pistes en se présentant dans un premier temps comme une simple querelle à Clochemerle.

Rythmé, fin, amusant, insolent, plein de trouvailles, « Indésirables » ne vous lâche pas et nous rappelle au passage que le collectif peut engendrer le pire comme le meilleur.



Impossible de ne pas conclure en parlant de l’écriture et du tour de force de l’auteur qui jamais ne fera de faux pas, jamais ne tranchera entre le « il » et le « elle », choisissant le « iel », déroulant toute la grammaire et la syntaxe qui vont avec.
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Indésirable

Je me souviens de l’été 2019 (et oui déjà !!) où j’avais été éclaboussée par une évidence qui confirmait l’appartenance d’Erwan Larher à cette famille d’écrivains qui : (je me cite… waouh…)

« détient l’art du maniement des mots, du maniement des pages, de la typographie, de l’écriture, qui sculpte des personnages, qui façonne la langue afin que le lecteur puisse s’interroger et questionner le monde »

Et là… rebelote !

De nouveau, un objet littéraire est né !

Ben oui il est fort notre affranchi!

Il parvient encore une fois à questionner intelligemment notre société, mène une intrigue qui nous tient en haleine jusqu’au bout entre le polar et le SF, dans ce village perdu au milieu de nulle part.

Dans cette satire sociale, le mystérieux Sam, être indéfini, va acquérir la maison du disparu pour la rénover. Mais l’arrivée de cet étranger dans ce trou pommé va faire jaspiner !!

Altérité, identité sexuelle, politique, pouvoir, refoulements, intolérance, attractions, tout y est et c’est jubilatoire.

Une intrigue haletante, une écriture intelligente extrêmement travaillée, ou si elle ne l’est pas, cela relève du génie car il est rare de voir un auteur manier le verbe de cette façon.

On se délecte d’anecdotes, du jeu avec les mots et notre grammaire. Erwan Larhrer manipule subtilement les néologismes… et il nous embarque.

C’est à lire !!!


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Indésirable

Roman débutant classiquement par l'arrivée d'un personnage dans une petite ville provinciale sur le déclin, Saint-Airy, le nouvel opus d'Erwan Larher va bien évidemment réserver quelques surprises au lecteur. Sam, dont on devine entre les lignes une carrière au théâtre et une autre moins avouable, tombe en amour d'un vieux logis, la maison du Disparu, l'acquiert et la retape avec goût.



Hélas son arrivée et son installation vont intriguer, gêner, comme un petit caillou dans la chaussure. Il faut dire que le physique de Sam est particulier, et les braves gens aiment bien caser les gens dans des catégories.



Et c'est parti pour des péripéties attendues ou pas, une joyeuse critique sociétale, des élections municipales, des coups fourrés, des trafics louches (qui l'eut cru, dans ce coin justement trop tranquille?), un épisode de L'amour est dans le pré, un poil de mystère dans les sous-sols. Le tout en usant d'une écriture dense, drue, inventive mais fluide.



Sans oublier les réactions face à la différence. Jusqu'ici, j'ai été futée, sur trois paragraphes je peux le faire, mais avec Sam il a fallu utiliser iel et des terminaisons neutres qui passent très bien et que j'ai trouvées harmonieuses. Oui, le français et ses accords...



On l'aura compris, j'ai dévoré le roman, un bon cru, et l'on peut dire 'mâtin, l'auteur est égal à lui-même pour dézinguer ce qu'il n'aime pas et raconter une histoire mais il se renouvelle dans son inspiration, jamais là où on l'attend'.
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Pourquoi les hommes fuient ?

Elle, c’est Jane, pas Jeanne, Jane, c’est pourtant facile. Jane, qui se demande depuis toujours pourquoi les hommes fuient, est une jeune femme à la recherche du père. Un père qu’elle a trop peu connu et dont sa mère lui a si peu parlé. Et justement sa mère vient de mourir. Alors, même si elle n’est pas plus attristée que ça, elle a beau fouiller dans ses affaires, elle voit bien qu’elle n’en saura pas plus son géniteur.



Jane est hôtesse, dans les soirées elle fait le service pour un traiteur. Par le plus grand des hasards, lors d’une de ces soirées, elle entend quelques notes de musique qui lui trottent dans la tête. Ritournelle entêtante qui lui rappelle un air lointain. Et qui va, de fil en aiguille, la mener jusqu’à Tours sur les traces de Jo, ou de Jo, c’est selon. A la recherche d’un père, d’un musicien punk ou rock mais forcément connu, et qui a disparu. Elle retrouve un groupe dans lequel deux des musiciens auraient pu être son père, mais lequel, et quand, et surtout pourquoi ce père a-t-il fui ? Elle met toute son énergie pour partir à la recherche du père perdu…



Ce roman comme son titre, est un questionnement sur la vie, sur le pourquoi les hommes fuient, et que fuient-ils finalement ? Un monde qui ne leur convient pas, une famille, une société dans laquelle ils ne se retrouvent plus, ou eux-mêmes ? Est-ce alors lâche ou courageux de fuir ainsi, de disparaitre, de changer totalement de vie ?



Voilà assurément un roman que l’on n’a pas envie de poser avant la fin. J’ai aimé cette écriture rythmée, incisive, parfaitement adaptée aux différents personnages et qui change avec eux. Que ce soit celui de Jane, ou ceux d’un groupe de musicos punk, d’un écrivain attendrissant et un peu désespéré, d’une bande de copains plutôt paumés qui se déchirent et se séparent. Écriture adaptée également aux situations qui partent du passé vers une actualité plus contemporaine, des manifestations récurrentes et violentes par exemple, avec une héroïne bien ancrée dans le présent, active sur les réseaux sociaux, qui partage ses émotions via son mobile et ses stories.



lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2020/04/22/pourquoi-les-hommes-fuient-erwan-larher/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Pourquoi les hommes fuient ?

La première page raconte une disparition.



Un dégoût, une misanthropie, une fuite. Ça raconte un mec qui disparaît. Elle est énigmatique cette entrée en matière, envoûtante comme un mystère qui planera pendant tout le roman (il parait chez Quidam). Pourquoi les hommes fuient ? interroge le titre.



D’Erwan Larher, je n’avais lu qu’un livre. Je le croisais souvent. Il me faisait rire, il est tout ce que je ne suis pas, extraverti, exubérant, bien planqué derrière son grand sourire. Je l'aime beaucoup et c'est un type bien. C'est l'un de ces moments où tu ouvres le livre en priant pour qu'il soit génial. J'ai la pression, je n'arrive pas à écrire cet article. J'y reviens et ça ne sonne toujours pas. Et je veux que ça soit le cas. C’est véritablement le premier roman de lui que je lis. Sur la couverture, un homme en noir et blanc joue de la Gibson à l’aveugle. ça me met en bonne disposition.









Une fille dine avec un écrivain. Un mec infatué de lui-même, un presque célèbre de salon. Un vaniteux lettré qui voudrait la séduire. Elle ne lui correspond pas. Elle n’a pas ses codes et se fout bien de son numéro de charme. Elle le rembarre vertement, régulièrement. Elle s’appelle Jane. Elle est insolente comme une fille de 21 ans, toujours un pied sur facebook ou instagram. Elle a pris ce boulot d’hôtesse pour se faire du blé, pas pour l’admirer faire le beau devant ses groupies. Elle a l’impatience facile des biberonnés à l’instantané. Elle en a le langage.



Erwan la présente d’abord comme un archétype, comme l’écrivain la voit, projetant sur elle toutes ses idées reçues. Evidemment, il se goure. Et c’est à elle que vont s’attacher nos pas. Elle qui va nous agacer, nous dérouter, nous lier à son destin. Au début, elle me déplaisait, la jeune conne, avec tous ses tics de langage que l'auteur épouse complètement et qui m'irritaient souverainement, comme le vieux con que je peux être. Plusieurs fois même je me demandais si j’allais continuer. Parce qu’elle appuyait sur tous mes boutons. C'est là que je me suis dit que ce bouquin déchainait des sentiments forts. Epidermiques. Impossible que je décroche.



Je réagissais devant elle comme je suis devant un nana belle et grande gueule à qui je ne saurais pas parler. Elle m’aimantait. Il y avait quelque chose qui me faisait revenir.

Il y avait le passé qu’elle tente de reconstituer, ce père dont elle tente de trouver l’identité. Ce groupe punk des années 80, Charlotte Corday et ses deux leaders Joris et Johann. Deux inséparables qui se brouillèrent comme dans ces rivalités homériques entre chanteurs et guitaristes qui émaillent l’histoire du rock. L’un qui ne transige pas avec ses principes, sa rébellion et son intégrité et l’autre qui trahit pour la gloire.



On voit peu à peu cela revivre, dans ce qui ressemble à un road movie dans les souvenirs enfuis. Jane rencontre les anciennes petites amies, les anciens potes, à la recherche de la vérité sur ses origines à elle. Ce que sa mère qui l’a élevée dans son petit pavillon de Sucy en brie lui a toujours caché. Elle traine dans des endroits improbables parfois, jusqu'au fond de la province, ou la couleur de l'écriture change, ce quelque chose de figé et d'authentique qu'on trouve parfois dans la France rurale. Hors du vertige et la névrose des villes.



J'aime la violence et l'âpreté, l'intégrité qu'Erwan convoque dans ses mots, cette langue qui tranche comme une lame de rasoir, qui colle aux personnages. Pourtant, j'ai entendu sa voix, son regard à lui, son ton. Son son. J'ai lu Erwan comme j'écoute les guitaristes que j'aime.



Jane découvre un passé. Elle traque ces gens dont même le dieu Google a du mal à retrouver la trace. Parfois Erwan glisse un intermède longtemps énigmatique, en rupture, des flashs d'un mec revenu à la nature et à la simplicité de ses plantations, loin de ses tapages de jeunesse. Ce disparu mystérieux dont l'aura s'étend sur tout le roman. Parfois quelqu’un lâche un nom et fait évoluer Jane dans son enquête, dans sa quête d’elle-même.



J’ai lu cela comme un polar. Je n’ai pas arrêté de regarder des concerts pendant que je lisais. C'était un roman et une réminiscence. Ce livre c'est une mémoire qui se recompose. Mon adolescence remontait fort, dans sa musique, dans sa rage, dans ses espoirs perdus, dans ses trahisons et dans ses icônes mal vieillies. Erwan a réussi à distiller ça, cette essence du rock qui me semble de plus en plus lointaine. Il en a saisi l’urgence et la nostalgie. Il les a mises en mots. Ce qui m’a le plus touché c’est sans doute cet aspect de monde englouti et de héros disparu, dont plus personne même ne sait raconter vraiment l’histoire, dont les détails se perdent dans la brume des souvenirs et des photos passées. Que reste-t-il, après tout, de nos amours et de nos légendes?



Jane voit le monde tourner vinaigre. Les flics devenir dangereux. La terre se rebiffer et les gens devenir robotiques et perdre leur aura. Son enquête est celle de ceux qui cherchent l’authenticité sous les amas de mensonges dont on affuble le passé pour le rendre héroïque. Ici les hommes seront foireux et piteux souvent, à terre aussi, aigris quand ils auront vu passer trop de trains leur passer sous le nez. Chaque rencontre s'incarne. On sent une empathie, un amour des gens (la formule est plate et je ne l'aime pas, mais j'ai pas trouvé mieux). Une justesse dans le regard et dans chaque portrait. On sent le destin sur les traits. J'ai toujours aimé les visages marqués.



La lucidité d’Erwan est tranchante, dévastatrice, impitoyable même. Sous son humour et sous son ironie perce la violence. La révolte. La pornographie parfois. Le bruit et la fureur de notre époque sous le vernis qui craque. Le temps d’un chapitre, parfois, ça explose. Comme des parenthèses incontrôlables. Des accès. Des déflagrations de guitare électrique. Des fulgurances crues.



Dérouté, bringuebalé, agacé, fasciné, attiré, j'ai lu le souffle court. J’ai eu une relation intense à ce bouquin polymorphe. Il se tient près de mes héros de jeunesse. Il les célébre et se fout de leur gueule. Il dit le temps qui passe. Il dit la jeunesse qui ridiculise les vieux dont je suis de plus en plus. Il dit les anciens rêves que l’on doit remplacer, et les temps jadis qu’on a sacralisés. Il dit le présent de cette fille et son décor. Les destins brisés. Le naufrage du présent et le monde qui se barre en couilles. Il dit aussi la beauté de la nature, la vanité de nos gesticulations. Il vous renvoie à vos fuites, à vos trahisons, aux fois où vous avez menti aux autres et à vous-même. Il réveille quelques anciens dragons et des nostalgies crues.



Je ne m'attendais pas à ce foisonnement, à cette générosité.

Je ne m'attendais pas à la larme qui m'a saisi au dénouement tout simple.



Les plus belles histoires sont celles des secrets qu’on découvre.



Je n’ai pas décroché de ce roman.

Bien souvent, il m’en a mis plein la gueule.

Je crois que j’en avais besoin.

J'ai poursuivi le fugitif intensément aux côtés de Jane.

Et son histoire a pris la densité d'un souvenir.
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Le livre que je ne voulais pas écrire

Et puis comme il finissait "Marguerite n'aime pas ses fesses", il a vu un signe. Les balles qui l'ont touché sont venues au niveau de ces fesses. Une occasion de montrer l'importance aussi de bander quand on est un homme et que l'on aime le sexe. Il se montre entier, vrai et sans tabou même s'il se dédouble dans les expressions et évite le JE. « Tu n’es ni sociologue, ni philosophe, ni penseur ; victime ne te confère aucune légitimité à donner ton avis branlant et ajouré à la télévision ou dans un hebdomadaire. Toutes les paroles ne se valent pas. » On se met à l'apprécier tout comme tous ces proches qui sont pleins de bienveillance, de tendresse et de force. Impossible de sortir de cette lecture indemne sans être en colère contre la violence et à la fois avec l'envie de dire à ceux qu'on aime qu'on les aime. 
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Le livre que je ne voulais pas écrire

Bonjour Erwan, 



Je peux vous appeler Erwan ? J'ai maintenant l'impression qu'on se connaît ou plus exactement que je vous connais.



Merci pour votre livre et aussi pour votre dédicace, ce livre est un cadeau et celle qui me l'a offert vous a donc rencontré à Capbreton en décembre dernier.



Depuis quelques mois la couverture de votre roman me faisait de l'œil mais le sujet... me faisait peur et pourtant, petit à petit, au fil des avis glanés ici ou là j'ai eu envie de découvrir votre travail, de lire ce livre que nous aurions tous aimé que vous n'écriviez pas. Mais ces évènements ont bien eu lieu et 2015 reste dans toutes les mémoires.



Je ne suis pas une littéraire et mes mots ne sont pas à la hauteur des vôtres c'est certain.



J'ai été touchée par la présence des chapitres avec les mots de vos proches, de vos amis, de votre famille, leurs mots qui disent l'attente, l'inquiétude, la peur, l'incertitude. 



Je me suis surprise au fil des pages à ne plus faire attention à ce "tu" que vous avez choisi pour parler alors qu'il me dérangeait un peu dans les premiers chapitres. J'ai rapidement été prise dans les filets de vos mots qui m'ont fait apprécier ce choix.



J'ai souri aussi, parfois, et cela je ne m'y attendais pas du tout. J'ai frémi aussi et cela je m'y attendais bien sûr, au moment des HURLEMENTS dans le Bataclan par exemple.



Bravo pour votre livre, bravo pour votre humour, j'ai passé une semaine avec vous et ce fût un grand plaisir.



Je vais conseiller votre livre autour de moi, à lire pour ne pas oublier et d'ailleurs je vais le prêter dès demain car trois de mes jeunes collègues sont intéréssées, c'est un bon début.



J'avoue que je ne vous avais jamais lu, il va falloir que je remédie à cela.

Je vous quitte en vous remerciant pour votre roman et en vous disant mon admiration pour la façon dont vous avez écrit et réussi votre "objet littéraire".



Bien amicalement



Sandrine


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Le livre que je ne voulais pas écrire

Il aurait pu être le livre que je ne pouvais pas lire.

Et finalement, contrairement à d’autres, j’ai eu envie de sauter le pas avec celui-ci.

J’ai retenu ma respiration et je me suis lancée.

Une lecture en apnée donc pour un livre coup de poing où le romancier a su s’emparer de l’horreur tout en le préservant d’un quelconque sensationnalisme.

Evidemment, on ne sort pas indemne de cette lecture. Parce que cette tragédie a frappé un pays tout entier et s’est incrusté dans la mémoire collective.

Je réalise en alignant ces quelques mots combien il m’est difficile pour moi de parler de cette lecture.

Ce n’est pas par facilité mais bien par conviction et avec émotion que je dirais de ce livre qu’il est bouleversant, intelligent, pudique et terriblement humain.

Et qu’il devrait figurer dans toutes les bibliothèques.

Merci Mr Larher, merci du fond du coeur !
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Le livre que je ne voulais pas écrire

Difficile de critiquer/chroniquer cet objet littéraire aussi percutant et, par moment, ardu à aborder.

L'auteur utilise une narration à la seconde personne du singulier qui peut être perturbante mais qui est totalement justifiée et qui permet aux lecteur.ice.s de se sentir totalement concerné.e.s. Car après tout, ce qui s'est passé ce 13-Novembre nous concerne tous, que ce soit de près ou de loin, ne serait-ce que parce que ça nous a tenu éveillé ou parce que, quoi qu'on en dise, nos vies sont rythmées de façon un peu différente.

Dans ce livre, Erwan Larher alterne entre récit de sa vie et de ce qu'il s'est passé cette nuit-là (de son point de vue, mais aussi de celui, qu'il imagine, des terroristes), et témoignages de ses proches qui racontent comment ils ont vécu l'attente avant de savoir qu'il avait survécu. C'est poignant, il y a quelques brins d'humour, il y a aussi énormément d'humanité. Il se raconte, romance et témoigne.

A lire!
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Le livre que je ne voulais pas écrire

Erwan Larher, en jean slim, santiags et sans son portable, est au Bataclan, le 13 novembre 2015, pour assister à un concert de Eagles of Death Metal, un groupe qu’il apprécie depuis longtemps. Il y est seul ; ni ses copains, ni sa compagne n’ont pu ou voulu venir.



L’histoire de cette soirée n’est pas la sienne, pas seulement la sienne. C’est l’histoire collective de tous ceux qui ont été blessés, tués dans cette salle, des trois massacreurs, des policiers et gendarmes, des pompiers et sauveteurs, infirmiers et médecins, des amis et familles, de la France choquée. D’abord, il ne veut pas raconter, témoigner, encore moins écrire, ce que tout le monde attend de lui puisqu’il est écrivain. Rejet de la récupération politique ou idéologique, hantise de l’exhibitionnisme, du narcissisme, du pathos, refus d’exploiter l’intérêt morbide du public au service de la promotion de ses romans. Et puis, c’est une tâche impossible : comment raconter un événement dont on n’a rien vu (couché à plat ventre, écrasé contre une barrière métallique, dans le noir) et qu’on ne comprend pas dans sa cruauté absurde ?



Finalement, il cède aux pressions amicales, à l’argument du « Tu dois partager ». Le début s’écrit tout seul (sa découverte du rock), puis le livre tombe en panne : comment réunir histoire intime et drame collectif, le « je » et le « nous » ? Dès le début du « Projet B », l’enjeu de l’écriture est dans le choix du pronom.



Autre écueil : comment transformer le vécu en texte, en « objet littéraire » ? « Ni témoignage, ni récit, donc. »



Erwan Larher nous fait entrer dans les coulisses du livre en gestation : questions, scrupules, difficultés, impasses, ambitions, doutes… C’est passionnant, d’autant que c’est écrit avec la modestie de l’artisan, sans mise en scène du personnage « Moi, l’AUTEUR ! ».



Quelle écriture inventer quand on ne veut pas raconter et qu’on ne peut pas décrire ?



« L’odeur. Les HURLEMENTS. Au-delà des mots. Au-delà de l’imagination. Vous n’en saurez jamais rien, des HURLEMENTS, quelle que soit la plume. »



On pense à Primo Levi. Impuissance de la langue à dire le Mal, l’horreur, la déshumanisation. Au Bataclan, Erwan Larher a fait l’expérience de la déshumanisation ; se souvenant de Sigolène Vinson, épargnée par Saïd Kouachi dans les locaux de Charlie Hebdo, il s’est mis en mode « caillou » pendant l’attente interminable à la merci des kalachnikovs des tueurs. Pétrifié, il est devenu « barrière », « parquet », « animal ». Quels mots pourraient dire cette désappropriation de soi ?



Autre obstacle : l’impossibilité d’une fin. Mais quand la vie apporte à l’écrivain le cadeau d’une fin, alors le processus de création est lancé ; l’écriture, c’est le chemin qu’on trouve pour relier un point A, l’incipit, à un point B, la chute (Pierre Michon sur le plateau de la Grande Librairie).



La jonction entre l’intime et le collectif, Erwan Larher l’opère en ouvrant son texte à d’autres, amis, famille : il intercale entre ses chapitres, 16 « Vu du dehors », 16 voix de proches qui disent cette nuit sans fin entre foi forcenée et désespoir repoussé.



Ses chapitres, Erwan Larher les écrit au « Tu ». Le « Je » étant dissous, le « Nous » impossible parce qu’il ne s’autorise pas à parler au nom de tous, Erwan Larher invente un « Tu » qui lui permet de mettre à distance celui qui n’a pu, dans cette nuit du Bataclan, que subir.



Mais « Tu » devient aussi Iblis, l’un des tueurs, dans quelques pages hallucinantes qui nous ouvrent un gouffre, l’insondable néant de pensée et d’être de celui qui ne se sent exister qu’en donnant la mort.



Syntaxe bousculée et onomatopées restituent le chaos, rendent compte des sensations, hurlements et silence, odeur et poisseux du sang, ankylose et froid, dans un temps suspendu.



Ne pensez pas que ce livre est dur, violent, lourd (au cœur)… Il l’est, mais pas seulement.



Étonnamment, c’est aussi un livre infiniment drôle. Erwan Larher adopte constamment un ton d’auto-dérision ; il se peint non en victime, mais en anti-héros, « Super Lavette » qui s’est jeté à terre et a fait le mort. Cette nuit-là, il y a eu des victimes, ceux qui sont morts ou à tout jamais abîmés. Il y a eu des héros, ceux qui ont protégé ceux qu’ils aimaient. Mais lui s’est « contenté » d’attendre, sans penser à personne, sans prier, attendre d’être sauvé, d’être sorti, d’être soigné… longue, longue attente.



Le texte mêle récit tendu, tenu, et réflexion mi-philosophique, mi-cocasse, sur les facéties d’un Destin qui s’amuse à blesser aux fesses un écrivain qui s’apprête à publier Marguerite n’aime pas ses fesses, dont il corrige les épreuves à l’hôpital, assis sur une bouée.



Le portrait du blessé à l’hôpital déjoue également les clichés. Loin du traumatisé tourmenté d’angoisses et de cauchemars que nous imaginons, Erwan Larher se donne à voir joyeux, blagueur, frivole. Sa seule angoisse : rebandera-t-il ? Son seul tourment : où sont passées ses précieuses santiags ? Toujours cette manière moqueuse de désamorcer toute tentation de s’auto-glorifier : voyez comme j’ai souffert ! Foin du pathos !



Le défi de transformer le cauchemar en « objet littéraire » est-il réussi ? Lisez Le Livre que je ne voulais pas écrire pour en juger.

Pour ma part, vous l’avez compris, je dis OUI !
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Marguerite n'aime pas ses fesses

Si Marguerite n'aime pas ses fesses, elle n'aime pas grand chose non plus et n'a d'opinion sur rien. Naïve au point d'accepter que son mec, gros fainéant, macho, réac de mes deux et obsédé, vive à ses crochets.

Exploité par une maison d'édition elle va y rencontrer DDM un ex président vieillissant qui veut absolument lui dicter ses mémoires. Se noue alors entre eux une relation particulière. Ce vieillard désinhibé par un Alzheimer de plus en plus envahissant, va ainsi permettre à Marguerite de sortir de sa coquille.

Entre aussi dans l'équation un flic, tenace et fouineur, un majordome prudent, une mère volage et volubile, une morte qui cause bien des sueurs froides à tout le monde, surtout certains hommes de l'ombre qui tirent des ficelles qu'ils ne veulent pas voir se rompre.



Erwan Larher nous offre une vue de la société actuelle, où celle du siècle précédent continue d'intercéder en sous main. Et ce que l'on voit,t si par moment on en rit, nous fait grincer des dents. Parce que c'est pas joli-joli et peu flatteur, que ce soit pour la gente masculine ou féminine d'ailleurs.

Marguerite on a bien envie de lui coller quelques claques pour la faire réagir, et à Jonas, son petit copain obsédé, de lui couper son "gros machin", histoire de lui ôter l'envie de l’exhiber, et lui coudre sa bouche de donneur de leçon pour ne plus l'entendre débiter des âneries.

Le seul a trouver grâce à mes yeux, c'est DDM, cet ex-président, que l'Alzheimer rends plus humain, et qui cherche la rédemption, et avec lui d'autres, dans l'ombre.



Un récit satirique, qui nous renvoie en pleine figure certains de nos travers ( si,si, chaque lecteur y trouvera un peu de lui hélas), parce qu'on est des humains, donc des êtres imparfaits. Et quand on sait ça, on sourit volontiers au traits d'humour couleur poussin, tirés par Erwan Larher.

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