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Citations de Flore Vesco (267)


Elle avait décidé de s'inviter elle-même dans la chambre d'Adrian. Elle prit un chandelier dans une main, sa trouille sans l'autre. Ensemble, elles quittèrent la chambre et montèrent les étages. (....).Il la prit par le bras et l'amena dans sa chambre. La trouille suivit, un peu derrière.
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Mais le secret, c'est la perle. Si un intrus pénètre la coquille (un grain de sable, un fragment de roche, un petit bout de quelque chose qui vient du dehors), alors l'huître l'enserre et le recouvre de nacre. Elle fait une perle. C'est une transformation féerique.
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Celles-ci s'en étonnèrent, à tort : on ne reste pas éternellement mutilé par une déception amoureuse.
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Le professeur soupira. Avec un pareil lunatique dans la classe, l’année promettait d’être longue. Un microscope en cours de chimie : quelle idée saugrenue ! C’était l’instrument des naturalistes, des botanistes… Mais aucun chimiste de ce nom ne serait allé perdre son temps à de telles niaiseries.
- Mais que diable espériez-vous donc voir avec votre microscope ? s’exclama M. Ragoût.
- Eh bien ! Je ne savais pas. C’est justement ça qui est intéressant, répondit Louis Pasteur.
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En riant, il lui avait décrit les parties qu’il organisait pour Mr Watkins. Les chiens qui pistaient, levaient le gibier, le ramassaient une fois tué, bref, faisaient presque tout le travail. La tripotée de domestiques qui suivait, portant les poires à poudre, les sacs de plombs, les fusils de rechange et les carniers, et même un petit siège pliant car Mr Watkins, qui allait léger comme un pinson, fatiguait vite.
– Et encore, Mr Watkins vaut mieux que ces jeunes nobles qui chassent en bande, parce que lui, au moins, il suit mes conseils. Avec moi, il est à bonne école. Il ne tire pas les hases pleines, il ne tarabuste pas la moindre compagnie de grouses qui lève sous ses yeux en tirant dans le tas, il n’enfume pas les terriers. Sadima écouta son père pester après les gentlemen bruyants qui saccageaient les fourrés, qui ne savaient pas viser avec leurs fusils dernier cri.
– Ils sont incapables de prendre le temps. Ils ne veulent que tirer leur coup. Tout ça pour se retrouver après entre eux et se raconter leurs exploits.
Le père avait marqué une pause.
– En fait, c’est exactement comme quand ils sont avec une...
Et, baissant les yeux sur sa petite fille de sept ans qui l’écoutait avec attention:
– Bref. Qu’importe. Je vais donc t’apprendre à chasser.
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Après le déjeuner, la reine expliqua à ses dames à quel point les Conseils des ministres la passionnaient. Devant leurs exclamations admiratives, elle eût l'idée novatrice d'occuper le reste de l'après-midi à la lecture d'un bon livre. Un roman était peut-être une chose amusante ? Et puis, elle achèverait de paraître savante aux yeux de la cour. L'idéal serait un joli volume avec une tranche dorée et une couverture de daim rouge. Il irait parfaitement avec sa robe à falbalas amarante rehaussée de ferrets d'or. Elle se voyait déjà le tenir d'un geste élégant, et faire négligemment admirer la finesse de son poignet en tournant les pages. (p. 66)
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Et méfiez-vous des contes. Qui sait, derrière ces badines historiettes, quelles terribles vérités sont cachées?
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L'étuveur dut fléchir. Il sortit devers l'entrance de son établissement et sonna la cloche qui servait à réclamer l'eau.
Profitons-en pour observer la ville. Hamelin ressemblait à une marmite. C'était une vaste cité ronde, entourée d'une courtine et remplie à ras bord d'une populace bouillonnante. Les rues étroites et méandreuses, où il y avait à chaque coude grand embarras de charrois, débordaient d'ateliers et d'échoppes.
Il y régnait une merveilleuse cacophonie.
Devant leur huis, drapiers, pâtissiers, tisserands, verriers et chausseurs interpellaient les passants. Leurs balivernes étaient couvertes par les braillements des vendeurs à la criée, des ramasseurs de chiens, des marchands de peaux de chat. S'y ajoutaient les jactances des vilains, vilaines et vilainiots, qui dès la pique du jour quittaient leur triste tannière pour confabuler au plein air.
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En 1274, un ours s'était en effet égaré dans la chapelle, où il avait dévoré une boîte entière d'hosties. Le prêtre avait crié au miracle : cette bête sauvageonne avait été touchée par la grâce divine et, dans son animale ignorance, cherchait à communier. Le prêtre avait béni l'ours et voulu ensuite le mener au confessionnal, la bête ayant certainement nombre péchés à se reprocher. Sans la moindre charité chrétienne, l'ours avait arraché son bras au prêtre, puis mangé une religieuse, avant de s'enfuir hors de l'église. (p. 19)
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-Pour obtenir les quantités d’énergies dont vous affirmez que mon corps a besoin, il faudrait bien plus qu’une barre de fer, dit-il. Il faudrait un pylône d’une hauteur considérable… au moins trois cents mètres… et personne n’a jamais construit cela.
-Mais ne pourriez-vous pas superviser un chantier de cette ampleur ? Pas trop loin de la Société, si possible?
-Vous voudriez que je fasse construire,au sein de la capitale, une tour de plus de trois cents mètres, entièrement en fer?
Alfred sourit.
-Avec vos nouveaux pouvoirs, dit-il, ce ne devrait pas être trop difficile.»
Gustave se plaça devant la glace pour enfiler sa chemise. Oui, l’idée était loin de lui déplaire. Il avait toujours rêvé de bâtir des monuments. Déjà, dans sa tête, les calculs s’enchaînaient. Il pourrait déposer la tour sur quatre piliers, chacun orienté vers un point cardinal. On ajouterait des arcs tendus au-dessus des piliers. Et trois étages.
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L'air était saturé de cristaux de pyroxène, ces fines particules de fer magnétique que rejette un volcan avant d’entrer en éruption. Gustave fronça les sourcils. À sa connaissance, il y avait assez peu de volcans actifs à proximité de Levallois-Perret.
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Vous êtes une fille, la belle affaire ! Ça ne devrait pas vous empêcher d'exercer vos talents.
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"Au détour d'une galerie, elle ralentit juste avant de culbuter une belle dame. Encore un peu d'entraînement et elle parviendrait à circuler dans le palais sans entrer en collision avec tout ce qui bougeait. La dame arrêta Serine avec un air d'autorité, posa les deux mains sur ses épaules et considéra la jeune fille en fronçant les sourcils. C'était la Grande Demoiselle, qui chaperonnait, dirigeait et réprimandait la ruche des demoiselles de compagnie." (p. 17)
"Il y avait quelque chose de différent dans les prisons ce matin-là. Jules n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. [...] En s'arrêtant devant la dernière cellule vide, il comprit. Dans un coin de la paillasse, sous une pile de couvertures, il voyait dépasser un grelot. La petite demoiselle dormait paisiblement. Et ces grands dadais de prisonniers se seraient arraché la langue plutôt que de la réveiller. [...] Jules se hâte de retourner dans la salle de torture. Il dégagea la table de l'écraseur d'orteils, du fléau et du brise-mâchoire qui l'encombraient, et passa un coup d'éponge sur les tâches de sang. Quand Serine émergea enfin, la pièce reluisait. Une tasse de chocolat et des tartines attendaient la jeune fille." (p. 121-122)
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Qui serait aussi méchant ? La fatigue nous fait perdre la tête. Nous ne voulons plus penser à tout cela. Dormons. Oublions. Ce soir de mauvais rêves viendront.
Sommes-nous bien bêtes ? Ou sommes-nous des bêtes ?
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Un conte pour point de départ, et pas n'importe lequel, celui du Petit Poucet. Comment est née cette idée de roman ?
- Comme pour mes précédentes réécritures, je pars d'un élément qui, dans le conte initial, m'interpelle. Dans Le Petit Poucet, je trouve fascinante la symétrie entre les deux familles : en lisière de la forêt, deux parents qui n'arrivent pas à nourrir leurs sept garçons. Au cœur de la forêt, une autre famille pareillement composée, sauf que les garçons sont des filles, et que les humains sont des ogres. Il y avait là de quoi jouer... Et puis, dans Le Petit Poucet, il y a cette scène centrale du conte, à peine esquissée et pourtant terrible, digne des Atrides et de toute notre culture antique pleine de cannibalisme : le moment où le père mange ses filles. Elle s'incarne, pour moi, dans la merveilleuse gravure de Gustave Doré. Le père, sans le savoir, met le couteau sous la gorge de sa progéniture. Les fillettes ont l'innocence des enfants endormis. Mais leurs bonnes joues, et les petits os qu'elles tiennent serrés dans leurs poings, nous rappellent qu'elles ne sont pas totalement inoffensives... Cette scène est incroyable, et bien sûr, le conte ne s'attarde pas dessus. Il m'a semblé intéressant de vraiment l'exploiter : poser les bases pour la faire doucement venir, la raconter, et dire l'après.

Vous présentez un thème fort. questionné par les générations actuelles : l'emprise du patriarcat, et ici, sa mise en place avec l'arrivée des six frères du Petit Poucet, qui peu à peu régentent la maison. Mais pourquoi donc les filles s'y plient-elle si facilement ? Pourtant, et heureusement, elles ne sont pas aussi dupes que ça...
- Ça ne saute pas aux yeux, mais je crois que le thème du patriarcat est latent dans le conte initial. Pour que le Petit Poucet et ses six frères échappent à la fringale de l'ogre, il fallait nécessairement que ce dernier ait sept enfants. Mais quel besoin que ce soient des filles ? Sept petits ogrions auraient aussi bien fait l'affaire... or Perrault a choisi une sororité. Je ne crois pas que ce soit anodin. Dans le conte, les sept filles sont dévorées, et on passe à la suite. Dans mon histoire... vous verrez. J'aimais l'idée de rappeler qu'il y a toutes sortes de monstres. Les contes sont moralisateurs, ils peignent de grands méchants parfaitement odieux et des héros impeccablement droits. J'espère être sortie de cette dichotomie.

Il y a aussi la question du sauvage, de l'organique, du souterrain, Désir féminin, menstrues, chair ingérée, digérée... Vos romans explorent souvent les tréfonds, ce qu'il y a de plus secret. Comme les contes, finalement ?
- Oui, exactement ! Les contes, dans leurs versions oralisées, celles qu'on se racontait dans les campagnes et que Perrault et d'autres ont ensuite rapportées par écrit, étaient à la fois très sombres et très près des réalités du corps.
Le Petit Chaperon Rouge mange une soupe faite du sang de sa grand-mère, la Belle au bois dormant se réveille enceinte... Perrault a pas mal épuré les versions paysannes, et Disney a poursuivi ce mouvement d'enjolivement. Mais je crois qu'on ne peut pas totalement faire disparaître ces épisodes violents et organiques, ils sont dissimulés dans les contes qu'on se raconte aujourd'hui, on les devine dans ce père qui va perdre ses enfants en forêt, ou cet autre qui mange ses filles, même si Perrault passe vite dessus. Il me plaît d'aller déterrer tout ça. Et de chercher les mots pour en parler ! Ce n'est pas facile... Ce roman-ci parle de tripes et de menstrues, et c'était clairement un nouveau défi stylistique !

Ce roman est une expérience de lecture extraordinaire. C'est un livre choral, où ceux qui parlent ne sont pas forcément qui l'on croit qu'ils sont. Pourquoi ce choix ? Comment gérer, en tant qu'autrice, autant de “voix” sans que ce soit exhaustif ou fastidieux ? Car là, ça ne l'est pas. On a très envie de savoir ce qui se passe dans la tête de chacun.
- La forme de ce roman m'a clairement donné du fil à retordre. J'ai dû trouver la voix de chacun. Puis bâtir l'histoire de manière que les prises de parole s'enchaînent bien : chaque personnage a sa propre quête, son point de vue, pourtant il faut que le tout forme un tableau cohérent. Et dans le même temps, ne pas donner trop d'informations pour maintenir le suspense, qu'on ne devine pas qui va l'emporter... J'ai eu l'impression d'écrire en étant à la fois au four et au moulin. Mais quand cela commence à prendre forme, le résultat est très satisfaisant !

interview de Flore Vesco pour l'Ecole des loisirs
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J'ai trouvé merveilleux de remodeler le conte de la princesse au petit pois de la sorte. J'ai énormément apprécié que l'épouse choisie par lord Adrian ne soit pas une des centaines de princesses aux habits luxueux et aux manières élégantes mais à une de leur énervantes, assez colérique qui ne se pomponne pas à longueur de journée et qui est la seule à ne pas l'aimé pour l'argent et le domaine mais par véritable amour!

J'ai trouvé original que le manoir soit fait de murs (évidemment) mais aussi de l'esprit et du corps entier d'une mère tellement protective qu'elle étouffe presque son fils!
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"Il suffisait à la jeune fille d'entrer dans une pièce pour éteindre tous ceux qui s'y trouvaient".
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Ces trois jeunes filles de la bonne société anglaise étaient de fort délicates créatures. Mrs Watkins pouvait être fière d'avoir produit ces jouvencelles aux fins cheveux blonds, à la mince ossature point trop tapissée de chair. Elle avait veillé sur leur taille étroite, leur avait appris à ne laisser échapper qu'un petit filet de voix. Il en allait des filles comme des bagages : moins elles prenaient de place, et plus elles seraient faciles à caser.
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Je voulais voir les couches des domestiques, savoir à quoi ressemblent leurs nuits amoureuses. On dit qu’ils sont plus libres. Ont-ils plus de plaisir? Là encore, je me suis lassée de ce jeu. Leurs nuits ressemblent aux miennes : un homme qui vous surprend et fait vite son affaire, après quoi il faut se relever, aller à la bassine pour se rincer, avant de rejoindre un tronc ronflant, qui occupe la moitié de la couche.
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– Maman, je connais ce conte. Le prince avait caché un petit pois entre le sommier et le pre- mier matelas. La jeune fille était d’une telle déli- catesse qu’elle en fut gênée toute la nuit.
– Petite sotte ! Vous ne connaissez rien encore. Ne vous semble-t-il pas que cette histoire de pois est absurde au possible ? Que la morale en est on ne peut plus bête ? Sentir un petit pois à travers dix matelas ! Comme si une bonne épouse devait être à ce point fragile, et se pâmer au moindre inconfort ! Mon cœur, écoutez-moi bien. Les contes cachent une once de vérité sous mille fadaises. Voici le vrai de l’affaire.
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