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Citations de Florence Aubry (126)


Après ça, Hurricane est restée de longs jours prostrée, à se laisser flotter dans l'eau, au même endroit pendant des heures, à refuser tout travail. Alors ils l'ont mise dans le bassin vitré, pour qu'au moins elle serve à quelque chose. Au minimum elle pouvait être regardée, c'était toujours ça, les visiteurs pouvaient faire des photos, elle restait rentable. Mais quel genre d'êtres vivants êtes-vous, vous capables de passer de longues minutes à contempler une bête abattue par le chagrin ?

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Ils ont attendu, c'est ce qu'ils ont fait, simplement attendre, patienter avec cynisme. Que l'épuisement arrive. Que la bête rende les armes. Et bien entendu ça a fini par arriver, Hurricane a fini par abdiquer.
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Il sait lui faire manger tout jusqu'à la fin, et elle sait bien qu'il aime quand elle s'en met partout, et même quand elle tape des deux mains dans la purée, ça le fait rire. Il aime aussi lui passer cette brosse douce dans les cheveux, et aussi la regarder s'endormir. S'endormir lui aussi sa grosse main sur la sienne, si petite.
Elle ressemble à ce qu'il voudrait être, neuf et sans histoire.
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Il montre la souffrance béante. Il exhibe le mal qu'ils lui ont fait. Il se révolte, il se débat, il montre combien il est vivant.
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Ce que l'on voit sortir de chaque plaie ne ressemble d'abord qu'à une vague masse sanguinolente. Et puis peu à peu le sang s'écoule, maculant la poussière jaune du sol, les masses jumelles accrochées dans le dos commencent à s'alléger et à s'animer. Un jeune garçon muni d'un linge et d'un pot à eau, s'approche alors. Délicatement et respectueusement il écarte les masses du dos, les éponge soigneusement, les débarrasse des débris de chair et du reste de sang. Jusqu'à ce qu'elles soient parfaitement propres. Les masses alors s'agitent, vibrent et se déploient. Ce qui ne semblait être que deux amas se révèle être ce qu'ils sont réellement : deux membranes d'une finesse extraordinaire, qui à contre-jour du feu laissent apparaître un réseau de veines bleues fines et délicates.
Deux ailes.
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"Et soudain, je vois ce que je ne pouvais, ne voulais pas voir. Des couleurs qui me blessent. Des traces rouges, sur les bras. Des traces bleues, sur les pauvres jambes grises."
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Vasco est tellement heureux, il retrouve son maître, son compagnon, son ami de toujours. (…) Il le prend exactement tel qu’il est, et je me dis : « C’est ça, l’amour pur, l’amour inconditionnel et, finalement, seuls les animaux sont capables de donner cet amour-là. »
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(…) Un texte qui pouvait sembler avoir été écrit à la va-vite mais dont, en réalité, chaque mot avait été soigneusement choisi. Chaque mot comme un mégot de cigarette écrasé bien profondément contre son cœur.
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A grands coups de bâtons, ils ont réussi à hisser Oscuro dans cet affreux hamac, percé de deux trous pour les nageoires et maintenant, il est là, dans les airs, avec un formidable point de vue sur le spectacle terrifiant : sa famille disloquée, les parents, prisonniers de leurs filets, qui hurlent à vous déchirer le ventre, et juste au-dessus de lui, les eaux rougies, et le corps flottant de l'un de ses cousines. Elle ne bouge plus.
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Ce cri poussé par un autre que lui, sa langue maternelle dans la bouche d'un autre être, pour la première fois depuis toutes ces années, ça a sûrement été un bonheur brûlant, pour l'orque. Et ça lui fait un mal de chien. Une douleurs aiguë et brutale, comme un coup de sabre dans la chair.
Parce qu'ici, les petits bonheurs font aussi mal que les coups. Vous comprenez, ils n'ont pas de place pour s'épanouir, pour enfler, pour s'étendre, pour vivre leur vie de petit bonheur. Tout de suite ils viennent buter contre les murs du bocal.
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Pas de surveillants, dans ce parc, pour prévenir les petits manchots fragiles des maltraitances. Pour eux, la récréation était interminable. Elle durait toute la journée, et toute la nuit. Elle durait toute une vie.
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- Pour s'occuper des manchots, on est combien ?
Elle se met à rire, et je découvre un rire qui ressemble à un grognement. Purée, ça craint peut-être de travailler avec des animaux, à force, on se transforme !
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Chaque jour, à treize heures et seize heures, ils sont là. Ils sont informés par les messages répétitifs délivrés par les gros haut-parleurs noirs que c'est l'heure. Au début, ils arrivent en petits groupes, puis par vagues, quand l'heure du spectacle approche.
La plupart du temps, ils ont chaud, alors ils boivent des sodas dégoûtants, des sodas si saturés en produits chimiques que j'en sens l'odeur artificielle de là où je me trouve. Ils ont chaud, alors ils s'éventrent avec tout ce qu'ils trouvent, le plan du parc, leur casquette, n'importe quoi. Ils font des photos. Ils mangent toute sorte de choses mauvaises qui leur empoisonnent le corps. Ils mangent, tout le temps, d'ailleurs, du début à la fin du spectacle, il y a plein d'endroits dans le parc pour acheter de quoi manger. Des bébés crient. Des enfants tiennent des ballons, ou des glaces qui coulent et recouvrent leurs mains d'une substance colorée et poisseuse. Des gens changent de siège, se poussent, se serrent. Ils veulent tous la meilleur place.
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Jamais il ne sera ami avec l'un d'entre nous, même si autrefois, ça aurait pu être le cas. Et pourquoi ? Parce qu'il y a bien longtemps qu'il sait qui nous sommes, il sait exactement qui et comment nous sommes, et le mal que nous sommes capables de faire. Il n'y a pas de limite à la douleur que nous pouvons lui infliger.
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Les mots de sa langue maternelle sont son dernier trésor. Ils sont, avec ses pensées, avec ses souvenirs, ce qu'on ne peut pas lui prendre. Tout un univers d'amour, de liberté. Je dis les mots, mais bien sûr ce sont en réalité des sons, des milliers de sons qu'aucun être humain ne peut comprendre. Des mots que les autres épaulards ne comprennent pas non plus. Parce que dans leur monde, les sons appartiennent à une famille, à un clan.
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Il y a plusieurs sortes de comas. Il y en a trois en vérité : le coma vigile, le coma léger, le coma profond. En cas de coma vigile, la personne peut encore répondre aux sollicitations de son entourage, c'est-à-dire qu'elle peut entendre, qu'elle peut marmonner des réponses plus ou moins cohérentes, qu'elle est capable de déglutir ou d'avaler des liquides qu'on lui tendrait. Ensuite, il y a absence de contrôle des sphincters dans le coma léger avec incontinence d'urine en particulier, l'alimentation orale devient ici impossible, plus de déglutition.
Dans le coma profond, la personne n'entend plus rien, ne bouge plus, elle est comme morte, sa respiration est stertoreuse comme si elle ronflait très fort avec des liquides dans sa poitrine ou ses poumons, son coeur bat encore plus ou moins régulièrement.
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- Et qu'est-ce-que tu comptes faire ? Tu as parlé avec ta mère ?
- Non.
- Comment ça non ?
- Elle me dégoûte. Je me suis débrouillée pour ne pas la croiser.
- Elle te dégoûte ? Elle te dégoûte, ta mère ! Elle n'a tué personne, merde !
- Tu peux pas comprendre .
- Ah non, t'as raison, je peux pas comprendre. Et si tu t'étais trompée ?
- Je ne me suis pas trompée.
- Bon, ben si tu essayais de comprendre ?
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Aujourd'hui je me suis baladée au lycée porteuse de mon gros secret : aujourd'hui, c'est mon anniversaire. Je me sentais un petit peu vulnérable, je ne voulais rien dire et en même temps, j'aurais voulu que tout le monde sache et qu'on s'occupe de moi un peu mieux. Mis à part Zoé, qui avait depuis longtemps fait une grosse croix rouge sur son agenda, personne n'avait rien dit.
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Je suis un morceau du monde. Un morceau du monde, vivant, et libre. Vivant et libre, mais plus jamais heureux.
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L'innocence de la jeunesse n'existe pas.
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