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Critiques de François Schuiten (481)
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Jim

Dans les heures qui ont suivi la disparition de son chien avec qui il a vécu 13 ans, l'auteur a ressenti l'impérieux besoin de le dessiner " comme pour le garder encore un peu".



Ainsi les promenades ont été remplacées chaque jour par un dessin, le livre reproduisant l'ordre exact où ils ont été réalisés.



A travers des illustrations en noir et blanc dont l'écriture est composée de hachures et de traits à l'épaisseur variée, François Schuiten dit à la fois sa tristesse, le manque, les souvenirs qui l'assaillent et tout ce que son chien lui a appris, apporté.



Nous sommes dans une relation bien plus riche que celle d'un maître avec son animal domestique. Cela se traduit par des illustrations, comme sur la couverture du livre, par un chien représenté beaucoup plus grand que l'auteur. Le chien est vu comme un pilier sur lequel s'appuyer, un nid protecteur dans lequel se blottir, une immense ombre qui flotte au-dessus de l'auteur depuis sa mort.





François Schuiten souligne la fidélité inconditionnelle de Jim, la légèreté que sa présence apportait à un groupe, sa sociabilité.



Si le chien est présent dans toutes les pages, François Schuiten montre l'étendue de son talent d'illustrateur en dessinant aussi la ville, la montagne, la mer, l'intérieur d'un appartement ou un métro bondé par exemple dans des scénettes aux traits puissants et poétiques.



Un bel hommage, tendre et émouvant, à Jim qui fera sans aucun doute écho chez ceux et celles qui ont partagé leur quotidien avec un chien.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les Cités obscures, Tome 1 : Les murailles de..

"Les murailles de Samaris" est tout à fait le genre d’œuvre qui m'intéresse en B.D. Avec ce 1er tome de la série "les cités obscures", Schuiten et Peeters font preuve d'audace et d'exigence, que ce soit visuellement ou narrativement.



Franz, habitant de Xhystos, est envoyé en mission officielle à Samaris. Les précédents émissaires ont disparu sans jamais donner de nouvelles. Arrivé à Samaris, Franz découvre une ville bien étrange dans laquelle, très vite, il se sent mal à l'aise.



Je ne veux pas trop en dire sur l'histoire pour ne pas gâcher la surprise à ceux qui liraient cette B.D. Sachez simplement que le scénario écrit par Peeters est étonnant, audacieux et très inventif. L'intrigue est peut-être menée un peu trop vite et aurait pu être développée d'avantage sur certains aspects mais cela reste un scénario remarquable qui a quelque chose de fascinant.



Visuellement, c'est tout simplement superbe. Schuiten propose des illustrations recherchées et d'une grande beauté. Ce qui est particulièrement intéressant, c'est la représentation des deux villes, qui sont ici de véritables personnages avec chacune une identité propre. Les amateurs d'architecture et de design seront aux anges.

L'architecture de Xhystos est très représentative de l'art nouveau. Schuiten affirme d'ailleurs avoir imagine Xhystos comme si cette ville avait été entièrement créée par Victor Horta. Ce côté art nouveau donne une tonalité rétro-futuriste très séduisante à certaines pages.

Quant à Samaris, ses édifices monumentaux évoquent plutôt le baroque, tandis que le cœur de la cité réserve des surprises (je n'en dis pas plus pour laisser le plaisir de la découverte).

Le travail de Schuiten sur la représentation des villes est absolument remarquable, parmi les plus impressionnants que j'ai pu voir, travail magnifié par une utilisation très réussie des couleurs.



J'ai beaucoup aimé ce 1er tome des "cités obscures" et j'ai hâte de découvrir les autres merveilles imaginées par Schuiten et Peeters dans les tomes suivants.
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Les Mers perdues



DES MERS PAS PERDUES POUR TOUT LE MONDE !



Au milieu de l'hyper-production (romanesque ou bédéphile) contemporaine, de ses couvertures calibrées au cordeau, de son marketing impitoyable, de ses classements par genres, publics-cibles et thématiques précises, fastidieuses mais efficaces, le tout élevant au rang d'art de pitoyables objets industriels plus ou moins consommables et éphémères a contrario de ce qui, jadis, relevait de la création artistique et littéraire plus ou moins artisanale, plus ou moins pertinente et réussie mais jamais à ce point consommable ; au beau milieu de ce charivari insensé, consumériste en diable, existent encore, bien heureusement, de ces livres inclassables, improbables, gentiment fous et inaltérablement beaux.

Indéniablement, Les Mers perdues est de ces raretés-là.



Mais qu'en est-il un peu plus exactement de cet ouvrage ?



Né d'une collaboration entre deux maîtres dans leurs genres respectifs - l'écrivain français Jacques Abeille pour le long et beau texte, le dessinateur belge, et baron par la grâce de Sa Majesté Albert II (sic!), François Schuiten, ce très beau livre aux allures, quant à son format, de bande-dessinée destinée à un public plutôt adulte (on est dans les dimensions habituelles des albums du cycle "Les Cités obscures"), nous embarque pour un long et étrange voyage conté par le plumitif de cette aventure vers les rivages lointains d'une civilisation presque aussi mythique que morte.



C'est sur la proposition d'engagement d'un commanditaire aussi fortuné que mystérieux que notre narrateur va se lier aux autres membres de cette bizarre expédition, dont il ne sait d'abord rien du tout : un dessinateur débonnaire et enthousiaste, une jeune géologue, charmante et au caractère bien trempé, un guide prêt à tout, taciturne mais solide comme un roc, un homme fait pour diriger. Peu de temps après leur départ, nos voyageurs vont croiser les pas des légendaires hulains (Jacques Abeille nous en fait une description très complète dans son autre ouvrage "La grande danse de la réconciliation), peuplade qui n'est pas sans rappeler ces bushmen des déserts d'Afrique du Sud par leur petite taille, leur connaissance intime des déserts chauds et cette sorte de sagesse immanente et douce, cette grande humanité se payant plus souvent de gestes que de mots. Ceux qui se souviennent du film "Les Dieux sont tombés sur la tête" comprendront...



Ensemble, ce groupe hétéroclite va découvrir le continent des Mers perdues, relevant jusque-là du lieu légendaire, du lointain impossible car probablement inexistant. Il vont y découvrir une civilisation extrêmement avancée, technique, industrielle, atteinte de gigantisme, mais désormais parfaitement morte. Ils vont y croiser de fabuleuses et immenses statues de pierre que les hommes d'alors semblent avoir volontairement saccagées, défigurées, les perçant de meurtrières, les transformant de fait en pylônes électriques, les affublant de rambardes, les entourant d'escaliers vertigineux...



Peu à peu, ce voyage de recherche, cette supposée chasse au trésor - c'est en tout cas ce qu'en pense le guide - va se transformer en véritable quête initiatique, transformant nos arpenteurs jusqu'au plus profond d'eux-mêmes. Une fois n'est pas coutume, c'est le chemin qui importe et pas tellement le but.



Composé sous forme de récit épistolaire - dont le récipiendaire nous est aussi inconnu qu'il s'avère peu à peu inaccessible. A moins qu'il ne s'agisse de chacun de nous, lecteurs -, mais répondant avec bonheur aux codes du récit de voyage imaginaire - on n'est pas si loin de Jules Verne que cela, de ce point de vue -, le texte de Jacques Abeille saura séduire les lecteurs de cette prose impeccable, d'une élégance et d'une fluidité formelle jamais en faute, que l'on avait pu découvrir avec son fameux Les Jardins statuaires, qui est la pierre fondatrice de ce cycle impressionnant d'intelligence et de grâce répondant au nom de Cycle des Contrées. Les Mers perdues en sont tout à la fois l'un des soubresauts les plus récents, du point de vue de leur publication, tandis qu'il peut, paradoxalement, être compris comme une forme d'introduction, un "antépisode", selon nos amis du Québec, à toute l'oeuvre à suivre mais pourtant déjà écrite. Comme chacun des opus composant cette saga d'un monde imaginaire, fantasmagorique, ce somptueux album peut se lire totalement indépendamment des autres.



Fable humaniste se dépliant lentement au gré des pérégrinations de nos découvreurs de monde, les illustrations - superbes dessins pour partie au fusain, pour nombre au crayon et au pastel, d'une qualité graphique époustouflante, semblent au premier abord accompagner la voix unique du narrateur (on a parfois le sentiment d'entendre l'une de ces voix off de cinéma de quelque documentaire ethnographique ou de l'une de ces voix intérieures d'un personnage accompagnant la rédaction d'un courrier. C'est assez troublant). Peu à peu pourtant, dessins et texte s'accompagnent mutuellement de mieux en mieux, en un équilibre fragile mais respectueux. Peu à peu, sans jamais se dissocier, chacun donne de sa voix propre, se complétant avantageusement, donnant à raconter ce que l'autre technique ne peut expliquer. Pour peu que l'on apprécie le dessin souvent emprunt d'une certaine nostalgie immobile, que d'aucuns pourront juger froide et distante, d'une baroque précision toujours et d'un imaginaire incroyable de François Schuiten et pour autant que l'on aime cette écriture si bellement déliée, précise, classique jusqu'à l’exubérance de Jacques Abeille, alors on ne peut qu'être extasié par ce ROMAN GRAPHIQUE (pour cette fois, l'expression prend pleinement sa mesure, car l'ouvrage n'est en rien une bande-dessinée qui n'oserait ouvertement dire son nom, mais rappelle bien plus, dans sa composition, ces magnifiques ouvrages reliés, édités au XIXème et vers le début du XXème siècle), ce beau livre d'exception.



Or, cette beauté plastique n'est en rien gratuite et sert admirablement le propos, les intentions de nos deux créateurs : description et critique d'un monde industriel poussé jusqu'à ces franges les plus mortifères, sur-exploitation de l'espace environnant, jusqu'à leur disparition, des ressources permettant à cette civilisation de surgir, puis d'exploser, dans son aboutissement fou, démesuré et sacrifiant à sa propre destruction. Réflexion sourde autour d'une écologie maltraitée à l'excès, par idéologie, par atavisme, par aveuglement, par avidité, par crédulité... Mais aussi réflexion sur l'art, sur les rapports, les liens, les échanges possibles entre les diverses formes de créations. Discussion intime autour du temps, de l'expérience, du sens de l'existence -qu'elle soit individuelle ou collective -, de la mort des êtres, des amitiés profondes : celles entre les voyageurs eux-mêmes ainsi que celles, initiées par la jeune géologue, troublantes, qui vont s'accomplir avec les étranges hulains. Le regard à autrui, dans sa différence de race, de culture, y est subtilement et délicatement abordé (ainsi, les voyageurs partent-ils d'abord du principe que les hulains ne sont capables de comprendre que les ordres les plus simples, tandis qu'ils entendent absolument tout du langage des explorateurs mais préfèrent, avec grande finesse et respect, laisser ces derniers venir vers eux lorsque l'échange sera véritablement possible). Des questions se posant à tout scripteur, à tout écrivain, ou, au sens premier, à tout reporter sont aussi évoquées, sans alourdissement, tels le problème de la censure, celui du pouvoir des mots, de la puissance de l'écrit.



En moins de quatre-vingt dix pages, c'est une oeuvre complexe et complète que nos deux artistes nous donnent à découvrir, suscitant tour à tour émerveillement, songe, réflexion dans un échange pour ainsi dire parfait entre dessin et écriture. Un vif, un très vif merci aux éditions Attila -aujourd'hui au catalogue des éditions du Tripode- d'avoir initié ce livre d'un accomplissement rare, séduisant sans jamais être putassier, esthétiquement engageant, un bel objet par lequel les éditeurs permirent une bien étonnante rencontre, celle entre Jacques Abeille et François Schuiten, entre deux mondes intérieurs sinon identiques, du moins véritablement confraternels, fantastiques, envoûtants.



Laissons, pour conclure, le dernier mot au maître d'oeuvre de Brüsel et autres L'Archiviste, par ce bref entretien où l'on comprend que les dessins préexistaient au texte, mais que leur emploi y trouva une destinée autrement plus féconde : https://youtu.be/jMEjVp6_xEs
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Machines à dessiner

Il s'agit là d'un catalogue d'exposition du musée des Arts et Métiers. Or son principal défaut, c'est justement de n'être pas représentatif de l'exposition : on ne comprend que très vaguement en quoi elle a consisté. Impossible, pour qui ne l'a pas visitée, de savoir à quoi s'en tenir. Certes, le directeur du CNAM s'est fendu en introduction d'une vague explication sur le projet de François Schuiten, qu'on sait depuis longtemps passionné par le musée des Arts et Métiers; ça n'est pas pour rien qu'il a conçu la scénographie de la station de métro du même nom. Donc, il se serait agi, d'après ce qu'on peut tirer au clair de cette intro, de faire dialoguer certains objets du musée - ou d'autres musées, éventuellement -, notamment certains liés au dessin, avec l'imaginaire de François Schuiten. Sauf que, de fait, jamais ce n'est très apparent dans le catalogue. Alors oui, dans la seconde partie consistant en un entretien entre Schuiten et son comparse Peeters, on nous a concocté une mise en page qui nous présente la photo d'un astrolabe du musée en regard d'un dessin de Schuiten qui représente un astrolabe. Même chose avec une sphère armillaire, avec une hélice, etc., etc. Vous aurez compris le principe, qui, franchement, ne nous apporte rien. Et ce d'autant moins que les photographies ne sont pas issues de l'exposition mais présentent les objets de la façon la plus objective et froides possibles, sur fond détouré, et ne dégagent donc aucune atmosphère. Quant à la première partie proprement dite, un essai d'Éric Dubois sur l'acte de dessiner et les techniques qui s'y rapportent, pas très captivant, il fait difficilement le lien avec l'entretien qui suit et j'ai que j'ai mentionné plus haut... Alors que François Schuiten ne cesse de parler dessin, justement ! Ce qui nous donne un catalogue un peu incohérent. À qui la faute ? Je me suis demandée si, finalement, Benoît Peeters s'était vraiment prêté au jeu et n'avait pas pas fait glisser l'ouvrage vers ce qui l'intéressait sans doute plus - du moins c'est mon impression - que l'exposition elle-même : le parcours de François Schuiten.



Du coup, c'est effectivement cet entretien qui captivera sans doute les lecteurs avant tout, et d'autant plus s'ils sont fans du duo, et de François Schuiten en particulier. Ce que je dénonçais comme s'avérant peut-être comme un défaut de taille pour le catalogue devient, dans le cadre strict de l'entretien, un moment agréable à passer avec Schuiten. Benoît Peeters, qui le connaît depuis l'âge de douze ans et travaille avec lui depuis des dizaines d'années, sait s'appuyer sur leur longue amitié et collaboration pour poser des questions qui s'attachent au rapport de François Schuiten avec le dessin depuis l'enfance. On comprend son cheminement, on découvre ses influences, on s'intéresse à sa technique, on est éclairé sur certains points comme l'utilisation de la perspective, le travail à la plume. Bon, c'est peut-être un peu court et les lecteurs familiers du duo auront peut-être une légère 'impression de déjà lu. Mais on y retrouve avec plaisir beaucoup de dessins de François Schuiten, soit tirés d'albums, soit créés pour des affiches éditées, soit encore issus de propositions inédites. C'est définitivement un livre pour aficionados, qui se lit d'un bout à l'autre mais se parcourt également uniquement pour ses images. Et on ne crachera donc pas dessus... si ce n'est que le prix de 30€ est évidemment peu démocratique. Mais c'est malheureusement là le lot des catalogues d'expositions.
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Autour de Blake & Mortimer : Le dernier Pha..

Le dernier pharaon est une BD que je me suis longtemps refusé à lire. Pas parce que c’est une reprise, pas à cause d’un scénario dont j’ignorais tout, mais simplement parce que ce qui fait le sel de la série de E.P. Jacobs c’est la ligne graphique réaliste, envoûtante et qui renvoie le lecteur à un Londres des années 50. La simple vision de la couverture et de quelques pages montrait un traitement par François Schuiten bien éloigné de Jacobs. D’où rejet. Point à la ligne.



Pourtant, après avoir surmonté ce « pas de côté » graphique, force est de constater que cette vision du célèbre duo mérite qu’on s’y attarde. Schuiten bâti un univers dystopique et cauchemardesque assez réussi ; les scénaristes plongent Mortimer dans ses souvenirs du temps du Mystère de la grande pyramide et nos héros sauvent encore une fois le monde, malgré l’âge qui avance. Les détours dans le palais de justice de Bruxelles valent le déplacement.



Finalement, il y a là de quoi contenter l’amateur de BD. Le dernier pharaon n’est certes pas vraiment un Blake et Mortimer, mais c’est quand même un bel écart autour du mythe.
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Autour de Blake & Mortimer : Le dernier Pha..

Scénario : Jaco van Dormael, Thomas Gunzig et François Schuiten

Dessin : François Schuiten

Couleur : Laurent Durieux



C'est la première fois que je lis les aventures de Blake et Mortimer.

J'ai pris un album au hasard, ne trouvant pas le tome 1.

J'ai aimé et l'histoire, car j'aime beaucoup tout ce qui a trait à l'Egypte des pharaons, et les dessins.

Mais Mortimer ne me paraît plus de la première jeunesse. Je vais demain à la bibliothèque, il faut que je trouve le tome 1.

Beau plan du Nouveau Palais de Justice de Bruxelles.
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Autour de Blake & Mortimer : Le dernier Pha..

Blake et Mortimer figurent depuis l'adolescence dans mon panthéon des héros de BD.

J'ai grandi avec eux, le plus souvent allongé sur mon lit durant des dimanches pluvieux. Adulte, ils me permettent au contraire de rajeunir, toujours dans la même position, harponné par ces machinations mondiales aux limites du fantastique.

J'étais donc curieux de voir comment François Schuiten, dessinateur doté d'une identité picturale bien marquée, allait intégrer les personnages d'Edgar P. Jacobs dans son univers. Allait-il s'effacer comme les derniers auteurs pour respecter le trait originel ou bien allait-il s'en éloigner ?

Et bien, les deux, mon capitaine !

Damn ! dirait le professeur Mortimer, je dois avouer que j'ai vécu les trois premières planches comme un blasphème. Je ne reconnaissais plus mes héros, ces jeux d'ombres autour de visages vieillis, le grain des pages qui ne râpait plus mes doigts comme une lime à ongles, des jeux de perspectives et des profondeurs de champs qui donnaient le vertige à mes souvenirs.

Un vrai réac de la vignette !

Fort heureusement, je me suis laissé rapidement embarquer dans l'histoire, à la fois respectueuse des fondamentaux de la série (du mystère, de l'action, des situations rocambolesques, la menace de missiles dévastateurs, des théories scientifiques loufoques et.... des héros qui parlent tout seul !) tout en plaçant dans l'intrigue des sujets modernes (pollution, dépendance aux appareils électroniques, réfugiés économiques...).

La vraie réussite de ce tome est d'illustrer les cauchemars de Philip Mortimer et de le faire évoluer dans une ville (Bruxelles) désertée à cause d'une énergie inconnue, lieux irréels propices aux univers parallèles de François Schuiten. Certaines cases sont d'une beauté rare.

Comme "Le dernier Pharaon" est une sorte de suite du "Mystère de la Grande Pyramide", une des premières histoires de la série originelle, les références sont nombreuses et les vieux lecteurs comme moi y trouveront leur compte.

Mon conservatisme refuse néanmoins d'accorder une cinquième étoile car il manque un vrai méchant dans l'histoire. de ce point de vue, le diabolique colonel Orlik m'a manqué. Enfin, Blake joue selon moi un rôle trop secondaire dans l'histoire.

Néanmoins, ce tome mérite sa place sur les étagères de ma bibliothèque qui tiennent encore debout, mystère que seuls Blake et Mortimer pourraient résoudre.
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Autour de Blake & Mortimer : Le dernier Pha..

le retour de Blake et Mortimer, dans une aventure coécrite et dessinée par l, auteur des

cités obscures, est une réussite et un bonheur

une histoire originale, ancrée dans notre époque.

et fidèle à l, esprit d, Edgar

p. Jacobs créateur des héros cultes.
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Aquarica, tome 1 : Roodhaven

Roodhaven, petit port de pêche, a connu la fortune à l'époque de la chasse aux baleines. Mais depuis la faillite de cette activité et surtout la disparition en mer du plus grand de ses baleiniers, sa communauté vit dans l'amertume. Alors, quand un gigantesque crustacé s'échoue sur la plage couvert d'une pièce du navire regretté, l'émoi gagne la population… Un jeune scientifique, John Greyford, est dépêché sur place pour tirer la chose au clair. L'affaire prend une tournure plus inattendue encore lorsqu'une jeune fille est extraite de la bête.



Benoît Sokal et François Schuiten convoquent ici Verne, Defoe, Melville et par là-même rendent hommage aux grands récits d'aventure des XVIII et XIXè siècle. Les convictions cartésiennes du héros doucement s'effacent devant le rêve porté par Aquarica la jeune voyageuse, dans le même temps que le lecteur se laissent emporter par leur histoire. Le trait de Sokal, s'il n'est parfait en tout, restitue merveilleusement gueules burinés des marins et paysages de mer. Au final chaque élément, des couleurs aux relents tradi jusqu'aux ambiances soignées portent cette nostalgie des récits qui ont bercées notre enfance. Un album a l'onirisme certain.

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Les Cités obscures, tome 12 : Le retour du ca..

Magnifique ouvrage pouvant être dénommé roman graphique. Mais c'est bien plus, grâce aux textes de Benoît Peeters accompagnés des dessins incomparables de François Schuiten. L'épisode du retour de Nemo se complète par une courte rétrospective de l'oeuvre de Jues Verne.
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Revoir Paris, tome 1

Quel étrange voyage ! Cette première partie est entièrement placée sous le signe du voyage. Elle commence alors que le vaisseau spatial dont Kârinh est la cheffe de bord vient de partir et elle se termine avec un arrêt dans ce voyage. Durant la première moitié de ce tome, Kârinh est seule consciente à bord du vaisseau. Elle tient un journal de bord auquel le lecteur a accès régulièrement. Elle se parle à elle-même à haute voix. Il y a de rares dialogues avec Silvio, l'intelligence artificielle du vaisseau (une vague réminiscence d'HAL 9000, en moins menaçant et moins philosophe). Elle est interpellée par les individus qui peuplent les lieux parisiens qu'elle visite en rêve.



Dans la deuxième partie de ce voyage, Mikhaïl Winckelmann (l'un des passagers) a été réveillé depuis l'Arche et il fournit un interlocuteur à Kârinh, puis par la suite un jeune adolescent s'appelant Coy servira de guide à Kârinh. Le journal intime de l'héroïne permet au lecteur de se faire une idée sur ses motivations et ses objectifs, ainsi que sa façon de penser. Les interventions de Mikhaïl puis Coy apportent un autre regard sur ses actes, d'un individu plus vieux (plus responsable), et d'un autre plus jeune (plus pragmatique).



Dans la première partie, le lecteur découvre l'obsession de Kârinh pour la ville de Paris, son savoir lacunaire et l'origine de cette obsession. Par la suite il se rend compte que Kârinh est plus un personnage principal qu'une héroïne, certaines de ses actions étant sujette à critique. Du coup le lecteur est un peu déstabilisé dans la mesure où il prend conscience qu'il ne s'agit pas d'un simple récit d'aventure, d'une expédition à la recherche d'un trésor avec un héros au cœur pur. Au voyage de Kârinh répond celui du lecteur qui avance sans certitude sur ce que lui réservent les pages à venir. Verra-t-il Paris dans ce tome ou non ? Faudra-t-il attendre le tome suivant ? Y aura-t-il un voyage de retour ?



Comme dans le cycle des Cités Obscures (à commencer par "Les murailles de Samaris"), le lecteur sait qu'une grande partie de la narration est portée par les dessins de François Schuiten. Le début offre une séquence fantasmagorique pendant laquelle Kârinh vole entre les poutrelles de la Tour Eiffel, comme un corps astral, perceptible par les touristes. Elle s'achève par une grande case évoquant une gravure de Gustave Doré (page 8). Par la suite, le lecteur observe également un hommage à l'œuvre d'Albert Robida (1848 - 1926).



Puis le lecteur découvre quelques coursives et salles du vaisseau spatial, environnement géométrique et stérile, dépourvu de la poésie de l'enchevêtrement des poutrelles. La séquence dans le jardin botanique du vaisseau offre une bouffée d'air frais au milieu de cet environnement végétal et fruitier, à la fois à Kârinh et au lecteur. La séquence d'après replonge le lecteur dans un rêve de Kârinh et dans la galerie Vivienne à Paris. Le lecteur peut enfin se repaître de cette architecture parisienne et fouiner dans les cases pour y déceler un détail (en l'occurrence des titres de livres faisant références à Pâhry, une ébauche d'histoire des Cités Obscures, ou à Grandville).



Le lecteur apprécie donc que Kârinh quitte enfin le vaisseau au deux tiers du récit pour pouvoir bénéficier de dessins débarrassés de l'environnement limité du vaisseau. Ce changement de lieu s'accompagne d'un changement radical du traitement de la lumière, passant de la lumière douce et chaude du vaisseau, à la morne grisaille de la réalité.



Cette première partie de "Revoir Paris" déconcerte de prime abord par sa linéarité, son mouvement de balancier entre un présent stérile et des séquences oniriques magnifiques aux règles peu claires (Comment y a-t-il une interaction avec les badauds ? Pourquoi Kârinh garde-t-elle la même tenue ?).



En dehors du voyage, le lecteur ne décèle qu'une seule autre thématique forte : l'absence parentale qui conditionne les aspirations de Kârinh. Dans le dernier tiers, il détecte également une forme de commentaire sur Paris (ville et mythe), et sur même sur le Grand Paris (ou Paris métropole).



À l'évidence, le lecteur assidu des autres collaborations de Schuiten et Peeters (le cycle des Cités Obscures) repère également d'autres signes. Cela commence avec une phrase du journal de Kârinh : "Karl et Irina ont longuement essayé de me dissuader". Cette phrase fait écho au comportement identique des amis de Franz Bauer dans "Les murailles de Samaris". Il y a également la mention furtive de Pâhry.



Il regarde également d'un autre œil le personnage principal. Dans le vaisseau, elle ne porte qu'une culotte et un chaste maillot de corps. Les auteurs remercient leur modèle en début d'ouvrage ; ils ont choisi une femme à la morphologie longiligne. La situation justifie que Kârinh soit dans une tenue décontractée et informelle, et les dessins ne réduisent pas le personnage à un objet sexuel, ni n'induisent une forme d'érotisme. Toutefois ce choix reste déconcertant, et sans vraiment être porteur de sens, autre que Kârinh serait une femme enfant (le lecteur est mesure de calculer son âge grâce aux informations éparpillées dans le récit), inconsciente ou refusant son caractère sexué (hypothèse vraisemblable du fait de son refus de se plier à son obligation de procréer sur l'Arche). Il devient encore plus incompréhensible au regard du rôle des femmes dans les tomes des Cités Obscures.



Alors il reste à faire comme Kârinh, à se plonger dans ses recherches sur Paris et sur ses métamorphoses, sur les traces qu'elles ont laissées et qui sont perceptibles par Kârinh dans ses voyages. Le lecteur regarde Kârinh se confronter à la réalité, éprouver les visions de son obsession pour Paris, à l'aune de ce qu'elle découvre, comme le lecteur confronte ses attentes à la réalité des pages qu'il découvre, charmé par une poésie vénéneuse.
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Mondes imparfaits

Très étonné d'avoir été sélectionné pour ce livre lors de la masse critique graphique. Je ne lis pas de philosophie et j'écris peu de critiques pour commencer. Ma copine m'a fait remarquer que mes critiques, quand elles ne sont pas sur des livres pour la jeunesse, sont sur des essais, de la science-fiction, de la bande dessinée et sur Roland Barthes, en m'expliquant que Benoît Peeters avait été l'élève de Roland Barthes. J'ai des gros doutes sur le fait que Roland Barthes soit intégré à l'algorithme de Babelio pour les masses critiques graphiques, mais quelle qu'en soit la raison, je suis ravi d'avoir pu recevoir Mondes imparfaits. Benoît Peeters et François Schuiten ont longtemps été pour moi les seuls auteurs originaux de la BD franco-belge, et ce sont eux qui m'ont donné envie de lire ce catalogue d'exposition.

L'exposition a eu lieu à la Maison d'Ailleurs d'Yvernon-les-Bains en Suisse, mais le catalogue ne ressemble pas à ce que je j'ai pu voir d'autre. Le livre est en deux parties et comporte seulement deux essais suivis d'un entretien avec Benoît Peeters et François Schuiten. L'exposition de ce "musée de la science-fiction, de l'utopie et des voyages extraordinaires" tournait en effet autour des Cités obscures, tout en explorant les rapports entre cette série et les notions d'utopie et de dystopie et en présentant aussi les œuvres de trois artistes suisses, des dispositifs technologiques et une petite partie de la collection du musée.

Première partie : les deux très bons essais de François Rosset et Marc Atallah concernent l'utopie et la dystopie. Ce sont à la fois des résumés très clairs et très accessibles de l'histoire de ces deux notions philosophiques et des théories sur la nature de ces notions. Le premier appuie sur le fait que les utopies littéraires ont d'abord été géographiques, souvent représentées par des îles, et qu'on les présentait comme des lieux réels. On nous explique que pas à pas, ces lieux imaginaires sont devenus des époques imaginaires : le lien avec l'anticipation et la science-fiction est fait. François Rosset conclut avec une réflexion sur la parenté entre utopie et dystopie, l'utopie étant une dystopie potentielle. Marc Atallah, lui, insiste sur la narration dans les dystopies. Pour lui, la dystopie est une utopie vue de l'intérieur, vécue par des individus et non observée par des voyageurs, comme les îles utopiques. La dystopie serait donc la faille de l'utopie révélée. Alors que je ne lis pas de philosophie et que je ne m'y connais pas en utopies, j'ai trouvé que tout était limpide dans les explications de François Rosset et Marc Atallah, et qu'ils donnaient à réfléchir. C'est une très bonne introduction à ces deux thématiques complètement liées.

Deuxième partie : l'entretien avec François Schuiten et Benoît Peeters qui suit est très complémentaire des essais. Je redoutais d'être un peu perdu, car si j'ai lu beaucoup de tomes des Cités obscures, je ne m'en souviens pas forcément très bien, exception faites de L'archiviste et du Guide des cités. Je me suis rendu compte qu'en fait, même en n'ayant pas lu du tout la série, on peut très bien suivre les réflexions de Marc Atallah, qui mène l'entretien, et des deux auteurs des Cités obscures. Un résumé de chaque tome de la série est présent, ce qui facilite la lecture, et François Schuiten et Benoît Peeters expliquent eux aussi très bien leur façon de travailler, ce qu'ils ont voulu raconter avec les Cités obscures et leurs rapports à l'utopie et à la dystopie. Cet entretien permet même d'aborder cette série de façon moins naïve qu'on ne le ferait peut-être dans un premier temps, car il éclaire certains points qu'on ne verrait pas forcément avec une seule lecture.

Et le travail iconographique est excellent : on trouve beaucoup de cartes géographiques pour le premier essai, des belles couvertures de pulps, des dessins inédits de François Schuiten. Tout est réuni pour faire de ce livre mieux qu'un catalogue d'exposition : un guide de référence sur l'utopie et la dystopie, ainsi qu'une réflexion intéressante sur les Cités obscures, qui donne très envie de relire la série !

Merci aussi aux Impressions nouvelles et Benoît Peeters pour avoir envoyé le livre en colissimo, ce qui m'a permis de le recevoir sans aucun problème.
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Les Cités obscures, Tome 2 : La fièvre d'Urbica..

Cette bande dessinée est non seulement fascinante graphiquement, c’est aussi une réflexion sur notre rapport à l’architecture.

Le graphisme en noir et blanc rappelle les gravures du XIXe siècle, avec des nuances de gris en trames linéaires, l’architecture présentée joue entre l’art nouveau et le stalinien, c’est du “Steampunk” avant l’heure, les machineries sont très présentes, tout est dans l’emphase et la mégalomanie. On ne peut pas ne pas être impressionné par le soin, les détails et la majesté des illustrations, les angles de vue, jouant sur la perspective, la mise en page jouant sur ces grandes verticales ou horizontales démesurées renforce la puissance architecturale.

Eugen Robick est l’architecte de la ville, une ville tout en hauteur, jouant sur le gigantisme et la rigueur de la symétrie, au caractère grandiose et austère. Un élément vient perturber cette symétrie et cette rigueur, un curieux cube aux propriétés très étranges. En se développant, il va transformer l’architecture de la ville, modifiant du coup les rapports sociaux, politiques, et apportant même la révolution. Eugen Robick, va se trouver malgré sa volonté au cœur de l’action.

C’est sans doute ce qui s’est fait de mieux sur l’architecture en bande dessinée, c’est une démonstration de ce qu’elle apporte au mode de vie, si le récit est fortement fantastique, les rapports humains sont au contraire très réalistes. Je me souviens qu’à l’époque de sa sortie, cette bande dessinée avait vraiment marqué les esprit. Aujourd’hui, elle a un statut de classique, c’est absolument justifié..
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Autour de Blake & Mortimer : Le dernier Pha..

Pyramide de Khéops.

Deux hommes sortent d’un sommeil qui leur a visiblement causé une solide migraine. Ils sont dans une pièce obscure éclairée par une maigre bougie. Comment diable sont-ils arrivés là ?



Bruxelles, des années plus tard ;

C’est un Mortimer vieilli (normal, les années ont passé, et depuis quelques temps les héros de BD se mettent à vieillir, tels des gens ordinaires) qui se rend au Palais de Justice de Bruxelles pour répondre à l’invitation d’Henri qui a fait des découvertes vraiment incroyables…







Critique :



Quelque chose me dit que je vais encore me faire des amis ! Tant pis ! Je plonge dans le Vortex ! Je suis déçu par cette aventure très caricaturale de Blake et Mortimer. De l’Edgar P. Jacobs à la sauce Schuiten cela donne un enfant bâtard issu des Cités obscures. Le style graphique est du pur Schuiten que j’apprécie dans les mondes qu’il a créés, mais cette intrusion graphique dans l’univers de Jacobs est une hérésie. Qu’Anubis me pardonne, mais les personnages dessinés par le talentueux Schuiten me donnent la nausée car ils sont à des années lumières du style de Jacobs. Je me répète, mais le trait de Schuiten dans les Cités obscures me convient, mais pas ici où la rupture avec les Blake et Mortimer originaux est colossale. Quant à la mise en couleurs de Laurent Durieux, tant vantée par certains critiques, elle me déplaît souverainement. Les couleurs sont ternes et moches. Seul point positif : les bâtiments bruxellois symboliques que j’ai retrouvés avec plaisir.

Tant qu’à faire, je vais poursuivre la plongée en Enfer avec quelques commentaires quant au scénario, histoire, après Schuiten de bien me mettre à dos les scénaristes, Jaco Van Dormal qui fait d’excellents films et Thomas Gunzig dont j’ai adoré son dernier roman « Feel Good ». Jacobs a su créer des histoires fantastiques avec un côté SF, mais ce n’est pas donné à tout le monde de l’imiter ou de vouloir faire mieux en ajoutant des couches et des couches d’invraisemblances. Que Mortimer devenu vieux se montre encore un excellent nageur n’en est pas la moindre. Faire de l’architecte Poelaert, l’homme qui a fait se dresser le gigantesque Palais de Justice de Bruxelles, le dernier initié dépositaire d’un héritage remontant à la plus haute Antiquité, soit ! Liberté romanesque ! Mais le coup des Égyptiens apprenant aux Mayas à construire des pyramides, cela ressemble trop aux théories fumeuses qui sévissent sur Internet. Enfin, ne nous plaignons pas, pour une fois que ce n’est pas un coup des extra-terrestres !



A trop vouloir faire de l’art, on peut défigurer une création originale.



Bref ! S’il devait y avoir une suite, je passerai mon tour sans demander mon reste…

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Revoir Paris, tome 2 : La nuit des constell..

Il s'agit du deuxième tome d'un diptyque, commencé avec Revoir Paris, tome 1 qu'il faut donc avoir lu avant. Il est paru initialement en 2016, soit 2 ans après le premier tome. Le récit a été imaginé par Benoît Peeters et François Schuiten. Peeters a écrit les dialogues ; Schuiten a réalisé les mises en page, les dessins, l'encrage et la mise en couleurs.



Ce récit se déroule en 2155. Kârinh a été interceptée dans sa progression vers Paris. Elle est emprisonnée et questionnée par des voix désincarnées, dans un local à Goussainville. Ses interrogateurs souhaitent savoir qui l'a envoyé, si elle était commandante du vaisseau, pourquoi elle était la seule jeune à bord, s'il s'agissait d'une expédition pour préparer le Grand Retour des humains exilés qui vivent à bord de l'Arche, un vaisseau spatial abritant des humains étant partis de la Terre devenue quasi invivable. Incapable de répondre à ces questions, Kârinh en vient à prendre conscience qu'elle ne s'est jamais interrogé sur le contexte de son voyage spatial, sur les motifs des dirigeants de l'Arche. Le lendemain, il y a une petite ouverture donnant sur l'extérieur, dans le dôme où elle est retenue prisonnière. Elle s'échappe.



Le chemin de sa fuite amène Kârinh dans un étrange bâtiment où travaillent des individus en combinaisons intégrales avec des masques. Elle se sent défaillir, mais elle est prise en charge par l'un des travailleurs qui l'emmène dans une zone sans risque. Il s'agit du préservatoire, un lieu où sont conservés une partie des monuments historiques de Paris. Après s'être reposée, elle remercie son bienfaiteur et se remet en chemin. Elle tombe à nouveau inanimée dans une sorte de marais, et rêve de Mikhaïl Winckelmann dans l'herbe verte de l'Arche. Elle est secourue par Matthias Binger, l'une des personnes qui l'interrogeaient. Il se propose d'être son guide pour l'emmener jusqu'à Paris, l'accueillir chez lui, et l'accompagner jusqu'au cœur de Paris, sous le dôme de protection.



Très gentiment, les 2 auteurs commencent par un résumé du tome précédent, paru 2 ans avant celui-ci, sur 2 pages. Il y a 6 cases par page (2 bandes de 3), avec un court texte d'une ou deux phrases sous chaque case. S'il a lu la première moitié de l'histoire il y a quelque temps, le lecteur peut ainsi se remémorer les faits principaux et se rappeler de la composition étrange de cette première partie. Kârinh n'avait pas atteint Paris, et le verbe Revoir dans le titre semblait déplacé car elle n'avait jamais vu la ville. Au début de ce tome, l'enjeu reste donc d'atteindre la ville de Paris, sans réelle certitude de son état. Ce deuxième tome est la continuation directe du premier, avec un environnement de science-fiction, puisque se déroulant dans le futur, avec des êtres humains exilés dans un arche spatiale, ayant envoyé un vaisseau pour reprendre contact avec la Terre mère. Le lecteur relève d'autres éléments de science-fiction tels qu'un désert aux alentours de Paris, des vaisseaux volants, un aménagement de Paris par endroit futuriste. Le contexte de ce futur s'avère essentiel dans le déroulement de l'intrigue, et pourtant les dessins de François Schuiten lui donne un goût de rétro-futurisme.



En termes visuels, la science-fiction se voit dans quelques constructions, à commencer par 2 dômes de dimension très différentes, mais tous les 2 sur le même principe d'une structure métallique ou composite sur laquelle repose des plaques d'un matériau transparent. Le lecteur voit ainsi des éléments comme mis sous une coupole pour pouvoir être mieux observés. En rapprochant les 2 structures, le lecteur peut en déduire que Kârinh est plus qu'une bête curieuse pour ses interrogateurs, presqu'une pièce de musée, un passé qui les déstabilise. Schuiten représente également quelques éléments en ruine ou en phase de délabrement. Leur représentation apparaît clinique et presque propre sur elle, comme des objets abandonnés là et perdant de la cohérence sous l'action du temps. Il est également amené à représenter quelques aéronefs futuristes assez fades, même sous l'angle rétro-futuriste. Enfin, il affuble Matthias Binger d'une sorte d'ornement pour sa tête, sans qu'il soit possible d'en déterminer la fonction ou le rôle, un outil de communication ou un simple élément décoratif.



François Schuiten est également amené à donner sa vision de plusieurs édifices parisiens, soit conservés en l'état, soit dont l'environnement a été réaménagé. Outre la question lancinante de savoir s'il s'agit des vrais édifices, l'artiste prend plaisir à représenter les arcs boutants de Notre Dame de Paris, ou une entrée art déco du métropolitain dans un contexte spatial différent de celui du présent. Le lecteur prend un grand plaisir à voir ces monuments décrits minutieusement, et intégrés à la narration, de sorte à ce que l'identité visuelle des détails choisis ressortent avec force. Par exemple les points d'ancrage des tirants du Centre George Pompidou conservent toute leur bizarrerie architecturale, rendue encore plus visible par l'angle sous lequel ils sont représentés, en premier plan dans une case (page 35). Le lecteur du cycle des Cités Obscures (des mêmes Schuiten & Peeters) sourit à plusieurs reprises en constatant un phénomène d'autocitation. La présence du Centre Beaubourg évoque une histoire inachevée des Cités Obscures, dont les pages finalisées se trouvent dans Les Cités obscures, Tome 1 : Les murailles de Samaris. Lorsque les protagonistes se retrouvent dans la station Arts et Métiers, le lecteur sourit encore car il se souvient que son habillage datant de 1994 a été conçu par Schuiten & Peeters. Le dessinateur en donne donc pour son argent au lecteur en termes de revoir Paris, puisqu'il a l'occasion de représenter de nombreux éléments parisiens, y compris un cimetière et des façades haussmanniennes, en les recontextualisant à un degré plus ou moins élevé.



De son côté, Benoît Peeters en donne également pour son argent au lecteur en passant en revue une ribambelle de constructions parisiennes telles que l'Hôtel du Nord, les toits de Paris, la bute Montmartre, la porte Saint Martin, les Arts et Métiers (le musée des techniques anciennes), l'avion de Clément Ader, la joueuse de Tympanon, le fardier de Cugnot, la station de métro Arts et Métiers, le Centre Pompidou, les Halles de Baltard (le ventre de Paris), la Samaritaine, le Pont Neuf, Notre Dame de Paris, Paris Plage. Malgré le nombre de ces monuments historiques, ils sont tous parfaitement intégrés à l'intrigue. Le lecteur attentif se rend bien compte que les auteurs conservent une part de facétie, en évoquant également des sites célèbres non parisiens comme le Stade de France, la Basilique Saint Denis. Ils se montrent aussi facétieux en faisant de Paris Plage une sorte de monument historique, ou en conférant une prééminence au Conservatoire national des arts et métiers.



Les auteurs tiennent donc bien leur promesse de revoir Paris à leur façon, à la fois dans la manière dont ils présentent la ville, à la fois dans le choix personnel de leur Paris. Le récit continue également la quête de Kârinh qui est de voir Paris telle qu'elle existe en 2155, et non au travers des documents du passé, et de ses expériences de décorporation provoquées par la prise de produits psychotropes. En une courte phrase, François Schuiten remercie à nouveau Lin-Dan Pham qui a servi de modèle pour Kârinh. De fait, le lecteur observe tout au long de ces 57 pages (+ les 2 de résumé) une jeune femme fine et élancée, à la morphologie cohérente du début jusqu'à la fin, relativement jeune, peut-être 30 ans, aux mouvements gracieux sans être maniérés. Dans la première partie, elle est vêtue d'un pantalon blanc et d'un teeshirt blanc, rendus grisâtres par l'éclairage terne. Puis, elle se change pour une robe habillée offerte par Matthias Binger, par la suite. La dimension sexuée du personnage a disparu. Elle indique elle-même qu'elle n'est pas venue à Paris pour la romance, afin de prévenir tout malentendu vis-à-vis de Binger, dans une sorte de clin d'œil malicieux au lecteur, car Paris est également sensée être la capitale de l'amour.



Du point de vue de l'intrigue, la quête de Kârinh est très simple : découvrir Paris, un lieu qui l'a tant fait rêver, qui lui a permis de s'évader d'un quotidien ne répondant pas à ses attentes affectives et à ses aspirations. Le lecteur la suit dans sa progression vers Paris, comme une sorte de pays imaginaire fantasmé, mais aussi dans ses relations avec les rares personnes avec qui elle interagit. Cette progression vers Paris est l'occasion d'épreuves, physiques, mais aussi psychologiques. De séquence en séquence, le lecteur se demande ce qui a poussé les auteurs à en inclure certaines, à les développer sur plusieurs pages. La forme même d'une quête vaut autant et peut-être même plus pour le voyage que pour la destination. Les épreuves et les rencontres font grandir le personnage, pouvant même transformer le sens de ce qu'il obtient à la fin. Au vu de la forme du récit, le lecteur s'attend à ce que Kârinh se conforme aux caractéristiques d'une héroïne. Par anticipation, il projette ces caractéristiques sur elle. Il lui faut alors un peu de temps pour se rendre compte que cette dimension héroïque est dans sa tête et que le récit raconte autre chose. Cette jeune femme est obnubilée par son objectif, au point de mettre en péril sa santé, mais c'est plus de l'inconscience que du courage. Elle s'est portée volontaire pour cette mission vers la Terre, mais elle se rend compte qu'elle était aveuglée par sa pulsion de voir Paris, au point d'en oublier les questions basiques comme de se renseigner sur le pourquoi de ce voyage. Elle apparaît donc impulsive et pas très réfléchie, en même temps que rêveuse. Les auteurs sont encore plus dure avec elle car ils lui font se demander si elle ne serait pas juste une toxico, vivant dans son délire et sa recherche de la prochaine dose. À nouveau les familiers du cycle des Cités Obscures savent que les auteurs préfèrent le drame au dénouement heureux.



Malgré l'absence de curiosité de Kârinh pour tout ce qui n'a pas un rapport immédiat avec son obsession pour Paris, le lecteur en apprend un peu plus en filigrane sur le contexte politique de cette époque. Il y retrouve surtout de nombreuses thématiques des auteurs. Revoir Paris a une connotation nostalgique, une sorte d'amour pour un passé enjolivé par le temps qui passe. Mais en même temps, quand Kârinh découvre quelques bâtiments mis à l'abri dans le préservatoire (sorte de musée pour les monuments), elle est empoisonnée par l'air qu'elle y respire, comme sir le passé empêche le présent d'exister. En filigrane également, le lecteur observe un commentaire assez neutre sur la muséification de Paris, jusqu'à déplacer le siège du pouvoir en banlieue. Comme dans d'autres œuvres du même tandem, il y a un arrière-plan politique discret. D'un côté, Paris semble avoir été transformée en musée, de l'autre, elle reste la cible pour des revendications politiques non formulées, jusqu'à une attaque aérienne à laquelle est mêlée un groupuscule appelé Alliance Populaire Intercontinentale.



En fonction de sa sensibilité et du temps qu'il consacre à ce tome, le lecteur peut trouver qu'il s'agit d'une histoire un peu décousue et rapide s'il lit vite, ou alors il peut comme toujours s'attarder sur les dessins de François, Schuiten, toujours un régal pour les yeux. Sa technique de mise en couleurs est toujours aussi particulière, à base de gouaches et de crayons de couleur, estompant parfois les traits de contour. Les différents monuments sont reproduits avec une minutie exquise, attestant d'un véritable investissement affectif de l'artiste pour ces réalisations humaines. À de nombreuses reprises, le lecteur prend le temps de savourer une case ou une autre : l'assemblée des interrogateurs plongés dans une lumière grise, des infrastructures à demi-recouvertes par la végétation, l'évocation du café de Flore, la magnifique prairie ensoleillée à bord de l'Arche, la réplique de l'avion de Clément Ader, une vue des toits de Paris, un squat improbable dans un immeuble haussmannien. Comme Schuiten le dit lui-même, le temps qu'il passe à imprégner la feuille en couche successive en fait la richesse de l'expérience de lecture.



De la même manière, le lecteur se dit que l'histoire charrie de nombreuses thématiques propres aux auteurs. Au-delà de l'intrigue et d'une vision aménagée de Paris, la quête de Kârinh trouve son origine dans la sensation que l'herbe est toujours plus verte ailleurs. Mal intégrée du fait de son métissage, elle ne se reconnaît pas dans la société où elle a grandi. Elle n'y voit, selon ses propres mots, qu'une petite communauté étriquée et sûre de son bon droit, un gros village menacé par la consanguinité. Elle est également animée par un désir d'authenticité, elle veut des monuments authentiques et des parisiens authentiques. Benoît Peeters dit la difficulté de se sentir étrangère à son propre milieu, mais aussi la chimère que de se projeter dans un environnement fantasmé. Comme souvent dans ses œuvres, le personnage principal est confronté à l'inéluctabilité du changement. En refermant ce tome 2, le lecteur reste avec une interrogation majeure, celle du sens du titre. Faut-il y voir la rêverie de Kârinh, contemplant les étoiles, comme un ailleurs possible et fantasmée ? Indéniablement cette histoire garde une part de mystère, et chaque lecteur y verra des sens différents.



Cette deuxième moitié de Revoir Paris se révèle des plus déstabilisantes. Le lecteur y trouve exactement ce qu'il attendait : revoir Paris, et l'aboutissement de la quête de Kârinh, ainsi que les dessins d'orfèvre de François Schuiten. Il se heurte aussi à des séquences déroutantes, donnant l'impression de n'être que des haltes superflues dans la progression narrative. Il lui faut fournir un effort pour sentir la démarche existentielle sous-jacente, le caractère paradoxal de la conservation du patrimoine, comme un devoir de mémoire, mais aussi un obstacle au changement et au temps présent.
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Japon : Le Japon vu par 17 auteurs

Dois-je rajouter quelque chose à la couverture ?

Voilà l'occasion de découvrir le Japon par des mini-nouvelles en BD.

17 auteurs, 16 scénettes représentant le pays du soleil levant.

A l'initiative de Frédéric Boilet, auteur francophone vivant au Japon, il s'agit de mélanger les cultures, de provoquer des rencontres entre des dessinateurs français et japonais.



Pas plus d'une histoire par soir (de 3 à 15 pages), avant de me coucher ; ce recueil, je veux le savourer, l'explorer. Et je partagerai un peu de son âme, un peu de son art avec vous.



Quelques noms connus, mais vu mon manque de culture en la matière, les 3/4 ne me disent rien. C'est aussi l'occasion pour moi de découvrir ces auteurs et dessinateurs.



Donc au programme et dans le désordre :

Frédéric Boilet, Fabrice Neaud, Daisuke Igarashi, Kazuichi Hanawa, Etienne Davodeau, Mayoko Anno, Little Fish, Joann Sfar, Tayo Matsumoto, Nicolas de Crécy, Emmanuel Guibert, Schuiten & Peeters, Aurélia Aurita, David Prudhomme, Kan Takahama et Jirô Taniguchi.



Autre précision : chaque auteur organisera sa nouvelle autour d'une ville ou d'une région bien précise du Japon, afin d'avoir un inventaire très exhaustif de la culture nippone et de voyager à travers toutes ses iles et contrées.
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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Revoir Paris, tome 1

2051 Devant l'aggravation de la situation terrestre un groupe de pionners construisent des vaisseaux et partent dans l'espace fonder l'Arche. Cent ans plus tard un groupe est envoyé sur terre pour voir ce que leur planète originelle est devenue. Kârinh est la chef d'équipe mais son rêve et sa drogue lui fait oublier ses responsabilités.



C'est un voyage onirique de science fiction que nous livrent Schuiten et Peeters. On reconnait dans chaque case leur griffe. Et j'avoue avoir eu autant de mal à rentrer dans leur univers que lors de mes précédentes lectures. Je ne sais pas trop pourquoi d'ailleurs, surement une histoire d'affinité.

On met pas mal de temps à définir la situation, et bon nombre de choses restent tout simplement bizarres et inexpliquées. Bien sur l'histoire n'est pas finie, un deuxième tome devrait conclure Revoir Paris.

Je trouve un certain manque de dynamisme avec trop peu d'intéraction entre les personnages, peu de dialogue.



L'objet livre en lui même est attrayant. Une belle couverture, des pages épaisses et des dessins soignés. On pourrait repprocher la fadeur des couleurs mais celles-ci sont typique de l'auteur et donnent un aspect nostalgique qui collent plutot bien à l'oeuvre je pense.
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Les Cités obscures, tome 12 : Le retour du ca..

Je remercie Babelio et les éditions Casterman pour cet envoi. Il va aller rejoindre L'enfant penché dans ma bibliothèque. J'avais découvert ce groupe d'auteurs grâce à mon frère qui apprécie les styles atypiques en bande dessinée (ou roman graphique). Quand j'ai vu celui-ci à la masse critique de Décembre, je n'ai pas hésité longtemps à ne choisir que cet ouvrage.



Très bel ouvrage en vérité où toute la particularité du style Schuiten-Peeters prend son ampleur. le style est épuré dans ce livre-objet, encore plus que dans les précédentes créations des Cités Obscures. J'ai toujours l'impression de voyager dans un autre monde en leur compagnie et c'est d'autant plus vrai avec cet opus où nous rencontrons Nemo, son Nauti-poulpe puis Jules Verne et ses Voyages Extraordinaires. Il va peut-être falloir que je rattrape mon retard de lecture pour cet auteure, je n'ai même pas lu ses plus célèbres n'ayant apprécié plus jeune que Michel Strogoff. Ayant accès à des audios classiques gratuits, je vais peut-être me laisser tenter, ne serait que pour connaître un peu mieux Némo et son Nautilus. En tout cas, avec cet ouvrage, j'ai pris plaisir à observer et détailler chacune des pages ainsi qu'à retrouver certaines connaissances de l'oeuvre de ces 2 auteurs. Ils ont un style inimitable et une vision du monde très originale. L'histoire commence tout doucement avec une page dédiée pour les 2 parties de celle-ci jusqu'à retrouver la lumière et la couleur. La plupart de leurs oeuvres sont d'ailleurs en noir et blanc. Difficile d'en dire plus sans spoiler cet ouvrage original sur Némo et son créateur.



Comme vous l'aurez compris, sans être très objective, cet ouvrage est un coup de coeur où j'ai un énorme plaisir à tourner les pages doucement pour en admirer tous les graphismes et découvrir cette histoire. Si vous êtes amateurs de Jules Verne et de ces 2 auteurs, je vous conseille très fortement de découvrir ce tome et peut-être même la série complète avec ces différents univers. Pour ma part, il va falloir que je me procure mes tomes préférés. En tout cas, Casterman a fait un très beau rendu avec cet ouvrage, ce livre-objet est très soigné.



Sur ce, bonnes lectures à vous ;-)
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Japon : Le Japon vu par 17 auteurs

Cette rencontre avec le livre est curieuse : je l'ai pris à la médiathèque, me réjouissant de lire ces récits séparés sur un de mes thèmes de prédilection, le Japon. Or, quand j'ai replongé les yeux sur les planches, une déception m'a prise - j'avais déjà lu ou feuilleté ce livre et il ne m'avait pas plu. Embêtée, j'ai retenté l'essai : il est vrai que certains styles de dessins m'avaient alors rebutée ; en BD ou manga, je suis assez difficile, je n'aime que certains types de dessin et j'ai du mal à aller au-delà.



Sur les 16 histoires, j'en ai vraiment aimé 5, dessin et scénario confondus. Toutefois, même celles que j'appréciais moins ont éveillé ma curiosité, m'ont dévoilé un pan du Japon que je ne connaissais pas, ou que j'étais contente de trouver. Les lieux sont variés, une carte présente la géographie de chaque histoire, les personnages et donc les points de vue sont variés, cela donne une vue d'ensemble du mode de vie japonais - si ce n'est qu'il revient toujours une chose : les Japonaises sont belles ! (et elles apprécient les Français)



Nous voyons se déployer sous nos yeux aussi bien le mode de vie urbain, l'agitation, le rythme de la grande ville, que les sentiers de campagne, les temples, les parcs, la forêt... Souvent les auteurs européens racontent une excursion, des monuments, nous exposent une topographie picturale de leur expérience de la ville, de l'architecture. Les auteurs japonais nous font découvrir des souvenirs, des émotions, des relations, des éléments de leur culture. Il est assez souvent question de l'Alliance française ou de l'Institut franco-japonais (il faut rendre à César... c'est par eux que ce projet de Frédéric Boilet s'est développé).



Certaines de ces histoires s'aventurent sur des territoire plus singuliers : la science-fiction avec le remarquable duo Schuiten-Peeters, la recherche du "Japon gay", avec Fabrice Neaud, ou encore l'histoire sans paroles Le Tournesol de Little Fish. On peut aussi y croiser le grand Jirô Taniguchi, ou même lire un texte accompagné de dessins comme des gravures, par Emmanuel Guibert. On peut dire en tout cas que ces BD s'appuient sur des textes solides, je n'ai eu aucun mal à en tirer des citations.



Pour ce voyage immobile, je vote apprécié, 4/5, et suis contente d'avoir repris et redécouvert cet ouvrage.
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Aquarica, tome 1 : Roodhaven

Roodhaven, un petit village de pêcheur sinistré. Il y a vingt ans leur dernière baleinière se serait fait éventrer par un monstre marin géant faisant plus de victimes que de rescapés. Et voici que ce crabe immense vient s'échouer sur les plages, dans son flanc une plaque de métal ayant appartenu à la Golden Licorn, la baleinière disparue. L'institut des sciences de la mer va dépêcher un jeune savant pour étudier la bête, mais ce qu'il découvrira va bouleverser ses certitudes!



Sokal et Schuiten nous livre ici un récit fantastique et onirique qui louvoie entre les légendes de la mer. Ils opposent le jeune John Greyford, scientifique cartésien de la ville, à la mystérieuse Aquarica qui lui apprend qu'elle a vécu toute sa vie sur le dos d'une baleine.

J'avoue que j'avais un peu peur en me lançant dans cette bande dessinée. Les récits étranges de Schuiten ne m'ont pas tous parlé. Mais après avoir vaincu sa réticence initiale, et infondée, on se laisse dériver au gré du récit et de ces quelques étrangetés. Un univers particulier, une histoire un peu spéciale, mais qui finit par nous envoûter. On a au final hâte de découvrir la suite!

Le dessin de Sokal offre de bonnes gueules de marins burinés et éprouvés par les tempêtes. Un régal avec une jolie colorisation qui se marie parfaitement à l'histoire.
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La Planète des singes de Pierre Boulle

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