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Critiques de Françoise Mallet-Joris (86)
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Le rempart des béguines

« L’éducation sentimentale ». Tel aurait pu être le titre de ce roman de Françoise Mallet-Joris. Education, amour, et… désillusion…



A Gers, en Belgique, Hélène est quelque peu délaissée par son père veuf, pris qu’il est entre ses affaires et sa maitresse…Hélène n’aura de cesse que de rencontrer celle-ci, Tamara Soulerr qui s’avèrera une femme dure et possessive ; une attitude qui n’empêchera pas que naisse entre les deux femmes une relation complexe et ambigüe.



Mais le livre s’appelle « Le rempart des Béguines » et c’est le premier roman (sulfureux pour l’époque dans la mesure où il traite de l’homosexualité féminine) de l’écrivain Françoise Lilar (père ministre belge, mère écrivain…) qui ne put le publier à 19 ans que sous le pseudonyme Françoise Mallet-Joris.



On est à l’époque de « Un barrage contre le Pacifique » de Duras et de « Bonjour tristesse » de Sagan qui viendra quelques années plus tard, mais « Le rempart des Béguines » n’aura pas le retentissement de ces deux best-sellers… Peut être la dérive (pesante à mon avis) vers le sadomasochisme peut-elle expliquer, même partiellement, ce relatif oubli dans lequel semble tombé ce brûlot des années 50 ?

Sans doute…

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La Maison de papier

une maison où chacun peut entrer à sa guise,le foyer de cette famille d,artistes est une maison de papier.

le mari est peindre,sa femme écrivain.ils ont deux

garçons et deux filles.

mais on rencontre chez eux

beaucoup d,amis,invités

ou supportés, des visiteurs

imprévus, des voisins, des

inconnus,sans oublié les

employés de maison.

c'est léger et pétillant.👍
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Le rempart des béguines

Initiation saphique d'Hélène 15 ans par la maîtresse de son père veuf depuis 8 ans, Tamara profitant parfois cruellement de la candeur d'une Hélène en mal de tendresse. Personnage intéressant, cette russe Tamara, 35 ans, une vie d'aventurière, souvenirs d'amours déçues, folie sous-jacente...



J'ai bien aimé l'ambiance 'belle société années 50', aussi fouillée et peut-être plus crédible que le très beau 'Bonjour tristesse' de Sagan.

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La Maison de papier

Ce livre est dans ma bibliothèque depuis sa parution en livre de poche (1975 !). Ccomme c'est mon seul livre de Françoise Mallet-Joris et que je n'avais aucun souvenir de sa lecture si ce n'est qu'elle m'avait marquée à l'époque, c'est tout naturellement que je me suis replongée dedans pour le challenge Solidaire. Mon avis va être très subjectif : si ça ne tenait qu'à moi je lui mettrais les étiquettes feel good et jeunesse, c'est tout dire ! En tout cas cette relecture m'a permis de comprendre ce qui m'avait plu dans ce livre. D'abord il faut dire qu'au moment de la parution du livre (1970) j'avais à peu près l'âge des deux filles de l'auteur, et au moment de ma lecture l'âge de son fils Vincent. Cette famille pour moi a été comme un exemple de famille normale : mon père était homme au foyer, ma mère travaillait, mon frère suivait l'école par correspondance, bref, ma maison était tout le contraire de cette maison de papier puisque la règle y était que personne d'extérieur n'y soit jamais invité ! La famille de Françoise fut un peu un modèle de famille idéale. Je n'avais donc pas du tout le profil type du lecteur de ce livre qui s'adressait plutôt aux femmes de l'âge de ma mère qu'à leurs enfants !

Bilan de ma relecture : l'écriture est agréable, très fluide, légère. On y voit un parfait exemple de la charge mentale dont on ne parlait pas encore à l'époque. La place de la religion dans le livre m'a passablement irritée. Un livre qui ressemble à un bric-à-brac d'un intérêt probablement discutable, mais que j'ai soigneusement remis à sa place dans ma bibliothèque.
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Le rempart des béguines

Dès le premier paragraphe j’ai trouvé l’écriture remarquable. En quelques lignes, Françoise Mallet-Joris, toute jeune écrivain (pas encore 20 ans, et un recueil de poèmes déjà publié) décrit la solitude et l’ennui de sa narratrice, Hélène, adolescente de quinze ans, en se focalisant uniquement sur les sons qui s’arrêtent et le silence qui s’installe. Ensuite elle fait une peinture du milieu social dans lequel elle évolue, un milieu très aisé, très bon chic bon genre, très années cinquante aussi, dans une petite ville de province à la morale un peu étriquée et vieillotte. Au point que que la relation entre Hélène et Tamara est déjà audacieuse sur le plan social, ce qui finalement permet que personne dans l’entourage d’Hélène ne soupçonne la moindre relation homosexuelle. Ce roman, pourtant moins connu que Bonjour tristesse de Françoise Sagan, est bien plus sulfureux tout en étant ancré dans un univers social mieux dépeint, fouillé, et plus crédible. C’est sulfureux mais c’est loin d’être un roman érotique, c’est surtout l’évolution psychologique d’une adolescente, sa maturation au fil d’une première expérience amoureuse. Si les scènes de sexe sont à peine suggérées, le personnage de Tamara, adulte manipulatrice, assez instable, parfois violente, met le lecteur mal à l’aise. Hélène est une petite fille riche, assez naïve, mais elle est très attachante par son intelligence et sa capacité à analyser ce qu’elle ressent et ce qu’elle vit. Pour un premier roman c’était très osé et en même temps très travaillé et très abouti.
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Les Mensonges

Mais quel roman magnifique. Une virtuosité dans les remous de l’âme de chacun des protagonistes, une description vivante d’une petite ville flamande avec ses différents quartiers, une vision percutante des rapports humains, et Alberte, cette héroïne à contre-emploi. Jeune fille pauvre, simple, lâchée dans un monde de veuleries et roueries d’une famille bourgeoise tenue d’une main de fer par un vieux brasseur, qui domine le jeu de dupes avec maestria et se régale à manipuler tout ce petit monde qui attend une seule chose : l’argent de l’héritage. Ce vieillard, rusé et dominateur, se régale et jubile à distribuer « ses faveurs et ses fureurs avec une injustice proprement divine. » Et pourtant, alors qu’il reconnait Alberte sa fille naturelle comme sa légataire, il se demande pourquoi. Pourquoi toute cette vie de lutte et, comme un ogre affamé, pourquoi tout le monde n’a pas cette faim. Il y aura bien une fin mais sans doute pas celle qu’il attendait de sa famille. Quelle famille ? Sans descendance directe, à l’exception d’Alberte, il se nourrit des envies qu’il fait naître chez sa sœur, ses beaux fils ou neveux, et qu’il tue d’un revers de mots cassant. Mensonges que toute cette vie bourgeoise. Mensonge de cette vie qu’il impose à sa fille, dont la mère est déjà partie dans un monde de chimères depuis qu’il l’a laissée sur le bas-côté dès qu’elle fût enceinte de lui. Il ne rechigne pas à donner quelques piécettes pour maintenir une sorte de jeu, tel un chat lançant la patte sur la souris déjà bien fatiguée, elle ne jouant plus mais attendant la fin. La fin viendra quand le vieux l’aura décidé. La surprise aussi. Alberte saura-t-elle s’acclimater à ce nouveau monde, passer du quartier des prostituées où sa mère alcoolique l’a laissée grandir à celui de la bourgeoisie et de ses histoires guères plus ragoutantes.



L’écriture de Françoise Mallet-Joris est splendide, fine, poussée. Elle creuse les âmes avec précision, pousse loin le lecteur dans les recoins cachés des psychés. Ce roman a une saveur très particulière, un goût amer et pourtant très beau. Ce personnage de Philippe, sournois et sans doute le plus honnête avec lui-même dans la compréhension de ce qui lui arrive, de ce qui se passe sous ce toit, reste pour moi, une immense gageur très bien réussie par cette autrice. Je suis impressionnée par la force de Françoise Mallet-Joris qui se dégage dans ce roman tant de ces personnages que de sa composition.

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Les Mensonges

Ma première rencontre avec la belle écriture de Françoise Mallet-Joris. Un livre prenant dont l'atmosphère est pesante, sordide. J'ai assez apprécié ce texte même si je l'ai trouvé plutôt déprimant.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Portrait d'un enfant non identifié

Portrait d'un enfant non identifié de Françoise Mallet-Jorris, seul livre disponible de cette auteure à la médiathèque, est resté pour moi hermétique.

J'ai cru comprendre que le comte Dante Castellongo, aristocrate du sud de l'Italie sans le sou, marié par intérêt à Fanny Durondeau fille de commerçants prospères, tente vainement de voir clair dans son histoire familiale où chaque génération se targue d'avoir un assassin! le Mal le fascine mais il a peur d'être le prochain meurtrier et si ce mal était inscrit dans les gênes ... seule solution ne pas avoir d'enfant.

A défaut si sa route croisait un enfant que ferait il?



Nous sommes dans les années 1910-1920, Liabeuf est guillotiné, il croise la route de la bande à Bonnot, l'Eglise est spoliée de ses biens et crie famine, sa femme a une soeur isabelle qui est entrée dans les ordres.... !

J'oubliais Alfredo, son copain d'enfance, son cousin?, a tué sa femme ..ouf sauvé ! et en plus la guerre pointe son nez ...

J' ajouterai que la plume de Françoise Mallet-Jorris m'a fait penser à un adage familial :pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.

Vous l'aurez compris je n'ai pas apprécié ce roman lu dans le cadre du challenge Solidaire 2022.











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Un chagrin d'amour et d'ailleurs

Voilà un roman très déroutant ! L’ai-je aimé ? Pas vraiment. Sans toutefois vraiment savoir pourquoi.

Tout avait pourtant bien commencé.

Dès les premières pages, j’ai été intriguée par Jeannette qui cache son mal être dans l’alcool.

Femme du député-maire d’une ville du nord, elle peine à trouver sa place. Dans cette province les ragots vont bon-train. Les bonnes âmes disent qu’elle est malheureuse de n’avoir pas pu donner d’enfant à Gilbert, son mari depuis 20 ans.

Les autres pensent que le mari volage est seul responsable de ce naufrage.

Sortie ou plutôt échappée de la clinique où elle suit une énième cure de désintoxication, Jeannette compte bien s’inviter auprès de Gilbert lors de l’inauguration de la maison de la culture.

C’est une femme perdue qui déambule sous les yeux des invités.

Marie-Christine, la maîtresse est à l’affut bien décidée à ne pas céder un pouce de ses avantages de favorite.

Une histoire qui aurait pu être passionnante.

Si l’auteure s’attarde sur la psychologie de Jeannette, j’ai regretté le manque de conviction dans la description des personnages secondaires.

Le mari m’a semblé bien falot, batifolant d’une femme à l’autre, sans savoir qui il aime vraiment.

Marie-Christine, la maîtresse, est-elle amoureuse de Gilbert ou simplement attirée par l’aura que lui confère sa liaison avec un élu ?

Bien des questions auxquelles je n’ai pas trouvé de réponses.

Je n’ai pas davantage été convaincue par l’écriture assez sèche de Françoise Mallet-Joris que je connaissais déjà pour avoir lu et aimé, il y a bien longtemps « Allegra » ou « La maison de papier ».

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Juliette Gréco (Poésie et chansons)

******



« C'est grave, une chanson. Ça va dans les oreilles de tout le monde, ça se promène dans la rue, ça traverse la mer, c'est important une chanson, ça accompagne votre vie… »



Juliette Gréco, cette grande dame de la chanson française nous a quitté.

70 années de carrière ! Elle approchait les 90 ans le jour de son dernier concert en 2016.



« Il n'y a plus d'après

À Saint-Germain-des-Prés

Plus d'après-demain, plus d'après-midi

Il n'y a qu'aujourd'hui »



Les plus grands auteurs ont écrit pour la muse de Saint-Germain-des-Prés : Jacques Prévert, Léo Ferré, Boris Vian, Serge Gainsbourg, Raymond Queneau, Charles Aznavour.

Pour débuter dans la chanson, un beau cadeau : Jean-Paul Sartre lui offre « Rue des Blancs-Manteaux »



« J'étais très en avance sur mon temps, j'ai été d'ailleurs un objet de scandale absolu, je ne cherche jamais ce genre de chose, je suis comme ça, je n'y peux rien ».



Les yeux de biche d'une reine égyptienne, une voix suave, chaude, grave, drôle parfois, aux accents voluptueux et sensuels. Elle est perçue comme l'archétype de la femme moderne, libre.

Les mots… Elle ne les prend pas, elle se les approprie. Une jouissance… Lorsqu'elle chante, cette admirable interprète donne l'impression de se délecter des mots comme d'une friandise : elle savoure.

Jacques Brel chantait « Ne me quitte pas » sur un ton larmoyant. Juliette refuse de s'abaisser. Elle réclame, exige impérieusement : ne me quitte pas !



Je dépose en vrac quelques phrases de chansons que cette femme inoubliable a si merveilleusement interprétées. Ils résonnent dans nos oreilles dès les premières notes de musique.



« La Javanaise »

J'avoue j'en ai bavé, pas vous, mon amour

Avant d'avoir eu vent de vous mon amour

Ne vous déplaise

En dansant la Javanaise

Nous nous aimions

Le temps d'une chanson



« Si tu t'imagines »

Si tu t'imagines si tu t'imagines fillette fillette

Si tu t'imagines xa va xa va xa va durer toujours

La saison des za saison des za saison des amours

Ce que tu te goures fillette fillette ce que tu te goures



« Sous le ciel de Paris »

Sous le ciel de Paris

S'envole une chanson

Hum hum

Elle est née d'aujourd'hui

Dans le coeur d'un garçon



« Jolie môme »

T'es tout' nue

Sous ton pull

Y'a la rue

Qu' est maboule

Jolie môme



« Un petit poisson, un petit oiseau »

Un petit poisson, un petit oiseau

S'aimaient d'amour tendre

Mais comment s'y prendre

Quand on est dans l'eau



« Déshabillez-moi » Dans une vidéo Henri Salvador est son complice. Inoubliable !

Déshabillez-moi, déshabillez-moi

Oui, mais pas tout de suite, pas trop vite

Sachez me convoiter, me désirer, me captiver





Adieu Juliette.



***


Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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Divine

Lu dans le cadre du challenge solidaire, le combat d'une femme contre son poids, contre tous les préjugés qui en découlent. L'écriture un peu laborieuse ne m'a pas passionné, il est vrai que je suis loin d'être concerné par le thème. Tout le cheminement de cette femme, physiquement et mentalement s'étale dans ces 265 pages. On y ajoute la bonne copine, la mère indigne, l'amoureux non déclaré.

Ça ne devait pas suffire, l'auteure y intègre une histoire de jeune fille voilée, je n'ai pas vraiment vu le rapport avec l'histoire principale.

Bref, il me faudra revenir vers cette auteure si je veux l'apprécier un peu plus.
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La Maison de papier

Fragments de la vie de l'auteure et de ses réflexions. On y croise sa famille, son compagnon et ses quatre enfants, mais aussi plusieurs de ses femmes de ménage qui partagent la vie au foyer pour s'occuper des tâches ménagères. Des réflexions sur Dieu et la foi côtoient un tableau social de la bourgeoisie de la fin des années 1960.

Si les thèmes abordés sont intéressants et pleins de vie, c'est l'aspect décousu de l'ensemble qui m'a déplu, j'aurais aimé une organisation plus claire de ces ébauches souvent issues d'un journal et livrées telles quelles. Ne connaissant rien d'autre de l'auteure, je reste sur cette impression d'inachevé, d'inabouti, peut-être à tort.
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La Maison de papier

" Je voulais seulement dire que rien n'est dans l'anecdote, mais, si on a une unité, tout est dans l'anecdote." (p. 172)



Inclassable, entre roman, essai et autobiographie, ce texte est un véritable tourbillon à l'écriture assortie, à travers lequel éclosent mille pensées et réflexions sur tous les sujets de la vie, les graves, les futiles, les tristes et les gais, et au fond, sur notre rôle à jouer lors de notre passage sur Terre.



C'est essentiellement ce questionnement puissant, fortement influencé par la foi catholique de l'autrice, qu'elle partage avec nous, à sa façon pétillante et légère, mais pourtant infiniment réfléchie.



Lors de ma première lecture de cet ouvrage, au lycée, je n'avais pas perçu ce message. Je n'avais gardé que le souvenir des aventures quotidiennes truculentes d'une famille d'artistes des années 1970, famille de "bobos" comme on dit aujourd'hui, croquant la vie à pleines dents dans un foutoir indescriptible, et donnant priorité au partage et à l'hospitalité plutôt qu'au rangement et au ménage.



Dans cette maison, tout le monde va et vient à sa guise : enfants, amis, femmes de ménage, gens de passage, animaux... On s'écoute, on discute, on échange, on vit et on s'aime, tout simplement.

Avec le quotidien de Françoise, on a une idée de ce qui prendra le nom de "charge mentale" pour une femme, une mère, qui doit cumuler tant de tâches, entre travail, enfants, maison, formalités administratives et vie sociale. Sa vie est chargée, bondée comme une rame de métro aux heures de pointe, agrémentée de stress, d'insomnies, de migraines, d'un agenda prêt à craquer, avec toujours l'angoisse de ne pas faire assez, pas assez bien, aux yeux des autres, comme à ceux de Dieu.

Car Françoise est croyante. Elle a découvert la foi et ses ambivalences : soutien un jour et pression le lendemain. De la Foi, il est beaucoup question, tout ici y est relié ou presque et Françoise considère sa vie à l'aune de sa conversion et de ses "devoirs" de croyante accomplie.



Mais il y a aussi la Vie, qui emporte tout sur son passage, joyeuse, tempêtueuse, animée, colorée, chantante et si variée, qui nous entraîne dans le sillage de cette grande famille. On apprend avec elle le désordre, la culpabilité, mais aussi le lâcher-prise et l'envie de redonner des priorités à son quotidien.

De tous ceux qui gravitent autour de cette maison, on en reconnaitra aussi forcément certains... vous savez, les névrosés, les pleurnichards, les profiteurs, les vieilles tantes aigries... Et ça crée une certaine proximité, une intimité avec cette famille. On s'y reconnaît en quelque sorte.



Et puis, on aborde des sujets d'une actualité saisissante : la pauvreté, la société de consommation, les inégalités sociales, l'injustice, l'éducation, l'écologie... Et là, j'ai été surprise par le fatalisme et la résilience qui émanaient des réflexions de l'autrice, mettant souvent en avant la religion et la foi chrétiennes, telles des carapaces, permettant l'acceptation de ce qui n'est pas humainement tolérable.

Ces nombreuses considérations et tous ces questionnements religieux, philosophiques, éthiques et politiques, tout intéressants qu'ils soient, et pourtant toujours initiés par des souvenirs et anecdotes divers, ont tout de même contribué à certaines répétitions et à un certain essoufflement dans le rythme de ma lecture.



Malgré tout, ici, Françoise Mallet-Joris se met à nu, nous exposant, par le biais de conversations avec ses enfants, ses convictions, ses doutes, ses expériences. Elle intègre sa spiritualité à son mode de vie, une foi plutôt "moderne" et "féministe" qui la met parfois en porte à faux sur certains points dogmatiques, mais qu'elle assume ouvertement.

Elle écrit comme elle pense. C'est parfois fluide et limpide, parfois plus tortueux, mais on finit toujours par comprendre son cheminement, qu'on y adhère ou non. Car elle écrit avec son âme, avec son coeur et avec une profonde humanité, délivrée des attentes et des carcans de la société.



Une belle redécouverte, une lecture qui donne à réfléchir sous ses airs distrayants.



"... Je décortique ces choses qui pour moi ne sont pas des livres, mais des petits moments de ma vie, de petits messages à la fois dérisoires et extrêmement sérieux envoyés un peu au hasard, comme des bateaux de papier dans un ruisseau - et j'espère, bien sûr, qu'ils arriveront, qu'ils sont arrivés..."

(p. 163 - 164 : entretien de Françoise avec une journaliste, à propos de son travail, de son oeuvre)





- Challenge ABC 2021/2022

- Challenge Solidaire 2022

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Divine

Une prof célibataire, obèse, commence un régime. Parallèlement les filles du gardien de l'école commencent à porter le voile : parallèle étrange, un peu artificiel.

C'est un regard d'une modernité intéressante (publié en 1991) sur la grossophobie (quoique bien loin du "body positive"), parlant de boulimie et d'hyperphagie (quoique faisant un peu de la psychologie de comptoir) et dénonçant le médecin paternaliste : "Vous avez commencé un régime sans trop savoir, un peu à tort et à travers, comme toutes les femmes."

Je me suis amusée du discours bien daté qui ne connaissait pas la cuisine "healthy", et qui décrit le poisson et les légumes comme une punition - comparés au cassoulet. Mais amusée aussi des réflexes bien bourges de l'autrice comme lorsqu'elle "lui trouve "l'air voyou" parce qu'il portait un polo ouvert et pas de cravate", comme l'invitation d'une amie à faire les soldes chez Courrèges, comme la femme de ménage dont dispose une célibataire vivant dans un deux-pièces...

Mais j'ai été carrément consternée par les clichés racistes citant "un pays où les femmes sont énormes, indolentes", et choquée par le fait qu'une enseignante mise au courant de violences domestiques en arrive "à plaindre le père" plutôt qu'à avertir la justice. Choquée aussi par une blague de très mauvais goût sur ce fait divers où un assassin japonais avait mangé sa victime.

Pour finir j'ai été horrifiée par des scènes de viol dont la victime "s'enchante" et parle d'une "violence délectable". Quelle femme écrirait ça en 2022 ?

Sinon, j'ai plutôt aimé l'écriture, quelques passages sont même assez élégants, mais avec un curieux écart entre la pensée organisée de l'année scolaire, et les divagations mentales (pas passionnantes) lors des vacances.

Challenge ABC

Challenge solidaire 2022
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Le rempart des béguines

Françoise Mallet-Joris a 21 ans lorsque parait son premier roman :"Le Rempart des Béguines". Il y est question d’homosexualité féminine. Je n'ai pas trouvé de documents concernant les réactions lors de la sortie de ce livre. Il n'est cependant pas difficile d'imaginer que des qualificatifs comme "sulfureux" ou "scandaleux" ont du être employés. Nous sommes en 1951.



Sans indication précise sur la période où l'autrice situe son histoire on peut penser qu'il s'agit de l'entre-deux-guerre.



Hélène, jeune fille de 15 ans, est la narratrice. Elle vit avec son père. Sa mère est décédée depuis plusieurs années. Julia, la bonne, s'occupe d'elle. Elle s'ennuie "j'aurai voulu alors ne pas être seule, bavarder avec quelqu'un qui s’intéressât à moi". Son père est très occupé, de plus il a une maitresse, Tamara, russe divorcée.



Un jour Hélène, au lieu de téléphoner à Tamara comme le lui a demandé son père, décide par curiosité - elle ne la jamais rencontrée - de se rendre à son domicile. Dés leur première rencontre, débute entre Tamara, femme de 35 ans, et Hélène, jeune fille de 15 ans, une liaison. Leur liaison sera tumultueuse. Elle traversera des périodes de douceur, de plaisir, de rire, de pleurs, de violence, de jalousie, de sado-masochiste : "Jamais je n'ai connu un plaisir plus intense que ce jour où j'avais cru la perdre. Jamais je n'avais mieux compris l'empire qu'elle avait sur moi, et la revanche qu'elle prenait à en user."

A l’heure de leur rupture Hélène sera libre "j'étais libre enfin. Même mon vieux désir de vengeance disparaissait : il n'était qu'une dernière tentative pour ranimer le vieil antagonisme tendre que je ne devais plus connaître de longtemps... "



Très belle écriture. Pour parler des rapports sexuels entre Hélène et Tamara l'autrice n'use pas de descriptions plus ou moins érotiques. Elles sont juste suggérées.

Dés son premier roman Françoise Mallet-Joris a démontré un grand talent d'écrivain.





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Le rempart des béguines

Dès les premières lignes, j’ai été séduite par l’écriture de Françoise Mallet-Joris : très imagée, très riche, très descriptive. On est dans la tête d’Hélène, 15 ans, esseulée, désœuvrée, dans une petite ville de province. Le salut viendra de Tamara, 35 ans, énigmatique maîtresse de son père veuf, grâce à laquelle elle découvrira toutes les affres d’un amour dysfonctionnel, les rapports de force, le manque, la soumission, la rébellion, exacerbées d’autant que la relation est violente.



Le fait que cette éducation sentimentale se développe avec une femme a l’intérêt pour le personnage principal d’y trouver un modèle de femme, de ce qu’est être une femme, de ce que cela peut être, alors qu’elle a perdu sa mère très jeune et est en manque de repère à ce sujet. Cela me semble être un point fondamental et très intéressant du roman.

Pour le reste, il me semble que les problématiques décrites en lien avec la relation amoureuse vaut pour tout le monde, quelle que soit l’orientation sexuelle, cela sur le plan interpersonnel et intime.

La dimension sociale des relations amoureuses tient également une place forte et joue beaucoup dans le personnage de Tamara et dans la relation amoureuse de Tamara et d’Hélène.



J’ai apprécié l’évolution d’Hélène dans ce parcours du combattant. L’autrice transcrit bien les états psychologiques traversés selon moi, je trouve que c’est vraiment le point fort de l’œuvre. J’ai beaucoup aimé la fin.



Pour qui chercherait un roman érotique, passez votre chemin, les scènes de sexe sont à peine suggérées. D’ailleurs, le point du désir et du plaisir physiques me semble avoir été sous-exploité, évacué systématiquement en une phrase ou par allusions, même si mentionné à plusieurs reprises, alors que cela fait également partie de cette éducation sentimentale.



Je suis ravie d’avoir découvert cette plume féminine franco-belge du XXème siècle grâce au challenge Solidaire 2022 dont j’ai apprécié autant le style que le sens du scénario et de la psychologie des personnages, je ne manquerai pas de me pencher sur d’autres de ses titres.
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Le rempart des béguines

Hélène, 16 ans, s'ennuie dans la vie. Sa rencontre avec Tamara, la maîtresse de son père, va changer sa vie et lui faire découvrir la sensualité...

Dans "lire les écrivains belges" de Anne-Marie Beckers, ce livre est conseillé aux étudiants à partir du 2nd degré (15-16 ans). Peut-être suis-je "vieux jeu", mais je ne crois pas que je l'aurais volontairement mis dans les mains de ma filles de 15 ans.

Et pourtant, ce livre est très bien écrit et aborde pas mal de tabous de notre société. Ce livre a été écrit en 1951 et est toujours d'actualité.
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Marie Mancini : Le premier amour de louis XIV

Marie Mancini, premier amour de Louis XIV… Nièce de Mazarin. Intelligente et rebelle. Sa revanche sur son enfance et sur sa famille. Les intrigues de la Cour et le mariage du Roi… Une époque clef de notre histoire, celle du Roi-Soleil… Et une « matière première » abondante puisque Marie Mancini tenait son journal, et que ses écrits ont traversé les siècles jusqu’à nous…

Oui mais voilà, le compte n’y est pas ! Cette lecture était véritablement à suffoquer d’ennui, tant Françoise Mallet-Joris brode autour des événements (et, il faut bien le dire, des non-évènements aussi !) au lieu de « juste » nous raconter l’histoire de Marie…

Par contre, cela aura été l’occasion pour moi de découvrir ce personnage de l’histoire que je ne connaissais que de nom. D’ailleurs, j’ai pris plus de plaisir à lire l’article de Wikipédia que ce roman ! Si j’ai l’occasion de lire quelque chose sur elle d’un autre auteur, je crois que je franchirai le pas.

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Divine

Divine est un roman dont j’avais entendu parler à sa parution au tout début des années 90 (j'avais 13 ans). La parution de Divine avait été saluée, y compris dans des journaux plus populaires, parce que c'était le nouveau roman de Françoise Mallet-Joris, parce qu'elle parlait d'un sujet dont on parlait peu, le rapport au corps hors-norme, et le regard que les autres portaient sur ce corps. L'on ne parlait pas encore à l'époque, du moins, pas trop, de la boulimie et du corps qui se doit être constamment désirable donc dans une certaine norme.

Je tiens à le préciser, je n’ai pas aimé ce livre, j’ai souvent bondi en le lisant. Ce qui m’a fait bondir en premier ? Les agressions que subit Divine. Quelqu’un la retrouve régulièrement dans son appartement, la viole (je n’ai pas d’autres mots) et elle ne réagit pas. Il ne s’agit pas de la sidération, non, mécanisme de défense normal. Elle attend le retour de son agresseur – et il revient à plusieurs reprises. Vous qui lisez cet avis, ne venez pas me dire que je ne comprends rien (j’y ai déjà eu le droit une fois). Ne me faites pas croire qu’une victime de viol puisse dire que le retour de son agresseur lui redonne "le goût de vivre". Je ne comprends pas que personne n’ait bondi, à l’époque.

De sexualité, de mariage, d’enfants, il sera question dans ce livre. Je poursuis avec les faits qui m’ont choqué. Sélim, le concierge du lycée, bat sa seconde fille. Attention ! Il la bat discrètement, pour que cela ne se voit pas trop, et si d’aventures, en serrant trop fort, il devait casser le bras de Jacqueline, sa seconde fille ... on ne sait pas trop ce qui se passerait. Jacqueline se confie à Jeanne, son enseignante, qui estime (à juste titre) avoir merdé avec Geneviève, sa sœur aînée. Geneviève est obèse, comme Divine. Contrairement à Divine, Geneviève porte de jolies djellabas. Geneviève est croyante, et se voile. Geneviève, qui veut désormais être appelé Fatima, ne veut pas faire d’études, contrairement à Divine, elle veut se marier et avoir des enfants, et pense, toujours contrairement à Divine, qu’elle y arrivera – son poids n’y changera rien. Bon. Vous voulez une bonne dose de clichés racistes ? Regardez la manière dont est dépeinte la famille de Sélim, regardez surtout la manière dont Jeanne les voit, elles, les jeunes filles. Parce que, figurez-vous qu’il y aurait un pays où les femmes sont « énormes, indolentes ». Pardon ? J’ai bien lu ? Ah oui, j’ai bien lu. J'en reviens à Jacqueline, battue, qui continue malgré tout à tenir tête, avec les moyens du bord, à son père. Et Jeanne ? Je cite : "Jeanne se demande si, malgré sa brutalité, ce n'est pas Sélim qu'elle plaint le plus".

Pourrai-je être amie avec Jeanne ? Non. Mais je ne pourrai pas être amie avec ses amies non plus. Je ne sais pas d’ailleurs sur quelles bases repose leur amitié. Pour Evelyne, je dirai que c’est la durée : elles se connaissent depuis qu’elles ont douze ans. Evelyne est croyante, elle s’est mariée trois fois (passons…. je ne connais pas de catholique pratiquante qui l’ait fait) et aime avoir des relations sexuelles avec son troisième mari. Et tant pis s’il refuse d’offrir un cadeau de Noël aux jumelles. De quoi se plaignent-elles ? Elles ont eu des cours particuliers de maths. Pour moi, je vois de la maltraitance, et quand cela commence comme cela, quand on reproche à des enfants qui ne sont pas les siens ce qu’ils vous coûtent, cela peut mal se terminer dans la vraie vie. Ah mais oui, nous sommes à l’orée des années 90 et je ne suis pas sûre que cela soit perçu à l’époque comme tel. Bon, Evelyne essaie parfois de se gendarmer, mais elle n’y parvient pas – elle ne veut pas se priver de sexe ! Même si nous ne la voyons qu’à travers les yeux de Jeanne, qui la méprise parfois, l’on entend ses paroles, et on la voit mal se mettre en colère, mettre les points sur les i à quelqu’un, y compris à Jeanne. Quant à sa seconde amie, Manon, très proche de la mère de Jeanne dont elle partage les préoccupations, elle me fait penser aux clichés des femmes accaparés uniquement par leur apparence physique, ne sachant pas trop avec quel homme vivre – mais il faut qu’il ait de l’argent. Elle n’a pas besoin non plus de se marier pour désirer avoir un enfant, au grand étonnement de Jeanne – c’est là que l’on se rend bien compte que ce roman a trente ans. Parce que le rapport à la maternité tel qu’il est décrit dans ce récit date d’un autre temps. Ludivine, la grand-mère, a été fille-mère, et c’est pour cette raison qu’elle est partie à Paris – pour cacher son « banal secret ». Elle n’a jamais connu d’autres hommes et en veut à sa fille, Gisèle « mère célibataire » (« les temps ayant changé ») de se marier après avoir été abandonnée. Oui, pour Ludivine, la grand-mère, il fallait rester seule, dans le souvenir de Jean, le père de Jeanne. Ne dit-elle pas à sa petite-fille : « ça ne se fait pas ce qu’elle a fait. Et le souvenir, alors ? On aime une fois, et c’est tout ! » C’est avec « mépris » qu’elle parle de sa fille et ce qu’elle distille n’est pas bon, à mes yeux, pour la construction de cette enfant qui s’appelle encore Ludivine, comme sa grand-mère, et qui choisira de porter son autre prénom à la mort de sa grand-mère.



Je me suis beaucoup écartée de ce que j’aurai dû voir comme le sujet principal du livre, à savoir le rapport au corps, ce corps que Jeanne remplit consciencieusement en mangeant, ce poisson qu’on lui a apporté et qu’elle jette, parce que pour elle, ce n’est pas de la nourriture, ce corps qu’elle n’a jamais entravé, choisissant toujours de porter des vêtements amples et confortables, cette santé insolente qui fait qu’elle n’est jamais malade, qu’elle fume sans aucun problème, se moquant bien d’enfumer les autres – la loi Evin sera voter trois ans plus tard – ce corps qu’elle redécouvre, comme elle s’interroge sur la manière dont les autres la voient, tolèrent aussi des traits de son caractère qu’ils n’auraient peut-être pas supportés si elle avait eu un physique dans la norme. Je suis passée à côté de cette thématique, qui m’a semblé enfoui sous tout le reste, notant bien au passage le paternalisme du médecin scolaire que Jeanne consulte, qui vaut bien celui de sa femme, pour qui rien ne vaut un bon généraliste qui connait bien ses patients, les psychiatres et les diététiciens ne servant à rien, selon elle.

Et pourtant, le sujet de ce livre était intéressant. Il parle du corps des femmes, de ce corps qui doit être désirable pour les hommes, et dans la norme, toujours celles des hommes, pour les femmes.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Les personnages

Un roman "historique" dont l'écriture est plaisante, fluide... agréable en tout point. Comme il est plaisant de lire des phrases ciselées aux termes choisis des puissants d'antan après les vociférations éructées dont nous abreuvent les puissants d'aujourd'hui.

Mais il faut bien dire que mis à part le beau langage, je me suis profondément ennuyé à la lecture de ce roman.

l'héroïne est certes attachante, et bel et bien à plaindre d'une certaine façon, mais il lui manque tant pour être aimable.

Les autres personnages sont volontairement froids, méprisables et finalement gagnants.

Une excellente littérature fort ennuyeuse.
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