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Critiques de Friedrich Dürrenmatt (151)
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Le Soupçon

Voici ce qui me reste de cette lecture ancienne, en quelques mots-clés :

*MORT : omniprésente avec des nécrologies différentes et la plus notable probablement celle de Gulliver qui se dit mort depuis longtemps.

*SOUPÇON : celui qui pèse sur Emmenberger, sur bien des personnages y compris en Suisse après la guerre.

*GULLIVER : beaucoup de références littéraires dans le livre (Faust, Tell) ici, bien sûr une figure géante du juif errant.

*SUISSE : un peu comme dans Andorra de Max Frisch, la dénonciation qu'il y a eu des complicités au régime nazi.

*CRIME : il a changé avec l'époque : Baerlach ne peut plus l'affronter seul et il lui faut maintenant l'aide de Gulliver.

*HÔPITAL : un décor étrange, avec ses tableaux et ses jeux de miroirs ; nous sommes ici dans une danse macabre avec une possible référence à Albrecht Dürer.

*MARLOCK: morphinomane, elle symbolise le communisme désillusionné converti à la croyance semi-anarchiste en la matière et en le moi (où le hasard est divin) qui justifie le mal a priori.
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La visite de la vieille dame

Cette pièce en trois actes de l'auteur suisse Friedrich Dürrenmatt m'a parfois évoqué le petit roman biographique L'Or de son compatriote Blaise Cendrars et bien plus encore Un Ennemi du peuple d'Henrik Ibsen.



En effet, il y est beaucoup question d'argent, d'une petite communauté, en l'occurence une petite ville de province, et d'un empêcheur de prospérer en rond. L'intérêt réside évidemment dans la réaction de la communauté vis-à-vis dudit " gêneur ".



Qu'en est-il ici ? La petite ville de Güllen frise la faillite totale : autrefois plutôt prospère, elle a vu toutes ses activités industrielles ou économiques péricliter ou s'effondrer. Toutefois, un espoir demeure…



Claire Zahanassian, jadis née Wäscher et pauvre à Güllen puis à présent veuve et héritière d'un richissime homme d'affaire, accumulant les remariages avec des hommes célèbres après en avoir plumé un certain nombre d'autres. On annonce la visite de la désormais vieille mais opulente dame en sa très minable et très miséreuse ville natale de Güllen.



Chacun espère donc énormément des libéralités de la rentière. On attend en particulier beaucoup de l'entremise d'Alfred Ill qui fut en son temps le petit ami de Claire Zahanassian avant qu'elle ne quitte le village. Des rumeurs prétendent qu'elle en était, à l'époque, follement amoureuse. Mais qu'en est-il à présent ?…



Et si la vieille dame était venue faire une proposition indécente à l'endroit de quelqu'un ? Qu'en penseraient les habitants ? Quel parti adopteraient-ils si leur prospérité en dépendait ? Voilà le coeur du questionnement de la pièce.



En ce sens, cela pourrait éventuellement rappeler le film Proposition indécente avec Robert Redford et Demi Moore même si le dilemme moral est ici bien différent comme vous le constaterez si vous décidez de lire et/ou de voir cette pièce.



De quelles compromissions sommes-nous capables collectivement, juste pour de l'argent ? Un pays aussi avancé écologiquement que l'était le Canada il y a quinze ans est-il capable de faire machine arrière, de sortir du protocole de Kyoto juste parce qu'il vient de trouver le moyen d'extraire du pétrole et du gaz de son sous-sol ? Ça m'étonnerait. Des guerres ultra-meurtrières se déclarent-elles juste pour asseoir les intérêts économiques de quelques gros industriels ? Peu crédible, vous avouerez…



Oui, j'ai du mal à le croire car l'Homme, oui l'Homme, ce sommet de l'évolution biologique a su s'extraire de son avidité primitive et de sa condition de bête affamée. Il vaut beaucoup, beaucoup mieux que ça car il est tout pétri, constamment irrigué de cette belle et grande et suprême valeur, que l'on nomme Morale et qui toujours le maintient fermement sur les rails de la décence. N'en doutons pas…



Bon, d'accord, à l'extrême, extrême rigueur, il arrive parfois qu'on maquille un tout petit peu la loi, qu'on change les règles de façon infinitésimale, qu'on tourne très légèrement la tête et qu'on regarde ailleurs au moment de valider une décision pas jolie, jolie. Mais entre-nous, c'est franchement rare, et on n'irait jamais jusqu'à tuer quelqu'un, voyons…



Sauf peut-être si la démonstration était faite et avérée que le quelqu'un en question fut vraiment méprisable, un genre de terroriste déguisé ou même un authentique terroriste, un Che Guevara au moins, plus tout à fait un homme en somme, un bon débarras pour la planète. Bon et puis si tout le monde y gagne…



Bref, une tragicomédie bien grinçante, assez plaisante à lire mais qui ne m'a pas non plus transporté d'allégresse. Intéressante toutefois. Bien entendu, ce n'est là que l'opinion d'une vieille dame, c'est-à-dire, bien peu de chose dans la balance, surtout si des intérêts supérieurs sont en jeu…
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Les Physiciens

Bienvenue chez les fous !

Voilà résumées les unités de temps, de lieu et même d’action puisqu’il s’agit d’une courte pièce de théâtre en deux actes, publiée en 1962 en pleine guerre froide, de l’auteur d’origine suisse Friedrich Dürrenmatt, qui se déroule exclusivement dans le salon d’une villa transformée en asile, au bord d’un lac sans histoire, quelque part en Europe.

Elle se dévore d’une traite, et si l’on accepte d’emblée l’absurdité totale de la situation, l’absence de repères traditionnels, c’est un petit bijou d’intrigue décalée à l’humour jubilatoire qui permet d’aborder légèrement en apparence des problèmes sérieux de l’humanité confrontée au progrès.



Jugez plutôt : au milieu de malades, spécimens issus de « l’élite mentalement dérangée de la moitié de l’Europe », un trio improbable de physiciens de renom, Einstein, Newton, Möbius, rien que cela, se trouve regroupé à l’écart des autres patients du fait, c’est évident n’est-ce pas, de la similitude de leurs mondes imaginaires respectifs. D’ordinaire très calmes, les deux premiers ont récemment étranglé leurs infirmières, quant au troisième qui obéit aux ordres du roi Salomon, il ne vaut guère mieux.

Inspecteur de police, infirmières, médecins vont et viennent, échangent, cherchent à comprendre, puis renoncent, manifestement déboussolés par l’attitude des physiciens qui donnent le change à merveille et finissent par les faire douter de leur propre santé mentale.



Qui est réellement fou dans cette histoire ?

Voilà en définitive LA véritable question. Les supposés scientifiques, les médecins ? Par extension, cette pièce soulève bien sûr le problème de la responsabilité des scientifiques directement impliqués dans le sort de l’humanité grâce à leurs découvertes. Serions-nous entre les mains de physiciens irresponsables ? Sommes-nous prisonniers ou eux-mêmes de leurs avancées ?

Impossible malheureusement de vous en dire davantage. Mais après avoir bousculé ses lecteurs et spectateurs, Dürrenmatt livre quelques pistes de réflexion regroupées à la fin de l'ouvrage : « La physique est l’affaire des physiciens, ses répercussions sont l’affaire de tous. » « Le drame peut duper le spectateur en le mettant face à la réalité, mais ne peut pas le contraindre à lui résister, et encore moins à la maitriser. "

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Grec cherche Grecque



L'auteur, comme son compatriote Robert Walser, représente une grande étoile au firmament littéraire suisse.

Qui n'a, en effet, pas lu ou vu de Friedrich Dürrenmatt son impressionnant "La visite de la vieille dame" et tremblé en lisant ou voyant son "La promesse" ou encore froncé les soucils à la lecture de sa satire du bolchevisme "La Chute d'A" et de son conte philosophique "La Panne" ?



"La promesse" est une histoire à suspense original d'assassinat de gamines et d'une enquête obstinée. Il y a eu 2 versions cinématographiques, une en 1958 titrée "Ça s'est passé en plein jour" avec Heinz Ruhmann, Gert Fröbe et Michel Simon et un remake en 2001, intitulé "The Pledge" par Sean Penn avec Jack Nicholson, Benicio del Toro et Patricia Clarkson. L'auteur a, par ailleurs, collaboré au scénario de la première version.



Je crois avoir tout lu ou presque de cet écrivain d'un talent extraordinaire qui pouvait se faufiler avec la même aisance apparente à travers les genres les plus divers. Seul "Grec cherche Grecque" m'a causé des problèmes .... pour le trouver et finalement, j'ai dû me résoudre à en lire la version allemande. Friedrich Dürrenmatt a qualifié lui-même ce roman comme une "Prosakomödie", ou une comédie en prose, un qualificatif historiquement réservé à "L' Avare" de Molière.



Selon un critique littéraire du "Daily Telegraph" de Londres, seul maître Dürrenmatt réussit à écrire le récit d'un petit aide-comptable, qui du jour au lendemain devient riche et estimé, sans que cela ne devienne ridicule ou aberrant.



C'est cependant ce qui arrive à son héros, Arnolphe Archilochos, d'âge moyen et à embonpoint, qui travaille au service des forceps à la fabrique de machines "Petit-Paysan SA". Il dévoue un bon bout de son temps libre à propager l'évangile selon les néopresbytériens orthodoxes, une secte un tantinet obscure importée des États-Unis.

Arnolphe n'a pas du tout le physique d'un Grec, mais cela s'explique par le fait qu'un de ses ancêtres a péri à Nancy, à côté de son seigneur, Charles le Hardi ou le Téméraire (1433-1477), en livrant bataille contre les troupes de la coalition lorraine et suisse.



En fait, une situation digne d'un Dürrenmatt et de son esprit imaginatif où sûrement l'ironie ne fait pas défaut. Et ce n'est que le point de départ, car Arnolphe encore vierge a décidé de prendre femme. Avec l'aide de la secrétaire de la compagnie, Frau Bieler, il s'emploie à rédiger une annonce dans ce but, qui au bout de nombreuses modifications et corrections, se résume à "Grec cherche Grecque ".



La rencontre entre Herr Archilochos, entretemps devenu le directeur puissant d'une société de canons atomiques, et la femme de ménage Chloé Saloniki, vaut son paquet de cacahuètes. Pour Arnolphe, à qui tout réussi, il n'y a effectivement pas de raison que cela ne marcherait pas avec la belle Chloé, quand bien même si elle est un peu pute, mais au grand coeur !



D'après le professeur Armin Arnold de l'université de Ratisbonne en Bavière et conseiller chez le géant Siemens, il y a en littérature allemande que très peu de livres qui peuvent rivaliser du point de vue humour avec cette histoire de Friedrich Dürrenmatt. Humour, un terme que l'auteur lui-même a défini comme "le masque de la sagesse".



Friedrich Dürrenmatt, né près de Berne en 1921 et mort à Neuchâtel en 1990, est un authentique touche-à-tout artistique. Outre les romans cités et quelques autres, il a été metteur en scène et a écrit des pièces (parmi lesquelles "L' Édification de la Tour de Babel"), des scénarios de film et des essais (sur Albert Einstein, Václav Havel etc.), tout en faisant de la peinture.



Le scénographe d'origine Azerbaïdjanaise, Emile Salimov, a, en 2015 au Vingtième Théâtre de Ménilmontant, adapté cette oeuvre à la scène et en a fait une épopée luxueuse mélangeant théâtre et comédie musicale. Dans cette grande farce le rôle d'Arnolphe était incarné par le comédien Thierry Ferrari.



Si vous souhaitez faire plus ample connaissance avec un esprit atypique, baroque et bizarre, je vous conseille la lecture du livre d'Ulrich Weber : "Friedrich Dürrenmatt ou le désir de réinventer le monde" paru en 2005.



Moi, en tout cas, il m'a fait doucement rigoler et je regrette seulement que ce roman ne compte que 156 pages !

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La Panne

Oh la belle ouvrage! En une centaine de pages, Dürrenmatt parvient à nous faire rire, à distiller une vague terreur, à donner faim, et, comme si cela ne suffisait pas, à provoquer d’affolantes interrogations métaphysiques.

Le héros (très peu héros au demeurant) est contraint de demander l’hospitalité à des vieillards fort peu compassés qui lui feront prendre conscience, à grands renforts de crus classés et par un habile interrogatoire, qu’il est sans doute un fort vil assassin.

La panne n’est pas seulement celle qui immobilise la voiture de notre commercial, Dürrenmatt y voit le symbole même de notre société matérialiste : nous craignons davantage les caprices des objets qui nous entourent que les coups d’un dieu vengeur découvrant nos turpitudes.

De fait, Alfredo Traps connaît son épiphanie justement de se connaître assassin. Il se sent magnifié par son crime qui le sort de sa médiocrité et lui donne un destin. Et surtout il pleure d’extase d’avoir été mis à nu, « appesanti et pacifié par le vin, il goûtait comme une volupté d’être ce qu’il était, (...) d’être vraiment soi-même et sans mensonge, sans plus rien à cacher, sans secret ». Dieu sonde les reins et les cœurs et le pécheur crie encore. Si Dürrenmatt a souffert de son éducation religieuse, il n’était pas catholique. Pourtant, je ne peux m’empêcher de lire ce conte comme une réflexion sur la confession -un peu à la manière de Rousseau, autre Suisse, qui tirait son sentiment de supériorité de sa grande capacité à s’autoflageller.

Et je trouve que ce texte mérite d’autant plus d’être lu que sa critique de notre individualisme est particulièrement mordante: comme le dit le juge dans ses attendus, « Il avait tué parce qu’il trouvait naturel d’acculer son semblable sans égard ni pitié ». Cinquante ans plus tard, on ne saurait mieux dire.

Ma sentence sera donc sans appel: lisez Dürrenmatt !
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La promesse

Roman policier considéré par les pros du genre comme un classique incontournable, "La promesse" les tient toutes : promesse d'un meurtre sanglant, promesse d'une ambiance oppressante, promesse de personnages bien campés et torturés, promesse d'une ascension vers la folie et enfin, la plus essentielle peut-être, promesse d'une tension psychologique à la "Maigret".



Déjà un polar qui se déroule en Suisse, ça attise la curiosité ; un crime perpétré contre un enfant, ça fait vibrer les cordes les plus sensibles de notre être. Alors, quand il s'agit pour un enquêteur de résoudre l'énigme d'un homicide opéré sur une fillette, dans une bourgade rurale sans histoires, l'attention du lecteur est à son maximum.



Le roman est court et intense. En quelques lignes d'une mise en abyme efficace, l'auteur plante son décor et joue avec subtilité sur les sympathies instinctives du lecteur pour son enquêteur. A travers le narrateur, il explose également sa vision de ce que doit et ne doit pas être un roman policier, arguments à l'appui. Aussi, peut-être que certains lecteurs auront le sentiment de rester sur leur fin mais, en ce qui me concerne, j'ai apprécié cette construction narrative et son contenu de bout en bout.



Challenge TOTEM
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La visite de la vieille dame

Au concours des villes sinistres, amochées par les ravages de la pauvreté, Güllen obtiendrait sans doute un bon classement. La pièce s'ouvre sur un tableau qui fait sourire par l'intensité de son côté «misère de misère» : Seul plaisir qui leur reste, les hommes regardent passer les trains, survivent grâce aux allocations chômage et à la soupe populaire, ils végètent, regardent l'huissier passer, qui vient pour la saisie de l'Hôtel de Ville.

Pourtant ce jour-là, l'espoir renaît : ils attendent la milliardaire, leur Clara, leur Clairette, ils l'ont vu grandir, ce serait bien le diable s'ils ne parvenaient pas à lui faire cracher ses millions.

Mais – misère de misère ! - la charité, ce n'est pas vraiment le truc de la vieille dame, ce qui la fait vibrer, ce serait plutôt une bonne grosse vengeance, un projet de type:

« le monde a fait de moi une putain, et maintenant j'en fais un bordel. »

La vieille dame parviendra-t-elle à faire des Gülleniens des putains prêts à vendre leur morale et la vie d'un des leurs en échange de cent milliards? La petite ville en viendra-t-elle à adopter l'adage «Et ainsi, ne pouvant faire que ce qui est juste fût lucratif, on a fait que ce qui est lucratif fût juste.»?

 

Dürrenmatt nous renvoie une image peu reluisante de nous-mêmes, mais, comme l'a brillamment montré Nastasia, évidemment trèès éloignée de toute réalité et bien sûûr plus du tout d'actualité - ce serait inimaginable qu'aujourd'hui on laisse, par exemple, notre pays se rendre complice de crimes de guerre en vendant des armes à l'Arabie Saoudite. Je ne sais même pas pourquoi cette drôle d'idée a pu me passer par la tête. Et d'ailleurs, on ne va pas ergoter sur un détail vu que d'une façon générale au moins, on vit dans un système hautement civilisé où il serait inconcevable de voir la recherche du profit passer avant les valeurs humaines non?



N'empêche, une pièce intéressante !
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Les Physiciens

Voilà une petite pièce de théâtre qui semblait prometteuse, qui augurait d'un bel après-midi de lecture au soleil.

Pourtant ! ...

L'inspecteur de police Richard Voss a été appelé à la clinique privée "les Cerisiers".

Un crime y a été commis.

Une infirmière a été étranglée avec un cordon à rideaux.

Le coupable, enfin l'auteur de l'acte, est Einstein.

Enfin, un homme qui se prend pour Einstein !

Car "les Cerisiers" est un asile de fous et les trois hommes qui fréquentent son salon semblent être tous trois des physiciens dont la raison a vacillé ...

Ils se font appeler Newton, Einstein et Möbius ...

Bien sûr, On ne peut s'empêcher de penser à la pièce, "le docteur Goudron et le professeur Plume", qu'André de Lorde a, en 1903, adapté de la nouvelle d'Edgar Allan Poe pour le théâtre du Grand-Guignol.

Et l'on en a d'autant plus envie d'être happé et interpellé par "Les physiciens".

Mais au rendez-vous, il ne m'a semblé trouver qu'ennui et déception.

La lecture du morceau est rapide, facile et finalement sans aucun intérêt.

Les dialogues sont sans aspérités, les situations sans originalité.

Le style est banal et sans fantaisie.

Pourtant l'intention était louable car l'ensemble est tendu vers une grande question,

Malheureusement la mise en place est trop longue.

Et le coeur du sujet, abattu trop tard, est traité trop rapidement.

Voilà, en somme, une pièce à thèse dont la thèse est gâchée.

Voilà, en somme, une lecture qui sera aussi vite oubliée que terminée ...







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La promesse

Avec des " si "...



" - SVP... SVP.. Un peu de silence. Finissez de sortir vos affaires que je puisse commence le cours. Alors aujourd'hui, le roman policier. Et plus précisément le roman policier helvétique. Oui Kévin ?

- Hé M'sieur heu, LV-tik, c'est comme LVMH, Vuitton et tout ? Trop d'la bal'.

- Pas exactement Kévin, mais ça s'en rapproche tout du moins bancairement et fiscalement.

- (...)

- L'enquête se passe en Suisse Kévin. C'est l'histoire d'un chef de la police en retraite qui raconte à un auteur de roman une affaire qu'il a eu à résoudre quand il était en poste à Zurich.

- Ah ouais, M'sieur ; c'est un back-flip quand on raconte au présent un truc qui s'est passé y'a longtemps.

- Presque Dylan, on dit un flashback. Mais je constate que tes absences juste avant les vacances t'ont permis de regarder les Jeux Olympiques. Donc c'est l'histoire d'un policier très intelligent qui travaille sous les ordres de ce chef qui fait la... promesse aux parents d'une petite fille assassinée de retrouver son meurtrier.

- Hé mais M'sieur, c'est dégueu, moi tu touches à ma petit soeur, j'te défonce sans prévenir les flic moi celui qui fait ça !

- C'est vrai qu'on arrête quelqu'un Britney et que la foule est prête de le lyncher.

- Ah ouais, trop d'la bal', y'a qu'ça d'vrai M'sieur...

- Oui, mais en l'occurence Kévin, ce n'est pas lui le coupable. C'est un malheureux témoin à qui les policiers font avouer le crime durant l'interrogatoire.

- Ah ouais, M'sieur, c'est comme mon frère, les kisdés, ils l'ont matraqué pour lui faire dire qu'il dealait du shit...

- Hé, vas-y t'es un bouffon, tout l'monde sait que ton frère y deale du shit...

- Hé, vas-y ferme ta bouche toi.

- SVP ; SVP on s'éloigne du sujet.

- Hé M'sieur, alors il l'arrête l'enc'.. qui à tué la p'tit' fille ?

- Et bien en fait, c'est plus compliqué Britney. L'enquêteur est obligé de quitter la police pour tenter de trouver le coupable et prépare un... piège pour le coupable.

- Comme dans les films, il pose son badge et son gun et tout...

- Pas vraiment Dylan.

- Et heu... ça fini comment M'sieur ?

- Il va falloir lire le livre les enfants...

- Ohhhhhh

- Et M'sieur on peut pas regarder les images ?

- Y'en a pas Dylan...

- Sans déconner ?...

- Hé vas-y toi, manque pas d'respect. On dit " Sans déconner, M'sieur... " "



Avec des " si "...



Si ce livre avait été écrit par un auteur américain :

Le flic aurait sombrer dans l'alcool avant qu'une piste improbable ne lui tombe sous la main. Il aurait contacté ses anciens collègues qui auraient enterré le dossier. Et aurait in extrémis sauvé une nouvelle victime – une gentille petite fille avec des couettes et une robe rose-bonbon - après une course-poursuite et quelques coups de feu...



Si ce roman avait été écrit par un auteur nordique :

Le coupable serait le concierge du commissariat qui tuerait les petites filles qui ressemblent à la demi-soeur que son père aurait eu avec la femme de son meilleur ami et qu'il aimait plus que lui...



Si ce livre avait été écrit par Dan Brown :

Ce serait encore un coup des Croisés Illuminés de la Rose-Croix d'Erébe du Sud-Ouest...



Si ce livre avait été écrit par Terry Pratchett :

Ce serait encore un coup de la Guilde des Assassins et ce serait la faute des parents qui ne se sont pas tenus à jour de leur cotisation...



Si ce livre avait été écrit par un Suisse :

Il ne s'y passerait pas grand chose... Une véritable réussite...



Je présente toutes mes excuses à ceux qui attendait une critique objective et bien construite de ce livre, mais bon, je m'y suis profondément ennuyé... Et je ne voulais pas poursuivre dans cette voie pour sa critique...

Message personnel pour la personne qui m'a offert ce livre : " Quand le sage montre la Lune, l'imbécile regarde le doigt"...





Et si tout ce passe bien Kevin, Dylan, Britney et leurs camarades auront leur Diplôme National du Brevet en juin...
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La promesse

Un ancien commandant de police suisse profite d’un voyage en voiture en compagnie d’un auteur de romans policiers pour lui exposer sa vision des enquêtes policières qui sont le plus souvent résolues ou non grâce au seul hasard.

Pour étayer sa théorie, il lui raconte l’histoire de son collègue Matthias promis à une belle carrière qui va complétement bloquer sur une affaire de meurtre d’enfant. Un suspect, presque trop beau pour être vrai pourrions-nous dire, a bien été arrêté mais Matthias doute. Et comme il a fait la promesse à la mère de la fillette de tout mettre en œuvre pour trouver le coupable, que le meurtrier potentiel s’est suicidé, il va consacrer toute son énergie, tout son génie criminologique à résoudre, quel qu’en soit le prix, cette affaire.

Le récit encadré sert donc de prétexte à illustrer la réalité du terrain des policiers confrontée aux fictions policières construites pour satisfaire la soif de justice des lecteurs.

Le cheminement proposé par Dürrenmatt est tellement différent de celui que j’attendais, est si frustrant, que finalement il donne raison à son narrateur.

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La Panne

Un voyageur de commerce, Alfredo Traps, tombe en panne dans un petit village. Par paresse, et par l'espoir d'une aventure galante, il décide de ne pas rentrer en train et de passer la nuit sur place. Le seul hôtel du coin affiche complet, et on le redirige chez un juge à la retraite qui héberge volontiers quelques voyageurs de passage.



Le juge l'accueille avec plaisir, et l'invite au souper qu'il allait partager avec deux autres amis. Les trois vieillards, juge, procureur et avocat à la retraite, lui proposent de participer à un jeu : à chaque dîner, ils s'amusent à refaire un procès célèbre. Puisqu'Alfredo est présent, accepterait-il de jouer le rôle de l'accusé ? Le voyageur acquièsce avec plaisir, mais se déclare parfaitement innocent de tout crime, au grand dam de l'avocat qui lui conseille vivement de confesser quelque chose d'anodin, plutôt que de laisser le procureur trouver un crime par lui-même.



Comme Alfredo s'entête dans son innocence, le procureur, au cours du dîner, lui pose quelques questions adroites sur sa réussite professionnelle, l'accident cardiaque de son ancien supérieur et son comportement avec la femme de ce dernier. L'accusé répond à ces questions avec une totale franchise, dans la joie et la bonne humeur. On lui construit petit à petit un crime astucieux, pour sa plus grande fierté.



Drôle de petit livre, sur le thème de la justice, la culpabilité et la conscience, et bien difficile à classer : nouvelle, conte, pièce de théâtre ? L'ambiance est particulière, un procès qui se déroule pendant un somptueux repas, au milieu des rires, des embrassades et des déclarations d'amitié, tout en conservant une touche de gravité. La chute m'a beaucoup surpris, et fait beaucoup réfléchir. Un livre qui se lit vite, mais qu'on oubliera pas facilement.
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La Panne

Il faut avoir du courage et aimer Dürrenmatt pour se plonger dans ce petit recueil au titre peu accrocheur et à la couverture austère. Tous les témoins de la lecture ennuyeuse sont au vert. C'est donc vraiment à reculons que j'ai ouvert ses pages.

J'ai lu trois oeuvres de Dürrenmatt. J'aurais dû savoir qu'avec lui il faut s'attendre à tout : au plus fou, au plus délirant, au plus dérangé, au plus surprenant, au plus pétillant. La panne ne déroge pas à la règle.

Dès les premières pages, j'ai revu mon avis et j'ai dévoré avec un immense plaisir cette histoire décalée.

La panne de voiture est le prétexte à ce huis-clos drôle à souhaits qui met en scène une affaire judiciaire de la plus haute importance. Les personnages-acteurs sont attachants et jouent leur rôle à la perfection. Et j'aurais donné n'importe quoi pour pouvoir assister, participer à cette folle soirée en compagnie des 4 compères fous, autour de succulents mets et de vieux vins très rares.

Les mots se succèdent, les sourires apparaissent, la panse se remplit, les fous rires envahissent l'histoire pour délivrer une fin aussi délicieuse que le vacherin servi au dessert.

Friedrich Dürrenmatt est décidément un grand maître. A lui va toute mon admiration !



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La visite de la vieille dame

Si un professeur de théâtre ne nous avait pas demandé de lire "La Visite de la vieille dame" dans le but de nous faire travailler le texte de la pièce, je ne l'aurai probablement jamais lue, ni même découverte. En effet, je n'avais absolument jamais entendu parler de ce monument de noirceur et de son auteur, le prolifique romancier et dramaturge suisse Friedrich Dürrenmatt... Même si je ne suis pas certaine de poursuivre plus avant mon exploration de la bibliographie de ce dernier, je ne regrette pas cette lecture même si elle m'a mise très mal à l'aise... Cependant, si je veux être pleinement honnête, je crois que c'est ce même sentiment de malaise qui m'a fait aimer "La Visite de la vieille dame" et son ton aussi cynique que vitriolé, l'intelligence provocatrice de son propos, son audace...



Autrefois prospère, la petite ville de Güllen est aujourd'hui au bord de la faillite. La banqueroute a fermé les usines, ruiné les commerces, privé de pain et de feu les foyers même les plus aisés et la bourgade ressemble aujourd'hui à ces villes industrielles désaffectées et laissées pour compte, amochées par le béton et l'abandon, ravagée par la paupérisation... Pour ses habitants, il n'y a plus guère d'espoir de voir couler à nouveau des rivières de miel et de lait dans la ville, plus d'espoir de sortir de ce marasme gris, gluant dans lequel chacun semble s'enfoncer... Il y a bien le maire de la ville qui bataille encore mais sans trop y croire...



Non il n'y a plus d'espoir... A moins que... Une lueur peut-être, très loin au bout du tunnel, une lueur qui débarque en ville par le train de onze heures vingt sept. Cette lueur a pour nom Claire Zahassian. La vieille dame aujourd'hui richissime et qui doit sa fortune à sept mariages successifs est de retour dans la ville qui l'a vu naître et grandir. Elle a bien changé, d'ailleurs, la petite Claire qui courait pieds nus, libre et fantasque et la voilà aussi bardée de millions que de visons, nanti de son pâle époux du moment. Le salut de la ville viendra peut-être de cette femme que le maire, l'épicier et le professeur, promus comité d'accueil, voient déjà comme une bienfaitrice, une bonne fée un peu abimée. Bien sûr qu'ils espère lui soutirer ses millions, d'autant qu'elle a elle-même laissé entendre que ce serait possible... Les millions de la vieille sauverait la ville et ses habitants, vous pensez. Que ne feraient ils pas les braves gens de Güllen pour cet argent? Alors, ils écoutent la Zahanassian. Religieusement. Dévotement.

Et quand elle annonce que oui, elle leur versera des millions, c'est le ciel qui s'entrouvre jusqu'à l'énoncé d'une condition pour le moins impolitiquement correct: en échange de son or, elle veut une vie. Elle veut et elle ordonne que quelqu'un tue l'épicier, Alfed Ill. Celui qui fut autrefois son fiancé la mit alors enceinte avant de l'abandonner et Claire veut sa vangeance.



A partir de là, c'est l'escalade, pour le pauvre Alfred Ill d'abord, qui convaincu du soutien de ses concitoyens se retrouve aux prises avec l'attitude de plus ambiguë envers lui de ces derniers; pour les villageois qui oscillent, hésitent entre la morale et l'appât du gain; pour les spectateurs/lecteurs enfin qui insistent avec impuissance, dégout et fascination à la montée de la tension qui envahit peu à peu la pièce jusqu'à en rendre l'atmosphère étouffante, oppressante jusqu'à l'insupportable...

Le malaise s'installe peu à peu et s'allie étrangement à une forme d'humour très noir, très cynique qui nous offre alors des passages proprement jouissifs. C'est étrange, c'est audacieux et c'est furieusement inconfortable. Oui on rit, on applaudit la dénonciation de l'avidité et de l'individualisme de la société, mais finalement, qui sont ces personnages veules, fauves, avides, âpres au gain, prêts à tout, hypocrites si ce n'est... nous? Qui peut dire comment nous réagirions face à un tel dilemme? Qui pour oser prétendre qu'une vie vaut mieux à nos yeux que des millions? Bien sûr, on aimerait tous être purs, réfléchis... Bien sûr... Mais qui sait vraiment?

Alors oui, cette pièce en trois actes est grinçante et jouissive, corrosive et arrosée de vitriol, réjouissante et engagée mais elle est aussi profondément dérangeante et c'est aussi ce qui en fait le sel.

Et puis ce rythme, ces entrées et sorties de scène virevoltantes.

Et puis cette vieille dame qui telle un chat jouant avec des souris tire les ficelles du drame qui se joue sous ses yeux, ce drame déguisé en farce grotesque.

Et puis cette scène qui termine l'Acte II où l'angoisse est à son comble.

Et puis ces réplique qui font mouche autant que sens.

Et cette chute, cette chute génialissime qui dit en quelques répliques toute l'hypocrisie du genre humain prêt à cacher derrière de pauvres idéaux falsifiés et une morale inattaquable ce qu'il a de pire. Cette chute, cette fausse morale martelée par le maire et le professeur...



Sombre, inconfortable, cynique mais terriblement lucide et encore plus intelligent.

A lire, à voir.





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Les Physiciens

Le fou pense toujours que ce sont les autres qui sont fous; et dans cette pièce de théâtre aux allure de huis clos, on en a plus qu' un aperçu.

*

Trois hommes : Newton, Einstein et Möbius se succèdent devant un inspecteur de police, dans le salon d'un asile pour répondre de leurs actes.

Le personnel dudit asile fait son possible pour les dédouaner auprès de la maréchaussée.

Là ne s'arrête pas l'absurdité de la situation car les fous n'en sont pas, les physiciens non plus de même que les savants; mais la directrice de l'établissement pourrait bien avoir glisse dans un entre deux aliéné à force de ne fréquenter depuis des décennies que des situations absurdes.



Ironie de la situation, du récit et des différents acteurs, cette pièce est un petit bijou de l'auteur Suisse Friedrich Dürrenmatt.
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La promesse

Tout livre contient une promesse : celle de nous délivrer l’idée d’un auteur. La promesse de Dürrenmatt est imbriquée ; peut-être parce qu’il n’en a pas lui-même, il nous livre ici celle de l’inspecteur Matthieu. Les récits se cumulent et la narration commence lorsqu’un conférencier, invité en représentation dans un petit coin perdu de la Suisse, remarque le comportement étrange d’un vieillard qui jure aux grands dieux, assis seul près d’une borne d’essence. L’accompagnateur du conférencier se lance alors dans le grand récit de ce vieillard. Les histoires se mêlent et se conjuguent : discours du conférencier sur l’art de la fiction policière, parcours autobiographique d’un inspecteur policier, réflexions et conversation des deux personnages sur l’histoire qu’ils réinventent –dans le sens où tout témoignage, même celui se voulant le plus objectif possible, interroge à nouveau les faits et ne peut s’empêcher de leur imposer une courbure spécifique.





La promesse qui a transformé un inspecteur de police promis aux fonctions les plus glorifiantes en un vieillard buriné par l’obsession met un temps fou à nous être délivrée. Le récit traîne, ralenti par cette foule de petits détails que certains interlocuteurs bavards aiment incorporer à leurs discours. Charmante lorsqu’on ne s’attarde pas, lassante dans tous les autres cas, La promesse prend la forme d’une histoire policière quelconque. En tant que telle, elle plaira à ceux qui affectionnent le genre et agacera les autres. Toute enquête policière, tout mystère juridique, poursuit un achèvement symbolique. L’histoire édifiante prend alors la forme d’une maxime. On appréciera d’autant mieux l’histoire que le chemin pour conduire au symbole voire le symbole lui-même seront percutants. La promesse aurait pu correspondre à ce critère si Friedrich Dürrenmatt, excité par ce qu’il se voyait commettre comme innovation fictionnelle, n’avait pas jalonné son roman d’auto-observations théoriques. En nous rappelant sans cesse quelle orientation aurait pris un roman policier classique, et en se persuadant que la Promesse ne correspond pas à ce schéma, tout facteur de surprise disparaît. Si l’art de l’écrivain doit s’atténuer au profit d’un plus grand réalisme, la Promesse doit alors se constituer en reflet de la platitude même de l’existence quotidienne dont la longueur des attentes, et la monotonie des évènements, nous sont sans cesse rappelées.
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La promesse

Le crime est toujours une énigme, et le châtiment toujours une erreur." (Camus)



Dans "La Promesse", Dürrenmatt nous plonge dans un univers où les dilemmes moraux et les choix impossibles sont au coeur de l'histoire. À travers cette citation intrigante, l'auteur soulève des questions profondes sur la nature humaine et les décisions que nous sommes amenés à prendre. le protagoniste, le commissaire Matthias, se retrouve confronté à un dilemme moral après avoir fait la promesse de retrouver le meurtrier d'une jeune fille, une promesse qu'il s'engage à tenir même au prix de sa propre destruction.



Dürrenmatt excelle dans la construction d'une atmosphère sombre et oppressive, où chaque personnage est tourmenté par ses propres démons intérieurs. le commissaire Matthias en quête de vérité, se retrouve piégé dans un labyrinthe de mensonges et de trahisons, où la frontière entre le bien et le mal devient de plus en plus floue.



L'auteur nous entraîne dans une spirale infernale de suspense et d'angoisse, où chaque rebondissement nous tient en haleine jusqu'à la dernière page. Ce qui rend "La Promesse" si captivant, c'est la manière dont Dürrenmatt explore les thèmes universels de la culpabilité, de la responsabilité et de la rédemption.



À travers les différents personnages qui peuplent son récit, l'auteur nous invite à réfléchir sur la nature complexe de la justice et sur les conséquences de nos actes. En fin de compte, "La Promesse" est bien plus qu'un simple thriller policier ; c'est une méditation profonde sur la condition humaine et sur les choix qui définissent notre destinée.



L'écriture de Dürrenmatt est d'une intensité saisissante, chaque mot étant soigneusement choisi pour amplifier la tension narrative. Son style incisif et percutant nous entraîne dans un tourbillon d'émotions, nous laissant à la fois bouleversés et fascinés par le drame qui se joue sous nos yeux.



Chaque retournement de situation est parfaitement orchestré, chaque révélation nous laisse sans voix, jusqu'à la conclusion époustouflante qui nous force à remettre en question toutes nos certitudes.



En conclusion, "La Promesse" est un chef-d'oeuvre de la littérature mondiale, un roman qui nous hante après avoir refermé le livre.



Avec son intrigue captivante, ses personnages complexes et son exploration profonde des dilemmes moraux, ce livre mérite amplement sa place parmi les classiques du genre.



Une lecture incontournable pour tous les amateurs de suspense et de réflexions philosophiques.



Bonne lecture.



Michel.






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La promesse

Voici maintenant un texte plus consistant, un roman policier qui, s’il est bien représentatif de son époque, porte aussi les germes de genres plus actuels.

Un commissaire de police raconte à un écrivain spécialiste du roman policier ce qu’est devenu son talentueux adjoint.

L’inspecteur Matthieu, comme bien des policiers, s’est avéré obnubilé par une affaire non résolue, qui l’a amené à partir complètement en vrille. Il s’agit d’une fillette retrouvée morte en forêt, dans un début de roman qui rappelle le Petit Chaperon rouge. Un suspect idéal se trouvait à proximité et les villageois sont près de le lyncher, mais Matthieu le protège, certain qu’un autre coupable court encore. Sa réflexion le pousse à mettre en œuvre un stratagème pour coincer celui qui doit avoir plusieurs meurtres à son actif.

Si le versant psychologique du roman a légèrement vieilli, les prémisses du profilage étant assez rudimentaires, le portrait du policier est saisissant et le roman mené à son terme avec maestria ne déçoit pas du tout.

A découvrir si vous en avez l’occasion !
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La visite de la vieille dame

Décidément, j'aime beaucoup l'écriture, le style et l'humour de Dürrenmatt. Quel talent dans la mise en scène de cette pièce, dans la création de ses personnages tous plus loufoques les uns que les autres, dans ses décors oscillants entre Jardin d'Eden et habitat des Misérables et dans cette intrigue grotesque.

J'ai dévoré ces trois actes me délectant de cette folie absurde. Il est malin ce Dürrenmatt !



Et puis, vers la fin ressortent quand même de grandes questions existentielles : Jusqu'où l'humain est-il capable d'aller pour avoir de l'argent ? Jusqu'où peut-il être créatif pour se donner une parfaite bonne conscience ? Peut-on vivre une vie entière avec un sentiment de vengeance qui parasite nos choix ? Et moi, dans cette situation, qu'aurais-je fait ?



Je ne suis pas habituée à lire des pièces de théâtre. Ce deuxième essai, après "Les Physiciens" de ce même auteur, m'a totalement convaincue. C'est sûr, j'en lirai d'autres ! Et puis, je tenterai d'aller voir cette pièce au théâtre. Je me régale d'avance imaginant Mme Zahanassian, autoritaire, dégoulinante d'autosuffisance, dans ses habits de parvenue clinquants et rutilants.



Un excellent moment de lecture !
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La promesse

Ne jamais faire une promesse qu’on ne peut tenir ou encore une promesse est une entrave à celui qui l’a faite.

ces deux citations s’appliquent au détective Mathieu qui hélas, dans un moment tragique et devant la douleur d’une famille fera cette promesse qui changera le cours de sa vie à jamais, le conduisant au bord de la folie.

Mais cette promesse tenue est aussi un rempart à la culpabilité face à certaines situations quand elle donne de l’espoir et rend la justice.

Deux films à des décennies d’ntervalle seront tirés ce cet ouvrage, le premier en 1958 sous le titre:"ça s’est passé en plein jour" et le second en 2001 sous le titre : " the pledge".



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La promesse

Dans un décor 100 % suisse où Heidi aurait toute sa place, La promesse raconte l'échange entre l'ancien commandant de la police cantonale de Zurich et un romancier venu donner une conférence sur l'art d'écrire des romans policiers. Le premier, pour déglinguer le schéma convenu des polars raconte au second une affaire à laquelle il a été confronté, où l'absurde a balayé la déduction, la logique et la raison des meilleurs limiers.





Dans cette helvétique et donc paisible contrée, depuis des siècles les criminels sont condamnés par les tribunaux et les innocents libérés. Un meurtre, celui d'une fillette dynamite toutes les certitudes institutionnelles, professionnelles, personnelles. Un coupable brillant comme un soleil, trop beau pour être vrai, se pend dans sa cellule et voilà le commissaire Matthias dit Matthias la Cuirasse sapé dans ses convictions les plus intimes. Parce qu'il croit à tort ou à raison en l'innocence du pendu, il se met à la recherche d'un coupable qui n'existe peut-être pas ; parce qu'il a fait à la maman de la petite martyre la promesse sur son âme de retrouver l'assassin, cette enquête devient le combat de sa vie. Il renonce à un poste prestigieux ; est prié par ses supérieurs de lâcher l'affaire ; échoue dans une station-service et s'enferre lentement dans son idée, errant de supposition en spéculation, du simple jeu de l'intellect sans valeur scientifique, « il imagine n'importe quelle foutaise et trouve un moyen de la justifier logiquement » jusqu'à échafauder un stratagème aux risques gigantesques et aux chances de réussite minimes.





La lecture de la promesse – dont il ne faut pas négliger le sous-titre : « Requiem pour le roman policier » - m'a sonnée pour deux raisons ! En premier lieu j'ai apprécié le style concis jusqu'à la perfection de Friedrich Dürenmatt, quelques mots suffisent pour dévoiler un paysage, créer une atmosphère - on distingue l'odeur de l'emmental de celle du gruyère -, croquer un personnage, talents mis au service d'un débat de haut vol entre deux acteurs d'un même événement, celui qui le vit, celui qui le romance. Quelle virtuosité !





Mais ce qui m'a le plus emballée est d'avoir fortuitement découvert dans la présentation de Gallmeister que La promesse de Friedrich Dürenmatt paru en 1958 est à l'origine de The pledge (ce que j'ignorais) réalisé en 2001 par Sean Penn avec Jack Nicholson, un film que j'ai vu et aimé trois fois. Autant dire que ma lecture du roman n'en a été que plus électrique. J'ai retrouvé à l'écran l'ambiance et l'idée de l'oeuvre écrite, Sean Penn ayant avec beaucoup de talent délocalisé ses pompes à essence près d'un lac étazunien. Et qui mieux que Jack Nicholson pouvait interpréter Matthias, policier habité par une obsession, détruit par l'alcool, atteint de folie, qui finit assis sur un banc devant une station service à attendre un criminel. Qui viendra... Ou pas... L'épilogue époustouflant livre la réponse. Une lecture majeure, essentielle.
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