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Critiques de George P. Pelecanos (193)
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Blanc comme neige

Une lecture à marquer d'une pierre blanche…



Après avoir délicieusement gouté à mon premier Pelecanos, « Un nommé Peter Karras » figurant dans le D. C. Quartet, je découvre avec grand plaisir le début d'une autre série de romans concoctés par cet auteur américain et fils d’immigrés grecs installé aux Etats-Unis dans un quartier pauvre de Washington à son arrivée.



Contrairement au roman original mais non moins déconcertant avec comme personnages Peter Karras et Nick Stefanos, « Blanc comme neige » s’avère être beaucoup plus classique en mettant en scène un détective privé et ex-flic Derek Strange sur une affaire de bavure policière.



« Blanc comme neige » dont le titre original correspond également à une expression anglaise « Right as rain », fait référence à Terry Quinn, un flic Blanc, qui de but en blanc a malheureusement abattu un flic noir, Wilson, il y a plus d’un an. Après enquête, Terry Quinn a été blanchi pour légitime défense sachant que Wilson, habillé en civil cette nuit-là, avait braqué son arme contre lui et son collègue.



Embauché par la mère de Wilson, Derek Strange se résout à contre cœur à faire la lumière sur cette affaire pour laver l’affront subi par la famille Wilson. Pour démarrer son enquête, Strange rencontre Quinn qui a démissionné de la police et va se confronter, au fur à mesure des découvertes, à des flics pourris, à des dealers sans foi ni loi, à des prostituées tombées dans la drogue, et à toute sorte de personnages habitant les pires quartiers de Washington DC.



Une vraie descente aux enfers…où il est conseillé de montrer patte blanche !



Dans ce roman, le blanc est effectivement à l’honneur sous toutes ses coutures. Voyez vous-même :

- Les trafiquants de drogue ont carte blanche pour acheter et vendre « La blanche » (1) sans être inquiétés le moins du monde par la police. Et quand la situation l’impose, les dealers ne font pas sans blanc pour liquider les personnes récalcitrantes. Et pas avec des balles à blancs, comme au cinéma...



- Preuve encore s’il en est besoin, le héros du roman Strange, connu comme le loup blanc à Washington, et la victime Wilson, pourtant blanc comme un linge le soir de sa mort, sont de couleur noir alors que « le blanc comme neige » est comme par hasard le flic blanc. Si ce n’est pas cousu de fil blanc cette affaire !



Finalement, j'ai trouvé ce polar de Pelecanos très brillant et parfaitement calibré pour un roman somme toute classique. En effet, ce genre d’histoire n’est pas vraiment original et on devine assez rapidement la tournure glauque que va prendre l’affaire. Et justement, contrairement à beaucoup d’auteurs de polar, Pelecanos va réussir à faire monter la mayonnaise de façon très progressive en liant tous les ingrédients à la perfection. Et quel final à suspense !



Dans ce roman noir qui en veut aux blancs, l’auteur dépeint des personnages qui gagnent en profondeur au fur et à mesure du récit et auxquels on s’attache véritablement. Personnellement, je n’aurais pas été contre un peu de rabe, disons une centaine de pages supplémentaires, tant la lecture était savoureuse. Mmmmmmm…



Après une telle découverte, je suis sûr de ne pas faire chou blanc avec « Tout se Paye » et « Soul Circus» du même Pelecanos, qui plus est, sans me saigner à blanc avec ce format poche aux éditions Points.



(1) « La blanche » : l'héroïne dont la couleur de la poudre est blanche.

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Un nommé Peter Karras

♪ Ecrire me semble ridicule, Je m'élance et puis je recule,

Devant une phrase inutile, Qui briserait l'instant fragile

D'une rencontre, D'une rencontre…♫



Et puis si, je me lance… tout de même.



Dans « Toxic blues » de l’irlandais Ken Bruen, le personnage principal Jack Taylor est un alcoolique et junkie mais surtout un drogué au Pelecanos, seule véritable substance sans danger pour sa vie pour le moins agitée. Oui, oui, le Pelecanos c’est de la littérature, pas un cigare cubain…



Mais dites donc, Pelecanos, ça ne sonne pas vraiment irlandais ! Pas plus américain, vous me direz ! Hum, hum…



Pour découvrir cet auteur, je me suis donc lancé dans un de ses romans « Un nommé Peter Karras », « The Big Blowdown » (1996) étant le titre original, figurant dans le D. C. Quartet, le premier de la série dont l’action se déroule principalement à Washington D. C.



« Os », « as »… Il manque plus que le « is » pour parfaire les terminaisons grecques si reconnaissables !



En fait, George Pelecanos est fils d’immigrés helléniques qui se sont installés aux Etats-Unis dans un quartier pauvre de Washington et se plait naturellement à installer des personnages d’origine grecque dans son roman.



Ainsi, en 1933, Peter Karras, le grec, fait partie d’une bande de gamins bagarreurs et passionnés de boxe dont font partie Joe Recevo, Billy Nicodemus, Perry Angelos, Su et Jimmy Boyle.



Puis en 1944, certains d’entre eux combattent dans les Marines sur le théâtre d'opération des Philippines et découvrent malheureusement à leur retour que Billy ne reviendra jamais du front asiatique.



1946. Peter Karras et Joe Recevo tentent de gagner laborieusement leur croute en persuadant, par la force si il le faut, des personnes récalcitrantes de rembourser des sommes qu’ils doivent à Monsieur Burke, leur patron voyou. De leurs côtés, les autres copains sont devenus flics, taxis ou encore comptables.



De nombreux autres personnages graviteront dans l’univers de Peter et notamment un certain Mike Florek, à la recherche de sa sœur droguée qui se prostitue dorénavant à Washington, mais je vous laisserai découvrir seul(e) la suite qui pour moi ne doit pas être dévoilée sous peine de détruire le fragile château de cartes qu’a réalisé de main de maître Georges Pelecanos.



Ainsi, pour brouiller les pistes, l’auteur distille le récit de Peter Karras dans un ordre non chronologique et permet ainsi d’écrire une première partie de roman totalement étrangère au monde du polar ou du roman noir.



A la page cent, je suis même demandé si je ne m’étais pas trompé de livre car on était beaucoup plus proche d’un roman historique sur la seconde guerre mondiale ou de l’étude de la condition des immigrés ou fils d’immigrés européens aux Etats-Unis dans les années 30 à 50.



« Calmos, calmos », dirait Pelecanos qui prend tout son temps pour tisser sa toile et vous laisse patiemment succomber au fil du récit…



Une fois pris au piège, l’auteur ne vous lâche plus et injecte ses doses de noirceur goutte par goutte jusqu’à la fin de l’histoire. Des noirceurs physiques. Des noirceurs sensuelles. Des noirceurs psychologiques...



Dans un style propre et soigné, Pelecanos m’a donc surpris par sa fausse simplicité d’écriture et sa capacité à reconstituer le puzzle de la vie de Karras à travers le regard de chacun des autres personnages. Pour les amateurs de romans originaux et non calibrés, je recommande chaudement ce livre qui se déguste lentement au début puis se laisse croquer ardemment sur la deuxième partie passionnante.



Vous l’aurez compris, pour ceux qui recherchent le thriller comme cela est écrit sur la couverture (ils sont vraiment incroyables ces éditeurs), je vous conseille d’aller voir ailleurs car vous ne tiendrez pas les cent premières pages.



Pour les autres, c’est franchement une occasion de découvrir un grand écrivain américain à l’accent grec très prononcé (des mots grecs sans traduction jalonnent le roman surtout au début) et une construction de roman noir peu commune. Bref, une belle rencontre…



Une rencontre qui en emmènera d’autres. C’est une certitude…





Ps : Les aficionados de Christophe auront noté que j’ai remplacé le mot « Parler » par « Ecrire » dans la première phrase des paroles de la chanson pour mieux coller à la critique.

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Red Fury

Avec Georges Pelecanos, dont je goûte pour la première fois la prose hautement relevée, je visite les dessous peu ragoûtants de la capitale des États-Unis!

Le récit que fait Strange, à la troisième personne s'il vous plaît, se situe quatre années après l'assassinat de Luther King et des émeutes raciales qui s'ensuivirent... L'action se situe, de même, au moment où va éclater l'affaire du Watergate. Voilà pour un contexte historique assez précis pour rendre ce polar noir, dans tous les sens du terme, passionnant et captivant.

Vaughn, le flic blanc vétéran de guerre et Strange le privé noir à pantalons pattes d'eph' et chemises à col pelles à tartes, vont affronter Robert Lee Jones et sa compagne Coco... Sortes de Bonne and Clyde noirs à la sauce barjo: Le tueur avide de gloire, fut-elle de courte durée, et la mère maquerelle! Du beau monde, bientôt rejoints par deux tueurs de la Mafia venus récupérer leur dû...

Dans la pure tradition des noires séries de chez Gallimard, les personnages boivent sec, fument comme une caserne de pompiers ou se font quelques rails de coke... Tout ça court sur vingt-deux chapitres avec coups de feu et morts violentes et tabassage au passage. Avec, bien sûr, de la bonne musique du début des seventies!

Avec un tel démarrage chez Pelecanos, Horusfonck n'en a pas fini avec une oeuvre qui promet tellement!

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Hard Revolution

J'adore Pelecanos, y a toujours un truc à ronger.



Derek et Dennis, deux frangins noirs du ghetto.

Le premier s'est toujours imaginé devenir flic, ce qu'il fit, désormais raillé par ses collègues blancs et conspué par ses semblables, mais faisant la fierté de ses géniteurs.

Le second s'est laissé séduire par le côté obscur de la force, usant régulièrement de moult produits illicites que n'aurait pas renié, à l'insu de son plein gré, un certain L. Armstrong, -rien à voir avec Louis Armstrong, l'un est une trompette, l'autre souffle délicieusement dedans- l'entraînant ainsi irrémédiablement sur le chemin de la délinquance. Si maman l'aime comme au premier jour, papa, lui, un peu moins dans l'affect, se verrait bien le chasser définitivement du nid familial et de ses pensées.

♫Chacun sa route, chacun son chemin♪ chacun sa croix. Certains cumulant avantageusement.

Deux pestiférés évoluant dans un monde en pleine mutation qu'un illustre inconnu, M. Luther King, allait embraser de mille feux.



Chronique sociale et familiale, ce Hard Revolution joue admirablement sur plusieurs tableaux.

Au risque de s'éparpiller dangereusement, Pelecanos, fort de son pouvoir immersif porté par une écriture détaillée hyper réaliste, y va de son petit couplet sur la cohabitation noirs/blancs.

Le moins que l'on puisse dire en ces temps durables de clivage affirmé, c'est que l'auteur dote ses protagonistes d'une charge émotionnelle peu commune.

Alors que Derek, porté par le charismatique King, aimerait croire en des temps meilleurs, Dennis, lui, s'enferme dans une position de repli identitaire immuable voué au chaos généralisé.



Se refusant à tout parti-pris, Pelecanos se veut simple observateur d'une société qui n'a toujours pas assimilé le poids de ses erreurs passées.

A l'aube d'une nouvelle ère pleine de promesses, nos deux frangins vont devoir composer avec l'histoire en marche tout en gérant un quotidien très loin de vendre du rêve en barre.



Polar sociétal de très haute volée, Hard Revolution s'avère d'une force peu commune !



4,5/5
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Un nommé Peter Karras

Peter Karras, ma vie, mon oeuvre.



D'origine Grecque, étant gamin, je trainais régulièrement avec Joe, mon pote rital.

Insouciant de nature, je devins vite ambitieux.

Tous deux gravîmes rapidement les échelons pour passer du satut de sans grades à celui d'hommes de main de Burke, le Caïd du coin.

Complices, frangins, appelez-nous comme vous voulez. le fait est qu'on s'entendait parfaitement, Joe et moi. Et s'il n'y avait pas eu cette foutue nuit, ce serait encore le cas. Je ne serais pas aujourd'hui ce paria, montré du doigt, avec ses pitoyables rêves de rachat et de grandeur.



Mon premier Pelecanos, pas le dernier.



Le parcours haletant d'un fils d'émigré émancipé de l'organisation qui fit de lui l'homme à abattre.

Le bonhomme est attachant mais faillible.

Marié mais courant la gueuse, adepte de méthodes pour le moins musclées dans sa prime jeunesse, cet antihéros se sera construit dans une violence qui pourrait bien se rappeler à son bon souvenir.



Pelecanos déroule chronologiquement le fil de sa vie.

L'itinéraire d'un enfant pas gâté aux faux airs de montagne russe.



Karras a fauté mais est devenu cet homme avide de rédemption.

Enquêtant parallèlement sur une sombre affaire de prostituées décimées à la chaine, il n'en reste pas moins un être à la dangerosité avérée qu'il vaut mieux ne pas titiller.

Un homme d'honneur en quête de rachat, un mec déterminé n'ayant plus grand chose à perdre.



Prenant du début à la fin, Un Nommé Peter Karras se boit comme du p'tit lait.

Tout y est bon et parfaitement scénarisé.

La rythmique de ce polar est juste parfaite.

Une longue montée en puissance débouchant sur un final stupéfiant qui vous laissera comme le loup de Tex Avery, la langue pendante et le souffle coupé.



Pelecanos m'était jusqu'ici inconnu, il m'est désormais devenu incontournable.
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Funky Guns

Vingt ans ont passé depuis le super "burger"

King Suckerman et son ambiance Blaxploitation.

Au placard les pattes d'eph', les cols pelles à tartes et Superfly.

Envolées les années 80, les paillettes, la snifette et les paniers de baskets

de Suave comme une éternité.

Dans Funky guns, on baigne le cul dans la mélasse des années 90

Washington DC ne va toujours pas mieux,

ça flingue à tous les coins de rues.

Marcus Clay a pris un coup de vieux et de blues,

il a vendu ses magasins de disques

et son pote Dimitri Karras vit un véritable cauchemar

depuis que son fils s'est fait écrasé par des braqueurs en fuite.

Difficile de se reconstruire après un tel drame.

Heureusement que le petit Nick Stephanos rencontré

dans les années 80 est là pour essayer

de le sortir du trou noir et lui donner

un coup de pouce pour retrouver les assassins...

Funky Guns clôt admirablement la trilogie du ghetto de Washington DC

Ce dernier tome mené tambour battant au son des Temptations est le plus sombre des trois.

Dimitri qui broie du noir est prêt à tout moment à exploser

Nick le petit grec a pris de la bouteille

Les salauds frères Farrow loin d'être des petits rigolos

n'ont pas inventé la poudre...

mais on sent que ça peut péter à toutes les pages !

La patte assassine de Pelecanos, le scénariste des frères Coen et de la série Wire est au summum.

Vous pouvez être sûr de bouger votre popotin

au son de Funky Guns !
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Suave comme l'éternité

On m'avait caché que King Suckerman avait une suite !

Le temps de renfiler ma tenue blaxploitation des années 70

pattes d'eph, col pelle à tarte, et de sortir mes disques disco funk

Je me glisse comme un coq en patte dans la soul fiction.

Pas de bol, ça se passe dans le milieu des années 80 !

Dépité , je jette tout mon attirail en vrac

et renfile mon débardeur et ma paire de Rayban.

Rassuré , je retrouve Marcus Clay et Dimitri Karras

la paire de disquaire la plus cool du roman noir

et du ghetto de Washington DC ..

pas du tout au top de leur forme.

Marcus a des ennuis avec sa femme,

Dimitri n'arrête pas de sniffer....

mais ce n'est rien à coté du quartier qui s'embrase

pour un dealer cramé et une valise bourrée de drogue qui se fait la malle.

Toute l'action se déroule en quelques jours.

Les règlements de compte entre gangs s'enchainent

au nez et à la barbe des flics...un peu pourris

Je reste cloué sur mon siège en daim en sirotant un Ice Tea

Et là je me dis :

- Putain que fait Dimitri Karras à part se poudrer le nez ?

- J'ai à peine fini ma bafouille que le vétéran du Vietnam

Marcus Clay (pas le frère de Cassius) et naguère champion de basket

surgit d'une page cornée et fonce vers le panier...de crabes.

Il était temps !

Mention spéciale pour l'agent Tutt et ses blagues de beauf.

Suave comme l'eternité, à mettre en haut du panier !

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King suckerman

Lire King Suckerman, c'est prendre son billet pour les années 70 et virevolter, tel le gracile éléphant de mer de base que je suis - attention grand écart facial, et hop, sans les palmes - sur une B.O. de folie.

Alors enfilez vos pattes d'eph', sortez votre plus beau sous-pull orange et libérez votre afro XXL à la Jackson Four staillele, ça devrait pas tarder à funker sévère!



Outre un énorme panard de lecture, King Suckerman s'écoute au gré des innombrables références balancées par Pelecanos histoire de vous imprégner un peu plus de cette période musicale si foisonnante.



Pelecanos, en mixeur de talent, se pose là.

Déroulant un récit puissamment addictif en s'appuyant sur une galerie de personnages généreusement barrée -merci à VietnamTour- portée, au risque de me répéter, par la bande-son omniprésente d'un juke-box formidablement évocateur, l'auteur harponne d'entrée de jeu avec une scène d'anthologie qui donnera et le tempo et l'ambiance des chapitres à venir.



Un récit ancré dans les Seventies et focalisant sur le petit monde pas forcément reluisant des noirs à cette époque, il magnifie l'amitié virile mais correcte tout en faisant la part belle à la violence de ceux pour qui le mot espoir n'est plus de mise.



King Suckerman est de ces bouquins marquants qu'on lit avec les yeux et les oreilles.

Pour un bouquin acheté, double ration de plaisir.

Alors faisez pas la fine mouche et précipitez-vous fissa sur ce roi de la Soul!



4.5/5
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Le double portrait

Rendez-nous Pelecanos de King Suckerman!

Encore du Noir, parti en éclaireur, nous avait prévenus, Le double portrait est un roman mou du genou. Mais je voulais connaître la suite des aventures de Spero Lucas, qui cette fois recherche un tableau volé pour le compte d'une sexy quadra. "Il ne pouvait pas imaginer les ennuis qui se profilaient". Ni nous l'ennui qui va nous gagner.

On le sait, Lucas est un mec à la cool, il a fait l'Irak, il est sportif ("Vous êtes vraiment canon"), stylé Dickies/501/vélo Greg Lemon, après l'homme sandwich, le personnage logo, et assure au lit ("Fais ce que tu sais si bien faire.") Mais voilà, il a la mauvaise idée de s'amouracher d'une femme mariée. Du coup on ne sait plus si on lit un polar à l'intrigue guère folichonne ou un J'ai lu pour elle. L'enquête se noie dans des considérations érotico-sentimentales , avec des scènes de sexe d'anthologie: "Elle déboutonna son jean, le libéra et le caressa somptueusement." "Charlotte s'empara de son membre turgescent et l'attira à elle, frottant le casque de ses lèvres, puis ils se séparèrent abruptement et éclatèrent de rire."

Sans oublier le concours de celui qui a la plus grosse auquel se livrent les différents personnages: "Quand il descendait la rue ou entrait dans un bar, les femmes le remarquaient. Certaines commençaient même à mouiller". Ou bien ma préférée: "T'aurais dû l'entendre hurler avec son accent, quand j'ai tout donné".

Pelecanos, 57 ans au compteur, insiste systématiquement sur l'âge des femmes et les signes du temps qui passe ("Elle approchait la quarantaine ou l'avait déjà atteinte (...) mais son regard trahissait des carences affectives", "Tant qu'elle était du côté humide de la ménopause...") ce qui rend la lecture du Double portrait particulièrement pénible, et je me demande comment les lectrices de cinquante ans appréhenderont le roman. Les balades de Spero dans Washington et les passages sur l'espace urbain sont les seuls éléments plaisants que je retiendrai de cette lecture (et les aloses dans le Potomac), achevée en souvenir de Funky Guns ou de Soul Circus.
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À peine libéré

J’ai trouvé ce roman atypique dans la liste des œuvres de Pelecanos, auteur important dans le genre polar. Je pense à « Une balade dans la nuit », « Red fury » ou « Tout se paye ». Il y a beaucoup d’action mais l’étude psychologique, la trajectoire des uns et des autres, sont aussi bien plus présentes. Comment aborder une sortie de prison ? Qu’est-ce qu’une vie réussie ? Est-ce l’accumulation de biens, d’argent ? Et même cette question rarement abordée dans le roman noir et les thrillers : quel est le rôle de la littérature dans tout cela ?



On est à Washington, avec ses quartiers, ses noms de rue. Cela m’évoque le Bergen omniprésent de Gunaar Staalesen. Alors forcément on a l’impression de ne pas profiter à plein de cet aspect si on ne connaît pas cette ville, mais le cadre est là et fait partie totalement du récit, tout comme les marques de voitures, les références musicales et même ici, les références littéraires. C’est la signature Pelecanos, ce qui permet aussi de comprendre l’évolution de l’auteur en parallèle aux changements de cette mégapole de Washington.



Je lis cet auteur depuis un bon moment et je trouve une évolution intéressante dans sa production. Ses enquêteurs de la magnifique série entre 2002 et 2015, Derek Strange et Terry Quinn, étaient des justes, l’opposition était tranchée avec les délinquants et les criminels, tout comme l’opposition entre eux, l’un blanc, l’autre noir. Rien de tout cela ici, Phil Ornazian est un enquêteur privé, faisant appel à son ami Ward Bonds, un ancien militaire, pour des chantages, des braquages et autres coups tordus par goût de l’argent et de la violence « pour soulager des criminels de leur fortune mal acquise. » Ils gardent bonne conscience en prenant pour cibles des proxénètes, des suprématistes blancs et néonazis et en redonnant une bonne partie des gains aux victimes. Difficile ici d’attribuer une couleur de peau aux uns et aux autres. Cela m’a plu. Pourquoi définirait-on un individu immédiatement par ce type de caractéristique ? George Pelecanos définit d’abord Michael Hudson par son parcours chaotique avec un passage par la case prison et la passion qu’il se découvre pour la lecture, aidé en cela par Anna, une bibliothécaire sachant écouter et proposer les bons livres aux prisonniers. Après sa couleur de peau est peut-être noire... Je n’y ai pas pris attention car cela n’est pas important par rapport à ce qu’il vit. Washington est une énorme ville, avec une population métissée. Le temps travaille, lentement certes, à brouiller ces repères idiots et à réduire, souhait personnel, les racistes de tout poil.



Michael Hudson est en prison pour vol, il attend son procès avec à la clé plusieurs années de détention. Il se découvre, grâce à Anna, l’animatrice du club de lecture, une passion pour les livres. Et puis, tout d’un coup il est libre comme l’air – le titre original est « The man who came updown », pour les prisonniers revenir updown c’est sortir de prison –. Enfin, pas encore car Phil Ornazian qui l’a fait sortir, d’une façon très personnelle, va vite lui faire comprendre qu’il lui faut payer sa dette. Michael cherche du travail, organise sa nouvelle vie et ne veut plus décevoir sa mère. Il a une courte liaison avec Carla Thomas qui vit seule avec sa fille Alisha, mais il comprend qu’il lui faudra du temps pour se reconstruire.



La violence est du côté des hommes, encore et toujours, rien n’a vraiment changé mais les femmes occupent une grande place à la marge de celle-ci, dans la vie familiale et sociale. Une violence enseignée, vécue dans la police, à l’armée et dans ces guerres incessantes des Etats-Unis au Vietnam, en Irak, en Afghanistan... La situation des femmes – bien plus présentes dans ce tome – est autre, elle est volonté de maîtriser leur vie, de préserver leur couple, leur famille. Anna est jeune, elle construit sa relation avec son mari, Rick. Elle se pose la question de savoir si elle a fait le bon choix alors qu’elle ressent une forte attirance pour Michael.

Quand George Pelecanos fait dire ceci à Anna, c’est peut-être de lui-même qu’il parle :



George Pelecanos a débuté sa carrière de romancier en 1996. D'origine grecque, il est né et a grandi dans un quartier ouvrier de Washington. Il fait des études de cinéma à l'université du Maryland et vit de petits boulots. Il est un des grands auteurs de « romans noirs à l’américaine », avec une forte dose de critique sociale. « Tout se paye » écrit en 2002 marquait un tournant dans sa carrière, avec un retour au cinéma en étant scénariste (The Wire notamment), producteur et même réalisateur de séries et de films, essentiellement pour la télévision. « A peine libéré » arrive après une pause de plusieurs années. Visiblement l’auteur explore de nouvelles manières d’articuler le récit, de quoi dérouter certains lecteurs. Quant à moi, aucune déception, bien au contraire. George Pelecanos traduit dans ses romans l’évolution de sa ville, Washington, suivie sur des dizaines d’années. Il intègre son vécu puisqu’il intervient lui-même dans des prisons pour animer des clubs de lecture ! L’auteur construit son œuvre au fil des ans. A lire et à mettre en perspective avec ses autres livres plus anciens. Ça vaut la peine !

Un polar où Pelecanos semble faire sienne cette citation d’Aimé Césaire : « Je définis la culture ainsi : c’est tout ce que les hommes ont imaginé pour façonner le monde, pour s’accommoder du monde et pour le rendre digne de l’homme. »



******

Si cette chronique vous a plu, vous pouvez la retrouver avec ses illustrations sur le blog Bibliofeel :

Photo de couverture personnelle, extrait de l'album de Erykah Badu cité dans le texte et vidéo d'un titre d'Anthony Hamilton, chanteur soul écouté par la mère de Michael dans sa cuisine en préparant le dîner...


Lien : https://clesbibliofeel.blog
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King suckerman

King Suckerman est à l'affiche...cool

La coupe afro, les pattes d'eph,

la chemise à col pelle à tarte,

la démarche chaloupée et le regard dur.

Peut-être un poil trop trop mac... à dame.

Le King fait le buzz sur le grand écran.

comme l'Exécuteur...

le genre de Cooper, un tueur à gage

qui vient de recruter un petit cul de blanc

presque aussi vicieux que lui.

Ils forment à eux deux, un des couples

les plus improbables et psychopathes

Vaut mieux éviter de les croiser...

Mais voilà que Marcus, un vétéran du Vietnam

et patron d'un magasin de disques et son pote grec Karras

à cours de fumette piquent malgré eux la petite nana,

l'herbe et le fric de Mister Spags,

un dealer rital qui vient de recruter la paire infernale.

Le Cooper de joint et son associé ont tout vu.....pas bon, ça....

C'est parti pour un grand moment de la littérature Blaxploitation

George Pelecanos n'a pas oublié l'ambiance

soul et électrique du ghetto noir où il a vécu.

Là, on est en 1976, en pleine revendication noire.

L'auteur retranscrit le moindre détail des fringues 70's ,

les coupes afro, les voitures à la Starsky,

la musique soul, les sirènes qui hurlent mais aussi

la violence à fleur de peau qui éclate n'importe où.

La bande son est incroyable...à écouter d'urgence

les références cinématographiques cultes.

Tarantino peut tranquillement aller se rhabiller,

les dialogues pétaradent.

Bref, tous les ingrédients sont là

pour un grand roman noir en couleurs.

King Suckerman, c'est super...man !
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Une balade dans la nuit

Un scénario à réserver aux amateurs de Rambo...



Le héros est un jeune homme, ex-militaire, qui garde ses émotions pour son père décédé. Il multiplie les conquêtes féminines et fait du vélo et du kayak pour se tenir en forme. Avec lui, on parcourt les rues de Washington dont l'auteur prend le soin de mentionner tous les noms. Véritable héros de cinéma, l'enquêteur peut tuer sans remords comme il l'a fait en Irak, mais vaincra habituellement contre des ennemis, même supérieurs en nombre (heureusement, c'est bien connu que les méchants tirent mal...)



Je n'ai pas pas été convaincue par cette prose superficielle et son intrigue peu vraisemblable. Dommage!
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Drama City

Lorenzo Brown, la presque quarantaine amochée, est rangé des bagnoles.

Fini les conneries, il va tout donner pour son nouveau taf qui verse dans la cause animale.

Pas le choix, Rachel Lopez, sa contrôleuse judiciaire, et accessoirement véritable enseigne au néon pour les AA, y veillera.

Mais difficile de faire table rase du passé après avoir longtemps côtoyé les deux actuels barons de la drogue visiblement enclins à envoyer valser leur pacte de non-agression.



Pas le meilleur mais un Pelecanos quand même !

L'auteur aime écrire sur la rédemption.

La possibilité que possède tout un chacun de s'affranchir de son passé.



Moins puissant et complexe que bon nombre de ses écrits, Drama City joue à fond la carte "j'appuie graduellement sur le curseur tension" et fait le job.

Un environnement aux relents de poudrière, des personnages à la rue et toujours sur la corde raide, l'association de ces deux facteurs fonctionne à plein pour qui sait les combiner habilement.

Pelecanos est de ceux-là, pour le meilleur et le plus moins pire.



A découvrir cependant pour compléter l'univers d'un auteur qui s'inscrit pleinement dans la grande tradition des polars de rue.
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À peine libéré

S'il a souvent fréquenté notre cher festival lyonnais des Quais du Polar , nous n'avions encore eu peu l'occasion d'accompagner les sorties de livres du célèbre George Pelecanos , connu notamment pour sa célèbre saga policière dite du DC Quartet dans les années 1990, ou encore celle consacrée au tandem Derek Strange et Terry Quinn qui méritent assurément le détour.



Dans À peine libéré, qui constitue déjà son vingt et unième roman, Pelecanos nous livre une fort belle histoire de rédemption littéraire qui se déroule à Washington sa ville natale dont il aime faire le décor de ses histoires



On y suit le parcours de Michael Hudson, qui a passé quelques mois à la prison du district de Washington pour avoir participé à un braquage et qui découvre les joies de la lecture en prison grâce à une bibliothécaire avide de partager sa passion pour la littérature



Cet ex-taulard devenu grand lecteur en prison compte sur sa nouvelle passion pour se réinsérer socialement.mais cet objectif sera forcément traversé d'obstacle sinon on ne serait pas dans un polar



Son goût nouveau pour la lecture guide notre héros sur le chemin de la rédemption. Mais une question demeure : le pouvoir de la littérature l'emportera t il sur l'appel de la délinquance?



Pelecanos, qui a fait du bénévolat dans des programmes d’alphabétisation en milieu carcéral, nourrit son "À peine libéré" de belles expériences personnelle qui apporte du crédit à son histoire plus interessante dans sa portée humaniste et littéraire et sa rencontre avec des personnages singuliers que dans le déroulement de son intrigue policière, assez prévisible .



Un thriller déguisé en élégant hommage aux livres et à la littérature,on dit oui sans hésiter !!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Hard Revolution

Celui qui cherche un livre rempli de courses poursuites, de rebondissements à gogo, de suspense trépidant, devra aller chercher son bonheur ailleurs... Bien que je lui conseille fortement de se pencher sur ce roman aussi noir que la peau d'ébène des protagonistes et aussi noir que le cœur de certains ségrégationnistes, car ce livre en vaut vraiment la peine.



Dans cette histoire, l'homme Blanc n'en sortira pas grandi, que du contraire, mais de toute façon, on ne récolte jamais que ce que l'on sème. Et lorsque l'on sème la haine des autres, le mépris, l'arrogance, l'intolérance, le racisme, on sait qu'un jour on récoltera la tempête qui aura poussé dans ce terreau plus que fertile.



Comme toujours, les Blancs méprisent les Noirs et les considèrent comme des moins que rien, alors, à force, un jour, ces derniers risquent de renvoyer l'ascenseur afin de leur retourner leur morgue glaciale.



Mais venons-en au récit... 1959. Nous sommes avec le jeune Derek Strange, un ado qui vit dans un quartier noir de Washington. Quartier Noir qui a tout du ghetto... Malgré tout, la famille de Derek l'entoure, l'aime, et hormis quelques conneries de son âge, il grandit sans tomber dans la délinquance.



À quelques encablures de là, d'autres adolescents poussent aussi, et pas toujours en sagesse. Des Blancs, pour la plupart (italiens, grecs, irlandais, juifs...). Entre les deux communautés, c'est pas l'amour fou, on se côtoie difficilement et la ségrégation est toujours une réalité...



Le rythme du livre est assez lent. Une grande partie du récit est consacrée à la jeunesse de Derek et de son frère aîné, Dennis, sans oublier la vie du quartier, personnage à part entière, lui aussi, avec ses délinquants, ses gens honnêtes, ses commerçants, ces jeunes blancs-becs qui roulent dans leur grosses bagnoles chromées.



1968... Derek est flic et ce n'est pas évident pour lui de faire son boulot alors qu'il est méprisé par sa communauté. Dennis, son aîné, lui, a mal tourné. Sans travail, il vit de petits trafics et se la joue petit trafiquant.



La force de Pelecanos est de nous captiver avec ses atmosphères, ses petits morceaux de vie de l'Amérique des années 50 et 60, cette part pas très réjouissante de son Histoire.



L'auteur ne jette pas la pierre à l'un ou à l'autre, ses personnages sont travaillés, on passe du temps avec eux, ils expriment leurs pensées et on s'attache à certains.



Oui, bien que "calme", le récit m'a captivé de par son histoire, de par sa force, de par le style d'écriture agréable de l'auteur et grâce à ses personnages bien travaillés.



Juste que, à un moment donné, je me suis dit que le 4ème de couverture était trompeur, car Derek et Dennis, bien que en désaccord, ne se déchiraient pas vraiment (comme annoncé sur la couverture) et que, bien que nous ayons déjà eu deux crimes crapuleux, l'embrasement de la ville ne se produisait pas (annoncé aussi sur le 4ème)...



Mal m'en pris ! À 60 pages de la fin, une balle a tout changé... Un mort et tout s'est déclenché. La ville s'est bel et bien embrasée.



Avec l'imbécilité des gens qui foutent en l'air leur quartier, leurs magasins, pillent les commerçants qui les servaient, leur faisaient crédit, les connaissaient tous par leurs prénoms...



Un livre fort sur une part obscure de l'Amérique qui, en 1968, n'aurait jamais élu un Obama.


Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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Drama City

« Drama city » est considéré comme un roman mineur dans la biblio du natif de Washington. Pas forcément d’accord. On retrouve les thèmes de prédilection de Pelecanos, ( peut-on échapper à son destin quand les cartes distribuées au début sont défavorables ? La violence, la drogue sont t’elles inévitables dans les quartiers « dits sensibles » par nos chers élus.

La question centrale du roman étant de savoir de quel côté de la ligne va se retrouver Lorenzo à la fin et à quel prix.

Le duo Lorenzo Brown et Rachel Lopez (l’ex taulard et son agent de probation) fonctionne plutôt bien, et Pelecanos de montrer que les préjugés sont tenaces.

Et même s’il nous surprend moins que dans certaines de ces autres histoires Washingtoniennes, malgré tout, il faut bien avouer qu’il s’est y faire pour nous tenir en haleine jusqu’au dernières pages. Un polar social plutôt attachant Et rien que pour ça, « Drama city » mérite qu’on y jette un oeil, et même les deux.



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Suave comme l'éternité

C’est le 3ème opus de la série D.C. Quartet de George Pelecanos, on retrouve les personnages des deux permiens tomes, notamment Dimitri Karras et Marcus Clay. Et ce tome est du même niveau que ces prédécesseurs, bon voire très bon.

On est, à nouveau, plongé dans l'univers d'un ghettos noirs de Washington à la fin des années 80, 86 précisément. Le quartier est toujours en proie aux trafics de drogue et de guerre des gangs. C’est dans cet univers que tente de vivre ou survivre des gosses (de 11 à 14 ans) livrés à eux-mêmes, et bien souvent, ils finissent par tomber entre les mains de chefs de gang impitoyables, de flics ripoux. Leur espérance de vie est très courte dans un tel contexte. Vous l’aurez aisément compris, l’univers de ce roman et particulièrement noir, glauque et poisseux. Les drames font partie intégrante de ce récite est sont très touchants. C’est un univers particulièrement impitoyable, et bien plus que Dallas croyez moi !!!

George Pelecanos a pris le parti de nous faire vivre ça en immersion, son écriture est très intrusive. D’autant plus, que dans sa narration, il nous raconte plusieurs fois la même scène mais à travers la vue de différents personnages. Et, à chaque fois on a un ressenti différend. Ce procédé est, de mon point de vue, très intéressant et rend ce roman particulièrement addictif et passionnant. On rentre très facilement dans la peau des différents personnages, qui, pour la plupart, sont très attachants. L’écriture est très rythmé avec beaucoup de dialogue souvent très percutant.

Au final, c’est un très bon moment de lecture, je vous invite à découvrir ce livre ainsi que cette série très bien faite.
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Suave comme l'éternité

1986, Washington DC. La ville d'abord, très présente avec des indications précises de lieu. Des quartiers populaires où vivent et/ou travaillent les personnages. Des "Blacks" pour la plupart. Certains bien établis dans la vie publique, d'autres qui ont pris des chemins parallèles. Et deux flics, un blanc et un noir, qui eux, essaient de profiter des deux systèmes. Tous ont en commun de chercher une vie meilleure, par tous les moyens. Ceux de la drogue, surtout : la cocaïne avec ses consommateurs qui pensent qu'elle pourrait leur apporter "La promesse d'un avenir propre et délivré de la mort" (p. 29, Points, 2002), et ses dealers qui en retirent tout l'argent nécessaire pour vivre et flamber.

On est vite happé par ces personnages haut-en-couleur et attachants, qui essaient tous de se débrouiller comme ils peuvent. De manière légale ou illégale. Peu importe, les vertueux ne sont pas toujours ceux que l'on croît.

Avec pour fil conducteur, une taie d'oreiller remplie de billets, Pelecanos restitue à merveille la vie des quartiers pauvres de la capitale américaine des années 80. Les références musicales, sportives (le basket), les marques de voiture, mais aussi les modèles d'armes et bien sûr le style de l'auteur avec la description des scènes sous les angles différents des personnages restituent l'ambiance de la ville et créent un univers que l'on n'a pas envie de quitter.

Le racisme ordinaire y est latent également. Parfois de manière éclatante, comme avec Eddie Golden, noir et juif : "Son ambition secrète, c'était d'être un beauf bien blanc, comme ses potes" (p. 84, Points, 2002).

Tous ces ingrédients forment un roman noir à la mécanique bien huilée. Une réussite que l'on a envie de retrouver.

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Funky Guns

Un Pelecanos à la hauteur de sa réputation…



Après avoir découvert Pelecanos dans le très original « Un nommé Peter Karras » et le plus classique « Blanc comme neige », je me replonge avec grand plaisir dans une autre série de romans concoctés par cet auteur américain et fils d'immigrés grecs installé aux Etats-Unis.



Si « Funky guns » rime avec plutôt Kentucky, l’action de ce roman écrit en 2000 se déroule bien dans la ville d’adoption de Pelecanos, Washington DC.



Dès les premières pages du livre, l’auteur nous apprend que les frères Frank et Richard Farrow associés à Roman Otis vont débarquer sans tambours ni trompette dans la pizzeria May’s située dans 39th Street.



Mais que vont-il bien pouvoir choisir : Quatre saisons, Régina, Calzone ou Vésuvio ?



Disons qu’ils vont plutôt se la jouer Sicilienne sans fromage ni anchois mais avec armes et fracas. Pour tout vous dire, Il faut préciser que le patron de la pizzeria Carl Lewin vient de terminer sans hic sa tournée journalière habituelle en récoltant un bon paquet de fric lié à son petit trafic.



Au lieu d’être sage comme une image, Carl Lewin tente de dégainer son arme mais se fait trouer avant même d’avoir bougé. Pour éviter tout problème après un meurtre, les braqueurs se voient dans l'obligation d'éliminer les autres témoins de la scène.



Pour couronner le tableau, William Jonas un policier patrouillant par hasard non loin de la pizzeria va abattre un des frères Farrow. Neanmoins, Jonas tombera sous les balles des deux autres truands qui écraseront dans leur fuite un garçon de dix ans, Jimmy Karras.



Dans la suite du roman, Pelecanos va alors nous plonger dans le quotidien des parents des victimes de ce jour meurtri et notamment Dimitri, le père du petit Karras. En parallèle, l'auteur va suivre l’enquête de Nick Stefanos, un détective privé, sur une affaire qui n'a rien à voir avec le meurtre de la pizzeria.



Comme on peut l’imaginer, plusieurs questions existentielles vont alors se poser aux personnages principaux du roman.



Après la perte d’un fils, Dimitri va t-il sombrer dans l’alcool ? Funky va-t-il alors rimer avec whisky ?



Dans le même temps, après la perte de son frère, Frank Farrow va-t-il songer à se venger à tout prix en assassinant le flic responsable de la mort de son frère ? Funky rimerait alors plus avec Trotsky ?



Finalement, pour connaitre les réponses à ces questions, vous devrez vous plonger dans ce roman de très bonne facture, Pelecanos maitrisant toujours aussi bien la plume et le tempo du récit.



Sans atteindre des sommets du polar, l’auteur américain achève avec brio la trilogie « King Suckerman », « Suave comme l’éternité » et « Funky Guns ».

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À peine libéré

Dans Washington, terrain de jeu favori de l'auteur, voici un policier original qui surfe sur quelques thèmes habilement entremêlés : la porosité des frontières sensées séparer blancs et noirs, délinquants et policiers, les difficultés de la réinsertion et l'amour des livres qui peut faire des miracles, parfois...



De courts chapitres, des dialogues percutants, dans une intrigue linéaire dont on sent quand même venir l'épilogue, font de ce roman une lecture rapide et somme toute très plaisante.
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Je viens de découvrir Pelecanos et je ne m'en remets pas !

Je m'appelle Nick Stefanos, détective privé, j'ai du mal à convaincre mon pote Billy Goodrich que je fais ce qu'il m'a demandé, uniquement .....?.....

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