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Étienne Menanteau (Traducteur)
EAN : 9782757801543
439 pages
Points (05/10/2006)
3.7/5   64 notes
Résumé :
1959, Washington. Deux frères, Derek et Dennis Strange, habitent dans une ville où les tensions raciales sont fortes. Le père Darius n'a d'yeux que pour son aîné, Dennis. En 1968, de retour de la guerre du Vietnam, Derek entre dans la police et Dennis travaille pour un trafiquant de drogue. Derek tente d'aider son frère mais l'assassinat de M. Luther King va tout bousculer.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
J'adore Pelecanos, y a toujours un truc à ronger.

Derek et Dennis, deux frangins noirs du ghetto.
Le premier s'est toujours imaginé devenir flic, ce qu'il fit, désormais raillé par ses collègues blancs et conspué par ses semblables, mais faisant la fierté de ses géniteurs.
Le second s'est laissé séduire par le côté obscur de la force, usant régulièrement de moult produits illicites que n'aurait pas renié, à l'insu de son plein gré, un certain L. Armstrong, -rien à voir avec Louis Armstrong, l'un est une trompette, l'autre souffle délicieusement dedans- l'entraînant ainsi irrémédiablement sur le chemin de la délinquance. Si maman l'aime comme au premier jour, papa, lui, un peu moins dans l'affect, se verrait bien le chasser définitivement du nid familial et de ses pensées.
♫Chacun sa route, chacun son chemin♪ chacun sa croix. Certains cumulant avantageusement.
Deux pestiférés évoluant dans un monde en pleine mutation qu'un illustre inconnu, M. Luther King, allait embraser de mille feux.

Chronique sociale et familiale, ce Hard Revolution joue admirablement sur plusieurs tableaux.
Au risque de s'éparpiller dangereusement, Pelecanos, fort de son pouvoir immersif porté par une écriture détaillée hyper réaliste, y va de son petit couplet sur la cohabitation noirs/blancs.
Le moins que l'on puisse dire en ces temps durables de clivage affirmé, c'est que l'auteur dote ses protagonistes d'une charge émotionnelle peu commune.
Alors que Derek, porté par le charismatique King, aimerait croire en des temps meilleurs, Dennis, lui, s'enferme dans une position de repli identitaire immuable voué au chaos généralisé.

Se refusant à tout parti-pris, Pelecanos se veut simple observateur d'une société qui n'a toujours pas assimilé le poids de ses erreurs passées.
A l'aube d'une nouvelle ère pleine de promesses, nos deux frangins vont devoir composer avec l'histoire en marche tout en gérant un quotidien très loin de vendre du rêve en barre.

Polar sociétal de très haute volée, Hard Revolution s'avère d'une force peu commune !

4,5/5
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Celui qui cherche un livre rempli de courses poursuites, de rebondissements à gogo, de suspense trépidant, devra aller chercher son bonheur ailleurs... Bien que je lui conseille fortement de se pencher sur ce roman aussi noir que la peau d'ébène des protagonistes et aussi noir que le coeur de certains ségrégationnistes, car ce livre en vaut vraiment la peine.

Dans cette histoire, l'homme Blanc n'en sortira pas grandi, que du contraire, mais de toute façon, on ne récolte jamais que ce que l'on sème. Et lorsque l'on sème la haine des autres, le mépris, l'arrogance, l'intolérance, le racisme, on sait qu'un jour on récoltera la tempête qui aura poussé dans ce terreau plus que fertile.

Comme toujours, les Blancs méprisent les Noirs et les considèrent comme des moins que rien, alors, à force, un jour, ces derniers risquent de renvoyer l'ascenseur afin de leur retourner leur morgue glaciale.

Mais venons-en au récit... 1959. Nous sommes avec le jeune Derek Strange, un ado qui vit dans un quartier noir de Washington. Quartier Noir qui a tout du ghetto... Malgré tout, la famille de Derek l'entoure, l'aime, et hormis quelques conneries de son âge, il grandit sans tomber dans la délinquance.

À quelques encablures de là, d'autres adolescents poussent aussi, et pas toujours en sagesse. Des Blancs, pour la plupart (italiens, grecs, irlandais, juifs...). Entre les deux communautés, c'est pas l'amour fou, on se côtoie difficilement et la ségrégation est toujours une réalité...

Le rythme du livre est assez lent. Une grande partie du récit est consacrée à la jeunesse de Derek et de son frère aîné, Dennis, sans oublier la vie du quartier, personnage à part entière, lui aussi, avec ses délinquants, ses gens honnêtes, ses commerçants, ces jeunes blancs-becs qui roulent dans leur grosses bagnoles chromées.

1968... Derek est flic et ce n'est pas évident pour lui de faire son boulot alors qu'il est méprisé par sa communauté. Dennis, son aîné, lui, a mal tourné. Sans travail, il vit de petits trafics et se la joue petit trafiquant.

La force de Pelecanos est de nous captiver avec ses atmosphères, ses petits morceaux de vie de l'Amérique des années 50 et 60, cette part pas très réjouissante de son Histoire.

L'auteur ne jette pas la pierre à l'un ou à l'autre, ses personnages sont travaillés, on passe du temps avec eux, ils expriment leurs pensées et on s'attache à certains.

Oui, bien que "calme", le récit m'a captivé de par son histoire, de par sa force, de par le style d'écriture agréable de l'auteur et grâce à ses personnages bien travaillés.

Juste que, à un moment donné, je me suis dit que le 4ème de couverture était trompeur, car Derek et Dennis, bien que en désaccord, ne se déchiraient pas vraiment (comme annoncé sur la couverture) et que, bien que nous ayons déjà eu deux crimes crapuleux, l'embrasement de la ville ne se produisait pas (annoncé aussi sur le 4ème)...

Mal m'en pris ! À 60 pages de la fin, une balle a tout changé... Un mort et tout s'est déclenché. La ville s'est bel et bien embrasée.

Avec l'imbécilité des gens qui foutent en l'air leur quartier, leurs magasins, pillent les commerçants qui les servaient, leur faisaient crédit, les connaissaient tous par leurs prénoms...

Un livre fort sur une part obscure de l'Amérique qui, en 1968, n'aurait jamais élu un Obama.

Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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Tout débute en 1959, dans la ville de Washington.
Deux jeunes noirs, Derek et son frère aîné Dennis Strange, vivent comme bon nombre de gamins de leur âge en traînant quelque peu dans les rues. Mais, même si à l'occasion ils rencontrent des petites frappes, ils évitent la délinquance, notamment grâce à l'éducation dispensée par leurs parents.
Après ce prologue, on retrouvera les deux frères en 1968, alors que Dennis est rentré du Vietnam, vivotant aux crochets de ses parents, et que Derek vient d'être nommé policier.
Avec ce quatrième et dernier tome consacré à Derek Strange, George Pelecanos revient sur les origines de son personnage, que l'on découvre d'abord adolescent puis durant sa très courte carrière de flic. Comme avec les autres romans de la série, Pelecanos peaufine une intrigue au cordeau et campe des personnages attachants. Ce retour dans le passé permet d'en connaître davantage sur la genèse de Derek et les faits qui ont marqué son existence et lui ont permis de se forger cette moralité qu'il tente de suivre et qui le caractérise tant.
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Hard Revolution,c'est le prologue des trois livres qui suivront et mettront en scène le tandem de détectives bicolores,ex-flics et de générations différentes:Derek Strange/Terry Quinn.
Ici,entre 1959 et 1968,c'est tout une époque qui revit sous la plume de Pelecanos: la lutte pour les droits civiques des Noirs,le background de la guerre du Vietnam et les émeutes raciales de la fin des années 60,avec les débuts de Derek Strange dans la carrière de flic ainsi que ses relations avec son frère Dennis.
Le roman est construit comme un jeu de miroir symétrique entre un double trio de petits truands blancs d'un côté,noirs de l'autre,dans lequel Dennis,le frère de Strange s'est fourvoyé.
Pelecanos,c'est un style très particulier,où une même scène est analysée d'autant de façons qu'il y a de témoins à y prendre part et,où,un gangster à l'agonie peut décrire,avant de mourir,toutes les impressions de sa situation à cet instant ou de faire le bilan de sa vie en une seconde....


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Un thriller social, c'est ainsi que je qualifierais Hard Revolution. Thriller car il y a une intrigue, qui vaut ce qu'elle vaut, mais qui sert de fil rouge à ce roman. Social car, au-delà de ladite intrigue - qui n'incite pas forcément à se relever la nuit du fait de son originalité - l'auteur nous dépeint la vie dans les quartiers noirs américains de la capitale des Etats-Unis à la toute fin des années 50, marquées par les paroles de Martin Luther King, la lutte pour les droits civiques, les tensions qui s'exacerbent, mais aussi le culte de la voiture, l'émergence de nouvelles expressions artistiques et la guerre du Viet-Nam. George Pelecanos nous donne, avec ce roman original et agréable à lire, une idée de la genèse du mouvement qui fera que, près de 50 ans plus tard, les Etats-Unis éliront à leur tête un président de couleur. Seul petit bémol: des références musicales un peu trop nombreuses et parfois obscures pour le néophyte que je suis.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
- J'ai pensé à toi en décembre, dit-elle, le jour où Otis Redding est mort.
- Ouais, le 10. J'étais dans ma voiture de patrouille quand la radio a annoncé la nouvelle, comme quoi son avion s'est écrasé dans le Wiscontin.
- Il nous a quand même laissé de la musique, pas vrai ?
- Elle ne disparaitra pas, dit-il.
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Derek se redressa, afin que l'autre puisse juger de sa taille et de sa carrure. C'était puéril, il le savait bien. Mais il y avait des choses qu'un homme ne pouvait pas s'empêcher de faire, aussi mûr fût-il censé être, l'une d'elles étant de laisser croire à un autre type qu'il était en mesure de lui casser la gueule s'il en avait envie.
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C'était Willis qui conduisait. Son grand corps remplissant la fenêtre, il hochait la tête en écoutant le dernier Percy Sledge, Take Time to Know Her, qui grésillait à travers l'ampli encastré dans le tableau de bord.
- Percy chante rudement bien, dit-il.
Doté d'épaules puissantes, il avait des bras maigres et musclés.
Sans dents de lapin, il aurait été beau gosse.
- Quand t'es défoncé, tu trouves bonne n'importe quelles musique à la con, commenta Dennis Strange.
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Derek Strange et Billy Georgelakos arrivèrent aux abords du Three-Star Diner peu après l'heure de fermeture. A l'intérieur des maisons, toutes construites sur le même modèle et collées les unes aux autres, ainsi que des appartements, les hommes et les femmes buvaient leurs premières bières et leurs premiers whiskies à l'eau, écoutaient la radio, se disputaient, faisaient l'amour et enfilaient des vêtements élégants. Des voitures récemment lavées longeaient, vitre ouverte, la rue commerçante, laissant échapper des accents de rhythm and blues. C'était le début du samedi soir et ça avait commencé à pulser dans Kennedy Street et derrière les murs.
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Ella Lockheart, qui servait aussi bien dans les box que derrière le bar, versait du ketchup délayé de la marque A & P dans des bouteilles Heitz. Comme à l'accoutumée, à cette heure de la journée, elle avait branché la radio sur le programme de gospel. On passait Peace in the Valley.
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Videos de George P. Pelecanos (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de George P. Pelecanos
Violences, bavures, corruption au sein de la police de Baltimore : comme souvent chez David Simon et George Pelecanos, l'histoire est authentique. Avec “We Own This City”, les créateurs de la culte “The Wire” reviennent ausculter, de l'intérieur, les arcanes des forces de l'ordre d'une des plus grandes villes du Maryland.
Construite sur deux temporalités, la mini-série HBO, diffusée sur OCS en France, est adaptée de l'enquête au long court de Justin Fenson, journaliste d'investigation au “Baltimore Sun”, où David Simon a aussi travaillé. Ces six épisodes à la réalisation très nerveuse prennent à bras le corps la thématique du racisme systémique dans la police en retraçant les méfaits d'une équipe en roue libre, galvanisée par une hiérarchie qui n'a d'yeux que pour la politique du chiffre.
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Je viens de découvrir Pelecanos et je ne m'en remets pas !

Je m'appelle Nick Stefanos, détective privé, j'ai du mal à convaincre mon pote Billy Goodrich que je fais ce qu'il m'a demandé, uniquement .....?.....

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