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Critiques de Gérard Haddad (23)
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Antonietta : Lettres à ma disparue

l'auteur évoque la survenue de la maladie d’Alzheimer chez son épouse et la manière dont il réagit, l'importance du déni, puis de la culpabilité de n'avoir rien voulu voir.

Son comportement m'a beaucoup dérangée alors je préfère ne pas développer car cela a perturbé mon expérience de lectrice
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Antonietta : Lettres à ma disparue

Antonietta , un prénom pour titre du roman , Antonietta c’est la femme de l’auteur , la femme aimée , et encore plus aimée quand le bonheur disparaît et fait place à cette affreuse maladie nommée Alzheimer . C’est lorsque la maladie prend définitivement le dessus que l’auteur se rend compte de l’amour infini qui le lie à sa femme .

Avant , et bien avant , ils sont un couple tout simplement , un couple uni avec ses disputes , ses désaccords , il y a même eu de l’infidélité de la part du mari mais bon gré , mal gré , la barque est solide .

Au début de la maladie , il y a l’espoir , l’espoir d’un traitement , l’espoir en la médecine mais malheureusement de traitement il n’y en a pas , pas encore dit on pour se consoler , les médecins spécialistes existent néanmoins , ils essayent de soulager comme ils peuvent en donnant de l’espoir justement .

Puis vient le déni , souvent quand les proches sont confrontés à cette terrible maladie , ils ne peuvent l’accepter , est ce que la personne malade n’exagère pas ? , n’est -elle pas de mauvaise foi ? , ne peut -elle pas faire un effort , un petit effort au moins ?

C’est si difficile d’accepter de prendre ce chemin de traverse qui mène au malheur , à la déchéance , à la perte de la dignité , à la perte de ce qui fait notre personnalité profonde .

Au début , on pense : on a encore le temps , on pourra vivre comme avant , on voyagera encore , la liste est longue et propre à chacun .

On se découvre une patience infinie , on accepte l’inacceptable, ce qu’on pensait inacceptable, on sera présent même dans les débuts de la débâcle du corps .

D’un autre côté , on a une envie inextinguible de vivre , on se sent tellement vivant , en bonne santé .

Et si l’autre m’entraîne dans sa déchéance , les amis doivent le ressentir ainsi , ils fuient , les visites se font très rares , beaucoup abandonnent le couple , c’est une image trop difficile à voir .

La maladie balaie tout sur son passage , plus de partage , plus de petites conversations , plus rien . C’est le placement inévitable en EHPAD .

Puis vient ...la pandémie , la Covid 19 qui va bouleverser nos vies , surtout malheureusement pour les personnes en EHPAD qui ne peuvent recevoir la moindre visite .

Le récit est émouvant , d’une justesse infinie , l’auteur ne nous cache pas ses défaillances devant un tel malheur , les différentes acceptations de la maladie de sa femme .

Il est un homme tout simplement , un homme qui n’a pas toujours été à la hauteur mais personne ne l’est sinon nous serions des saints .

Ce n’est pas la première fois que je lis un livre sur la maladie d’Alzheimer mais celui ci sort du lot par la qualité de son écriture , par sa belle leçon de vie .

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Le jour où Lacan m'a adopté : Mon analyse ave..

Gérard Haddad, d’abord « technicien reconnu de la culture du riz comme arme contre la faim dans le monde », mari et père de famille, commence une analyse avec Jacques Lacan peu avant ses trente ans, loin de se douter des répercussions que cette décision aurait sur le reste de son existence. Il abandonnera son emploi d’ingénieur pour entreprendre des études en médecine, se formant parallèlement à la psychanalyse et à la psychiatrie, mais surtout il subira un « bouleversement idéologique total dont les manifestations externes sont l’étude de l’hébreu, des passages en école talmudique, quelques bonnes années de séjour en Israël et le retour au lieu de ma naissance subjective, le judaïsme. » La thèse de médecine qu’écrira Gérard Haddad sera d’ailleurs pleinement imprégnée des influences de cette tradition. Il la publiera plus tard sous le titre de « Manger le Livre » : « il y a du texte juif dans les coulisses de la psychanalyse. Pas du texte kabbalistique, ésotérique, fascinant de mystère, mais du trivial texte talmudique, maïmonidien, ancêtre du discours des Lumières. »





Gérard Haddad ne se consacre toutefois pas à ce thème dans cet essai. Il cherche plutôt à nous décrire ce que pouvait être une séance avec Lacan, jour après jour, année après année, dans sa manière de procéder, dans ses répliques, dans ses postures, dans ses agacements et dans ses enthousiasmes, et ce jusqu’à la dissolution de l’EPF et jusqu’à sa mort.





Ce récit permet une découverte aisée de l’enseignement lacanien, Gérard Haddad ayant progressivement intégré une certaine approche de ses notions, en lien avec son parcours dans l’analyse et la trajectoire de son existence. Il restitue la limpidité originelle de cet enseignement psychanalytique qui ne semble complexe que des mots dont il use, inscrits pourtant dans leur généalogie propre, et des tournures qu’il ose, Haddad employant quant à lui une langue simple, loin des imitations ratées du style lacanien dont pâtit souvent son héritage.
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À l'origine de la violence

Une erreur de Freud sur l'origine de la violence, cela m'interpelle!

Ce livre m'a été offert par les éditions forum Salvator, via la Masse critique; merci beaucoup!

Un essai lu aussi facilement qu'un roman tant l'écriture est claire et convaincante!

Sans doute ai-je été aidée par une connaissance (relative) de la Bible, des mythes antiques et de la psychanalyse freudienne. Le complexe d'Oedipe relégué en 2e position? Le Meurtre du père évoqué surtout dans Totem et Tabou serait improductif? Là ne serait pas le début de la civilisation?

Pour Gérard Haddad, c'est la haine fratricide: le complexe de Caïn, qui explique l'origine de la violence.

Juif parisien d'origine tunisienne, psychiatre et psychanalyste, auteur de nombreux essais GH est invité à prononcer le discours de clôture d'un congrès d'unification des différents psychiatres tunisiens, en cette période de post-révolution où la Tunisie est entre l'islamisme et la démocratie. Cette invitation vient d'un pays arabo-musulman à un juif!



Pour lui, il s'agit de rien moins que de changer le modèle psychanalytique établi: il s'appuie sur la Bible pour montrer qu'à l'origine de l'humanité ce n'est pas un parricide mais un fratricide: le meurtre d'Abel par Caïn.

Présent à un autre colloque, le thème du fanatisme finit par résonner en lui. "La question du fanatisme, de son analyse freudienne, me parut soudain comme la plus importante, la plus urgente qui soit pour la théorie analytique" Le massacre de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher rend la question brûlante.

Fanatisme: conviction de posséder la vérité absolue, volonté de l'imposes universellement, fantasme messianique d'un dénouement définitif de l'Histoire. Puis ce fut le Bataclan. L'auteur est frappé par la liste des frères terroristes Kouachi, Abdeslam, Merah...Dans le fanatisme et le terrorisme qui en découle la question fraternelle occupe une place privilégiée.

Par ailleurs, une issue possible à ce complexe meurtrier peut se trouver dans le couple fraternel d'Isaac et Ismaël

L'auteur voit deux perspectives:

-la nécessaire révision et l'élargissement de la doctrine psychanalytique

-l'indispensable dialogue entre musulmans et juifs. De ce dialogue et de sa réussite dépend, dans une certaine mesure, l'avenir du monde.



Un moment est évoquée la Covid dont on ignore les conséquences sur la marche du monde. Il qualifie cette pandémie comme un gigantesque bas les masques!



J'ai trouvé les propos de l'auteur intéressants et assez convaincants: il construit sa théorie de l'origine de la violence par fratricide, en se servant de faits actuels.

Il insiste sur le côté innovant de sa thèse par rapport au parricide freudien.

Ce livre me remet en mémoire Le meurtre de la mère, traversée du tabou matricide de Michèle Gastambide, publié en 2002. L'autrice reste discrète sur le côté subversif de son point de vue; elle estime juste ouvrir un nouveau domaine de réflexion. Dans mon souvenir il n'y a pas d'allusion à la Bible mais dans une continuité avec la psychanalyse classique, une référence à la tragédie grecque. Elle s'appuie beaucoup sur les cas cliniques de sa pratique.

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Antonietta : Lettres à ma disparue

Il arrive que des personnes écrivent un livre après le décès d’un proche. Je pense à Joan Didion, je pense à Isabel Allende ou encore Joyce Carol Oates. Chacun avait un but en écrivant ce livre, un but différent. Quel était celui de Gérard Hadadd ? Ecrit ainsi, vous avez certainement l’impression de lire le début d’une dissertation littéraire. Presque. Ce serait dommage d’arriver à ce que cette chronique soit un exercice froid, là où Gérard Haddad parle avant tout de l’amour qui les a unis, lui et Antonietta, pendant soixante ans. Elle fut son grand amour, sa compagne de travail, celle qui tapait ses textes et les lisait donc en premier – sauf celui-ci.

Gérard Haddad ne cachera rien de la maladie, rien, y compris le déni face à la maladie. Ne rien cacher ne signifie cependant pas faire preuve de pathos, ou de misérabilisme, la pudeur est là, également. Il est possible de montrer en exhiber, de raconter sans enjoliver. Gérard Haddad ne cachera pas non plus ce qu’il estime être des défaillances, comme le placement en EHPAD, parce que tout, absolument tout devenait difficile. Ce placement eut lieu juste avant la pandémie, alors que, déjà, la crise des gilets jaunes avait rendue difficile les visites qu’il lui rendait quand elle était hospitalisée. Cela peut sembler anecdotique, et pourtant. Pas anecdotique que cette pandémie qui a tué aussi sûrement de nombreuses personnes de solitude, de manque d’amour, du manque de chaleur humaine. Si elle n’a pas « tué » Antonietta, elle a au moins raccourci ses jours – et l’auteur de s’interroger sur ce qu’elle a pu ressentir, seule, sans visite, et ne parlons pas des « visio » qui ne sont bonnes que dans un cadre professionnel, et encore.

Faire revivre les souvenirs d’Antonietta dans ce livre, leur rencontre, leur mariage, la naissance de leurs enfants, de leurs petits-enfants, les voyages aussi. Vivre la vie, toujours, avant qu’elle ne s’efface. Se rappeler de profiter du bonheur, avant qu’il ne soit plus. Au moment inévitable où il est sur le point d’affronter la solitude, se souvenir de tout ce qui a été partagé à deux.

Un beau livre.
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Antonietta : Lettres à ma disparue

Ce livre est un véritable hymne à l'amour.



L'auteur Gérard Haddad, nous dépeint la lente progression dégénérative qui touche sa bien-aimée.

Il s'agit de la maladie d'Alzheimer, qui est diagnostiquée chez 225 000 personnes chaque année.



On découvre à travers ces mots, la force d'un amour contre vents et marées.



Face à cette maladie, Gérard Haddad décide de prendre la plume pour lui écrire, pour lui crier son amour, son admiration, à elle, cette femme qu'il aime depuis plus de 60 ans.

Il retrace ainsi les moments de vie heureux à ses côtés, mais également et inévitablement les moments difficiles, les tempêtes qu'ils ont dû traverser, la barque qu'ils ont dû maintenir à flot. Mais aussi et surtout l'inexorable progression de cette fichue maladie, cette "dégradation indigne" d'Antonietta.



A travers ces quelques lignes l'auteur demande "Pardon" à sa femme pour les chagrins causés mais aussi et surtout "Merci" pour le bonheur vécu à ses côtés et l'amour absolu qu'elle lui a apporté et fait connaitre.



J'ai été complètement subjugué par tout cet Amour qui transpirait à travers ces lignes. Une écriture terriblement poignante, bouleversante et très poétique.
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Antonietta : Lettres à ma disparue

Antonietta et Gérard Haddad forment un couple uni, amoureux ; un couple avec ses hauts et ses bas ; un couple qui a su au fil des années…. Ils ont une vie intellectuelle riche, voyagent. Une vie agréable qu’ils espèrent vivre le plus longtemps à deux. Seulement voilà, Antonietta développe une maladie d’Alzheimer qui va la conduire jour après jour dans le silence, la dépendance, la solitude d’un Ehpad en pleine pandémie.



Gérard Haddad a profondément aimé sa femme ; son lent et irrémédiable déclin l’a profondément meurtri. Cela se sent à chaque phrase de ce magnifique et émouvant récit.



J’ai été touchée par les aveux de faiblesse d’un homme, qui sans vouloir se dédouaner, reconnait ne pas avoir toujours avoir été un saint. Cet homme a été maladroit avec son épouse ; il a pu être dans le déni. On est tous maladroit devant la maladie de l’autre. Et bien qu’il soit psychiatre, dans ces situations-là, on est l’aidant, et rien que cela. C’est aussi pour toutes ces maladresses que ce récit est si touchant ; pour moi, en tout cas.



Il faut également reconnaître la belle plume de l’auteur ; le choix du mot juste, la précision des descriptions, la sincérité dans l’expression des sentiments, des doutes, des regrets et des inquiétudes.



Il y avait sans doute un immense besoin de laisser une trace écrite de cette traversée douloureuse. Si l’exercice est délicat, le résultat est à la hauteur.
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Le jour où Lacan m'a adopté : Mon analyse ave..

Ce récit qui se lit comme un roman est le parcours de l’auteur, tunisien émigré en France, qui, d’ingénieur agronome, devient psychiatre et psychanalyste après avoir suivi une analyse avec Lacan. C’est vrai que les récits d’anecdotes à propos des analyses de Lacan sont nombreux dans l’édition, le plus connu étant "Une saison chez Lacan" de Pierre Rey, il faut dire aussi qu’il y a de quoi raconter sur les séances à durée très variable, les portes laissées ouvertes et les coups de gueule de Lacan.



Ici c’est plutôt l’itinéraire d’un homme qui avait très tôt pensé se diriger vers la psychiatrie et la psychanalyse, mais qui avait dû choisir des études moins coûteuses, ou tout du moins aidées par des bourses. Ce n’est qu’à trente ans, après être presque par hasard arrivé chez Lacan qui l’a pris tout de suite en analyse, qu’il va littéralement se voir évoluer et décider de changer de métier et reprendre des très longues études de médecine. On l’accompagne vraiment pendant toutes ces années, on partage ses doutes, ses enthousiasmes, ses gros gros problèmes d’argent (eh oui, les séances quotidiennes chez Lacan et l’entretien d’une famille, çà vous oblige à faire le grand écart budgétaire).



C’est bien sûr impossible de "raconter" une psychanalyse, pourtant Haddad essaie de nous faire approcher le plus près possible de ce qu’a été la sienne. Et puis, assez rapidement, il choisit d’être lui aussi psychanalyste (en même temps qu’ingénieur à mi-temps et étudiant en médecine, et militant communiste aussi…). Ses rencontres avec ses premiers patients sont inoubliables, l’appartement sent encore la peinture et la moquette n’est pas fixée…. Et lui est à peu près dans le même état ! Mais il s’accroche, il travaille énormément la théorie psychanalytique, et peu à peu on le voit qui devient plus sûr de lui et plus heureux dans sa vie.



Ce livre est bien sûr aussi un très beau portrait de Lacan sur lequel Haddad fait un incroyable transfert filial. Lacan a littéralement un don de double vue sur la vie de Haddad, il l’influencera énormément dans la mesure où il l’éperonnera pour qu’il avance encore et toujours. Le monde de la psychanalyse parisienne est bien décrit avec ses clans, ses querelles (de famille par exemple, avec les Miller), ses ruptures, ses prises de pouvoir. Mais on voit bien que Lacan a été et restera le pivot de toute une génération d’analystes qui se positionneront toujours par rapport à lui.

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Antonietta : Lettres à ma disparue

« Ce livre est le temple de notre mémoire »

C’est l’histoire d’un amour, celui d’un couple : Gérard (l’auteur) et Antonietta, son épouse. Il l’a aimée et accompagnée jusqu’au bout, même lorsque son esprit a pris le chemin de l’errance, perdant toute rationalité. Alors, il lui écrit, ou plutôt, il crie en silence combien elle a été présence, combien il voudrait encore partager, écouter, discuter avec elle.

Les mots le brûlent, merci, pardon, se bousculent en lui. Peut-être pour la faire exister encore et encore alors qu’elle prend le chemin de l’oubli, il raconte, il explique. Les premiers troubles, son déni, puis le diagnostic et son idée absolue qu’un traitement allait stabiliser les « absences » et que ça n’irait pas plus loin. Puis la situation qui se dégrade, les choix difficiles qu’il faut faire, le deuil de celle qui a été et qui n’est plus, les petites, si légères, si improbables, rémissions…. Et enfin le basculement, le placement qui a des accents de culpabilité, n’aurais-je pas pu, pas dû, faire autrement ? Et le COVID qui s’invite par-dessus tout ça et qui limite, interdit, les visites …Quelle décision prendre à ce moment-là, existe-t-il une solution ? Peut-on laisser l’autre seul, abandonné ?

Gérard Haddad nous offre un texte lumineux, avec une écriture empreinte de tendresse, de respect, d’amour, pour celle qui a été sa compagne. Il ne larmoie pas, il ne se plaint pas. Il exprime les hauts, les bas de leur couple, les difficultés, les ressentis face à la maladie, les amis qui viennent moins, les conseils des uns et des autres, les peurs, les espoirs …

Ce qui ressort toujours et encore, c’est l’amour infini qui a uni ces deux êtres. Elle tenait la barre et ils avançaient ensemble contre vents et marées. Il a pris le relais quand elle n’a plus pu le faire.

Malgré le sujet difficile, qui évoque la perte d’autonomie d’un être cher, cette lecture n’est pas déprimante. Sans doute, parce que l’auteur a évité de s’épancher sur les moments difficiles qu’il présente, sans non plus trop les détailler, ce qu’il en dit suffisant largement à nous faire comprendre sa détresse, sa tristesse, son mal-être.

L’amour lui a donné la force, le courage, nécessaires pour faire face et être là, toujours, pour Antonietta …. comme elle l’aurait sans aucun doute fait pour lui.


Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Freud en Italie : Psychanalyse du voyage

"C'est l'Italie qu'il me faut". Lorsqu'il traversait des moments d'abattement ou d'agitation qui l'empêchaient de travailler, Freud allait très souvent se ressourcer en Italie, de manière assez pulsionnelle. Ce serait, parait-il, en Italie qu'il aurait eu l'intuition de la théorie de la psychanalyse. Tant les paysages que l'art italiens auraient été les révélateurs des mécanismes de l'inconscient. Psychanalyse et Italie se révèlent donc étroitement imbriquées.

C'est ce que ce livre tente de démontrer. La première partie explique la pulsion du voyage qui s'est emparée de l'homme depuis qu'il est devenu bipède. La deuxième partie renvoie aux voyages de Freud en Italie parallèlement à la découverte de la théorie de la psychanalyse. La troisième partie fera le lien entre cette théorie et le Judaïsme.

Ce livre me paraît assez accessible avec des explications très claires agrémentées d'anecdotes et de queques photos. Bien sûr, il ne faut pas être réfractaire à la psychanalyse car tout le livre repose sur cette théorie.

La psychanalyse pourrait également expliquer le fameux "Syndrome de Stendhal" observé sur beaucoup de voyageurs qui reviennent bouleversés par leur séjour italien.

Je pense que tous les amoureux de l'Italie qui souhaitent en savoir un peu plus sur l'origine de leur passion apprécieront ce livre.

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Les Folies millénaristes

Gérard Haddad, psychanalyste et essayiste, étudie le phénomène millénariste, à savoir ces poussées de fièvre qui saisissent certains peuples et leur font rejeter tout ordre établi, toute loi et toute discipline, au nom d'une certitude : celle que la Fin des Temps est arrivée, que le Messie est venu, que la Loi est abrogée pour que s'instaure le règne de la Grâce. On vit dans l'instant présent, perçu comme magique et fondateur d'une nouvelle ère. Cette étude nous concerne au premier chef : elle permet de dégager la structure agissant dans toutes les révolutions, tous les terrorismes (religieux ou laïcisés), tous les messianismes qui s'efforcent de faire advenir le Temps Nouveau en éliminant le plus d'hommes possible dans des émeutes et conflagrations. Communisme, nazisme, islam, sont évidemment concernés au premier chef par ce livre, qui en révèle les profondes affinités.
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Antonietta : Lettres à ma disparue

Antonietta est le témoignage bouleversant d'un homme confronté à la disparition de son épouse après 60 ans de vie commune. Gérard Haddad dévoile avec pudeur la maladie de son épouse atteinte d'Alzheimer.

L'auteur retrace leur rencontre, leur vie de couple, faite de rencontres, de voyages, d'écriture, de doutes aussi parfois. Gérard Haddad chante la beauté, la douceur et l'intelligence d'Antonietta. Quand les premiers signes de la maladie apparaissent, c'est le déni. Mais quand l'ennemie gagne du terrain, il faut bien se rendre à l'évidence: rien ne sera plus comme avant. Et quand tout devient incontrôlable, il faut rendre les armes: c'est alors le placement en EPHAD, juste avant la pandémie...

Je remercie NetGalley pour cette lecture.#Antonietta #NetGalleyFrance
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La bibliothèque. Miroir de l'âme, mémoire du monde

Cet essai qui date de 1991 est structuré en trois parties: la première, "la mémoire du monde", est un très bon exposé des moments emblématiques de notre culture de la bibliothèque: d'Alexandrie aux Lumières, avec un bon dépaysement par l'exégèse biblique et les bibliothèques musulmanes. La seconde, "L'âge du nombre et des machines", veut être un panorama sur les problématiques actuelles des bibliothèques (par ex. bibliothèques scolaires, universitaires, mises en question par la numérisation, architecture des médiathèques): je trouve qu'il y a là une grande perte d'intérêt, peut-être parce que, fatalement, ce sont des pages qui ont déjà largement et mal vieilli; je n'en retiendrais qu'un chapitre intéressant sur l'actualité des écrits d'Eugène Morel sur la BN. Enfin retour de "grâce" dans la troisième partie, "Miroir de l'âme", en particulier par l'originalité des contributions diverses: j'ai été frappé en particulier par l'analyse psychanalytique de l'autodafé par Gérard Haddad, par le chapitre sur la "librairie" de Montaigne ainsi que sur la bibliothèque comme enfer chez Borges.

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Antonietta : Lettres à ma disparue

Ce livre est pour moi le plus gros coup de cœur de l’année 2021, et de loin.❤️



Ce livre est un hommage à sa femme, Antonietta. Un hommage à leur histoire, leur passé, mais surtout leur amour qui va faire face à toute épreuve. Ce récit est touchant au possible, j’ai eu les larmes aux yeux plusieurs fois au long du récit.



Je pense que ce roman m’a d’autant plus touchée parce que je suis soignante et que je connais l’impact de cette maladie sur les aidants. La maladie d’Alzheimer est connue et pourtant encore incurable à l’heure d’aujourd’hui. Il est dur de voir des personnes oublier, diminuer… Mais, lire le vécu du mari de cette femme est encore plus dur, bouleversant.



Gérard HADDAD écrit avec le cœur, le cœur d’un homme qui a aimé sa femme plus que tout pendant plus d’un demi-siècle. On y ressent la tristesse de perdre sa femme, d’autant plus lors d’une période compliquée… La joie de se remémorer de beaux souvenirs avec elle… Mais surtout et plus que tout, l’amour qu’il lui porte.



Je vous ai mis deux extraits pour vous montrer comme la plume de l’auteur est belle et remplie d’émotions.



Je ne peux pas plus vous décrire la beauté de ce roman, je vous laisse le découvrir par vous-même.
Lien : https://hellobook323.wordpre..
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À l'origine de la violence

Excellent essai du psychanalyste Gérard Haddad, convaincant, clair et de lecture aisée, en prise avec la situation actuelle de notre monde. Cet essai vise à faire droit au concept de "complexe de Caïn", point aveugle de la théorie psychanalytique et objet d'une possible "erreur" de Freud... En partant des phénomènes terroristes mais aussi en s'appuyant sur les commentaires bibliques traditionnels de la pensée juive au sujet de la Genèse, Haddad cherche à montrer que la violence se fonde sur un point nodal "caïnique", la violence envers le frère. La Genèse (et en fait toute la Bible) peut se lire pour la pensée juive comme une recherche de résolution et de dépassement de la violence fraternelle. La psychanalyse a à plusieurs reprises abordé ces sujets mais en les contournant et sans les assumer de front. Freud fait de l'Oedipe le principe fondateur de sa théorie et refuse de donner une place au phénomène d'une violence "fraternelle"... D'où cette tentative argumentée qui emporte l'adhésion même si les analyses ne sont pas aussi approfondies ou étayés qu'elles auraient pu l'être. A lire sans réserve.
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La bibliothèque. Miroir de l'âme, mémoire du monde

Cette belle collection propose des livres documentaires qui allient des extraits d'autres ouvrages ou des articles rédigés exprès sur la thématique avec des illustrations variées dans le but d'alimenter une réflexion.

Ici les questions relatives au sujet de la bibliothèque à travers les âges et les sociétés m'a particulièrement intéressée.
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Antonietta : Lettres à ma disparue

Ce livre m’a bouleversée, c’est un livre d’une grande humanité. Il raconte une histoire très personnelle avec une justesse qui secoue les certitudes.

Ce n’est pas que l’éloge de l’amour, c’est l’éloge de la vie, du partage, et de la richesse de l’intimité au sein du couple.

Cette intimité qui donne à l’amour toute sa raison d’être, et qui s’est forgée à travers les années partagées.

Découvert par masse critique, je suis profondément touchée par la justesse des mots et des émotions mais surtout par le regard porté par l’auteur sur la société. C’est un regard qui me donne beaucoup à réfléchir … et qui va continuer de m’impacter longtemps.

Un livre poignant qui va au delà des larmes.

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Antonietta : Lettres à ma disparue

« Lettres à ma disparue », ce sont les mots d’un mari pour sa femme dont la mémoire s’étiole petit à petit. Dire que j’ai été émue par ce récit serait un euphémisme, il m’a complètement bouleversée !



Dès le début du roman, le diagnostic tombe : Alzheimer a jeté son dévolu sur Antonietta. Son cher et tendre raconte, avec amour et tendresse, comment la maladie s’est invitée dans leur vie, altérant leurs habitudes et projets, mais jamais leurs sentiments. Il nous livre sans retenue, mais avec le plus grand respect pour elle, la dégradation de l’état de son épouse. Des premières alertes jusqu’à cette fin de vie tellement différente de celle qu’il aurait aimer lui offrir. Avec des hauts et des bas, des espoirs et des déceptions. Et cette satanée pandémie qui n’a rien amélioré…



Ayant vécu avec ma grand-mère qui a été rongée par le même mal, j’ai été particulièrement touchée car j’ai reconnu certains signes, certaines scènes qui m’étaient familières. Je n’ose imaginer ce que l’auteur a ressenti en voyant ainsi sa moitié se transformer complètement. Elle qui aimait tant voyager, rouler à bicyclette, lire, … Autant des choses qu’elle abandonnera petit à petit.



L’auteur a une très belle plume, je n’ai pu retenir mes larmes… Un texte poignant !
Lien : https://sophieandtheseaofsto..
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Antonietta : Lettres à ma disparue

Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio pour l'envoi d'Antonietta, lettres à ma disparue, dans le cadre de la Masse Critique.

En refermant ce livre, je me suis dit : Quel beau roman d'amour !

Malgré le sujet douloureux, ce que je retiendrai, c'est l'amour que se portent Antonietta et son mari, Gérard Haddad, auteur de cette biographie.

Enormément d'émotions m'ont traversées à sa lecture. L'empathie pour ce couple, l'envie aussi. En effet, j'ai envié la longévité de leur relation, d'avoir pu fonder une famille, leur complicité intellectuelle aussi. Bien sûr, il y a eu des orages, qui reflètent la vie réelle avec ses hauts et ses bas.

J'ai choisi ce livre surtout pour sa thématique, la maladie d'Alzheimer qui me touche et me fait peur, autant pour mes proches que pour moi.

La plume de l'auteur est magnifique. Il a su communiquer l'amour qu'il éprouvait pour sa femme. Bien sûr, Gérard Haddad reconnaît qu'il n'est pas parfait. Il a eu des doutes, des moments de révolte et d'incompréhension, de déni, qu'il avoue sans détours. Cela révèle son humanité.

Ce qui m'a le plus touchée, c'est la décision prise après le confinement dû au Covid 19. Je ne veux pas révéler cet évènement, ultime preuve d'amour sublime.

Je pense que je n'oublierai jamais ce livre, que je vais garder précieusement dans ma bibliothèque. Pour le relire un jour...
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À l'origine de la violence

Il s'agit pour moi d'une première rencontre avec l'auteur, psychiatre psychanalyste qui a déjà publié plusieurs ouvrages sur la violence.

Gérard Haddad est préoccupé par l'impossible dialogue entre musulmans et juifs, par l'incompréhension et la fureur des rapports entre la civilisation musulmane et occidentale.

La montée de ces conflits devient brûlante lors des attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan en 2015 et 2016.

Deux idées majeures pour lui vont alors se rencontrer : d'une part la question de la fraternité qui vient sous-tendre le fanatisme et le terrorisme qui en découle, d'autre part la doctrine psychanalytique ne peut rendre compte par le complexe d'Oedipe de la question de la violence.

L'auteur va alors démontrer au travers d'exemples de la littérature que le modèle fondateur du parricide,le complexe d'Oedipe théorisé par Freud, n'est pas un outil pertinent pour interpréter le monde.

La Bible rappelle que l'origine de l'humanité se fonde sur le meurtre d'Abel par son frère Caïn.Ce mythe originel va rendre compte pour l'écrivain des rivalités fratricides qui régissent le monde, sous la forme du complexe de Caïn.Celui ci va se décliner aussi sous la forme d'accusation d'imposture,de conflit d'usurpation et aussi dans son dépassement, en amour et solidarité fraternelle.

Il est particulièrement efficient dans l'analyse de la violence humaine des guerres et du terrorisme islamiste.

On pourrait douter de l' importance donnée à ce conflit avec le frère,le semblable, pour rendre compte de l'origine de la violence et passer l'Oedipe au second plan.Cette hypothèse théorique sera sans doute débattue par les psychanalystes.Je la trouve séduisante car le concept est très bien argumenté,il se nourrit de la culture de l'auteur en matière de littérature,de mythes,de théâtre.Le style est d'une grande clarté et la reprise des explications à différents moments permet de s'en imprégner.

Par ailleurs,on comprend la nécessité pour l'auteur d'expliciter en détail l'erreur de Freud et le refus de Lacan de franchir le seuil du complexe de Caïn, cependant ce n'est pas la partie la plus plaisante du livre.Je me suis davantage attardée sur les remarques éclairées et enrichissantes sur la civilisation Gréco Abrahamique qui redonne sa place à l'islam, la langue maternelle et la médiation du semblable, l'égalité homme femme qui vient tempérer la rivalité fraternelle...

Je remercie les éditions Salvator et Babelio de m'avoir permis de participer à la masse critique.Je conseille vivement ce livre qui vient à point nommé donner une lecture de la violence des phénomènes terroristes pour tenter un jour de surmonter le complexe de Caïn.
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