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Critiques de Gérard de Cortanze (256)
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Frida Kahlo, la beauté terrible

"Pourquoi voudrais-je des pieds puisque j'ai des ailes pour voler" écrit dans son journal intime l'anticonformiste et provocatrice Frida Khalo qui tournoyait sur les pages et les toiles, en une étrange danse macabre, papillon fou cachant ses infirmités sous des parures voyantes.

Sensualité faite femme,excessive en tout, elle n'était que douleur.

Début du XX° siècle.Banlieue de Mexico.

Poliomyélite à six ans."Frida pata de palo", la petite boiteuse, grandit, cache sa jambe raide, puis empalée par une barre métallique lors d'un accident de bus reste rongée par la douleur due aux multiples fractures.Opérations en série qui l'amputent tour à tour de plusieurs orteils et plus ou lui réparent sa colonne vertébrale.

Souffrance morale qui s'évacue dans la peinture.Ses autoportraits racontent bien des meutrissures.Appréciée par André Breton, dit avec insolence "le pape du surréalisme", elle n'adhère pas à ce mouvement pour rester fidèle à elle même.

"Viva la vida".Celle qui vit malgré tout, "la chiquita",évolue confie Gérard Cortanze dans sa biographie Frida Khalo,la beauté terrible entre "folie et mystère".

Amour-passion pour le peintre Diégo Riviéra,brillant, son "autre accident", plus agé et infidèle, avec lequel elle parle politique et art.

Aventures avec Trotski surnommé "el viégo",le vieux, avec des hommes ou des femmes, qu'importe, elle bouscule les à priori.

Féministe, communiste,elle lutte pour l'émancipation de la femme et prend position.

Alcools,médicaments,elle essaie par tous les moyens d'endiguer ses envies de suicide.

Un beau portrait psychologique, un parcours chaotique,un destin hors du commun auquel s'attache ici Gérard Cortanze(auteur de nombreuses biographies,obtenteur de plusieurs prix dont le Renaudot 2002) et un récit émaillé de citations,extraits de lettres et de journal pour pénétrer dans l'intimité d'une femme qui se moquait de la mort pour qu'elle ne lui prenne pas le meilleur d'elle même .

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Laisse tomber les filles

3 janvier 2018, une dépêche vient de tomber sur nos téléscripteurs.

Sheila, en clin d’œil de biche, annonce : « Le jour de la sortie-ie, c’est le meilleur moment de l’année-ée »…

Le nouveau roman de Gérard de Cortanze – Laisse Tomber Les Filles paraît ce jour.

Et, Serge Gainsbourg de rétorquer : « Je ferai du ramdam, je me connais. Non, rien n’aura raison de moi, j’irai chercher ma Lolita chez les yé-yé. »



Vous l’aurez compris, si vous êtes nés entre 1945 et 1955, vous trouverez inévitablement dans ce livre un passage qui vous est consacré. Presque une petite partie de soi qui aura le goût des petites madeleines de Proust dans lesquelles vous aimiez tellement croquer.



Des yé-yé aux beatniks, de Malraux à Mao, Gérard de Cortanze nous étourdit de symboles musicaux, cinématographiques, politiques avec leur héros et leurs mythes.



Il y a plus de références d’objets du quotidien « sixties » que dans le catalogue du « chasseur français », plus de références musicales « yé-yé » que dans le « Wurlitzer » du café du coin.



La panoplie des événements est projetée tel un caillou en ricochet sur les nouvelles vagues de la mer des sixties sans jamais plonger dans la profondeur des sujets.



Vous évoluerez dans le sillage de trois garçons dans le vent : Lorenzo, Antoine et François.

Tous très amoureux d’une fille à la vanille, Michèle leur belle, leur rebelle.

Ils sont tous très mignons, engoncés dans les pesanteurs de la période pré soixante-huitarde.

Il faut se méfier de la France qui s’ennuie !



A cette époque où, frémissant aux jupes des filles, ils vivent « I can’t get no, satisfaction », masturbation, révolution, place du Panthéon : Mai 68 et c’est l’éjaculation !



S’ensuit l’émancipation, le féminisme, la liberté pour les uns, et le mal de vivre, la « chienlit » pour les autres.



Après un voyage d’anthologie en Italie notre trio « explose » et découvre les émois, les effrois, les nouvelles lois qui régiront désormais leur avenir toujours rythmé par l’actualité, la politique, la musique, la littérature et le cinéma.



De la chute du mur de Berlin au massacre du Bataclan, nos mousquetaires et leur milady se croisent, se percutent, s’entremêlent, s’aiment, se perdent, se déchirent…

Le passé que l’on n’a pas vécu, c’est de l’histoire. Celui que l’on a vécu c’est de la nostalgie.



De « Salut les copains » à « Salut les p’tits clous », Gérard de Cortanze donne le relief mérité aux cinquante dernières contemporaines années et fait ressurgir une myriade de sentiments. Parfois magiques, parfois désuets mais toujours très documentés.



Et Pétula Clark de conclure : « Elle est finie la belle histoire, sans un regret il faut partir en gardant pour nous tous les bons souvenirs. Il faut garder pour bien finir le meilleur de nous dans un dernier sourire. »



Merci infiniment à Babelio « masse critique » et aux éditions Albin Michel de ce joli cadeau.

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Femme qui court

Débutant en 1910 à Huy sur les rives de la Meuse, l'histoire de Violette Morris côtoyant une des plus fabuleuse période d'émancipation féminine avait tout pour me séduire.



Championne de course à pied, natation, cyclisme, lancement du poids et du javelot, boxant contre des hommes, remportant le Bol d'Or, cette 'lesbienne qui emmerde le monde' est cependant vilipendée par la presse misogyne française et on peine à gober les remords que Cortanze lui attribue comme collabo, à cette sportive féminine adulée et montrée en exemple en Allemagne.



J'ai malheureusement peu apprécié la prose de Cortanze, encombrée de détails wikipédiens, au lyrisme ennuyeux.

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Laisse tomber les filles

La chronique ex-fan des sixties !



Hasard du calendrier ce roman sort au moment ou deux des figures les plus emblématiques des yéyés viennent de nous quitter. Une page se tourne dans notre vie et 430 dans ce livre écrit par Gérard de Cortanze.



TALKIN' 'BOUT MY GENERATION !



Ah quel délice de revivre d’aussi près les pérégrinations de la première génération de Teens français, celle des années 60, les fameuses sixties qui font écho à notre propre jeunesse même si on n’y était pas. Car on se surprendra à découvrir que leurs aspirations étaient les mêmes que celles des ados des années 80 et celles des ados de maintenant : du fun, de la liberté et des copains. Et les parents ? Pfffff...



Gérard de Cortanze retranscrit avec talent et profondeur l’ambiance innocente, frétillante, primesautière qui régnait alors. Sans oublier le parfum de contestation, de conscience politique et de libération sexuelle qui grandissait sourdement. Une immersion réussie tant on peut toucher du doigt cette époque fantasmée des douces sixties. Oui, celle de nos parents ou de nos grands-parents selon notre âge.



Les chansons résonnent, les musiques rayonnent et les mots bouillonnent. Ce livre te délivre des sons entêtants. Rien que son titre est une invitation au voyage dans le temps. A chaque fois que mon œil se posait sur la couverture du bouquin, la mélodie du tube de France Gall démarrait ses notes dans ma tête.



De Cortanze décrit si bien leurs codes, leurs musiques, leurs magazines, leurs idoles, leurs 45 tours, leurs radios, leurs émissions de TV, leur mode... jamais avant eux une génération n’avait été autant choyée par la société de consommation. 



PAPA PAPA PAPA, T'ES PLUS DANS LE COUP PAPA !



Il est vrai que cette génération là avait l’insouciance en plus et une foi inébranlable dans le futur - Aucune autre ne la retrouvera - malgré un poids parental et sociétal pesant. Deux générations qui ne se comprennent pas, ça vous parle ?



D'ailleurs, intéressant ce parallèle que l’on pourrait faire en comparant les chanteurs-Yéyés avec les YouTubeurs. Ces derniers jugés souvent un peu débiles par les parents, font resurgir cette effervescence auprès de la cible ado qui les adore. Même si chaque génération a le sentiment d'être unique et incomprise par la précédente, une fois de plus, on constatera que l'histoire bégaie, les hommes et les femmes resteront toujours les mêmes finalement et répéteront leurs émois et leurs erreurs..



Heureusement ce livre évite les poncifs entre les générations et ne juge pas les suivantes à l'aune de la sienne. C'est tout à l'honneur de l'écrivain.



Le livre est en fait scindé en deux grosses parties : le parcours de 4 personnages (3 garçons, 1 fille) raconté année après année de juin 1963 à l'explosion voire l'éclatement sociétal que fut mai 68 ; le roman fait ensuite des sauts dans le temps, décennie après décennie, pour nous faire vivre l’évolution de ces personnages sous le prisme des moments historiques (l’élection de François Mitterand ou la chute du mur de Berlin par exemple) pour se clore en 2015 avec les attentats de Charlie Hebdo.



Alors, "Laisse tomber les filles" est-il une petite pépite ? Autant se le dire tout de go, non !



Autant l'immersion en terres sixties est réussie, autant l'intrigue et le destin des personnages laisse un peu perplexe. Pour dérouler son histoire, l'auteur la truffe de hasards improbables entre les 4 protagonistes qui se croisent et se retrouvent un peu trop facilement à chaque fois.



Après, d'un point de vue intrinsèque, le défaut du livre est finalement la faiblesse des personnages masculins qui manquent singulièrement de puissance (le personnage féminin n'est heureusement pas dans ce cas de figure) voire de charisme et sont trop redondants pour se démarquer les uns des autres. A part leur condition sociale, peut-être trop posée en alibi, ils ont tout de même des personnalités assez identiques si bien que parfois on les confond. C'est un peu gênant. 



Tout dépend de ce que l'on recherche en ouvrant ce livre. Si c'est une histoire solide, on sera déçu, si c'est retrouver l'ambiance et humer l'air du temps d'une époque, le job est fait et bien fait. Rien que pour cela, ce bouquin mérite d'être lu.



La véritable force de ce bouquin est de te faire réfléchir sur l'époque, celles des sixties et l'actuelle.



Si on s'arrête sur le destin des personnages, force est de constater que l’auteur ne nous propose que des âmes brisées aux rêves cassés, peut-être submergées par tant de liberté. Tout s’ouvrait à eux, tout était possible pour cette génération de baby-boomers (peut-être pour la première et dernière fois) mais ils n’en ont rien fait au final, se laissant consumer par la société de consommation qui s’ouvrait à eux et qui a emporté leurs rêves en les fracassant sur les rochers du réalisme et de la désillusion.



Et surtout après ce vent de liberté, comment vivre pleinement les décennies suivantes, comment ne pas se retrouver forcément déçu par l'érosion de l'insouciance qui a suivi ? Plus tard les Clash écriront « I fought the law and law won » et c'est le sentiment qui restera en tournant la dernière page. Un p'tit doigt de pessimisme et de cynisme qui vient gratter les surfaces colorées...
Lien : https://cestcontagieux.com/
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Femme qui court

Sacrée frangine que cette Violette Morris. Avant la lecture du livre de Gérard de Cortanze, je connaissais deux ou trois trucs sur elle et ça n'allait pas chercher bien loin : Violette Morris, sportive française des années 20/30 puis, la seconde guerre mondiale venue, probable saloperie collabo. Voilà, rien de plus, un peu léger même, alors quand l'occasion m'a été donnée d'en apprendre un peu plus sur la Morris, la scandaleuse, la sale gouine, la hyène de la gestapo et 1000 autres petits surnoms plus affectueux les uns que les autres, je l'ai naturellement saisie, pensant que cette biographie répondrait à la grande question : Violette Morris a-t-elle oui ou non sadiquement torturé à gogo du soldat britannique rue Lauriston ?



Malheureusement, ce livre n'apporte pas vraiment de réponse, survolant cette période fatidique et préférant se concentrer sur la carrière sportive de Morris, ses nombreuses victoires remportées et surtout, bien entendu, sur cette manière de vivre, insolente, superbe et provocante malgré les retours de bâton systématiques et toujours douloureux (se voir interdite de compétitions sportives toutes pratiques confondues pour une athlète passionnée, c'est dur. Se voir sans cesse remise à sa place pour s'être targuée de pouvoir égaler les hommes, c'est encore pire) Mais ces sacrifices ne furent pas vains et ont clairement permis d'offrir une meilleure visibilité et donc une acceptation plus large de l'opinion publique concernant les femmes dans le sport (même si tristement presque un siècle plus tard, des Denis Balbir, comme la mauvaise herbe, s'accrochent encore et toujours).

Et elle les accumule Violette, les précédents. Outre toutes ses premières sportives, elle fut tour à tour ambulancière lors de la première guerre mondiale, puis motocycliste, puis amante de Joséphine Baker et d'Yvonne de Bray, puis chanteuse de music-hall, puis amie de Marais et de Cocteau... Un CV plus que respectable.

Alors, avec un tel parcours et une telle pugnacité à tenir tête à quiconque aurait souhaité la priver de sa liberté, on n'a du mal à imaginer que sous l'occupation allemande, elle n'ai pas naturellement choisi de rejoindre le maquis.

Pour Gérard de Cortanze, pas de doute, ses accointances avec la wehrmacht n'ont été qu'une suite de concours de circonstances malheureuses et de pièges tendus pas l'Allemagne : invitée d'honneur aux J.O de Berlin puisque dépossédée de ses titres et privée de tous les sports en France, responsable du fameux garage de la luftwaffe boulevard Pershing puisque, une fois encore, interdite de sa passion pour les courses automobiles, c'est ainsi sa seule façon de côtoyer encore les petits bolides qu'elle affectionne tant...

Pour l'auteur, on ne peut donc pas parler de collaboration délibérée et peut-être, oui peut-être est-il dans le vrai, peut-être que cette scandaleuse trop en avance sur son temps a été, comme elle le fut sans cesse de son vivant, accusée et salie un peu vite, sorte de vengeance à rebours pour s'être crue autorisée à rivaliser avec les hommes.

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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Ce 7 janvier 2015, il y a eu un événement horrible, innommable et profondément choquant. Mais heureusement face à cela, on a vu une levée, une solidarité forte qui s’est opposée clairement aux actes de barbarie qui se sont produits . Et ce livre est né!60 écrivains unis sous la bannière de Charlie Hebdo… Pour ne jamais oublier ce jour si noir, pour rappeler à nos cœurs que tant de sang a déjà été versé pour nos libertés…



C’est avec une certaine émotion que j’ai lu ses textes, le cœur serré, les larmes au bord des yeux. Chaque auteur voit cet événement avec son expérience, et c’est intéressant de voir les mots qui en découlent. Les textes de certains sont plus vifs, d’autres plus philosophes, et du coup, ce recueil de textes est un fort et émouvant imbroglio d’émotions fortes et vibrantes. Personne n’a pu rester insensible face à cette barbarie, et chacun le démontre avec plus ou moins de force.



J’ai particulièrement été touchée par le texte de Christel Noir, je me suis sentie proche des mots de Fredéric Lenoir, j’ai aimé le ton de la poésie de Katherine Pancol, l’humour inversé de Eric Emmanuel Schmitt, et je me dis qu’il faudrait suivre les conseils avisés de Claude Halmos. Je ne cite qu’eux, mais en fait chaque auteur a su me faire ressentir une émotion, je n’ai gardé que les plus fortes, ce recueil a de quoi vous prendre aux tripes, c’est certain!



En plus, d’être un formidable élan de compassion et de solidarité de la part de ses auteurs contemporains , tous plus intéressant les uns que les autres, nous avons la chance de relire, de redécouvrir des textes forts de Victor Hugo, Diderot, Voltaire, qui sans leur courage et leur soif de liberté, n’en serions pas surement là aujourd’hui, à prôner haut et fort la Liberté d’expression.



Je voulais donc remercier les éditions Le livre de poche pour cette belle initiative.


Lien : https://fairystelphique.word..
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Le roi qui voulait voir la mer

Je dois avouer que le dernier roman que j'ai lu de Gérard de Cortanze (Miroirs) m'a déçue tant par le style de son écriture, trop classique voire académique, que par le traitement de ses intrigues, alambiqué et à distance de ses personnages.

Pourtant, les thèmes de ses romans m'intéressent : Miroirs est une intrigue tirée de la véridique guerre que se livraient les fabricants de miroirs entre l'Italie (Venise) et la France ( La Glacerie dans la Manche) ; Femme qui court ( qui m'attend depuis un certain temps dans ma bibliothèque) est une bio romancée sur Violette Morris, personnage ō combien complexe et passionnant.

C'est donc avec peu d'entrain que j'ai commencé le roi qui voulait voir la mer. Et là, surprise, je me suis un peu réconciliée avec cet auteur. L'émotion surgit enfin entre les lignes. On y découvre un monarque humain et cultivé. Passionné par la mer depuis son enfance, Louis XVI, initiateur des travaux du port militaire de Cherbourg, exhausait alors son rêve, celui de voir cette immensité bleue.

Il faut dire que ce voyage en province, le seul de son règne (ne comptons pas la catastrophique et funeste fuite à Varennes), fut pour lui une bouffée d'iode, un cortège de viva et des démonstrations de ferveur, bien loin de ce qu'il vivait à Versailles... et du noir destin qui l'attendait.

Réconciliation donc, mais très mitigée, car j'ai retrouvé certains procédés romanesques qui m'agacent chez de Cortanze. Ainsi, les rencontres imaginées entre Louis XVI et ses sujets sont peu crédibles et parfois même ridicules (comment imaginer plausible qu'un roi sorte le soir en douce pour aller boire un verre avec des marins dans les bars louches du port...), de même, ses rêves prémonitoires et les apparitions récurrentes d'une mystérieuse femme qui lui prédit sa tragique fin sont un peu ridicules...

Je vous encourage plutôt la bio écrite par Jean-Christian Petitfils sur Louis XVI pour découvrir cet épisode historique.

Bon, finalement, encore une déception. Femme qui court me réconciliera-t-elle avec cet auteur ?

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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

De Jacques Attali à Voltaire en passant par Denis Diderot, Bernard Pivot, Katherine Pancol, ce recueil regroupe les écrits de soixante auteurs sur les évènements de janvier 2015. Ceux-ci ont le plus souvent été composés à chaud, avec les tripes. Cet engagement se ressent de manière variable mais avec une intensité plutôt étonnante.



En elles-mêmes les compositions sont variées : fictions, lettres, citations, articles de presse mais elles véhiculent le même message, sans pour autant verser dans des répétitions ou un pathos malvenus. Il est toutefois recommandé d'éviter la lecture "d'une seule traite" qui laissera un sentiment de lassitude. Le recueil doit être compris dans la même perspective que le célèbre Indignez-vous ! de Stéphane Hessel. Il s'agit ici d'un éloge de la République, des valeurs qui lui sont attachées, des idées des Lumières, de l'esprit français. Chacun à sa manière tente d'apporter sa pierre à l'édifice mais la philosophie est la même : être fier de nos valeurs et les défendre.



Certains textes sont de véritables pépites. A cet égard, la fiction humoristique de Romain Puértolas est une véritable bombe de table. Ce fruit d'une imagination fertile est immédiatement suivi par un hommage à un autre Charlie composé par Serge Raffy. Au titre des découvertes intéressantes, l'analyse faite par Maxime Chattam doit être signalée, car il nous apprend au passage une nouvelle qui attristera ses fans.



Écrire est une forme d'engagement... mais qu'en est-il des actes ? S'il est impératif de saluer cette initiative littéraire (profits reversés au journal, délais de parution très courts) il est difficile de donner un avis sur la suite. A lire les quelques pages de ce corpus, tout le monde est d'accord sur la nécessité d'agir. Mais concrètement, nos chers penseurs ne nous livrent pas forcément leur manière d'agir. Écrire et participer aux rassemblements républicaines, certes... mais encore ? Cette impression de manque (aisément compréhensible) porte toutefois un grand préjudice à cette initiative, pourtant emplie d'une bonne dose d'émotion.
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Femme qui court

Violette Morris... ce nom a toujours évoqué pour moi les pires heures de l'Occupation, quand des Français ont commis les pires atrocités en collaborant avec l'ennemi nazi. Cette femme, figurant en couverture de ce roman, avait beau avoir croisé mon regard en librairie, m'interpellant par là même, j'étais résolue à ne pas me plonger dans l'histoire glauque de cette femme qualifiée de "hyène de la Gestapo" et accusée notamment d'avoir torturé des résistants au siège de la Gestapo, situé rue Lauriston, à Paris.



En même temps, ces destins infamants et horribles m'ont toujours intriguée : comment un être humain peut-il à un moment de sa vie basculer du côté du mal et devenir un monstre ? existe-t-il des légendes noires forgées de toutes pièces, comme il en a tant existé de par le passé, et dont Violette Morris aurait fait les frais ? Je dois avouer que je ne connaissais pas grand-chose de la vie de Violette Morris à part l'existence de cette légende noire et le fait qu'elle préférait les femmes, c'est un peu court me direz-vous pour porter un jugement sur cette femme. J'ai alors décidé de m'intéresser à ce personnage afin de me faire ma propre opinion. Je me suis d'abord prudemment approchée de ce personnage par le biais de la bande dessinée, Violette Morris, une femme à abattre – que je vous conseille –, avant de me plonger dans ce roman historique.



ENFIN UN ROMAN HISTORIQUE SUR VIOLETTE MORRIS !

Oui, enfin ! Ce n'est pas que j'en ai assez de Napoléon, de Marie-Antoinette ou de Louis XIV, mais j'aime quand les romanciers s'emparent de personnages historiques moins connus, moins consensuels, moins passe-partout. Cependant, je ne m'attendais pas à ce qu'un jour l'un d'entre eux, Gérard de Cortanze en l'occurrence, s'attaque à ce personnage sulfureux et maudit.



Jusqu'à maintenant, il existait quelques biographies, citons celles de Raymond Ruffin dont les titres ne laissent planer aucun doute sur sa position (La diablesse. La véritable histoire de Violette Morris et, plus récemment, en 2004, Violette Morris, la hyène de la Gestapo) et celle de Marie-Jo Bonnet publiée en 2011 (Violette Morris, histoire d'une scandaleuse). Avec cette biographie, Marie-Jo Bonnet remet en cause les jugements un peu hâtifs, voire non documentés, de Raymond Ruffin et démonte l'exécrable portrait à charge qu'il dresse de Violette Morris, elle jette ainsi un éclairage nouveau sur cette femme. Cette biographie a fait l'objet d'une adaptation sous forme de bande dessinée dont je vous ai parlé ci-dessus. Certains n'auront de cesse de critiquer cette biographie, arguant du fait que Marie-Jo Bonnet est une féministe militante, mais ce serait oublier qu'elle est avant tout historienne. Ce débat houleux montre combien il est encore difficile de nos jours d'aborder certains sujets et il faut reconnaître à Gérard de Cortanze le mérite d'avoir consacré un roman à ce personnage qui continue de diviser aujourd'hui.



UNE FEMME QUI COURT...

Le titre de ce roman m'a étonnée de prime abord, ne connaissant pas la carrière de sportive de haut niveau menée par Violette Morris. Mais cette course n'est pas que physique, elle est aussi symbolique : Violette Morris a toujours vécu intensément, faisant feu de tout bois, comme si elle n'avait pas le temps, comme si elle devait toujours être en action, en mouvement, pour ne pas être confrontée à ses pires démons. Et c'est sur un rythme plutôt trépidant que Gérard de Cortanze nous invite à suivre le parcours de Violette depuis son enfance jusqu'à sa mort.



LE PORTRAIT D'UNE FEMME LIBRE ET HORS DU COMMUN

Née en 1893, Violette Morris est placée en pension dès l'âge de 10 ans au couvent de l'Assomption de Huy, en Belgique. Loin des siens et en manque d'affection – un père indifférent, une mère hostile qui vit dans le souvenir de son fils Paul mort quelques années avant –, Violette développe alors une passion pour le sport, encouragée par sa professeure Miss Eliss, activité qui lui permet de canaliser son énergie, de "mettre sa violence en cage", de s'affirmer et de s'épanouir.

C'est aussi au pensionnat qu'elle découvre d'abord l'amitié puis l'amour, et son penchant pour les femmes, en la personne de Sarah Ponsonby, mais aussi la violence lorsqu'elle est violée par le jardinier du couvent, Octave Vandemer.



Mais rien ne peut arrêter cette sportive polyvalente, qui excelle dans toutes les disciplines qu'elle pratique : athlétisme (lancer du javelot et du disque, course à pied, etc.), natation, football, boxe, cyclisme, course automobile... Rien ne résiste à cette femme dont la devise est "Ce qu'un homme fait, Violette peut le faire." et autant vous dire que cela en énerve plus d'un !



UN PORTRAIT AU VITRIOL DE LA PRESSE ET DE LA SOCIÉTÉ

L'étude de la presse d'époque est un bon moyen d'apprécier l'état d'esprit qui régnait alors et le constat est sans appel : à la lecture des quelques extraits d'articles consacrés aux exploits sportifs de Violette Morris et reproduits par Gérard de Cortanze, on en ressort éberlués, avec un sentiment de dégoût, de honte et de nausée. Considérée comme un monstre, méprisée, traînée dans la boue, on y parle davantage de ses extravagances, de sa sexualité et de son physique hors norme que de ses exploits sportifs. En voici quelques extraits :



"Comment expliquer à ces « sportives » que les hommes préfèrent avoir affaire à des êtes fragiles, si joliment surnommés « femmes-poupées », plutôt qu'à des blocs de muscles inesthétiques ?" écrivit le Miroir des sports. Quant à La Vie au grand air, elle n'hésitait pas à demander : "Pourquoi des femmes « s'hommassient »-elles à ce point ? Pourquoi se musclent-elles, se déforment-elles, s'enlaidissent-elles à ce point ?" La palme revient au Sport universel illustré qui n'hésita pas à conclure son article par ces mots : « La femme est faite pour garder sa maison et élever ses enfants ! »"



"[...] l'article qui l'accompagnait était sans appel : "Le sport féminin effraie bien des milieux : pourquoi ? Parce que à côté des milliers de jeunes sportives qui doivent à des activités raisonnables une santé robuste et des maternités faciles, il est un arbre qui cache la paisible forêt. Il a pour nom : Violette Morris. Non pas une « originale à l'allure d'homme », comme la décrivent certains de nos confrères, mais un danger public, un être violent, brutal, inesthétique."



Quant à la société française, elle n'est pas prête à accepter l'existence d'une femme aux cheveux courts et aux habits d'homme, qui fume et qui préfère les femmes. Violette Morris fait tâche dans la société patriarcale du début du XXe siècle, et son ablation des seins ne fait qu'accentuer l'incompréhension entre Violette et ses contemporains, cette opération étant pour eux le summum de la monstruosité.



"Arrivée première, elle fut disqualifiée sur plainte déposée par un coureur qui l'accusait d'avoir eu un comportement dangereux pendant la course, « typique de l'hésitation féminine, un coup à droite, un coup à gauche, elles ne savent pas ce qu'elle veulent. »"



Comment Violette Morris a-t-elle pu supporter un tel acharnement et de telles attaques personnelles durant autant d'années ? Son physique, sa manière de vivre, son comportement... Traquée en permanence comme du gibier par des chasseurs, les journalistes n'attendant qu'un faux pas pour s'acharner sur elle, Violette résiste pourtant et ne cède à aucune pression, calomnie ou perfidie.



UNE FEMME EN AVANCE SUR SON TEMPS ?

Alors que la Coupe du monde féminine de football 2019 vient de s'achever, j'ai souvent pensé à Violette Morris durant ces quelques semaines, à la joie qu'elle aurait ressentie de voir ces femmes jouer au football en toute liberté, encouragées par toutes ces femmes, tous ces hommes et tous ces enfants, sans avoir à subir de remarques désobligeantes. Certains, dans la presse ou le public, n'ont certes pas pu s'empêcher de tenir des propos sexistes, mais qu'ils semblent aujourd'hui ridicules et d'un autre temps ! de là à dire que Violette Morris est née quelques années trop tôt, il n'y a qu'un pas... que je ne franchirai pas. le statut des femmes évolue dans le bon sens mais si lentement... je ne suis pas sûre que Violette Morris serait beaucoup plus heureuse de vivre aujourd'hui dans notre société rongée de manière pernicieuse par l'intolérance et la violence (remarques sexistes, gestes déplacés, féminicides, agressions homophobes, différences de salaires entre hommes et femmes, etc.). le combat est loin d'être gagné... Alors Violette Morris était une femme en avance sur son temps mais même sur le nôtre !



Dans mon esprit, le XIXe siècle était l'une des pires périodes en matière de condition féminine, mais je me suis aperçue que le début du XXe siècle n'était pas en reste ! Certes les femmes ont participé à l'effort de guerre au cours de la Première Guerre mondiale – Violette a été ambulancière puis messagère motocycliste –, mais le rôle des femmes est de rester au foyer, d'enfanter, d'élever les enfants et de s'occuper de leur mari, point barre. Manifestation de la force et de la virilité de l'homme, la pratique d'un sport peut être envisagée s'il permet d'améliorer l'état physique de la femme, promesse de futures naissances d'enfants en bonne santé. Et, là, qu'avons-nous ? Une femme qui multiplie les exploits sportifs dans des disciplines habituellement réservées aux hommes, battant même les hommes sur leur propre terrain, quel scandale, notamment pour Pierre de Coubertin qui a refusé la participation des femmes aux premiers Jeux olympiques organisés à Paris en 1900 !

Pourtant, elle se plie un temps aux bonnes moeurs en épousant Cyprien Gouraud, qu'elle rencontre lors d'un bal mais dont elle divorce rapidement pour se mettre en couple avec son amie d'enfance, Sarah.



LA DESCENTE AUX ENFERS

Malgré ses victoires – elle est l'une des sportives françaises les plus titrées, détenant même des records nationaux et mondiaux –, elle est exclue de la Fédération française sportive féminine en 1930, accusée d'être agressive, bagarreuse et de profiter de la promiscuité des vestiaires pour "peloter" ses concurrentes. Cette radiation, qui l'empêche désormais de participer à la moindre épreuve sportive, l'affecte profondément. le sport à haut niveau était pour elle comme un exutoire, lui permettant de canaliser sa violence et ses émotions. À partir de cette date, le parcours de Violette devient plus erratique, plus sinueux, plus difficile à suivre, comme si elle avait perdu sa principale raison de vivre et ne savait quelle voie prendre. Parallèlement, commence un lent et insidieux processus d'autodestruction : Violette se néglige, Violette boit, Violette fume de plus en plus, Violette prend beaucoup de poids...



Séparée de Sarah, elle se met à fréquenter les soirées mondaines au cours desquelles elle sympathise avec les personnalités de l'époque et, là encore, j'ai découvert une facette de son histoire dont j'ignorais tout : Joséphine Baker, avec laquelle elle entretient une courte relation amoureuse, Yvonne de Bray, qui sera également sa maîtresse, Jean Cocteau et Jean Marais, ces trois derniers vivront même quelque temps avec elle sur sa péniche amarrée en bord de Seine. D'ailleurs, Cocteau s'inspira de la relation conflictuelle entre les deux amantes pour écrire sa pièce Les Monstres sacrés. Elle s'essaie alors brièvement à la chanson et au théâtre, mais sa passion demeure avant tout la course automobile.



LA QUESTION QUI FÂCHE : VIOLETTE A-T-ELLE COLLABORÉ DE SON PLEIN GRÉ ?

Jusqu'à maintenant, quels que soient les coups du sort, Violette parvenait toujours à retomber sur ses pieds. Mais c'est sans compter sur son ange noir, son ancienne amante, la sportive allemande Greta Fassbinder, qui réapparaît dans sa vie et parvient à la convaincre de se rendre à Berlin pour assister comme invitée d'honneur aux Jeux olympiques de 1936 : la France la considère comme un monstre, qu'à cela ne tienne, elle est accueillie à bras ouverts en Allemagne ! Et la presse française se fait l'écho de son voyage en Allemagne, la faisant passer pour une traîtresse... Violette est alors prise dans un engrenage infernal dont les Nazis entendent bien profiter le moment venu.



"Pourquoi avait-elle accepté de venir ? Quelle imbécile ! Ce voyage était un piège. On l'avait utilisée. Et elle n'avait rien vu, rien compris, rien senti. Quelle mascarade que cette grande messe servie par tous ces officiants en uniformes S.S., ces bataillons de S.A. et des Jeunesses hitlériennes ! Elle était française, et la presse allemande n'avait cessé de faire passer les athlètes français pour des paresseux, des laxistes, des décadents."



À la déclaration de la guerre, prise à la gorge par des dettes et le chantage qu'exercent les Nazis sur elle (moeurs sexuelles, casier judiciaire, amitié avec Sarah qui est juive, volonté de continuer la course automobile, etc.), elle accepte de collaborer avec les Nazis en prenant la direction d'un garage automobile parisien réquisitionné par la Luftwaffe, où transitent des marchandises et des informations.

Les années qui suivent sont peu décrites, on voit Violette participer au marché noir en faisant des allers-retours entre Paris et la Normandie, transportant de la marchandise et de la nourriture destinées aux Allemands. C'est au cours d'un séjour en Normandie qu'elle fait la connaissance d'Annette, sa dernière passion amoureuse, qu'elle comptait retrouver à son retour de Paris pour fuir en Espagne et retrouver son ami le navigateur Alain Gerbault. Mais elle est abattue par des résistants le 26 avril 1944 alors qu'elle conduisait le couple Badreuil, des charcutiers collaborateurs, et leurs deux fils à Paris... mais ce n'était pas elle que visaient les résistants, mais Alain Boulin, cabaretier, adjoint au maire de Cabourg et collaborationniste très actif qui aurait dû être au volant, à sa place… Les cinq corps empilés les uns sur les autres furent retrouvés le 12 mai 1945 dans une ancienne mare à proximité du lieu de l'assassinat...



Il est difficile de se faire une opinion sur cette partie essentielle de la vie de Violette et qui n'est que survolée dans ce roman. Gérard de Contanze a préféré se concentrer sur sa jeunesse et ses années de sportive, éclairant par là même certaines zones d'ombre et permettant de mieux comprendre cette personnalité complexe. Une partie certes intéressante mais parfois un peu trop détaillée pour moi qui n'aime pas particulièrement le sport – j'ai un peu survolé les énumérations des titres remportés même si cela est important –, mais je m'attendais à ce qu'il détaille davantage les actions de Violette durant la Première Guerre mondiale et surtout la Seconde Guerre mondiale car c'est là que résident les plus grosses interrogations et polémiques. Absence de documentation, absence de faits avérés ? Gérard de Cortanze a choisi de ne réserver qu'une centaine de pages à cette époque cruciale dans la vie de Violette Morris, suivant la piste explorée par Marie-Jo Bonnet, celle d'une Violette Morris entraînée bien malgré elle dans la collaboration, piégée par les Nazis.

Vu son caractère pugnace et sa capacité à tenir tête à la presse et à tous ceux qui la critiquaient, j'avoue avoir un peu de mal à admettre qu'elle ait préféré collaboré plutôt que de prendre la fuite pour rejoindre la Résistance, à moins qu'elle n'ait été une opportuniste. Ou bien son ressentiment à l'égard de la France était-il si fort pour qu'elle ait pris fait et cause pour l'Allemagne nazie ? Ou a-t-elle manqué de recul à une période de sa vie où elle perdait pied, le retour à la réalité arrivant trop tard ?



Quant à son assassinat, Gérard de Cortanze expose les deux hypothèses possibles : la première met en cause la Gestapo qui souhaitait se débarrasser de Violette, devenue un témoin gênant, et qui aurait induit en erreur les résistants par le biais d'Alain Boulin, lequel leur aurait croire qu'il serait le conducteur de la voiture ; dans la seconde hypothèse, c'est Alain Boulin lui-même, informé qu'il était la cible du maquis normand, qui aurait envoyé Violette se faire tuer à sa place. Quoi qu'il en soit, il en ressort qu'aucun ordre venant de Londres n'a été donné pour tuer Violette Morris : ce n'était pas elle qui était visée, mais Alain Boulin. Toutefois, au lendemain de la guerre, la priorité était de rétablir l'ordre et de réconcilier les Français. Les journaux parlent alors "de la chute d'une femme, ancienne sportive aux seins coupés, qui avait trouvé dans la collaboration un moyen unique de donner libre cours à ses instincts sanguinaires et mauvais", voire la font passer tantôt pour un agent double, tantôt pour une sadique qui « aimait torturer dans les locaux de la Gestapo "avec une cravache et un briquet", tantôt pour la maîtresse du S.S. Standartenführer Helmut Knochen et de Carl Oberg, le chef supérieur de la S.S. et de la police en France ! La légende noire est en marche...



"Pourquoi la fascination, en temps de guerre, bien réelle tout de même pour une femme hors norme, a pu ainsi se transformer, une fois la paix revenue, en haine ? [...] quelque chose de terrible avait dû se passer dans son pays, la France, pour qu'elle accepte avec autant de facilité la thèse de la gestapiste tortionnaire."



L'IMPOSSIBILITÉ DE DISTINGUER LA RÉALITÉ DE LA FICTION...

Une fois ma lecture terminée, je me suis retrouvée avec de nombreuses questions : Sarah Ponsonby a-t-elle existé ? Violette a-t-elle été violée par le jardinier du couvent ?... J'espérais trouver en fin d'ouvrage une note de l'auteur permettant de savoir ce qui relevait de la réalité ou de la fiction, mais rien de tel.

Dans ce type de roman (roman biographique) et surtout avec ce type de personnage complexe, une préface ou une postface explicative me semble indispensable. En écoutant la fiction qui a été consacrée à Violette Morris sur France Inter et écrite par Gérard de Cortanze, j'ai alors appris que le personnage de Sarah Ponsonby n'existait pas ! Cela m'a beaucoup troublée, car ce personnage est au centre de la vie de Violette dans ce roman et il est même impliqué dans le chantage qu'exercent les Nazis à l'encontre de Violette. Alors, que penser ?



Ainsi, ce roman ne m'a pas permis de me faire une opinion tranchée sur Violette Morris, c'est pour cela que j'ai très envie d'approfondir la question en lisant la biographie de Marie-Jo Bonnet. Une chose est sûre : Violette Morris était un sacré personnage, une femme libre, indépendante, dotée d'un fort caractère et d'un physique hors norme, parfois insolente et provocante, toutes choses que la société française d'alors ne pouvait accepter. Mais derrière ce portrait tout en force et en énergie se cache une blessure, celle de ne pas avoir été aimée par ses parents, celle d'avoir été rejetée par la société française… Certes elle a collaboré, mais il n'existe aucun document prouvant son implication dans des séances de torture rue Lauriston ou un quelconque zèle en matière de collaboration ; j'ai la sensation qu'elle a profité de la situation sans se poser de questions. Même s'il est difficile de se débarrasser de l'image de "hyène de la Gestapo" qui lui colle à la peau tant elle est ancrée depuis de nombreuses années dans notre imaginaire, je retiens de ce roman le beau portrait d'une femme libre et d'une grande sportive, très en avance sur son temps, et celui d'une société corsetée et misogyne, très violente à l'égard de celles et ceux qui prétendent vivre autrement. En tout cas, grâce à ce roman, Violette Morris est enfin sortie de l'ombre...



"Violette, qui avait tant gêné quand elle était en vie, semblait gêner davantage encore une fois morte. Sa disparition posait tellement de questions sans réponses. Pourquoi s'était-elle crue mieux reconnue dans son identité de femme libre par le régime de Vichy, voire par l'Allemagne des Jeux de Berlin que par la République française ?"
Lien : http://romans-historiques.bl..
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Les amants de Coyoacan

La Casa Azul.

Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas encore cette histoire, mais aussi pour la relire, car la passion est ici intimement liée à la création artistique, mêlée à l'effervescence intellectelle du Mexique des années 30. A lire avec la passion de Frida, la maîtrise artistique de Rivera, et le courage de Trotski.



30/05/2015
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Frida Kahlo, la beauté terrible

Comme le souligne l'auteur, ce livre n'est pas une biographie ou un essai "au sens classique du terme" mais "un parcours" à travers une oeuvre et une vie.

Pour ma part, je dirai que cela a été l'occasion d'une rencontre.

Bien sûr, j'avais déjà croisé le visage de Frida Kahlo, vu quelques peintures mais je n'avais jamais approfondi le sujet.



Gérard de Cortanze aborde cette vie d'artiste de manière simple, nous donnant les éléments les plus importants et quelques opinions qui rendent ce cheminement plus humain.

J'ai toujours préféré un guide avec un discours vivant plutôt que celui qui nous récite un discours appris et neutre.



Concernant la dame, je connaissais quelques éléments de sa vie notamment son accident de bus et son mariage avec Diego Rivera, un célèbre peintre muraliste.

Mais j'étais loin d'imaginer une enfance solitaire où l'attention était une denrée rare dans la famille, le mufle (pour rester polie !) que pouvait être son mari ainsi que les souffrances physiques qui la suivront toute sa vie.



Je ne sais pas si j'ai bien compris le titre de l'auteur lorsqu'il décrit Frida Kahlo de "beauté terrible" reprenant un terme de Yeats mais je le traduis comme la représentation de ce corps si attirant (la dame avait du succès) et si douloureux, cette enveloppe de l'âme si fragile et si endurant à supporter la souffrance en même temps.

Cette beauté qui réclame des caresses et qui se disloque, se casse.

Une beauté tragique.

On peut dire aussi familièrement que c'était "une fille terrible ! "

Car, quelle force de caractère, quelle énergie, quel bout de femme !



Grâce à Gérard de Cortanze, j'ai rencontré une artiste à l'univers mystérieux et une femme incroyable et émouvante.

Une femme passionnée que j'ai envie de mieux connaître.

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Femme qui court

« Un élément la troublait et l'émouvait. Les disciplines où elle se sentait le mieux étaient celles qui requéraient une puissance presque surhumaine et de violents efforts. C'étaient cette violence et cette puissance qui menaient à une jouissance telle que parfois elle sentait les larmes couler sur ses joues ou que, lorsqu'elle était certaine de ne pas être entendue, elle poussait un cri de bête traquée qui la conduisait au bord de l'évanouissement. » (p. 33 & 34) Depuis son enfance, Violette Morris a toujours eu énormément d'énergie à brûler. C'est par le sport qu'elle évacue ce trop-plein et se dépasse. « Je sens en moi une violence terrible qui m'envahit, incontrôlable. » (p. 19) Au pensionnat, elle s'illustre parmi les jeunes filles les plus vigoureuses et les plus endurantes. Avec son amie Sarah, elle découvre la force que l'on peut tirer d'un jeune corps, mais subit également un traumatisme qui la suivra toute sa vie. « Un jour je tuerai un homme, il faudra que je tue un homme, ne serait-ce que pour me venger de celui-là. Un homme qui paiera pour tous les autres. » (p. 19) Adulte, elle est la seule femme dans des compétitions masculines, et elle se paye souvent le luxe de finir sur le podium. Ses exploits lui valent une reconnaissance internationale, mais sa vie privée ne laisse pas de choquer. « Heureusement pour Sarah et Violette, leur inconduite était contrebalancée par leurs performances sportives. Elles étaient homosexuelles, mais après tout, elles rapportaient à la France des médailles, des victoires. » (p. 156) Violette s'essaie au mariage, mais c'est un fiasco, et elle décide finalement de vivre libre. Elle séduit Joséphine Baker, Yvonne de Bray et ne s'empêche pas d'ouvrir son lit aux femmes qu'elle croise. Elle boit, elle parle fort, elle vit tout simplement, refusant d'entrer dans le carcan des stéréotypes de genre. Pendant la Première Guerre mondiale, elle conduit une ambulance à l'arrière du front, mais pendant la Deuxième Guerre mondiale, pour des raisons qui restent troubles, elle travaille pour l'Allemagne nazie. Sa mort, violente et inexpliquée, achève une existence aussi flamboyante que tonitruante.



Violette Morris a existé et s'est frottée à bien des sports : haltérophilie, natation, boxe, course, lancer de javelot, cyclisme, football, course automobile, etc. Scandaleuse amazone moderne, la poitrine reniée, portant pantalon et cheveux courts, elle refusait de se conformer à l'image de la vraie femme qu'on voudrait lui imposer, fine et charmante, mère et réservée. « Une femme qui court, avec tout qui ballotte, de la gelée, les bras nus, flasques, un phoque, quoi. Et la poitrine, qu'est-ce que tu fais de la poitrine ? C'est répugnant. » (p. 53) Violette était grande-gueule, droite dans ses bottes, à la tête de son garage, sur sa péniche ou sur les planches d'un cabaret. Avec son roman historique, Gérard de Cortanze ne propose pas une biographie, mais un portrait qui, au-delà de Violette Morris, célèbre le courage des femmes qui osent dépasser la condition à laquelle la société patriarcale voudrait les réduire. Sans Violette, le sport féminin aurait fini par s'imposer, mais les coups d'éclat de l'athlète française, ses sorties de route et sa constante rébellion ont sans conteste accéléré le processus. Violette Morris courait trop vite pour son temps, mais plutôt que de dépasser ce dernier, elle l'a devancé pour mieux lui ouvrir la voie et lui transmettre le relais de la diversité. Le personnage est controversé, c'est certain, mais ce ne sont pas les tièdes qui mènent les révolutions. Féministe en short et chaussures de sport, Violette Morris a énormément apporté à la libération de la femme.



Hélas, je reproche au roman une tendance à l'énumération systématique. Énumération des sports pratiqués par l'athlète, des femmes aimées par la lebienne, des coups de griffe portés au contrat social. En outre, si le roman se lit facilement, cela tient sans doute à un plat, voire monotone, qui est en inadéquation totale avec la flamboyance du personnage présenté. Il y a de belles phrases, mais pour courir à la même hauteur que Violette Morris, Gérard de Cortanze aurait gagné à injecter plus d'emphase dans son encrier.
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Les amants de Coyoacan

Où l’on apprend que les époux Trotski quittent l’Europe vers un nouvel exil, ils sont inquiets.

Ils vont être reçus à Coyoacàn à la « Casa Azul » chez le couple Diego Rivera – Frida Khalo.

Où l’on se rend compte que dès leur première rencontre, Léon Trotski est ému par la beauté de Frida et son parfum envoûtant.

Où ils deviennent amants et que deux souffrances et deux épidermes se rencontrent.

Où l’on découvre que Diego Rivera est un immense artiste aux fresques non moins immenses, chatoyantes et colorées.

Où, coquin de sort, on nous raconte que Frida est bisexuelle.

Où l’on est émoustillé par les rencontres amoureuses de Frida et Léon qui s’adonnent à des jeux sexuels débridés.

Où ça va coincer, Natalia, la femme de Trotski se doute de leur liaison.

Où nous sommes prévenus de la visite d’André Breton et de son épouse, ce qui va compliquer les rapports des uns et des autres, le « trotskisme » ne faisant visiblement pas bon ménage avec le « surréalisme ». Frida compte les points.

Dans ces échanges, Trotski m’apparaît hypocrite et Breton décevant.

Où les trois couples (Rivera, Breton, Trotski) caracolent dans la campagne mexicaine à la découverte du patrimoine et surtout de leurs différences. Etouffant !

Où l’on est heureux pour Frida qui va s’aérer la tête et le reste à New-York, marre des incessantes tromperies de Diego ! La rencontre d’un ancien amant transi va la faire basculer dans un immense bonheur.

Où Diego apprend sa relation avec Léon.

Où Breton l’invite pour une exposition à Paris, mais ne s’en occupe pas.

Elle part.

Paris la déçoit, les Surréalistes la déçoivent, elle les trouve imbus de leur personne, elle croise Desnos, Aragon, Eluard, ces hommes sont de « glace », inaccessibles, elle les surnomme « Grands Cacas ». Seul Max Ernst et Marcel Duchamp trouvent grâce à ses yeux.

Où, Jacqueline, la femme de Breton comprend son désarroi. Elles se déclarent leur désir déjà présent lors de leur rencontre au Mexique mais resté voilé. Elles s’abandonnent à leur amour.

Où l’on est heureux qu’enfin Frida puisse exposer à Paris et c’est grâce à Marcel Duchamp.

Il lui trouve un galeriste avec lequel elle a une liaison et, un hôtel content de quitter l’appartement des Breton, la présence d’un enfant la perturbe, elle qui n’a fait que des fausses couches !

Tous ces déplacements sont rythmés par ses problèmes de santé, elle alterne sa vie trépidante avec de longs passages à l’hôpital.

Où Frida prend un transatlantique pour New-York toute à la joie après cinq jours de mer de retrouver Nick, un amant romantique. « Je vais me marier » lui déclare-t-il sans autre explication. Bien sûr, dès que tout va mal les ennuis de santé recommencent.

Revenue au Mexique qui lui manquait, Diego demande le divorce prétextant qu’il a d’énormes besoins sexuels et qu’elle a trop de mal à jouir. Quelle classe !

La meilleure défense c’est l’attaque, Frida accepte.

Où, l’on s’aperçoit que l’amitié entre Diego et Léon est bien consommé, à tel point que le couple Trotski quitte la « Casa Azul »

De son côté, Frida, qui a de plus en plus de mal à accepter la promiscuité avec Diego va s’installer dans la maison de son enfance, la fameuse « Casa Azul ».

Où l’on constate que son réel refuge c’est la peinture mais difficile à vendre. Trop de sang, trop de souffrance, trop de morts.





Au travers de sa toile « Les deux Frida», on sent toute la dualité de cette femme d’exception :

La femme aimée, la femme trahie, la femme heureuse, la femme désespérée, la femme forte, la femme épuisée par la maladie.

Où Frida sombre dans le cognac et la souffrance, alitée un poids de vingt kilos soulageant sa colonne vertébrale.

Son besoin d’argent est important, la bourse « Guggenheim » lui est refusée sans explication. Pas assez reconnue ?

Où Frida qui a besoin de voir du monde convie Léon qui, affligé par la guerre et ses trahisons, est aussi triste qu’elle. Ils rapprochent leur mal-être. Ce « chaud au cœur » de l’instant nous livre des vies en sursis.

La guerre fait rage en Europe. Mexico devient le refuge des européens chassés par le conflit.

Les surréalistes en tête.

Pendant que Frida s’étourdit en sorties et escapades avec des détracteurs de Diego, un attentat est perpétré chez les époux Trotski.

Où d’une biographie limpide on bascule dans un roman policier.

Qui a manigancé cette agression ? Des noms circulent, Frida est entendue par la police.

Trotski est indemne.

Frida est maintenant divorcée, mais Diego lui manque.

« Plus je souffre mieux je peins » déclare-t-elle.

A nouveau, Frida et Léon se rejoignent pour de longues entrevues où chacun déverse ses doutes et ses souffrances. Jamais Staline ne renoncera à l’assassinat de Trotski.

Où justement, ce jour là, Frida attend la visite de Léon, c’est la police qui fait irruption et sans ménagement l’embarque.

Où, un coup de piolet dans le visage envoie Trotski à l’hôpital, son agresseur est une ancienne connaissance de Frida.

Ce nouveau drame s’abat sur elle, elle est terrassée.

Léon est opéré, il ne survit pas.

Où Frida sombre dans une dépression accentuée par les douleurs atroces de sa colonne vertébrale. Elle ne peint plus.

Où, sur les conseils de son médecin-ami, elle rejoint Diego à San-Francisco où elle est hospitalisée, la vitamine doit impérativement remplacer l’alcool.

Il souffrait trop de la voir souffrir.

Un nouvel arrivant chamboule la vie de Frida, Heinz, présenté par Diego.

Où Frida en tombe immédiatement amoureuse. Malgré son état, leurs ébats au sein même de l’hôpital donnent un réel piquant et une excitation jamais ressentie par Frida.

Où, une escapade new-yorkaise heureuse avec Heinz ne suffira pas à affaiblir la force du couple Diego-Frida « monstres à deux têtes d’une même bête qui détruit tout ce qu’ils approchent ».

Où l’on est loin de s’imaginer que Diego et Frida vont se remarier avec les conditions que Diego accepte : Je vis de mes propres revenus, je paye la moitié des frais, plus de sexe entre nous et je baise avec qui je veux. Bigre !

Où l’on s’en doutait, les contrats sur le papier ne correspondent pas à leur application concrète. Si, en façade Frida est heureuse, dans son être, la solitude et la souffrance toujours, reste son quotidien.

Ses amants d’un jour ne sont qu’un exutoire à un malaise profond, sa colonne vertébrale l’oblige à de longues hospitalisations aux multiples opérations. Elle peint sur son lit de douleurs.

Un de ses derniers déplacements avant son amputation de la jambe se fera pour une exposition rétrospective dans un lit à baldaquin.

Où ces derniers voyages se feront à la Casa Azul, mais en rêve dans sa vie de cauchemar.

Quand son infirmière rentrera dans la chambre, elle cachera la bouteille de Brandy et lui fermera les yeux…

Où, pour finir, Diego disposera les cendres dans une urne et en mangera une poignée…



Où j’espère que ce résumé trop précis peut-être ne vous empêche pas de lire cette merveilleuse multi-biographie, le but étant de vous faire profiter de quelques ressentiments qui m’ont fait vibrer et, en fait vous transmettre l’envie de vous plonger dans tous ces sentiments ambivalents, dérangeants, extrêmes.



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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Ce recueil est parut suite aux attentats du journal "Charlie Hebdo" . Je ne reviendrai pas sur ce dramatique événement, nul ne peut ignorer ce qu'il c'est passé, vu le soulèvement populaire national et international.



Les bénéfices de ce roman vont directement au journal, alors oui on sait que depuis ils ont ramassé suffisamment d'argent pour tenir plusieurs années donc je n'insisterai pas sur ce point. Par contre la lecture de ce roman est un combat pour la liberté d’expression. Liberté qui nous est chère. Liberté qui m'est essentielle. Liberté qui me permet de me sentir moi-même et de dire ce qu'il me passe par là tête, même si ce sont des inepties.



Donc ce recueil regroupe les textes de 60 auteurs. Dont, parsemés, des extraits de Beaumarchais, Diderot, Hugo et voltaire qui se sont battus aussi, autre époque et combat égal.



Tous les autres ont réagit et fait parler leurs plumes, leurs armes, leurs cœurs. Pour certains ce sont des courriers ou un constat, des réactions car nul ne pouvait rester muet sinon tout était perdu (pourquoi d'ailleurs mettre cette phrase au passé !) . Pour d'autres c'est ce qu'ils savent faire de mieux, un conte une histoire (j'ai une préférence pour cette forme de manifestation).

Alors j'ai des auteurs de prédilection bien évidement. L'histoire Fabrice Humbert me touche particulièrement ( en même temps j'ai un attachement pour cet auteur.) Une grande tendresse pour le texte de Ian Manook car je vois ma grand-mère dans les traits de sa mère. Sans oublier Romain Puertolas qui me fait sourire malgré l'horreur et ça chapeau Monsieur !



Et malgré les 3 mois de passés je peux vous garantir que l'émotion reste la même en lisant ces lignes. Les larmes ne sont pas loin.





Je terminerai cette chronique par une citation de la réaction de Frédéric Beigdeger car elle me fait penser à la dernière boucherie au Kenya qui vient de perdre ses étudiants .

"A ce violent malaise que cette sensation procure, aux larmes du chagrin, à la culpabilité d'être plus troublé par ces morts si proches que par les milliers de victimes à deux heures de chez nous. Si, ne soyons pas hypocrites, c'est une règles journalistique bien connue, les massacres géographiquement éloignés nous perturbent moins que deux ou trois morts dans notre ville, notre pays. Pourtant, une certaine souffrance est là. A des degrés divers selon sa sensibilité, son empathie, son fatalisme."
Lien : http://lesciblesdunelectrice..
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Une histoire de l'automobile en 100 modèles m..

Pas besoin d'aimer particulièrement les voitures et les belles voitures pour apprécier ce beau livre du romancier Gérard de Cortanze ( également professeur au Collège de France. et critique d'art ) qui raconte à travers des anecdotes et des avancées techniques, 100 ans d'innovation, d'inventivité et de conquête.



"L'histoire des débuts de l'automobile passe toujours par une aventure humaine"

De la première automobile de la marque Ponhard-Levasser en 1891 aux voitures de course les plus récentes, voilà conter à travers des textes et de belles photos en histoire de l'automobile. En partant à la découverte de ces 100 modèles, on a eu :



des coups de coeur pour l'esthétique et la ligne des plus vieux modèles comme l'Hispano Suiza CV ou la Rolls Royce, 40/50 Phantom dont on peut admirer les détails, l'intérieur, le cuir des fauteuils, le volant et le tableau ,

des souvenirs d'enfance avec la citroën 7 A, appelée traction ou avec le citroën Ami 6 conduite par des grands parents,

des surprises avec la baby Rhöne, une 3 roues très compacte (l'ancêtre de la Smart ?) conçue à Villeurbanne pendant la seconde guerre mondiale,

des images de films mythique du cinéma français avec la 2 CV Citroën, la combi Volswagen ou la fiat 500 .
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le roi qui voulait voir la mer

Voilà un roman historique qui sort de l'ordinaire. N'y cherchez pas une histoire d'amour à la Dumas, ni une enquête façon Nicolas Le Floch ou la peinture de toute une époque (quoique..) à la manière de Fortune de France. Ici c'est avant tout (mais pas que) le portrait d'un homme. Louis XVI, ce roi si calomnié, méprisé, dénigré par ses contemporains et beaucoup d'historiens par la suite.

Gérard de Cortanze nous raconte le voyage que fit le jeune roi (31 ans en ce début 1786) en Normandie pour visiter ports et forteresses. Je savais le roi érudit, passionné de sciences, de géographie, mécène d'explorations mais j'ignorais son amour de la mer et sa passion pour la Marine. Alors, évidemment, l'auteur (et il prévient dès les citations en début de texte) ne prétend pas à une totale exactitude historique. On a le portrait d'un jeune homme qui échappe momentanément aux bassesses et intrigues de Versailles - même s'il traîne avec lui quelques courtisans-, un jeune homme donc qui découvre sa popularité auprès du peuple, un jeune roi qui préfère manger une tartine de poisson avec des marins aux interminables banquets qui l'ennuient, un homme contemplatif à la fois effrayé par sa responsabilité et heureux de pouvoir améliorer la vie de son peuple.

Gérard de Cortanze raconte avec un style très travaillé les beautés de la Normandie, celles de la marine à voiles et de l'océan. C'est très agréable à lire, lyrique parfois. Il ne se gêne pas pour brosser le portrait de courtisans odieux critiquant le roi alors même qu'ils sont à sa table... Les ressemblances avec l'époque actuelle sont évidentes sans que ce livre vire à la politique. 😊 Tout cela parsemé de rêves prémonitoires et de rencontres avec une sorte de pythie qui tente de prévenir Louis de ce qui l'attend 6 ou 7 ans plus tard. Et de rencontres avec des paysans, de simples marins, des "petites gens". La tragédie de cet homme profondément bon, certes indécis, mais réformateur, humaniste et bien intentionné dépassé par les événements. Empêché par une aristocratie arcboutée sur ses privilèges. Aristocratie dont l'auteur fait partie et qu'il n'épargne pas ! Le texte est extrêmement bien documenté, malgré quelques incohérences (voir le PS).

Le livre se termine sur un magnifique et bouleversant récit de la mort du roi quelques années après ce périple. L'homme y est respecté et ça n'en est que plus fort. Le récit que fait l'auteur des beautés et des misères rencontrées par Louis lors de cette parenthèse enchantée, telles qu'elles sont ressenties par un homme que son destin ne brisera pas, est un vrai plaisir. "Le tyran" l'a bien montré par sa force d'âme le 21 janvier 1793...



PS : peut-être ai-je mal lu, mais j'ai remarqué un marin aux cheveux noirs couleur de nuit (!) qui est roux quelques lignes plus loin, un compagnon du roi qui le quitte à Honfleur pour rentrer chez lui mais qui est toujours là quelques pages plus loin à Rouen, et une messe "dominicale" un lundi... 😉 ça n'est pas très grave... ce texte reste un vrai plaisir.
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Laisse tomber les filles



Parfois, en tant que lecteur, il nous vient de drôles de pensées. Ainsi, en reprenant pour la énième fois " Laisse tomber les filles" ( oui, sans jeu de mot, et pour me mettre au niveau de ce roman, il m'est tombé plusieurs fois des mains ) j'imaginais sans peine un directeur littéraire de chez Albin-Michel convoquant dans son bureau Gérard de Cortanze ( Prix Renaudot 2002 ) et lui disant :



- Bon coco, "Zazous " ( le précédent ouvrage de l'auteur sur ce mouvement de mode des jeunes des années 40) a bien marché, et si tu t'attaquais aux yéyés ?



- Heu, tu crois pas que c'est un peu facile ?



- Ecoute bichon, on va célébrer les cinquante ans de 68, un roman sur cette jeunesse qui a fini par jeter du pavé et foncer dans la marijuana et l'amour libre, ça va faire un carton !



- Ah ? T'es sûr ?



- Mais oui Gégé ! Et toi tu vas nous trousser ça avec ta verve habituelle. En plus tu as l'âge idéal, à l'époque, tu as flirté dans les surprises-parties sur les tubes de Mike Brant...



- Heu ...mais Mike Brant, c'est après les yéyés...



- Peu importe, Mike Brant, Johnny Halliday ou Carlos, tu me fourres du yéyé dans une histoire plus sexe que Jules et Jim et tu es sûr de faire l'émission de Ruquier ...et qui dit Ruquier dit ...dit....



- ...? Télé ?



- Succès Gerry ! Succès !



- Moi ça me branche moyen ce truc ...surtout que j'aimerai bien entrer à l'Académie française et parler de Sheila et de France Gall, je ne suis pas certain que cela m'aide beaucoup...



- Parfois mon Gérard, il faut savoir écouter son éditeur. Y'a plus que les gens de ton âge qui lisent et les yéyés, c'est leur jeunesse. La nostalgie ça marche à plein tube chez les presque séniles ! Un carton tu vas faire, crois- moi ...



- Mais tu sais moi, les années 60 je les ai à peine vues, j'étais enfermé chez les Jésuites !



- Mais tu vas te documenter et puis...tiens regarde...je te fais un à valoir...



-... Ah oui.... ben écoute.... je crois que ... que... je vais le faire alors...







C'est un rêve bien sûr.... Mais la lecture de "Laisse tomber les filles" fait irrésistiblement ( S Vartan 1968) penser à une petite cuisine éditoriale vite fait, moyennement bien faite. En gros vous avez un bouquin genre " les années 60 pour les nuls", bourré d'infos, de titres de chansons, de films, d'actualités rétros, dans laquelle on a plaqué une improbable histoire d'amitié/amour entre une fille et trois garçons ( supposés dans le vent). S'il ne manque aucune couette, aucun blouson de cuir, aucun collant, aucune chaussette noire, le roman, lui, manque sérieusement de charme et surtout de crédibilité. Histoire de bien balayer toutes les tendances ( et surtout ne rien oublier dans cet inventaire ), un des héros, cinéphile pointu lis et relis le scénario de " la collectionneuse" d'Eric Rohmer tout en écoutant avec délectation "Z'avez pas vu Mirza" ! Le pompon revient aux dialogues entre ces jeunes gens, improbables échanges qui finissent par devenir hilarants tellement ils sonnent faux, servant uniquement à faire passer des infos sur l'époque. Ainsi on peut déclarer son amour tout en glissant le pourcentage de femmes ayant reçu un diamant de la part de leur amoureux ! On peut aussi apprendre que le jeu préféré des garçons dans un bar est de jouer au jeu des onomatopées ... Je dis : "Da dou ron ron " et tu réponds : Sylvie Vartan ! Ce qu'on savait s'amuser dans les années 60 ! Ou mieux encore on décuple un orgasme en réussissant à glisser le nom de Dany Logan dans une scène de sexe ( fallait y penser...mais citer Dany Logan est-ce vraiment indispensable ? ).



Bref, en alignant inlassablement actus, titres de chansons, de livres, de films et artistes de l'époque, "Laisse tomber les filles" ne ressemble pas à grand chose, surtout pas un roman. C'est juste une sorte de compilation sans grâce et sans âme. Pour moi la nostalgie n'a absolument pas joué...




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Frida Kahlo, le petit cerf blessé

Ce livre est un recueil de 7 textes abordant la vie de Frida Kahlo sous différents angles et à travers diverses rencontres. L’inconvénient est qu’il y a donc beaucoup de répétitions, puisqu’à la base, ces textes n’avaient pas vocation à être lus ensemble. C’est d’autant plus flagrant que l’auteur a tendance à répéter certaines tournures de phrases à l’identique pratiquement dans chacun d’entre eux. Donc si ce livre vous intéresse, je vous conseille de ne pas lire tout d’une traite, mais de considérer chaque partie comme une entité indépendante et de laisser passer du temps entre chacune.



Je connaissais Frida Kahlo essentiellement pour ses oeuvres et quelques détails de sa vie, cette lecture m’a donc appris énormément de choses. Non seulement sur le parcours de l’artiste, mais également sur l’Histoire du Mexique (même si c’est abordé succinctement) et surtout sur les personnes qui ont gravité autour d’elle au fil des années et dont certaines m’étaient complètement inconnues. J’ai envie d’en savoir plus, maintenant.



J’ai un gros reproche à faire à ce livre par ailleurs très intéressant: l’absence d’illustrations. On parle d’une artiste très productive, certaines de ses oeuvres sont analysées et on ne peut pas les voir au cours de la lecture. J’ai dû faire de nombreuses pauses pour aller voir les tableaux, fresques, photos dont il était question, c’était très fastidieux. C’est dommage de ne pas avoir inséré des reproductions des oeuvres le plus souvent citées ou les plus parlantes.



Malgré tout, ç’a été une lecture intéressante et très enrichissante. Le point positif de son côté frustrant est que j’ai maintenant envie d’en découvrir plus sur le sujet.
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Femme qui court

Avec talent , Gérard de Cortanze nous dresse le portrait de Violette Morris . Une femme entière , exigeante et sans concessions . Après la lecture de ce livre , je dirais "une femme libre" . Qui agace et dérange mais qui force l'admiration . Un destin hors du commun et une lecture qui m'a fait passer par toute la palette des émotions .
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Laisse tomber les filles

François, Antoine, Lorenzo et les autres

Après l’onde de choc provoquée par les décès de Johnny Halliday et France Gall, ce roman permet de revivre l’âge d’or des ces idoles de la chanson.



Quand Gérard de Cortanze s’est mis à l’écriture de ce roman, il ne se doutait sans doute pas combien l’actualité des derniers jours viendrait lui donner une dimension toute particulière. Quelques semaines après le décès et l’hommage national à Johnny Hallyday et quelques jours avant les obsèques de France Gall dont la chanson donne son titre au livre, Laisse tomber les filles vient nous offrir l’occasion de retrouver cette génération qui a émergé dans les années soixante avec Salut les copains. Avide de changement, elle est montée sur les barricades en mai 1968 avant de voir ses rêves s’envoler et, bien des années plus tard, se retrouvera à battre le pavé parisien après les attentats qui ont ensanglanté le pays.

Une chronique portée par quatre personnages, trois garçons et une fille dont nous allons suivre le parcours au fil des années. Lorenzo, Antoine, François et Michèle se retrouvent pour l’événement que l’on peut considérer comme l’acte de naissance des yéyés, ce concert de 1963 à la Nation. Venus de leur banlieue, le fils d’un cadre, celui d’un ouvrier et celui d’un commerçant vont s’enflammer pour cette nouvelle musique autant que pour les beaux yeux de leur amie. Commence alors un combat de coqs pour cette bourgeoise bien plus libre – et égoïste – qu’eux! Le plus cérébral du groupe, Lorenzo, se veut le grand témoin d’un monde qui bascule. Fou de cinéma et coureur de demi-fond, il va noircir les pages de son grand livre pour témoigner du formidable bouillonemment de la société qui « est en train de changer, de bouger lentement, comme un continent qui dérive. Pour Lorenzo, la musique exprime clairement cette dérive, ce décrochement irréversible. Satisfaction est un appel au plaisir immédiat, au rejet des conventions amoureuses traditionnelles. »

Pour François la liberté est synoyme de paradis artificiels. Mais la drogue va finir par l’enchaîner. Entre les deux, Antoine n’a pas le temps de se poser trop de questions. «Il n’a pas le temps libre que donne l’argent. Il milite. Il travaille. Et il écoute Barbara». Le fils d’ouvrier va toutefois aussi voir son jour de gloire arriver. Mais Michèle n’est pas exclusive et, alors que cette page de l’histoire de la France contemporaine s’emballe, l’amour libre n’exclut pas les jalousies et les rivalités.

Racontée d’une plume alerte et sensible, cette histoire d’amour à quatre est surtout l’occasion d’une superbe fresque sociale, de l’utopie soixante-huitarde aux trente glorieuses, puis aux désenchantements des années de crise et d’instabilité jusqu’au grand rassemblement de janvier 2015 à la Place de la République.

Ce roman est en quelque sorte la suite des Zazous (qui sort en livre de poche début février) et qui – sur une trame semblable – nous proposait une grande fresque de la France sous l’Occupation. J’ai beaucoup aimé ce «portrait étincelant d'une jeunesse parisienne qui résiste à la barbarie», pour reprendre les mots de Thierry Voisin dans Télérama.

Autre trouvaille très sympathique des éditeurs et de l’auteur: une bande-son qui comprend quelque 98 titres vient compléter ce roman. Intitulée «Yé Yé», elle nous offre près de quatre heures de musique, allant de Johnny Hallyday à Sylvie Vartan en passant par Françoise Hardy et Claude François, sans oublier ceux qui n’ont pas connu la même notoriété tels Les Cousins, Les Dangers ou encore Les Pingouins. Seule faute de goût : l’absence de France Gall au générique de cette compilation. Mais ce panorama rappelera à la génération des années 60-70 les artistes qui ont baigné leur enfance et permettra au plus jeunes de découvrir ces années pleines d’énergie et de liberté.
Lien : https://collectiondelivres.w..
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