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Critiques de Gérard de Nerval (170)
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Aurélia

Une exploration poétique des frontières incertaines et poreuses entre le rêve et la réalité…



Troublant récit que cette Aurélia de Gérard de Nerval…J’avais envie de retrouver la plume de ce Ténébreux, de ce veuf, de cet inconsolé, de ce Prince d’Aquitaine à la Tour abolie dont les vers d’El Desdichado riment encore en moi quelque trente ans après le baccalauréat de français où j’ai eu la main heureuse en tirant cette poésie le jour J. Hasard ? Non, il n’y a que des rendez-vous. Son écriture romantique et sombre m’exaltait tant à l’époque. Force est de constater que Gérard de Nerval me fait toujours beaucoup d’effet même si j’ai lu Aurélia non sans un certain malaise tant son romantisme s’est transformé en véritable folie, folie qui va crescendo au fil des pages…jusqu’au suicide de l’auteur le 26 janvier 1855 à l’âge de 46 ans. Il est retrouvé pendu à Paris.

La longue nouvelle Aurélia, qu’il n’a pas terminée d’ailleurs, parait en deux parties (janvier et février) dans la Revue de Paris puis en un volume au mois d’avril. Force est de se demander si ce texte ultime n’est pas en quelque sorte le Testament de Gérard de Nerval, un texte prophétique dans lequel on ne peut s’empêcher de chercher des messages, des clés, des signes avant-coureur de son geste fatal.

C’est terrifiant de lire ces lignes en sachant que l’auteur se suicidera durant leur écriture.



Troublant de lire ce récit en connaissant donc la chute funeste et tragique de son auteur et surtout de découvrir cette dernière phrase du livre qui semble tellement apaisée et lucide : « Telles sont les idées bizarres que donnent ces sortes de maladies ; je reconnus en moi-même que je n’avais pas été loin d’une si étrange persuasion. Les soins que j’avais reçus m’avaient déjà rendu à l’affection de ma famille et de mes amis, et je pouvais juger plus sainement le monde d’illusions où j’avais quelque temps vécu. Toutefois, je me sens heureux des convictions que j’ai acquises, et je compare cette série d’épreuves que j’ai traversées à ce qui, pour les anciens, représentait l’idée d’une descente aux enfers ».

Combien d’heures après avoir écrit cela s’est-il pendu ?



Troublant aussi de lire ce récit en sachant que Gérard de Nerval passe la majeure partie de son temps dans la Clinique du Dr Emile Blanche, institut spécialisé pour le traitement des maladies psychiatriques. Depuis sa sortie de cette clinique en octobre 1854, Nerval errait… Il errait dans Paris, il errait dans sa tête. Ce texte a une fonction bien précise, un but thérapeutique pourrait-on dire, un projet clinique : son médecin l’incite en effet à relater par écrit ses rêves et ses rêveries. Ce livre est ainsi un texte particulièrement onirique où le rêve est le matériau premier. Force est de se demander quelle analyse ferait un psychiatre à l’aune d’un tel récit, particulièrement foisonnant. C’est dans tous les cas une œuvre « surnaturaliste » dans laquelle la frontière entre rêve et réalité est floue et qui tourne autour d’une figure féminine aimée mais juste fantasmée : Aurélia, inspirée de l’amour impossible de l’auteur pour Jenny Colon, de sa rencontre avec Marie Pleyel et de la réunion fortuite des deux femmes à Bruxelles. Ses rêves sont nombreux et variés, et on devine son sommeil très agité…



« Le sommeil occupe le tiers de notre vie. Il est la consolation des peines de nos journées ou la peine de leurs plaisirs ; mais je n’ai jamais éprouvé que le sommeil fût un repos ».



Le rêve est, pour Nerval, une seconde vie, là où il n’y a pas de limite entre le présent et le passé, la matière et l’esprit. Le rêve a une valeur initiatique et permet d’atteindre un autre niveau de réalité qui se joue du temps et de l’espace, où ses « pieds s’enfonçaient dans les couches successives des édifices de différents âges ». C’est un pont, un intermède entre la vie terrestre et l’au-delà. D’ailleurs le texte est en deux parties : dans la première le songe vient s’épancher dans la vie réelle ; dans la seconde l’au-delà s’invite dans le rêve.

Nous avons ainsi une première partie très poétique et onirique dans laquelle Aurélia est au centre d’une nature sublimée et qui se fait Paradis, et une seconde partie plus religieuse et mystique dans laquelle la recherche du pardon obnubile dans un premier temps l’auteur, puis sa transformation en un Dieu, du moins son osmose alchimique avec le reste de l’Univers en une dimension cosmique, constitue l’acmé de sa crise.



Dans les deux parties en tout cas Nerval se dévoile intimement. Après une grave crise de folie, il veut se soigner en trouvant un sens à sa vie, l’écrit est ainsi un exutoire, il veut témoigner de ce qu’il nomme « ses maladies » et aussi prouver qu’il a pris du recul, qu’il est lucide sur sa situation (on trouve d’ailleurs un certain nombre de réflexions appuyées par de nombreux « je veux montrer », « je veux expliquer »…). C’est ainsi un texte déroutant alternant entre des moments de folie qui mettent mal à l’aise et des moments de lucidité touchants, ressac écumeux qui vient nous éclabousser de son émotion, à fleur de peau. Et parfois l’auteur de se demander, comme hébété, s’il n’est pas allé trop loin « dans ces hauteurs qui donnent le vertige »…



« Pendant la nuit, le délire augmenta, surtout le matin, lorsque je m’aperçus que j’étais attaché. Je parvins à me débarrasser de la camisole de force, et, vers le matin, je me promenai dans les salles. L’idée que j’étais devenu semblable à un dieu et que j’avais le pouvoir de guérir me fit imposer à quelques malades, et, m’approchant d’une statue de la Vierge, j’enlevai la couronne de fleurs artificielles pour appuyer le pouvoir que je me croyais ».



La folie est fascinante dans le sens où nous avons tous une part de folie en nous. Il suffit parfois de presque rien pour la sentir venir effleurer, prenant mille et une formes. Elle est fascinante car elle montre ce que nous pourrions être, notre face cachée, une modification de l'état de conscience même infime nous rapproche de cet être vite ressenti comme monstrueux…Où commence et où s’arrête la folie ? J’ai trouvé passionnant de voir quelles visions elle engendrait chez cet écrivain et la dimension poétique qu’elle offrait. Une poésie vaporeuse, brumeuse, décousue. Oui, une poésie en lambeaux, comme le sont les rêves. Alors, si les phrases sont belles, les images marquantes, le récit est à l’image des rêves à savoir décousu, voire incohérent, ce qui peut surprendre, voire gêner, le lecteur. Il ne faut pas lire ce texte pour l’histoire mais pour sa poésie, sa portée mystique, la vision des rêves qu’il offre, la folie qu’il dépeint et les clés qu’il renferme à l’aune du suicide de l’auteur.



J’ai aimé tout particulièrement la première partie du récit dans laquelle l’auteur offre ses rêves. Les paysages dépeints sont des jardins métaphoriques, ces jardins que nous retrouvons dans les autres textes de Nerval, dans lesquels s’épanouissent les fleurs qui plaisent tant à son cœur désolé, et la treille où le Pampre à la Rose s’allie, et où l’auteur va revoir ses proches décédés depuis longtemps. C’est une sorte de Paradis duquel il a du mal à revenir.



« Ça et là, des terrasses revêtues de treillages, des jardinets ménagés sur quelques espaces aplatis, des toits, des pavillons légèrement construits, peints et sculptés avec une capricieuse patience ; des perspectives reliées par de longues trainées de verdures grimpantes séduisaient l’œil et plaisaient à l’esprit comme l’aspect d’une oasis délicieuse, d’une solitude ignorée au-dessus du tumulte et de ces bruits d’en bas, qui là n’étaient plus qu’un murmure ».





Finalement d’Aurélia il n’en sera pas beaucoup question. Elle apparait ça et là tel un fantôme. Dans la seconde partie mystique elle est carrément absente. Les visées de Nerval sont au-delà de l’Amour. Il se rapproche du soleil et de la connaissance universelle. A s’en brûler les ailes. Fou Nerval ? Non, un Prophète incompris portant le Soleil noir de la Mélancolie sur ses épaules…





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Les Filles du feu - Les Chimères

Précédé d’une dédicace à Alexandre Dumas, où Nerval évoque les épitaphes de sa mort et de son esprit, car vint un temps où on l’a cru mort et un autre où on l’a cru fou, ce recueil de textes en prose, suivi de quelques poèmes, a quelque chose de fascinant, de surprenant, de magique.

De l’ensemble, on ne retirera évidemment pas grand-chose de précis pour la vie pratique, mais plutôt diverses impressions pleines de douces rêveries poétiques.

Son auteur a quelque chose d’unique et de vraiment mystérieux puisqu’il n’apparaît nulle part d’une manière définie. Il disparaît en effet toujours derrière divers styles empruntés qu’il s’approprie si parfaitement qu’on dirait qu’il y joue à chaque fois tout son être sans qu’une véritable personnalité s’en dégage. On peut évidemment noter son intérêt pour l’érudition, qui le mène à discuter d’histoire ou à immortaliser quelques artéfacts d’un monde paysan aujourd’hui effacé, sa propension quasi-animiste à tout spiritualiser et sa manière très délicate et tendre d’aimer les femmes, mais, en dehors de tout cela, il est entièrement dénué de consistance propre.

La « folie », d’un être vide de soi ... voilà qui fait pour moi tout le charme de l’apparition véritablement fantomale que constitue ce joli recueil.
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Aurélia

"Aurélia" est un livre dont on ne sort pas indemne... de relecture en relecture, je l'ai toujours "vécu" comme un conte fantastique particulièrement beau et vaporeux. Une étrange et longue nouvelle découverte à quinze ans, je crois, entre nouvelles et romans de H.-P. Lovecraft, les "Bob Morane" d'Henri Vernes, les contes noirs de Thomas Owen, Jean Ray et Claude Seignolle, et la découverte du "Frankenstein ou le Prométhée moderne" de Mary W. Shelley... Oui, cette fabuleuse (désormais légendaire) collection "Fantastique" des éditions marabout, made in Belgia ! Saviez-vous qu'y figurait "Aurélia" d'un certain Gérard de Nerval ? Ou alors l'ai-je rêvé ? Possible, après tout...



Et puis - comme après la découverte de certaines nouvelles ("Dagon"), de certains titres ("La couleur tombée du ciel") ou de tels ou tels récits totalement oniriques ("Démons et merveilles") du "marginal" Howard-Philip Lovecraft - cette impression de malaise tenace qu'il nous laisse...



Je me souviens d'une impression similaire laissée par la "Nadja" illustrée d'André Breton : à la fois rêve éveillé et nette sensation de modification de l'état de conscience du lecteur rêvassant au fil des pages...



Je retrouve aujourd'hui la même impression dans la juxtaposition des 35 photographies noir-et-blanc (au temps de pose infini) et des XV chapitres de "Bruges-la-Morte" de Georges Rodenbach...



Pourtant l'histoire du narrateur (et celle de l'auteur nous apparaissant en filigrane, se perdant peu à peu dans les labyrinthes de ses graves troubles mentaux) est tragique, terrifiante et sans issue...



Une sorte de "Horla" intime dictée par les complications neuropsychiques de l'alcoolisme de l'écrivain en lieu et place de la syphilis tertiaire qui vint à bout de la silhouette de taureau de Guy de Maupassant... Nous retenons pourtant les impressions lunaires... la silhouette féminine qui fuit lorsqu'on l'approche (annonçant l'apparition/disparition nosfératuesque de la jeune femme de "Bruges-la-morte" de Rodenbach : double de sa "Disparue").



Poétique du récit : vie et mort en fusion intime... Matière qui simplement s'échappe et n'existe plus... Car : exister pour quoi faire, et à quoi bon ?



"Le rêve est une seconde vie" : et cela tombe bien... Car le réel est double, lui aussi, tout comme nos existences précaires. le réel est surtout si "individuel" (Voir ce qu'en a appris l'écrivain Philip K. Dick) : des milliards de "réels" tentent de cohabiter vaille que vaille à cette heure-ci, à la surface de la Terre...



On sait que Gérard Labrunie "de Nerval" n'a pu survivre à son "Aurélia"... Terminus et oeuvre ultime... Chef d'oeuvre. Un peu comme si "L'Autre Monde", tel un gouffre, s'ouvrait déjà sous nos pieds - ailés mais fragiles - de lecteurs ordinaires...
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
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Sylvie

Fut une époque où tout le monde ou presque avait lu ce charmant petit livre plein de nostalgie. Aujourd'hui, bien qu'un peu passé de mode, il reste largement connu et étudié. Nerval y exprime toute sa douceur, sa nostalgie, ses regrets tardifs. Un soir, au sortir d'un théâtre, dans le tumulte et le bruit de Paris, une envie irrépressible le prend de revoir le pays de son enfance. Sur le champ il se met en route, quitte à voyager toute la nuit… Là-bas l'attendent Sylvie, son amie d'enfance, et également le souvenir d'Adrienne, son premier amour.



Nerval chante la beauté des campagnes, ignorant l'industrialisation naissante. Dans ses vieilles forêts moussues, ses paisibles villages, tout est beau, aimable et paisible. Et cependant il n'y est pas véritablement heureux. Il sent ce monde disparaître lentement, il se remémore son enfance, et il voit que tout change et vieillit autours de lui – sauf son âme.



Il est indiciblement lié à ces lieux. Son coeur est ici. Son amour pour lui se confond avec sa passion – romancée – pour Adrienne, et son attirance – réelle – pour Sylvie, avec qui il aurait pu couler des jours heureux, s'il avait pu comprendre à temps ses propres sentiments. C'est pour cela, peut-être, que le fait de les avoir perdues l'une comme l'autre ne lui pèse pas temps. Il les englobe dans son amour d'enfant pour ce pays qu'il est en train de perdre lui aussi, mais lentement, bribe par bribe.



Il est dur d'aimer passionnément un endroit loin duquel on est contraint de vivre. A chaque retour se mélange la joie de retrouver les lieux, et la tristesse de voir ses souvenirs d'enfants s'y diluer, ses paysages changer, ses villages mourir, les gens qu'on y a connu disparaître... Nerval, du haut de son immense culture et de son raffinement, ne peut dépasser cette nostalgie, et reste piégé dans ses souvenirs. Malheur à celui qui a trop aimé le pays de son enfance...
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Sylvie

Je n’avais encore rien lu de Gérard de Nerval. c’est chose faite avec Sylvie !

Ce très court ouvrage nous permet d’apprécier la belle plume de cet écrivain : il y a une poésie, une résonance à la lecture des mots, si bien choisis, que rien que pour cela, c’est un régal. Voilà pour la forme.



En ce qui concerne le fond, je n'ai pas accroché plus que cela. Je ne sais pourquoi, mais, à le lire, c'était comme si je ne savais plus m’investir avec un œil neuf, une insouciance et une envie de découverte, face à cette histoire classique, qui en rappelle tant d'autres. c’est terrible. Et je le regrette. Mais les états d’âme de ce jeune parisien, dilapidant la fortune familiale, « aux tavernes et aux filles », qui, un soir de grand désœuvrement (parce que, pour lui aussi, « la vie c’est pas du gâteau ! »), réalise qu’il a laissé filé son (ses) amour(s) de jeunesse, et qui se précipite, de nuit, à leur rencontre pour essayer de sauver des eaux ce qui pourrait éventuellement l’être, m’ont laissé de marbre.



Heureusement, cela n’a entamé en rien le plaisir ressentit face à cette beauté enivrante des mots, qui suspendent le temps et se déroulent en douceur dans une lecture fluide et agréable, et qui vaut à elle seule, le temps passé à s’attarder entre les pages de ce court récit.



J'ai beaucoup aimé par contre, le dernier chapitre et ses réflexions sur la poésie qui émane des chansons et histoires populaires des temps anciens, qui égale tout autant celle plus classique qui tient salon mais qui malheureusement tombe dans l'oubli ou l'indifférence, faute de préciosité.
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Le mythe d'Hiram et l'initiation de Maître Ma..

Dans "Le voyage en Orient" une partie est consacrée à la légende d'Hiram, laquelle a été développée à partir de sources bibliques dans la symbolique Maçonnique. Gérard de Nerval découvre cette légende racontée par un conteur dans un café d'Istanbul. Nous sommes dans un Orient quelque peu fantasmé et le texte de Nerval tient à la fois de l'initiation et du drame romantique. C'est à Hiram (transformé ici en Adoniram) que Salomon confie la construction de son temple. Le chantier est gigantesque. Adoniram a tout du génie romantique : l'orgueil démesuré, une âme tourmentée, le sentiment de vivre une époque de décadence, les connaissances profondes... C'est lui que choisira la reine de Saba lors de sa visite au roi Salomon à Jérusalem. Adoniram suscite la jalousie et ses secrets, la convoitise. Son meurtre rituel qui apparaît dans la Franc-maçonnerie imite celui d'Osiris dans l'Égypte ancienne.
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Sylvie

Curieuse de tout et n'ayant jamais rien lu de Gérard de Nerval jusqu'à présent, j'ai décide de combler un peu mes lacunes en matière de littérature française avec ce petit ouvrage. Le narrateur est un jeune homme qui a passé toute son enfance en Province avant de s'exiler pour Paris. Au cours de son enfance et adolescence, il aura pour amoureuse une jeune fille de village prénommée Sylvie jusqu'à ce qu'il découvre la elle Adrienne, une chanteuse d'opéra et qui représentait alors pou lui son idéal féminin. Ce n'est que bien des années plus tard, après son retour de Paris et des autres villes dans lesquelles il a voyagé et croyant à nouveau avoir trouvé l'amour auprès de la jeune et belle actrice de théâtre, Aurélie, que le narrateur se rendra compte qu'en réalité il n'a connu que deux fois le véritable amour dans sa vie, Adrienne qui représentait la Perfection et la Gloire et Sylvie qui aurait pu devenir pour lui la réalité et une épouse aimante et attentionnée.



Un court ouvrage sur les amours d'un jeune citadin, qui, bien qu'ayant beaucoup voyagé, en reviendra toujours à son village, celui de son oncle et celui qui l'a vu grandir. La morale de ce dernier est de savoir reconnaître un trésor lorsqu'on l'a auprès de soi et non pas bien plus tard, car celui-ci, finira tôt ou tard par s'envoler vers d'autres réalités plus concrètes !

Un ouvrage très bien écrit, avec un langage un peu vieillot et dépassé de nos jours, il faut bien l'avouer mais qui se laisse lire en un rien de temps. A découvrir !
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Le harem

Ne me demandez pas ce qui m'a motivée à écouter ce livre audio lors d'un après-midi cocooning à la maison.

Etait-ce l'étiquette "Récit de voyage" qui m'a attirée ?

Ou est-ce Gérard de Nerval qui de son lointain 19ème siècle m'a appelée pour qu'enfin je lise ses écrits ?

Etait-ce la courte durée de la lecture du texte qui a fini par me convaincre ?

Ou la joie de ma première expérience de livre audio qui m'a incitée à recommencer ?

Un peu tout cela à la fois, je suppose.

Les classiques, les livres d'auteurs des siècles antérieurs au 20ème siècle m'ont toujours fait un peu peur. Certainement à cause de mes préjugés liés à une potentielle difficulté de compréhension ou d'un effort trop grand à fournir pour comprendre les intentions de l'auteur.

Eh bien, je suis en train de corriger le tir.



Le harem de Gérard de Nerval m'a happée. Sans aucun effort, je me suis plongée dans les ruelles du Caire et de l'Empire ottoman. J'ai râlé lors du récit des moeurs effrayantes liées au marchandage d'esclaves de l'époque. Mais j'ai également été ravie de découvrir nombre de détails que je ne connaissais pas liés à la condition d'esclave ou d'épouse. Je pensais les femmes totalement soumises aux hommes pourtant nombreux étaient leurs droits, dans l'esclavage comme dans le mariage.

(Bon, c'est vrai, on est encore loin des droits fondamentaux revendiqués en 2021, si peu respectés encore dans de nombreuses régions du monde).



Les constats De Nerval sont simples et retracent la réalité d'un monde si différent de l'occident. Il n'hésite pas à raconter ses erreurs d'inculturation et ses tentatives pour comprendre le monde oriental de l'intérieur.

Je me suis sentie totalement à l'aise à ses côtés. J'aurais certainement commis les mêmes erreurs.



Le harem est un récit passionnant qui me donne envie de connaître l'ensemble de l'oeuvre De Nerval : Voyage en Orient.

Vous rêvez de dépaysement ? N'hésitez plus !
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Aurélia

Je ne connaissais Gérard de Nerval que de nom mais n'avais jamais eu l'occasion de lire l'une de ses oeuvres.



On reconnait tout de suite le courant littéraire auquel appartient l'auteur : la plume est on ne peut plus romantique. Gérard de Nerval dépeint dans cette nouvelle les visions fantastiques qui l'assaillaient lorsqu'il sombrait dans la folie. C'est très poétique mais empreint d'une profonde souffrance.



L'ensemble est forcément décousu puisqu'il est difficile de trouver du sens aux rêves de l'auteur. Il n'y a pas vraiment de fil narratif, l'auteur ayant seulement souhaité partager son expérience.



C'est d'ailleurs à mon sens tout l'intérêt de cette nouvelle, puisqu'elle se base sur ce que Gérard de Nerval a réellement vécu. Elle nous permet de plonger dans son état psychique, de partager sa façon de percevoir le monde et les êtres, de comprendre sa folie.



J'ai beaucoup aimé sa plume mais la nouvelle m'a laissée sur ma faim. J'y ai cherché du sens et n'en ai pas trouvé, ça m'a décontenancée. Mais Aurélia m'aura donné l'envie de découvrir une autre oeuvre de Gérard de Nerval.



PS : je regrette que l'éditeur (Livre de poche - libretti) n'ait pas laissé le lecteur s'approprier la nouvelle, en découvrir le sens, la saveur. Les notes sont presque plus nombreuses que le texte et j'ai horreur de ça. J'ai beau me dire "ne regarde pas la note", le renvoi casse ma lecture et me rassoit dans mon siège. Impossible de savourer les mots. Est-il bien utile pour la compréhension du texte de savoir que telle rue a changé de nom, que tel ami de l'auteur habitait effectivement dans cette rue etc... ? Pour moi, la réponse est clairement non.
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Aurélia

Aurélia est d’abord un projet clinique. Gérard de Nerval, ravi des séjours qu’il passait à la clinique du Docteur Blanche (il appelait ce lieu le « Paradis ») avait décidé de faire une étude de ses rêves et visions qu’il adresserait au clinicien pour le remercier. Le projet prit ensuite la tournure plus littéraire qu’on lui connaît.





L’écriture de la nouvelle se justifie donc par des fondements très personnels et son objectif clinique initial est de reproduire le processus de « l'épanchement du songe dans la vie réelle ». L’histoire autour d’Aurélia s’inspire de la vie de Gérard de Nerval, de son amour impossible pour Jenny Colon, de sa rencontre avec Marie Pleyel et de la réunion fortuite des deux femmes à Bruxelles. Evoquant la mort d’Aurélia, il en vient à évoquer la mort de sa mère. Ces éléments contaminent le rêve, qui se diffuse à son tour dans la vie. Finalement, ce n’est pas la confusion entre le rêve et la réalité qui trouble le plus, mais la question de savoir si le rêve est une forme de pré-conscience capable d’enrichir la compréhension des événements qui sont perçus par la conscience en éveil. Gérard de Nerval exprime naturellement le potentiel initiatique du rêve lorsqu’il éblouit de l’intérieur. Le rêve a une valeur initiatique : il fait vivre ce que la conscience éveillée n’a jamais eu l’honneur de connaître, il donne la certitude absolue de l’existence d’un autre niveau de réalité.





A ce point-là du récit, Gérard de Nerval délaisse Aurélia –sa justification individuelle- pour faire la rencontre avec l’archétype, qu’il nomme parfois Âme, ou Esprit, et qui surplombe ses visions oniriques, créateur de ces nuits éternelles où les lunes se succèdent à une allure infinie, où le fluide métallique parcoure les terres pour l’inonder de sa symbolique alchimique. Gérard de Nerval devient ce nouveau monde. Les barrières entre son individu et le reste de l’univers deviennent poreuses –les personnes qui contempleraient de l’extérieur cette fusion de l’homme au monde ont toutes les raisons de sentir que quelque chose leur échappe. Gérard de Nerval préfigurerait ainsi le cas clinique de la schizophrénie –mais on sent que ce n’est pas que cela, et que la nosologie clinique pâtit d’une trop grande modestie pour s’appliquer correctement à tous les cas qui dévient de l’ordinaire.





« Tout vit, tout agit, tout se correspond ; les rayons magnétiques émanés de moi-même et des autres traversent sans obstacle la chaîne infinie des choses créées ; c'est un réseau transparent qui couvre le monde, et dont les fils déliés se communiquent de proche en proche aux planètes et aux étoiles. »





Gérard de Nerval a-t-il été prophète sans le savoir ? René Daumal lui voue une admiration éperdue dans un essai écrit en son honneur (« Gérard de Nerval le nyctalope »). Il relie cette nouvelle au Livre des morts égyptien, aux livres sacrés de l’Inde, au Zohar ou à l’occultisme pour sa science du rêve. Les visions de l’espace astral le renvoient aux nadis hindous ; le point de la nuque sur lequel il applique son talisman correspondrait au trou de Brahma ; et le totémisme primitif serait honoré par le rappel du royaume souterrain, par le thème du double prophétique et par la réapparition des aïeux défunts dans le corps d’un animal. Qu’on n’aille pas croire cependant que Gérard de Nerval ne serait qu’un ennuyeux professeur de la Science universelle. On préfère croire qu’il n’était même pas conscient des implications symboliques de ses rêves et visions, mais elles lui apparaissaient spontanément et sans effort, sous un aspect purement charismatique. Et si ce n’est pas seulement le cas, alors Gérard de Nerval a su se retirer humblement pour transmettre cette richesse symbolique sans vouloir faire croire qu’il en est le créateur.





On peut lire Aurélia pour son histoire mais celle-ci est tellement décousue (la deuxième partie est de reconstruction posthume) qu’il ne faut pas lui chercher beaucoup de cohérence factuelle. On peut lire Aurélia pour la beauté de la langue appliquée à la description d’épisodes qui se passent ailleurs –ni sur ce monde, ni sur un autre mais AILLEURS. On sera alors charmés juste ce qu’il faut pour ne pas jeter Gérard de Nerval aux oubliettes. Mais on peut aussi lire Aurélia dans l’espoir de trouver, transfigurée, une expérience de vision ou de rêve qu’on n’avait jusqu’alors pas su expliquer avec autant de simplicité et d’évidence que ne le fait ici Gérard de Nerval.
Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Aurélia

Je sors perplexe de cette lecture... Sans doute n'étais-je pas au diapason, l'esprit pas préparé, ouvert à ce voyage hallucinatoire!

Ado, j'avais aimé des livres comme Les Chants de Maldoror et les poèmes très mystiques des Romantiques, mais je pense qu'aujourd'hui, s'il n'y a pas de trame un peu plus précise, je ne parviens pas à m'accrocher... ou non justement, à me laisser aller!



Plongeant dans la folie, Gérard de Nerval, pour se soigner, écrit ses rêves et ses visions. Grand érudit, il rencontre dans ces pérégrinations cauchemardesques différentes figures mythologiques et la figure entêtante d'Aurélia, qu'il a aimé jadis; Le récit est entrecoupé de moments où il émerge de nouveau dans le monde réel, mais la folie le regagne à chaque fois.

Le fil est difficile à suivre dans le sens où au lieu d'avancer, on a plutôt la sensation de baigner dans un univers mystique où présent, passé futur, vie et mort se confondent...



Dans cette édition, Aurélia est suivi de Pandora, une histoire courte nous transportant cette-fois-ci à Vienne à la Saint-Sylvestre, Le narrateur est fou de désir pour Pandora, une comédienne qui se joue de lui.

Encore une fois, je n'ai pas réussi à entrer dans le récit, bien qu'elle soit courte et plus simple que la précédente.

A croire que le monde de Nerval et le mien ne partagent pas la même culture...

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Les Chimères

J'ai été subjuguée par la musique des mots ainsi que par le rythme.
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Sylvie

Vouant un culte au XIXème et aux romantiques, cela faisait de longues années que je devais lire Gérard de Nerval. Depuis un cours impressionnant sur son oeuvre, ses obsessions, sa folie, Aurélia, la maison de santé, le suicide mystérieux... Je teste enfin avec Sylvie, et mon impression est mitigée, mon attente est trompée, même s'il ne s'agit peut-être pas d'un écrit absolument représentatif de la production de l'auteur.



Nerval, un peu comme Rimbaud, fait partie de ces auteurs qui ont tellement l'étiquette du marginal qu'ils sont lus par n'importe quel ado rebelle qui s'identifie à leur ostracisme. Mais avec tout le mythe autour de son culte d'Aurélia et de sa mort, je m'attendais à un hyper-romantisme, une exaltation de tous les instants. On ne peut pas dire que Sylvie nous offre ça. Très court récit pastoral, où le narrateur, désormais à Paris, retourne dans la campagne valoise de son enfance et vers son premier amour, ce texte nous livre quelque chose qu'on attendait pas... Du Proust, soixante ans avant l'heure!! Car oui, Nerval et Sylvie sont une influence majeure de Marcel pour sa saga légendaire, et le phénomène de remémoration soudaine au gré d'une lecture ou d'un voyage, est le coeur de la première moitié de Sylvie! L'énumération de pâtelins aux noms bien franchouillards provoque aussi un écho aux lieux récurrents et chers à Marcel.



On est donc un peu dérouté, ballotant entre Rousseau et Proust, et pas vraiment dans la lecture d'un texte passionné du XIXème. Rousseau, très présent, finit par être dézingué lorsque le narrateur perd ses illusions, réalisant que la campagne n'est que restes d'un passé disparu, infidèle aux souvenirs et à l'idéalisation, et surtout avec le personnage du Père Dodu qui ridiculise Jean-Jacques. L'écriture elle-même est datée. Malgré quelques visions fulgurantes du narrateur, on est loin des transports propres à cette époque et à ce courant, sur le plan littéraire.



Je lirai Aurélia un jour, pour vérifier mon ressenti, mais pour l'instant, je ne fais pas partie des inconditionnels de Gérard de Nerval (même si j'ai adoré sa traduction de Faust!), mais c'est une histoire de goût. Tout au long de la lecture, on est vraiment plus du côté de l'idôle adoptée par Proust, et d'un bilan en demi-teinte sur Rousseau lors d'un retour à la campagne, que du côté du romantisme enflammé d'Hugo, Baudelaire (qui ne s'y associait pourtant pas!), Musset, Vigny... Et j'ai appris à respecter Marcel, mais reste que ce n'est pas ma tasse de thé ni quelque chose que je lis avec passion.
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Aurélia

Les livres de G.Nerval, qui apparaissent comme des essais, revêtent surtout un aspect expérimental. Il est continuellement en quête d'un savoir qui se dérobe.

C'est ce qui explique, peut-être, la démarche qu'il utilise dans Aurélia : il s'agit pour lui de recueillir avec soin les différents éléments oniriques, de les analyser, et de les interpréter ensuite.

Quelle est donc la substantifique moelle de ce roman ?

Ici, le narrateur est en quête d'identité : Nerval tente de reconstruire l'unité de son moi fragmenté entre le passé et le présent, mais aussi, entre la réalité et le rêve dont il est (surtout) question dans ce livre.

Justement, dans cette œuvre, Nerval véhicule une conception de la femme reposant sur l'absolu. De même qu'il tente de trouver son unité, il tente de réduire à l'unité les multiples visages de l'idéal (de son idéal) féminin.

Et ces deux unités sont, par voie de conséquence, complémentaires ! Elles constituent le couple « narrateur-destin ».

Dans Aurélia cette fusion est visible. L'étoile Aurélia est le « destin-narrateur ». Elle est la figure de l'image insaisissable d'un amour absolu. Tel Orphée, le poète tente d'arracher Aurélia à la mort en descendant aux Enfers.

C'est là la dernière étape et démarche de reconstruction de l'unité qui établit cette fois des liens entre la vie et l'au-delà.

Par extension, n'est-ce pas là une preuve de l'union intime entre l’œuvre et la vie de Gérard de Nerval, entre la fiction et la réalité, ou encore entre le rêve et la vie ?
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Les Chimères

Une œuvre poétique de quelques pages et pourtant l'un des titres majeurs de la littérature romantique - mais d'un romantisme éloigné des poncifs habituels et larmoyants auxquels on associe trop généralement cette école artistique.

Dans ce très mince recueil composé de douze sonnets en alexandrins se révèle (et se cache) toute l'âme de Nerval: sonnets éminemment ésotériques où le poète mêle références alchimiques, mythes païens, mysticisme chrétien et imageries personnelles dans une langue fluide et harmonieuse. Ce que l'on a appelé le "syncrétisme nervalien" atteint ici sa plus haute forme d'expression. Chaque poème est donc susceptible d'une grande variété d'interprétations, Nerval lui-même ayant affirmé qu'il était vain de vouloir en trouver UNE explication définitive et étroitement rationnelle...

Son univers mental, en effet, se refuse à séparer le "rêve" et le "réel" (ou soi-disant tel): le "rêve" est peut-être même, d'ailleurs, une façon d'appréhender plus profondément le "réel" - lequel ne nous fait vivre qu'à la surface des choses. Cette idée fondamentale innerve toute son œuvre, notamment "Les Filles du feu" et "Aurélia".



Baudelaire, les Symbolistes et, plus tard, les Surréalistes reconnaîtront ce qu'ils lui doivent.

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Les Filles du feu - Les Chimères

Des « filles de feu » on retient en général « Sylvie » ; mais c’est d’une autre nouvelle que je veux vous parler, « Angélique », véritable objet littéraire non identifié.

Il s’agit d’une nouvelle épistolaire où nous suivons le narrateur-écrivain en quête d’un livre introuvable, sujet d’un de ses articles, tandis que plane sur lui la menace de la censure de l’amendement Riancey : «L’amendement Riancey plaçait les écrivains dans l’obligation de ne plus rien imaginer, puisque l’administration menaçait de sanctionner les journaux qui publiaient des romans, lesquels s’éloignent de l’analyse historique et du compte rendu de faits matériellement vrais. » (Michel Brix)



Mais comme toutes les véritables quêtes (et peut-être la littérature), celle-ci est déceptive ; très vite nous nous égarons, de digressions en récits enchâssés, dans une errance aussi charmante que déstabilisante qui constitue finalement le véritable but du récit ; ce faisant, bien entendu, le récit s’écrit malgré et contre la censure, affirmant avec malice les pouvoirs du romanesque et plus généralement de la littérature.



Il y a du Sterne dans cette nouvelle, et déjà du Perec et du Borges («Comme tous les hommes de la Bibliothèque, j'ai voyagé dans ma jeunesse ; j'ai effectué des pèlerinages à la recherche d'un livre et peut-être du catalogue des catalogues » ; Borges, « La bibliothèque de Babel »).

Il y a surtout une déclaration d’amour à la fiction, au livre, à la liberté absolue du récit. Je vous incite vivement à lire cette nouvelle pour vous y perdre comme moi avec le sourire, et en compagnie de Nerval, qui vous prévient : « Ces jeunes filles fallacieuses nous firent faire une route bien étrange » (Angélique)…

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Sylvie

Gérard de Nerval a choisi le doux prénom de "Sylvie" pour intituler sa nouvelle parue dans la Revue des deux mondes en 1853. Elle sera ajoutée au recueil Les filles du feu en 1854.

Sylvie est une jeune campagnarde que le narrateur a connue dans son enfance et dont il était amoureux, éblouit par sa vivacité et sa fraîcheur. C'était l'époque du pays de Valois où Gérard de Nerval a été élevé par sa nourrice. Parce qu'il est certain que cette nouvelle est autobiographique.

C'est pourtant la belle Adrienne qu'il va embrasser avant qu'elle ne retourne au couvent où elle est pensionnaire. Cette absence lui laissera des souvenirs fantasmés.

Plus tard, c'est le même souvenir de l'amour idéalisé et sans espoir qu'il vivra avec Aurélie, actrice de théâtre. Cela le ramènera vers Sylvie, bien réelle, qu'il va vouloir épouser alors qu'elle en a choisi un autre.

J'ai adoré le style poétique de cette nouvelle qui exprime le désenchantement d'un homme incapable de nouer une relation durable avec une femme, préférant toujours rejoindre ses chimères.

La belle écriture de Gérard de Nerval le classe inévitablement dans les grands romantiques français.





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Aurélia

Une courte lecture mais plutôt dense et très étrange, où le rêve se mêle à la réalité, ou peut-être est-ce l'inverse ? Toujours est-il que malgré ses 90pages, c'est une lecture qui ne vous laisse pas indifférent et dont on ressort un peu perdu, du moins pour ma part.

Dans cet univers onirique, ou hallucinatoire, Nerval nous explique que le monde des rêves n'est pas un monde de notre imagination mais qu'il existe bel et bien, et que nous pouvons y accéder par un état de veille. On y rencontre alors tous les êtres connus et perdus, mêmes ceux encore bien vivants et mêmes des inconnus et rien ne les distinguent...Nerval semble lui même perdu dans cet univers mais comprend simplement que c'est grâce à lui qu'il arrive à vivre dans le monde des vivants, car persuadé que la mort, et donc le rêve, lui permettra de retrouver tout ce qui lui est cher. C'est assez complexe et il faut suivre l'auteur dans ses réflexions, j'ai, pour ma part, décroché pas mal de fois et dû recommencer la lecture de quelques paragraphes tant les propos qu'il tient peuvent être parfois étranges, voire incompréhensibles. Mais les idées qu'il nous livre ici sont intéressantes et l'idée que le monde des rêves est en fait celui qui nous attend après notre mort pourrait en enchanter plus d'un, ou pas...



Je ressors donc un peu perdue mais pas du tout déçue par cette lecture, plutôt étonnée car je ne m'attendais pas vraiment à ça. Je pense qu'une relecture sera nécessaire pour vraiment comprendre tout ce que l'auteur nous livre et je m'y replongerai à nouveau avec plaisir car c'est un univers fascinant que Gérard de Nerval nous propose ici, le tout écrit avec une magnifique plume.
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Le harem

Ce recueil rassemble deux extraits de Voyage en Orient. L'épisode du "Harem" se déroule pendant le séjour de Nerval au Caire: au programme l'incontournable barrière de la langue ( Nerval a fait l'acquisition d'une esclave ne parlant que l'arabe) , les mystères du harem, le secret des grandes pyramides d'Egypte... Son périple le conduira ensuite au Liban .... et nous permet de nous régaler avec l'Histoire du Calife Hakem.

Une belle écriture, empreinte de rêve et de de nostalgie, et moins douloureuse que dans d'autres écrits . J'ai beaucoup aimé .
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Les Chimères

On ne fait pas dans le grand poème épique, avec Gérard de Nerval ! On est bien loin d'Hugo et beaucoup plus proche d'Apollinaire. Ce qui n'empêche pas l'œuvre de Nerval, d'être des plus intéressantes : un vers original, évocateur et bien cadencé. Dans ce court recueil, Nerval s'impose comme une figure un peu à part dans le monde de la poésie. Et une figure très intéressante…
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