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Critiques de Herman Melville (524)
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Taïpi

Prisonnier privilégié des Taïpis.

Naviguant depuis plusieurs mois sur les eaux du Pacifique, la baleinière la "Dolly" fait relâche devant l'île de Nuku Hiva aux Marquises, archipel le plus septentrional de l'actuelle Polynésie française.

Parmi son équipage se trouve le jeune Melville, auteur futur du célèbre "Moby Dick". Exténué par les conditions effroyables en cours sur ce type d'embarcation, il décide de s'enfuir avec un compagnon d'infortune sur l'île, en partie méconnue. Après une traversée périlleuse dans des paysages époustouflants de montagnes, de forêts et de cascades primitives, les deux compères aboutissent dans la vallée de Taïpi, sensée abriter un peuple aux mœurs guerrières...et cannibales!

Retenus, plus que prisonniers, le séjour va leur être des plus doux et agréable. Notre jeune Melville, désormais appelé "Tommo", immergé dans cette société finalement des plus paisible, à l'encontre des plus mauvaises rumeurs, va être l'observateur heureux des particularités de ce peuple.

S'ensuivent des descriptions riches sur les rites, les relations sociales, le quotidien d'une population vivant à son rythme, exempte d'Etat, où l'argent n'existe pas et les liens unissant toutes les catégories sont des plus purs.

Un magnifique témoignage sur une civilisation qui, au milieu du XIXème siècle, est en sursis et sera bientôt ravagée et corrompue par la nôtre.

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Bartleby le scribe (BD)

José-Luis Munuera s’attaque en solo à un immense défi : adapter la mythique nouvelle de Herman Melville.. Bartleby, le scribe sans doute moins célèbre que son Moby Dick mais qui a fait quand même beaucoup couler d'encre.



Homme étrange et texte troublant que ce "Bartleby, le scribe" : Melville proposait un texte court, et qui pourtant emmène le lecteur dans une lecture riche de de sensations.De la première impression de liberté de Bartleby, triste témoin d'une humanité où le capital prévaut sur la morale !José-Luis Munuera réussit pleinement à donner à ce jeune homme le visage de l’énigme absolue et rend terriblement palpable la détresse de l'homme qui dit non, opposée à la prison où l'on finit par l'enfermer dans sa solitude.



Aucune arrogance, pas de révolte, une sorte de courtoisie, une fragilité obstinée, une certaine mélancolie et, peut-être, un désespoir sourd.



On a aimé :



la justesse des personnages,

l’atmosphère des scènes de rue,

la délicatesse d’une langue châtiée, la légèreté de l’humour inhérent à une situation incongrue,

la beauté de New York sous la pluie ou sous la neige.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Bartleby

Une énigme de Melville que ce Bartleby, autre que Moby Dick.

Nous sommes à New York, à Wall Street, dans un bureau, pour une étude de caractères. Le narrateur, l'employeur, cet être sans nom, innommable, aime bien coller des étiquettes sur ses employés de bureaux, qui se retrouvent sans nom, affublés de surnoms qu'ils sont : Turkey (Dindon), Nippers ( Lagrinche), Ginger Nuts (Gimgembre). Melville, il a beaucoup d'humour, oui, et j'ai bien ri de ces caricatures d'employés, hautement ridicules, qui ne travaillent correctement qu'à mi-temps, étant selon le moment de la journée, si c'est le matin ou l'après-midi, agressifs, irrespectueux du matériel, à foutre des taches sur les documents, irrespectueux de leurs tâches, et du patron mais le patron les garde parce qu'ils sont, comme je le disais – tour à tour, selon le moment de la journée, si c'est le matin ou l'après-midi, employés modèles, en alternance.

Et puis, Bartleby apparaît : c'est le moment de l'apparition d'un homme, si c'est un homme, qui passe tout son temps au bureau, et il copie, il copie, mécaniquement, et il s'efface. Bartleby, on l'installe derrière un paravent, mais il a une fenêtre – qui donne sur un de ces murs de Wall Street ( qu'on imagine sans mal d'un gigantisme incroyable, démesuré). Bartleby, il le regardera ce mur, face à face – étant face au mur -

Et puis, c'est le drame, Bartleby fait de la résistance passive.

Si on se met dans la peau du narrateur de cette nouvelle, je crois qu'on dirait au jour d'aujourd'hui que Bartleby est le type même du passif-agressif, parce que ce personnage agresse, surtout son employeur, par sa passivité même. Il le dit "inoffensif" et pourtant, même si Bartleby est doux comme un agneau, il résiste. Ce personnage de Melville, Bartleby, a vivement intéressé les philosophes du XXème siècle, qui voient dans cette résistance passive une stratégie de pouvoir, qui se dresse face au système. La stratégie de Bartleby c'est son absence (le narrateur le voit comme un cadavre ambulant) mais il se rend omniprésent, dès lors qu'il décide (s'il décide) d'occuper les lieux. Il s'enferme dans les bureaux, il y dort. Une absence et une présence : tout un paradoxe, parce qu'il se dresse contre l'opinion, contre le sens commun qui veut que l'employé accomplisse ses tâches, et qu'il rentre chez lui, et qu'il revienne le lendemain, selon une mécanique bien huilée, une routine, mais il se dresse aussi contre les opinions toutes faites du narrateur qui a la passion de brosser les caractères mais Bartleby, il n'arrive pas à le comprendre, lui. Il voit Bartleby comme un être anormal et même, paranormal. Tout ça parce que Bartleby, du jour au lendemain, sort sa formule, imparable : "I would prefer not to" – Je (ne) préfèrerais pas [faire-être]. Son non-consentement aux normes, aux ordres de son employeur qui lui demande de bien vouloir vérifier l'exactitude de ses copies (ce qui impliquerait, s'il y a une erreur, de détruire la copie) fait qu'il résiste, par son inertie parce qu'il dit non sans dire non, par une formule de politesse que la norme exige (avec un conditionnel poli, qui présuppose qu'il n'approuve pas ce qu'on attend de lui, qui pose son choix sans choisir, parce qu'il s'abstient. Quand il insiste, exit le conditionnel). Bartleby, je ne sais pas si c'est l'expression du libre-arbitre, parce qu'il ne dit rien ou pas grand chose, il ne fait rien, il refuse même le libre-arbitre par son expression même alors oui, c'est paradoxal.

Bartleby ne demande rien. Ce n'est pas lui qui pose les questions dans l'histoire (alors même qu'il est au centre de la grande question). C'est l'employeur, qui demande à Bartleby de bien vouloir lui répondre. L'employeur, il s'approprie la forme interrogative. Bartleby, c'est l'incarnation d'une affirmation ( ne serait-ce que par la ponctuation), parce qu'il répond quand même de manière catégorique, "point-blank".



"At present I prefer to give no answer."

"At present I would prefer not to be a little reasonnable."
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Moby Dick

En temps normal, Ishmael est plutôt un terrien - c'est là qu'il gagne sa vie, en tout cas. Mais comme tant d'entre nous, il est pris souvent par des accès d'humeur noire, de ceux qui peuvent conduire les hommes au pire. Son remède à la mélancolie, au dégoût, il l'a trouvé dans l'infini de l'océan, sur lequel il embarque régulièrement comme simple matelot pour de longues traversées. Fasciné par la baleine, ce monstre somptueux qu'on croirait sorti droit de l'Ancien Testament, il décide un beau jour (ou était-ce le destin ?) de s'engager à Nantuckett sur un navire de pêche au cachalot.

Le capitaine de ce navire met bien longtemps à sortir de sa cabine où il s'est d'abord retranché, malade à ce qu'on dit. Mais lorsqu'il apparaît enfin, tout le pont tremble sous le choc du pilon d'ivoire qui lui tient lieu de jambe. Tout l'équipage est comme subjugué par son regard où couve la flamme des grandes monomanies, l'éclat contagieux d'une toute puissante volonté. Ce qui motive le capitaine Achab n'est pas le butin habituel des chasseurs de cachalot, les litres d'huile et le précieux spermacetti, non, c'est la vengeance. La vengeance sur ce grand cachalot blanc aussi malin, aussi mauvais qu'un homme, puissant comme une montagne, qui a vaincu tous ses adversaires et emporté au fond des abîmes la jambe d'Achab.

Commence alors une longue quête qui mènera le Péquod et son équipage à l'autre bout du monde, vers un but démesuré où se reflète l'orgueil fou de l'homme poussé jusqu'à l'instinct d'autodestruction.



Rarement j'ai commencé un livre avec autant d'enthousiasme pour me laisser gagner ensuite par autant de lassitude, voire de franche exaspération. Le début, qui évoque superbement le pouvoir d'attraction de la mer, dresse un portrait coloré, plein de vie et de verdeur, de l'univers des chasseurs de baleine, est formidable. La rencontre dans un lit d'auberge entre le narrateur et Quiequeg, authentique sauvage du Pacifique au visage tatoué et aux dents limées en pointe, est un véritable moment d'anthologie, drôle, savoureux, intelligent, où l'auteur révèle sur les autres peuples du monde une ouverture d'esprit assez rare pour son temps. Et puis petit à petit, les briques commencent à s'acumuler. Passent encore plutôt bien à mon goût les descriptions très précises des techniques de pêche au cachalot, qui alourdissent peut-être un peu le rythme du récit mais m'ont intéressée, comme tous les détails de l'organisation de la vie en mer. Passent en revanche de plus en plus mal les interminables considérations philosophico-scientifiques sur la grandeur du cétacé, ses différents représentants, son histoire symbolique et littéraire depuis la Bible et la suprêmatie formidable du cachalot. Pas que le fond soit inintéressant, cette véritable anthologie de la baleine est d'une richesse impressionnante, mais la forme est lourde, péniblement emphatique et redondante, comme finit d'ailleurs par le devenir toute l'histoire au bout de quelques centaines de pages, surchargée encore à mes yeux par ses perpétuelles références (thématiques et stylistiques) à l'Ancien Testament, que je connais mal et dont le ton m'agace beaucoup plus qu'il ne me parle.

Cette démesure emphatique de la forme, l'auteur s'en revendique, il est à la mesure de son sujet. Ah oui, mais c'est qu'un cachalot, c'est d'une grandeur fascinante lorsque ça glisse entre deux eaux - mais essayez de vous le faire glisser dans le gosier, ça devient un plat de résistance assez lourd. Au bout d'un moment, il m'a fallu déclarer forfait, avaler en guise de trou normand deux titres au style plus épuré et digeste, avant de m'attaquer bravement aux quelques 200 dernières pages. Et à vrai dire, la fin, cette course forcenée, encore lucide pourtant et d'autant plus déchirant, vers l'anéantissement, mérite qu'on s'accroche jusqu'à elle. Elle est superbe, elle est puissante, elle m'a raccommodée avec tout le texte dont j'avais commencé à sérieusement me dégoûter et fait assez bien comprendre son pouvoir de fascination.

Reste que la portée philosophique du roman est à mes yeux pas mal atténuée par sa lourdeur et ses perpétuelles digressions... même si ces dernières participent aussi de sa richesse. Au final, ce que j'ai préféré ici reste sans doute l'évocation précise et passionnante du monde de la chasse à la baleine, éclairée d'une belle lumière par l'esprit humaniste et anticonformiste de l'auteur.



Côté héros démesuré et profondeur existentielle, dans un univers comparable, mon cœur et mon esprit restent indubitablement au Loup des Mers de London, il est vrai plus moderne, et inspiré de sources qui me correspondent beaucoup mieux.
Lien : https://ys-melmoth.livejourn..
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Bartleby

Avec "Bartleby" Herman Melville nous propose une nouvelle qui ne laisse pas le lecteur indifférent.

Nous sommes à New York au 19e siècle, à l'époque ou les textes étaient reproduits par des copistes. Avant l'arrivée de Bartleby le narrateur, propriétaire d'une étude, emploie déjà deux scribes et un garçon de bureau, Dindon, Pincettes et Gingembre, avec qui il fait preuve de patience. Il va embaucher Bartleby, venu de nulle part, mais qui lui semble compétent et équilibré au point de lui faire une grande confiance et qui lui permet de contrebalancer l'instabilité de ses autres employés.

Enigmatique dès son arrivée, bartleby travaille derrière un paravent, immobile dans le tourbillon de Wall street.

Et puis, un climat étrange va s'installer peu à peu lorsque qu'à toutes les sollicitations du patron de l'étude, Bartelby répond systématiquement «J'aimerais mieux pas».

Le narrateur va se retrouver face à une énigme humaine, ne sachant jamais qu'elle attitude adopter face à ce refus de travailler sans explication.

Mais ce personnage atypique ne dévoilera jamais son secret. Est-il fou? Est-il dépressif? Est-il égaré? Est-il malheureux? Est-il vraiment vivant? Je ne le sais pas.

Même si l'atmosphère peut être mystérieuse, il y a aussi de l'humour et de l'humanité dans cette nouvelle singulière.



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Moby Dick

Moby dick est une oeuvre à la fois symbolique et capitale d'Herman Melville



D'un côté, le capitaine Achab représente l'ambiguïté de la passion exacerbée, à la fois porteuse d'absolu et véhicule du mal. Poursuivant forcené d'un cachalot blanc qui lui a arraché une jambe, il entraîne tout son équipage dans une entreprise démesurée.



De l'autre, le matelot Ismaël, qui est le narrateur, incarne l'harmonie.

Au lieu de braver l'univers, en une démarche titanesque, il essaye de l'apprivoiser, de se concilier avec lui.



Un ton prophétique soutient de bout en bout ce récit qui est, tout d'abord, homérique par ses dimensions, ensuite, épique par ses personnages, et enfin, biblique par ses allégories

Plus précisément, la lutte acharnée d'Achab contre l'animal, c'est le combat de l'honneur contre la mort, d'un point de vue symbolique.



Moby Dick est l'un des chefs-d'oeuvre de la littérature universelle, bien qu'il n'ait connu, en son temps, qu'un succès d'estime.

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Moby Dick

Je ne suis pas un lecteur aimant jouer les iconoclastes, mais là, je décerne le minimum à ce livre que je n'ai jamais pu terminer. Et ce ne fut pourtant pas faute d'avoir essayé à de nombreuses reprises, mais force est de constater que je resterais totalement impénétrable à l'univers de ce roman. Et je suis surtout étonné de l'importance qu'on lui accorde encore de nos jours.



L'abandon en cours de lecture est dû à plusieurs choses : le style littéraire, complètement indigeste; l'histoire, longue à démarrer et qui ne m'a absolument pas intéressé; l'abondance de référence religieuses qui m'ont plus irrité qu'intéressées; et surtout les imprécisions nombreuses, laborieuses, hautaines et inutiles.

C'est, je crois, l'unique livre que j'ai laissé définitivement tomber. Je n'arrivais pas à le lire, ce qui ne m'est jamais encore arrivé, et je n'ai aucune envie de le finir. Les multiples tentatives n'ont fait que conforter cet avis, et je me suis désintéressé de la quête de ce cachalot, symbole de beaucoup de choses apparemment mais surtout inintéressant à mes yeux. Pourquoi aurais-je voulu forcer, encore et encore, alors que rien ne m'intéressait au point que je ne remarquais même pas ce que je lisais ?



Mais ce que je ne comprends pas, c'est l'intérêt quasi-mythique qu'on confère à cet ouvrage. Là où je peux comprendre les raisons sur certains livres que j'ai lu et qui ne m'ont tout simplement pas intéressés, je ne vois réellement pas ce qui est si grandiose dans cet ouvrage. Les aventures sur la mer furent contés avec bien plus de brio par Jack London, qui donne envie de lire chaque page de son récit, ou par un Hemingway qui savait faire dans la concision et ne tentait pas d'étaler un savoir faux pour impressionner le lecteur. Il manque à ce livre l'humilité, la narration et l'intérêt pour que je me décide un jour à le retenter. Et je crois bien qu'après tout ces essais, je ne suis pas prêt de les trouver.
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Moby Dick

Moby Dick est considéré comme un grand classique de la littérature voire parfois (comme dans « la bibliothèque idéale » parue il y a quelques années chez Albin Michel) comme LE chef d'oeuvre de la littérature américaine. Attiré par cette réputation flatteuse, je me suis donc attaqué à cet énorme pavé avec gourmandise.

Et dès les premiers chapitres il faut admettre que la magie opère, le style lyrique de Melville nous emporte dans cette lutte acharnée entre le Bien et le Mal. Libre d'ailleurs au lecteur de décider qui d'Achab ou de Moby Dick représente l'un ou l'autre, les choses étant évidemment bien plus complexes qu'elles n'en ont l'apparence.

La lecture de Moby Dick serait donc un bonheur total s'il n'y avait malheureusement toutes ces descriptions encyclopédiques sur les différents aspects de la chasse à la baleine qui, mises bout à bout, doivent représenter pas loin de la moitié du roman ! Personnellement elles m'ont fait « décrocher » plusieurs fois et j'avoue avoir suivi le conseil de Daniel Pennac (dans son essai Comme un roman) et avoir survolé des pages pour retrouver plus rapidement Achab, Ismaël et l'équipage dans la poursuite de leur folle aventure.

Malgré cette réserve tout à fait subjective qui ne doit pas empêcher le lecteur d'embarquer à bord du Pequod, Moby Dick reste une lecture très intense dont on se souvient longtemps !
Lien : http://www.takalirsa.fr/
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Bartleby

Cette longue nouvelle du grand Herman Melville est une perle littéraire. Non seulement parce qu’elle traite de l’écriture, puisqu’il s’agit d’un scribe, d’un copiste, le fameux Bartleby, déréglant la vie d’une étude, puis de tout le quartier de Wall Street dans laquelle elle se situait, mais aussi parce qu’elle traite indirectement de l’illusion de la fiction.

Soyons plus précis : Elle traite de l’écriture. L’obsession de l’écrivain est ainsi mise en scène à travers l’activité principale de l’étude qui est la copie. Comme dans la nouvelle de Nicolas Gogol, "Le Manteau", le personnage occupe ses journées à copier interminablement des documents administratifs et juridiques, telle une mécanique bien huilée (il serait d’ailleurs intéressant de savoir si Melville a eu connaissance de la nouvelle de l’auteur ukrainien au préalable, les similitudes thématiques entre les deux œuvres étant très fortes.)

Elle traite ensuite de l’illusion de la fiction à plusieurs niveaux. Premièrement, le narrateur, protagoniste de l’histoire en tant que directeur de l’étude, donne l’illusion de vérité propre au témoignage. Un témoignage forcément incomplet et partiel car subjectif (ce procédé narratif étant, encore une fois, l’une des grandes richesses de l’art littéraire de Nicolas Gogol.) Deuxièmement, le mystère qui entoure Bartleby imprime le doute chez le lecteur, à tel point qu’il ne sait plus ce qui relève du réel et ce qui relève de l’illusion.

Enfin, cette virtuosité narrative se termine en apothéose dans un étonnant épilogue.

Inoubliable !

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Moby Dick

Le roman d’aventures est basé parfois sur une fuite : fuite d’une situation désagréable vers une meilleure, fuite après une faute, fuite par lâcheté d’affronter l’adversité… Plus souvent, il est lié à une quête : quête de biens matériels : trésor, richesses, héritage ; ou biens immatériels : recherche du bonheur, recherche d’identité, recherche de justice ou de vengeance, quête d’absolu… Parfois ces deux thèmes, fuite et quête, se mélangent, et nous donnent des romans somptueux, complexes et d’autant plus attachants, comme « Lord Jim » de Joseph Conrad…

Dans quelle catégorie classer « Moby Dick » ? Sans contestation, dans la seconde : la quête du capitaine Achab est d’ordre personnel : il a un compte à régler avec la baleine blanche qui lui a emporté une jambe il y a longtemps : quête de vengeance, donc, mais le roman, comme nous l’allons voir, va bien plus loin.

Le narrateur, Ismael, s’embarque sur la Pequod, un navire baleinier, pour ne campagne de chasse à la baleine. Il est accompagné de Queequeeg, un cannibale des mers du Sud, tatoué comme il se doit comme un joueur de rugby des iles Tonga. Le capitaine se nomme Achab, un nom biblique, nous verrons que la Bible dans cette histoire a un rôle à jouer ; et l’équipage, une trentaine d’hommes venus de tous les horizons et pour tous les motifs complète l’effectif du bateau. Très vite on comprend que le capitaine Achab, homme taciturne et secret, n’est pas intéressé par la chasse aux baleines, mais par la chasse à une baleine, Moby Dick, qui naguère lui a emporté une jambe, remplacée aujourd’hui par un pilon en ivoire de cachalot. La quête est longue et pénible et se limite à un duel entre deux entités, Achab et la baleine, où tous les autres personnages deviennent des « dommages collatéraux »…

« Moby Dick », paru en 1851, fait partie de cette poignée de romans incontournables qui font le patrimoine de l’humanité. C’est un roman d’aventures, certes, d’aventures maritimes, ce n’est un doute pour personne. Mais l’auteur a mis tant de choses dans ce gros roman (pas loin de 750 pages dans l’édition Folio) que plusieurs lectures sont possibles :

Allégorique : au premier abord, c’est la lutte du Bien contre le Mal. Mais assez vite on se pose la question : de l’homme et de l’animal, qui est le Bien et qui est le Mal ? Est-ce qu’ils ne le seraient pas tour à tour l’un et l’autre ? Question subsidiaire : Qui est l’arbitre du combat ? Personne du bateau, il n’y a que des témoins, et des futures victimes (mais non, je n’ai pas divulgaché !)

Métaphorique : plusieurs personnages renvoient à des personnages tirés de l’Ancien Testament : Achab mari de Jezabel, avait la réputation d’être un roi impie. Le capitaine Achab, en se dressant contre la baleine, se dresse donc contre Dieu. Ismael, premier fils d’Abraham et demi-frère d’Isaac, est symbole de schisme, de séparation, de fuite, l’Ismael du roman est le seul qui arrivera à se sortir de la tragédie.

Documentaire : En plus des pages purement fictionnelles où l’histoire se raconte, et des longues digressions morales et philosophiques, Melville donne un véritable cours sur la chasse à la baleine, telle qu’on la pratiquait dans les années 1840 sur la plupart des mers du globe.

Sociologique : le kaléidoscope que représente l’équipage, en termes de nationalités, de races, de caractères, de divergence d’intérêt dans cette aventure, donne à l’auteur de montrer le « melting-pot » américain, sa richesse culturelle et peut être ses limites.

Poétique, enfin : nul n’en a parlé mieux que Giono (un des meilleurs traducteurs, ou co-traducteurs) : "la phrase de Melville est à la fois un torrent, une montagne, une mer (...) Mais comme à la montagne, le torrent ou la mer, cette phrase roule, s'étire et retombe avec tout son mystère. Elle emporte ; elle noie. Elle ouvre le pays des images dans les profondeurs glauques où le lecteur n'a plus que des mouvements sirupeux, comme une algue ... (Préface de « Moby Dick »).

Monument incontournable de la littérature, « Moby Dick » a trouvé sa meilleure adaptation en 1956 avec le film éponyme de John Huston avec un Achab de légende incarné superbement par Grégory Peck.

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Moby Dick

Ecriture puissante. Profondeur des personnages. Description sombre et poétique de la beauté de l'animal marin et de l'Océan en miroir aux descriptions du massacre et à la folie de l'âme humaine qui sombre dans la soif de vengeance aussi profondément que la Baleine au fond des mers mais définitivement, dans la folie, contrairement à l'animal qui sait revenir à la surface pour évacuer et respirer... Plaisir de la lecture quelque peu amoindri par de longues descriptions de l'anatomie des cétacés et des techniques de chasse.
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Moby Dick

Ismaël, le narrateur de « la noire tragédie de ce navire de mélancolie » (p. 591), est dégoûté de la société et décide de s'embarquer à bord d'un baleinier. Il est embauché sur le Péquod, dirigé par le capitaine Achab. L'objectif du navire est évidemment d'alimenter le marché de la baleine, mais le capitaine veut en réalité se venger de Moby Dick, cachalot blanc qui lui arraché la jambe « Elle a été dévorée, mâchée, broyée par le plus monstrueux cachalot qui ait jamais fait voler en éclats un bateau. » (p. 101)



Que le démarrage est long avant l'embarquement ! Il y a de nombreux chapitres présentant les préparatifs et la rencontre entre Ismaël et Queequeg, le cannibale harponneur, d'où naît une forte amitié. Mais une fois le Péquod lancé sur les flots, l'intrigue ne progresse pas pour autant rapidement. Ismaël décrit avec minutie les techniques de chasse à la baleine et présente toute l'étendue de son savoir sur les cétacés. « Vu sa masse imposante, la baleine est un sujet rêvé pour exagérer, et, d'une façon générale, discourir et s'étendre. Le voudriez-vous que vous ne la pourriez réduire. [...] Puisque j'ai entrepris de manier ce Léviathan, il m'incombe de me montrer à la hauteur de ma tâche, de ne pas négliger la plus minuscule cellule de son sang et de raconter jusqu'au moindre repli de ses entrailles. » (p. 550) C'est véritablement une encyclopédie qu'il propose.



Témoin de la chasse et participant à toutes les tâches à bord, Ismaël s'implique cependant très peu dans l'intrigue et n'a étonnamment aucune interaction avec le capitaine Achab. Mais son récit laisse entendre qu'il a pleinement embrassé le but de ce voyage. « Une sympathie occulte et farouche me possédait, la haine dévorante d'Achab devenait mienne. Je tendis une oreille avide à l'histoire de ce monstre sanguinaire, contre lequel j'avais avec tous les autres, juré vengeance. » (p. 229) Dans la tradition baleinière qui existe depuis Job, il est question des nombreuses légendes sur ce monstre immense, créature haïe et fantasmée dont la mise à mort industrielle par les hommes ensanglante la mer. Le cachalot blanc est terrible, mais innocent et pur dans sa brutalité.



Moby Dick est un roman complexe et riche, offrant plusieurs niveaux de lecture. L'auteur développe des réflexions sur les différentes religions du monde et la recherche des preuves de Dieu. La chasse donnée à la bête à la mâchoire difforme s'apparente à une quête métaphysique, mais négative. Mort à Moby Dick ! Que Dieu nous donne à tous la chasse, si nous ne la donnons pas à Moby Dick jusqu'à sa mort ! » (p. 215) La vengeance enragée d'Achab est teintée d'orgueil : entre lui et Moby Dick, c'est une lutte titanesque qui oppose le Mal et le Bien dont l'issue sera nécessairement fatale. « Oh ! Achab, [...], il n'est pas trop tard, même en ce troisième jour, pour renoncer. Vois, Moby Dick ne te cherche pas ! C'est toi, toi seul qui le cherches de ta folie ! » (p. 684)



Il ne faut pas se laisser décourager par la densité de ce roman. L'histoire est puissante, la langue est passionnante et érudite, le sujet est vaste et multiple. N'hésitez pas, lancez-vous aussi à la poursuite de Moby Dick !
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Bartleby

"I prefer to not do".



Sans doute n'ai-je pas compris ni ressenti ce que tant d'auteurs et de critiques vantent dans cette histoire, peut-être suis-je passée à côté de l'essentiel, mais je ne suis pas parvenue à accrocher à cette nouvelle, pourtant tant encensée, de Melville.



Bartlebly, cet homme qui vient dont ne sait où, qui travaille beaucoup, quoique refusant certaines choses, puis refusant de travailler, refusant de bouger, puis de vivre, tout cela en répétant la même phrase polie : I prefer to not do.



J'ai attendu jusqu'au bout qu'il se produise autre chose et la seule écriture de l'auteur, par ailleurs lu en traduction, n'a pas suffi à m'enthousiasmer, alors qu'il m'importe peu d'habitude qu'il se passe ou non quelque chose, mais ici, je suis passée à côté.
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Poèmes de guerre

Les poèmes de guerre de Herman Melville ne pouvaient être que grandiloquents, en les lisant en effet, on retrouve immédiatement le lyrisme du roman de Moby Dick, mais aussi cet humanisme un peu mystique, syncrétisme Melvillien dont lui seul a le secret, offrant au lecteur un tableau flamboyant de scènes de fureur, de feu et de sang, à côté de description presque intimiste à la piété chrétienne, exhalant les horreurs et les douleurs de la guerre dans un esprit de sacrifice transcendant nécessaire pour une cause juste. Si Melville a choisi son camp dans cette guerre de sécession terrible qui ensanglante les Etats-Unis, celui des Nordistes anti-esclavagistes, on ressent dans ses vers, une compassion et un respect pour ses ennemis en admirant leur courage, même s'ils luttent pour un but infâme. L'auteur au travers de cette épopée américaine historique narre finalement, une certaine idée de la nation, de la démocratie et de l'homme sublimée par des valeurs intrinsèquement hautes, mais sans jamais de haine ou de rancune pour ceux qui ont pris le mauvais chemin.
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Poésies

Melville aurait voulu être reconnu comme un grand poète de son vivant, hélas, ce ne saura point le cas, seul le prosateur sera encensé et encore modestement.

Pourtant, quand on lit "Melville poète", qui contient tous ses poèmes de la guerre de sécession américaine, on reçoit une claque magistrale, même les plus retors à la poésie, ne peuvent rester insensible à la dimension épique et lyrique de cette œuvre. L'originalité de l'auteur est d'avoir rédigé ses poésies comme une succession incessante de tableaux flamboyants, qui s'enchaînent à un rythme effréné, ne laissant pas respirer le lecteur. Construit dans l'esprit d'un roman historique, mais sans la pesanteur typique de ce dernier, il nous plonge dans le fer et le feu , le sang et la fureur. Melville originaire de New-York, choisi bien entendu le camp des troupes nordistes et fédérés, se posant immédiatement en défenseur infatigable de l'unité américaine, de la lutte contre l'esclavage et dans un soutien sans faille aux soldats de l'union. Mais, jamais dans ses vers sur le conflit, ne transparaît une haine de ses adversaires sudistes, au contraire, un respect pour leur bravoure, un hommage envers leurs chefs et leur armée apparaît sans jamais cautionner leur cause ou leurs exactions.

A côté de ce long chapitre sur la guerre, d'autres évoquent ses voyages et un hommage à la mer et aux marins, mais le premier étant tellement époustouflant de grandeur poétique, il rend les autres poèmes bien ternes, malgré leur valeur intrinsèque.
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Bartleby

Bartleby le scribe/Herman Melville

Le narrateur, homme de loi conseiller à la Cour de la Chancellerie, décide d’embaucher un scribe supplémentaire au sein de son étude située en plein centre de New York à Wall Street, un homme copiste de pièces juridiques. Il s’appelle Bartleby, un individu dont il est bien difficile de déchiffrer les motivations et les pensées, « une silhouette lividement propre, pitoyablement respectable, incurablement abandonnée ! » Un beau jour, à toutes les questions que lui pose son chef, Bartleby répond invariablement « Je préférerais pas », en douceur et toute modestie, montrant une résistance absolue et incompréhensible à toute intrusion extérieure et le conduisant tout droit à l’isolement le plus total, créant une atmosphère tendue, comme chez Kafka dans le Château ou le Procès.

Il faut bien dire que cette longue nouvelle (ou petit roman ) de 100 pages est très curieuse, bizarre même, conférant au personnage de Bartleby une allure d’extraterrestre, indéchiffrable tout en étant extrêmement performant professionnellement, et au narrateur une tendance absolue à la compassion et la bienveillance, le tout créant une ambiance que l’on pourrait qualifier de comique mais qui au demeurant s’avère être tragique après avoir été incompréhensible.

Une écriture subtile et ironique accompagnant une narration au cœur de l’absurde et du fragile de l’existence.

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Bartleby

Nouvelle assez courte de Melville dont je ne connaissais que Moby Dick. J'ai d'abord été surpris par la dimension du bouquin, je ne sais pas pourquoi j'imaginais quelque chose de plus épais. Finalement lu rapidement il m'a laissé une impression étrange, un peu la même que celle que j'ai eu à la lecture du double de Dostoïevski. En y réfléchissant un peu , j'ai même fait un rapprochement avec la métamorphose de Kafka. Parce que comme le stipulait la préface, je m'attendais a une sorte de critique du monde libéral né symboliquement le 17 mai 1792 à Wall Street, je me suis fait surprendre par une ambiance plutôt fantastique. Bartelby est un personnage pas seulement étrange, mais étranger à l'histoire. Il vient heurter la réalité toute convenue du narrateur en s'obstinant à refuser ses ordres. Tant et si bien que le personnage disparaît entièrement derrière son refus, il n'a pas vraiment de substance propre mais envahit totalement le quotidien du patron. C'est là que réside à mon avis la force du récit, dans cette obstination qui semble complètement irrationnelle, le monde normalement bien huilé du capitalisme et du consentement implicite à sa soumission bascule au dessus d'un vide inattendu. Bartelby incarne finalement ce non consentement mais d'une manière totalement non violente, à peine justifiée, mais implacable. Son "I would prefer not" est même encore aujourd'hui récupéré par des mouvements alter-mondialistes.
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Moby Dick

Quand il s’engage sur le Pequod, un baleinier, Ismaël n’a plus d’argent et souhaite revoir l’océan. Il rejoint un équipage cosmopolite (les marins viennent de différents pays) qui travaille sous les ordres du capitaine Achab, un homme dont on parle mais qu’on ne voit pas. On raconte qu’il a passé plus de temps en mer qu’à terre. Depuis plus de quarante ans, il chasse les baleines. L’une d’elles l’ob- sède : Moby Dick. C’est en fait un cachalot, capable de parcourir de très longues distances en peu de temps. Il a même peut-être le don d’ubiquité (être à plusieurs endroits à la fois). Des harpons sont plantés dans son dos et sa mâchoire est tordue, signe des différentes attaques que Moby Dick a subies.



Le roman est tellement riche qu’il se prête à différentes interprétations, d’autant plus que Melville multiplie les allusions au surnaturel et les références bibliques et mythologiques.
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Moby Dick

« Il y a là-dessous quelque chose, et tout cela n’est pas sans avoir un sens » (chapitre 7).



Mais il aura fallu attendre le centenaire de Melville, en 1919, pour que ce roman chahute les barques assoupies de la critique littéraire et qu’on daigne lui accorder toute l’importance qu’il mérite. A moins que celle-ci (la critique) n’accepte de revoir ses positions précisément parce que le monde des certitudes venait de connaître, par deux fois au moins, les eaux et le feu de la tempête, et avec eux, le naufrage et la ruine : celui du Titanic d’abord, en 1912, soulignant les illusions d’une domination de l’homme sur la nature. La Grande guerre ensuite, première d’ampleur mondiale, première de mobilisation totale, première des catastrophes, qui signa le comble de l’« absurdité » d’un modèle de domination de l’homme sur d’autres hommes.

Ne sont-ce pas là les deux grands pôles de ce roman monde ? N’est-ce pas là, le sens de cette aventure trop humaine ? Ne peut-on pas croire, c’est ma tentation (et peut-être mon erreur), qu’ici réside l’ultime leçon de cette encyclopédie littéraire : Achab comme portrait de l’homme arrogant (déjà dans l’ancien testament) acharné à vouloir régner sur ses hommes comme sur toute la création, sans même qu’il la connaisse : « La baleine est l’unique créature de ce monde dont nul portrait authentique ne sera fait jusqu’à la fin. De sorte qu’il n’existe pas de moyen terrestre qui vous permette de découvrir réellement de quoi a l’air une baleine » (chapitre 55). Alors, pour mieux justifier son élan, son projet, sa « raison », il s’en fait un ennemi, la cause de ses maux, le souffle haineux de ses mots. Et il vogue sur les flots d’une mer dont les beautés lui échappent, l’œil rivé sur son rêve de gloire et de domination. Achab, ce faux prophète, ce roi tyrannique, qui fascine ses hommes par ses rêves chimériques autant que par sa violence, et les entraine dans sa folie.

L’homme semble pourtant pouvoir survivre à l’homme : Ismaël à Achab. C’est la lumière du récit de Moby Dick : « car le plus merveilleux et le plus terrifiant de ce qui est vraiment dans l’homme, ni mots ni livres n’y ont jamais touché jusqu’ici » (chapitre 110). Il est possible que Melville, ici, pèche par excès d’orgueil. Non pas que j’estime que La Vérité de l’Homme réside dans un livre saint ou dans un traité scientifique, pas plus que dans les tragédies grecques, le théâtre shakespearien ou le roman russe, anglais ou français contemporains de Melville, pour ne prendre que des exemples qu’il connaissait sans l’ombre d’un doute, mais précisément parce qu’elle y réside, par bribes, dans l’ensemble de ces pages : car de l’Homme il n’est jamais question : mais bien d’hommes, tout comme sur le pont du Pequod.

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Moby Dick

Si « Moby Dick » est un ouvrage d’une richesse exceptionnelle et peut à juste titre être considéré comme un des plus grands chefs d’œuvre du roman d’aventure, les 700 et quelques pages le constituant contiennent néanmoins des passages que le soucis du détail technique ou de la véracité scientifique rendent parfois pénibles à ingérer.



On appréciera cependant la beauté d’une langue puissante véhiculant le symbolisme prononcé de cette tragédie des mers.



L’enseignement principal que j’en tire est que malgré toute sa technologie, son intelligence et sa détermination, l’homme ne peut vaincre les forces éternelles de la Nature Divine symbolisées par un invincible cachalot blanc.



En poursuivant un léviathan divin, Achab pêche par orgueil, défie les dieux et finit par être châtié en même temps que son équipage qu’il a entraîné dans sa folie.



On peut aussi interpréter cette traque obsessionnelle comme la recherche d’un absolu, d’un impossible idéal à atteindre aimantant la vie de l’homme de conviction jusqu’à sa mort.



Mais avec les progrès de la science, la chasse à la baleine a ensuite perdu de son romantisme, car traqués par satellites ou sonars dans des bateaux ultra modernes aux coques d’acier sur lesquelles les chasseurs ne prenaient plus aucun risque, les cétacés n’ont rapidement plus eu aucune chance et se sont ensuite régulièrement fait massacrer.



A moins qu'on se prenne à rêver que d'autres léviathans encore plus monstrueux ne survivent encore, tapis dans les profondeurs sous marines d'un imaginaire encore inaccessible à la science humaine.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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