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Citations de Herta Müller (198)


Je n'aimais pas aller voir la tombe de Lilli. J'aurais supporté Lilli et moi, mais pas les fleurs rouges de sa tombe. Mon beau-père les qualifiait de tradescantias. Au marché, on les appelait des Viennoises, et pour moi c'étaient des sanguinaires. Rouges étaient les tiges, les feuilles et les fleurs, chaque plante était jusqu'aux extrémités une poignée de lambeaux de chair. Lilli les nourrissait et moi, je me plaçais à ses pieds et me fourrais les doigts dans la bouche pour ne pas claquer les dents.
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Je crois que j'ai plus de secrets pour Paul qu'il n'en a pour moi. Un jour, Lilli a dit que parler des secrets ne les supprime pas, et que l'on peut en raconter non pas le noyau, mais seulement la peau. Peut-être qu'avec Lilli, si je ne dissimule rien, j'arrive tout de même au noyau.
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Herta Müller
J’étais épouvantée par l’aridité de la langue du parti, par ses formules toutes faites qui abêtissaient les gens. Cette langue avait littéralement perdu la tête […] De la même façon, j’étais en permanence renversée par la beauté de la langue courante, par la concision de ses images magiques.

(au sujet de sa langue maternelle, le roumain)
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Cette nuit-là, le sommeil l'avait emportée si loin qu'aucun rêve ne pouvait la trouver.
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La diseuse de prières chante dans l'oreille du curé. L'encens lui écrase la bouche. Béate, elle met tant d'obstination à chanter que le blanc de son œil s'agrandit démesurément et ruisselle lentement sur ses pupilles.
Page 109
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Ainsi va le monde : comme on n'y était pour rien, personne n'y pouvait rien.
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« Les filles de Roumanie, chante-t-elle, sont tendres comme les fleurs des prés au mois de mai. »
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Mon trésor le plus lourd est ma force de travail. Cette inversion du travail forcé est un échange salvateur. J'ai en moi un forcené de la grâce qui est un parent de l'ange de la faim. Il sait le moyen de dresser tous les autres trésors. Il me monte au cerveau, me pousse à être envoûté par la contrainte, car j'ai peur d'être libre.
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Mon crâne est un terrain, celui d'un camp, je ne peux pas en parler autrement.
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«  Nous étions loin de nous douter qu’une faim épouvantable allait bientôt nous tomber dessus.
Comment errer de par le monde quand on n’a plus rien à dire de soi , sinon qu’on a faim. ?
On n’a plus que ça en tête Quand le palais ne supporte plus la faim, il tiraille comme la peau d’un lièvre fraîchement dépouillé qui serait tendue derrière le visage pour y sécher. Les joues racornies se couvrent d’un pâle duvet.
Quand la chair a disparu , porter ses os devient un fardeau qui vous enfonce dans le sol.... »
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La lumière est déchirée. Les deux fenêtres voguent l'une vers l'autre. Les deux planchers poussent les murs devant eux. Windisch se tient la tête dans les mains. Son pouls bat dans sa tête. Sa tempe bat à son poignet. Les planchers se soulèvent. Ils se rapprochent. Se touchent. Retombent le long de leur étroite fissure. Ils sont lourds. La terre va se briser. Le verre brillera, ce sera une tumeur tremblante dans la valise.
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Les jours étaient suspendus à la ficelle du hasard, ils se balançaient et me renversaient, depuis mon licenciement.
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Le village est petit. Dans les rues étroites il y a des gens. Les sont loin. Ils s'éloignent. A l'extrémité de chaque rue, le maïs forme un mur noir.
Windisch voit autour du soubassement de la gare les flaques grises du temps arrêté. Une nappe de lait recouvre les rails. Jusqu'aux talons. Au-dessus, une peau glauque. Le temps qui s'arrête tisse une toile autour des bagages. Il tire sur les bras. Windisch avance à petits pas sur le ballast. Il s'enfonce.
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La cloche sonne à s'en blesser la langue. Une salve d'honneur s'élève au-dessus des tombes. Les lourdes mottes de terre s'écrasent sur le métal du cercueil.
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Le huitième jour, dit le concierge, Dieu n'a gardé d'Ève et d'Adam qu'une touffe de cheveux. Il en a fait la volaille. Et le neuvième jour, Dieu, face au vide du monde, a fait un rot. Il en a fait la bière.
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Rien de tout ça ne me concernait. J'étais enfermé en moi et j'en était expulsé, je ne leur appartenais pas et je me manquais à moi-même.
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« Elle pleure sur elle-même, pense-t-il, les femmes pleurent toujours sur elles-mêmes. » (p.106)
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Un papillon passe devant le front du tailleur. Ses joues sont pâles. On dirait qu'il y a un rideau sous ses yeux.
Le papillon traverse les joues du tailleur. Il baisse la tête. Le papillon ressort à l'arrière de son crâne, tout blanc et pas froissé du tout. Wilma-la-maigre agite son mouchoir. Le papillon traverse sa tête de part en part.
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La chouette vole au-dessus des jardins. Son cri est aigu, son vol bas. Tout chargé de nuit. « Un chat, se dit Windisch, un chat volant. »
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Le mégissier compte une seconde liasse. Le plancher va cacher le mégissier. La femme du mégissier souffle sur sa cape de fourrure grise pour enlever la poussière. Le plancher va la soulever jusqu'au plafond. A côté du poêle de faïence la pendule a sonné une longue tache blanche. A côté du poêle de faïence le temps est resté accroché. Windisch ferme les yeux. « Il est temps », pense-t-il. Il entend le tic-tac de la tache blanche et il voit le cadran au milieu des taches noires. Le temps n'a plus d'aiguilles. Seules les taches noires tournent. Elles se bousculent. S'extraient de cette tache blanche. Tombent le long du mur. Elles ne font qu'un avec le plancher. Les taches noires sont le plancher de l'autre pièce.
Page 24
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