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Critiques de Imbolo Mbue (196)
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Voici venir les rêveurs



Une maison jamais ne s'en va

A chaque retour, une maison est là

Que tu partes pour trouver fortune

Que tu partes pour fuir l'infortune

Que tu partes pour partir

A chaque retour

Ton retour que nous tous espérons

Ta maison toujours sera là

p168



Ce qui devait arriver arriva la deuxième semaine de septembre, quand l'air du soir commence à balayer les souvenirs de l'été et que le tintement autrefois joyeux du marchand de glaces résonne désormais comme une élégie.

Malgré les vertus oeuvrant tout au long de cet ouvrage, malgré tous les espoirs fondés pour une vie meilleure, les chateaux de cartes espagnols s'effondrent en même temps que Lehman Brothers, les subprimes , les espoirs des réfugiés, alors pourquoi persévérer !? Que Néni ne baissera pas les bras : Si une rivière a porté la barque jusqu'à la moitié de son cours, pourquoi ne pas la laisser la porter jusqu'au bout de l'océan ?

Premier roman réussi de Imbolo Mbue, qui vous emporte au delà de vos frontières quoique déboussolé par une traduction qui semble des fois désorientée !

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Voici venir les rêveurs

Les années 2000 et quelques.....

Le rêve américain d'un camerounais, devenir un jour un vrai américain.

Le rêve américain d'un noir, avoir un jour les mêmes chances de prospérité qu'un blanc.

Le rêve américain imaginé dans une société soi-disant ouverte, où tout est possible et chacun est supposé être libre de se réaliser, mais où racisme et rapports de classe sont latents.

Le rêve américain dans un monde de plus en plus interdépendant, aux technologies sophistiquées qui dépassent la raison et l'intelligence humaine, au point que l'homme perd le sens de ses limites et de ses responsabilités.....et au-delà , le gouffre. Un gouffre qui engloutit pêle-mêle sans distinction, responsables et innocents.

Le rêve américain dans toute sa force et sa fragilité.....jusqu'où aller pour le réaliser, quitte au désenchantement ?



C'est l'histoire de Jende chauffeur privé d'un magnat financier de Wall Street....de chez Lehman Brothers.... oui,cette fameuse banque privée qui a fait sauter en 2008 les plombs d'un système financier mondial, interdépendant.

Un riche blanc et un noir pauvre, de surcroît demandeur d'asile, les deux extrêmes de la société américaine. Quel sera leur point de rencontre ?

L'auteur, jeune femme camerounaise, n'oublie pas aussi ses congénères.Femmes mariées, quelque soit leur couleur de peau et l'ampleur de leur porte-monnaie, elles ne sont pas à leur avantage et peinent à trouver leur identité à l'ombre de leurs maris.



Bien que l'histoire en soi, ne soit rien de très originale, la chaleur humaine qui se dégage des personnages,sincères et attachants, dans un monde de crocodiles, et le regard décalé de l'étranger sur l'américain servis par une prose limpide (v.o.) et fluide font le charme de ce beau roman.
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Voici venir les rêveurs

Un grand merci à Babelio et aux éditions Belfond...



Depuis Limbé, petite ville au Cameroun, Jende et son épouse, Neni, rêvaient des États-Unis et de devenir citoyens américains. Jende, rêveur et obstiné, a quitté son pays parce que celui-ci ne lui offrait rien de bon et le père de Neni ne voulait pas qu'il épouse sa fille. Trop pauvre pour lui offrir un quelconque avenir. Alors, il s'installe, illégalement, à New-York. Enchaîne les petits boulots et réussit à mettre suffisamment d'argent de côté pour faire venir Neni et leur fils, Liomi. Grâce à son cousin, le jeune homme réussit à trouver un emploi beaucoup plus valorisant et bien mieux payé: il devient le chauffeur de Clark Edwards, un riche banquier de chez Lehman Brothers. Neni va alors pouvoir commencer ses études de pharmacienne dont elle rêvait et la famille Jonga espère au fond d'elle-même obtenir la Green Card. Malheureusement, la crise financière va quelque peu ternir les rêves de Jende...



Imbolo Mbue, d'origine camerounaise vivant aux États-Unis, nous plonge au coeur de cette famille très attachante et porteuse d'espoir. Jende Jonga, homme intègre, loyal, travailleur, à la fois émerveillé et réaliste, désireux d'offrir à sa femme et son fils une vie meilleure aux États-Unis, devra s'armer de patience s'il veut enfin voir son rêve se concrétiser. Neni, quant à elle, plus fonceuse, obstinée et qui se rêve en Américaine moderne, est prête à tout pour rester au États-Unis. L'auteure parle avec sincérité, justesse et émotion de l'immigration, de l'espoir d'un avenir meilleur ailleurs (un ailleurs peut-être idéalisé?) mais aussi du problème d'intégration et du clivage entre personnes d'origines différentes. Elle met brillamment en parallèle les us et coutumes et les vies de chaque famille. L'on se rend finalement compte que chacune d'entre elles souffre, certes différemment, et a ses propres problèmes et l'on sourit face au décalage entre ces deux cultures. Deux visions bien distinctes de ce pays pas si ouvert, à en croire l'auteure. Un roman sensible et touchant, profondément humain et réaliste porté par une écriture vivante et des dialogues hauts en couleur.
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Voici venir les rêveurs

Gende Jonga, jeune camerounais émigré à New-York, rêve de la citoyenneté américaine, synonyme pour lui et sa famille d'une vie meilleure. Après plusieurs petits jobs mal payés, il devient en 2007, au moment de la crise des subprimes, le chauffeur de Clark Edwards, un banquier de Lehman Brothers.



Gende et Clark, deux hommes issus de mondes qui n'ont rien en commun mais qui vont partager des émotions dans des moments difficiles. Car Noir ou Blanc, pauvre ou riche, Africain ou Américain, même si les aspirations au bonheur ne sont pas les mêmes, les raisons d'être malheureux aussi, " les mêmes choses n'important pas aux mêmes gens ", il se peut en Amérique que les uns établissent avec les autres une complicité authentique. Ce qui n'évite pas le désenchantement, accentué par une crise financière, aux rêveurs comme Gende.



Un premier roman plein de tendresse et d'humanité, inspiré en partie de sa propre histoire, où la camerounaise, Imbolo Mbue, s'attache à montrer la foi des émigrés africains dans le rêve américain. Une croyance souvent balayée par une réalité bien moins reluisante, celle d'un pays qui peut tout reprendre après avoir tout offert.

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Puissions-nous vivre longtemps

Le petit village africain de Kosawa se meurt, ses terres polluées et ses enfants empoisonnés par les activités d’extraction pétrolière d’une multinationale américaine. Lasse des promesses de réparation non tenues, la jeune génération entreprend de se défendre, par tous les moyens s’il le faut. A leur tête, Thula est prête à y consacrer sa vie.





Lutte du pot de terre contre le pot de fer, le combat à l’origine plein d’espoirs d’une poignée de villageois tenus pour quantité négligeable va s’avérer une partie épineuse, désespérante et usante. Malgré leur détermination d’autant plus ferme qu’elle s’assortit d’une confiance ingénue en leur bon droit et en la justice, rien ne se déroulera selon les attentes de Thula et des siens, les contraignant à user tour à tour de toutes les armes à leur disposition. Intervention des media et d’organisations humanitaires, action en justice auprès des instances internationales, voie pacifique ou violente : leur adversaire est au coeur de bien trop d’intérêts croisés pour se sentir ne serait-ce qu’un instant ébranlé. Surtout lorsqu’à la longue, les habitants de Kosawa eux-mêmes ont toutes les chances de succomber à leur tour aux sirènes de la compromission et de l’enrichissement…





Plus fable politique que roman, le récit rassemble, en une histoire unique et symbolique, tout ce qu’ont pu vivre différents peuples, envahis, assujettis et exploités par des puissances étrangères, motivées par leurs seuls intérêts. Confrontées à l’esclavagisme, puis à la colonisation, et enfin au pillage de leurs ressources avec parfois la complicité de dictatures locales sanglantes et corrompues, bien des populations d’Afrique n’ont eu d’autre choix que de finir par abandonner toute résistance, troquant leurs modes de vie ancestraux contre une conformité dont ils espèrent tant bien que mal tirer leur part du profit.





Malgré sa formidable portée et la justesse de son observation historique et géo-politique, ce texte s’est révélé pour moi d’une lecture difficile et pénible. Lent, long et désespérément répétitif au fur et à mesure de l’alternance des points de vue des différents protagonistes, le récit nous plonge dans un combat aux multiples rounds, tous condamnés à l’échec, où Thula, l’héroïne principale, fait plus figure d’allégorie qu’elle ne s’incarne en personnage réel. L’ensemble en acquiert parfois un côté presque abstrait, qui perturbe l’immersion du lecteur dans le fil narratif.





A défaut de vrai plaisir de lecture, restent une démonstration puissante et une vision d’une sombre lucidité, propres à ouvrir bien des réflexions. Le combat de Thula m’a notamment souvent fait penser à celui, bien réel, des Chagossiens, raconté récemment dans Rivages de la colère de Caroline Laurent.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Voici venir les rêveurs

L'herbe est-elle plus verte dans la prairie d'à côté ? C'est un peu le thème de la fable qui nous est contée là par cette jeune auteure américaine d'origine camerounaise, qui se penche sur la question du rêve américain dans la crise économique de 2008.

La verte prairie de tous les rêves de Jende et Neni son épouse, c'est l'Amérique en général et New York en particulier.



Depuis Limbé, au Cameroun, un petit coin du monde où l'on dépense des fortunes pour se marier ou enterrer un proche, la statue de la liberté apparaît comme la solution de tous les problèmes financiers de Jende qui voit le père de sa belle lui refuser la main de sa fille car il n'est pas assez riche, dans une société où le paraître a une énorme importance.



Ce roman bien construit et haut en couleur dans les dialogues, raconte ce parcours de migrants sans papiers qui bravent les services de l'immigration, travaillent dur, se posent la question du bonheur et du sens de la vie au cours d'épreuves, de joies et désillusions. Les personnages sont vraiment savoureux, la traduction rend compte de la langue imagée et des africanismes qu'elle contient.



Jende et Neni découvrent que leur appartement miteux où courent les cafards est loin d'être le paradis. Il y a aussi le malheur et la pauvreté des américains dans la crise économique, et comme domestique et chauffeur d'une famille riche, ils côtoient Cindy dépressive et Clark qui passent son temps au travail , les deux négligeant leurs deux fils.



C'est un roman plein d'émotions sur un pays en crise qui ne se construit plus sur l'apport des migrants, sur la fin du rêve américain, et sur les relations ambivalentes avec le pays d'origine, qu'on dénigre à tout va, mais dont la nostalgie transpire à chaque moment culinaire en particulier. C'est aussi un regard lucide sur la société de consommation qui est en pleine faillite.



On s'agace de l'aveuglement de Neni, on souffre avec Jende. On s'attache à cette famille, et on a vraiment envie de savoir comment ils vont s'en sortir. C'était un bon moment de lecture, sur une thématique assez universelle. Que ceux qui n'ont jamais pensé que leur bonheur pouvait être ailleurs que là où ils vivent, lèvent la main !



Bonne rentrée littéraire en littérature étrangère et merci aux éditions Belfond et à Babelio pour l'opération masse critique.







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Voici venir les rêveurs

Pauvreté, famine, guerre, suffit-il d’un bateau, d’un avion pour rejoindre le monde derrière lequel courent les promesses de la paix, de la faim assouvie, de l’espoir? Existe t-il un monde meilleur ?



Les rêveurs, eux ils existent.



Voici venir les rêveurs :

Jende, Neni et leur fils Liomi quittent leur Cameroun pour tenter une vie meilleure en Amérique.

Ils s’en vont loin de Limbé, loin de ce panneau avec ces quelques mots «bienvenue à Limbé, ville de l’amitié ».

En Amérique, c’est autre chose, les gens courent, après l’argent, après l’amour. La misère court elle aussi dans les rues du Bronx. Être citoyen américain coûte cher.



La famille Jonga telle une marionnette accrochée aux doigts de l'Amérique, entre rêves et réalité, virevolte au bon vouloir de la chance mais aussi de la crise économique.

Les rêves sont fragiles. Emprisonnant parfois les rêveurs dans leurs propres rêves.



Au-delà de la trame et de l’histoire camerounaise, avec fluidité et sincérité, Imbolo Mbue questionne subtilement : où s’en vont les rêves quand on ne les voit plus ?



« La société pardonne souvent aux criminels, jamais elle ne pardonne aux rêveurs ». Oscar Wilde.
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Voici venir les rêveurs

Être un rêveur, espérer en une vie meilleure, dans cet eldorado que représentent les États Unis d'Amérique pour une famille camerounaise.



Le rêve américain a quand même la gueule de bois dans cette période des subprimes. Pas le meilleur moment pour une intégration réussie! Les américains de souche vont vivre une crise financière sauvage, et l'espoir en l'élection d'un président noir n'ouvre pas aux lendemains enchantés.



Les rêves sont une chose, mais pour Jende et Neni, la réalité se résume à la Green Card ou à la clandestinité.

Jende a beau trouver un excellent emploi de chauffeur pour un banquier de Wall Street, et Neni être étudiante, leur situation reste précaire. En attente du sésame tant espéré, ils vont se battre, travailler avec acharnement, et découvrir un monde où la réussite est incontournable et la consommation frénétique.



J'ai lu ce livre avec un vrai plaisir (je dirais même compulsivement) dans les pas de personnages hauts en couleur dans un contexte social ciselé. C'est le parcours d'une immigration courageuse, déterminée à la réussite par tous les moyens pour protéger la famille et améliorer le quotidien. Réalité transposée et déformée pour la famille américaine confrontée à son propre tsunami personnel et professionnel.



Le fossé entre les deux familles en présence, le décalage des deux cultures, la confrontation des valeurs humaines rendent le récit passionnant, avec une réflexion subtile sur les notions de classe sociale, de race et de mariage. Ici chacun poursuit ses rêves comme il le peut.



Imbolo Mbue est une conteuse captivante, qui offre un premier roman pétri d'humanité et de gravité et aussi de naïveté, de légèreté et de cocasserie.

Elle nous laisse sur la question d'un rêve africain possible...

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Puissions-nous vivre longtemps

Ce que j’ai ressenti:



« Peut-être est-ce de folie que nous avions besoin? »



Car quand nous sommes démunis, désespérés, impuissants, est-ce que la folie de rêver un monde meilleur, ne serait-il pas une idée lumineuse…C’est ainsi que j’ai ressenti cette lecture. Déjà le pronom Nous, prend toute sa majesté. Nous, c’est nous êtres humains, concernés par les crises climatiques, économiques, politiques. Nous, êtres humains, faisant partie de ce monde, avec ce que nous pouvons accomplir de beau, ensemble, avec nos différences. Nous, êtres humains, conscients des injustices, de l’Histoire, de la réalité. Nous, êtres de chairs et de sang. Je suis l’une d’entre nous. Il m’est donc douloureux de constater, que certains d’entre nous sur terre, puissent subir, autant de violences, d’indifférences, de silenciations.



C’est dans un tout petit village, Kosawa, que se déroule un drame révoltant: la mort d’une communauté, d’une terre, d’un Esprit. L’avarice du capitalisme arrache à ses habitants, leurs descendances, leurs puissances, leurs croyances. L’extraction du pétrole décime tout, en ce lieu. Ne reste plus que quelques sursauts d’espoirs et d’actes désespérés, un peu de rugissements, pour que vienne jusqu’à Nous, leurs histoires…Puissions-nous vivre longtemps, pour que ce combat ne tombe pas dans l’oubli…



« Elle était une colombe façonnée par le feu, une colombe qui se consumait et s’élançait pourtant vers le ciel. »



Thula sera le visage de cette jeunesse endeuillée, révoltée et déterminée à mener le combat pour libérer son peuple. Elle, une fillette, elle, une flamme, elle, une espérance, elle, une vie consacrée à une lutte totalement inégale contre les puissants. Une promesse, pour les siens, et pour l’Histoire. Elle qui va combattre les préjugés, la domination, la corruption grâce à l’éducation. Et c’est parce qu’elle est cet espoir, qu’elle est entièrement dévouée à cette cause, qu’elle devient la porte-parole de tous ces opprimés. Elle fait des sacrifices énormes pour défendre Kosawa, transmettre la bienveillance et la paix par le pouvoir des mots, agir avec intelligence. C’est une magnifique et puissante héroïne. Quel courage! Elle est éblouissante. Tout le long de ces 500 pages, on la voit petit à petit, s’épanouir et devenir, cette Colombe…Thula est une inspiration, elle est, l’une d’entre nous…



« Nous aurions dû savoir que la fin était proche. Comment se fait-il que nous ne l’ayons pas su? »



Imbolo Mbue nous offre un roman polyphonique bouleversant et sublime. J’ai été transportée par cet élan d’amour, de désir, de résistance. Malgré les deuils, malgré les horreurs, malgré la pollution, malgré le désespoir, elle nous donne à lire une émotion forte, grâce à une plume sensible et poétique. Nous ressentons l’urgence de prendre conscience de l’inéluctable, de l’injustice, de la mort. Nous ressentons la tragédie de voir s’effacer les richesses matérielles et spirituelles. Nous ressentons la peine, la colère, la désillusion de ces peuples bafoués. Les outrages sont divers, et c’est en entendant leurs voix, en écoutant le sang du léopard qui coule dans leurs veines, en prêtant oreille à leurs souvenirs évoqués, que peut-être justice leur sera rendue…En attendant, les souffrances s’accumulent…La splendeur, c’est cette histoire qui parvient jusqu’à nous. Et si vous sentez la vibration qui nous relie, alors vous sentirez aussi, mon coup de cœur…
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Voici venir les rêveurs

Critique de la version audio.

Première fois que je "lis" un livre audio. C'est très plaisant d'écouter une belle histoire tout en faisant autre chose, avec tout de même un petit inconvénient chez moi... les interruptions ne peuvent se signaler par un marque-page, et pour reprendre l'écoute, il faut parfois quelques manipulations et retours en arrière.

Mais ce fut une très agréable découverte. La narration, par Julien Chatelet, offre à chaque personnage une personnalité bien marquée, c'est un véritable plaisir que de l'entendre prendre des intonations africaines sans forcer le trait. Vraiment formidable !

Bien sûr, l'histoire en elle-même est belle... je crois que tous les avis s'accordent la-dessus... alors, tout ça a fait de cette lecture un véritable bonheur !

Pour ceux qui ont beaucoup apprécié la version livre... je peux conseiller la version audio, ils en auront probablement une nouvelle vision.

Je vais confier ce livre audio à ma mère qui, elle, ne voyant plus, en écoute déjà depuis quelques années... je suis presque sûre qu'elle aimera aussi.

De sa part et de la mienne, un grand merci aux organisateurs de Masse Critique et à Audiolib pour cet envoi.
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Voici venir les rêveurs

« Qu’allez-vous sacrifier pour obtenir ce que vous voulez ? »



Pendant la lecture de ce roman, les paroles de la chanson ‘Across 110th Street’ me sont revenues « Harlem is the capital of every ghetto town ». C’est à Harlem que Jende et Neni vivent avec leurs enfants. Il sont venus du Cameroun pour espérer un avenir meilleur, pour vivre le (leur) rêve américain dans les années 2000. Mais déjà en 1972, Bobby Womack le chantait « trying to break out of the ghetto was a day to day fight… » et rien n’a changé en 30 ans manifestement. Jende doit régulariser sa situation au regard de l’administration en charge de l’immigration -il est entré avec un visa pour trois mois- et voilà des années qu’il tente d’obtenir des papiers, Neni doit suivre des cours pour devenir pharmacienne et assurer ainsi, le maintien de son visa d’entrée. Ils travaillent des heures et des heures pour vivre dans un appartement où la famille s’entasse, économisant le maximum. Mais Neni est prête à tout pour rester, parce que « l’Amérique, pour elle, était synonyme de félicité. » Elle supporte, d’autant qu’apparaît une petite lumière lorsque Jende a la chance d’être recruté en qualité de chauffeur pour le compte d’une riche famille, dont le père est un cadre de Lehman Brothers.



Le décor est planté et les lignes de fracture sont tangibles, un rien et le tout s’écroule. Alors, chacun, la peur au ventre, tente de trouver ses solutions (« Êtes-vous contente d’être la femme que vous devenez ? »). Très vite l’auteur nous fait entrer dans les relations au sein de ces deux familles si dissemblables et montre les failles dans lesquelles chacun pourrait tomber, dans les deux camps. Qui est réellement heureux dans ce New York ? Jende et Neni vont déambuler dans ce tourbillon que fût la chute de la banque d’investissement entraînant des drames humains considérables.



Les personnages sont bien décrits par l’auteur, tout en nuance et fragilité. L’auteur montre l’usure des corps et des âmes avec des phrases très explicites (« Tout se passait comme si sa convocation au tribunal avait transformé l’homme heureux de vivre qu’il était en un mourant empli d’aigreur qui se faisait un point d’honneur de cracher au monde sa colère avant d’y passer. ») J’ai beaucoup apprécié le fait qu’Imbolo Mbue ne limite pas son propos au couple d’immigrants mais ait une vision plus large : la famille américaine -riche d’argent, faute de mieux, et sa faillibilité-, les salariés de Lehman Brothers, les liens au sein de la communauté camerounaise installée aux États-Unis ou encore les relations des camerounais avec les leurs, restés sur leur terre natale. C’est un livre très complet.



Un très beau roman sur le déracinement « Un homme peut trouver sa maison partout, monsieur », sur la force et la volonté « Il me disait que je devais me contenter de la vie que j’avais, même si cette vie n’était pas celle que je voulais », sur l’amour et le rêve, et je remercie Babelio et les éditions Belfond pour ce beau cadeau.



« Nous l’aimons, nous le détestons, mais c’est toujours notre pays. »
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Voici venir les rêveurs

Jende, à la suite d’un heureux piston, devient le chauffeur particulier de la famille d’un banquier et jouit du luxe feutré auquel il a ainsi accès: les discussions qu’on lui permet d’avoir avec ses patrons qui n’omettent jamais de tempérer leur supériorité d’un désir de décence ; la mallette qui contient ses mouchoirs et son sandwich , et qu’on pourrait prendre pour un attaché-case; l’argent presque facile qui lui permet de croire que son épouse et lui-même pourront devenir de vrais Américains, avec papiers en règle.

Mais le banquier travaille pour Lehman Brothers et s'il ne respecte pas plus la morale dans sa vie privée que dans son univers professionnel, c’est Jende qui paiera les pots cassés et verra son rêve américain s’effondrer.

Le roman d’Imbolo Mbue est agréable à lire et il est étonnant qu’il n’ait pas encore été adapté tant il relève de l’esthétique de la série: suprématie des dialogues, équilibre des hauts et des bas, personnages campés sans subtilité excessive, distribution harmonieuse des bons points et des cartons rouges (les Blancs aussi ont leurs problèmes, et si les Noirs ont une vision traditionnelle de la famille, les Américains ne sont pas en reste), final malin qui fait de l’American way of life un tremplin commode vers le rêve africain.

Si ce livre est loin d’être un chef d’oeuvre impérissable, il ne manque pas d’intérêt et offre un regard nouveau sur les desesperated asylum seekers.
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Voici venir les rêveurs

Il faut sans doute être soi-même d'origine camerounaise et avoir vécu la plongée soudaine dans le monde américain pour décrire aussi bien ce que vivent et ressentent Jende Jonca et sa femme Neni lorsqu'ils s'établissent à New-York en rêvant d'offrir à leurs enfants une vie meilleure .



Jende est arrivé trois ans auparavant et grâce aux connaissances de son cousin , il obtient le poste tant prisé de chauffeur particulier d'un banquier , Clark Edward , cela lui permet de faire venir femme et enfant de Limbe , village camerounais où il n'était qu'un petit employé municipal et ne pouvait prétendre épouser Neni.



Ne reste pour cet homme courageux, travailleur et honnête qu'à obtenir la fameuse Green Card, véritable et unique Graal pour ne pas se faire expulser ... L'avocat en charge de son dossier est confiant.



Neni, elle, rêve de devenir pharmacienne et s'inscrit à la faculté .



C'est sans compter que nous sommes en 2008 et que l'employeur de Jende travaille chez Lehman Brother qui fait faillite, on s'en souvient bien . Cet événement va totalement bouleverser la situation y compris celle de la famille Jonca.



Cette histoire est particulièrement marquante car l'écrivain fait vivre le lecteur de l'autre coté de la barrière, celle de ces immigrés qui ont idéalisé l'Amérique ; elle sait rendre attachante cette communauté camerounaise, joyeuse malgré les difficultés, ces hommes et ces femmes réalistes chacun à leur façon, Jende plus malléable et fataliste que Neni obstinée à réussir sa vie aux Etats Unis et qui va se trouver au coeur du drame familial des Edward, car la vie des américains n'est pas , non plus, l'eldorado qu'ils avaient imaginé .



La fin surprend mais elle est pleine de sagesse et d'espoir .
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Voici venir les rêveurs

Voici venir les rêveurs, le livre de la rentrée littéraire 2016 à ne pas manquer !



Des coups de cœur partiels, j’en ai régulièrement. Quelques fois, je craque pour un personnage singulier, d’autres fois c’est pour une histoire originale ou la sensibilité d'un récit. Je suis assez réceptive à ce qu’un roman souhaite raconter. J’ai eu un coup de cœur pour « Voici venir les rêveurs » de Imbolo Mbué, mais ce coup de cœur ci, il est entier. Ce roman, pourtant profond, est porté par la légéreté du mode de vie africain. Imbolo Mbué y parle de l’immigration vue par un couple de Camerounais, mais aussi de l’envie, du besoin d’avoir plus et d’espérer une vie meilleure.



En attente de leur régularisation, Jende et Neni vivent à New York. Jende à la chance de décrocher un emploi de chauffeur pour un membre de la direction de l’une des plus grosses banques de la place. Conscient de la chance qu’il a, Jende n'a de cesse d'exceller dans son travail. Mais la crise de 2008 ébranle le monde financier et touche de près les deux hommes...



J’ai adoré ce roman. Tout d’abord pour les personnages, Neni et Jende, ce couple d’immigrés qui veut coûte que coûte rester aux USA. Jende est un homme intègre et sage, Neni a le feu qui bout en elle. Bien qu’elle respecte son mari, comme il est de coutume en Afrique, on suit son américanisation. Neni refuse l’idée d'une possible extradition et est prête à tout pour rester aux Etas-Unis. Jende lui est conscient que son salaire lui permet de payer les études de sa femme qui souhaite devenir pharmacienne et d’envoyer de l’argent à Limbé lorsque sa famille le sollicite. Et c’est là qu’on découvre un style de vie tellement différent du nôtre. La famille a qui on doit envoyer de l'argent, le respect des anciens, même s'il y a injustice et la force des traditions qui fait que même à plusieurs millier de kilomètres, il est impossible de se détacher de son passé.



Dans « Voici venir les rêveurs », Imbolo Mbue met en évidence deux visions des USA. Celle vue d’un immigré africain et celle des autochtones, qui plus est, des nantis. J’ai particulièrement aimé Jendé qui est un homme d’une grande sagesse. Conscient de la chance qu’il lui est offerte, il reste très terre à terre. Bien qu’étant un homme fier, il est aussi extrêmement humble et travailleur. Durant tout ce roman, on assiste à l’évolution et à l’intégration de Neni, Africaine de cœur, elle se rêve en Américaine moderne au grand désespoir de son mari. Le patron de Jende et Cindy son épouse, sont l’archétype du couple riche qui n’a pas conscience de sa chance. Le bonheur semble vouloir les fuir. Lui s’oublie dans le travail, elle sombre dans l’alcoolisme et la dépression. La crise économique viendra attiser le feu qui brûle entre les maris et femmes. Le moment pour eux tous de se remettre en question et de reprendre leur vie en main.



"Voici venir les rêveurs" de Imbolo Mbue est un livre à découvrir absolument, pour le fond mais aussi pour la forme, car s'immerger dans l'histoire c'est un peu s'inviter dans le quotidien d'une famille Camerounaise.



Ce roman rejoint la catégorie coup de cœur du blog !



Pourquoi cette lecture ?



J'ai choisi ce titre dans le catalogue des éditions Belfond sur Netgalley.fr. Nous étions au mois de mai, et je n'en avais pas encore entendu parler. J'ai été attirée par la couverture ethnique mais surtout par le résumé. Les habitués de ce blog savent que j'aime lire tout ce qui traite de l'immigration, quelle qu'elle soit. Je ne pouvais donc pas passer à côté de ce roman.


Lien : http://que-lire.over-blog.co..
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Puissions-nous vivre longtemps

Dans un premier temps j’ai adoré regarder la couverture sobre et colorée de ce livre qui m’attendait alors que j’avais plusieurs lectures en cours. Le rabat présente un portrait de l’autrice tout à fait saisissant par la puissance et la détermination dégagées. Une Imbolo Mbue lumineuse nous propose un roman sincère et convainquant.



Imbolo Mbue est née en 1982 à proximité de Douala, dans la petite partie anglophone du Cameroun, au sud-ouest du pays. A 16 ans elle part pour faire ses études aux États-Unis. Elle dit sa sensation d’être entre deux cultures après avoir lu « les grands auteurs africains » Chinua Achebe, Ngugi wa Thiong’o notamment puis découvert Toni Morrison et Gabriel Garcia Marquez, des références susceptibles d’attiser ma curiosité. Elle a aujourd’hui 38 ans et vit à Manhattan. Son premier roman Voici venir les rêveurs sorti en 2014, immense succès traduit dans de nombreux pays, racontait l'histoire d'une famille camerounaise émigrée à New York. Ce second roman remonte le temps, reviens sur la vie des ancêtres au pays, la vie d’avant les promesses de prospérité venue d’Occident.



Puissions-nous vivre longtemps est l’histoire des habitants d’un petit village d’Afrique, Kozawa, de la période coloniale jusqu’à nos jours. L’autrice est une habile conteuse qui parvient à tresser ensemble tous les fils liés aux divers personnages, aux générations successives, sans que je me sois senti perdu à une seule page et sans que l’intérêt pour la suite ne retombe.



J’aime beaucoup le titre d’origine, en anglais : How Beautiful We Were... La vie heureuse bascule le jour où une multinationale américaine, nommée Pexton, s’installe à proximité du village, polluant l’eau, l’air, les terres de culture et provoquant la mort des enfants... Une lutte opiniâtre va s’organiser. Celle-ci va prendre différentes formes : pacifiques en usant de la diplomatie, utilisant l’appui de journalistes étrangers, d’associations... violentes également en ayant recours à l’enlèvement, la séquestration, la lutte armée et même les tentatives de renversement du régime. Les forces en présences sont inégales et les déboires nombreux, mais au final l’espoir est toujours présent, le titre est là pour nous en convaincre. « Puissions-nous vivre longtemps » appelle une suite que le lecteur doit imaginer en refermant le livre. Je pense à « ... pour connaître la justice, nous libérer de l’emprise des multinationales, pour vivre libres et heureux. »



C’est bien un message d’espoir qui est délivré dans ce récit en partie autobiographique. Imbolo Mbue s'engage à sa façon avec ses écrits comme le fait Thula. Elle règle des comptes avec son pays d’origine et n’est pas tendre avec son président qu’il me semble reconnaître à travers « Son Excellence », même si les despotes cupides, manipulés par des puissances étrangères sont nombreux en Afrique. L'autrice réussit, à travers des lieux fictifs, à en faire des situations emblématiques.



J’ai aimé la façon dont l’autrice nomme les étrangers : Face de lune, le Chétif, le Gentil, le Charmant... En quelques mots les portraits sont établis. J'ai aimé la facilité avec laquelle on passe d'un narrateur à un autre, donnant une idée des différents points de vue possibles.



Thula, cette jeune femme originaire du village, va être remarquée pour son goût pour la lecture. Elle obtient une bourse et part étudier aux États-Unis. Elle devient une des meilleures dans sa discipline tout en côtoyant des milieux politisés lui permettant d'acquérir les connaissances qui lui seront utiles à son retour à Kosawa. La grande force de ce roman est la multitude de chemins empruntés. L'intelligence de Thulla lui fait explorer inlassablement de nouvelles pistes pour trouver une voie de sortie pour son peuple, s'inspirant tout en s'en méfiant des mouvements ayant existé en Amérique et en Europe. Entre utopie et désillusion les questions abondent, rien n'est simple :



Mais aucune naïveté ici. Entre le but à atteindre et la réalité, bien des obstacles se dressent, notamment le manque de fondations du pays.



Le personnage de Thula m’a beaucoup intéressé. Il est charismatique. Cette jeune femme dévouée à la cause des villageois opprimés m’a fait penser à Louise Michel ou à Dolores Ibárruri, aussi surnommée La Pasionaria lors de la guerre d’Espagne. Plus sérieusement j’ai pensé aussi aux mères de la Place de Mai en Argentine dont les enfants ont disparu sous la dictature. Mais la figure principale à laquelle renvoie l’héroïne du livre est sans contestation possible Angela Davis, alliance d’engagement direct et de puissance littéraire. La belle chevelure de l'autrice évoque Angela, très loin des fastes du pouvoir renvoyés par la femme de "Son Excellence", passage très drôle qui cible à n’en pas douter la première dame actuelle du Cameroun, Chantal Biya, et son incroyable chevelure rappelant les monarques d’antan. Voir photos sur internet...



J’avoue qu’aucun nom d'héroïnes africaines ne m’est venu... J’ai pourtant découvert que de nombreuses femmes ont lutté contre le colonialisme : Aline Sitoé Diatta au Sénégal, Kimpa Vita/Dona Beatriz au Congo, M'Balia Camara en Guinée...



Ces quelques notes sont très réductrices d’un récit foisonnant, qu’il est nécessaire de lire dans sa totalité pour en capter la richesse. Je ne suis pas bien sûr d’avoir réussi à le résumer en si peu de place. Ce n’est pas un livre politique dans le sens où il ne théorise pas, chacun conserve sa vérité, c’est un livre de l’humain et du sensible d’où émergent des figures marquantes. Je le conseille sans hésiter, espérant que comme moi, vous l’aimerez !

*****

Chronique complète avec illustration sur Bibliofeel, lien ci-dessous.


Lien : https://clesbibliofeel.blog
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Voici venir les rêveurs

Les rêveurs, c'est ce couple de camerounais qui ont cru que la vie serait meilleure aux Etats-Unis.

Ils y passent cinq ans.

Jende décroche un bon job de chauffeur.

Mais ça ne dure pas et ils attendent toujours leur carte de séjour.

Un livre dense et intense qui raconte bien les rêves illusoires de millions d'individus qui pensent que l'herbe est plus verte ailleurs.

Ils sont très sympathiques Jende et sa femme Neni .

Chaleureux, sincères et attachants

Leurs joies les rapprochent et leurs déboires les séparent.

Mais ils y croient, ils espèrent tellement de ce pays mythique.

C'est une histoire ordinaire mais d'une grande humanité qui démystifie les espoirs de rêve américain.

C'est bien écrit, ça se lit agréablement, ça semble très réaliste.
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Voici venir les rêveurs

Jende Jonga, Camerounais, est venu en Amérique parce que c’est le pays où tout est possible. D’ailleurs sa belle, Neni a pu le rejoindre comme étudiante avec leur fils Liomi. Il a même enfin décroché un job de chauffeur pour une riche famille blanche. Il ne lui reste qu’à obtenir la grenn card grâce une demande d’asile.

Clark quant à lui est cadre chez Lehman Brothers. Avec son épouse Cindy il semble former un couple parfaitement heureux. Pourtant Clark est accro au travail d’autant qu’il sent venir le scandale lié aux risques pris par la banque. Tandis que Cindy est toujours inquiète pour sa famille.

Au fil des heures passées dans la voiture des liens de confiance se créent entre Jende et son employeur. Neni aussi travaille momentanément pour Cindy.

Quand la crise des subprimes éclate les deux familles vacillent.



Ce roman correspond exactement à ce que je recherchais, un récit sur les difficultés qui attendent les immigrants. Mais il va au-delà. Si les Jonga vont changer leurs objectifs, de gré ou de force, la famille riche aussi va subir de grandes transformations.















Au delà du problème de l’immigration, il y a la peinture de deux familles. Les deux maris sont des hommes qui font de leur mieux, mais leur façon de régler les problèmes sont différents. Clark fuit dans le travail et cherche la détente auprès de prostituées. Jende essaie de prendre soin de sa femme mais ne semble pouvoir envisager de la laisser agir sans lui demander son avis. Quant aux épouses, Cindy n'hésite pas à parler d'égale à égal avec son mari même si c’est la plupart du temps dans des disputes alors que Neni ne voit pas d’autres solutions que se soumettre lorsqu’elle ne peut convaincre le sien.



Un livre sur l'Amérique vue à travers deux types d’expérience totalement différentes, mais aussi sur deux façons d’envisager le couple et la famille.



Dommage que ce soit l’unique livre de Imbolo Mbue.

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Voici venir les rêveurs

Jende Jonga et son épouse Neni ont cru au rêve américain. Après beaucoup de sacrifices ils ont rejoint "les lointaines terres des riches" et gagné New York. Ils espèrent y vivre ce que le miroir aux alouettes mondial qu'est devenue la télévision leur a fait briller dans leur ville natale du Cameroun.



On l'aura compris cet ouvrage traite de l'épineux, et toujours douloureux, thème de la migration. Question universelle de tout temps, en tout lieu, pour des personnes qui sont soit chassées de chez elles, soit attirées par des espoirs de vie meilleure, voire tout simplement en quête d'avenir.



Cet ouvrage se démarque toutefois à mon sens de beaucoup d'autres qui traitent du sujet car il le fait avec beaucoup de sincérité, mais est surtout dépourvu de cette sociale-démagogie dans laquelle les médias se complaisent de nos jours, en oubliant leur responsabilité quant à la suggestion des faux espoirs.



Avec Voici venir les rêveurs, Imbolo Mbue, elle-même camerounaise vivant aux Etats-Unis, aborde au travers d’un périple de vie tous les aspects du sujet. Elle nous montre comment notre époque, avec ses formidables moyens de communication et de déplacement, fait désormais se confronter non seulement les cultures, mais aussi les époques peut-on affirmer, puisqu'il faut bien en convenir, tous les peuples du monde ne sont pas parvenus au même stade de maturation de leur développement tant économique que politique et social.



Le membre d'une famille qui a franchi le pas et quitté son pays pour un supposé eldorado devient pour ses proches restés au pays une source de revenus, convaincus qu'ils sont du fait que la réalité est à hauteur des espoirs que tous ont fondés dans cette aventure. Pour l'avoir sans doute vécu, sinon côtoyé de près, Imbolo Mbue connaît bien les tenants et aboutissants du contexte. En témoigne le réalisme dans lequel elle nous y acclimate. Elle sait remarquablement bien mettre en mots les situations, les sentiments qui animent leurs protagonistes, et surtout les spécificités des deux cultures qui se confrontent ici. Le terme n'est jamais trop fort quand on parle d'immigration. On apprécie l'analyse qu'elle fait de la famille américaine, trop souvent déstructurée dans la spirale infernale d'un rythme de vie fondé sur la conquête du pouvoir d'achat. On apprécie de même la restitution des persistances de la culture africaine qu'elle image admirablement bien, en particulier le parler africain qui est fort bien passé au travers du crible de la traduction. Cela donne lieu à des échanges de dialogue particulièrement savoureux. Elle se garde toutefois bien de faire l'évaluation de l'une ou l'autre des cultures.



Cette couleur locale du langage qui émaille son récit n'enlève évidemment rien au côté dramatique de la situation pour les personnes qui ont fait le choix de franchir les frontières, d'affronter la clandestinité, avec son inévitable lot de précarité, de mépris peut-être, de rejet souvent, d'exploitation toujours, pour voir le rêve se transformer en cauchemar. Il est évident que les populations les plus fragiles sont celles qui paient le plus lourd tribut aux soubresauts de la vie économique d'un pays. On le vit dans cet ouvrage avec la crise financière de 2007 qui, partie des Etats-Unis, a fait trembler le monde entier.



L'épilogue de cet ouvrage est à lui seul le témoin du pragmatisme, de la lucidité et la sagesse qui ont animé Imbolo Mbué. J'ai sincèrement apprécié son roman, sa morale qu'on n’attend pas au final. Elle a su se démarquer du manichéisme en vogue qui met en scène le gentil pauvre malmené par le vilain riche. Elle restitue à chacun sa sensibilité forgée par sa culture, son éducation, son histoire, sa pratique religieuse. Elle respecte les arguments des uns et des autres et fait une très belle analyse graduelle des états d'âme qui animent Jende et Neni au fur et à mesure que surgissent les difficultés. Les voir faire l'inventaire des solutions les plus extravagantes pour acquérir la fameuse "green card", le graal qui permettra de passer du statut de clandestin à celui de citoyen, est particulièrement touchant. Il est tellement cruel de voir s'éteindre les rêves les uns après les autres. Alors la nostalgie reprend son pouvoir vénéneux quand elle porte à croire que l'on souffre mieux dans son pays d'origine plutôt que sur la terre d'accueil devenue inhospitalière. Oubliées les difficultés qui ont poussé à partir. Reviennent à l'esprit les images des fêtes en famille, de l'animation des marchés locaux, de la ferveur rythmée des offices religieux africains.



Sujet douloureux que celui de cette situation qui fait si souvent l'actualité de nos jours. Il est fort bien traité par cette auteure, parce que dépourvu d'esprit partisan mais traité avec une grande sensibilité objective.



Je remercie Babelio et les éditions Belfond qui m'ont permis de faire connaissance avec cette auteure au travers de ce bel ouvrage. Un premier roman qui laisse augurer un bel avenir éditorial à cette auteure.

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Voici venir les rêveurs

Voici venir les rêveurs raconte l'histoire de Jende Jonga, un immigrant illégal camerounais qui se bat sans relâche pour obtenir la précieuse Carte Verte qui lui permettra de rester aux Etats-Unis. Alors que Jende et sa femme sont prêts à tout pour accomplir leur rêve américain, leur route va croiser celle de la famille Edwards dont le père, Clark, est le patron de Jende, et dont la vie va également être bouleversée par la crise financière de 2008.

On sent que Imbolo Mbue, l'auteur américano-camerounaise, connaît bien son sujet et que son récit est nourri de nombreux détails sans doute vécus ou arrivés à des personnes proches. L'arrivée de Jende et Neni aux Etats-Unis, leur déchirement entre deux cultures, leur lutte sans fin pour gagner les quelques dollars nécessaires à leur survie, tout sonne juste et nous offre un éclairage intéressant sur les difficultés rencontrées par les émigrants et surtout le chagrin de devoir abandonner son pays et ses racines.

Malheureusement malgré cette justesse de ton, j'ai eu du mal à rentrer dans ce roman et à m'y attacher. J'ai trouvé que les personnages étaient très caricaturaux, la famille Clark n'échappe à aucun des clichés sur "la pauvre famille riche américaine" . Le comportement de Jende dans la seconde moitié du livre et son renoncement à son rêve américain m'a également souvent paru peu crédible, on a du mal à croire qu'il puisse changer aussi soudainement en si peu de temps. Il m'a semblé qu'il y avait aussi quelques longueurs, le livre avançant plutôt par à coups et certaines situations étant un peu trop délayées au fil des pages.

Cela reste un roman intéressant et une vision originale de l'immigration aux Etats-Unis mais je n'ai pas pris autant de plaisir à le lire que ce à quoi je m'attendais.
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Voici venir les rêveurs

Le premier roman d'Imbolo Mbue, originaire du Cameroun mais vivant depuis longtemps en Amérique, a fait parler de lui bien avant sa parution. L'éditeur Random House en a en effet acheté les droits pour un million de dollars en 2014. Buzz et marketing aidant, l'attente était grande de découvrir Voici venir les rêveurs avec évidemment la crainte que le livre soit davantage un produit qu'une oeuvre littéraire de valeur. Bonne nouvelle, ce n'est pas (complètement) le cas : le récit est agréable à lire, bien agencé et souvent touchant quant à l'expérience d'immigrants du couple formé par Jende et Nani et à leur difficulté d'obtenir la fameuse Green Card. Ceci dit, le thème n'est pas neuf et si on compare le livre à ceux de Jhumpa Lahiri, Dinaw Mengistu ou, surtout à l'Americanah de Chozi Ngozi Adichie, on se gardera bien de se pâmer d'admiration. S'il est vrai que le récit est touchant quant il se concentre sur ses héros camerounais, il est beaucoup plus sujet à caution dans la description stéréotypée de la famille américaine des Edwards qu'ils côtoient. Imbolo Mbue insiste à raison sur les chimères du rêve américain pointant du doigt le fait que les clivages raciaux et sociaux persistent largement. Mais là où le bât blesse, c'est dans l'écriture proprement dite. Certes, le livre est du ressort du conte ou de la fable mais cela n'excuse pas le faible intérêt de l'ouvrage du point de vue du style. Sa naïveté est également gênante dans un premier temps avant que le roman n'acquiert davantage d'épaisseur et de force, au bord du mélodrame, dans ses 100 ultimes pages, plus convaincantes. Voici venir les rêveurs ne manque pas de charme, d'humilité et de lucidité, il n'en reste pas moins volontairement limité dans ses ambitions contrairement à ce que son lancement surdimensionné voudrait laisser accroire.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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