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Citations de J.-H. Rosny aîné (251)


Le dernier mammouth ne fût pas contemporain de celui dont on découvrit la dépouille dans les glaces de la Sibérie et qui vécut il y a environ dix mille ans. Le dernier mammouth est mort exactement le 19 mai 1899. Je parle avec certitude, puisque je l'ai vu trépasser...et que je lui dois ma fortune !
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Il s’élevait une colline, il se creusait une combe; une mare stagnait, pullulante d'insectes et de reptiles; quelque roc erratique dressait son profil de mastodonte; on voyait filer des antilopes, des lièvres, des saïgas, surgir des des loups ou des chiens, s'élever des outardes ou des perdrix, planer des ramiers, les grues et les corbeaux; des chevaux, des hémiones et des élans galopaient en bandes.
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Le fleuve roulait dans sa force. A travers mille pays de pierre, d'herbes et d'arbres, il avait bu les sources, englouti les ruisseaux, dévoré les rivières. Les glaciers s'accumulaient pour lui dans les plis chagrins de la montagne, les sources filtraient aux cavernes, les torrents pourchassaient les granits, les grès ou les calcaires, les nuages, dégorgeaient leurs éponges immenses et légères, les nappes se hâtaient sur leurs lits d'argile. Frais, écumeux et vite, lorsqu'il était dompté par les rives, il s'élargissait en lacs sur les terres plates, ou distillait des marécages ; il fourchait autour des îles ; il rugissait en cataractes et sanglotait en rapides. Plein de vie, il fécondait la vie intarissable.
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Sur les rives vierges, vint la forêt, en lisières de saules fragiles, en peupliers grisailles, frênes pleureurs, bouleaux sur les tertres et, à l'arrière, les populations d'arbres géants, le cosmos des lianes et des planutules en luttes, le mystère de la nature créatrice, des forces libres, la renaissance sur l'humus millénaire, dans les demi-ombres de temple et d'embuscade où palpitent à perpétuité la joie, la terreur et l'amour.
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Aoûn et Zoûhr se reposèrent auprès des roseaux, sous les peupliers noirs. Énormes et bénévoles, trois mammouths passaient sur l’autre rive. On vit s’enfuir des saïgas ; un rhinocéros oscilla près d’un promontoire. Des énergies obscures agitaient le fils de Naoh ; son âme, plus vagabonde que celle des cigognes, voulait vaincre l’étendue. Et quand il se redressa, il alla vers l’amont, jusqu’à ce que parût l’ouverture farouche d’où sortait le fleuve. Des chauves-souris voletèrent dans l’ombre, une ivresse vagabonde enchanta le jeune homme ; il dit à Zoûhr :
« Il y a d’autres terres derrière la montagne ! »
Zoûhr répondit :
« Le fleuve vient des terres du soleil ! »
Son œil dormant, qui ressemblait à l’œil des reptiles, se fixa sur les yeux étincelants d’Aoûn. C’est Zoûhr qui avait donné une forme au désir de l’Oulhamr. En proie à l’intelligence pleine de rêves des Hommes-sans-Épaules, qui avait fait déchoir la race, il savait que les rivières et les fleuves ont un commencement.
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J’errais autour des Halles, plein d’affliction et de crainte. Car j’avais la certitude de ma nullité marchande. Mon père, homme excellent et plein d’une délicieuse insouciance, ne s’était mêlé de mon éducation que pour m’inspirer des goûts de luxe et m’avait fait si mal instruire que nul diplôme, pas même l’indigent diplôme des bacheliers, ne se mêlait à mes paperasses. De plus, aucune idée pratique ne garnissait ma cervelle. À part un peu d’escrime, de tir, de canne et de danse, je ne savais rien faire de mes membres. Et j’avais une sainte horreur de la servitude.

(Conte : La marchande de fleurs)
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Hélas ! mes rêves sont ridicules. Et pourtant... pourtant ! Ne m’aident-ils pas à vivre ?... Ne me donnent-ils pas un peu de ce jeune bonheur qui a fui pour toujours l’âme des hommes?
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Faouhm, saisissant Gammla par la chevelure, la prosterna brutalement devant le vainqueur.
Et il dit:
- Voilà. Elle sera ta femme... Ma protection n'est plus sur elle. Elle se courbera devant son maître; elle ira chercher la proie que tu auras abattue et la portera sur son épaule. Si elle est désobéissante, tu pourras la mettre à mort.
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Pourquoi la mort de l’espèce attristerait-elle l’individu ? Tout ne s’est-il pas toujours passé, pour chaque vivant, comme si le monde entier disparaissait avec lui ?
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L’impuissance de l’homme était dans sa structure même : né avec l’eau, il s’évanouissait avec elle.
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« Le mammouth est le maître de tout ce qui vit sur la terre ! »
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Naoh ne se décida pas aussi vite. Il désirait sentir encore dans ses yeux l'image de Gammla. Elle se tenait sous un frêne, derrière le groupe du chef, de Goûn et des vieillards. Naoh s'avança ; il la vit immobile, le visage tourné vers la savane. Elle avait jeté dans sa chevelure des fleurs sagittaires et un nymphéa couleur de lune ; une lueur semblait sourdre de sa peau, plus vive que celle des fleuves frais et de la chair verte des arbres.
Naoh respira l'ardeur de vivre, le désir inquiet et inextinguible, le vœu redoutable qui refait les bêtes et les plantes. son cœur s'enfla si fort qu'il en étouffait, plein de tendresse et de colère ; tous ceux qui le séparaient de Gammla parurent aussi détestables que les fils du Mammouth ou les Dévoreurs-d'Hommes.
Il éleva son bras armé et dit :
" Fille du Marécage, Naoh ne reviendra pas, il disparaîtra dans la terre, les eaux, le ventre des hyènes, ou il rendra le Feu aux Oulhamr. Il rapportera à Gammla des coquilles, des pierres bleues, des dents de léopard et des cornes d'aurochs. "
A ces paroles, elle posa sur le guerrier un regard où palpitait la joie des enfants. Mais Faouhm, s'agitant avec impatience :
" Les fils de l'Aurochs ont disparu derrière les peupliers. "
Alors, Naoh se dirigea vers le sud.
Naoh, Gaw et Nam marchèrent tout le jour sur la savane.
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L’Oulhamr s’enivrait des paroles de son compagnon ; l’orgueil dilatait ses narines ; cette tristesse qui appesantissait ses os, lorsqu’il fuyait dans la nuit, s’était dispersée ; son être triomphant s’exaltait à l’aventure, et, tourné vers les pourpres de l’aurore, il aima passionnément la terre inconnue.
Zoûhr balbutia encore :
« Le fils de l’Urus sera un chef parmi les hommes ! »
Puis il poussa une plainte ; sa face prit la couleur de l’argile et il s’évanouit. Alors, Aoûn, voyant que le sang ruisselait sur la poitrine du blessé, se troubla comme s’il avait vu ruisseler son propre sang, et le visage immobile le terrorisa. Une affection terrible et douce palpitait dans sa chair. Les temps qu’ils avaient vécus ensemble s’élevaient en images chaotiques ; il revoyait les sylves, les landes, les brousses, les marécages et les rivières où ils mêlaient leurs énergies, où chacun était pour l’autre une arme vivante.
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Rien ne pouvait plus surprendre Bluewinkle : il était littéralement adapté au fantastique. Et il demanda, comme il aurait demandé la chose la plus simple :
- Êtes-vous la véritable Evelyn Grovedale ?
- Si je suis la vraie Evelyn ? fit-elle avec stupeur...Et qui donc serais-je ?
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Aghoo veut conquérir le Feu. Il ira avec ses frères guetter les ennemis par-delà le fleuve. Et il mourra par la hache, la lance, la dent du tigre, la griffe du lion géant ou il rendra aux Oulhamr le Feu sans lequel ils sont faibles comme des cerfs ou des saïgas.
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Pendant plusieurs années, le monde qui pénétrait chaque partie du monde des hommes, demeura toutefois indistinct. On eût dit qu’Abel percevait avec des sens rudimentaires, [...] Aucun terme humain ne saurait exprimer les existences et les phénomènes qu’il discerna : appréhendés par des sens dont le développement fut de plus en plus rapide, ils ne révélèrent rien de ce que ne révèle l’ouïe, la vue, le toucher, le goût ou l’odorat, rien de ce que nous pouvons percevoir ni imaginer.
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Devant eux s'étendait un long pâturage qui semblait entrer dans le firmament ; à gauche et à droite , se dressait la montagne , monde formidable de pierre , du silence et des tempêtes , qui semble immuable et que la goutte d'eau creuse , emporte et dissout inlassablement .
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Le long atavisme de résignation retombait sur elles ; leur passivité parut même s’accroître, à la manière dont s’aggravent, après un répit, des maladies chroniques. Toute foi, même légère, les abandonna. Déjà la mort tenait ces mornes existences.
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Nymphée
Les habitants du lac

Somme toute, la simplicité de leurs besoins matériels ne les portait guère à l'industrie. Leur vie était plus poétique que pratique. Jamais je ne vis créatures plus débarrassées qu'eux de tous soucis d'accaparement ou de propriété. Ils semblaient n'avoir retenu que les éléments de bonheur, écarté toute vaine souffrance. Non d'ailleurs qu'ils fussent indolents - ils adoraient l'exercice, les voyages aquatiques, jusqu'à l'épuisement - ils étaient sans cesse en mouvement comme les cétacés, à l'encontre des sauvages, qui passent des chasses forcées aux longs jours d'assoupissement, ceux-ci se remuaient inlassablement.
Mais cette prodigieuse action n'avait aucun but productif. C'était leur rêve. Ils nageaitent, voguaient, bondissaient, comme d'autres se reposent. A part quelques chasses sous l'eau - et uniquement contre les poissons carnivores - ils bougeaient pour bouger.
Je leur vis résoudre d'extraordinaires problèmes de mouvement, une variété d'attitudes et de lignes auprès desquelles la souplesse de l'hirondelle ou du saumon est grossière. Leurs jeux n'étaient qu'un continuel déploiement d'art, des nages-danses, des ballets complexes et suggestifs.
A les voir se croiser, se tourner, décrire des hélices les uns autour des autres, se précipiter à vingt ou à trente dans des tourbillons, on sentait chez eux un sens de pensée dynamique, de pensée musculaire, inconnu chez les autres humains.
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La race blonde, haute de taille et de crâne long, avait reculé vers le nord de l'Europe, allant préserver cette vigueur et cette audace qui devaient lui assurer une place souveraine dans l'histoire du monde. Les peuples asiatiques, plus nombreux, avaient vaincu, et vainqueurs féroces, avaient souvent exterminé le rival.
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