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EAN : 9782717727722
184 pages
BnF éditions (15/03/2018)
4.17/5   6 notes
Résumé :
"Leur passivité parut même s'accroître...Toute foi, même légère, les abandonna. Déjà la mort tenait ces mornes existences."

Dans un futur indéterminé, les mers n'occupent plus que le quart de la surface de la Terre. Fleuves et lacs ont disparu. L'humanité s'est réduite à quelques milliers d'individus réfugiés autour d'oasis clairsemées. Un fléau les menace : les ferromagnétaux, nouvelle espèce d'êtres mi-vivants, mi-minéraux dévoreurs de globules roug... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
LA MORT DE LA TERRE
Ce court roman de 1911 est le plus lu de Rosny Aîné après La Guerre du feu.
Il est dans la droite ligne de certaines de ses plus anciennes nouvelles, de la fin des années 1880, précurseurs de la science-fiction, que l'on appelait alors le "merveilleux scientifique", terme que l'auteur emploie lui-même dans l'avertissement (intéressant d'ailleurs, il y parle de HG Wells et défend l'anglo-saxon, visiblement accusé à tort de l'avoir plagié).
Bon, on va pas se mentir : c'est pas très gai tout ça. D'ailleurs, le livre aurait pu s'appeler "la mort des hommes" plutôt que la mort de la terre, et ce n'est pas trop spoiler que de dire que tout cela va très très mal finir, car on en a une assez nette idée dès le début, tant cette prose a quelque chose d'inexorable, de résigné et de résolu.
C'est un livre de son époque, très lyrique, parfois même suranné, et j'ai eu du mal à me représenter certaines choses, comme ces fameux ferromagnétaux, sortes de créatures minérales qui anémient les hommes jusqu'à la mort. J'ai donc mis un peu de temps à accrocher.
Mais on ne peut que s'incliner devant le côté incroyablement visionnaire de l'auteur, qui anticipe déjà les dégâts de la radioactivité alors qu'elle venait à peine d'être découverte, et qui ressent déjà le destin exterminateur de l'espèce humaine, à la fois sur la faune et sur la flore, et le fait qu'elle est en train de se condamner elle-même.
Un livre que l'on pourrait conseiller à pas mal de gens d'aujourd'hui, afin de leur rappeler que nous ne sommes finalement qu'un pet de mouche dans l'histoire de la Terre, une espèce de passage qui ne vivra sûrement pas aussi longtemps que les dinosaures, et certainement pas la plus glorieuse. Afin de retrouver un peu d'humilité, tout simplement, si tant est que ce soit possible.

CONTES
Le roman précédent étant trop court pour les standards de l'édition à l'époque peut-être, il s'accompagne de 32 "contes" très courts, de véritables "novelettes" qui se lisent quasi toutes en moins de cinq minutes.
Aucun rapport avec la science-fiction, il s'agit de petites histoires réalistes dépeignant les moeurs de l'époque de l'auteur, tout particulièrement les moeurs bourgeoises.
Écrits dans un style flamboyant et souvent très juste, ces contes sont souvent intéressants et force est de constater que l'auteur excelle dans ce format, même si on devine souvent la fin dès le début, ce qui paraît normal pour des textes aussi courts.
Le principal reproche qu'on pourra faire à ces textes est la grande redondance des thèmes abordés, au point de flirter parfois avec l'obsession.
- L'héritage : abordé de manière analogue dans La mère, L'oncle Antoine, et de façon nettement plus originale dans L'avare.
- L'accident mortel qui vient gâcher une vie partie pour être merveilleuse : La petite aventure, la plus belle mort, au fond des bois.
- le sauvetage : le sauveteur, après le naufrage, le sauvetage de Népomucène, le lion et le taureau
- Les actes de générosité désintéressés qui finissent par rejaillir sur leur auteur : le vieux biffin, les pommes de terre sous la cendre, le dormeur (2è série), un soir, la jeune saltimbanque... Certaines de la liste étant d'ailleurs liées également au thème de l'héritage.
La morale bourgeoise et l'obsession de l'argent sont souvent omniprésentes, avec une ressemblance parfois frappante avec les nouvelles De Maupassant.
Les textes peuvent aussi être très critiques vis-à-vis des habitudes bourgeoises, ainsi du dégoût de l'oisiveté rentière dans La marchande de fleurs, et de l'immoralité des nobliaux désargentés dans La fille du menuisier, toutes les deux excellentes.
"Mon ennemi" est une bonne histoire de western.
"Le dormeur" (1è série) donne une version horrifique de ce que peut donner une bêtise d'enfant.
"Le condamné à mort" est une belle diatribe contre la peine capitale, avec des accents hugoliens.
"La bonne blague " est touchante.
"Le clou" est une bonne histoire de vengeance dans le cadre de la guerre de 70, très maupassantesque elle aussi.
"La bataille", enfin, est une assez bluffante prospective sur la première guerre mondiale à venir, la seule du recueil ayant un élément de science-fiction, mettant en scène une guerre austro-ottomane où l'auteur analyse très bien le risque de conflagration résultant des alliances. Hélas, elle se termine un peu brutalement.
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La Mort de la Terre est un petit roman que J.-H. Rosny aîné aurait pu sans peine délayer en trois cents pages. Il ne l'a pas fait, parce que, à son avis, le merveilleux scientifique est un genre de littérature qui exige la concision : ceux qui le pratiquent sont trop souvent enclins au bavardage. Il a augmenté le volume à l'aide de contes. Les contes de la première série offrent tous quelque particularité. Ceux de la seconde série ont surtout pour but de divertir le lecteur — ce qui est, au reste, un but fort ambitieux. (paraphrase de l'auteur lui-même)
Lien : https://fr.wikisource.org/wi..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le père de Charval était un ancien soldat que de graves blessures avaient rendu à demi impotent. Il avait, bien entendu, le cœur plein de la haine qui emplissait à cette époque tout cœur français ; toutefois, il eût été, par principe, par tempérament aussi (étant de nature soumis et « hiérarchique » ), il eût été, dis-je, incapable de commettre un acte de guerre irrégulier. Aussi se contentait-il de souhaiter que l’état de ses membres lui permit de se rengager, mais ce faisant, il observait une attitude correcte vis-à-vis de l’ennemi. En ce monde, il ne suffit pas de ne rien faire pour échapper à la Némésis ! Ce pauvre Charval était marqué du signe des malchanceux.

(Contes - première série, Le Clou.)
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La Mort de la Terre est un petit roman que j’aurais pu sans peine délayer en trois cents pages. Je ne l’ai pas fait, parce que, à mon avis, le merveilleux scientifique est un genre de littérature qui exige la concision : ceux qui le pratiquent sont trop souvent enclins au bavardage. J’ai augmenté le volume à l’aide de contes. Les contes de la première série offrent tous quelque particularité. Ceux de la seconde série ont surtout pour but de divertir le lecteur — ce qui est, au reste, un but fort ambitieux.
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J’errais autour des Halles, plein d’affliction et de crainte. Car j’avais la certitude de ma nullité marchande. Mon père, homme excellent et plein d’une délicieuse insouciance, ne s’était mêlé de mon éducation que pour m’inspirer des goûts de luxe et m’avait fait si mal instruire que nul diplôme, pas même l’indigent diplôme des bacheliers, ne se mêlait à mes paperasses. De plus, aucune idée pratique ne garnissait ma cervelle. À part un peu d’escrime, de tir, de canne et de danse, je ne savais rien faire de mes membres. Et j’avais une sainte horreur de la servitude.

(Conte : La marchande de fleurs)
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— Est-ce que ça te chante, mon garçon, d'aller [à l'orphelinat] ?
— Oh ! non, répliqua Richard avec dégoût et tristesse... ça me fait peur !
Et il tournait vers le menuisier un regard suppliant.
— Ben quoi ! fit l'artisan... moi, ça m'chavire le coeur... un joli petit frisé comme ça, avec de bons yeux (...) ! J'trouve ça pire qu'd'aller à la fourrière... Savez-vous quoi ? Ça m'dirait de l'emmener... J'gagne ma pièce de dix francs... J'ai qu'une fille... Y s'rait très bien à la maison... et j'vous promets, pisque vous êtes comme qui dirait des barons, malgré vos frusques, qu'j'y donnerais un métier distingué (...)
Le comte Népomucène et les autres avaient daigné entendre ce discours. Au fond, c'était une solution moins humiliante pour le Nom que l'orphelinat : le petit serait perdu dans un faubourg ; il ferait peut-être à la famille la grâce de claquer. Ils se regardèrent, puis le comte dit avec sévérité :
— Vous savez, mon brave homme, si vous le prenez, il n'y aura pas à s'en dédire !...

[Contes - La fille du menuisier]
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L'homme vit dans un état de résignation douce, triste et très passive. L'esprit de création s'est éteint ; il ne se réveille, par atavisme, que dans quelques individus. De sélection en sélection, la race a acquis un esprit d'obéissance automatique, et par là parfaite, aux lois désormais immuables. La passion est rare, le crime nul. Une sorte de religion est née, sans culte, sans rites : la crainte et le respect du minéral. Les Derniers Hommes attribuent à la planète une volonté lente et irrésistible.
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Videos de J.-H. Rosny aîné (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de J.-H. Rosny aîné
Emmanuel Roudier en interview pour planetebd.com .Dans la lignée d?André Cheret et de son cultissime Rahan, Emmanuel Roudier s?est spécialisé dans les aventures préhistoriques en BD. 3 tomes de Vo?houna chez Soleil, puis 3 autres de Néandertal chez Delcourt? et aujourd?hui, il s?attaque à l?adaptation de La guerre du feu, le roman de J-H Rosny, dont Jean-Jacques Annaud a déjà tiré un célèbre film. A travers son ?uvre de passionné, l?auteur offre une sorte de trait d?union habile entre l?aventure grand-public et l?étude universitaire de société, pointue et didactique. Une looongue et passionnante interview?
+ Lire la suite
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